• il y a 5 heures
Avec Florence Bergeaud-Blacker, anthropologue, chargée de recherche au CNRS

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##LE_FACE_A_FACE-2025-01-15##

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Transcription
00:00Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le face-à-face.
00:06Et je suis très heureux de recevoir, je l'avais déjà reçu pour son livre, Florence Bergeau-Blaquer,
00:12Blaquer pardon, anthropologue française, chargée de recherche au CNRS,
00:17et qui est auteure de ce livre qui a fait beaucoup beaucoup parler de lui, et à juste titre,
00:21le frérisme et ses réseaux, l'enquête, l'enquête donc sur les frères musulmans, parue aux éditions Odile Jacob.
00:26Et il faut le dire quand même, parce que beaucoup de gens ne le savent pas,
00:30depuis ou presque la parution de ce livre, donc il y a un an et demi,
00:35Florence Bergeau-Blaquer, vous êtes sous protection policière permanente.
00:39Oui en effet, en effet, c'est vrai.
00:42Et c'est juste, on ne va pas s'attarder là-dessus, mais quand même,
00:47c'est très pesant, c'est quoi, comment on le vit ?
00:50Oui bien sûr, une protection policière permanente, ça veut dire que vous ne pouvez pas
00:54faire ce que vous voulez quand vous voulez, vous êtes obligés, d'une certaine manière,
00:57de demander l'autorisation. Alors c'est vrai que je suis entourée d'excellents professionnels,
01:01donc ça allège un peu les choses, mais c'est vrai que c'est assez pesant,
01:05et surtout c'est évidemment pas normal.
01:07Oui, c'est ça. Pour vos opinions, pour un livre, que vous soyez sous protection policière,
01:12vous n'êtes malheureusement, enfin personne, vous n'êtes pas la seule,
01:16mais c'est vrai que le fait aujourd'hui, c'est pas nouveau, on le sait,
01:20on sait ce qui s'est passé il y a dix ans, presque jour pour jour,
01:25on sait qu'aujourd'hui, proférer effectivement des opinions,
01:30certains disent des blasphèmes, mais ça amène à ce qui s'est passé avec Charlie Hebdo,
01:36ça amène à ce qui s'est passé avec le Bataclan, quelques mois plus tard, etc.
01:40Mais je voudrais revenir justement à l'état des lieux.
01:44On en avait parlé à l'époque, on en avait parlé ensemble,
01:48j'ai continué à en parler partout et à très juste titre.
01:52Au fond, est-ce qu'on pourrait dire, évidemment c'est schématisé,
01:57que quelque part, il y a quelque chose de commun,
02:02c'est peut-être la seule chose entre le trotskisme et le frérisme musulman,
02:07c'est qu'ils pratiquent l'entrisme.
02:09Alors oui, effectivement, il y a une relation.
02:13Alors juste pour revenir sur ce que vous avez dit avant,
02:15effectivement, il ne suffit pas d'ailleurs de donner des opinions ou des critiques de l'islam,
02:20il suffit même simplement de l'étudier pour qu'on vous appelle ou qu'on vous considère
02:26comme raciste, islamophobe, etc.
02:28Et on sait que ça constitue une possible attaque derrière.
02:33En tout cas, certains disent que ça met une cible dans le dos de la personne.
02:37Alors évidemment, ce n'est pas faux.
02:40Heureusement que tout le monde ne meurt pas de l'accusation d'islamophobie, évidemment.
02:44Mais, et ça me permet de répondre à votre question,
02:48il faut bien distinguer le djihadisme du frérisme.
02:51Et c'est ce que j'ai voulu faire avec ce livre,
02:54en essayant d'analyser en fait, qu'est-ce que c'est que cette idéologie
02:59qui ne frappe pas, je dirais, violemment, physiquement,
03:04qui ne tue pas, qui n'a pas l'intention forcément de tuer et de détruire,
03:09mais qui ne veut plus...
03:14...qui n'a pas l'intention de tuer et de détruire...
03:17...
03:21...
03:26C'est ça, mais c'est souvent le cas.
03:28Alors par exemple, si on se réfère aux travaux de Youri Besmenov,
03:32qui est un ancien du KGB,
03:35qui a vécu cette période où l'Union soviétique voulait subvertir les sociétés occidentales,
03:42c'était la façon, en fait, dont il avait souhaité combattre
03:47ce qui, pour lui, était une idéologie occidentale.
03:50C'était donc quelque chose d'assez cadré, d'assez bien organisé.
03:55La subversion, selon le KGB, c'est d'abord...
03:59J'avais noté ça, pardon.
04:01Donc la démoralisation.
04:03Donc démoraliser une société, ça prend à peu près une génération.
04:06C'est quoi, démoraliser une société ? Mais ça veut dire quoi ?
04:08Ça veut dire se moquer de ses institutions.
04:10Ça veut dire instaurer un climat de dérision, de cynisme, où rien n'est important.
04:18On critique, bien sûr, les institutions, l'autorité, etc.
04:22Aider aussi, en cela, les universités à ce qu'on appelait le déconstructionnisme.
04:28Faire des analyses qui, finalement, font de la déconstruction mais ne proposent rien.
04:34Toutes ces politiques nihilistes servent le projet de démoralisation de la subversion.
04:41Florence, juste un mot. On a l'impression que vous parlez du wokisme, là.
04:46Exactement. Le wokisme est un instrument qui peut être utilisé,
04:50qui a été utilisé quand c'était le tiers-mondisme par les mouvements marxistes.
04:56Après la démoralisation, il y a la déstabilisation.
05:00La première phase, c'est à peu près une génération.
05:04On prend le temps. C'est sur des décennies.
05:08On arrive à un moment donné où on a créé un tel climat de démoralisation
05:14qu'on arrive à la déstabilisation.
05:16La déstabilisation, c'est celle des institutions.
05:19Là, on le voit un peu avec ce qui se passe à l'Assemblée nationale.
05:24C'est-à-dire qu'on a des individus qui veulent supprimer des lois
05:29qui nous protègent contre les appels au terrorisme,
05:33l'apologie du terrorisme, etc.
05:37Ensuite vient le moment de crise qui va renverser ces institutions.
05:43On n'y est pas encore, mais si on continue, on va finir par y arriver.
05:47Puis vient la normalisation sous un nouveau régime.
05:51Bien sûr, il y a un rapport avec le trotskisme.
05:55Les frères musulmans ont été inspirés par les méthodes trotskistes
05:59d'infiltration et d'entrisme, ce qu'on appelle l'entrisme.
06:04Une espèce de subversion, mais progressive.
06:08C'est-à-dire qu'on occupe les postes de pouvoir,
06:15qu'ils soient intellectuels ou administratifs.
06:18Les municipalités d'un côté, les universités de l'autre,
06:22les clubs sportifs, etc.
06:24Comment ça se passe concrètement ?
