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C'est une brillante avocate pénaliste qui a remporté le concours d’éloquence du Barreau de Paris, comme jadis les légendaires Henri Leclerc ou Jacques Vergès ! Helin Köse est ce matin l'invitée de Mathilde Serrell

Retrouvez « Nouvelles têtes » présenté par Mathilde Serrell sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes

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00:009h51, les Nouvelles Têtes avec vous, Mathilde Serrel. Ce matin, votre invitée est une championne
00:08du concours d'éloquence, du barreau, j'allais dire, du bureau, du barreau de Paris, l'avocate
00:14Hélène Cose est dans notre studio.
00:16Bonjour, Hélène Cose. Avant une plaidoirie, vous écoutez toujours ce titre, Final Countdown
00:33d'Europe. J'ai des goûts musicaux un peu plus éclectiques que ça en temps normal
00:37mais je n'ai rien trouvé de mieux, ça c'est clair. Ça vous met dans quelles dispositions
00:40et quelles sont les bonnes dispositions pour faire une bonne plaidoirie ? Il faut être
00:45assurée, il faut être déterminée, il faut être solide sur ses appuis. Vous arrivez
00:49en hurlant « It's a fight » ? Non, j'assure que ce soit très efficace. En tout cas, vous
00:55avez une belle chevelure qui peut rivaliser avec ce fameux groupe des années 80. Vous
01:00avez 32 ans, vous êtes avocate au barreau de Paris en droit pénal, droit des mineurs,
01:04droit de l'asile et droit humain, incluant les contentieux devant la Cour Européenne
01:07des Droits de l'Homme. Vous avez donc remporté le fameux concours d'éloquence du barreau
01:10de Paris avec 11 autres avocats. Vous étiez 250 candidats au départ, c'est un peu la
01:14Starac, et un concours avec des légendes du barreau ont remporté. On peut les citer
01:19Henri Leclerc, qui est un de vos modèles, Jacques Vergès. Vous devez avoir au moins
01:25de 35 ans pour participer et présenter un argumentaire positif ou négatif sur un thème
01:29imposé. Les sujets sont assez barrés et connus pour ça. Par exemple, le temps est-il
01:33carré ? Vous êtes tombée sur quoi ? Heureusement, je ne suis pas tombée sur ça. Mon sujet
01:38à moi, c'était au premier tour « Peut-on battre son cœur ? ». Au dernier tour, c'était
01:43« Les épaves s'abîment-elles sous la houle ? ».
01:45Comment vous vous êtes débrouillée ! Attendez, les épaves s'abîment-elles sous la houle
01:51? Vous avez écouté Europe Très Fort et vous y êtes allée quoi ?
01:55Franchement, on finit toujours par trouver quelque chose et quelque chose qui nous ressemble.
01:58Et c'est ça qui est très fort dans l'éloquence, c'est qu'on peut retourner un sujet dans
02:01tous les sens, il est malléable, il est vraiment fini par le faire à notre image. Et c'est
02:07ça qui est génial.
02:08Il y a un film d'Yvan Attal qui s'appelle « Le brio » sur une jeune femme qui est
02:12issue des banlieues populaires, qui va faire sa trajectoire à l'université d'Assas
02:16et finir par représenter Assas au concours d'éloquence. On écoute un extrait, vous
02:20nous dites si vous trouvez que c'est un peu ça la vraie vie aussi après.
02:22« Quand allez-vous vous débarrasser de votre accoutrement de banlieusards d'informes ?
02:27Vous savez quoi ? Je vous aime pas. Non mais vous croyez quoi ? Qu'on n'est pas jugé
02:32sur son apparence ? Que la manière dont on se présente au monde n'a pas d'importance ?
02:38L'éloquence, la rhétorique, c'est précisément ça que je veux vous apprendre. Avoir raison,
02:43la vérité on s'en fout. »
02:45Ah oui, c'est bien ça.
02:46Daniel Hottel, Camilla Jordana. Alors, avoir raison, la vérité on s'en fout ?
02:50Non, pas toujours. C'est pas vrai. C'est pas vrai. C'est pas vrai. Il y a quelque
02:53chose. Alors, ça dépend. Il y a le concours d'éloquence et puis il y a notre travail
02:55au quotidien. Dans le cadre du concours d'éloquence, effectivement, quand on a un sujet comme
02:58le temps est-il carré, il faut savoir convaincre et faire correctement. En audience, c'est
03:02quand même un peu différent. On contribue tous à quelque chose de plus grand. Et c'est
03:05sûr que la vérité, elle existe un peu pour tout le monde. Il faut juste la trouver
03:08tous ensemble en réalité.
03:09Vous êtes Toulousaine. C'est là que vous avez grandi jusqu'à votre troisième année
03:12d'études supérieures. Vos parents viennent de Turquie. Anatoly, centrale. Votre père
03:16était un carreleur à la retraite. Votre mère était personnelle d'éducation dans
03:20une école maternelle. La musique qui tournait en boucle chez vous, c'était deux disques
03:23Edith Piaf et Michel Fugain. Ça vous fait mal si on écoute ?
03:26Ça, c'est le seul disque, quasiment, que vous aviez à la maison ?
03:33C'était le seul disque qu'on avait en français.
