Retrouvez toute l'actualité du Vendée Globe 2024. Plongez dans les coulisses de la plus grande course au large au monde.
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00:00Musique
00:18Au sommaire de ce cinquième Vendée Mague,
00:20les derniers moments de calme avant la première grosse tempête de l'océan Indien.
00:23Alain Gauthier, le vainqueur du Vendée Globe 1992,
00:26nous raconte ce que sont ces mers du Sud.
00:29Enfin à Paris, nous nous plongeons dans l'histoire des femmes sur le Vendée Globe.
00:34Musique
00:41En tête de cette dixième édition du Vendée Globe après 17 jours de mer,
00:44le groupe des 4 Fantastiques est lancé depuis 3 jours dans une cavalcade infernale
00:48pour rester accroché à une dépression partie du Brésil
00:51qui les pousse en trace directe vers le Cap de Bonne Espérance.
00:54Ce quatuor a creusé l'écart sur les 35 autres marins
00:57et s'est propulsé dans une autre dimension,
01:00celle d'une lutte extrêmement longue pour la victoire finale.
01:03Musique
01:10Charlie Dalin, en tête avec à sa poursuite Thomas Ruyant et Johan Richaume,
01:13était attendu à ce niveau d'engagement et d'intensité à travers l'Atlantique Sud,
01:17des vallées 4 à 4.
01:19En termes de performance physique et morale,
01:21ils sont au rendez-vous depuis le départ des Sables d'Olonne
01:24et sont lancés dans un combat au très long cours.
01:26Les leaders s'apprêtent à entrer dans le tunnel du Tour de l'Antarctique.
01:29C'est bien, on arrive à bien la garder cette dépression,
01:32et on va encore la garder en ce moment.
01:36Voilà, ça secoue pas mal,
01:38mais ce matin, les conditions de mer sont un peu mieux.
01:43C'est vrai que la mer change pas mal à fonction de là où on se trouve.
01:47La très bonne surprise, c'est Sébastien Simon,
01:50déjà vu à ce niveau sur les transats de préparation,
01:53mais qui impressionne par sa constance aux avant-postes
01:55et qui a su très vite trouver les réglages optimaux pour mener seul
01:59un bateau que l'on savait très performant car vainqueur l'an passé
02:02de l'Ocean Race, la course autour du monde en équipage.
02:06C'est le deuxième à bord de groupe Ivory.
02:08Deuxième, donc.
02:12Ces quatre funambules sont lancées pleines balles
02:14sur le fil de la dépression comme sur une slackline entre deux pics.
02:17De part et d'autre, le vide, l'absence de vent.
02:20Au centre du couloir étroit, un vent parfait à un angle idéal
02:23pour naviguer à la vitesse d'une dépression
02:25et surfer sur une mer relativement plate.
02:33Mais c'est le sang froid des marins qui finit par s'échauffer.
02:36Les conditions de vie sont rendues très difficiles par la vitesse,
02:39le bruit ambiant et les chocs répétés.
02:41La fatigue s'accumule et certains commencent à douter
02:44de leur capacité à tenir ce rythme endiablé sur un tour du monde.
02:48Là, c'est vraiment dur parce qu'en fait,
02:50comme on essaie de choper un créneau pour s'échapper avec une dépression,
02:54c'est vraiment une course de vitesse.
02:55Le bateau saute dans tous les sens.
02:57Ça va très vite, c'est hyper désagréable.
02:59C'est pas rassurant non plus pour le matériel.
03:01J'aime pas trop ce groupe qui bombarde un peu n'importe comment.
03:05J'en fais partie, mais on va pouvoir durer comme ça deux mois.
03:09Regardez qui est là !
03:11À moins que le match psychologique entre les prétendants à la victoire finale
03:14ne commence déjà en tentant d'intoxiquer ses rivaux directs.
03:18Allez, croissement avec Seb.
03:21Salut Johan !
