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Amnon Weinstein est luthier. Né en 1939, il a eu la chance d'arriver à Tel Aviv juste avant la guerre avec ses parents. Tout le reste de sa famille a disparu. Depuis une vingtaine d'années, il restaure les violons de la Shoah. Ceux qui ont été retrouvés dans les camps, ceux qui ont été abandonnés ou confiés avant la déportation... Il leur redonne vie pour ensuite les faire jouer à nouveau et permettre ainsi de faire entendre la voix des absents Amnon répare à sa manière la rupture ignoble de l'histoire. Il réunit des pièces de puzzle de cette population effroyablement décimée. Il nous amène à (ré) écouter des témoignages que l'on a tenté de réduire au silence. Il fait vivre le prolongement des absents. Il répare, il transmet, il nous rappelle le passé pour mieux protéger l'avenir. Chacun de ses violons mériterait un film à lui tout seul. Mais parler de l'ensemble de sa collection c'est montrer combien l'horreur de cette guerre a été aussi bien protéiforme qu'insensée. Mais malgré toute la vie continue et on n'oublie pas les disparus. Amnon Wenstein est décecé en mars 2024 depuis la premiere diffusion du film en 2022 Année de Production : 2022

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Transcription
00:00Musique d'ambiance
00:21Musique d'ambiance
00:30Ce violon là, ce sera la première fois qu'on va le jouer avec,
00:35après deux ans, deux ans et demi de travail.
00:43Le violon, un officier américain,
00:48il était prisonnier de guerre.
00:51Après la libération, il avait trouvé le violon dans un camp.
00:56Il n'avait pas marqué où.
00:59Et le violon, il était à côté du feu.
01:03Tout ça, c'est le symbole de ça.
01:07Et si le violon, il était encore cinq minutes
01:11au place où il était, à côté du feu,
01:14c'était fini.
01:16Ce n'était pas un violon.
01:26Et ce sera joué dans une belle, belle, belle, belle place.
01:34Et maintenant, à mon avis,
01:37il est en parfaite étape pour les conditions qu'il était avant.
01:47Musique douce
01:51Musique douce
02:15Depuis 25 ans,
02:17Amnon Weinstein restaure des violons liés à l'Holocauste.
02:21Un travail de mémoire
02:23qui a déjà redonné voix à plus d'une centaine d'instruments.
02:27Derrière chaque violon, c'est une histoire,
02:31un destin qu'Amnon nous révèle.
02:40Tu es le premier homme à jouer ce violon
02:44Oui, il était à côté du feu.
02:47Parce que nous ne savons pas ce qui lui est arrivé avant.
02:50Et nous ne savons pas si c'était joué dans un des camps
02:55ou privément dans les camps.
03:01De toute façon, c'est un instrument allemand.
03:05C'est en bonne condition, on peut dire, pour le moment.
03:08Mais c'était en horribles conditions quand je l'ai reçu.
03:12Tu dois commencer à jouer sur ce violon,
03:15comme tu le dis, un grand ton, un volet plein.
03:19Mais tu dois presser autant que tu peux.
03:23Pas de pitié.
03:25Pas de pitié.
03:27Presse jusqu'à ce qu'il sorte.
03:30Tous les problèmes.
03:33Et tu es, comment dire,
03:38tu ouvres le chemin.
03:41Et peu de gens sont en ta position
03:44pour faire quelque chose comme ça.
03:47C'est un honneur.
03:50Merci beaucoup.
03:53Peux-je essayer ici ?
03:56Tu es là.
04:12C'est...
04:15Si quelqu'un me disait que ce son vient de ce violon,
04:19je lui dirais qu'il est en train de mentir.
04:22C'est impossible.
04:23Oui, ça a l'air génial, et pas ouvert.
04:27Je suis sûr qu'il va être...
04:29Après quelques jours ?
04:31Après quelques jours, oui.
04:34C'est incroyable.
04:36C'est incroyable.
04:38Je suis sûr qu'il y aura...
04:40Après quelques jours ?
04:41Oui.
04:42Wow !
05:08Tu comprends ce que tu joues ?
05:35J'ai pensé qu'il allait être ok.
05:37C'est beaucoup plus que ok.
05:39C'est parfait.
05:42Peut-être que c'est bien de mettre le violon à côté du feu.
05:46Peut-être.
05:48Ne l'essaye pas.
05:50Jamais.
05:52Je suis choqué, je dois le dire.
05:55Et pour avoir ce genre de son,
05:58je n'ai rien à dire.
06:00Et il va falloir travailler.
06:05Jusqu'aux années 1930 et au début de l'Holocauste,
06:09la musique était centrale dans la culture juive.
06:14Le chant rythmait le quotidien, qu'il soit religieux ou festif.
06:19Un chant bien souvent accompagné aussi par un violon.
06:36On peut diviser la musique juive
06:38avec d'une part la musique liturgique et traditionnelle,
06:41celle de la synagogue,
06:43qui a une longue tradition orale de chant, des textes liturgiques,
06:47que ce soit à la synagogue ou dans les foyers.
