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Retrouvez toute l'actualité du Vendée Globe 2024. Plongez dans les coulisses de la plus grande course au large au monde.

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00:00Au sommaire de ce Vendée Mag, le sprint final est lancé vers les sables de l'aune entre
00:20Charlie Dalin et Johan Richaume.
00:22Jean-Luc Vandenheide, sur le podium des deux premiers Vendée Globe, nous parlera des
00:25glaces et du cap Horn.
00:27Enfin, rencontre avec Matt Bastard, le chanteur de Skip The Use, qui compose des chansons
00:31chaque semaine sur les émotions d'Eric Bélion.
00:33Après 53 jours et 20 heures de mer, le pirate Damien Seguin franchit le cap Horn comme au
00:4319e siècle, au contact d'un trois mâles barqueur au pas.
00:47Voilà, voilà cette petite éclaircie qui nous permet de voir le cap Horn derrière nous.
00:53Ça y est les amis, cap Horn ! Terminé avec ce grand océan asien, plus pacifique.
01:02On va changer de sport, on finit le match de boxe, on va passer à la partie d'échec
01:09dans l'Atlantique Sud.
01:12Damien Seguin est alors 15e de la course.
01:14Romain Tanasio est devant lui.
01:16Les deux marins ne se sont pas quittés pour la traversée du Pacifique.
01:19Ils cherchent à se frayer un passage dans une bulle anticyclonique entre les Malouines
01:22et les côtes sud-américaines.
01:26Wow ! Magnifique !
01:31Quelques heures plus tard, c'est au tour de Jean Le Cam, 16e, de passer la dernière
01:35marque de parcours de ce Vendée Globe, de nuit, mais avec toujours autant d'émotion.
01:41Bonjour Capitaine, bienvenue au Chili National Wonders.
01:46C'est très émouvant pour nous de passer le cap Horn.
01:51Pour moi, c'est la huitième fois que je passe le cap Horn.
01:59Merci beaucoup.
02:05Une nouvelle fois, ce passage d'un cap permet de mesurer les énormes écarts creusés
02:08par la tête de course et les foilers restants sur le reste de la flotte.
02:11Si le groupe de chasse se tenait en 4 jours, 11e, Yannick Bestaven,
02:15quelques heures avant son abandon, avait 5 jours de retard.
02:18Puis, on comptabilise plus d'une semaine de retard pour les suivants.
02:21Premier bateau à dérive droite, Jean Le Cam a 11 jours de retard
02:25sur Johan Richaume et Charlie Dalin.
02:28Mais Jean Le Cam se montre très aiguisé dans ses trajectoires
02:31et particulièrement à l'aise, léger et efficace face au vent,
02:35il peut encore menacer quelques foilers dans la remontée de l'Atlantique.
02:39Un peu plus haut, dans l'Atlantique Sud, le groupe de chasse, du 4e au 10e,
02:43navigue souvent face au vent dans une mer formée par une dépression
02:46avec laquelle il faut composer.
02:49Ces 9 semaines de mer ont laissé des traces et les conditions sont très éprouvantes
02:52pour le matériel et pour les marins.
02:55Je ne sais pas dans quoi je suis là, mais c'est la merde.
02:58C'est vraiment la merde.
03:00J'ai détruit le G2, putain !
03:024e, Thomas Ruyant est pris dans un phénomène climatique très local
03:06avec une brusque tornade qui couche son bateau.
03:11J'ai mis le G2 en angoisse à l'intérieur.
03:17Putain, j'ai jamais eu ça, quoi.
03:20J'ai monté à 60 nœuds pendant 2 heures en enfer.
03:25Ce Vendée Globe aura été pour Thomas Ruyant une suite de désillusions.
03:29J'ai quand même pas mal canalisé sans cette voile principale.
03:34C'est vrai que la suite, dans l'alizée de sud-est,
03:37puis dans l'alizée de nord-est, ça ne va pas être facile.
03:40Je ne suis pas le plus cassé par rapport aux bateaux qui sont bien revenus,
03:44Paul notamment.
03:46Paul Meya est celui qui fait la bonne opération et joue maintenant une place de 4e.
03:5260 nœuds de vent, ça crâle !
03:56C'est dégueu !
04:01Là, il n'y a plus de vent.
04:03Tout à l'heure, il y avait un grain à 40 nœuds, même 50.
04:07Et là, il y a une mer énorme.
04:10Il n'y a plus beaucoup de vent.