03:22Ça me fait marrer que ce soit Johan qui dise ça en vrai,
03:24parce que c'est quand même un peu le plus bourrin d'entre nous.
03:28Depuis le Figaro, on me connaît très bien pour ça.
03:31Je soupçonne les trois premiers d'avoir eu des vrais soucis techniques
03:34parce que pour le coup, je les ai quand même vraiment trouvés lents
03:37et les connaissants, je sais qu'ils sont capables de bien plus que ça.
03:40Donc je serais pas surpris qu'ils aient eu des vrais pépins quand même.
03:43C'était pas possible de revenir sur eux de cette manière-là.
03:49Derrière eux, les autres tentent de suivre sur ce bord sans option.
03:53Jérémy Beyou, Nicolas Lunewen, Sam Gutschild, Yannick Bestaven et Paul Meya
03:57sont en embuscade à plus de 100 000,
03:59mais soit sont débordés par la puissance et le rythme,
04:02soit ont préféré ralentir, contraints par des pépins physiques ou techniques,
04:06ou tout simplement préfèrent rester prudents.
04:08Ça a été bien sport, la petite dépression qui nous a propulsés
04:12tout l'Atlantique Sud en train de nous presser dans le Sud.
04:15Et on essaie de rester du groupe des 4 devant.
04:20Ça serait bien si on arrivait à continuer à lancer correctement avec ce groupe-là.
04:26Boris Herrmann est finalement le seul skipper favori relégué pour l'instant en milieu de flotte.
04:31Une situation qu'il subit depuis l'Atlantique Nord sans parvenir à combler son retard.
04:37Une si belle préparation, un bateau neuf préparé depuis 4 ans,
04:40les autres sont à 20 nœuds et nous on est là.
04:46Ça me rend un peu triste, j'aimerais pouvoir pleurer parfois.
04:52J'étais il y a quelques jours avec Benjamin Dutreux,
04:55et il est à quelques centaines de milles derrière maintenant.
05:02Ça n'a pas vraiment d'importance, c'est juste un jeu.
05:08Autour de l'Allemand, les 3 drôles de dames que sont Sam Davis,
05:11Justine Mettro et Clarisse Kramer forment une belle patrouille,
05:14mais le retard s'accumule et elles ne sont plus dans le même modèle météo que la tête,
05:18à près de 2000 km.
05:21Disséminées, parfois isolées dans cette ruée vers le Grand Sud,
05:24les foilers d'ancienne génération tentent de recoller,
05:27mais dépassés par la dépression,
05:29ils naviguent dans une mer levée par le passage du coup de vent,
05:32puis traversent des zones instables en vent et en état de mer.
05:45Pour tous, c'est une descente au propre comme au figuré,
05:48douloureuse, une prise de conscience que la course leur échappe
05:51et qu'ils doivent trouver d'autres motivations.
05:53Leurs humeurs font le yo-yo,
05:55ils enragent au désespoir d'avoir tant donné que pour cette infamie.
06:01Mentalement, c'est assez pénible de voir les bateaux de devant s'éloigner
06:04et de se faire rattraper par ceux de derrière.
06:08C'est vrai que plus on est devant, vous avez bien compris,
06:10ça fait une semaine que c'est comme ça,
06:12on va vite, c'est comme dans la vie,
06:14plus on est riche, plus on est riche, voilà.
06:18C'est sûr qu'on se cache toujours derrière le peu,
06:20ils ont un meilleur bateau, ils ont un meilleur machin,
06:22mais malgré tout, on est là, on fait une course
06:25et c'est toujours frustrant de voir partir les promenés,
06:28mais aussi les petits bateaux qui sont juste devant,
06:31les voir s'éloigner petit à petit
06:33et de se sentir un peu impuissant.
06:35Quand je découvre un nouveau voie,
06:37j'arrive à exploiter le bateau plutôt en mode record tout seul
06:40et il me crée des challenges moi-même.
