Première partie : Caroline de Camaret reçoit Etienne de Poncins, ambassadeur français en Pologne et ancien ambassadeur en Ukraine.
Deuxième partie : Caroline de Camaret et Thibault Henocque reçoivent Yves Bertoncini, consultant en affaires européennes, Christophe Préault, directeur de la rédaction de « Toute l'Europe » et Karolina Boronska-Hryniewiecka, professeur de sciences politiques en Pologne pour un débat sur le thème : « Défense, croissance, nationalisme : les défis de l'UE en 2025 ».
Ici, l'Europe
Chaque semaine, LCP Assemblée nationale, Public Sénat et France24 vous plongent au coeur des questions qui secouent l'Europe : Covid-19, questions migratoires, « Green deal », Brexit ou encore souveraineté digitale. Quel avenir pour l'Union et ses 450 millions d'habitants ? Une demi-heure d'information pour mieux comprendre les enjeux européens.
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NewsTranscription
00:00France 24 LCP. Public Sénat présente.
00:25Bonjour et merci de nous rejoindre pour ICI l'Europe.
00:27Bonne année 2025 à tous et à toutes.
00:31Cette année 2025 sera riche pour l'Union Européenne
00:34qui démarre un nouveau cycle avec toutes ses institutions renouvelées
00:37et des États quelque peu divisés ou dispersés.
00:41Ce mois de janvier, en effet, changement d'ambiance
00:44pour ce qui est de la présidence tournante de l'Union Européenne.
00:47Elle est passée de la Hongrie du très provocateur Viktor Orban
00:50à la Pologne du pro-européen Donald Tusk
00:52avec un agenda très axé sur le soutien à l'Ukraine.
00:55Pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir aujourd'hui
00:59Étienne Deponcin. Bonjour.
01:02Vous êtes l'ambassadeur français à Varsovie depuis un an et demi.
01:07Et je précise que vous étiez auparavant à Kiev,
01:10c'est-à-dire pendant le déclenchement de la guerre.
01:12Vous avez d'ailleurs écrit ce livre au cœur de la guerre aux éditions XO
01:17qui a très bien marché.
01:19Vous connaissez bien l'Union Européenne et ses arcanes
01:21pour avoir publié d'autres ouvrages sur son fonctionnement.
01:24Commençons vraiment sur ce 1er janvier
01:27où la Pologne a obtenu cette flamme olympique
01:31en quelque sorte de la présidence tournante qui lui est revenue.
01:34Est-ce que c'est une bonne nouvelle
01:36et surtout un bon timing pour l'Union Européenne ?
01:38Oui, c'est à la fois une bonne nouvelle et un bon timing.
01:40On attendait beaucoup cette présidence polonaise
01:43qui sera présidée par Donald Tusk, le nouveau Premier ministre polonais.
01:48C'est un moment important pour l'Europe.
01:50Est-ce que ce sera la première présidence utile, je dirais ?
01:54La commission de Mme von der Leyen, deuxième commission, s'est mise en place.
01:58Elle est maintenant opérationnelle
02:00et donc elle doit maintenant lancer ses directives pour les années à venir,
02:04son programme de travail.
02:06Et ça va se faire avec une présidence polonaise
02:08qui sera pro-européenne, en soutien
02:11et dont les vues correspondent assez largement
02:14et c'est satisfaisant aux vues françaises.
02:16Donc nous accueillons cette présence avec beaucoup d'enthousiasme et d'impatience.
02:20Seulement, le passage de relais a été un peu difficile
02:23avec la Hongrie de Viktor Orban
02:25qui a présidé ces six derniers mois
02:27et en multipliant les voyages polémiques
02:30en Russie, en Chine et même en Moldavie.
02:33L'ambassadeur hongrois n'était pas présent aux cérémonies de passation.
02:38Expliquez-nous, quels sont les différends entre les deux pays ?
02:41Il y a un différent un peu personnel aussi entre les deux dirigeants
02:45qui remontent à loin, ils se connaissent depuis longtemps.
02:48Donald Tusk et Viktor Orban.
02:51Donc ils se sont côtoyés comme tous ces dirigeants d'Europe centrale et orientale
02:55depuis des années.
02:57Ils étaient ensemble dans la lutte contre le communisme
02:59et puis après ils ont très nettement divergé,
03:01notamment sur l'approche européenne.
03:03La présidence hongroise, le moindre qu'on puisse dire,
03:05c'est qu'elle n'a pas joué collectif.
03:07Elle n'a pas joué son rôle de présidence
03:09qui est d'essayer de faire converger
03:13les positions.
03:15Au contraire, ils ont joué leur rôle en individualiste.
03:18Et donc avec la présidence polonaise,
03:20nous sommes contents de retrouver, je dirais,
03:22une vraie présidence européenne qui va prendre ses responsabilités
03:25avec beaucoup de sérieux et de professionnalisme.
03:28Et les Polonais, je suis bien plaisé pour le savoir,
03:30se sont très bien préparés à cette deuxième présidence
03:33puisqu'ils l'avaient déjà exercée il y a quelques années.
03:36Il y a un aspect très politique aussi.
03:38Le mois dernier, la Hongrie a accordé l'asile politique
03:41à l'ancien vice-ministre polonais de la Justice,
03:44membre du parti d'opposition droit et justice,
03:48qui a fait l'objet de 11 chefs d'accusation
03:51pour détournement de fonds publics
03:53et l'objet d'un mandat d'arrêt européen.
03:55C'est un peu déloyal d'accueillir quelqu'un
03:57qui est poursuivi sur le territoire annexe ?
04:00Je crois que oui.
