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Devenue entreprise à mission dans l’agroalimentaire depuis le printemps 2024, Charles et Alice fait le choix de privilégier le plus possible la part des fruits issus de l’agriculture locale dans ses recettes. Un soutien à la production française, mais aussi une initiative pour respecter à la fois la planète et la santé du corps humain.

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00:00Générique
00:06L'invité de Smart Impact, c'est Thierry Goubeau, bonjour.
00:09Bonjour, merci de m'inviter.
00:10Merci, vous êtes le président de Charlie Ali, c'est une marque de desserts que vous avez créée en 2011.
00:16J'ai lu en préparant l'émission que vous vouliez devenir une référence en matière de produits sans sucres ajoutés.
00:22Est-ce qu'à l'époque, vous étiez un peu les seuls ou un peu en avance ?
00:26Oui, complètement. C'est l'histoire même plus de 20 ans.
00:31On a créé la marque Charlie Ali il y a 11 ans, mais il y a plus de 20 ans qu'on a décidé de ne pas rajouter de sucre dans les compotes.
00:40Avec deux idées.
00:43Un, d'abord, c'est plus sain.
00:45Et deux, surtout, ça vous permet de découvrir le goût du fruit et le vrai goût du fruit.
00:50Parce que le sucre a tendance à gommer un peu le goût du fruit, alors que là, on est vraiment sur la saveur du fruit.
00:59Et donc, ça fait 20 ans que le marché se développe et qu'il se vend de plus en plus de desserts et de compotes sans sucre ajouté par rapport à des produits sucrés.
01:08Et d'ailleurs, je trouve ça très intéressant parce qu'on parle du goût.
01:11On parle du plaisir de manger, on parle du goût et le goût, il s'éduque d'une certaine façon.
01:16Je discutais de ça avec des marques de céréales, par exemple, qui ont essayé de faire baisser le niveau de sucre dans leur boîte.
01:24Mais ce n'est pas si évident quand vous avez des clients qui sont habitués à manger des compotes avec des sucres ajoutés.
01:30Je dirais que l'éducation, elle commence dès la plus petite enfance.
01:34Alors, c'est vrai que les jeunes enfants ont tendance à aimer ce goût sucré qui donne une douceur aux aliments.
01:42Mais si vous donnez très vite et de plus en plus de parents donnent très jeune à leurs enfants des produits sans sucre, en fait, vous vous apercevez que les enfants adoptent le vrai goût du fruit.
01:55Et puis alors, ce qui est intéressant, c'est qu'une fois que vous avez adopté le vrai goût du fruit sans sucre, vous revenez rarement en arrière.
02:02C'est comme le café.
02:03Une fois que vous prenez votre café sans sucre, on découvre le vrai goût du café.
02:08Donc, le goût du fruit est donc un soutien évident aux producteurs français.
02:16Ça représente quoi dans vos produits ? C'est quoi ? 60, 70, 80 % ?
02:21Aujourd'hui, sur la marque Charles-Alice, on a 70 % de nos références qui sont en fruits 100 % français.
02:30Et l'objectif, c'est d'aller encore plus loin.
02:35D'ailleurs, c'est un des objectifs qu'on s'est fixé dans le cadre de notre choix de devenir une entreprise à mission.
02:40Un de nos objectifs, c'est effectivement de favoriser l'approvisionnement local et français.
02:46Par exemple, aujourd'hui, on est 100 % français en fraises, en abricots, en pêche.
02:52On a travaillé depuis 3 ans pour développer une filière de pêche française parce qu'avant, il fallait aller chercher les pêches ailleurs en Europe.
02:58Ça, c'était étonnant quand même. Elle s'était appauvrie là-dessus ?
03:02Pour faire une bonne compote de pêche, il faut une variété particulière qui n'était pas forcément plantée et développée en France.
03:11Avec un certain nombre d'arboriculteurs dans le sud de la France, on a développé une filière sur la pêche.
03:17Il nous reste encore des fruits sur lesquels on veut travailler, en particulier les fruits rouges comme la framboise, la myrtille.