06:46Ça y est, je crois que j'ai touché du vent
06:48et cette fois-ci c'est parti.
06:51Parti en direction des 40e.
07:00Il y a du vent qui revient !
07:07Dans le dernier groupe,
07:08les dériveurs se livrent une belle empoignade.
07:10Ils encadrent les foilers, perdant de l'avant-poteau noir
07:13que sont Arnaud Boissière, Alan Roura et Giancarlo Pedote.
07:17Jean Le Cam, Louis Duc, Benjamin Ferré, Violette Dorange
07:20se croisent et se recroisent
07:22en cherchant à éviter les trous de vent
07:24et en tablant sur l'arrivée d'un nouveau système de dépression
07:27pour pouvoir accélérer enfin.
07:31Alors aujourd'hui, on a comme Louis Duc à bus,
07:34ça fait depuis Madère que je n'ai pas vu un bateau.
07:37On va essayer de l'appeler en VHF pour voir.
07:40Oui Louis, je te vois, je te vois Louis.
07:43Comment tu vas ?
07:44Ben écoute, ça va nickel.
07:46Ben écoute, pareil, c'est sympa ici.
07:48Les conditions ne sont pas dégueulasses.
07:50C'est sûr que là pour le moment,
07:51les vents pourraient être un peu plus stables.
07:55Le défaut, c'est pas toujours comment il faut s'habiller.
07:58Ce matin, scène improbable.
08:01Je vais vous montrer ça.
08:03Nous avons un concurrent.
08:07Et voilà les bateaux du Benjamin.
08:09Très très près.
08:12Voilà, on fait des rencontres.
08:15Au fil des heures, la température se rafraîchit.
08:17Les skippers ressortent leurs équipements hivernaux,
08:20profitent de la moindre accalmie
08:22pour prendre soin de leurs montures,
08:24vérifier et effectuer réparations et changements de matériel
08:27avant d'entrer dans l'océan Indien.
08:30Vendredi 29 novembre à 16h45,
08:33Charlie Dalin est le premier à passer la longitude
08:35du Cap de Bonne Espérance à la pointe sud de l'Afrique
08:38et s'apprête à entrer en tête comme il y a 4 ans
08:40dans les mers australes, celles qui font rêver les marins.
08:45Ca y est, Cap de Bonne Espérance franchi.
08:49Prochaine étape, entrée dans l'Indien.
08:51Je suis heureux d'en terminer sur ce tronçon Atlantique Sud
08:55et que la bataille continue.
08:58Parce que là, la bataille, elle est serrée.
09:02Thomas Ruyant, Sébastien Simon et Johan Richaume
09:05le suivent en 3 heures.
09:07Pour nous, observateurs, c'est surtout le premier point
09:09de repère terrestre dans cette course
09:11et l'occasion de mesurer plus clairement les écarts énormes
09:14qui se sont creusés dans la flotte au fil du premier tiers
09:16de cette 10e édition hallucinante
09:18en termes de densité et de performance.
09:22Ainsi, après cette diagonale de fou
09:24qui a zébré l'Atlantique Sud,
09:26les 4 premiers se tenaient en 3 heures seulement
09:28après 19 jours de mer,
09:30Beyou et Nicolas Lunewen passaient avec déjà
09:32un peu plus de 8h30 de retard,
09:34Paul Meya avec 1 jour de retard,
09:36Samantha Davis en 10e position 2 jours déjà
09:39et presque 3 jours pour Justine Métraud et Boris Herrmann.
09:42Quant aux autres, loin derrière,
09:44l'écart paraît abyssal, parfois effrayant.
09:48Il y a 1000 milles jusqu'à Bonne Espérance,
09:51donc on y est vite.
09:53Ça sera juste un décalage d'une semaine
09:55avec le peloton de tête,
09:57c'est trois fois rien.
10:01C'est un océan indien accueillant
10:03pour la tête de la course.