04:12Ce n'est vraiment pas facile de naviguer comme ça.
04:15C'est dur pour les nerfs.
04:20La remontée le long des côtes sud-américaines est laborieuse.
04:23C'est le front semi-permanent du Cabo Frio qui entraîne des brusques changements de vent
04:27et des états de mer souvent illisibles pour les modèles météo de prévision.
04:30Si le tiercé de tête semble bien dessiné, le match s'annonce très ouvert
04:34pour les places de 4 à 10 avec des régatiers de haut vol.
04:37Pour franchir ces zones de transition et ces bulles sans vent,
04:40pour se positionner pour toucher au plus vite les alizées,
04:43les stratégies varient mais les conditions restent très dures.
04:46Ça fait une semaine qu'on navigue dans des conditions vraiment pas faciles depuis le 1.
04:51Moi j'ai l'impression de vraiment pas faire tout juste en stratégie,
04:54mais je crois que c'est dur pour tout le monde.
04:56Jérémy Beyou emmène un groupe à l'ouest le long du Brésil
04:59devant Sam Gutschild, Boris Herrmann et Justine Métraud.
05:02Une stratégie à moyen terme, une route proche des côtes pour garder du vent
05:06quitte à multiplier les manœuvres dans les orages et les grains violents.
05:11Il pleut.
05:13Je prends juste une douche.
05:16C'est une route qui n'est pas simple, avec une zone de molle à traverser.
05:22Sam, Boris, Justine risquent de revenir et ça va repartir petit à petit.
05:27J'espère que je ne passerai pas trop de temps dans cette zone de transition.
05:31Ça me permet aussi de splitter un petit peu avec les 3 devant, Thomas, Paul et Nicolas.
05:38De faire une route un petit peu différente d'eux, d'être un petit peu plus offensif.
05:43Avec Paul Meya, Nicolas Lunewen s'est décalé dans l'est pour chercher un meilleur angle
05:47et bord de vitesse au vent de travers.
05:49Un bord plus direct pour remonter vers l'équateur,
05:51mais devant jouer avec la courbure de l'anticyclone au risque de tomber dans des trous de vent.
05:56Depuis le passage dans un grain violent, le skipper d'Holcim PRB doit composer
06:00avec la perte de ses girouettes fixées à sa tête de mât arrachée.
06:05Les conditions sont en même temps musclées, mais surtout très instables.
06:11Avec des grains, des orages, ce n'est pas facile de faire avancer le bateau.
06:17C'est un peu sur le coulis.
06:19C'est vrai que j'ai perdu mes VR1 hier, j'ai la tête de mât qui s'est arrachée.
06:24J'ai perdu toutes les antennes et notamment les VR1.
06:30Je n'ai plus d'informations.
06:33Voilà, je suis en haut du mât.
06:37Je suis monté pour voir si je pouvais faire quelque chose pour la tête de mât,
06:41mais malheureusement, il n'y a rien à faire.
06:46Heureusement que je suis monté quand même, parce qu'elle se balade.
06:49Elle est en train de défoncer la tête de mât, le chariot de têtière,
06:53et le loup, un loup de drisse aussi, va se balader.
06:59Maintenant, il n'y a plus qu'à redescendre.
07:01On va faire chier, il n'y a rien.
07:05C'est haut, c'est beau là.
07:08Le mât est plate, mais ça gigote quand même.
07:151800 kilomètres plus au nord, en troisième place,
07:18Sébastien Simon a rasé les côtes brésiliennes avant de pouvoir pointer vers le nord.
07:22Mais son avance conséquente lui permet de rêver de podium.
07:25Sa gestion de son bateau blessé force l'admiration.
07:30Je suis en train de me battre pour essayer de conforter ma position.
07:34Aujourd'hui, je n'ai pas les armes pour me battre avec les deux leaders,
07:38parce qu'il me manque un foil et que j'ai raté le train à la fin du Pacifique.
07:44Ça fait partie du jeu, mais déjà, je suis très fier du parcours
07:48que j'ai réalisé avec mon bateau Groupe Dubreuil.
07:50Il me reste encore un petit bout de chemin.
07:52J'arrive à contenir les poursuivants et pour l'instant, je suis plutôt confiant.
07:57Il faut rester concentré, mais en tout cas, c'est une course incroyable.
08:02J'ai hâte de passer l'arrivée pour savourer tout ça
08:07et surtout en prendre conscience, parce que pour l'instant, je suis encore la tête dedans.