04:02Ce ne sont pas des pratiques habituelles
04:04entre partenaires de l'Union européenne
04:06que d'accorder l'asile politique
04:08à quelqu'un qui est poursuivi
04:10par des malversations aussi.
04:12Mais dont le parti ultraconservateur
04:14est proche de celui de Viktor Orbán.
04:16Dont le parti ultraconservateur est proche de Viktor Orbán.
04:19Très clairement, Viktor Orbán joue
04:21le parti d'opposition à Donald Tusk.
04:23Il y a donc un jeu politicien bilatéral
04:26qui explique un peu cette froideur des relations.
04:29Quand elle était dirigée par le PiS ultraconservateur,
04:32la Pologne a été en conflit pendant 8 ans avec Bruxelles
04:35pour manquement à l'indépendance de la justice
04:38et atteinte au droit des minorités sexuelles encore plus récemment.
04:41Est-ce que vous jugez qu'il y a un changement de cadre rapide
04:44sous Donald Tusk ?
04:46Une restauration rapide de l'état de droit ?
04:48Ou non, c'est beaucoup plus difficile ?
04:50Deux choses.
04:52D'abord, la volonté de sortir de cette période-là,
04:54et ça a été validé par la Commission européenne,
04:57qui a rétabli les fonds européens
04:59très vite après l'arrivée de Donald Tusk
05:02au pouvoir en décembre de l'année dernière,
05:04il y a exactement un an.
05:06C'est un programme qui s'est traduit très concrètement
05:09par le fait que la Pologne a rejoint le mécanisme
05:12de procureur européen.
05:14Après, il y a les difficultés rencontrées
05:17pour faire passer ce retour à l'état de droit,
05:19et notamment le fait que le président polonais,
05:22Aleksander Duda, est encore en place
05:25et qu'il est de l'ancien parti.
05:27Il y a une cohabitation actuellement en Pologne.
05:29Très dure d'ailleurs.
05:31Il n'est pas venu aux cérémonies non plus.
05:33Il n'a pas été invité aux cérémonies.
05:35Il refuse de nommer les ambassadeurs polonais
05:38qui sont envoyés par le gouvernement Tusk.
05:40Tout ça est une situation conflictuelle,
05:42une cohabitation.
05:44Le président polonais dispose du droit de veto.
05:47Il peut bloquer les lois.
05:49Tout ceci explique que les progrès
05:51n'ont pas été aussi rapides.
05:53Notamment, une intervention volontaire de grossesse,
05:55c'est toujours aussi difficile en Pologne ?
05:57Là, on sort un autre problème,
06:00une autre difficulté.
06:02La coalition elle-même,
06:04la coalition au pouvoir,
06:06qui est de droite libérale,
06:08mais qui comporte diverses composantes.
06:11Certaines sont très libérales.
06:14D'autres sont beaucoup plus conservatrices.
06:16Il y a notamment le petit parti paysan
06:18qui fait charnière.
06:19Il y a aussi les centristes
06:20qui ont une position un peu ambiguë.
06:22Sur tous ces sujets de société
06:24qui ont beaucoup mobilisé l'électorat
06:26en faveur de Donald Tusk,
06:28il est vrai que les progrès sont très lents.
06:30Que ce soit sur l'adoption de l'équivalent
06:32de notre PACS, par exemple,
06:34homosexuel,
06:36ou que ce soit sur l'avortement,
06:40où les progrès sont très limités.
06:42Pour l'instant, il faut bien le reconnaître.
06:44Vous constatez que depuis le retour au pouvoir
06:46de Donald Tusk il y a un an,
06:48cette Pologne est en train de s'imposer
06:50sur la scène européenne,
06:51alors que justement, la France, l'Allemagne
06:53sont fragilisées par les échéances électorales.
06:57Est-ce qu'effectivement, la Pologne
06:59n'est pas en train de tisser des liens,
07:01de devenir un centre, finalement,
07:03un pôle européen, pourtant ?
07:05Oui, absolument.
07:07On peut même parler de moments polonais
07:09en Europe qui tiennent
07:11à plusieurs éléments.
07:13D'abord, la présidence polonaise,
07:15le fait que le Premier ministre connaisse très bien
07:17les arcanes de Bruxelles,
07:19il a été longtemps président du Conseil européen,
07:21donc il sait très bien comment manœuvrer.
07:23Le fait qu'il y a un gros contingent
07:25polonais au sein du Parlement européen
07:27dans le principal groupe,
07:29le PPE, le groupe de centre droit.
07:31Le fait aussi que
07:33la Pologne apparaît
07:35comme le soutien principal
07:37ou très en pointe sur la guerre
07:39en Ukraine.
07:41La Pologne, en alertant sur le danger russe
07:43pendant des années,
07:45avait eu raison et donc les Polonais ont un peu
07:47le sentiment d'avoir
07:49une nouvelle assurance qui tient aussi
07:51à leurs remarquables résultats économiques.
07:53Le chômage est à 2,5%
07:55en Pologne, la croissance
07:57est très forte, c'est la plus forte d'Europe.
07:59C'est un vrai
08:01succès économique et 20 ans après leur adhésion,
08:03parce qu'on a souvent tendance, on parle encore des nouveaux
08:05membres, mais ça fait 20 ans qu'ils sont dans l'Union européenne,
08:07c'est très probablement
08:09l'un des succès
08:11les plus remarquables
08:13de cette adhésion.
08:15Étienne de Poncin, la Pologne, qui est d'ailleurs un fidèle
08:17allié de l'Ukraine.
08:19Vous avez été ambassadeur,
08:21je le rappelle, en Ukraine,
08:23sous le feu des projecteurs. En ce moment, la brigade
08:25de Kiev, financée et entraînée par la France,
08:27qui aurait vu un grand nombre de désertions.