10:05A l'image du reste du parcours depuis le départ,
10:07en dehors du thermomètre qui descend,
10:09les océans sont cléments
10:11et laissent passer les bateaux sans trop les violenter.
10:13A la faveur des différents bords,
10:15Charlie Dalin et Johan Richaume
10:17s'échangent la première place.
10:19Mais regardez qui est là.
10:21Ce ne serait pas surprenant les gars
10:23de Johan Richaume ?
10:25Charlie Dalin, juste là.
10:28C'est toujours bon signe d'être avec Charlie Dalin.
10:31Généralement, il va dans la bonne direction.
10:33Thomas Ruyant, lui,
10:35est légèrement décroché.
10:37Je me suis bien arrêté,
10:393-4 heures là,
10:41derrière une grosse ligne de grain.
10:43Voilà.
10:45Les trottes de vent sont un peu barrées.
10:48C'est comme ça.
10:50Voilà un petit peu
10:52ce qui m'inquiète ce matin.
10:54La première grosse dépression australe
10:56s'annonce déjà pour le milieu de semaine.
10:58Elle arrive de derrière eux.
11:00Tous commencent à surveiller son évolution.
11:02L'objectif est de choisir sa route
11:04et d'anticiper au mieux sa trajectoire
11:06pour continuer la route la plus courte
11:08vers les îles Kerguelen.
11:10Dans la descente de l'Atlantique Sud,
11:12Manu Cousin connaît une première alerte
11:14après un choc avec un objet flottant
11:16ou un animal.
11:18Suite à mon gros souci de choc hier soir,
11:20j'ai inspecté tout le bateau ce matin.
11:22Ça a touché devant, c'est sûr.
11:24Je n'ai pas lancé dans le bateau.
11:26J'ai des confusions à droite à gauche.
11:28Il n'y a rien de cassé.
11:30Donc ça, c'est bon.
11:32Je vais y aller doucement au début
11:34pour écouter vraiment le bateau
11:36et voir s'il n'y a pas de choses
11:38qui paraissent anormales.
11:40Le but, c'est de continuer marron.
11:44Eric Bellion lui a connu une grosse alerte.
11:46Les systèmes de safran qui permettent
11:48de relever ce qui sert de gouvernail au bateau
11:50l'ont lâché, provoquant des embardés
11:52et l'obligeant à de longues réparations.
11:54J'ai réparé
11:56les descentes de safran,
11:58mais safran se relevait.
12:00Quelle galère.
12:02J'espère que ça va marcher.
12:04On va avancer comme ça.
12:06On va avancer comme ça.
12:08J'ai bossé toute la journée.
12:10On va essayer de relancer.
12:12Je vais crever.
12:14Vous ne pouvez pas imaginer à quel point.
12:16Quel enfer.
12:18Peep Air est aussi parfois découragée
12:20par les problèmes qui s'accumulent.
12:22Pendant que je dormais,
12:24la bosse d'enroulement
12:26de ma plus grande voile s'est cassée.
12:28Elle vient de se casser.
12:30Je suis fatiguée.
12:32J'ai juste l'impression
12:34d'être punie.
12:36Vraiment punie.
12:38Quel gâchis.
12:42Dans ces mers peu fréquentées
12:44par le trafic maritime commercial,
12:46les concurrents larguent des flotteurs Argo
12:48que leur ont confié les scientifiques
12:50de l'Ifremer pour collecter des données
12:52et améliorer la connaissance
12:54de ces océans sauvages.
13:00La deuxième partie de la flotte
13:02est emmenée par Jean Le Cam
13:04poussé par un souffle régulier.
13:06Le tempo s'est accéléré
13:08et tous se préparent à entrer dans l'Indien
13:10dans des conditions plus rugueuses
13:12avec une grosse dépression
13:14et une bonne espérance
13:16et ses cours en contraire très violents.
13:18On est vraiment juste en avant du front.
13:20Ca fortient un peu là.
