La loi sur l’aide à mourir découpée par François Bayrou.
Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00L'édito politique Patrick Cohen, la loi sur l'aide à mourir, découpée par François Bayrou.
00:06S'il n'était question de fin de vie, on parlerait d'une lente agonie, mais sur un sujet aussi grave que complexe,
00:11on fera le constat d'un terrible gâchis. Voilà en effet, un débat politique engagé de façon exemplaire,
00:16par une convention citoyenne, qui après 27 jours de débat, se prononce au trois-quarts
00:21pour le développement de soins palliatifs et en faveur d'une aide active à mourir, c'est-à-dire du suicide assisté.
00:26C'était au printemps 2023. Ensuite, un an plus tard, par un projet de loi qui crée une sorte de nouveau droit,
00:33la liberté de disposer de sa mort, avec une clause de conscience pour les soignants, des conditions,
00:38des critères stricts sur l'état de santé, le degré de souffrance, le pronostic vital, la volonté libre et éclairée.
00:43Un droit nouveau qui n'empiète sur aucun autre et qui, comme l'IVG ou le mariage homosexuel,
00:48rencontre des oppositions de nature philosophique ou religieuse, mais qui, contrairement aux deux autres réformes,
00:54fait l'objet, à l'Assemblée, d'un débat digne, sérieux, sans caricature, où chacun expose calmement ses expériences personnelles
01:02et ses convictions intimes. Les députés devaient voter le 18 juin, il restait une semaine de débat et puis…
01:08L'Assemblée a été dissoute.
01:10Ce qui oblige les députés à tout reprendre. Mais pour ne pas repartir de zéro, l'élu modem Olivier Falorni
01:15fait un copier-coller du texte issu des débats du printemps, il rallie à sa proposition 235 députés de tous bords,
01:22sauf du RN, un nouveau débat est prévu fin janvier et puis…
01:26Michel Barnier est renversé.
01:28Et remplacé par un Premier ministre notoirement hostile, à l'aide à mourir, ne faisons pas un service public pour donner la mort,
01:35avait dit François Bayrou au moment de la Convention citoyenne. D'où sa décision, non pas d'enterrer la loi,
01:41mais de la couper en deux, ce qui, en réalité, revient au même.
01:44Pourquoi dites-vous ça Patrick ?
01:45D'abord parce que les soins palliatifs n'ont pas besoin de lois, ils ont besoin de moyens, les traiter à part,
01:51avec une loi séparée, c'est donner raison aux anti-euthanasies qui expliquent qu'avec des soins palliatifs partout,
01:56on verra bien que l'aide à mourir n'a pas lieu d'être.
02:00Ensuite, pour des raisons de calendrier, élaborer deux nouveaux textes avec quatre lectures,
02:04deux dans chaque chambre, rendrait périlleuse leur adoption d'ici la fin du quinquennat.
02:09Les opposants ont donc gagné ?
02:11Pas encore, Yael Braun-Pivet, la Présidente de l'Assemblée, en a fait un combat personnel avec le soutien de nombreux députés,
02:16face aux opposants Bayrou, Retailleau, Larcher, le Président du Sénat,
02:20on attend de savoir ce que va faire Emmanuel Macron, c'est lui qui a lancé le mouvement,
02:24après beaucoup d'hésitations, la fin de vie qui devait être la grande réforme sociétale de ce quinquennat,
02:29sujet essentiel pour beaucoup d'entre nous, qui renvoie chacun à des situations ou à des souvenirs personnels infiniment douloureux,
02:36mérite en tout cas d'aller au bout du débat parlementaire et sans délai,
02:41ou sinon d'un débat référendaire devant tous les Français.