03:23Ça fait partie des engagements qu'on a pris dans le cadre de notre mission, c'est de développer des nouvelles filières.
03:30On va en parler justement de ce choix de devenir entreprise à mission. Quelques chiffres clés sur Charles et Alice.
03:35Une ETI entreprise de taille intermédiaire solide, 520 collaborateurs, 220 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023,
03:42plus 60 % de croissance en 10 ans, ce sont les chiffres que vous fournissez.
03:46Ce choix de devenir entreprise à mission, c'était au printemps dernier. Pourquoi ?
03:50C'est quelque part la suite logique de notre histoire.
03:55Notre engagement RSE, au travers de développement de filières, de réduction de l'impact sur l'environnement,
04:03ce n'est pas quelque chose qu'on a découvert il y a 6 mois. On le fait depuis longtemps.
04:07Pour passer un nouveau cap, il nous paraissait important de mettre ça dans les statuts de l'entreprise.
04:13Comme vous le savez, une entreprise à mission n'a pas seulement une vocation commerciale de gagner de l'argent,
04:21qui à côté de cette responsabilité commerciale, a une responsabilité sociale et environnementale.
04:28C'est inscrit dans les statuts, ce qui change tout.
04:33Vous avez des objectifs à atteindre et à tenir.
04:36On s'engage autour de trois objectifs qui sont l'approvisionnement local, la réduction de l'impact sur l'environnement
04:44et ce qu'on appelle chez nous le bien vivre ensemble.
04:46C'est important ce que vous dites parce qu'il y a la raison d'être.
04:49On va l'avoir s'afficher ensemble, nous créons avec responsabilité et enthousiasme des produits savoureux pour donner du goût à l'avenir.
04:56C'est un super engagement, sauf que quand on a dit ça, on n'a pas dit grand-chose.
04:59C'est pour ça qu'il y a des objectifs très précis qu'on décline sur l'approvisionnement local.
05:09Donnez-nous l'exemple, ça veut dire quoi ? Vous donnez une limite géographique, c'est la France ?
05:16On parle de la France et autant que faire ce peu local, par exemple sur la pomme qui est l'ingrédient majeur pour fabriquer une compote,
05:27on travaille avec des arboriculteurs qui sont à moins de 200 km à la ronde de nos sites de production.
05:33On reçoit la pomme fraîche tous les jours en flux tendu, donc l'approvisionnement est dans un rayon d'action le plus minime possible.
05:44Pareil pour les fruits dont j'ai parlé, fraises, abricots, pêches qu'on essaie d'approvisionner en France.
05:50Et l'engagement de développer des filières, par exemple on a pris l'engagement d'ici deux ans de développer une nouvelle affaire sur les fruits rouges.
05:58Il faut savoir qu'il y a peu de filières en France sur le fruit rouge.
06:03On a réussi à en développer une sur la fraise et on a l'intention d'en développer une sur d'autres fruits dans les deux années qui viennent.
06:09Quand on parle de biodiversité par exemple, on pourrait se dire qu'ils soutiennent la filière arboricoles, les fruits, donc on est tranquille.
06:17Ou est-ce qu'il y a des efforts particuliers à faire ?
06:20En plus, on travaille principalement et on essaye de ne travailler de plus en plus qu'avec des arboriculteurs ou producteurs
06:27qui sont engagés dans une démarche qu'on appelle HVE, haute valeur environnementale, dont vous avez sans doute entendu parler.
06:34Et donc ces producteurs s'engagent aussi en termes de biodiversité, en termes de réduction de consommation d'eau,
06:40à aller toujours vers une agriculture la plus raisonnée possible.
06:46Je crois que Charlie Haley, c'est la première société à mission dans ce secteur de l'agroalimentaire.
06:52Pourquoi vous êtes les seuls ? C'est peut-être pas à vous de répondre à la question, mais c'est assez surprenant ça.
06:57C'est une démarche contraignante en fait ? Si vous essayez de vous mettre dans la tête de vos collègues et concurrents.
07:04Pour nous, ce n'est pas une démarche contraignante, c'est un engagement.