06:27On place des individus qui vont noyauter un système
06:31durant plusieurs années,
06:33et qui vont chaque fois mettre le pied dans la porte
06:36des décisions qui seront prises.
06:38En disant que ce que vous faites, ce n'est pas inclusif.
06:41Finalement, vous visez les musulmans,
06:46vous visez les minorités,
06:49et ces secteurs, comme l'entreprise,
06:53par exemple, il y a des politiques de diversité,
06:57il y a toujours des individus qui sont
07:00soit des frères musulmans assermentés,
07:02parce qu'il faut expliquer, les frères musulmans,
07:04c'est une confrérie secrète, avec des individus assermentés,
07:07qui généralement ne sont pas visibles.
07:10Il faut rappeler qu'il y a près d'un siècle,
07:12par Hassan el-Badna, en Égypte,
07:15mais elle est toujours confrérie secrète.
07:17Et ensuite, il y a un deuxième cercle,
07:19autour de la confrérie secrète,
07:21qui est plutôt un cercle d'affiliés,
07:23c'est-à-dire des gens qui sont plus ou moins conscients
07:25de servir l'idéologie frériste,
07:27ils ont l'impression qu'ils ne font que servir l'islam,
07:30et qui eux sont aussi très présents dans les associations,
07:34dans les entreprises, dans les institutions publiques,
07:37dans les universités, beaucoup,
07:39qui vont s'activer aussi auprès des écoles.
07:43Plus ou moins conscients, d'ailleurs, du projet des frères musulmans,
07:46le projet des frères musulmans,
07:48on le connaît parce que les frères musulmans l'ont écrit.
07:51Ils ont beaucoup écrit depuis un siècle.
07:54La confrérie est née en 1928.
07:56Sur plusieurs théoriciens d'ailleurs,
07:58Sayyid el-Khotob et compagnie.
08:00Mais on a toujours considéré cette idéologie
08:03dans les pays musulmans, plutôt.
08:05On l'a étudiée essentiellement au Moyen-Orient, au Maghreb,
08:08mais on n'a pas étudié sa présence particulière,
08:12parce qu'elle utilise des méthodes adaptées au contexte,
08:15en Europe.
08:16En tout cas, on l'a très peu fait,
08:18pour des raisons que je pourrais vous expliquer,
08:20qui sont qu'à l'université, on ne travaille pas,
08:23on travaille surtout sur l'islamophobie,
08:26et pas tellement sur les mouvements fréristes,
08:29les mouvements subversifs.
08:31Et puis rappelons évidemment,
08:33et ce n'est pas du tout une phrase de précaution,
08:35que tous les musulmans ne sont pas islamistes,
08:37ne sont pas fréristes, loin de là.
08:39Mais il y a une tentative,
08:41enfin un mouvement qui consiste à dire
08:43oui, en fait, nous nous représentons,
08:47eux en tout cas s'estiment les porte-parole
08:49de toute la communauté islamique, la Ummah.
08:52Mais en fait, c'est plus compliqué que ça.
08:54Pourquoi je vous dis ça ?
08:55Parce que juste il y a récemment,
08:57et je voudrais avoir votre avis là-dessus,
08:59il y a eu des imams,
09:03dans les Emirats Arabes Unis,
09:05même en Arabie Saoudite,
09:07qui ont dit, textos, et on peut retrouver
09:09effectivement sur les réseaux sociaux
09:11leurs déclarations,
09:13qui ont dit, mais attendez,
09:15nous les frères musulmans, on les chasse,
09:17on ne leur laisse pas du tout
09:19une marge de manœuvre, en tout cas
09:21chez certains là-bas,
09:23et même ils allaient nous dire,
09:25vous les occidentaux, vous êtes grotesques,
09:27parce que nous, ceux-là,
09:29on est très contents, pour nous c'est la poubelle,
09:31on les envoie, et puis vous, vous les recevez,
09:33vous les activez, vous les choyez, etc.
09:35Ils ne sont pas forcément contents,
09:37parce qu'après ils retournent dans leur pays,
09:39parfois, et ce n'est pas forcément à leur avantage.
09:41Ce que vous avez dit au début,
09:43vous avez dit, mais il faut faire attention,
09:45ne pas confondre les musulmans et les islamistes,
09:47les fréristes, etc.
09:49Alors ça c'est intéressant, parce que chaque fois,
09:51on le rappelle, à chaque fois que je fais une émission,
09:53l'animateur ou le journaliste, il met attention,
09:55il ne faut surtout pas confondre.
09:57Alors que moi j'ai appelé mon livre le frérisme,
09:59donc je n'ai pas appelé l'islam, l'islamisme,
10:01donc c'était évident que pour moi,
10:03je ne parlais pas des musulmans.
10:05Mais pourquoi est-ce qu'on se sent
10:07chaque fois obligé de le dire ?
10:09Parce que vous avez toujours des individus qui disent,
10:11au fond, derrière son mot frérisme,
10:13elle veut dire l'islam. Mais non, justement.
10:15Et je le montre, et je le démontre, et je l'écris.
10:17Donc avoir toujours cette suspicion,
10:19c'est ça, cette atmosphère,
10:21ce frérisme d'atmosphère, comme pourrait dire
10:23Gilles Kepel, c'est exactement
10:25cette façon de faire, c'est-à-dire que vous ne pouvez plus
10:27parler sans vous dire, attention,
10:29comment ça va être pris, etc.
10:31Vous pouvez même écrire un livre de 400 pages.
10:33– On pratique l'auto-censure, presque.
10:35– C'est une forme d'auto-censure.
10:37Mais à partir du moment où vous dites ça,
10:39même ceux qui n'y avaient pas pensé vont se dire,
10:41peut-être qu'ils confondent l'islam et l'islamisme,
10:43qu'au fond, derrière frérisme, etc.
10:45Donc on reste, on est dévié
10:47de l'intérêt du travail, de l'analyse.
10:49– Sur une position défensive, surtout.
10:51– On est sur une position défensive en disant,
10:53qu'est-ce que j'ai fait de mal ?
10:55Et ça, ça fait partie du climat qui a été instauré.
10:57C'est arrivé en 1989.
10:59On peut dire qu'en 1989,
11:01s'est produit deux événements qui se font écho.
11:03C'est l'affaire des foulards de Creil.
11:07Donc on voit apparaître des foulards
11:09avec des mouvements islamistes
11:11qui se montrent au grand jour alors qu'ils étaient…
11:13– Organisés d'ailleurs, très organisés déjà.
11:15– Qui créent en fait la panique à l'intérieur de la gauche.
11:17Une certaine gauche disant,
11:19mais non, il ne faut pas céder à leur pression.
11:21Il faut au contraire,
11:23il faut exclure les filles de l'école.
11:25Et d'autres disent,
11:27non, si on les exclut, les pauvres, etc.
11:29Donc ça va créer un désordre
11:31au niveau de la gauche.