08:29Les enquêteurs ukrainiens ont
08:31arrêté un commandant d'unité pour abus de pouvoir.
08:33La France s'est-elle formée
08:35et équipée les Ukrainiens ?
08:37Alors, je crois que cette brigade
08:39a été formée en étroite concertation
08:41avec les Ukrainiens.
08:43Il y a des échanges permanents
08:45tant sur la formation qu'après.
08:47Depuis qu'elle est revenue en Ukraine,
08:49la responsabilité, elle, relève des
08:51Ukrainiens eux-mêmes. Nous n'avons plus
08:53à intervenir sur ce sujet-là.
08:55Moi, ce que je tire comme enseignement,
08:57c'est le fait que l'Ukraine
08:59est une démocratie et que ce type de problème
09:01apparaît au grand jour
09:03et qu'il y a des échanges. Que vous puissiez,
09:05d'ailleurs, que des journalistes puissent aller interroger
09:07des soldats ukrainiens sur le front,
09:09c'est quand même très significatif.
09:11Pour dire le moins, on ne voit pas ça de l'autre côté.
09:13Avec l'arrivée de Donald Trump à la
09:15Maison Blanche, les inquiétudes
09:17redoublent sur le soutien de l'Ukraine
09:19par les Européens. Pour la première fois,
09:21lors de la fameuse conférence
09:23des ambassadeurs de rentrée à laquelle
09:25vous assistiez, bien sûr, Etienne de Poncin,
09:27le président de la République a
09:29invité l'Ukraine à mener des discussions
09:31réalistes sur les questions territoriales.
09:33Traduction.
09:35En fait, c'est la prolongation de ce que
09:37le président de la République a dit
09:39depuis le début de la guerre.
09:41Il appartient aux Ukrainiens
09:43eux-mêmes de décider
09:45du moment et des conditions
09:47dans lesquelles ils considéreront que
09:49le moment est venu de
09:51faire la paix ou d'accepter
09:53un cessez-le-feu et que nous
09:55ne nous substituons pas à leur
09:57propre décision.
09:59Mais Donald Trump veut imposer
10:01un cessez-le-feu très rapide.
10:03Est-ce que vous croyez que les Européens
10:05sont encore dans le jeu ?
10:07Peuvent infléchir justement
10:09les conditions de ce cessez-le-feu ?
10:11Ou se substituer aux Etats-Unis s'ils sont défaillants ?
10:13Alors d'abord, personne ne sait exactement
10:15ce que va faire le président
10:17Trump lorsqu'il arrivera
10:19aux affaires. Du côté des Européens
10:21il y a beaucoup de concertation pour
10:23voir justement comment maintenir
10:25ce soutien à l'Ukraine. Le président de la République
10:27était d'ailleurs le 12 décembre
10:29à Varsovie. Il a évidemment
10:31échangé sur ce sujet-là
10:33de façon très approfondie avec
10:35Donald Tusk puisque les Polonais ont un rôle
10:37et une responsabilité toutes particulières.
10:39Donc il y a des échanges à tous les niveaux,
10:41des réunions des ministres
10:43en divers formats pour
10:45justement voir comment on fait en sorte
10:47pour que l'Europe soit entendue,
10:49qu'elle soit à la table des négociations,
10:51qu'les Ukrainiens... Même si elle n'est pas très unie,
10:53on parlait de la Hongrie, mais il y a aussi la Slovaquie
10:55qui a un côté très
10:57pro-russe et puis peut-être demain
10:59l'Autriche qui va être dirigée par l'extrême droite.
11:01Est-ce qu'il n'y a pas justement une minorité
11:03qui pourra bloquer
11:05notre soutien indéfectible à l'Ukraine ?
11:07Pour l'instant, la tendance
11:09très largement majoritaire, c'est quand même
11:11le soutien à l'Ukraine
11:13et celui-ci se manifeste
11:15et va se remanifester encore pendant
11:17l'appréhense polonaise avec l'adoption très vraisemblablement
11:19d'un nouveau paquet de sanctions,
11:21le 16e paquet de sanctions envers la Russie
11:23et le maintien
11:25de ce soutien
11:27aussi longtemps qu'il le faudra.
11:29C'est une formule qu'on a
11:31utilisée mais qui est vraie
11:33et donc ce soutien se confirme
11:35du côté français,
11:37du côté polonais évidemment.
11:39En tant qu'ambassadeur en Ukraine, vous avez vécu
11:41les premières heures de ce conflit
11:43que vous racontez d'ailleurs
11:45dans ce livre, Au cœur de la guerre.
11:47Vous avez été l'un des
11:49derniers hauts diplomates restés en Ukraine.
11:51Vous avez déménagé à Lviv d'ailleurs
11:53dans un premier temps au milieu
11:55de cette invasion russe. Si c'était à refaire,
11:57est-ce que vous feriez tout pareil ?
11:59Oui, absolument.
12:01Ce qui était le plus surprenant, c'était pas
12:03l'offensive en elle-même,
12:05c'était qu'elle vise la
12:07capitale Kiev dans les premiers jours.
12:09Ça je pense que, à commencer
12:11par le président Zelensky lui-même,
12:13peu de gens l'avaient
12:15anticipé et donc c'est le
12:17scénario extrême qui s'est déroulé
12:19le 24 février avec la tentative
12:21avortée,
12:23heureusement des Russes, de prendre
12:25la capitale elle-même. Après, le fait
12:27d'être resté sur le territoire
12:29ukrainien, de parcourir
12:31et de sillonner pendant,
12:33vous parlez des premiers jours de la guerre,
12:35mais je suis resté 540 jours
12:37en responsabilité
12:39à la tête de l'ambassade de France en Ukraine
12:41et donc
12:43j'ai sillonné ce pays en guerre
12:45du nord au sud et de l'est à l'ouest
12:47dans toutes ces villes et
12:49évidemment, je crois
12:51que c'était nécessaire pour apporter
12:53le soutien et la solidarité de la France
12:55au plus près des populations en souffrance.
