Avec Charlie Dalin, Skipper de la team Macif Santé Prévoyance et vainqueur du Vendée Globe 2024
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00:00Un homme qui a fait tout seul le tour du monde, en solitaire je le disais, le vainqueur du
00:07Vendée Globe, Monsieur Charlie Dalin.
00:10Bonjour.
00:11Bonjour.
00:12Bienvenue sur Sud Radio.
00:13Alors vous avez quand même réalisé un exploit absolument hallucinant, vous avez pulvérisé
00:17le record d'Armel Le Cleac'h dans le Vendée Globe.
00:2164 jours, 19 heures 22 minutes et 49 secondes, vous avez mis 9 jours de moins que le précédent
00:28record.
00:29Est-ce que vous attendiez d'abord à une telle performance ?
00:31Non, clairement pas.
00:33Je savais que les bateaux étaient capables de descendre sous, de passer la barre des
00:3670 et de là descendre sous la barre des 65, non vraiment pas du tout.
00:42C'est incroyable ce qui s'est passé, d'autant plus incroyable que vous avez livré un sacré
00:46duel avec votre poursuivant.
00:48Quand vous avez passé le Cap Horn, qui était peut-être le moment le plus redouté, vous
00:52aviez seulement 10 minutes d'écart avec Johan Richombe pour Paprec Arkea, 10 minutes d'écart
00:59Vous vous êtes livré à mano à mano tout autour du monde, à quel moment ça s'est
01:02joué la course ?
01:03Dans la remontée de l'Atlantique, au large du Brésil, pas loin de Rio, de Janeiro, on
01:11passe dans une zone assez perturbée avec beaucoup d'orages.
01:14J'arrive à reprendre l'avantage à ce moment-là et ne plus lâcher la tête jusqu'à l'arrivée.
01:19Et comment vous le reprenez justement ? Qu'est-ce qui fait que vous saisissez cette chose ?
01:22Je pense que je me sens bien avec le bateau, j'ai l'état de flow comme on dit dans le
01:27sport.
01:28À ce moment-là, je suis inspiré.
01:29Je fais un petit décalage vers l'Est par rapport à lui, j'arrive à toucher des vents
01:33un petit peu plus favorables et j'arrive à le doubler.
01:37C'est un moment où j'étais vraiment en phase avec la météo et avec le bateau.
01:44Et comment vous l'avez vécu ce moment où vous le doublez ?
01:46J'étais heureux, on a des pointages toutes les 4 heures, comme vous.
01:52Exactement, toutes les 5 minutes, mais pour moi, c'est moins dangereux pour nous.
01:57Et du coup, il y a un moment, il y a un pointage, je sens que ça va aller, je sens que je vais
02:01être devant.
02:02Et quand je revois que mon nom, leader de la course, ça m'a bien boosté.
02:08Et à ce moment-là, quand vous repassez devant, est-ce que vous vous êtes dit, ça y est,
02:12c'est bon, c'est pour moi ?
02:13Non, non, je me dis que c'est bon, je tiens le bon bout, mais que la route est encore
02:17longue.
02:18Que tout peut toujours arriver.
02:19Alors, il faut souligner quand même la performance que vous avez réalisée, celle de Johan Richaume
02:24et celle de Sébastien Simon, parce que vous n'êtes que 3 à être arrivés, ce qui signifie
02:28que tous les autres, à partir de Sam Gutscheidt, sont toujours en mer à l'heure qu'il est.
02:32Donc, ça veut dire quand même que vous êtes 3 à avoir réalisé un exploit considérable
02:37et que l'épreuve est toujours aussi difficile pour les autres.
02:40Oui, ils ne vivent pas du tout, ils n'ont pas le même Vendée Globe que nous les 3
02:46premiers ont vécu.
02:47Ils ont eu des conditions vraiment difficiles.
02:49Alors nous, en fait, ce n'est pas représentatif d'une différence de niveau, c'est vraiment
02:53la météo qui a fait qu'il y a un écart qui s'est créé comme ça.
