Thomas Gibert, secrétaire national de la Confédération paysanne et maraîcher en Haute-Vienne, revient sur les propositions de son syndicat, alors que la campagne pour les élections aux chambres d'agriculture vient de s'ouvrir.
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00:00Nous, déjà clairement, ce qu'on voulait dire dans cette conférence de presse, c'est
00:19que la Confédération Paysanne va faire la surprise dans ces élections professionnelles.
00:24On le sait parce qu'on ne sort pas de nulle part, parce qu'on le voit bien, il y a clairement
00:29des dynamiques qu'on n'a jamais vues dans les territoires et aussi parce que notre
00:35analyse de la situation, de ce que proposent les autres syndicats, donc la FNSEA et la
00:41coordination orale, c'est quelque chose de catastrophique.
00:45La FNSEA repart avec un bilan catastrophique du fait qu'on se retrouve dans cette crise
00:51agricole du fait de leur cogestion depuis des dizaines d'années, avec une disparition
00:57du nombre de paysans et l'incapacité de trouver un revenu décent pour les paysans
01:02et les paysannes et d'autre part, la coordination orale, elle, on est face à un vide de propositions
01:08politiques.
01:09Ils sont capables de dire tout et son contraire en fonction des départements, mais en réalité
01:14il n'y a pas de projet politique.
01:16Ah si, il y a quelque chose où ils sont clairement d'accord et d'ailleurs ils le portent main
01:23dans la main avec la FNSEA, c'est la question de l'abaissement des normes sociales et environnementales,
01:29mais il faut rappeler que ce positionnement, il est dans l'unique but de se battre sur
01:35le marché mondialisé et pour nous, c'est une proposition qui est clairement un jeu
01:41de dupe parce que croire qu'on va réussir à être compétitif sur le marché international
01:46en abaissant toujours plus les normes, en fait, ça ne va que faire réduire les prix
01:51payés aux paysans et aux paysannes et surtout c'est une impasse mortifère parce que qui
01:55c'est les premiers touchés par l'abaissement de ces normes ? C'est les paysans et les
01:59paysannes qui appliquent les pesticides, c'est les paysans et les paysannes qui sont touchés
02:06par les aléas climatiques en premier lieu et donc nous, clairement, on pense qu'il
02:14y a une problématique principale qui est la régulation du marché qui permettra une
02:19transition du modèle agricole et ça, on n'est pas les seuls à le penser, cette transition
02:25agricole, il y a les derniers chiffres qui sont sortis notamment par la grande consultation du
02:29Shift Project dernièrement qui annonce que 83% des paysans et des paysannes sont prêts à faire
02:35cette transition et nous, on n'est clairement pas étonné parce que ça fait très longtemps
02:39qu'on porte cette transition-là, on a d'ailleurs beaucoup poussé pour la mise en place des MAEC,
02:45on a aussi, qui a été un énorme succès à tel point que ça a explosé les enveloppes dédiées
02:54à ces MAEC dernièrement et d'ailleurs la Confédération Paysanne s'est mobilisée énormément
03:01pour permettre le paiement de ces MAEC pendant l'année alors même que les autres syndicats
03:10sont restés de marbre. Cette transition elle est primordiale aussi du fait qu'il y a un
03:18dérèglement climatique, aujourd'hui on fait face à des aléas de plus en plus récurrents et d'ampleur
03:27de plus en plus importante et en plus de ça on se prend une réforme du système assurantiel qui est
03:35catastrophique. J'entends là qu'aujourd'hui le système assurantiel, il y a 70 600 fermes sur
03:43390 000 qui sont assurées, c'est-à-dire qu'il y a 18% des fermes qui ont un filet de sécurité,
03:50tout le reste il n'y a pas de filet de sécurité. Cette réforme-là, on le rappelle, c'est une réforme
03:57qui a été poussée par la FNSA et la Coordination Orale ne l'a absolument pas remise en cause non
04:03plus. Nous étions et nous sommes les seuls à proposer une alternative à la gestion des risques
04:11climatiques, à savoir l'instauration d'un fonds mutuel social et solidaire. Aujourd'hui en plus
04:22de ces aléas climatiques, nous ce qu'on porte beaucoup depuis notamment l'hiver dernier c'est
04:30la question du revenu. Pour nous c'est la question la plus centrale de la crise agricole et cette
04:35crise du revenu ne se réglera pas sans l'instauration d'un prix minimum garanti. Pour
04:43nous ce prix minimum garanti doit comporter trois choses, les charges liées à la production, le
04:49revenu paysan mais aussi les cotisations sociales, la protection sociale. On doit être capable de
04:55payer des cotisations sociales pour avoir une protection sociale digne. Ce n'est pas possible
04:59qu'on continue à avoir des retraites qui sont absolument misérables et ce n'est clairement
05:06pas en demandant des exonérations de cotisations qu'on va régler ce problème là.
05:11Donc oui ça se passera par un prix minimum garanti qu'il faut imposer à l'agro-industrie et à la
05:19grande distribution. Ce n'est pas possible qu'on soit le dernier secteur où il est possible de faire
05:24de la vente à perte et pour ça il faut que ce soit couplé à une régulation des marchés. Donc
05:31à Confédération Paysanne on porte depuis toujours la sortie des traités, de l'ensemble des traités
05:35de libre-échange et la mise en place d'outils de régulation, d'autres outils de régulation du
05:40marché comme les prix minimum d'entrée. Notre position c'est simple, c'est clair. Aucune
05:46production n'entre sur le territoire français en dessous des coûts de production français.
05:50Ça c'est une mesure d'urgence qui permettrait de sortir de cette compétitivité internationale,
05:58de sortir de ce dogme du libéralisme qui nous met en compétition avec les paysans et les paysannes
06:03des autres pays et qui n'est pas dans le repli sur soi. Et ça c'est pour nous extrêmement important
06:09puisque on pense qu'il n'y aura pas de transition sans revenu des paysans et des paysannes. Moi je
06:16sais très bien que les paysans ils ne mettent pas des pesticides par plaisir, ils le font parce
06:21qu'ils sont obligés et que les pesticides sont des armes de concurrence sur le marché international.
06:26Il faut stopper ça. Moi je le redis, on a clairement des dynamiques de terrain qui nous
06:38sont remontées, qui nous sont clairement favorables et on le redit, nous on pense que déjà ces élections
06:44ce n'est pas des élections chambres d'agriculture, nous on parle d'élections professionnelles parce
06:49que ça dépasse bien au-delà les enjeux des chambres d'agriculture qui sont des outils
06:54importants mais ces élections professionnelles elles permettent aussi de donner de la force
07:00aux syndicats pour aussi peser dans les négociations que ce soit au ministère,
07:05dans les différentes institutions. Et ça c'est extrêmement important à comprendre et que nous
07:12on pense qu'aujourd'hui effectivement il y a cette espèce de faux duel qui est un peu mis en scène
07:22par les médias FNSEA coordination rurale mais nous on pense qu'en réalité ils portent le même projet
07:29et les paysans et les paysannes ils ne sont pas dupes, ils le voient bien que derrière tout ça ce n'est
07:34qu'une continuité de ce qui se passe depuis des années et des années et je pense sincèrement
07:39qu'on apparaît vraiment comme l'alternative, la seule alternative crédible en fait pour pouvoir
07:44réussir à obtenir un revenu décent et permettre d'enrayer cet effondrement du nombre de paysans
07:51et de paysannes partout en France.