08:12En tête de la course depuis de longues semaines,
08:14les duétistes Charlie Dalin et Johan Richaume ne se ménagent pas.
08:17Pour s'extirper eux aussi des pièges d'un Atlantique Sud tortueux,
08:21il a fallu peu dormir et passer son temps à régler et optimiser les plans de voilure,
08:25entretenir et réparer le matériel usé
08:28pour pouvoir exploiter le maximum du potentiel des bateaux dans le sprint final
08:32où chaque heure perdue pourrait tout gâcher,
08:34où chaque risée de vent devra être utilisée au mieux.
08:38Voilà, c'est une bonne chose de faite.
08:41Une fois les Adisés du Sud établis et enfin attrapés,
08:44les deux allongent la foulée pour un retour de quelques jours à haute vitesse.
08:48La partie est intense, les écarts varient,
08:51mais Charlie Dalin conserve sa première place tout en maîtrise,
08:54sans faire de fautes, la pression sur le leader est énorme.
08:57C'est avec près de 8 heures d'avance seulement sur Johan Richaume
09:00et 39 heures sur Sébastien Simon que Charlie Dalin revient dans l'hémisphère Nord.
09:05On y est, on y est !
09:08Mon cher Neptune, c'est le moment de te remercier
09:11et aussi de te demander, dernière demande,
09:14de m'accorder un dernier ponçon jusqu'au Sable d'Olonne.
09:18Pareil, que tout se fasse bien pour moi, pour le bateau.
09:23Allez, je donne tout à Neptune.
09:26Ensuite, le passage du poteau noir est une formalité.
09:29Les deux finalistes se projettent enfin sur le dernier tronçon
09:32entre l'équateur et les Sables d'Olonne avec un finish en match racing.
09:36Peu de possibilités stratégiques à travers l'anticyclone des Açores très effacée
09:40et une dépression américaine qui tombe à pic pour les pousser vers le golfe de Gascogne.
09:44Le record de l'épreuve devrait être battu d'une dizaine de jours.
09:47Pour Johan Richaume, il reste donc tactiquement une seule possible ouverture
09:51dans la gestion des derniers bords face au vent vers les Sables d'Olonne.
09:55Ça permet peut-être de laisser un peu de jeu pour cette fin de Vendée Globe.
09:59Et tant qu'il y a du jeu, moi je suis content puisque je suis deuxième,
10:02donc je cherche l'opportunité de revenir.
10:05On est dernier coucher de soleil à l'Isée 1, courant massif.
10:09La progression vers le nord continue à bonne vitesse, à bonne allure.
10:12Et ça se reprend divide je trouve.
10:15Je passe pas mal de temps à travailler la météo pour trouver la meilleure ligne,
10:19la ligne qui m'amènera le plus vite possible aux Sables d'Olonne.
10:24Ouais, ça approche, ça approche.
10:27Très loin derrière, au cœur du Pacifique, en approche du point Nemo,
10:31les cinq derniers prennent leur mal en patience en longeant la zone des glaces.
10:35Englués dans un anticyclone qui les suit, les skippers sont en alerte
10:39car ils abordent l'endroit où leurs prédécesseurs ont croisé des icebergs la semaine dernière.
10:45Bon ben voilà, comme vous voyez, c'est la pétole dans le Pacifique.
10:55On va s'en sortir hein.
10:58Mais putain c'est long quoi.
11:01Au Cap Horn, après six jours de réparation, Yannick Bestaven qui a abandonné repart en mer
11:06pour boucler son tour du monde hors course.
11:09Je suis vraiment content de pouvoir enfin remettre le cap vers les Sables d'Olonne,
11:16alors hélas hors course.
11:19Mais on va tout faire pour que la fin de ce tour soit la plus belle possible.
11:24Quelques milles derrière, en approche, le groupe des dériveurs emmené par Benjamin Ferré
11:28s'apprête à vivre des heures très intenses.
11:30Là, s'il y a bien un moment dans le Vendée Globe où il ne faut pas traîner,
11:33je peux vous dire que c'est maintenant.
11:35Là c'est une véritable course contre la monde qui est lancée,
11:39parce que non seulement là il ne faut pas traîner pour passer le Cap Horn,
11:45parce qu'il y a un gros front qui arrive derrière,
11:48et donc plus on est en avance, moins on se fait taper sur la tête.
