Élisabeth Borne, ministre d'État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche défend le programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, "très attentif à apporter les bonnes informations en fonction de l'âge de l'élève", dit-elle. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-23-janvier-2025-8411723
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00:00Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin une ancienne première ministre, aujourd'hui
00:12ministre de l'Éducation Nationale, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche.
00:16Vos questions et réactions au 01 45 24 7000 et sur l'application Radio France.
00:24Elisabeth Borne, bonjour.
00:26Bonjour.
00:27Et bienvenue sur Inter, cela fait un mois, jour pour jour, que vous avez été nommée
00:32Rue de Grenelle et numéro 2 du gouvernement de François Bayrou, et c'est votre première
00:38grande interview depuis votre nomination et la prise en main de vos dossiers.
00:43On a évidemment beaucoup de questions à vous poser les auditeurs aussi, du choc des
00:49savoirs à l'éducation sexuelle à l'école, en passant par la situation des écoles à
00:54Mayotte.
00:55Mais d'abord, un mot sur votre retour au gouvernement.
00:58On se rappelle que vous avez été démise de vos fonctions de première ministre il
01:04y a un an par Emmanuel Macron, qui avait alors nommé Gabriel Attal.
01:08Vous aviez raconté dans un livre, on vous avait reçu ici même à ce micro, le sentiment
01:14d'inachevé que vous aviez en quittant Matignon.
01:18Vous avez dit non à la proposition d'entrer ensuite au gouvernement au poste de ministre
01:23de la Défense.
01:24Pourquoi avoir dit oui pour l'éducation à François Bayrou ?
01:29Pour François Bayrou ?
01:30Alors, parce que notre pays est dans une situation difficile, je pense que chacun s'en rend
01:36compte, avec une assemblée qui n'a jamais été aussi éclatée depuis le début de la
01:43Ve République, et puis avec une censure aussi du gouvernement de Michel Barnier en
01:48pleine discussion budgétaire.
01:50Donc, ça veut dire qu'il faut absolument trouver un chemin pour sortir de ces difficultés.
01:55Et je pense que François Bayrou, il a à la fois la volonté et je pense la capacité
02:01à chercher des compromis, à parler à tout le monde, et des compromis avec la gauche
02:07réformiste, de la gauche réformiste à la droite républicaine.
02:10Et moi, j'ai souhaité mettre mon expérience, mon énergie au service de sa démarche, à
02:16la tête d'un ministère dont je pense qu'il est absolument crucial pour l'avenir de notre pays.
02:20De la gauche réformiste à la droite républicaine, les compromis, ils vont de là à là, pas au-delà ?
02:26C'est bien ce que je pense, oui absolument, et c'est du reste ce qu'on a pu voir dans
02:32le vote de la première motion de censure.
02:34C'est lui, c'est François Bayrou qui a trouvé les mots directement pour vous convaincre
02:38de revenir au gouvernement, ou c'est Emmanuel Macron ?
02:42Alors j'ai échangé avec les deux, et je vous dis, je pense que la situation politique
02:47inédite, elle appelle aussi tous ceux qui croient à la responsabilité en politique,
02:54qui veulent la réussite de notre pays, à ne pas rester les bras croisés, et aussi
02:58à s'engager pour trouver un chemin.
03:01Et s'engager à l'éducation nationale, c'est vertigineux comme la tâche est grande
03:06Lors de votre repassation de pouvoir avec votre prédécesseur, Anne Gentay, vous aviez
03:09eu cet aveu « je ne suis pas une spécialiste de ces sujets », ce qui avait fait bondir
03:13les syndicats, qui disaient en gros « on a l'impression qu'à l'éducation nationale
03:17se sont succédés 7 ministres sous Emmanuel Macron, parfois peu spécialistes, parfois
03:22loin de nos préoccupations », disaient les syndicats de profs.