12:57Vous avez essuyé des critiques et peut-être
12:59même une certaine forme de guerre hybride,
13:01expliquez-nous.
13:03Oui, ça a été une des mauvaises surprises, je dirais,
13:05de cette expérience de guerre
13:07en Ukraine et d'expositions médiatiques
13:09forcées, je dirais,
13:11par mes responsabilités.
13:13D'abord, sur les réseaux sociaux,
13:15j'ai vu cette guerre hybride
13:17se développer. À un moment,
13:19j'ai même dû subir des attaques
13:21comme quoi j'avais quitté, abandonné
13:23mon poste.
13:25Tout ça est quand même très planifié,
13:27très organisé.
13:29Désagréable à vivre, évidemment,
13:31au quotidien, mais bon, je suis
13:33reconnaissant à mes collègues du Quai d'Orsay
13:35de m'avoir toujours apporté
13:37leur soutien.
13:39Et comme par hasard, depuis que je suis ambassadeur de France
13:41en Pologne, ces attaques sur les réseaux
13:43sociaux ont disparu.
13:45Je m'en réjouis, d'ailleurs.
13:47En parlant de désinformation, Paris a
13:49exhorté la Commission européenne
13:51à une plus grande fermeté vis-à-vis
13:53d'Elon Musk, qui va entrer
13:55dans le gouvernement Trump et soutient
13:57fermement le parti d'extrême droite AFD
13:59en Allemagne. Et nous n'avons
14:01pas de réseaux sociaux européens.
14:03Est-ce que nous avons les moyens de nous défendre ?
14:05Nous cherchons à nous réarmer
14:07aussi dans ce domaine-là.
14:09C'est trop tard, peut-être ?
14:11Non, ce n'est pas trop tard. On a pris des mesures,
14:13par exemple, au ministère des Affaires étrangères.
14:15C'est maintenant un sujet qui a été évoqué
14:17vraiment en profondeur
14:19lors de la conférence des ambassadeurs.
14:21Comment on fait face à ces guerres hybrides qui couvrent
14:23l'information, on le voit bien,
14:25c'est votre métier, mais pas que l'information.
14:27Il y a beaucoup de domaines qui sont
14:29visés. On l'a vu dans la
14:31Baltique avec les câbles sous-marins,
14:33etc. Voilà.
14:35On est maintenant dans un monde,
14:37comme l'a rappelé le Premier
14:39ministre lorsqu'il est venu s'exprimer devant
14:41les ambassadeurs, où c'est la
14:43loi de la force qui s'influence.
14:45On le voit en Géorgie, en Roumanie.
14:47Donc il faut se préparer.
14:49Il faut se préparer.
14:51Il faut se réarmer, non seulement militairement.
14:53C'est l'objet des programmes
14:55que nous conduisons.
14:57La Pologne est à 4%.
14:59La Pologne est très devant.
15:014% du PIB en défense.
15:03Absolument. 4% du PIB en défense,
15:05peut-être même 5%, avec beaucoup d'achats.
15:07Voilà.
15:09Beaucoup à l'étranger,
15:11à l'étranger hors de l'Europe, ce que
15:13nous regrettons parfois, puisque l'ancien
15:15gouvernement avait fait des acquisitions massives
15:17de matériel en Corée du Sud
15:19et aux Etats-Unis. Nous souhaiterions
15:21que ce soit un peu plus européen, mais ça c'est
15:23un autre sujet. En revanche, c'est vrai
15:25que la Pologne nous montre le chemin avec cette volonté
15:27de réarmement,
15:29parce qu'ils sont en première ligne.
15:31Pour vivre à Varsovie
15:33en permanence, on sent très
15:35fortement en Pologne qu'il y a les Ukrainiens
15:37et puis la deuxième ligne,
15:39c'est la Pologne et les Pays-Baltes.
15:41Au cœur de l'Europe centrale
15:43et orientale, il y a l'Autriche, le FPE,
15:45la droite extrême,
15:47arrivée en tête des élections législatives
15:49et en passe de former
15:51une coalition,
15:53d'en prendre d'ailleurs la tête,
15:55les droites extrêmes qui progressent partout en Europe.
15:57Nos démocraties
15:59et le projet européen
16:01d'intégration sont-ils,
16:03selon vous, en mesure de résister en 2025 ?
16:05Justement, la Pologne
16:07est un bon exemple où le populisme
16:09a reculé.
16:11Avec l'élection de Donald Tusk
16:13et un des
16:15enseignements que souhaite
16:17présenter le Premier ministre
16:19polonais, c'est justement comment on fait
16:21pour mettre en échec
16:23le populisme, tout en ayant
16:25une posture pro-européenne
16:27et en
16:29gardant toute sa place en Europe.
16:31C'est possible, mais il faut pour cela
16:33beaucoup de convictions,
16:35beaucoup d'efforts
16:37d'aller vers la population,
16:39beaucoup de mobilisation aussi, parce qu'on
16:41oublie que l'élection
16:43d'octobre 2023 en Pologne,
16:45elle s'est faite grâce à une extraordinaire
16:47mobilisation de la population
16:49et une union
16:51des oppositions.
16:53Une union des oppositions, de la droite conservatrice
16:55à la gauche, donc un spectre très large,
16:57et que ceci a permis de mettre
16:59en échec le PiS.
17:01Merci, monsieur l'ambassadeur, d'avoir été
17:03notre invité aujourd'hui. Merci, Etienne
17:05Depensin. A suivre tout de suite notre débat
17:07avec des experts européens sur
17:09les perspectives de 2025.
