Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00Musique
00:02Rires
00:04Alors, qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi vous riez ?
00:07Rires
00:09Alors, ça s'est passé où ?
00:11Ça s'est passé quand ?
00:12Et ça s'est passé comment ? On veut connaître les protagonistes.
00:15On veut tout savoir.
00:17Nous sommes en 2019 dans une usine
00:20à Nogent-le-Retrou, en Neu-et-Loire.
00:23Cette usine, c'est l'usine Valeo Systèmes Thermiques,
00:27qui vend des radiateurs, des pompes à chaleur, des pompes à eau.
00:30C'est une assez bonne usine.
00:32Elle concerne un cadre qui a une équipe
00:36qu'il dirige depuis déjà un certain nombre d'années.
00:40Ce cadre expérimenté a utilisé, tenez-vous bien,
00:44la boîte mail d'une de ses collègues,
00:47qu'il dirige, puisqu'elle est dans son équipe.
00:49Lui, il est son N plus 1, son supérieur hiérarchique.
00:53De la boîte mail de son ordinateur,
00:56il l'a utilisée pour envoyer une invitation à une soirée,
01:01et comme vous l'avez dit si bien, William,
01:04une soirée libertine,
01:06et il l'a envoyée à 14 personnes de l'entreprise.
01:09Attendez, qu'on comprenne bien.
01:11Les 14 personnes de l'entreprise sont censées avoir reçu
01:15de Mme X une invitation.
01:18C'est bien ça.
01:19Ce n'est pas forcément l'équipe du monsieur, c'est l'entreprise.
01:22Voilà, exactement.
01:24Mais c'est lui qui l'envoie, même s'il va nier,
01:26lorsque l'affaire va arriver devant le tribunal.
01:28C'est plutôt inhabituel, ce genre de choses.
01:30C'est très inhabituel.
01:32D'ailleurs, l'entreprise, quand elle l'a reçue,
01:34et quand tout le monde est venu la voir en lui disant
01:37« C'est quoi cette soirée où tu nous invites ? »
01:40Et tu dis quasiment que c'est une soirée échangiste.
01:43Chantal, quand même.
01:44Elle tombe de sa chaise.
01:46Liliane et Catherine, elles tombent de leur chaise.
01:49Et ce qu'elles font, ce qu'elles font plutôt,
01:53elle va évidemment aller voir le grand patron
01:55et le directeur des ressources humaines.
01:57Elle va montrer ce mail.
01:59On va tout de suite voir que c'est le supérieur
02:02qui a envoyé ce mail et qui a utilisé la boîte mail
02:05de cette jeune femme.
02:06Comment ils savent ?
02:07Ils savent que ça...
02:08Ils ont... Je ne sais pas comment on dit.
02:10Ils ont vu qu'en fait, de son ordinateur,
02:13il avait utilisé la boîte mail.
02:15Il doit avoir accès à toutes les boîtes mail de ses collaborateurs.
02:18Et on voit que c'est lui qui l'a envoyée.
02:20Et à partir de là,
02:21il est immédiatement licencié pour faute lourde.
02:25C'est-à-dire qu'il part sans indemnité et sans préavis.
02:28On a le patron...
02:30Ah oui, oui.
02:31Pour une invitation super sympa.
02:32Le patron a pris très au sérieux
02:35ce mail qu'il estime inapproprié.
02:39Elle a réagi vite. C'est vite.
02:41Oui, oui, très, très vite.
02:42L'entreprise a...
02:43Alors, vous allez voir que ce n'est pas aussi simple que ça
02:46parce que là où ça vient un peu se compliquer,
02:49c'est que ce cadre était un élu de l'entreprise.
02:52Quand je dis un élu, un élu syndical.
02:54On appelle le comité social-économique
02:56l'ancêtre du comité d'entreprise.
02:58Donc, il est censé représenter les salariés
03:01dans l'organisation du travail.
03:03Et cet élu...
03:04Cet élu, en vérité,
03:06vous savez que lorsque vous êtes élu d'une entreprise,
03:09pour vous licencier, c'est la croix et la bannière.
03:11C'est extrêmement compliqué de licencier un élu syndical
03:15parce qu'il faut que, évidemment, la direction du travail
03:17et l'inspection du travail donnent son aval.
03:20Et là, il va avoir une chance inouïe,
03:22c'est que l'inspectrice du travail va le soutenir.
03:25Elle va dire...
03:26Elle va aux soirées, elle, je la sens.
03:28Non, mais vous allez voir le motif.
03:30Évidemment, elle défend le syndicalisme.
03:32Et elle dit, pas du tout.
03:34En vérité, l'entreprise a profité de ce maître,
03:36qui est une grosse plaisanterie,
03:38pour licencier, en fait, un cadre à très haut salaire.
03:42Un très haut salaire et un syndicaliste, peut-être.
03:45Donc, elle se dit...
03:46Et elle se dit, l'entreprise a voulu se débarrasser
03:49de ce type qui est un élu, qui avait un haut salaire.