02:56C'est ça justement, c'était le sens de ma question.
02:58Qu'est-ce qui fait que ça se joue ? Quelle est la part de chance et la part de talent,
03:03d'exploit et de maîtrise technique ?
03:04En fait, avec Sébastien Simon, on décide de naviguer en avant d'une énorme tempête
03:09qui fait la moitié de l'océan Indien.
03:11Johan, lui, décide de l'éviter par le nord.
03:14C'était un choix assez engagé, on peut dire un peu dangereux, mais ça se passe bien.
03:21Et ça nous permet avec Sébastien de prendre un gros avantage.
03:24Là, Johan se démène pour ne pas se faire manger par une zone de vent faible qui était
03:28juste derrière cette grosse tempête.
03:31Et donc, on se retrouve à 3 devant et en fait, on a un enchaînement plutôt favorable
03:37en météo et à l'arrière, à l'inverse, ils ont un enchaînement complètement défavorable
03:41et on n'a fait que creuser sur le reste de la flotte.
03:43Et c'est comme ça que ça s'est joué ? C'est vraiment là que ça s'est décidé pour vous ?
03:46C'est la grosse tempête là ?
03:48Oui, ça a été un moment clé de la course.
03:51Ça et la remontée de l'océan Atlantique ensuite pour creuser l'écart avec votre poursuivant Jules.
03:57Et quand vous arrivez au sable d'Olonne, que vous voyez tout le monde, comment on se sent à ce moment-là ?
04:01Qu'est-ce que vous vous êtes dit ?
04:02C'était un moment incroyable, c'était un moment magique.
04:06J'en ai franchi des lignes d'arrivée depuis que je fais de la course au large et c'était
04:12de loin la plus belle.
04:13C'était un moment incroyable.
04:14Moi, ça fait 4 ans que je cours après ce Vendée Globe, je sais pas, c'est tout proche.
04:18La dernière fois, je rate la victoire à 2h30 après 80 jours de mer.
04:26C'était un moteur pour moi ces 2h30 pendant ces 4 ans et d'atteindre l'objectif qu'on
04:31s'était fixé avec l'équipe de franchir cette ligne d'arrivée en tête, non seulement
04:36en tête mais en vainqueur.
04:37C'était un moment incroyable, le vu du jour avec la pleine lune d'un côté, le soleil
04:42qui se levait de l'autre.
04:43C'était magnifique et c'était vraiment une joie immense.
04:47Avec toute l'équipe de Massif Santé Prévoyance, le moment le plus fort que vous avez vécu,
04:52ça peut être un moment privé, ça peut être un moment...
04:54Qu'est-ce qui vous est...
04:55Forcément, c'est l'arrivée mais le Cap Horn, c'était un moment assez dingue.
05:01C'est mythique.
05:02C'est le plus mythique de tous les Caps.
05:05Pourquoi d'ailleurs ?
05:06Parce que je pense qu'avant le canal de Panama, tous les bateaux étaient obligés de passer
05:12par là.
05:13Il y a des centaines et des centaines de naufrages.
05:16C'est un Cap assez redouté.
05:18C'est toujours dangereux.
05:19J'ai eu la chance de passer une heure avant que je le passe, j'avais encore 35-40 nœuds.
05:26Le vent est tombé juste au moment où je suis passé devant.
05:29Il y a quatre ans, j'étais passé de nuit et c'était un peu frustrant parce qu'en fait,
05:33c'est l'été austral là-bas, les nuits sont très courtes, seulement cinq heures.
05:35Manque de bol, j'étais passé devant les cinq heures de nuit et là de le voir en vrai
05:40pour de vrai, c'était un moment fort.
05:42On va parler de vos nuits.
05:43Je le disais, je vous ai réveillé en sortant avec beaucoup de délicatesse du studio tout
05:47à l'heure.
05:48Bonjour, bonjour, j'ai crié.