06:56Et puis nous avons d'autre part la musique andouillese,
07:00la musique religieuse,
07:02et puis nous avons d'autre part la musique en dehors de la synagogue,
07:06en particulier pour les occasions spéciales, comme les mariages,
07:10où la musique était la plus vivante,
07:12avec notamment l'utilisation d'instruments.
07:18Et pour les mariages dans les villes,
07:20mais aussi dans les petits stétels et dans les villages,
07:24il y avait des groupes klezmer qui jouaient pour faire danser les invités.
07:33Le violon
07:41Le klezmer vient du yiddish et de l'hébreu, c'est la même chose.
07:45Klezmer. Klez, c'est un instrument.
07:48Zemmer, c'est de chant.
07:50C'est-à-dire qu'on faisait chanter le violon.
07:53C'est-à-dire que le violon devenait l'écho,
07:56la résonance, l'écho de l'âme humaine.
07:59Et le violon, il ne pouvait pas être plus libre que ça.
08:04Et c'est peut-être une des raisons qui a fait que
08:07les communautés juives étaient très liées à cet instrument portable, évidemment,
08:12qui nous suivait de partout.
08:16Les juifs ont souvent été obligés de s'enfuir.
08:23Ils étaient évacués, parfois expulsés de certains pays
08:29comme l'Espagne, l'Allemagne et d'autres.
08:34Et c'est facile de prendre un violon sur le bras
08:39et de s'enfuir avec.
08:44À mon époque, quand j'étais enfant,
08:49dans tous les quartiers, quelqu'un jouait.
08:53Les filles jouaient du piano et les garçons faisaient du violon.
08:58C'est une sorte de tradition juive.
09:05Après avoir restauré le violon brûlé,
09:08Amnon a souhaité que sa première mélodie
09:11soit jouée dans un lieu hautement symbolique,
09:14en mémoire de son propriétaire.
09:19Aux portes de Jérusalem, cette forêt incendiée
09:22où la vie revient peu à peu.
09:26Ce violon, comme beaucoup d'autres,
09:29est passé par les camps.
09:31À partir de la fin des années 30,
09:34les Allemands ont commencé à récolter
09:37et à construire leurs propres violons.
09:40Leurs violons sont devenus des instruments
09:43de la musique de l'époque.
09:45Les violons sont devenus des instruments
09:48de la musique de l'époque.
09:50Les violons sont devenus des instruments
09:53de la musique de l'époque.
09:55A partir des années 30, les Allemands ont commencé
09:58à réquisitionner les pianos pour équiper leurs écoles.
10:01Les violons ont pu en revanche être cachés.
10:04Et c'est ainsi que nombre de Juifs sont arrivés
10:07dans les camps avec leurs instruments.
10:14Pour les camps, c'est très simple.
10:17Si quelqu'un se définit comme un musicien
10:20en termes de poids lorsqu'il est déporté,
10:23si cela fait partie de son identité
10:26et que c'est un instrument qui se transporte,
10:29on ne parle pas de piano, bien sûr,
10:32mais si c'est un violon ou une flûte,
10:35il va le prendre avec lui.
10:41Il ne faut pas oublier que dans tous les camps,
10:44c'était une orchestre.
10:47A Auschwitz, c'étaient différents camps.
10:50Alors c'était le camp de Auschwitz
10:53avec les arbres de Frey.
10:56Là à côté, 100 m de ça,
10:59c'était la place de l'orchestre de Auschwitz.
11:06On a compté jusqu'à 6 orchestres Auschwitz,
11:09dont le principal n'avait pas moins de 120 musiciens.
11:12Peu de survivants ont témoigné
11:15de cet aspect-là des camps.
11:18J'ai eu l'occasion d'entrer à l'orchestre
11:21parce qu'il y avait un orchestre dans le camp.
11:24J'ai été accepté à l'orchestre, très bêtement,
11:27je ne sais pas comment.
11:30J'étais le chanteur de l'orchestre.
11:33Nous étions environ 60 ou 80 musiciens dans l'orchestre.
11:36Nous ne devions pas jouer en plein air
11:39parce qu'on avait le local numéro 24
11:42donc à l'entrée du camp.
11:45À gauche, il y avait le bloc numéro 24
11:48qui était plus grand que les autres.
11:51Et là, on devait donc jouer nos marches,
11:54fenêtres ouvertes même en hiver.
11:57Pourquoi y avait-il des orchestres
12:00dans les camps d'Auschwitz?
12:03Pourquoi jouait-on à certains moments et pas à d'autres?
12:06Déjà, dans un premier temps,
12:09il y avait les gens qui allaient travailler.
12:12La musique rythmait la cadence de leurs pas.
12:15Mais cela créait aussi une forme d'illusion.
12:18L'espoir, c'est ce qui survit le plus longtemps.
12:21On savait que l'on risquait de mourir
12:24mais on ne l'intégrait pas forcément.