17:11Bonne année à venir pour l'Europe.
17:13Les avis sont très partagés.
17:15Regardez notre débat.
17:19Bienvenue pour notre
17:21grand débat de 2025.
17:23Une année européenne
17:25de tous les dangers que doivent
17:27affronter des gouvernements souvent
17:29affaiblis, à l'image de celui
17:31de l'Allemagne ou de la France.
17:33La nouvelle commission entrée en fonction
17:35s'est donnée 100 jours pour lancer
17:37des réformes décisives, mais ça commence
17:39très mal pour Ursula von der Leyen,
17:41très grippée. Et puis, la présidence
17:43tournante de l'Union européenne revient
17:45à la Pologne de Donald Tusk.
17:47Oui, et ce dernier a énoncé
17:49ses priorités, sécurité et défense
17:51européenne rehaussée, soutien
17:53indéfectible à l'Ukraine et un
17:55durcissement de la politique migratoire,
17:57surtout quand elle est utilisée comme
17:59armibride à la frontière Est par
18:01Vladimir Poutine. Alors, cette présidence
18:03polonaise pro-européenne du premier
18:05semestre risque de souffrir en revanche
18:07des divisions des 27 et de la montée
18:09en puissance des ultra-nationalistes,
18:11voire pro-russes.
18:13Alors, pour nous accompagner, puis surtout
18:15nous projeter dans
18:17l'avenir, finalement, nous avons
18:19trois invités aujourd'hui
18:21en notre compagnie. Alors, nous sommes en
18:23duplex de Varsovie avec
18:25Karolina Boronska
18:27Ryniewieska. Merci d'être
18:29avec nous. Vous êtes professeure de sciences
18:31politiques en Pologne et à l'université
18:33de Paris 1.
18:35Ainsi, avec nous en plateau Yves Berton
18:37de Chimie, consultant en affaires européennes,
18:39enseignant au corps des mines et à l'ESCP
18:41et Christophe
18:43Préot, directeur de la rédaction du
18:45Média en ligne, de référence toute l'Europe.
18:47Christophe Préot, on commence avec vous. Alors, 2025,
18:49ça va être un bon cru ou il faut
18:51s'attendre à une année difficile pour l'Union
18:53européenne ?
18:55Un bon cru... Pour reprendre
18:57votre image, je dirais qu'il va falloir peut-être
18:59le laisser décanter
19:01un petit peu, ce cru carafé,
19:03je dirais, pour
19:05sentir après toutes les saveurs et tous les arômes.
19:07Je pense que... On pensait
19:09pas que ce serait une année européenne
19:11très sensible, parce qu'il n'y avait pas d'événements
19:13européens, mais finalement, l'actualité a toujours
19:15du talent. Donc, entre
19:17l'investiture de Donald Trump, et on voit
19:19aujourd'hui le couple Trump-Musk très
19:21offensif vis-à-vis de l'Union européenne, je pense qu'on
19:23y viendra, des élections anticipées
19:25aussi en Allemagne, des élections aussi
19:27en Pologne,
19:29plus aussi beaucoup
19:31d'actes législatifs qui vont devoir s'appliquer
19:33pendant cette année
19:352025, à commencer par tout ce qui concerne l'industrie,
19:37l'industrie, l'industrie, l'industrie verte.
19:39Je pense que c'est une année qui, effectivement,
19:41sera, je dirais,
19:43peut-être agitée et, en tout
19:45cas, assez sensible pour la Commission européenne.
19:47C'est l'installation aussi d'une nouvelle
19:49Commission et d'un nouveau Parlement européen.
19:51— Alors, on vient de parler de la Pologne,
19:53Yves Bertoncini, parce que le 1er janvier, c'est
19:55en effet la Pologne de Donald Tusk qui prend la
19:57présidence tournante du
19:59Conseil de l'Union européenne. Est-ce
20:01une bonne nouvelle pour l'Europe ? Après, une présidence
20:03très sulfureuse des Hongrois,
20:05on s'en souvient. — Oui, c'est une bonne nouvelle.
20:07La présidence hongroise, elle était transitionnelle.
20:09Il y a eu des élections. Il n'y avait pas beaucoup de dossiers
20:11législatifs à traiter. C'est une bonne
20:13nouvelle que la Pologne arrive, et avec
20:15Donald Tusk à sa tête.
20:17La Pologne, parce que c'est un grand pays
20:19de l'Union européenne, qui est de plus en plus
20:21centrale, compte tenu
20:23de l'actualité géopolitique, l'invasion russe
20:25de l'Ukraine, du fait que c'est un pays qui avait raison,
20:27d'ailleurs, vis-à-vis de Vladimir Poutine
20:29à la différence des Allemands et des
20:31Français qui l'ont beaucoup courtisé.
20:33Et puis, à la tête de la Pologne, Donald Tusk,
20:35qui est quand même l'ancien président du Conseil
20:37européen, qui a d'ailleurs déjà assuré
20:39une présidence tournante,
20:41quand il était Premier ministre, avant son départ à Bruxelles,
20:43est donc un homme très expérimenté,
20:45qui a pu délivrer un programme centré
20:47en effet sur la sécurité sous
20:49toutes ses formes, mais qui me semble assez bien
20:51adapté aux défis de l'heure pour les Européens.
20:53— Alors, on parle de la Pologne. C'est là que vous vivez,
20:55hein, Carolina Boronska-Renéviesca.
20:57Donald Tusk, on vient de le dire,
20:59est un pro-européen bien
21:01connu à Bruxelles, avec de l'expérience.