05:49Vous dormiez.
05:50Il faut le préciser, vous avez un rythme de vie qui est complètement improbable pour
05:54les gens normaux comme nous quand vous êtes en mer.
05:56Oui, c'est du sommeil fractionné.
05:58Il faut noter que la nuit, on ne jette pas l'encre, on ne s'arrête pas, la course continue,
06:04le bateau continue à avancer.
06:05On est sous pilote automatique tout le temps.
06:07D'ailleurs, je ne pars jamais le bateau, c'est toujours le pilote qui le bat.
06:10Je fais du sommeil fractionné, des siestes qui durent de 10 à 1 heure, un peu plus d'une
06:16heure de temps en temps.
06:17Après, des fois, j'arrive à enchaîner les siestes.
06:23Ce qu'on a mis au point avec l'équipe, c'est un petit logiciel, je suis le seul à l'avoir
06:29sur l'ordi du bord.
06:31C'est un logiciel.
06:32Dès que je pars faire une sieste, je déclenche mon timer et je log mes phases de sommeil.
06:38Je les note aussi.
06:39En permanence, je sais combien d'heures j'ai dormi sur les dernières 24 heures.
06:43Comme ça, vous savez la quantité de sommeil que vous devez avoir, ce que vous devez rattraper.
06:48Exactement.
06:49Vous avez des petits yeux, c'est normal.
06:50Là, vous allez vivre comment ? C'est fini le sommeil fractionné, j'espère ?
06:52Non, ça continue.
06:53C'est vrai ? Vous vous rattrapez encore ?
06:56Quand je passe d'un plateau à l'autre, j'en profite pour faire des petites siestes.
07:00Pour redormir, y compris.
07:01Mais c'est normal.
07:02D'ailleurs, vous l'avez déjà vécu ce Vendée Globe, on met combien de temps à se remettre
07:05de ça et à reprendre une vie normale ?
07:07La dernière fois, c'était 8 mois.
07:098 mois pour récupérer.
07:10J'étais arrivé en fin janvier.
07:13Il y a 4 ans, au mois d'août, fin août, ça commençait à aller un petit peu mieux.
07:17C'est incroyable quand même.
07:19On peut dire que les contraintes qui s'exercent sur la physiologie, c'est presque du même
07:22ordre que pour les astronautes.
07:24Oui, c'est vrai qu'eux, ils n'ont pas la gravité.
07:26Mais en fait, la grosse difficulté, c'est le côté pas de pause.
07:30Pas de mi-temps, pas de temps mort, pas d'arrêt de jeu.
07:32Pendant 2 mois.
07:33Pendant la durée de la course, jusqu'à ce que la ligne d'arrivée soit franchie.
07:36Les autres, ils n'ont pas encore eu de break.
07:37Ils sont encore en mer.
07:39On ne peut jamais vraiment se reposer complètement, même s'il y a des moments qui sont un peu
07:45plus calmes.
07:46Il n'y a aucun moment de relâchement.
07:49C'est à la fois une fatigue physique, mais aussi une fatigue mentale.
07:55Une fatigue aussi profonde.
07:56C'est vraiment poisseux, la fatigue.
08:00On n'arrive pas à s'en détacher.
08:01Ça ne s'arrête jamais.
08:02Même si on passe 24 heures, on arrive à enchaîner pas mal de siestes.
08:05On se dit, j'ai bien dormi, je vais être en forme.
08:08Mais non, souvent, quelques heures après, on commence à repiquer du nez.
08:10On n'arrive jamais à se débarrasser de cette fatigue.
08:13Et même là, toujours pas d'ailleurs.
08:14Alors que pourtant, vous êtes en sécurité.
08:16Parce que c'est vrai que c'est dangereux si on s'endort.
08:19C'est dangereux si on perd le contrôle.
08:20C'est aussi ça.
08:21C'est écrit dans les questions de votre vie.
08:22Par conséquent, est-ce qu'il y a des moments où vous avez eu peur ?