12:27Et cette musique offrait l'illusion
12:30qu'ils allaient vraiment travailler,
12:33qu'ils allaient vivre une vie très dure
12:36mais qu'ils allaient continuer à vivre.
12:39Et puis la musique avait une autre raison d'être.
12:42Quand on regarde les camps de l'opération Reinhardt,
12:45à savoir les camps de Belzec, Sobibor et Treblinka,
12:48la musique des orchestres permettait de couvrir
12:51les cris de ceux que l'on emmenait mourir
12:54alors même que d'autres attendaient de savoir
12:57quel sort les tensionnaires leur réservaient.
13:01Évidemment, on ne pouvait pas jouer de la musique
13:04de compositeurs juifs, c'était interdit.
13:07Il fallait que ce soit des ariens,
13:10de Beethoven, de Mozart, de Wagner, tout ça.
13:13Moi, je me souviens encore de l'ouverture
13:16de l'Enlèvement au Serail de Mozart.
13:19Ça se joue encore, je l'entends presque tous les matins
13:22quand je me lève, j'ai cette musique dans les oreilles.
13:30C'est bizarre, mais c'est comme ça.
13:34La musique n'appartenait pas aux Juifs.
13:37Les nazis ressentaient le besoin d'écouter de la musique.
13:40Ils avaient des spectacles d'opéra,
13:43des représentations d'orchestre pour eux-mêmes,
13:46pour soulager leur stress, pour supporter le contexte.
13:49Je ne dis pas qu'ils étaient humains ou pas humains.
13:52Je dis que même eux avaient besoin de musique.
14:01Qui aurait pu imaginer l'ampleur de la Shoah ?
14:04Six millions de Juifs exterminés.
14:07Et la famille d'Amnon n'a pas échappé à ce triste destin.
14:12Toutes les personnes qui étaient de notre grande famille,
14:15après la guerre, c'était quatre personnes.
14:18Ma mère, mon père,
14:21un frère de mon père,
14:24qui avait habité à Italie,
14:27un petit frère de mon père,
14:30qui avait habité aux Etats-Unis,
14:33et moi. Je suis né à 1939,
14:36deux mois avant la guerre.
14:39Mon père et ma mère,
14:42on avait décidé de venir en Israël,
14:45en Palestine, à l'époque.
14:48Après, on est arrivés à Tel Aviv.
14:51Il était professeur de violon et un petit peu luthier.
14:54Avant de partir, il avait dit à tout le monde
14:57« Tous les Juifs ont joué le violon, qui va l'épreuver ? »
15:07Moshe était une personne vraiment spéciale.
15:12Vraiment.
15:19Je passais beaucoup de temps dans son atelier.
15:25C'était un homme très intelligent.
15:29Il a beaucoup fait pour les enfants israéliens,
15:33pour les jeunes violonistes comme Zuckerman
15:38et Shlomo Mintz.
15:41Il a dédié sa vie à ça,
15:45à éduquer les petits Israéliens.
15:50Je l'aimais. Je l'aimais réellement.
15:54Je l'aimais.
16:00Et là, tous les musiciens qui sont arrivés survivants,
16:03après 1945-1946,
16:06ont été venus.
16:09La première adresse qu'on avait connue,
16:12c'était mon père.
16:15La première chose que mon père lui avait donnée,
16:18c'était de jouer quelque chose.
16:21Les musiciens avaient pris le violon, jouaient.
16:24Après cinq minutes, mon père avait pris aussi le violon.
16:27Et les deux, on avait joué deux ou trois heures,
16:30on oubliait tout le monde.
16:33Et ça, c'est ma première mémoire du violon.
16:36Mon père avec les survivants.
16:43Et pour moi,
16:46depuis que j'étais gosse,
16:49j'ai préféré la lutterie.
16:55Âgé d'à peine 20 ans,
16:58Amnon part alors à Crémone, en Italie,
17:01la capitale mondiale de la lutterie.
17:05Crémone, bien sûr, a une grande importance
17:08pour l'histoire de la lutterie.
17:11Les meilleurs luttiers ont vécu là
17:14à certaines périodes de l'histoire.
17:17Des gens comme Stradivari ou Garneri
17:20et bien d'autres ont travaillé là
17:23et on sait combien ils ont compté pour l'histoire de la lutterie.
17:32Crémone, une ville à laquelle Amnon
17:35est toujours restée très attachée.
17:39Ça, c'est une beauté exceptionnelle.
17:43C'est ici que l'on forme depuis des siècles
17:46l'élite de la lutterie.
17:49Pendant 3 ans, Amnon va apprendre son métier
17:52dans des conditions exceptionnelles.
17:55Alors, on était 5 élèves
17:58avec les 3 meilleurs professeurs d'Italie.
18:01On ne peut pas avoir mieux que ça.
18:04Après, j'étais à Paris, chez Étienne Batelon.
18:08Étienne Batelon, le plus grand luttier français
18:11dont la réputation était mondiale.
18:17Batelon perçoit tout de suite le potentiel d'Amnon.