03:35En français ? C'est ce que vous aviez de la musique ?
03:37Oui, mon père fait de la musique et du coup j'ai baigné dans ça.
03:40C'est peut-être plus agréable la musique turque, je ne sais pas. C'est une intuition comme ça.
03:42Que Michel Fugain ? Oui, peut-être, effectivement.
03:44Une très belle chanson de Michel Fugain.
03:46Mais bien sûr, c'est vrai. C'est la fête.
03:50On continue cette interview quand même.
03:54Qu'est-ce qui s'est passé ? Vous avez dit que vous vouliez absolument casser les mythes
03:58de reproduction sociale avec le concours d'éloquence. Et vous d'ailleurs, vous ne vouliez pas être
04:02avocate au départ ?
04:03Non, pas du tout. Ce n'était pas une vocation. Mais finalement, c'est quelque chose qui finit
04:07par nous rattraper assez rapidement. Et je crois que je suis véritablement à ma place.
04:12C'est sûr qu'il y a un sujet de reproduction. Rien ne me destinait à ça. J'ai un milieu
04:18social qui ne me permettait pas du tout d'accéder à cette pensée, ne serait-ce qu'à envisager
04:21que c'était une possibilité. Et puis, je dois dire qu'avoir étudié en France et avoir
04:25eu la chance d'avoir fait des études dans un cadre où elles ont été prises en charge,
04:29où j'ai été accompagnée financièrement, matériellement, dans tout ça, ça fait qu'aujourd'hui,
04:34je suis là où j'en suis. Donc c'est ça aussi qui fait que la reproduction sociale, elle peut...
04:39Et l'envie de devenir avocate s'est devenue sur le terrain ? Parce que ce que vous vouliez
04:41faire, c'était changer le monde en fait. Vous avez fait un parcours d'excellence, vous
04:45avez passé notamment dans la formation à Sciences Po, plutôt pour les ONG, et c'est
04:49sur le terrain que ça s'est déclenché ?
04:50Oui, en fait, c'est une succession d'expériences comme ça qui m'a fait me dire que finalement,
04:53la meilleure façon de peut-être changer les choses, c'était d'avoir les bons outils.
04:55Et les bons outils, c'était les outils juridiques. Donc de fil en aiguille, comme ça, j'en suis
04:59arrivée à cette profession, et je crois que véritablement, je n'aurais pas pu être ailleurs.
05:03Vous êtes arrivée au cabinet de Marie Dosé, une avocate médiatique qu'on reçoit très
05:08souvent aussi sur cette antenne. Elle a travaillé pour défendre, par exemple, Greenpeace, contre
05:14EDF, assignation à résidence avant la COP21, aussi contre la Fargue, donc vraiment, elle
05:20s'est attaquée à des grands groupes. Il y a eu aussi d'autres procès sur les violences
05:24sexuelles et les agressions sexuelles. Vous, vous êtes aujourd'hui sur ce dossier-là,
05:29particulièrement, vous travaillez sur l'affaire Coé, vous travaillez sur la plainte de la
05:32maîtrise des Hauts-de-Seine pour viols et agressions sexuelles. Il y a une idée qui
05:36est de rentrer le consentement dans la Constitution pour pouvoir plus facilement procéder à
05:45des... pour pouvoir répondre aux plaintes plus facilement que c'est le cas aujourd'hui.
05:50Oui, il nous faudrait beaucoup de temps pour parler de ce sujet-là. Honnêtement, c'est
05:53un sujet, c'est un débat doctrinal monstrueux et très complexe. Il y a plein de choses
05:57à changer. Peut-être qu'avant, alors c'est une piste de réflexion, mais peut-être qu'avant
06:00de réfléchir à changer le droit, il faudrait aussi penser aux moyens qui sont attribués
06:03à ces procédures-là. Il suffit d'échanger avec quelques magistrats, quelques policiers
06:07sur le terrain qui vous expliquent rapidement qu'en fait, nous, on veut bien enquêter,
06:10c'est juste qu'on n'a pas nécessairement les moyens. Donc en fait, il y a plein de choses
06:13à changer sur ce sujet-là. Effectivement, il faut changer la loi, en tout cas, c'est
06:16ce qui est en train de se dessiner, mais pas à tout prix et pas hâtivement. Honnêtement,
06:19c'est jamais une bonne chose de faire les choses dans la rapidité.
06:22Et la question du consentement, ça pourrait quand même changer les choses. Le mot, intégrer
06:26le mot ? Franchement, juridiquement, c'est compliqué
06:28de vous répondre honnêtement. Bien sûr qu'il faut que les choses changent, bien sûr qu'il
06:32y a plein de choses qui ne vont pas dans ces procédures, bien sûr que la loi évolue
06:36aussi au fur et à mesure de la société et c'est précisément son objet. Mais vraiment,
06:41c'est un sujet qui est beaucoup plus complexe que juste vous dire oui ou non sur un coin
06:45de table. On ne pourra pas pouvoir gagner ce concours
06:48d'éloquence. Oui ou non. Je vous ai posé qu'à une colle de fin d'interview.
06:53Merci beaucoup à vous, Elinko Zé. Bonne route au barreau de Paris et dans toutes vos
06:58affaires.

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