11:33Et en même temps, en parallèle,
11:35il y a l'affaire Rushdie en Angleterre
11:37qui est une affaire qui concerne la liberté d'expression.
11:39– Mais l'affaire Rushdie date de bien avant.
11:41– Non, c'est exactement la même année.
11:43– La fatwa déclarée…
11:45– C'est 1989.
11:47– C'est 89, d'accord, je pensais que c'était plus tôt.
11:49– Deux événements…
11:51– Ah oui, c'était concomitant le foulard de Creil
11:53et l'affaire Rushdie.
11:55– Voilà, en Angleterre.
11:57Et à partir de là, il va être très difficile de parler d'assimilation.
11:59Ça c'est frappant, le langage change complètement.
12:01D'abord, on ne parle plus de maghrébins,
12:03on commence à parler de musulmans.
12:05Et on ne peut plus parler d'assimilation,
12:07ça devient un mot tabou.
12:09Et on parle d'intégration, puis plus tard d'inclusivité.
12:11Donc ça, c'est quelque chose
12:13qui aussi a été travaillé
12:15par les frères. Pourquoi ?
12:17Parce que chaque fois qu'on voulait,
12:19qu'on interrogeait en fait un musulman
12:21dans la rue ou quelqu'un,
12:23il avait été souvent, en particulier les jeunes,
12:25ré-islamisé par les frères musulmans.
12:27C'est-à-dire qu'ils leur ont expliqué
12:29que la religion de leurs parents
12:31n'était pas la bonne, n'était pas la vraie,
12:33qu'il fallait donc qu'ils se…
12:35Et eux ont commencé à vouloir
12:37être des citoyens musulmans avant
12:39d'être des citoyens français.
12:41– On l'a vu avec les sondages République, charia, etc.
12:43– C'est ça.
12:45– Les lois de la religion, les lois de la République,
12:47on le voit sondage après sondage, effectivement.
12:49Et ce qui est important,
12:51une autre chose, c'est que
12:53à cette époque-là, moi je me souviens très bien
12:55puisque j'étais déjà adulte dans les années 80-90,
12:57et je vois que
12:59les foulards,
13:01c'était plutôt des personnes âgées
13:03qui venaient du bled, comme on dit,
13:05et qui portaient leurs foulards traditionnels.
13:07Donc si l'affaire a fait
13:09autant de bruit, c'est que c'était tout à fait
13:11inconnu.
13:13Et ça, de même les boucheries
13:15halal, etc. ont mangé ce qu'ils appellent
13:17la viande des gens du livre, c'est le verset 5
13:19de la Sourate 5. Donc tout ça n'existait pas.
13:21Mais les jeunes aujourd'hui
13:23qui sont nés dans les années 90-2000,
13:25ils n'ont aucune idée de ce qui n'existait pas.
13:27Donc pour eux, l'islam,
13:29c'est l'islamisme tel que le décrivent
13:31les frères musulmans. – On va en parler justement.
13:33Qu'est-ce qui fait que ça
13:35s'est répandu avec une telle efficacité ?
13:37Qu'est-ce qui fait qu'il n'y a eu aucune immunité
13:39là-dessus de la part des autorités
13:41ou autres ? On va en parler juste
13:43après cette petite pause.
13:45Et on attend bien sûr vos appels
13:47au 0 826 300 300.
13:49A tout de suite.
13:51– Sud Radio. – Parlons vrai.
13:53– Parlons vrai.
13:55– Sud Radio Bercov dans tous ses états
13:57midi 14h.
13:59André Bercov.
14:01– Et Florence Bergio-Blaclaire,
14:03chargée de recherche au CNRS, auteure de
14:05« Le frérisme et ses réseaux ».
14:07Sous protection policière depuis ce livre.
14:09Et je dois dire que quand même, et on voudrait vous féliciter,
14:11ce soir vous recevez la Légion d'honneur
14:13des mains de l'ancien
14:15chef d'état-major des armées,
14:17Gérald Lecointre.
14:19Mais justement,
14:21ce prix à payer, est-ce qu'il n'est pas
14:23aussi, que vous payez,
14:25est-ce que ce n'est pas aussi
14:27le résultat d'un laxisme,
14:29d'un
14:31aveuglement ou
14:33d'autre chose ?
14:35Ou les trois, en général ?
14:37– Certain que si ce n'était pas devenu
14:39un sujet dit sensible ou tabou,
14:41qu'on n'abordait absolument pas
14:43sur le service public, par exemple,
14:45je ne serais sans doute pas menacée.
14:47Plus on serait nombreux
14:49à être informés, à combattre
14:51cette idéologie,
14:53c'est sûr que je serais beaucoup moins menacée.
14:55Alors il n'y a pas que moi,
14:57mais nous serions moins menacés, c'est certain.
14:59– Oui, et alors justement,
15:01d'où vient, qu'est-ce qui s'est passé ?
15:03La sidération, qu'est-ce qui s'est passé depuis Creil ?
15:05Moi je me rappelle très très bien
15:07de l'affaire de Creil, d'ailleurs,
15:09juste un mot, on avait lancé
15:11un manifeste, je me rappelle qu'il avait été signé par beaucoup
15:13de gens, sur la nécessité
15:15d'un quart d'heure laïque à la télévision,
15:17au moins d'une demi-heure laïque, et enseigner la laïcité
15:19à la télévision, ce que personne ne fait jamais.
15:21Mais alors justement, ça vient de quoi ?
15:23Qu'est-ce qui fait qu'après Creil,
15:25on le sait, on ne va pas raconter l'histoire de Pei,
15:27Jospin qui vote en touche, le Conseil d'État qui vote
15:29en touche, etc., mais qu'est-ce qui fait
15:31que, alors, depuis 35 ans,
15:33ça a suivi son cours, sans aucun
15:35véritable… alors chacun dit
15:37on va arrêter, c'est plus possible, il faut faire des choses,
15:39mais comment vous expliquez ?
15:41Comment la chercheuse que vous êtes
15:43explique ça ? – Il faut revenir un petit peu avant,
15:45aux années 60-70, quand
15:47les universitaires,
15:49des étudiants, des intellectuels
15:51arrivent donc du Moyen-Orient,
15:53ce sont des frères musulmans, ils sont
15:55en exil, ils veulent retourner
15:57dans leur pays, mais ils n'y arrivent
15:59pas parce que, quand ils y retournent, ils sont
16:01emprisonnés par les pays qui,
16:03je n'ai pas répondu à votre question,
16:05effectivement, combattent les frères musulmans,
16:07tout simplement parce qu'ils sont menacés
16:09dans leur autorité.
16:11Donc, ils s'installent
16:13dans les années 60-70,
16:15et de là, ils décident
16:17finalement de rester en Europe ou aux États-Unis.
16:19Et leur objectif,
16:21c'est de créer la société
16:23islamique à partir de l'Occident,
16:25puisqu'on ne peut pas le faire dans les pays musulmans,
16:27mais on va le faire à partir de l'Occident.