18:20Il le forme pendant une année
18:23et viendra ensuite régulièrement le voir travailler en Israël.
18:29Il a pris la suite de son père.
18:32Il est très très talentueux,
18:35extrêmement talentueux.
18:38À une époque, il était indéniablement
18:41le principal luttier pour fabriquer
18:44et restaurer les violons en Israël.
18:51Nombreux sont les jeunes luttiers
18:54qui souhaitent se former auprès d'Amnon.
18:57Au début des années 2000,
19:00un jeune apprenti allemand vient passer quelques mois.
19:03Il a construit dans son atelier un violon qui prend la poussière.
19:07Quand il avait pris un violon, enlevé la poussière,
19:10il avait vu un super violon allemand
19:13d'un très connu luttier allemand.
19:16Il avait demandé, qu'est-ce que c'est ça ?
19:21Ce violon est le vestige d'une importante page
19:24de l'histoire israélienne.
19:27En 1936, les violonistes juifs rencontrent
19:30de plus en plus de difficultés
19:33dans les différents orchestres européens,
19:36en particulier en Allemagne,
19:39où ils n'ont plus le droit de jouer.
19:42Un musicien d'origine polonaise,
19:45Bronislav Huberman, décide alors
19:48de créer en Israël un orchestre philharmonique
19:51pour les accueillir.
19:54Il va ainsi sauver un millier de personnes.
19:57C'est un orchestre philharmonique
20:00car les Allemands étaient réputés
20:03pour être parmi les meilleurs luttiers du monde.
20:06A la fin de la guerre, alors que la vérité
20:09des horreurs a éclaté, en Israël,
20:12c'est le boycott total.
20:15Tout le monde veut se débarrasser
20:18de ces instruments maudits.
20:21Les musiciens ne voulaient pas jouer
20:24avec des violons cassés.
20:27On avait dit à mon père, très simple,
20:30si toi tu n'achètes pas les violons,
20:33on les casse.
20:36Mon père, pour lui, un violon cassé comme ça,
20:39c'était impossible.
20:42Il avait acheté tout ce qu'il pouvait
20:45et il savait que jamais il ne pouvait
20:48faire une affaire avec ça.
20:51Il avait pris de la poussière
20:54pendant des années.
21:00Le jeune apprenti d'Allemagne de l'Est
21:03propose à Amnon de venir faire une conférence à Dresde
21:06pour raconter l'histoire de ces violons.
21:11C'est difficile, c'est difficile ça.
21:14Parce que quand on parle de ça,
21:17ça revient tout.
21:20Je ne voulais pas toucher l'Holocauste dans ma vie
21:23pour beaucoup, beaucoup, beaucoup d'années.
21:26Je ne voulais pas voir, savoir
21:29à cause de...
21:32J'avais toujours demandé à ma mère
21:35où est mon père, mon grand-père,
21:38où sont mes cousins, tout le monde.
21:41Elle m'avait amené les livres sur le Vilnius
21:44avec toutes les places, les photos,
21:47et je me suis dit que c'était là, c'est ta famille.
21:53Durant deux ans,
21:56le jeune apprenti va insister,
21:59inlassablement, jusqu'à ce qu'Amnon accepte
22:02de venir en Allemagne faire cette conférence.
22:05Pour tous ces luthiers, l'histoire des violonistes juifs
22:08pendant la guerre est une révélation.
22:11Et pour Amnon, c'est une véritable prise de conscience.
22:14Toutes ces histoires doivent être racontées.
22:17À la radio israélienne,
22:20j'étais introduit par une journaliste
22:23qui voulait savoir
22:26ce que j'avais fait à Dresden.
22:29Et je lui ai demandé
22:32à tout le monde qui avait un violon avec l'histoire
22:35s'il vous plaît, amène-moi,
22:38je veux voir ça.
22:41Il faut dire qu'il y a
22:44une, deux, trois,
22:47et c'est comme une boule de neige.
22:50Aujourd'hui, si je ne fais pas une erreur,
22:53il y a 110, 167 instruments
22:56dans la collection.
22:59Et c'est une collection incroyable.
23:04Amnon commence alors à restaurer tous les violons
23:07qu'on lui apporte en lien avec l'Holocauste.
23:10Mais s'il accepte de renouer avec l'histoire de la Shoah,
23:13il n'était pas pour autant prêt à faire face
23:16à certaines réalités.
23:19Un jour, un monsieur avait joué
23:22à Auschwitz dans la cheminée
23:25pour aller au gaz.
23:28Et il m'avait raconté tout ça.
23:31Il voulait que son grand-fils
23:34va continuer à jouer.
23:37C'était le premier violon que j'avais vu
23:40et j'avais attendu l'histoire
23:43qu'il avait racontée, comment c'était.
23:46Et là, quand j'avais établi le violon,
23:49c'était poudre noire.
23:52C'est un violon qui a joué à Auschwitz,
23:55dans lequel il a trouvé des traces de cendres.
24:01J'ai rien d'autre à dire.