13:22Mais on est bien.
13:24On est pile bien toilé.
13:26Je suis en train de faire
13:28des soeurs de malade.
13:34Au centre du peloton,
13:36le groupe de Sam Davies-Boris Herman
13:38ronge son frein
13:40mais il pourrait être l'un des bénéficiaires
13:42S'il s'est détendu en leur défaveur
13:44depuis le début de la course,
13:46à moyen terme, ce groupe épargné
13:48par les forts coups de vent
13:50pourrait profiter de la situation pour recoller.
13:52Devant eux, Paul Meya,
13:54le premier à avoir touché du vent fort
13:56car dépassé par le front
13:58et qui était toujours en suiveur
14:00du premier groupe depuis l'Atlantique Nord
14:02a fait un gros bond en avant
14:04pour recoller au basque de Yannick Bestaven.
14:06En tête de course,
14:08en fonction de leur placement
14:10et de l'impact qu'ils ont localement
14:12et qu'ils prévoient d'avoir au passage
14:14de la première tempête australe.
14:16Les poursuivants,
14:18comme Jérémy Beyou,
14:20Nicolas Lunewen très tôt,
14:22Thomas Ruyant un peu plus tard
14:24et même jusqu'à Johan Richaume
14:26pour le virage à gauche le plus tardif
14:28ont tous choisi de remonter au nord
14:30pour s'éviter le plus fort du vent
14:32et la mer très formée
14:34qui sera levée par la tempête
14:36puisqu'on parle de creux de plus de 8 mètres.
14:38Ce n'est pas la seule progression
14:40mais dont l'addition en termes de routes
14:42supplémentaires parcourues et de temps perdus
14:44pourrait être très conséquente.
14:46On se dirige vers le nord
14:48je vais même un peu d'ouest
14:50tellement je suis un chum décalé
14:52je fais limite demi-tour
14:54un petit peu pour faire un petit décalage
14:56au nord pour venir me placer
14:58idéalement avec cette dépression
15:00qui va nous amener assez loin
15:02quasiment en Australie
15:04enfin elle et sa copine
15:06Après avoir longuement hésité
15:08et même tenté de reprendre du nord
15:10choisit-lui de profiter au maximum du vent
15:12de la dépression en construction
15:14et de garder le cap à l'est
15:16pour rester devant le système.
15:18Il s'agit alors de faire de la vitesse
15:20sur la route le plus longtemps possible
15:22et ce quel que soit l'état de mer.
15:24Un choix risqué, voire très inquiétant
15:26mais s'il paye, les écarts seront énormes.
15:28Quand on voit un temps pareil
15:30c'est dur de croire qu'on va se faire taper dessus
15:32on va essayer d'aller s'abriter
15:34dans le coeur de la dépression
15:36où il y a l'air suffisamment gros
15:38et où il y a l'air d'avoir des conditions
15:40un peu plus calmes disons.
15:44Après avoir bénéficié de conditions météo tranquilles
15:46jusque là, excepté un petit coup de vent
15:48au Cap Finistère
15:50les concurrents entrent dans le vif du sujet
15:52et vont à la rencontre des mers, des vents
15:54et des couleurs de ce pourquoi
15:56ils ont rêvé de cette aventure.
15:58La tranche de vie qui s'ouvre restera c'est sûr
16:00comme la plus intense de leur Vendée Globe.
16:04Musique
16:06Musique
16:08Musique
16:10Un mois environ, c'est le temps que vont mettre
16:12les marins pour parcourir
16:14l'océan Indien et l'océan Pacifique
16:16avant de ressortir
16:18au Cap Horn.
16:20Les histoires fortes et la légende de cette
16:2210ème édition du Vendée Globe sont en train de s'écrire
16:24en ce moment et pour en parler aujourd'hui
16:26avec nous, c'est Alain Gauthier. Bonjour Alain.