21:03Il affiche un agenda ambitieux
21:05pour la présidence polonaise sur la sécurité,
21:07notamment des frontières.
21:09Est-ce que ses priorités sont réalistes ?
21:11— Dans ce contexte géopolitique
21:13très difficile
21:15dans lequel nous vivons
21:17actuellement, la sécurité est
21:19bien sûr prioritaire.
21:21Mais, comme a souligné
21:23Pologne, il s'agit
21:25d'un concept multidimensionnel,
21:27incluant non seulement
21:29la sécurité militaire,
21:31mais aussi l'économie,
21:33l'énergie, l'information
21:35et la démocratie.
21:37L'objectif polonais est principalement
21:39de progresser dans toute cette
21:41dimension.
21:43Et, comme vous avez dit,
21:45la Pologne parle de certains réalismes,
21:47de la faire
21:49de manière réaliste. Et qu'est-ce que ça signifie ?
21:51Seulement
21:53plusieurs exemples, deux ou trois exemples.
21:55Sur la défense européenne,
21:57la Pologne
21:59souligne
22:01chaque fois
22:03que les dépôts
22:05de défense des États
22:07membres doivent augmenter.
22:09Et la Pologne figure
22:11en tête des pays membres d'Etat.
22:13— Avec 4 % de son PIB
22:15sur la défense européenne.
22:17— Le plus pour leur défense,
22:19c'est 4,1 %
22:21de la PIB.
22:23Et Varsovie est donc, je pense,
22:25un partenaire
22:27véritable des États-Unis
22:29et de Donald Trump aussi, formalement.
22:31Et je pense
22:33que Donald Trump
22:35attend aussi que l'Europe
22:37renforce son propre
22:39effort de manière
22:41sécuritaire. Mais aussi,
22:43ce qui est important, c'est que,
22:45contrairement à l'ancien gouvernement polonais,
22:47la nouvelle équipe polonaise
22:49rejette cette
22:51fausse dichotomie ou contradiction
22:53entre collaboration dans l'OTAN
22:55et renforcement
22:57de l'Union européenne en matière
22:59de sécurité. Parce que ces deux
23:01piliers sont très complémentaires
23:03et sont synergétiques,
23:05doivent être synergétiques.
23:07— Alors, c'est vrai. Christophe
23:09Préaut, on l'a bien dit,
23:11la Pologne consacre
23:13plus de 4 % de son PIB.
23:15D'ailleurs, Donald Trump demande presque
23:175 %, ce qui est énorme.
23:19Est-ce qu'on va
23:21suivre finalement les
23:23Polonais sur cette idée
23:25d'augmenter nos dépenses, et surtout sur un
23:27soutien sans faille avec l'Ukraine, qu'ils
23:29organisent aussi avec les pays baltes
23:31et tout ça, alors qu'on voit bien que parmi les 27,
23:33certains traînent des pieds ?
23:35— Alors, il y a des dissensions parmi les 27
23:37sur la question de la défense et de soutien
23:39aussi à l'Ukraine. Et on voit aussi, malgré tout,
23:41on va fêter le 24 février les 3 ans
23:43de la guerre en Ukraine.
23:45Donc le temps passe vite. Mais aux frontières de l'Europe,
23:47il y a ce conflit qui
23:49détruit complètement toutes les relations, les équilibres
23:51économiques et géopolitiques.
23:53Et on voit aussi aujourd'hui, même sur
23:55les fervents défenseurs
23:57de l'Ukraine aussi, quand même,
23:59une motivation qui s'érode un petit peu.
24:01Et en plus, vous avez Donald Trump
24:03qui met
24:05un petit peu la pression aussi
24:07sur les chefs d'État et de gouvernement à travers l'OTAN,
24:09en demandant demain plus
24:11d'investissements, justement, au sein de l'OTAN.
24:13Moi, je pense qu'effectivement,
24:15à la fois,
24:17bâtir une défense européenne
24:19et investir dans l'industrie
24:21aussi de défense européenne et en même temps
24:23être aussi dans l'OTAN
24:25ne sont pas deux projets
24:27antinomiques. Au contraire, ils sont, à mon avis,
24:29extrêmement complémentaires.
24:31Et aujourd'hui, on comprend la Pologne.
24:33Il y a le slogan de la présidence polonaise, c'est
24:35« Sécurité Europe ». On comprend la Pologne
24:37qui est l'État mondial qui a la frontière
24:39la plus importante avec l'Ukraine et aussi avec
24:41la Biélorussie.
24:43Voilà pour la Pologne qui sera effectivement
24:45l'un des temps forts avec sa présidence de l'année
24:472025. Mais il y a d'autres pays qui, eux,
24:49sont plus sur des temps faibles. Il y a
24:51plusieurs gouvernements en Europe et non des
24:53moindres. La France, l'Allemagne, l'Autriche,
24:55l'Irlande, la Belgique, la Roumanie et la Bulgarie
24:57qui sont, pour des raisons différentes, en
24:59crise politique. C'est difficile
25:01d'imaginer un leadership européen
25:03commun dans ces conditions sur cette
25:05année 2025, Yves-Bertrand Chemin.
25:07Oui, parce que pour que l'Europe soit forte, il faut
25:09que ses États membres, ses composantes, soient
25:11forts eux aussi. Et on ne peut pas décider
25:13de manière légitime, efficace,
25:15s'il y a une chaise vide ou
25:17qui chancelle à Berlin. Et puis, en
25:19France, une situation compliquée
25:21aussi avec un président affaibli
25:23et puis tous les autres pays dont vous avez parlé
25:25qui sont dans des situations précaires politiquement.