24:07Il l'a fait revivre.
24:10Il l'a fait revivre.
24:13Pas facile.
24:16Ça, c'est vraiment pas facile.
24:22C'était difficile.
24:25Moi, j'avais gardé cette poudre
24:28beaucoup des années et à la fin,
24:31j'avais mis ça dans un trou dans la terre.
24:34Après ça,
24:37pas tout de suite,
24:40j'avais compris qu'on avait quelque chose en main,
24:43qu'on touchait l'histoire du Holocauste
24:46d'une manière
24:49plus facile pour les gens d'accepter.
24:52Parce qu'à parler tout le temps
24:55à 6 millions, c'est difficile.
24:58Mais voir un violon qui appartenait
25:01à un musicien,
25:04mais le violon, là, il parle pour 6 millions.
25:07Et quand le violon, il parle pour 6 millions,
25:10c'est une autre chose.
25:13Et là,
25:16on avait compris la force
25:19des violons de l'espoir.
25:26À partir de là,
25:29les violonistes du monde entier
25:32ont appris à jouer ces violons.
25:40Après ça, c'est l'histoire.
25:43C'est des concerts.
25:46En Europe, c'était quelqu'un.
25:49À Monaco, après, c'était à Londres.
25:52Et aux États-Unis, c'est ville après ville
25:55après ville après ville.
26:00Les violons, on dit qu'ils parlent
26:03dans mille langues.
26:06Alors, ils parlent
26:09pour que tout le monde puisse comprendre
26:12une chose, ce qui s'était passé
26:15à la guerre.
26:18Et c'est pour ça que c'est très, très, très important.
26:30...
26:38C'est un des sujets
26:41les plus importants qui existent.
26:44Et c'est une des choses
26:47les plus essentielles au monde.
26:50Et pas seulement en Israël.
26:53...
26:56Ce message
26:59qui dit que l'on ne peut jamais tuer
27:02l'esprit d'un être humain,
27:05peut-être que l'on peut tuer son corps,
27:08mais pas son esprit.
27:11Et le violon, depuis toujours,
27:14depuis le roi David et même avant,
27:17est le symbole de cet esprit
27:20et pas seulement du corps.
27:23C'est le violon,
27:26le violon de l'espoir,
27:29le violon de l'Holocauste.
27:32Et partout, pas seulement en Europe.
27:35...
27:38La prouesse d'Amnon consiste non seulement
27:41à redonner vie à ses violons,
27:44mais aussi à savoir affiner leur acoustique
27:47au point de leur permettre de jouer
27:50à l'orchestre d'un autre style.
27:53...
27:56...
27:59C'est une chose de faire un très beau concert
28:02en prenant un Stradivarius ou un Guarneri
28:05ou un autre instrument de facture italienne.
28:08Mais là, nous sommes face à quelque chose de différent.
28:11Ce sont les violons que les gens avaient à ce moment-là.
28:14Nous n'allons pas tricher et rajouter des Stradivarius
28:17parce qu'ils avaient vraiment à l'époque,
28:20et ils étaient assez simples,
28:23car ceux qui avaient des Stradivarius
28:26avaient eu les moyens financiers de fuir.
28:29Bien sûr que si on utilise un orchestre
28:32avec des Stradivarius et des Guarneri,
28:35cela va avoir un son formidable.
28:38Mais ce n'est pas notre démarche.
28:41Notre projet est de mettre en avant
28:45les violons de l'espoir.
28:48Les violons de l'espoir, c'est aujourd'hui
28:51une importante collection d'instruments à cordes
28:54ayant tous appartenu à des musiciens juifs
28:57avant et pendant la Shoah.
29:00Ces violons sillonnent le monde pour des concerts
29:03mais aussi des conférences dont le but est
29:06de sensibiliser le plus grand nombre
29:09à l'histoire de l'Holocauste.
29:12Le sommet des violons de l'espoir
29:15prend une telle ampleur qu'en 2019,
29:18à Cremone, en Italie,
29:21le plus important festival de lutterie au monde
29:24décide de les mettre à l'honneur.
29:27Ici, chaque année, se réunissent
29:30tous les plus grands luthiers
29:33et violonistes de tous les pays.
29:36À travers une exposition et un concert,
29:39pour Amnon, c'est la reconnaissance
29:42de toute une profession, à la fois pour son talent
29:45mais aussi pour son engagement.
29:48...
30:06Chaque vendredi, Amnon se rend
30:09aux puces de Tel Aviv.
30:12...
30:20Avec toujours l'espoir secret
30:23de retrouver des violons.
30:26...
30:41L'occasion aussi pour lui
30:44de trouver des outils aussi anciens
30:47que précieux pour son savoir-faire.
30:50...
31:12...
31:25Ici, les objets du passé
31:28ont une symbolique parfois un peu plus forte
31:31que dans le reste du monde.
31:34...
31:36À Jérusalem, Yad Vashem,
31:39le plus important mémorial
31:42de la Shoah au monde.