11:55Et surtout, il y a une grosse, grosse, grosse, grosse, grosse Bertha
12:02qui est en préparation à une grosse dépression qui va se former
12:06au cœur de la Cordillère des Andes d'ici deux jours.
12:15Et c'est la raison pour laquelle Violette, Eric, pas mal ont décidé de ralentir.
12:22Nous on est dans un créneau où il y a peut-être un petit coup de souris à aller chercher.
12:28Bon, c'est assez angoissant.
12:31Je suis super inquiète. Enfin, je suis terrifiée à l'idée d'aller là-dedans.
12:36Ce matin, j'ai craqué tellement je ne me voyais pas.
12:42Je ne me sens pas d'aller dans du...
12:45En fait, dans la dépression, ils disent qu'il y a 40 nœuds,
12:48rafales jusqu'à 55 et 58 même, j'ai vu sur un fichier, sur un des deux fichiers.
12:54Donc, je ne le sens pas du tout.
12:56Et du coup, là, c'était une décision pas facile.
12:59Mais ce matin, je me suis dit que j'allais ralentir et que j'allais laisser passer tout ça
13:04parce que moi, mon objectif, c'est d'arriver et je ne veux pas me retrouver dans des situations dangereuses
13:10avec des vagues de 6 mètres, avec du vent qui fait que je ne peux plus contrôler mon bateau.
13:16J'ai donc décidé de ralentir pour laisser passer.
13:20Voilà, comme priorité.
13:23Kali, il voulait y aller et Arnaud, il ne voulait pas y aller.
13:28Donc, il a fallu qu'on se prenne d'accord.
13:33Arnaud, c'est la voie de la sagesse de la Réunion.
13:35Kali, c'est l'excentrique.
13:38On s'est beaucoup parlé quand même.
13:40Parce que c'est un débat.
13:45On n'a pas voté parce que...
13:48À bord, il n'y a pas de démocratie.
13:53On partira de nuit, l'heure où l'on dit que les meurs reviennent encore
14:01Loin des villes soumises, on suivra l'automne
14:06Devant ces marins prudents, dans le groupe de la 20e à la 26e place, en peloton,
14:11plus de 14 jours après les deux premiers, on cherche à faire de la route
14:15avant d'essuyer une énorme dépression entre le Horn et les Malouines.
14:18La tension monte, mais tous savourent tout de même
14:21ce rêve devenu réalité d'atteindre la pointe sud de l'Amérique
14:24en bateau à voile et en solitaire.
14:27Cap Horn, les amis ! Cap Horn, on y est !
14:34Je suis tellement content.
14:37Je réalise mon rêve, c'est vraiment génial.
14:41C'est la preuve que même dans le vent léger, les rêves peuvent devenir réalité.
14:46Même si t'es jamais très content de grimper dans le mât,
14:48mais quand c'est pour voir ça,
14:54c'est magnifique.
14:56Là, il y a de l'émotion, je peux vous le dire.
15:00Je suis le plus heureux, c'est super d'être arrivé jusqu'ici.
15:03J'ai un temps idéal, une visibilité superbe sur ce Cap Horn,
15:07plus beaucoup de vent, donc je pense que je vais le voir encore un petit peu de temps.
15:10L'Atlantique, nous revoilà !
15:13Virage à gauche, coup de pied aux fesses avec la tempête des Andes,
15:19et un avant guingamp !
15:22Allez, on met la caravane sur la boule, on rentre à Melun,
15:25et il reste un mois de course, les amis !
15:28L'arrivée des premiers du Vendée Globe se précise.
15:30Au sable de l'Aune, tout sera prêt pour les premiers,
15:33attendus à partir de mardi en début de journée.
15:36Mais l'aventure de cette 10e édition devrait durer encore jusqu'à la fin du mois de février
15:40pour le reste de la flotte.
15:50Il est sans doute le marin français qui a la plus grande expérience du Cap Horn,
15:55franchi au cours de son impressionnante carrière dans les deux sens,
15:58deux fois sur le podium des deux premières éditions du Vendée Globe.
16:02Notre expert du jour, c'est Jean-Luc Vendenette.
16:04Bonjour Jean-Luc !
16:05Bonjour !
16:06Alors, le Horn, combien de fois en course ?
16:08En course, seulement 6 fois.
16:13Et en tout ?
16:14Si je compte mes records, ça fait 12 fois.
16:20Parlez-nous de ces tempêtes au Cap Horn, qu'ont-elles de si particulier ?