16:29– Oui, parce que Nasser était contre, à l'époque,
16:31persécuter les frères musulmans très fortement.
16:33– Oui, dans la pensée
16:35de Hassan el-Banna et des frères musulmans,
16:37il n'y a pas de frontière, ça n'existe pas.
16:39La seule frontière, en fait, c'est
16:41l'Ummah, c'est-à-dire la nation islamique,
16:43c'est-à-dire le monde entier.
16:45Donc, quand ils s'installent en Europe
16:47et aux États-Unis,
16:49en Australie, en Nouvelle-Zélande, dans les pays occidentaux,
16:51ils ont toute liberté de penser,
16:53de s'exprimer, de liberté
16:55de conscience,
16:57et ils vont
16:59donc changer un peu
17:01leur objectif et se dire
17:03qu'on va ré-islamiser, en fait,
17:05les jeunes issus de l'immigration,
17:07parce qu'il commence à y avoir des musulmans.
17:09Et ce sont les jeunes qui les intéressent,
17:11pas tellement les parents.
17:13Donc, ils vont commencer à
17:15installer quelques mosquées, etc.
17:17Et puis, 89 arrive,
17:19ils sont déjà un petit peu plus forts,
17:21et 89, c'est aussi
17:23rejdi. C'est important parce que l'affaire
17:25rejdi, c'est le moment où
17:27en Angleterre, notamment,
17:29on va s'intéresser, en fait, ils vont
17:31élaborer ce stratagème,
17:33ce dispositif redoutable
17:35qu'est la lutte contre l'islamophobie.
17:37C'est à ce moment-là ?
17:39C'est à ce moment-là, ou c'est précisément à ce moment-là.
17:41Parce qu'en fait, c'est toujours pareil,
17:43il y a une émotion
17:45dans le public britannique,
17:47qui se dit pourquoi un intellectuel
17:49est menacé, une fatwa de Roménie,
17:51c'est quand même sérieux.
17:53Les versets sataniques,
17:55on demandait sa mort,
17:57et il faut le rappeler,
17:59l'assassin aurait été récompensé
18:01de 3 millions de dollars, quelque chose comme ça.
18:03Et donc, qu'est-ce qu'on a pu leur faire
18:05pour qu'ils soient aussi mécontents ?
18:07C'est ça la réaction des Occidentaux. Mais qu'est-ce qu'on a bien pu faire ?
18:09Oui, donc c'était...
18:11Déjà, attendez, c'est important,
18:13c'était déjà notre faute, enfin la faute des Occidentaux.
18:15C'est ça. Et donc, qu'est-ce qu'on a pu leur faire ?
18:17On va travailler sur l'islamophobie.
18:19Évidemment, les frères sont très très heureux de pouvoir être
18:21ceux qui arbitrent le match, en disant, bah oui,
18:23là vous avez fait des choses qui ne sont pas très bien,
18:25on va vous aider à rééduquer les jeunes,
18:27pour qu'il y ait moins de problèmes, etc.
18:29Et à ce moment-là,
18:31ils lancent une enquête qui s'appelle,
18:33qui est faite par le Runimed Trust,
18:35qui est un think-tank britannique,
18:37libéral, enfin inclusif plutôt.
18:39On s'est subventionné par qui ?
18:41Par les...
18:43Alors ça, je ne sais pas.
18:45Il faudrait regarder,
18:47je l'ai écrit quelque part, c'est dans mon livre,
18:49mais je ne pourrais pas vous dire là maintenant.
18:51Toujours est-il que l'idée, c'est de dire que
18:53les musulmans sont victimes
18:55d'une islamophobie d'État,
18:57d'une islamophobie structurelle,
18:59et que pour corriger cette tendance...
19:01Racisme systémique, déjà.
19:03Oui, c'est ça, c'est déjà en germe.
19:05Et pour corriger cette tendance, il va falloir
19:07non pas changer l'islam, qui ne peut pas se réformer,
19:09c'est une religion,
19:11mais changer le regard qu'on porte sur l'islam.
19:13Donc si vous êtes
19:15mal à l'aise avec la question du voile,
19:17et bien vous devez savoir que le voile,
19:19en fait, c'est une très bonne chose.
19:21Il faut avoir un regard dessus, si vous êtes mal à l'aise, etc.
19:23Et ça, ça va avoir
19:25un effet incroyable,
19:27les rapports vont se multiplier,
19:29et on va commencer,
19:31ça va devenir une espèce de norme,
19:33il y a de l'islamophobie
19:35dans nos sociétés.
19:37On ne l'a pas vraiment mesurée, en fait,
19:39est-ce que c'est du racisme,
19:41est-ce que c'est du racisme vis-à-vis des maghrébins,
19:43vis-à-vis des pakistanais,
19:45pour quelles raisons, etc.
19:47On n'analyse pas ça, on considère que c'est de l'islamophobie.
19:49C'est simplement la peur de l'islam.
19:51Donc tout ça va contribuer à créer
19:53une identité de musulman
19:55qui va être instrumentalisée,
19:57qui va devenir une citoyenneté musulmane,
19:59donc on revient en France,
20:01et avec Tariq Ramadan,
20:03qui explique aux jeunes, mais au fond,
20:05vous n'avez pas à obéir à vos parents,
20:07vous n'avez qu'à obéir à Dieu,
20:09et Dieu, c'est nous qui en portons la parole.
20:11Vous êtes des citoyens musulmans,
20:13avant d'être des citoyens français.
20:15Anglais ou ailleurs.
20:17Dans tous les pays d'Europe.
20:19Et il va y avoir
20:21deux grandes branches, on peut dire,
20:23d'influence, celle de Youssef El Kardaoui,
20:25inspirée directement par la Cofrairie.
20:27Qui parlait Al Jazeera tous les jours, sur la chaîne Al Jazeera.
20:29Absolument.
20:31Qui touche des millions et des dizaines de millions de personnes.
20:33Et dont le livre était distribué dans toutes les familles.
20:35Moi je m'en souviens très bien, quand j'ai commencé dans les années 90,
20:37il y avait l'hélicite et l'illicite de Youssef El Kardaoui
20:39dans toutes les familles.
20:41Il était distribué gratuitement à la mosquée.
20:43Donc c'était bien, parce que
20:45les parents se disaient, on va instruire
20:47nos enfants, nous on sait pas très bien parler
20:49de la religion, donc eux au moins, ils seront
20:51savants, ils connaîtront leur religion,
20:53on va leur transmettre ça, etc.
20:55Et à partir de là,
20:57ces années-là,
20:59on va avoir
21:01une...
21:03Peut-être qu'il faut revenir un petit peu
21:05en avant. Le père de
21:07Tariq Ramadan, c'est celui
21:09qui relie ces deux branches,
21:11celle de Youssef El Kardaoui,
21:13celle de Mahmoud Oudi, qui est plutôt
21:15l'influenceur,
21:17l'ingénieur du système
21:19islam, c'est de l'islam vu comme un système
21:21qui lui est d'origine pakistanaise.