08:25J'ai eu peur pour le bateau dans le Pacifique.
08:31Je suis coup d'à-coup avec Johan.
08:34J'ai quelques 24 heures où je vais très très vite.
08:38Je fais plus de 1000 km en 24 heures avec le bateau.
08:41Ce qui est beaucoup pour un bateau à voile.
08:43Et j'essaye de creuser l'écart.
08:45Là, je sens que je n'ai pas peur pour de casser le bateau.
08:50J'ai l'impression d'y aller trop.
08:52J'avais vraiment en ce moment-là l'impression d'être connecté.
08:55Comme si le bateau avait un système nerveux.
08:56J'y étais connecté un peu comme dans le film Avatar.
09:00Et en fait, ça ne me plaît pas.
09:03Je fais de l'écart avec Johan, mais ça ne me plaît pas.
09:05Je suis en train d'user le bateau.
09:07Donc vous vous êtes calmé ?
09:08Non, je ne me suis pas calmé.
09:09Parce qu'il fallait que je fasse creuser l'écart.
09:11Donc ça ne vous plaisait pas, mais vous l'avez fait.
09:12Ça ne me plaisait pas du tout.
09:13Et quelques jours après, je découvre une fissure d'un mètre cinquante
09:16dans la coque en carbone du bateau.
09:19Donc j'avais raison de m'inquiéter.
09:20Vous aviez raison.
09:21Et quelles conséquences ça a eu pour la suite ?
09:24J'ai dû réparer.
09:25Donc vous avez encore moins dormi.
09:26C'est ça.
09:28Heureusement, la fissure n'était pas traversante.
09:29On a eu très peu avec l'équipe que la fissure soit jusqu'à l'extérieur.
09:32Mais heureusement, ce n'était que sur la peau intérieure.
09:35C'est là que tout a failli vraiment se jouer, Jules.
09:37Vous pulvérisez le record.
09:39Mais est-ce que vous avez eu des félicitations aussi d'Armel ?
09:42Oui, bien sûr.
09:43Voilà, Armel, on se connaît depuis longtemps.
09:44Il m'a embauché en 2010 dans son équipe.
09:46J'ai travaillé pour lui.
09:48Et juste avant l'arrivée, j'ai eu un petit WhatsApp de sa part pour me féliciter.
09:53Dernier mot, vous êtes à vrai.
09:54C'est l'énorme manque qu'on gagnait cette fois-ci.
09:56Les Bretons, souvent, sont bien placés pour le Vendée Globe.
09:58Est-ce que ça a une saveur particulière ?
10:00Ça fait toujours plaisir de battre les Bretons, même si c'est vrai que mon projet est basé là-bas.
10:04Je m'entraîne aussi au Paul Fischer, aux courses larges, qui est dans le Finistère.
10:08Mais voilà, c'est vrai que ça fait plaisir de gagner le Vendée Globe.
10:15Bravo à vous, vraiment.
10:16On est vraiment très contents de vous recevoir.
10:18On va vous souhaiter bonne nuit aussi.
10:19Bon, bonne nuit fractionnée.
10:21Vous n'allez pas dormir très longtemps, malheureusement pour vous.
10:23Mais bravo à toute l'équipe aussi, Massif Santé Prévoyance,
10:27parce que vous étiez combien ? Ils étaient combien derrière vous ?
10:30On est une douzaine sur la partie technique, et puis après il y a toute l'équipe comme.
10:33Mais c'est vrai que c'est une victoire d'équipe, et plusieurs fois, il y a des moments difficiles.
10:38Et je dis, tu n'as pas le droit de baisser les bras, juste rien que pour eux,
10:41rien que pour tout l'engagement qu'ils ont donné, le travail qu'ils ont fourni pour en arriver là.
10:45C'est comme un cordon ombilical à l'autre bout du monde.
10:48Bravo à vous, en tout cas, Charlie Dalin, et merci d'être intervenu ce matin sur Sud Radio.