16:28Bonjour. Alors vous avez longtemps été
16:30l'expert sécurité de la course
16:32et vous êtes aujourd'hui le team manager d'Isabelle
16:34Joschke. Pourquoi ces mers
16:36australes fascinent-elles
16:38autant les marins et évidemment
16:40les terriens ? Vous savez,
16:42dans l'imaginaire, le sud
16:44c'est quand même loin
16:46des terres habitées
16:48et puis il y a aussi la proximité
16:50de l'Antarctique puisqu'on cherche
16:52à faire le tour de l'Antarctique
16:54clairement. Donc
16:56tout ça, plus la
16:58légende du Cap Horn
17:00qui est quand même pour beaucoup. Voilà, c'est le sud
17:02avec les mers qui peuvent être aussi
17:04on le sait
17:06très fortes
17:08de par leur taille mais aussi de par
17:10le croisement
17:12entre la mer de nord-ouest
17:14la mer de sud-ouest, etc.
17:16Vous aviez aussi ramené des images
17:18de votre tour du monde. J'avais en tête
17:20des images avec de la glace parce que la route
17:22à l'époque était beaucoup plus sud.
17:24Disons qu'il n'y avait pas de limite
17:26de glace. On était libres
17:28de faire le tour de l'Antarctique
17:30aussi proche qu'on voulait. Sauf que
17:32naturellement, il ne fallait pas descendre trop
17:34au sud au risque de se retrouver
17:36face à beaucoup d'icebergs.
17:38Ça nous est arrivé souvent de nous retrouver
17:40face à quelques icebergs.
17:42Dans ces cas-là, on remontait nord
17:44mais clairement, c'était
17:46une route relativement risquée.
17:48On dit que les marins vont changer de rythme
17:50dans cette zone. Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?
17:52Il y a plusieurs choses. Il y a le rythme
17:54de course. Notamment
17:56est-ce qu'on est à 100%
17:58du potentiel du bateau dans le sud ?
18:00Clairement non.
18:02Parce que les conditions
18:04de mer ne s'y prêtent pas.
18:06On l'a vu dans l'Atlantique sud
18:08entre le Brésil
18:10et l'Afrique du Sud.
18:12On a vu tous les records qui sont tombés.
18:14En fait, c'était dû notamment
18:16à une très belle météo bien sûr
18:18mais aussi à une absence
18:20de conditions de mer difficiles.
18:22Ça permet de pousser les bateaux très fort.
18:24Là dans le sud, la mer est croisée.
18:26Elle peut être croisée par moments
18:28de manière assez importante.
18:30Et ça, ça freine naturellement
18:32beaucoup les bateaux.
18:34Psychologiquement, le fait que la première terre
18:36australe soit assez loin,
18:38comment est-ce que cela joue sur
18:40l'engagement que mettent les marins ?
18:42Il faut savoir se faire mal bien sûr.
18:44Il faut accepter d'être isolé.
18:46Ce sera encore plus flagrant
18:48pour les derniers concurrents
18:50parce que je dirais que
18:52pour les premiers, ils savent qu'ils ont
18:5435 bateaux derrière eux quasiment.
18:56Si jamais il y avait un souci,
18:58on l'a vu dans les éditions précédentes
19:00que la survie d'un concurrent
19:02pouvait être liée
19:04à la présence d'autres concurrents.
19:06Donc du coup,
19:08quand vous êtes le dernier,
19:10c'est par contre psychologiquement difficile.
19:12Pour les premiers,
19:14il faut accepter de se faire mal
19:16et de pousser les bateaux,
19:18juste trouver la bonne limite.
19:20C'est moins important maintenant
19:22que ça ne l'a été puisqu'il y a le téléphone par satellite,
19:24il y a WhatsApp, il y a tout ça.
19:26Nous à l'époque, on parlait avec la terre
19:28peut-être une ou deux fois par semaine
19:30et puis c'était tout, pas de messages,
19:32rien, on était vraiment bien isolé.