21:23C'est Saïd Ramadan, en fait,
21:25qui fait la synthèse,
21:27et Saïd Ramadan travaille aussi pour la CIA.
21:29Vous voyez, parce que la CIA...
21:31La CIA instrumentalise
21:33les frères musulmans pour éviter l'avancée
21:35des soviétiques, on le voit aussi en Afghanistan.
21:37On a vu ce qui s'est passé en Afghanistan plus tard.
21:39Ben Laden et compagnie après.
21:41Qu'est-ce qu'on dit après les frères ?
21:43Ils ont dit, pour justement
21:45cacher leur appartenance, ils ont dit
21:47finalement, ce que vous racontez, les frères musulmans,
21:49c'est une lubie, c'est juste une création
21:51des Américains. Non, c'est évidemment
21:53pas une création des Américains, mais les Américains
21:55ont effectivement joué ce jeu
21:57assez pervers, et aussi
21:59parce que les frères musulmans, maintenant, ont
22:01compris que, pour avancer,
22:03il leur fallait
22:05faire les idiots utiles,
22:07en fait, les gens qui veulent les instrumentaliser.
22:09Donc il leur fallait fabriquer
22:11les idiots utiles, c'est-à-dire
22:13les occidentaux.
22:15C'est-à-dire qu'ils pouvaient, s'ils étaient,
22:17par exemple, comme dans les banlieues, ils vont être appelés
22:19pour la lutte contre le djihadisme
22:21et pour la déradicalisation. Très bien,
22:23ils vont jouer ce jeu-là.
22:25Donc chaque fois, ils sont des conseillers
22:27à l'université,
22:29dans les grandes entreprises, ou dans les
22:31ministères. Ou dans les municipalités
22:33avec les grands frères et autres. Exactement.
22:35Ils vont jouer ce jeu-là, mais en étant parfaitement
22:37conscients. Alors ça, c'est
22:39très intéressant, on va continuer d'en parler.
22:41Après cette petite pause,
22:43et qu'est-ce qui s'est passé, comment tout ça s'est organisé,
22:45je vous rappelle, n'hésitez pas
22:47à nous appeler au 0826 300 300
22:49pour parler
22:51du frérisme et
22:53de toutes ses implications et de ses
22:55avancées avec Florence
22:57Bergeau-Blacler.
22:59Sud Radio
23:01Bercoff, dans tous ses états,
23:03midi 14h, André Bercoff.
23:05Le frérisme
23:07et ses réseaux, l'enquête, nos éditions
23:09Audi Jacob, c'est votre plus récent livre
23:11Florence Bergeau-Blacler,
23:13et on parlait justement
23:15de cette
23:17espèce d'expansion, de cette
23:19irrésistible ascension, on peut le dire,
23:21en tout cas, elle n'est pas résistible
23:23pour le moment, on verra bien,
23:25et justement,
23:27ça a été à l'intérieur comme à l'extérieur,
23:29parce que, vous parlez dans votre livre
23:31d'organisation de coopération islamique,
23:33pour ceux qui ne vivent pas
23:35en terre d'islam, puisque
23:37on le sait, vous savez, il y a Der et l'Islam,
23:39la terre d'islam, et Der et l'Harb, c'est la guerre.
23:41Tant qu'effectivement,
23:43voilà, il y a conflit, etc.
23:45Est-ce que ça a été...
23:47Alors, je reviens à cela, parce que
23:49on en a parlé, mais vous n'avez pas
23:51vraiment répondu, ou alors je ne sais pas
23:53s'il y a eu réponse, c'est que
23:55ok, on comprend,
23:57on a dit aux gens, ils voyaient très bien, mais oui,
23:59vous devez changer votre regard,
24:01vous êtes coupable, colonisation,
24:03etc., on l'a encore vu,
24:05vous êtes coupable de ceci, de cela, vous êtes raciste,
24:07systémique, vous êtes
24:09colonisateur, vous êtes patriarcat, etc.,
24:11etc. Alors, moi,
24:13il y a deux questions que je voulais vous poser,
24:15qu'est-ce qui fait, encore une fois,
24:17que face à ça, est-ce que c'est
24:19une question de gauche ou de droite, qu'il y a eu
24:21sidération d'un côté, et d'un autre côté, oui, oui,
24:23ce sont les racisés,
24:25ce sont les colonisés,
24:27il ne faut pas les attaquer, parce que sinon,
24:29on est vraiment des colonisateurs
24:31terribles, et je voudrais juste prendre cet exemple,
24:33parce qu'on en parle beaucoup aujourd'hui, grâce à
24:35X, au Twitter, qui a
24:37fait le réseau, si vous avez vu,
24:39depuis 20 ans, il y a eu des
24:41milliers de jeunes filles anglaises de 11,
24:4312, 13, 14 ans, qui ont été réduites en
24:45esclavage sexuel, prostituées, tabassées,
24:47torturées, mortes, par des
24:49milliers d'enfants,
24:5112, 13 ans,
24:53esclavage sexuel,
24:55et torturées,
24:57des gangs pacifiques,
24:59divides,
25:01la patrie,
25:03donc, pendant des années et des années,
25:05les juges, les policiers,
25:07les médias, les politiques, ont fermé les yeux
25:09en disant, oui, mais attendez, soit pour des
25:11raisons électorales, ils votent,
25:13soit pour des raisons en disant, oui, mais
25:15comprenez, on a l'air de racistes,
25:17et on n'est pas politiquement corrects si
25:19on les attaque. C'est ça,
25:21la réponse de l'Occident ?
25:23Cette affaire des grooming gangs
25:25est un scandale absolu
25:27qui, malheureusement, n'est pas terminé.
25:29Il y a encore des réticences
25:31pour mener, par exemple, une enquête
25:33nationale sur ce sujet.
25:35Absolument.
25:37C'est ça, la lutte
25:39contre l'islamophobie, ça
25:41nous a tellement
25:43impressionnés,
25:45tellement culpabilisés,
25:47qu'on va sacrifier des enfants
25:49pour ne pas apparaître
25:51racistes ou islamophobes.
25:53C'est quand même sidérant.
25:55Oui.
25:57Ça, ce
25:59dispositif-là, comme je disais,
26:01il n'a pas été mis en place
26:03du jour au lendemain.
26:05C'est dès les années 1990.
26:07Avec le
26:09RUNIMETTRUS, il y a eu aussi
26:11des rapports qui ont été financés
26:13par l'Union Européenne, donc nous avons
26:15financé des rapports pour montrer
26:17combien nous étions mauvais,
26:19combien il fallait nous taire.
26:21Il y a aussi des rapports
26:23venus de la Turquie, des rapports
26:25venus de l'Organisation de la Coopération
26:27Islamique, et vous venez d'en parler.
