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00:00La plupart des victimes de soumissions chimiques ne disposent pas de preuves matérielles suffisantes
00:06pour pouvoir soit entreprendre une judiciarisation de leur affaire
00:10ou même d'aller ou de tendre vers une forme d'accompagnement et prise en charge.
00:14C'est l'occasion de changer les mentalités,
00:17puisque c'est ensemble, et ensemble seulement,
00:19que nous pourrons vaincre la soumission chimique.
00:23Souvent, les gens pensent que c'est réservé soit à une classe infime de jeunes
00:29dans des milieux festifs, milieux nocturnes.
00:31Non, ce n'est pas que des drogues, mais c'est aussi des médicaments
00:34et ça se passe aussi, et majoritairement, dans la sphère privée.
00:37Avec des produits que tout le monde a dans sa pharmacie.
00:39Le GHB est l'une des moins utilisées, en fait.
00:44Il suffit d'éplucher la presse des trente dernières années
00:46et d'appeler les médecins.
00:49Il suffit d'éplucher la presse des trente dernières années
00:52pour se rendre compte que le phénomène est massif et même systémique.
00:56Il y a beaucoup de victimes qui s'ignorent,
00:58souvent parce qu'elles n'ont aucun souvenir des agressions qu'elles ont vécues.
01:02Il y en a qui le savent parce qu'elles ont quelques réminiscences
01:05ou qu'elles ont été enfermées dans leur corps.
01:06Et pour autant, elles n'ont pas cette capacité à aller se faire prendre en charge,
01:11parfois même aller jusqu'à déposer plainte dans un commissariat.
01:14Moi, je représente la majorité des victimes de soumissions chimiques
01:20où les victimes ne disposent pas de preuves sur la table suffisantes
01:23pour être reconnues comme victimes de soumissions chimiques
01:26et sans doute aussi victimes de viols ou d'agressions sexuelles.
01:28Pour les victimes de soumissions chimiques, pour les quatre soumissions chimiques,
01:31ce qui prime, c'est la collecte de preuves.
01:33Sans ces preuves, il ne peut pas y avoir de suite pour les victimes.
01:37Les commissariats de police doivent aussi avoir les bons réflexes
01:40et parmi ces bons réflexes aujourd'hui, là où le bas blesse aussi,
01:43c'est l'accessibilité des analyses toxicologiques.
01:46On le sait, quand on est victime de soumissions chimiques,
01:50on a une course contre la montre,
01:53il y a 24 à 48 heures pour faire les bons prélèvements d'urines et de sang.
01:57Passé ce délai-là, il ne reste plus qu'un seul geste scientifique à opérer
02:01qui s'appelle un prélèvement de cheveux,
02:03plus exactement une analyse séquentielle de cheveux
02:05qui se fait en laboratoire spécialisé.
02:07Et ça, ce n'est pas systématiquement proposé aux victimes.
02:10Les femmes ne peuvent pas déposer plainte,
02:11elles peuvent tout à fait y accéder, mais c'est cher.
02:13La soumission chimique, c'est quelque chose qui est très peu connu,
02:16y compris dans les facs de médecine.
02:19Au moins, par exemple, pendant ma formation,
02:21on n'en a juste pas parlé, en fait.
02:23Forcément, on le dépiste très peu
02:25et donc on sous-estime grandement la prévalence que ça peut avoir.
02:28Dans le documentaire, il y a une conférence
02:30pour apprendre ce que c'est que la soumission chimique
02:32et les manques qu'il y a notamment dans la médecine.
02:34On n'y voit pratiquement que des femmes.
02:36Dans cette journée de formation, il n'y avait quasiment aucun homme.
02:39Il n'y en avait que quelques-uns
02:40sur une assistance de plus d'une centaine de personnes.
02:42La violence sexuelle, pendant très longtemps,
02:44on n'en a eu rien à faire.
02:46Maintenant, on s'en empare et forcément,
02:48les personnes qui s'en emparent sont celles
02:50qui sont les plus susceptibles de les subir
02:53et donc forcément, c'est les femmes.
02:55Et c'est très dommage parce que ça concerne tout le monde,
02:57y compris les hommes.
02:58Les meilleures armes des agresseurs,
03:00c'est à la fois l'ignorance et le silence.
03:02L'ignorance, on peut lutter contre en informant, justement.
03:05Une victime qui peut mettre des mots sur ce qui lui est arrivé,
03:08qui peut savoir déjà que ça existe,
03:10qui peut savoir que faut-il faire
03:12si jamais elle pense être victime.
03:14Mais le silence des victimes, il est aussi lié au fait
03:16qu'on a encore une honte énorme
03:18à être victime de violences sexuelles
03:20parce qu'on est dans une société qui nous répète
03:22depuis toute petite que si ça nous arrive,
03:24c'est qu'on l'a un peu cherchée.
03:25Moi, dans mon combat depuis quatre ans,
03:27si vous voulez, je suis allée chercher les soutiens.
03:29Je suis allée chercher les bonnes expertises pluridisciplinaires.
03:32J'ai mis tous ces gens-là autour de la table
03:34et on a décidé ensemble de former
03:36un mouvement de prévention et de sensibilisation
03:38qui s'appelle M'endors pas, Stop à la soumission chimique,
03:40qui est ensuite devenue un peu plus tard une association.
03:43Pour pouvoir protéger et réparer,
03:45on a besoin de moyens humains et matériels
03:47qu'actuellement nous n'avons pas.
03:48Les centres de prise en charge du psychotraumatisme en France
03:51affichent des délais d'attente de parfois plus de 12-18 mois.
03:54Les psychothérapies par des psychologues cliniciens
03:56sont dans la majorité des cas non pris en charge
03:58par la Sécurité sociale.
04:00Quand les victimes rapportent encore massivement
04:02des problèmes d'accueil par la police
04:04avec des interrogatoires qui peuvent être extrêmement brutaux,
04:08extrêmement peu respectueux,
04:10c'est un parcours judiciaire qui est difficile.
04:12Cette mission est un premier pas,
04:14mais ce n'est pas assez.
04:16La classe politique reste moins mobilisée que la société.
04:20Comme si la culture du viol,
04:22cette forme d'insécurité infligée par les proches,
04:24était moins choquante que l'insécurité de la rue.
04:27L'entourage est primordial,
04:29un rôle de soutien, un rôle de protection,
04:31un rôle d'écoute et un rôle d'accompagnement.
04:33Pour les victimes, ce qui compte,
04:35pour elles, c'est d'être crues.
04:37Il faut écouter lorsque les gens disent qu'ils ont un doute
04:40ou que ça leur est arrivé.
04:42Il faut les entendre, il faut les croire
04:44pour mieux les soutenir.
04:46C'est vraiment indispensable.