31:45Ici, on retrouve la trace
31:48de bien des victimes de l'Holocauste
31:51mais aussi de tous ceux
31:54qui, au péril de leur vie,
31:57ont protégé des Juifs.
32:00...
32:03...
32:06...
32:36Ils étaient effrayés par les voisins de la famille Tachlander,
32:41cachés dans ce lieu, cachés par Roger et par Daisy.
33:06C'est un des meilleurs moments dans l'orchestre de la police.
33:09Quand il découvre l'antisémitisme grandissant,
33:13il décide d'agir,
33:17il n'accepte pas,
33:20il profite de son poste
33:23pour dérober le matériel nécessaire à fabriquer des faux papiers.
33:30Et puis avec le temps, ça ne lui suffit pas,
33:34quand il entend parler d'une arrestation,
33:37il essaye de prévenir les personnes en danger.
33:42Sa vie devient sauvée d'autres vies.
33:45Juste avant la rafle du Veldivre,
33:48il accourt auprès d'une famille qui l'avait aidé auparavant,
33:52une famille qui se nomme Tachlander.
33:57Mes parents les connaissaient d'avant-guerre,
34:00parce qu'ils étaient voisins d'une tante de mon père.
34:06Et quand mon père a su qu'il allait avoir une grande rafle,
34:11celle du Veldivre,
34:14mes parents ont décidé d'aller chez Émile et Christiane,
34:18et mon père lui dit à Émile,
34:20écoute, tu fais ton baluchon à quatre pointes,
34:23j'emploie ces mots,
34:25ton baluchon à quatre pointes, et vous venez très vite à Courbevoie.
34:29Émile n'était pas tergiversé, il n'était pas très d'accord,
34:33enfin bon, il ne savait pas trop ce qui se passait,
34:36mais ça lui paraissait énorme
34:39qu'en France, pays des droits de l'homme, pays de la liberté,
34:43on vienne encore l'embêter,
34:45parce qu'il avait connu les pogroms en Pologne, à Lublin,
34:50et elle avait connu les pogroms en Lituanie.
34:53Donc en France, il dit, ce n'est pas possible.
34:56Alors à ce moment-là, je ne veux pas dire que c'est la légende,
34:59parce que mon père a sorti son revolver de service,
35:02et il dit, Émile, j'aime mieux te descendre
35:05que te laisser dans les mains de la Gestapo.
35:11Émile et Christiane acceptent finalement de suivre.
35:14C'est le début d'une cohabitation secrète
35:17qui durera toute la guerre.
35:20Dans l'atmosphère de l'époque,
35:23c'était quand même exceptionnel de prendre des risques,
35:26parce que vous prenez vraiment des risques.
35:28Quand on interrogeait ma mère, en l'occurrence,
35:31elle disait, non, parce que c'était eux, parce que c'était nous.
35:34On n'a pas réfléchi.
35:36Ils étaient en difficulté.
35:38On savait ce qui se passait dans Paris.
35:40On leur a dit de venir.
35:42Mais voilà, c'était aussi simple que ça.
35:45Alors que ce ne l'était pas.
35:47Ce n'était pas si simple.
35:49Presque tous les soirs,
35:51Roger franchissait le pas de la porte
35:54avec son violon de l'orchestre de la police,
35:57s'assied sur le bout du lit.
36:00Tout le monde était assis et il jouait.
36:03Et le père, Émile, s'appelait-il, chantonnait.
36:08Et quand il y a de la musique,
36:11il y a de l'espoir.
36:14Ça permettait de tenir.
36:18À la fin de la guerre,
36:20l'élanier et l'état clandeur forment une véritable famille.
36:24Ils se retrouvent chaque dimanche.
36:26Parfois, on sort le violon de sa housse
36:28pour célébrer le plaisir d'être ensemble.
36:31Ce violon est tellement chargé d'histoire
36:34que sa valeur affective est inestimable.
36:37Pour Gérard, se pose la question de l'après,
36:40alors qu'aucun membre de sa famille ne joue du violon.
36:45J'ai eu cette idée quand j'ai vu un reportage sur Antenne 2
36:48sur les violons de l'espoir.
36:50D'abord, j'ai été très ému par l'idée de récupérer les violons
36:54et les faire rejouer.
36:56C'était quand même quelque chose d'important.
36:59Donc je me suis dit, autant le donner à Noam
37:03et qu'il en fasse ce qu'il veut, mais qu'il le fasse vivre.
37:08C'est à la fin de l'année 2019
37:11que Gérard Lagné s'est rendu à Tel Aviv
37:14pour rencontrer Amnon et lui confier son violon.
37:26Bonjour.
37:28Bonjour, cher maître.
37:30Content de vous voir.
37:32Moi aussi.
37:35On attend ce moment.
37:37On arrive.
37:39Alors, je vous ai amené la chose.
37:42Oh là là, quelle belle boîte.
37:46Il est très beau.
37:48Oui.
37:49Il est très, très, très beau.
37:51Et complètement pas typique.
37:57Et votre père, il avait joué avec ça.