26:29L'Organisation de la Coopération Islamique,
26:31qui était une espèce d'embryon de Califat,
26:33en fait, c'est le résultat
26:35qui naît à peu près dans les années 1960,
26:37de
26:3950 ans
26:41d'attente.
26:43Il y a eu le moment
26:45pan-arabe,
26:47pan-arabique, et puis là, on a
26:49l'islam qui revient
26:51dans les années 1960, avec
26:53l'Arabie Saoudite, avec les Etats
26:55musulmans qui constituent
26:57l'Organisation de la Coopération Islamique,
26:59et qui se
27:01prend pour une ONU, en fait, mais
27:03islamique.
27:05Et qui crée l'ISESCO,
27:07qui est l'UNESCO
27:09islamique. Et l'ISESCO,
27:11quand on regarde
27:13cette stratégie, c'est un plan,
27:15stratégie de l'action culturelle
27:17extérieure du monde islamique,
27:19qui a été publié en 2000
27:21à Doha, mais qui a été rédigé
27:23probablement dans les deux décennies
27:25qui ont précédé, on voit la marque
27:27des frères musulmans. On voit même,
27:29à mon avis, la marque des frères musulmans
27:31français de l'UIF.
27:33Il y a des éléments que je
27:35détaille dans mon livre
27:37qui montrent qu'il aurait pu être rédigé
27:39en grande partie par les frères.
27:41Et qu'est-ce qui est dit dans ce document ?
27:43C'est qu'il n'est pas
27:45il n'est pas une bonne chose.
27:47Pour vous, pays occidentaux, il n'est pas bon
27:49que vous assimiliez les musulmans.
27:51Ils ne sont pas assimilables.
27:53C'est aussi ce qu'avait dit le roi du Maroc, Hassan II.
27:55Et ils le disent comme ça.
27:57C'est écrit noir sur blanc.
27:59Absolument.
28:01Et plus encore. C'est-à-dire que
28:03si vous voulez qu'ils soient en paix,
28:05si vous voulez qu'ils ne soient pas des délinquants,
28:07il faut leur laisser leur islam.
28:09En gros, c'est ça. Et ça veut dire aussi
28:11qu'il faut que nous les rééduquions,
28:13il faut que nous les endoctrinions.
28:15En réalité, c'est ça qu'ils espèrent derrière.
28:17Vous avez dit tout à l'heure
28:19que certains pays musulmans
28:21ont interdit la confrérie.
28:23Vous avez raison.
28:25Vous avez l'Egypte, bien entendu,
28:27l'Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis.
28:29Mais il faut faire attention
28:31parce que les raisons pour lesquelles
28:33ils interdisent la confrérie
28:35ne sont pas les raisons pour lesquelles
28:37nous devrions nous méfier de cette confrérie.
28:39Et je ne dis pas l'interdire.
28:41Je ne pense pas qu'il faille l'interdire.
28:43Mais nous méfier de cette confrérie,
28:45c'est important.
28:47Leur raison à eux, c'est que
28:49tout simplement, le mouvement frériste
28:51est un mouvement international
28:53qui ne connaît pas de frontières, comme je l'ai dit.
28:55Et donc qui menace
28:57l'existence de ces États-là.
28:59Tout simplement. Maintenant, ces États
29:01sont aussi porteurs d'une idéologie salafiste
29:03qui est proche de celle
29:05des frères.
29:07Et donc sur ça, ils s'entendent très bien.
29:09Alors justement, par rapport à ça,
29:11deux questions quand même.
29:13Primo, je reviens à ça
29:15parce qu'on n'a pas détaillé
29:17à ça. Qu'est-ce qui fait
29:19quand même, moi j'en veux bien, culpabilité, etc.
29:21Mais qu'est-ce qui fait qu'il n'y a eu pratiquement personne
29:23sauf quelques voix dissidentes
29:25qui ont dit
29:27mais non, ça n'existe pas comme ça
29:29que ça se passe, on n'a pas à culpabiliser,
29:31on a à traiter ça lucidement.
29:33Qu'est-ce qui fait que dans la doxa
29:35médiatico, politico,
29:37intellectuelle, universitaire,
29:39eh bien ça a été
29:41le silence assourdissant.
29:43À part encore une fois quelques exceptions.
29:45– Alors, les universités
29:47ne font pas leur travail sur ce point-là.
29:49C'est tout à fait clair.
29:51Et ça, ce n'est pas seulement moi qui le dis,
29:53c'est un rapport anglais qui est paru
29:55il y a quelques années et qui explique pourquoi
29:57la recherche en fait est incapable de travailler
29:59sur l'islam contemporain et en particulier
30:01sur l'islamisme.
30:03D'abord pour un problème d'accès aux données.
30:05Il est de plus en plus difficile
30:07on le voit, de travailler sur ce terrain.
30:09Pour deux raisons.
30:11D'abord parce qu'il y a les comités éthiques
30:13et de recherche qui vous disent
30:15comment vous devez faire
30:17votre recherche. Grosso modo
30:19il faut que vous fassiez signer…
30:21– C'est quoi les comités éthiques ? C'est qui ?
30:23– Vous avez des comités éthiques dans l'université
30:25qui vous disent ce que vous pouvez faire
30:27et comment vous pouvez enquêter.
30:29– Ah d'accord, intéressant, c'est-à-dire dans le temple de la liberté
30:31il faut savoir comment orienter ses recherches.
30:33Il faut que ce soit éthiquement irréprochable.
30:35Il y a des bonnes raisons pour ça, mais ça peut aller si loin
30:37que si vous travaillez sur une confrérie secrète
30:39par exemple, vous êtes obligé
30:41de faire signer
30:43une déposition
30:45après l'interview que vous avez réalisé.
30:47– Ah oui d'accord.
30:49– Voilà, ça c'est…
30:51toutes les démarches de recherche
30:53qui seraient un petit peu comme on le faisait avant
30:55en anthropologie, on a toujours travaillé dans la discrétion.
30:57– La recherche c'est la recherche.
30:59– Même si moi j'ai toujours travaillé
31:01dans ce que je faisais, je n'ai jamais caché
31:03pourquoi j'étais là sur le terrain.
31:05Mais il y a des méthodes discrètes
31:07qu'on est obligé de prendre pour travailler
31:09sur une confrérie discrète voire secrète.
31:11Donc là, un problème d'accès aux données.
31:13Le problème aussi
31:15de le fait
31:17que les frères musulmans sont des gatekeepers
31:19des gardiens
31:21de la communauté musulmane.
31:23Si vous commencez à dire que vous allez travailler
31:25sur ce sujet, ça va passer par la mosquée
31:27tout va se savoir très vite,
31:29c'est le téléphone arabe.
31:31Et à ce moment là, vous allez avoir de toute façon
31:33quelqu'un des frères qui va arriver
31:35qui va commencer à contrôler votre travail
31:37contrôler vos déplacements.