07:08Ce qui est important quand vous voulez avoir une politique RSE, à mon avis, c'est d'engager toute l'entreprise,
07:16tous les salariés et les collaborateurs, et c'est d'autant plus engageant que vous l'avez inscrit comme une mission dans vos statuts.
07:22Ce n'est pas un objectif pour faire bien, parce que le problème de la RSE, c'est qu'on sort des bons rapports,
07:35parce qu'il faut. Là, c'est différent, c'est qu'on a un engagement, on a des organismes qui vont contrôler qu'on tient nos engagements tous les deux ans.
07:43Et en fait, ça fédère et ça entraîne toute l'entreprise derrière ce nouvel engagement qui est aussi important que l'engagement commercial et financier.
07:53Est-ce que ça vous prépare aussi plus efficacement à la CSRD, au nouveau bilan extra-financier qui s'impose petit à petit à toutes les entreprises françaises et européennes ?
08:03— Ça fait partie de la démarche. Ça fait partie de la démarche. Et c'est sûr que ça facilite l'engagement CSRD.
08:10— Vous y êtes déjà ? Vous allez... — On y travaille. C'est pour 2026. Donc oui, oui, ça fait partie des sujets sur lesquels on travaille.
08:19— Il y a un certain nombre de voix qui s'élèvent au niveau européen pour dire qu'il faudrait peut-être appuyer sur le frein, la CSRD, c'est trop contraignant, etc.
08:27Moi, je pense que si l'Europe le décide, ce serait très dommage parce que ce serait une prime à ceux qui se sont pas engagés et qui ont pas anticipé. Vous voyez ce que je veux dire ?
08:37— Oui. Alors c'est tout le débat... Enfin je pense que c'est un débat plus large de tout ce qu'on appelle les normes, les contraintes, etc.
08:44— Oui. On peut sans doute simplifier le système. — Voilà. Alors c'est vrai que quand on lit le détail du CSRD, ça peut paraître contraignant.
08:56Mais en fait, pour nous, Charles et Alice, c'est pas tant le sujet. Le sujet, c'est les engagements qu'on prend. Et puis je pense que les engagements qu'on prend
09:06nous permettront de remplir les objectifs du CSRD. Mais on s'est pas dit tiens, il y a la CSRD qui arrive, faudrait peut-être qu'on prenne les engagements.
09:14C'est que ces engagements, on les a pris bien avant avec des objectifs clairs. Et puis bon, on s'inscrit dans la démarche CSRD.
09:22— Allez, on conclut avec cette opération, Opération Solidaire, qui s'appelle Joyeux Mot, que vous organisez, je crois, depuis 5 ans. De quoi il s'agit ?
09:30— Alors en fait, dans le cadre de notre objectif de bien vivre ensemble... Alors il y a un objectif de bien vivre ensemble avec les salariés...
09:37— Bien sûr. — ...et tous les collaborateurs. Mais il y a aussi l'idée de rapprocher les générations. Et il se trouve que nos produits sont très consommés
09:47par les enfants et aussi assez consommés par les seniors. Et donc l'idée, ça a été de créer un lien entre les jeunes enfants et les personnes âgées
09:55qui peuvent être en particulier dans les EHPAD. Et en fait, dans les écoles, les enfants écrivent des petits mots, des petits joyeux mots qu'on les appelle,
10:06qu'on impose sur les petits pots de compote qui partent dans les EHPAD. Et en fait, ce qui est incroyable, c'est la réaction qu'on a eue des personnes âgées dans les EHPAD
10:15qui ont répondu aux écoles en disant « Ah, ce petit sourire au moment des fêtes est hyper sympa ». Et ce qui fait que maintenant, on organise même
10:26des réunions dans les EHPAD. Et on va même essayer d'organiser maintenant des rencontres entre les jeunes enfants et les personnes âgées.
10:34Voilà une belle idée. Merci Thierry Goubeau d'être venu nous rejoindre ici à Paris sur le studio de Be Smart for Change. À bientôt.
10:44Merci beaucoup.
10:45On passe tout de suite à notre débat.

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