37:59Oui, oui.
38:00Comme ça.
38:01Oui, absolument.
38:02Magnifique.
38:10Moi, je ne peux pas trouver un défaut.
38:16Ça a été un moment assez émouvant parce que
38:19je découvrais le personnage,
38:22l'ambiance de son atelier, de l'outil.
38:27Et puis sa gentillesse d'accepter ce violon
38:31qu'il vivra en Israël,
38:34peut-être pour des années, des années, j'espère.
38:37Ça m'a rassuré de lui donner,
38:39mais en sachant que quelque part, mon père était là-bas.
38:4550 ans après la fin de la guerre,
38:47Monique, la fille d'Émile et Christiane,
38:50réalise toutes les démarches pour que Roger et Dési Lagné
38:53soient reconnus juste parmi les nations par l'État d'Israël.
38:58Quelle est la réaction de Roger et Dési
39:00qui reçoivent un appel de Yad Vashem ?
39:02Ils disent, mais non, on n'a rien fait de spécial.
39:05On a fait ce qu'on devait faire, c'est tout à fait normal.
39:08Non seulement ces gens avaient mis leur vie en péril
39:11pour sauver d'autres vies,
39:13mais en plus de ça, ils disent, non,
39:15ça ne pouvait pas être autrement.
39:17C'était comme ça.
39:19Et donc, ils deviennent juste parmi les nations,
39:21Roger et sa femme, Dési.
40:00C'était très émouvant quand je l'entendais pour la première fois.
40:16Je me demandais vraiment ce qu'ils allaient en faire.
40:20Et puis je me suis dit, ton père revit en Israël à travers son violon.
40:28Et puis quelque part, j'y suis un petit peu aussi.
40:32Ce qui me réjouit.
40:50Le violon va continuer à vivre.
40:53Et c'est ça, c'est notre programme.
40:56Parce que, OK, le musée, c'est une chose exceptionnelle.
41:01Et il y a des violons de l'horloge dans beaucoup de musées.
41:05Mais là, le violon s'est fermé.
41:09Et le violon s'était fait pour jouer avec.
41:14Ce n'est pas intéressant de garder le violon dans une vitrine.
41:18Il ne peut pas parler là-bas.
41:20Il ne peut dire rien du tout.
41:22Nous, on dit que le violon, il avait vu des choses qu'il ne peut jamais dire et expliquer.
41:29Mais il peut jouer et les gens peuvent comprendre.
41:40L'Holocauste a été une rupture dans le folklore juif, dans l'histoire juive, dans la musicologie juive.
41:48Parce que beaucoup de gens sont partis avec leur mélodie.
41:51Et on ne pourra plus jamais les reconstituer.
41:54On ne réalise pas qu'il n'y avait aucune documentation sur la vie dans les ghettos.
42:02Dans un premier temps, on a documenté la mort, mais pas la vie.
42:09Il aura fallu attendre 40 ans après la guerre
42:12pour que les historiens commencent enfin à s'intéresser à tout ce qui était lié au quotidien des déportés.
42:24Je me suis toujours demandé ce que va devenir la mémoire de l'Holocauste.
42:28Parce que moi, je suis d'une génération qui a côtoyé les survivants.
42:33Mais maintenant, les générations n'ont plus de survivants avec qui parler.
42:39Alors, qu'est-ce qui va rester ?
42:50Le dernier violon de la collection est arrivé de Belgique.
42:54Comme tous les autres, il est très chargé émotionnellement.
43:09Il y a beaucoup de travail encore.
43:15Quand j'ai eu 15 ans, je voulais absolument être violoniste.
43:20Mes parents ne comprenaient pas pourquoi.
43:22Il n'y avait jamais eu de musiciens dans la maison, ni dans la famille.
43:26Et voilà que j'ai la soeur de mon papa, qui arrive avec un violon à la maison.
43:33Et il était déjà dans une boîte très usée.
43:37C'était vraiment déjà comme une antiquité pour moi.
43:40Et puis je lui ai dit « Mais comment as-tu un violon comme ça dans ta possession ? »
43:44Il m'a dit « Écoute, ce sont mes grands-parents qui, avant la guerre, ont accueilli un jeune homme polonais,
43:54ont loué leur une chambre, mais il était très pauvre.
43:59Et il n'a pas supplié son loyer, il a laissé son violon.
44:03Et mon cœur s'est brisé.
44:14Et je me suis toujours demandé, à l'époque, pendant des années,
44:17« Mais comment peut-on enlever le seul bien qu'il possédait, ce jeune homme musicien ? »
44:23Et je pleurais quand je l'ai rencontré.
44:26Il était pour moi le symbole d'un grand chagrin.
44:32Ce jeune réfugié fuyait la vague antisémite.
44:35Sans argent, sans violon qui lui aurait permis d'en gagner, qu'a-t-il pu devenir ?
44:40A-t-il été arrêté ? Déporté ?
44:43Ses questions restaient sans réponse, autant tourmenter Catherine
44:47qu'elle s'est sentie responsable du bien le plus précieux de ce jeune homme.