19:34Qu'est-ce qui a changé d'autre par rapport
19:36à votre expérience en termes d'équipement,
19:38de lutte contre le froid par exemple ?
19:40Il y a beaucoup de choses qui ont changé.
19:42Peut-être le plus important, c'est les pilotes automatiques.
19:44On sait que pour un navigateur solitaire,
19:46c'est le cœur du bateau.
19:48Sans pilote automatique,
19:50le navigateur sera obligé d'abandonner.
19:52Et clairement,
19:54en 1989-1992,
19:56j'ai passé des journées
19:58de 15-16 heures à la barre
20:00dans le sud.
20:02Heureusement, j'avais installé une barre
20:04à l'intérieur du bateau.
20:06Je n'aurais pas pu barrer 15 heures s'il avait fallu rester dehors.
20:08Mais pour épargner mes pilotes,
20:10je m'astreignais
20:12à 15-16 heures par jour quelques fois,
20:14suivant les conditions météo.
20:16Aujourd'hui, les pilotes automatiques ont vraiment
20:18fait un gap incroyable.
20:20Sinon, les cirées, la vie à bord...
20:22Sur mon premier Vendée Globe, j'avais un bateau en aluminium.
20:24Autant vous dire
20:26que l'isolation à bord
20:28était quand même très limitée.
20:30La condensation, quand il fait 2 degrés,
20:32c'était très inconfortable.
20:34Il y a plein de choses
20:36qui ont évolué dans le bon sens.
20:38Si ce n'est le confort réel
20:40du bateau, où nos bateaux allaient
20:42moins vite, étaient moins raides,
20:44étaient moins rudes.
20:46Donc ça, c'était vraiment différent.
20:48Ça a changé la donne par rapport à aujourd'hui.
20:50Merci Alain.
20:52Pour terminer ce Vendée Mag, nous sommes allés
20:54cette semaine au Musée de la Marine à Paris,
20:56où est en ce moment installée
20:58une très belle exposition sur le Vendée Globe
21:00depuis sa création en 1989.
21:02C'était l'occasion pour nous de
21:04revenir sur la place des femmes dans cette course mythique.
21:14On est en direct du Musée de la Marine
21:16avec plusieurs journalistes.
21:18On a quelques questions qu'on va pouvoir te poser.
21:20Je voulais savoir comment vous expliquez
21:22qu'il y a encore assez peu de femmes
21:24dans cette compétition ?
21:26C'est déjà beaucoup par rapport à une certaine époque.
21:28Le nombre de femmes sur le Vendée Globe
21:30est assez élevé par rapport au nombre de femmes
21:32dans le monde de la course large en général.
21:34Si on regarde le chiffre global, c'est 10-15%
21:36de femmes dans tout le monde de la course large.
21:38Mais c'est juste que ça prend du temps,
21:40ça prend du temps d'avoir des exemples
21:42ça prend du temps pour habituer les gens
21:44d'avoir des projets performants.
21:46Il y a aussi le sujet des carrières lèvres.
21:48On voit le groupe des leaders
21:50ils ont tous entre 35 et 45 ans.
21:52Ils ne peuvent pas disparaître
21:54à cette périodicité de la vie
21:56pour faire partie des meilleures.
21:58On est sur une édition un peu record
22:00déjà par le nombre de marins
22:02qui sont partis le 10 novembre dernier.
22:04Et puis on a six femmes
22:06qui se sont élancées.
22:08C'est la première fois qu'elles sont aussi représentées
22:10dans la course
22:12avec des femmes qui l'ont déjà fait.
22:14Et puis aussi cette figure
22:16violette, violette d'orange
22:18qui est incroyable
22:20qui a 23 ans
22:22qui est la plus jeune concurrente
22:24de l'histoire de la course
22:26et qui en plus communique extrêmement bien
22:28et nous fait vivre jour après jour
22:30sa course.