31:39Moi c'est ce qui m'est arrivé
31:41au début des années 90.
31:43Je ne savais pas que j'étais tombée sur une mosquée frériste
31:45et en fait j'étais tout le temps accompagnée
31:47tout le temps surveillée.
31:49Et le jour où ils ont voulu m'exclure du terrain
31:51parce que ce que je disais, ce que je pensais
31:53ne les arrangeait pas, ils l'ont fait
31:55assez facilement en m'accusant
31:57d'être de la police
31:59ou d'être islamophobe, etc.
32:01Donc il y a ce problème
32:03d'accès aux données
32:05mais il y a aussi un problème
32:07de diffusion publique des résultats.
32:09Parce que dès que vous diffusez
32:11vos enquêtes, voilà ce qui se passe
32:13intimidation sur les réseaux sociaux
32:15menaces physiques
32:17harcèlement judiciaire, etc.
32:19– Que vous avez eu ?
32:21– Oui, que moi j'ai eu.
32:23– Et que d'autres chercheurs ont eu.
32:25– Et enfin le risque réputationnel
32:27c'est-à-dire que si vous êtes
32:29taxé de raciste ou d'islamophobe
32:31votre carrière c'est terminé, vous ne pouvez plus
32:33encadrer d'étudiants parce que ces étudiants
32:35vont malheureusement hériter
32:37de cette
32:39réputation calamiteuse
32:41et à ce moment-là
32:43vous ne pouvez pas avancer dans votre carrière.
32:45Les répercussions sont énormes.
32:47– Ce que vous voulez dire, c'est très intéressant
32:49c'est que vous voulez dire qu'en fait
32:51on ne peut pas faire de recherche libre
32:53dans le sens du terme, enfin ce qui s'appelle
32:55la recherche, la science c'est quoi ?
32:59C'est la discussion,
33:01c'est la remise en question, etc.
33:03parce qu'il y a tout ce que vous voulez dénumer.
33:05– Ou alors on fait une recherche contrôlée.
33:07– Oui, on a un appel de Claude
33:09qui vient de Perpignan.
33:11– Oui, bonjour Claude.
33:13– Bonjour André Bercoff et je voudrais
33:15saluer surtout Florence Bergeau-Blaclerc
33:17que j'ai eu le bonheur d'entendre au premier printemps
33:19de la liberté d'expression à Perpignan l'an dernier.
33:21Alors j'ai une question à lui poser.
33:23Elle a rappelé
33:25un des premiers symboles
33:27ont été l'affaire du voile
33:29en 1989.
33:31Là en ce moment c'est un marronnier
33:33à chaque rentrée scolaire maintenant
33:35on nous explique que
33:37les mamans voilées doivent pouvoir accompagner
33:39les sorties scolaires parce que
33:41s'il n'y avait pas les mamans voilées
33:43il n'y aurait plus
33:45personne pour s'occuper des sorties scolaires
33:47dans certains quartiers.
33:49La question que je me pose c'est que
33:51on nous explique partout que le voile n'est pas un instrument
33:53religieux mais que c'est quelque chose de culturel.
33:55Donc si ce n'est pas religieux
33:57ce n'est pas islamophobe de dire
33:59les mamans elles peuvent venir
34:01mais elles enlèvent leur voile pour
34:03pas choquer les autres parents.
34:05Et alors si on nous répond à ce moment-là
34:07ah oui mais ce n'est pas possible
34:09parce qu'il n'y aura plus de mamans voilées
34:11il n'y aura plus de sorties scolaires
34:13et les mamans voilées elles seront privées aussi
34:15puisque leurs propres enfants n'auront plus de sorties.
34:17Et à mon avis ça régulerait
34:19en disant où les mamans voilées
34:21enlèvent leur voile parce qu'il est culturel
34:23où les mamans voilées n'ont pas le droit de l'enlever
34:25et alors là c'est un autre problème
34:27les dés sont jetés on voit clair.
34:29Ce monsieur
34:31que je salue aussi
34:33a tout à fait raison
34:35malheureusement je dois dire que
34:37ce qu'il dit c'est ce que j'entendais déjà il y a 30 ans
34:39on n'a pas avancé d'un centimètre
34:41sur cette question-là.
34:43La confusion culturelle
34:45que j'entends
34:47on n'a pas avancé d'un centimètre sur cette question-là.
34:49La confusion culturelle
34:51que j'entends
34:53déjà a été introduite en 1980
34:55par des associations
34:57culturelles
34:59islamiques, culturelles
35:01ils utilisaient le mot culturelle
35:03pour passer
35:05sous les fourches codines du contrôle
35:07des...
35:09Donc c'est culturel et pas culturel
35:11Voilà, si c'est des associations culturelles
35:13personne ne les embêtait
35:15sur leurs finances
35:17sur leurs activités.
35:19Donc cette ambiguïté-là
35:21elle revient à chaque fois
35:23c'est une forme de chantage en fait
35:25on ne peut pas faire ce qu'on veut
35:27décider de ce qu'on veut
35:29on est toujours obligé de faire attention
35:31à l'impact que ça peut créer sur cette population
35:33comme si le voilement était
35:35une pratique religieuse absolument
35:37incontournable de l'islam
35:39ce qui n'est pas le cas
35:41et nous qui avons, alors tout le monde le sait
35:43malheureusement non, mais nous qui avons plus de 50 ans
35:4540 ans même, 40-50 ans
35:47tout le monde le sait
35:49et nous continuons à faire comme si
35:51cette pratique était une pratique islamique
35:53normale.
35:55On va continuer après cette petite pause
35:57et nous avons Serge qui nous attend aussi au téléphone
35:59avec Florence Bergeau-Blacler
36:01à tout de suite après cette petite pause
36:03Sud Radio Bercoff
36:05dans tous ses états, midi 14h
36:07André Bercoff
36:09Florence Bergeau-Blacler je crois que nous avons
36:11plusieurs auditeurs qui appellent
36:13beaucoup de gens ont appelé
36:15et vous avez donné la parole en premier lieu à Serge qui vient d'Aix en Provence
36:17Bonjour Serge
36:19Serge est-ce que vous êtes là ?
36:21Ah, on n'entend pas Serge
36:23Alors finalement Philippe, de quand est-ce que Serge a disparu ?
36:25D'accord, et bien écoutez
36:27on le retrouvera. Philippe, bonjour
36:29Bonjour André, bonjour
36:31madame Bacler
36:33je pense que vous devez le savoir
36:35mais enfin je vous le recommande
36:37de vous rendre et de consulter
36:39le site www.lacoalition
36:41un seul mot
36:43.fr, en clair c'est l'Observatoire
36:45des Libertés et Associations
36:47alors c'est la fiche 122
36:49alors pourquoi je vous dis ça ?