03:52Donc, elle va le soutenir.
03:54Donc, lui se dit, oui, j'avais gagné devant le tribunal.
03:57Roland, peut-être qu'elle a dit, c'est une blague,
03:59c'est une batte de mauvais goût.
04:01Mais c'est une blague, il a fait ça à une collègue.
04:04Elle a fait passer ça à quelqu'un.
04:06Et donc, lui, il en a profité, évidemment,
04:09quand il est arrivé devant le tribunal.
04:11Il a dit avec son avocat,
04:14un, moi, j'ai pas envoyé...
04:16Enfin, j'ai envoyé ce mail, c'est vrai, de ma boîte,
04:19de mon ordinateur, mais j'ai pas regardé ce qu'il y avait
04:22dans le mail, c'est un mail circulaire,
04:24qui a été envoyé à tout le monde.
04:26Je l'avais reçu.
04:27Il est cadre et il ne lit pas les mails qu'il envoie
04:30à 14 salariés qu'il a choisis dans l'entreprise.
04:32Et, tenez-vous bien, il avait mis le lieu de la soirée,
04:35c'était où ?
04:37Chez la collègue, la malheureuse.
04:39Donc, il y avait le jour, l'heure,
04:41la tenue la plus...
04:43-"C'est ça qui nous importe."
04:44-"Elle a eu lieu."
04:46-"Pardon, mais est-ce que je peux poser cette question ?"
04:50Pourquoi il a fait ça ? Il est fou, lui ?
04:52Il a voulu se moquer.
04:53On s'est aperçus...
04:55Non, on s'est aperçus qu'en fait, ce salarié,
04:57comme il se pensait tout pouvoir,
04:59comme il était élu de l'entreprise,
05:01en fait, il était...
05:03Il avait des comportements très inappropriés
05:06avec tout le monde, il était assez infamant,
05:09il l'a trouvé... Il voulait se moquer d'elle,
05:11il l'a trouvé un peu bidon, il s'est dit...
05:14Tout le monde va rigoler de ce que j'ai fait,
05:16tout le monde va voir, et donc, il l'avait pris comme cible,
05:19mais comme cible d'autres salariés qui en ont profité.
05:22-"Élu ou pas élu, il est licenciable."
05:24-"Oui, il est licenciable."
05:26Mais il faudrait... Il faut, dans ce cas-là,
05:29l'accord de l'inspection du travail,
05:31elle le donne pas facilement, l'inspection du travail.
05:34-"Il se croyait inattaquable."
05:35-"Il se croyait inattaquable,
05:37et en plus, devant le tribunal, il a dit
05:39que j'ai pas lu le mail qui a été envoyé,
05:42alors là, c'était gros comme une ficelle."
05:44-"Qui a dit le tribunal ?"
05:45-"Le tribunal a validé son licenciement,
05:48alors que l'inspection du travail avait dit
05:50qu'on voulait se débarrasser de lui,
05:53et le tribunal a dit pas du tout."
05:54-"Zéro indemnité."
05:56-"Vous ne rapportez pas la preuve,
05:58toute inspection du travail que vous êtes
06:00et tous salariés que vous êtes,
06:02vous ne rapportez pas la preuve que le vrai motif du licenciement,
06:06c'est le haut salaire de ce cadre ou le fait qu'il soit élu.
06:09Le vrai motif du licenciement,
06:11c'est le comportement inapproprié
06:13et l'indignité qu'il a provoquée dans l'entreprise
06:16en envoyant ce mail."
06:17-"Anthony est d'accord avec le tribunal."
06:19-"Il y avait un historique, c'est pas juste ce fait-là."
06:22-"Il y a eu ce point-là qui était important,
06:25mais on en a profité pour voir qu'il n'avait pas...
06:28Mais il faut savoir que, donc, c'est fait,
06:30on portait atteinte à la dignité du salarié,
06:33et, en fait, s'il avait dit que c'était une grosse plaisanterie,
06:36s'il avait dit, oui, excuse, c'est une grosse plaisanterie,
06:40j'ai un humour qui est douteux,
06:43pardon, peut-être qu'il y aurait...
06:45-"Il n'a pas fait ça, il s'est mal défendu."
06:47-"Il a dit, je n'ai même pas lu ce qui a été envoyé."
06:50-"On a compris qu'il l'avait fait."
06:52-"Ce qui est décevant, c'est que cette soirée
06:54n'a jamais eu lieu."
06:56-"Elle n'a pas eu sa soirée, du coup."
06:58-"En fait, c'était une blague, une blague."
07:01-"Non, mais la moralité, la morale du jeu...
07:03Faites attention quand vous faites le même,
07:05comme ça, juste pour rigoler."
07:07-"L'attention."
07:08-"Anthony est un élu de C8,
07:10je ne sais pas ce qu'il va faire bientôt."
07:12-"Je vais rentrer chez moi le 1er mars, je pense."