22:32Comment vous expliquez que vous,
22:34vous ayez eu, adolescente ou jeune fille,
22:36le déclic ?
22:38Dès que j'ai commencé la voie,
22:40j'étais toujours la seule fille d'un groupe.
22:42Et justement,
22:44mes potes m'ont toujours soutenue.
22:46Je sais que ça énervait les garçons
22:48que je sois devant.
22:50Moi, ça m'a toujours boostée.
22:52Et après, pour la course large,
22:54je pense que c'est le fait d'avoir vu
22:56des navigateurs comme Eliane MacArthur,
22:58Samantha Davis, qui est un pionneur,
23:00naviguer sur le monde du globe,
23:02sur Amélie Transat, sur le Figaro.
23:04Je me suis dit, c'est chose à moi.
23:06Isabelle est ici avec Catherine Chabot.
23:08C'est les deux premières femmes sur le parcours du Vendée Globe.
23:10Isabelle va être contrainte à réparer,
23:12donc elle est hors course.
23:14Et Catherine Chabot va terminer son tour du monde
23:16et sera la première femme
23:18à boucler un Vendée Globe,
23:20à boucler un tour du monde, sans escale,
23:22sans assistance, par les trois capes.
23:24C'est vraiment des figures
23:26avec également Florent Sarto.
23:28Ces femmes qui sont parties
23:30se mesurer finalement
23:32à ces éléments.
23:34Il y a eu de nombreuses générations
23:36de jeunes filles.
23:38Moi, par exemple, dans la cour de récréation,
23:40avec mes copines, on jouait à les imiter.
23:42On jouait à Florence Sarto, à Catherine Chabot,
23:44à Isabelle Dautissier.
23:46C'était vraiment nos modèles.
23:48Elles sont 15 à 7 relancées.
23:50Elles sont 6 d'ailleurs sur cette édition
23:52et seulement 10 à l'arrivée
23:54avec le meilleur placement
23:56qui est la deuxième place
23:58pour Élègue Marc-Arthur en 2001.
24:00Là, il y a des tenues
24:02de Catherine Chabot et Isabelle Dautissier.
24:04On a sa bibliothèque
24:06à Catherine Chabot.
24:08On a des dessins envoyés
24:10notamment par les écoles
24:12qui l'ont suivi
24:14avec des petits mots d'encouragement.
24:16C'était important pour nous
24:18qu'elles soient représentées
24:20dans les objets montrés au public
24:22et dans la scénographie,
24:24à travers les images,
24:26les photographies que l'on présente au public.
24:28Il faut qu'il y ait un certain équilibre
24:30pour être dans le vrai
24:32dans cette exposition.
24:36Hélène Marc-Arthur est une des plus jeunes
24:38à se lancer sur le Vendée Globe.
24:40C'est une femme britannique.
24:42On la voit dire adieu à ses parents
24:44au départ, pleine de larmes.
24:46On la voit se battre
24:48contre ses grands marins,
24:50notamment Michel Desjoyeaux.
24:52Ils sont au coude à coude
24:54pour la victoire.
24:56C'est Michel Desjoyeaux qui s'impose
24:58mais Hélène arrive
25:00comme un second vainqueur
25:02de cette édition du Vendée Globe.
25:04On la voit embrasser
25:06son bateau à l'arrivée
25:08et elle va dire que le plus dur
25:10au moment de l'arrivée, c'est de quitter mon bateau
25:12après le parcours incroyable
25:14qu'elle vient de faire.
25:16Je reprendrai cette citation
25:18de Sam Davies qui dit qu'effectivement
25:20la force mentale va compter autant que la force physique.
25:22Je pense que les femmes peuvent faire preuve
25:24d'une extrême force mentale.
25:26Parce que je suis une femme peut-être.
25:28Mais dans le cours de leur vie,
25:30il faut peut-être qu'elles fassent encore plus preuve
25:32de force mentale que les hommes.
25:34C'est une supposition.
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