16:25D'abord, c'est un rétrécissement de l'océan,
16:30puisque d'un côté, il y a l'Amérique du Sud, et de l'autre côté, il y a l'Antarctique.
16:36Donc, c'est une espèce de goulet.
16:38En plus, il y a la Cordillière des Andes qui est très haute
16:41et qui bloque très souvent les dépressions,
16:43c'est en ce moment, et qui dégringole à cet endroit-là.
16:48En plus, sa réputation vient aussi du fait que,
16:52quand on était au XIXe siècle,
16:56c'était à l'époque de la ruée vers l'Or,
16:59on essayait de passer depuis l'Est jusqu'à l'Ouest.
17:04C'est-à-dire, on essayait de passer dans le mauvais sens.
17:07Et forcément, avec les trois mains et quatre mains de l'époque
17:12qui remontaient très mal au vent,
17:14il y a eu énormément d'accidents, il y a eu énormément de naufrages,
17:19et c'est ça qui a fait sa réputation au Cap Horn.
17:21Sur les glaces, vous avez navigué beaucoup plus sud
17:24que les concurrents du Vendée Globe actuels.
17:26Parlez-nous de ce stress qu'on a pu lire dans les yeux des skippers,
17:30et notamment de Sébastien Marcel la semaine dernière.
17:32Les glaces, c'est terrible.
17:34Nous, à l'époque, on n'avait pas du tout de notion sur ces glaces,
17:39on ne savait pas du tout où elles étaient.
17:41Et moi, je suis descendu à 56 sud,
17:47et moi, je suis descendu à 60, puis à 61, puis à 62,
17:51et au milieu du Pacifique, un peu avant le point Nemo,
17:54et un peu comme les concurrents qui sont là,
17:57je me suis retrouvé à voir mon premier gros iceberg,
18:02et quand la nuit tombait, je suis arrivé dans une espèce d'amalgame d'icebergs,
18:08où j'ai cru que je rentrais dans une baie,
18:11j'ai cru qu'il allait falloir faire demi-tour,
18:13mais en réalité, les icebergs n'étaient pas collés les unes aux autres,
18:17et j'ai réussi à me faufiler entre deux icebergs.
18:20Mais après, c'est un stress permanent,
18:22parce qu'on veille pendant 24 heures, 48 heures,
18:26devant moi, il y avait Titouan Lamazou qui lui aussi envoyait,
18:29qui me donnait les positions des icebergs qu'il voyait,
18:32mais ça a été pour nous, au premier Vendée Globe, un gros stress,
18:37surtout que le radar n'était pas obligatoire, moi je n'en avais pas,
18:41et donc ça a ajouté au stress,
18:44ça a été un des pires moments de mon Vendée Globe.
18:47Même si, évidemment, elle contraint un peu les skippers,
18:50elle réduit les possibilités stratégiques pour vous,
18:53la zone d'exclusion Antarctique est une bonne chose ?
18:55Ah ben c'est évident, c'est évident,
18:58il ne faut pas oublier que le Vendée Globe, c'est un jeu,
19:01Charlie Dalin l'a rappelé l'autre jour,
19:04et dans un jeu, il n'y a absolument pas à risquer sa vie.
19:09Maintenant, grâce à Argos, on connaît les positions de ces icebergs,
19:13là, ce qui s'est passé, c'est qu'une fois que la zone est déterminée,
19:17que les premiers sont passés, le comité de course n'a plus le droit d'y toucher,
19:20et donc les icebergs qui avaient été repérés sont remontés vers le nord,
19:25et c'est pour ça que les derniers concurrents de la flotte
19:28en ont découvert quelques-unes.
19:31Merci Jean-Luc.
19:32Éric Bellion est un skipper qui partage beaucoup ses émotions,
19:36avec le chanteur Matt Bastard du groupe Skip The Use,
19:39ils ont conçu un projet baptisé Sails and Sound,
19:42dans lequel les émotions du skipper nourrissent le chanteur
19:47et son collectif de Ghost Play Music,
19:49qui publie chaque semaine un titre en fonction de ce que lui a raconté Éric Bellion à leur musique.
20:03Et ça tombe bien parce que Matt a envoyé la nouvelle chanson,
20:07donc je vais la découvrir avec vous.