44:51Il ne me serait jamais venu à l'idée de le vendre dans une brocante, par exemple.
44:55Et je me suis rendu compte, au fur et à mesure des années,
44:58que c'est parce que je ne voulais absolument pas qu'il soit désaisi de son histoire.
45:03Il y a eu tellement d'émotions avec ce violon.
45:06Il était tellement porteur de souffrances et d'émotions violentes
45:12que je me disais, je ne saurais jamais m'en séparer.
45:16C'est bien simple.
45:17Ou alors je vais le brûler.
45:19Je préférais encore le détruire que de le savoir
45:23dans des mains qui voulaient ignorer son histoire.
45:32Et un jour, je crois que j'avais déjà 60 ans,
45:35là j'ai dit, maintenant je ne peux plus attendre.
45:37Et j'étais sur Internet, j'ai tapé sur Google « violon juif ».
45:43En me disant, je vais peut-être trouver un musicien juif
45:46qui acceptera de le prendre avec son histoire.
45:49Et au fait, je suis tombée sur les violons de l'espoir.
45:52Et c'est comme ça que je suis entrée en contact avec Amnon Weinstein.
45:57Et ça s'est enchaîné, voilà.
46:02Il était très saisi parce qu'il avait trouvé des fleurs séchées dans le violon.
46:07Comment ça se fait, des fleurs séchées dans le violon ?
46:10Je dis, mais c'est parce que je mettais des fleurs dans la caisse du violon.
46:16Pour moi, c'était la sépulture du jeune homme.
46:19Enfin, c'était lui rendre hommage quelque part.
46:22Et donc il y a eu des fleurs qui sont tombées à l'intérieur du violon.
46:26Donc quand ils ont ouvert le violon, ils ont trouvé des fleurs.
46:30Et Amnon s'est dit, ben ça, on va les garder.
46:34Il ne peut pas y avoir une histoire plus humaine, plus belle.
46:39Ça, c'est de l'espoir.
46:41Ces fleurs.
46:44Pas seulement ça fait partie de l'histoire du violon,
46:46mais c'est une des plus belles parties de son histoire.
46:49Ça veut tout dire.
46:54Je pense que ça pourrait...
46:56C'est un peu comme de la musique.
46:59Particulièrement touché par l'histoire de Catherine,
47:02Amnon a décidé de rendre un hommage à ce violon avant de le refermer.
47:07Pour cela, il a demandé à Yaïr Dalal,
47:10un des ambassadeurs des violons de l'espoir,
47:12de jouer dans un chant de fleurs.
47:14Le violon, c'est un instrument de la musique,
47:17c'est un instrument de l'espoir,
47:19c'est un instrument de l'espoir,
47:21c'est un instrument de l'espoir,
47:23c'est un instrument de l'espoir,
47:25de jouer dans un chant de fleurs pour le jeune homme disparu.
47:55...
48:15Je crois que le plus grand bonheur que j'ai eu,
48:20c'est de savoir qu'il allait là où il devait être.
48:23Parce que ça a été vraiment une histoire d'amour de toute ma vie, ce violon.
48:3725 ans après le début de l'aventure des violons de l'espoir,
48:41la France a voulu rendre hommage à Hamnone
48:44en lui décernant la plus haute décoration honorifique qui existe,
48:48la Légion d'honneur.
48:53Je suis fier de l'avoir rendue en tant que chevalier de la Légion d'honneur.
49:06Merci.
49:10Je n'ai jamais pensé que j'allais faire ça,
49:14que j'allais faire ça,
49:16que j'allais faire ça,
49:18que j'allais faire ça,
49:21je n'ai jamais pensé dans ma vie
49:24que j'allais arriver avec une position de cette taille.
49:28Parce que le seul violoniste qui a eu
49:34c'est Étienne Batelot, mon professeur.
49:38Nous avons été dans de très bonnes conditions.
49:41Et je dois le rappeler,
49:44parce que chaque fois que j'ai fait un nouveau pas dans ma vie,
49:48Je l'ai appelé et je lui ai dit « Etienne, je travaille maintenant avec l'instrument de la seconde guerre mondiale, que penses-tu de ça ? »
49:59Il m'a dit « Va, va, va, et je serai toujours derrière toi ». C'est Etienne.
50:07C'est rien, ça. C'est un collage de violon. Le résultat de tout le travail, c'est après.
50:22Maintenant, je peux dire que trois quarts du travail, c'est fini. Maintenant, c'est encore une fois un violon.
50:32Et moi, j'espère que jusqu'à la dernière minute de ma vie, je serai sur mon établi.
50:46Je trouve ça très important. Il faut. On ne peut pas l'arrêter. Si j'arrête, ça veut dire qu'un ou deux ou trois violons ne seront pas complets.
51:01Et ça me fait mal. Et je suis fier de chaque violon, parce que chaque violon, c'est différent.
51:15Maintenant, on les laisse dormir jusqu'à demain matin.

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