25:27Donc, dans ce contexte,
25:29compte tenu de la pression géopolitique qui s'exerce
25:31sur nous, il va quand même falloir prendre des décisions
25:33au-delà des initiatives qui sont déjà lancées
25:35en matière de défense, d'industrie
25:37et toute autre série
25:39que Madame Vandalienne a annoncée dans son
25:41programme. La Commission peut jouer
25:43un rôle important parce que, comme la nature politique
25:45a horreur du vide, normalement
25:47c'est le rôle de la Commission. On l'a vu
25:49dans des époques précédentes,
25:51celle de Jacques Delors en particulier. Mais
25:53lui-même, Jacques Delors, rappelait
25:55qu'il n'aurait rien pu faire s'il n'y avait pas eu
25:57à Madrid, à Berlin, à Paris
25:59et ailleurs des leaders forts
26:01et qui sont capables d'engager du capital
26:03politique. Donc, sur la construction
26:05européenne, son approfondissement. Donc, c'est là
26:07qu'effectivement, il va falloir
26:09en Allemagne, ça devrait arriver,
26:11retrouver un leadership fort et puis
26:13en France, stabiliser la situation ailleurs pour que
26:15l'Europe aille de l'avant. Alors Carolina, d'ailleurs
26:17en Allemagne, puisqu'on le mentionne, le 23 février
26:19évidemment toute l'Europe aura les yeux
26:21rivés sur Berlin
26:23avec des élections anticipées.
26:25Les chrétiens démocrates pourraient
26:27l'emporter. Le score de l'extrême-droite
26:29porté par la désinformation
26:31russe et la désinformation trumpiste
26:33inquiète beaucoup l'Europe néanmoins.
26:35Oui, bien, c'est
26:37très inquiétant. L'extrême-droite
26:39a fait des énormes
26:41progrès ces dernières années
26:43dans plusieurs pays
26:45et je pense que la France
26:47est un exemple parce que
26:49le rassemblement national
26:51de l'EPEN a remporté
26:53le plus de voix
26:55comme les partis politiques aux élections
26:57de juillet
26:592024. Nous pouvons voir
27:01qu'il y a une phase de
27:03roi dans la politique
27:05intérieure. La même peut passer
27:07avec l'Allemagne
27:09et dans ce contexte de
27:11stagnation économique et
27:13d'absence de leadership
27:15politique
27:17un terrain
27:19s'ouvre pour l'extrême-droite
27:21et c'est très inquiétant
27:23la façon
27:25dont les forces populistes
27:27utilisent la communication
27:29et la technologie
27:31comme nous pouvons voir dans
27:33ce dialogue, la discussion
27:35live
27:37entre
27:39Elon Musk
27:41et
27:43la leader de l'AFD
27:45Alternative für Deutschland
27:47Alice Wiedel. Vous parlez
27:49de l'extrême-droite en Allemagne, il y a un autre
27:51pays, Christophe Préaut, où l'extrême-droite
27:53pourrait arriver au pouvoir cette année,
27:55c'est l'Autriche, avec une volonté
27:57notamment de verrouiller les frontières
27:59partagées par d'autres gouvernements nationalistes
28:01on pense à la Hongrie
28:03mais aussi pour d'autres raisons, par exemple
28:05pour la Pologne. Est-ce que les 27
28:07vont risquer de remettre en cause
28:09en cette année 2025 le pacte
28:11asile-immigration au profit de ce qu'on pourrait appeler
28:13une Europe forteresse ?
28:15Le pacte migration et asile
28:17qui avait été adopté vraiment à la dernière limite
28:19de la présidente mandature par les Etats-membres
28:21le 14 mai 2024
28:23me semble-t-il, et qui avait
28:25non plus été voté et adopté par
28:27les Etats-membres, la Hongrie, la Pologne aussi
28:29l'Autriche avait voté
28:31contre. C'est un texte qui comprend
28:33neuf règlements et une directive
28:35et qui doit être normalement appliqué
28:37en 2026.
28:39Il est évident que
28:41la situation dans laquelle on est aujourd'hui
28:43est la situation migratoire qui n'est pas
28:45gérée depuis... qui est en suspens
28:47depuis 10 ans. En 2015, il y a eu la crise
28:49migratoire et c'est toujours le petit caillou
28:51dans la chaussure de l'Union européenne.
28:53Et aujourd'hui, les Etats-membres
28:55sont, même s'ils se sont
28:57entendus sur ce pacte Asile et Migration
28:59et Asile, qui doit normalement renforcer
29:01les contrôles aux frontières,
29:03mieux gérer
29:05les migrations illégales et les conditions
29:07de retour aussi, et puis aussi une certaine
29:09solidarité entre Etats-membres.
29:11La solidarité entre Etats-membres,
29:13ce sujet-là, elle peut exploser, c'est évident.
29:15Alors, on est... on change
29:17de chapitre dans les fameux 100 jours
29:19de la nouvelle commission
29:21et Ursula von der Leyen a attrapé
29:23une très mauvaise grippe, semble-t-il.
29:25Cette semaine, on s'en rend compte,
29:27elle s'est donnée 100 jours
29:29jusqu'à la mi-mars pour lancer de
29:31grandes réformes pour son second mandat,
29:33avec en premier lieu un pacte
29:35industrie propre. Est-ce qu'on est crédibles
29:37sur notre volonté
29:39d'être là, de renforcer l'industrie ?