36:51la fiche 122 est importante
36:53elle concerne donc la Ligue de l'Enseignement
36:55elle est accusée d'incointence
36:57à l'époque avec Tariq Ramadan
36:59La Ligue de l'Enseignement c'est ça ?
37:01Oui, la Ligue de l'Enseignement
37:03elle a été accusée d'incointence
37:05avec Tariq Ramadan et d'atteinte à la laïcité
37:07en fin de compte la Ligue de l'Enseignement
37:09pour faire court
37:11c'est à peu près 25 000 associations
37:13103 fédérations départementales
37:15il y a du monde comme on dit
37:17d'accord
37:19André, vous posez la question
37:21mais d'où vient, d'où ça peut venir
37:23de quelles raisons, etc
37:25mais juste une piste quand même
37:27Tariq Ramadan
37:29il a
37:31participé de 97 à 2000
37:33à la Ligue de l'Enseignement
37:35d'accord
37:37et c'est une déclaration de Frédéric Calandra
37:39que vous connaissez peut-être, maire
37:41du 20ème arrondissement de Paris
37:43sur CNews, le 24-01-2020
37:45il dit
37:47je rappelle, Jean Baudéraud
37:49ça doit peut-être vous parler
37:51Jean Baudéraud, pardon
37:53conseiller d'éducation
37:55voilà, conseiller d'éducation de Foy-Mitterrand
37:57a fait rentrer Tariq Ramadan
37:59dans la Ligue de l'Enseignement
38:01qui est le temple
38:03des instituteurs républicains
38:05alors, madame Blackler, est-ce que vous connaissez
38:07ce problème
38:09parce que c'en vient
38:11parce que là, on est dans le cœur nucléaire
38:13quoi
38:15Alors Florence Blackler
38:17Alors je ne suis pas étonnée, Jean Baudéraud
38:19c'est le directeur de mon laboratoire, donc je connais assez bien
38:21ses positions
38:23sur une laïcité plus ouverte
38:25puisqu'il la trouve trop fermée justement aux musulmans
38:27qu'il a développé lui-même l'idée
38:29que la laïcité était d'une certaine manière
38:31islamophobe
38:33et que c'était la raison pour laquelle il fallait l'ouvrir
38:35c'est lourd la laïcité islamophobe
38:37c'est pas mal
38:39qu'il ait des liens avec Tariq Ramadan
38:41au point de le faire entrer
38:43la Ligue de l'Enseignement, ça je ne savais pas
38:45mais ça me paraît tout à fait cohérent
38:47et je pense qu'il y a
38:49en effet, chez certains analystes
38:51de la laïcité
38:53des gens qui ont joué
38:55les idiots utiles, alors peut-être qu'ils n'étaient pas idiots
38:57peut-être qu'ils étaient simplement utiles
38:59mais ça, ça serait même encore plus grave
39:01puisque ça nous a
39:03démoralisés, ça fait partie justement
39:05de la stratégie de cette version
39:07de la démoralisation
39:09Richard qui nous appelle
39:11de Toulouse
39:13Oui bonjour à vous
39:15j'avais une question en fait
39:17vous allez peut-être avoir la réponse
39:19aujourd'hui
39:21les ONG financées
39:23par des pays étrangers
39:25elles ne font jamais des choses gratuitement
39:27il n'y a que les fous qui font des choses gratuitement à peu près
39:29Vous savez c'était Milton Friedman
39:31il disait il n'y a pas de dîner gratuit
39:33ou de déjeuner gratuit
39:35et en fait la question
39:37est-ce qu'on ne devrait pas instaurer
39:39un encadrement
39:41beaucoup plus strict pour ces ONG
39:43qui financent
39:45des gens comme les frères
39:47parce que l'argent permet un imprisme énorme
39:49et à tout niveau
39:51Merci Richard cette question
39:53on a dit qui finance
39:55parce que ça ne se passe pas comme ça
39:57bien sûr alors effectivement il y a des ONG
39:59qui sont financées par l'Union Européenne
40:01par notre argent public
40:03on peut parler de Soros
40:05ou il ne faut pas parler de Soros
40:07Soros a joué un rôle tout à fait
40:09alors évidemment ils ne financent pas directement
40:11les frères musulmans comme je vous l'ai dit
40:13c'est une société secrète
40:15donc il y a des institutions qui travaillent
40:17avec des organisations, des associations
40:19de lutte contre l'islamophobie
40:21contre le racisme etc.
40:23et donc c'est par ce biais là qu'effectivement
40:25on a donné des millions et des millions d'euros
40:27je suis en train de terminer justement un rapport sur le sujet
40:29on a donné des millions et des millions d'euros
40:31pendant des années et ça continue encore malheureusement
40:33à des associations clairement frérisses
40:35qui véhiculent l'idéologie
40:37et que nous subventionnons
40:39oui parce que l'Union Européenne
40:41c'est nous
40:43mais en plus il y a l'effet levier
40:45dès que vous avez de l'argent de l'Union Européenne
40:47vous pouvez demander à votre conseil régional
40:49d'en rajouter un peu
40:51et donc en fait
40:53on a envie de vous dire
40:55on arrive en fin d'émission, on pourra en parler pendant des heures
40:57et on en reparlera
40:59à Florence Berger-Blackler
41:01mais ce qu'on peut dire aujourd'hui, c'est inéluctable
41:03ou l'incension peut être
41:05résistible
41:07bien sûr il faut résister mais il faut compter
41:09sur les citoyens, alors on me dit toujours
41:11pourquoi ne pas les interdire
41:13interdire une confrérie secrète c'est déjà
41:15quelque chose de très difficile à faire
41:17on ne peut pas obliger les gens à dire
41:19à quoi ils appartiennent
41:21et puis en plus ce serait très contre-productif
41:23parce que si par exemple je travaille
41:25sur les frères musulmans ou sur l'idéologie frériste
41:27si je dis voilà une personne
41:29véhicule cette idéologie
41:31travaille là, je suis susceptible
41:33d'être l'objet
41:35de harcèlement judiciaire
41:37parce que l'accusation serait
41:39d'autant plus grave, donc je pense
41:41qu'il ne faut pas interdire pour cette confrérie
41:43vous êtes contre l'interdiction
41:45je pense qu'il faut
41:47alors qu'est-ce qu'on fait maintenant
41:49qu'on ne peut pas interdire
41:51informer, éduquer
41:53montrer comment ça fonctionne, ce qu'ils veulent
41:55comment ils font
41:57on connait maintenant très bien
41:59les méthodes du KGB
42:01dont je vous ai parlé, on sait maintenant
42:03très bien s'en défendre, on a vraiment fini
42:05avec le communisme, on peut faire pareil
42:07avec cette idéologie là, mais on le fera
42:09parce que justement on pourra en parler
42:11sur le service public notamment
42:13il faudrait qu'effectivement
42:15toutes les ondes
42:17tous les gens qui sont chargés
42:19et c'est leur job
42:21de transmettre l'information, fassent leur métier
42:23merci Florence

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