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Alain Bauer, professeur de criminologie, est l’invité du face-à-face d’Apolline de Malherbe ce mardi 21 janvier. Il est notamment revenu sur le fléau du narcotrafic en France. 

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Transcription
00:00D'abord, sur ce qu'il se passe en ce moment dans des villes moyennes de France.
00:04On entendait hier sur BFM TV le maire de Mâcon.
00:08Mâcon, où ce week-end encore de nombreux locaux, mais également véhicules, ont été brûlés
00:14dans une forme d'intimidation, c'est ce qu'il raconte,
00:16de la part des narco-trafiquants, du trafic qui s'est emparé d'une partie de la ville.
00:22La maire de Besançon parle, elle, d'une prise de contrôle de certains quartiers par une véritable mafia.
00:28C'est le mot qu'elle utilise.
00:30Quelle est la réalité de ces territoires aujourd'hui, Alain Boer ?
00:34Est-ce que la réponse, notamment le fait d'envoyer la CRS 8 de ci, de là,
00:40est à la hauteur et surtout peut-être pérenne ?
00:43Alors d'abord, c'est pire et ça fait longtemps, mais c'est bien qu'enfin on ouvre les yeux.
00:49Même de grands journaux qui étaient connus pour le négationnisme par rapport aux questions criminelles.
00:54Vous exagérez, ce n'est pas vrai, pas du tout.
00:58D'abord, les gens le découvrent et pas seulement dans les villes moyennes, dans les villes petites.
01:03L'expansion aujourd'hui du trafic, du narco-trafic, des narcomicides,
01:07tous ces mots nouveaux qui visent à dire que, grosso modo,
01:10l'intégration entre l'expansion du trafic, à la fois en termes de production,
01:15de distribution et l'étendue massive de la consommation, notamment de cocaïne en France.
01:21Plus d'un million de consommateurs, ça a doublé en deux ans.
01:23C'est ça.
01:24La responsabilité des consommateurs est considérable.
01:26Non, la responsabilité des consommateurs, c'est des malades.
01:28Il faut arrêter avec la pénalisation du consommateur.
01:31Le producteur est un criminel, le trafiquant est un criminel, le consommateur est un malade.
01:35Vous n'êtes pas du tout d'accord avec cette phrase, par exemple, d'Éric Dupond-Moretti,
01:38qui disait, pour culpabiliser celui qui fume, notamment un joint,
01:42le joint a le goût du sang sur le trottoir.
01:44Il a le droit de le dire, c'est de la com'.
01:46Je ne fais pas de la com', je fais de la criminologie.
01:48C'est un métier particulier qui nécessite de faire un diagnostic à peu près cohérent
01:52et qui nécessite qu'on soit d'accord sur la nature du diagnostic.
01:55Si le patient n'est pas d'accord, ça ne sert à rien.
01:57Ensuite, on établit un pronostic.
01:58Qu'est-ce qu'on peut faire ?
01:59Et ensuite, des options thérapeutiques.
02:01On peut se mettre sur la gueule sur les options thérapeutiques.
02:03C'est normal.
02:04Mais quand on a zéro diagnostic, voilà.
02:06Et ça, c'est que de la com', c'est de la com' vide de sens.
02:09Voilà, on punit les producteurs, si on peut.
02:12On produit de plus en plus en France, sur le territoire national.
02:15On produit sur le territoire national, ça ne vient pas uniquement notamment d'Amérique du Sud.
02:18Massivement du cannabis et surtout des drogues de synthèse.
02:21Nous avons retrouvé des laboratoires comme autant de la French Connection.
02:24Donc, on a un problème de production.
02:26On a un problème de distribution, y compris distribution sur Internet.
02:29Entre deux pizzas et un burger, vous avez droit à votre petite dose de tout ce que vous voulez d'ailleurs.
02:34Avec des tarifs, des incentives.
02:36Uber Cheat, comme on dit.
02:37Uber Cheat, absolument.
02:38Et puis, vous avez un problème de consommateur.
02:40Depuis Claude Olivenstein, il y a 50 ans, on sait que le consommateur doit être traité comme quelqu'un qui est addicté,
02:45qui est donc malade et qu'il faut traiter comme un alcoolique.
02:48Pour résumer, même si c'est un peu exagéré, mais c'est le fond de ma pensée.
02:53Et si on ne traite pas le consommateur comme un malade, on ne traitera jamais du problème du trafic.
02:58Jamais.

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