20:18I can make things turn red
20:23Whatever they could say, I'd do it
20:29Even a sad picture could make a nice story
20:34The best is up to come for you and me
20:39Éric, en début de semaine, il me fait un vocal,
20:42il me dit voilà, cette semaine, l'émotion la plus persistante c'est celle-là,
20:46en gros, il s'est passé ci, il s'est passé ça,
20:49la météo est comme ci, le bateau est comme ça,
20:52alors du coup ça a eu tel impact sur moi, émotionnellement parlant.
20:55Moi j'en déduis l'émotion principale,
20:58je me dis tiens, comment je pourrais mettre en musique cette émotion de cette manière-là ?
21:02Je crée une musique, je crée un texte,
21:05je l'envoie sur WhatsApp à Éric, il l'écoute,
21:08donc il y a une sorte d'aller-retour comme ça,
21:10puis une fois que tout le monde est content, paf, on la diffuse.
21:14Et c'est reparti pour la semaine d'après.
21:16Quel bonheur on est là, mais quel bonheur !
21:19La première chanson, elle s'appelle La danse du vent,
21:21et ça parle de dire, allez, je mets mon cerveau sur pause,
21:25et pendant une minute, je fais n'importe quoi,
21:28j'évacue toutes les tensions,
21:30donc voilà, en gros c'est un peu ça, chaque semaine,
21:32on cible une émotion, on la met en musique.
21:35Moi je veux juste danser
21:39Pour oublier
21:43Moi je veux juste danser
21:47Pour exister
21:53C'est des up and down tout le temps, le Vendée Globe,
21:57mais en même temps, il y a une course qui déroule.
22:00Donc Éric, il a eu un problème mécanique,
22:02il a dû régler, ça a été un gros down.
22:04Mais en même temps, il a pu le régler et repartir,
22:06donc c'est un gros up.
22:07Derrière, s'il a un autre souci,
22:09il faudra qu'il prenne en compte qu'il a eu un premier souci avant.
22:13C'est jamais la même chose en fait.
22:14C'est ça le Vendée Globe.
22:15C'est des uppercuts d'émotions.
22:17C'est PAM ! PAM !
22:19Puis on est tellement réceptifs ici, tu vois.
22:22Ça fait 50 jours que je n'ai pas vu un visage humain,
22:25en vrai,
22:26que je n'ai pas touché quelqu'un.
22:31Ça fait 50 jours que je dors 2-3 heures par 24 heures.
22:38Donc en termes d'émotions,
22:40on est au max !
22:43C'est extrêmement compliqué,
22:45faire une chanson en une semaine,
22:47de A à Z,
22:49je ne pensais même pas s'il allait y arriver au départ.
22:52Et donc, c'était mon Vendée Globe à moi.
22:54Qu'est-ce qu'il fait, papa ?
22:56Il est temps de manger.
23:00Mais je ne t'ai fait rien.
23:03Je ne t'ai fait rien.
23:30Il y a une chanson qui s'appelle Léna.
23:32Léna, elle était extrêmement difficile pour lui.
23:36Donc on ne l'a pas tout de suite diffusée,
23:39parce que là, émotionnellement,
23:41ça aurait été trop lourd pour lui à gérer.
23:43Je ne sais pas si je vais trouver les mots
23:46Et si je les trouve, je ne te les dirai pas
23:49Tiens, je te donne les clés du château
23:52Il paraît que c'est moi le roi
23:55Je te suis, je te vois
24:00« Heartbeat », c'est une chanson qui a été composée par Antoine.
24:04C'est une chanson vraiment sur l'adrénaline.
24:06C'était une semaine où Eric a pleinement profité
24:12de toutes les compétences de son bateau.
24:15Et de se dire, je vais suivre vite, j'ai le vent.
24:18C'était génial.
24:20Et j'écoute la chanson, je me déchaîne dessus.
24:24Je danse comme un ouf dessus.
24:43Ah, c'est super inventé.
24:46Putain, j'en avais besoin.
24:49Tous ceux qui connaissent Eric Bélion savent que
24:52Eric, c'est un sportif de haut niveau,
24:55mais pas que, c'est aussi quelqu'un qui a des convictions.
24:58Et il veut faire de tout ce chemin quelque chose de concret.
25:02Et être un peu intercesseur des émotions qu'il ressent sur le Vendée Globe
25:06pour les partager au plus grand public.
25:09Et lui aussi, je pense qu'on a tous un peu dans la vie nos Vendée Globe à nous.
25:15Et Eric en réussissant le sien, ça nous donne des clés pour réussir les nôtres.
25:39Sous-titrage Société Radio-Canada

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