29:41Je crois que madame von der Leyen,
29:43qui, dans son premier mandat,
29:45avait mis le pacte vert européen
29:47comme première priorité, là, a décidé
29:49d'amender les choses, je dirais,
29:51en mettant un peu plus de souveraineté industrielle
29:53européenne dans son
29:55second mandat. Et c'est ça que veut dire
29:57le glissement de pacte vert européen à
29:59pacte pour l'industrie propre. Et donc,
30:01on est crédibles ? Oui, en partie, puisqu'il y a déjà
30:03eu des initiatives qui ont été prises
30:05dans la précédente mandature
30:07pour essayer de faire en sorte que la transition
30:09écologique se fasse aussi
30:11avec des acteurs européens. Il y a eu, par
30:13exemple, des alliances industrielles, on parle souvent de l'Airbus
30:15des batteries, mais il y a eu d'autres alliances
30:17industrielles qui ont été lancées par les Européens
30:19dans les semi-conducteurs. Mais elle a un peu
30:21abandonné l'absence de cette Ursula ? Alors là, il y a, en ce moment,
30:23et c'est assez inquiétant, d'ailleurs,
30:25une maladie, ça, ça peut arriver, mais elle a mis
30:27quand même beaucoup de temps à désigner
30:29une vice-présidente intérimaire, et puis surtout,
30:31on n'a pas de nouvelles. Et c'est d'autant plus
30:33ennuyeux qu'elle a beaucoup centralisé
30:35le pouvoir au sein de la Commission européenne,
30:37ce qui peut être très largement contre-productif
30:39déjà en général, parce que c'est un collège
30:41où il faut beaucoup d'intelligence collective,
30:43se consulter les uns les autres. C'est pour ça qu'il y a 27
30:45commissaires issus des 27 États membres.
30:47Et si, de surcroît,
30:49elle tombe malade ou elle n'est pas
30:51capable de déléguer, à un moment
30:53où les pressions géopolitiques, y compris
30:55venant de notre protecteur
30:57traditionnel américain, se multiplient,
30:59c'est fâcheux. Alors, on a entendu quand même
31:01Mme Callas, il y a aussi le président du
31:03Conseil européen stable,
31:05M. Costa, Donald Tusk,
31:07il y a quand même d'autres personnes pour porter la voile de l'Union européenne,
31:09mais c'est vrai que le quartier général,
31:11on le voit, c'est le berlément, Mme
31:13van der Leyen, on espère qu'elle va se rétablir et rapidement
31:15reprendre ses fonctions.
31:17— Effectivement, qu'il s'offre une forme de vacances du pouvoir
31:19qu'on espère temporaire, qui inquiète, quelques
31:21jours avant la nomination de Donald Trump. On en a parlé
31:23en filigrane de cette émission, mais évidemment
31:25cette prise de fonction du président
31:27américain, elle va beaucoup jouer
31:29sur les Européens cette année.
31:31Est-ce qu'on risque pas d'être plus dans la réaction
31:33à ce qu'il va faire que d'être
31:35proactif ?
31:37— Proactif, déjà, l'Union européenne, c'est
31:39déjà bien... Il y a déjà des groupes d'experts
31:41qui réfléchissent justement à différents scénarios
31:43en fonction de ce que demain les orientations
31:45pourraient donner Donald Trump, qu'il a déjà aussi indiqué
31:47sur les droits
31:49de douane, notamment. — Les droits de douane, c'est bien,
31:51mais la volonté politique ? — La volonté politique, je pense qu'elle
31:53va arriver. Je pense qu'aujourd'hui, l'Union européenne,
31:55elle est un peu groguée, un peu comme un boxeur dans les cordes
31:57parce que le jeu géopolitique, il a complètement
31:59changé. On s'inquiétait de Donald Trump,
32:01on se préoccupait de Donald Trump, et puis tout d'un coup, on voit aussi
32:03arriver Elon Musk,
32:05futur secrétaire d'État,
32:07qui, à travers les
32:09réseaux sociaux, à travers X,
32:11fait un dialogue
32:13en direct avec la leader de l'AFD,
32:15insulte
32:17carrément le chef
32:19du gouvernement du Royaume-Uni aujourd'hui.
32:21Donc je pense qu'on est aussi un petit
32:23peu perturbés par ces
32:25nouveaux éléments. On parle là
32:27d'un chef d'État, M. Trump,
32:29qui sera avec un pouvoir régalien,
32:31qui sera le président de la première puissance du monde,
32:33et puis aussi de l'homme le plus riche du monde,
32:35Elon Musk,
32:37qui est à la tête de SpaceX,
32:39de Starlink.
32:41Alors justement, pour conclure, on a 30 secondes pour conclure.
32:43Aujourd'hui, ce champ est complètement perturbé.
32:45Avec vous, Carolina, 30 secondes pour conclure.
32:47Qu'est-ce que vous souhaitez en 2025 aux Européens ?
32:49Oui, je
32:51souhaite aux Européens
32:53et aux leaders
32:55le changement du discours
32:57politique
32:59sur les côtés
33:01des intellectuels progressistes pré-européens,
33:03parce que nous
33:05perdons la bataille
33:07à la tête, à l'esprit
33:09des gens, parce que les populistes
33:11utilisent mes hanches.
33:13Les émotions sont très claires,
33:15très généralistes,
33:17mais très, très fortes. Et nous
33:19devons faire la même chose, seulement
33:21avec tous
33:23les pouvoirs que l'Union européenne
33:25a apportés à la gent. Et je pense
33:27que c'est très important
33:29d'introduire au niveau européen
33:31l'éducation civique européenne,
33:33parce que grâce à ça,
33:35nous serons prêts
33:37à battre,
33:39à éliminer la désinformation,
33:41parce que c'est une très importante
33:43menace hybride maintenant,
33:45de la Russie, des États-Unis,
33:47de toutes les directions.
33:49Merci en tout cas à tous les trois d'avoir très bien
33:51illustré les grands enjeux
33:53et les très grands défis de cette année
33:552025, on l'a compris. Merci Caroline
33:57et très bonne année à vous tous.
33:59Bonne suite de programmes sur nos antennes.