03:26Après Jean-Michel Blanquer, Papandiaï, Gabriel Attal, Amélie Oudéa Castera, Nicole Belloubet,
03:32Anne Gentay, vous espérez pouvoir incarner une forme de stabilité dans ce ministère
03:36pour qu'Elisabeth Borne prenne des décisions qui ne changent pas tous les 6 mois, en fonction
03:39des ministres, comme s'en plaignent les proviseurs et les professeurs ?
03:42Vous savez, quand je dis que je ne suis pas une spécialiste, je ne veux pas dire que
03:46je ne connais pas les dossiers de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur
03:49et de la recherche, que j'ai pu voir à la fois comme ministre, puis comme première
03:54ministre.
03:55Je veux dire que je n'ai pas l'expertise, la connaissance des professeurs et des chefs
03:59d'établissement, et donc que je suis à leur écoute et que je pense que c'est important
04:03de leur faire confiance.
04:04Et effectivement, je pense que c'est important de garder un cap, d'avoir de la stabilité,
04:11et puis de faire confiance à ceux qui sont sur le terrain, qui sont devant leur classe
04:16et qui doivent avoir des marges de manœuvre pour apporter les réponses qu'ils considèrent
04:21les meilleures pour nos enfants.
04:23Jean-Michel Blanquer était un fervent défenseur de la laïcité, il a porté une profonde
04:29réforme du baccalauréat, Gabriel Attal, c'était l'interdiction de la baïa, le
04:34choc des savoirs, Elisabeth Borne, vous ce sera quoi ? Quelle sera votre ligne ? Comment
04:41la définissez-vous ?
04:42Écoutez, je pense que d'abord c'est une question de méthode, et je réunis tout à
04:48l'heure le haut encadrement de l'éducation nationale de l'enseignement supérieur et
04:53de la recherche, les recteurs, nos directeurs académiques, et je leur dirais que moi je
04:59compte sur eux pour prendre des initiatives, pour être le plus en adéquation avec les
05:06situations qu'ils rencontrent, et vous voyez quand on enseigne au cœur de Paris, dans
05:11le bocage normand que je connais, dans un quartier politique de la ville, la situation
05:15n'est pas la même, et donc je pense que cette confiance, cet appel à l'initiative,
05:21à l'innovation, c'est quelque chose qui me tient à cœur, et puis évidemment dans
05:25les sujets, il y a la question du niveau des élèves, quand on regarde les évaluations
05:30et qu'on se compare aux autres pays, on voit qu'il faut absolument élever le niveau
05:35des élèves, c'est quelque chose qui me tient à cœur.
05:36Oui, mais ça on l'entend, pardon, c'est vrai qu'on reçoit très souvent des ministres
05:40de l'éducation nationale, depuis 7 ans, on l'entend dans la bouche de chaque ministre
05:45de l'éducation nationale, en disant « les niveaux ne sont pas bons », on se souvient
05:48Nicolas et moi d'avoir reçu Jean-Michel Blanquer à votre place, qui disait « moi
05:52je vais être jugé sur les résultats, attendons de voir les nouvelles enquêtes internationales
05:55et vous allez voir le niveau des jeunes Français ».
05:58« Rendez-vous dans quelques années, vous verrez ».
05:59« Vous verrez, ça va monter en français, ça va monter en maths », on les voit, la
06:03dernière étude TIMSS, parue en décembre, montre que les élèves français en CM1,
06:06en 4ème, restent parmi les moins bons de l'Union Européenne et de l'OCDE en maths
06:10et en sciences.
06:11Il y a quelque chose qui me tient à cœur que vous ne soulignez pas, c'est qu'en
06:15plus le niveau entre les filles et les garçons, l'écart se creuse.
06:19C'est quelque chose que moi je ne peux pas accepter, à la fois à la question de
06:23niveau quand on se compare à nos voisins, donc je pense qu'il y a des réformes qui
06:27ont été menées, il y en a une qui me paraît très importante et je l'ai dit aux organisations
06:33syndicales, c'est de reprendre la concertation sur la formation des enseignants.
06:40On a fait beaucoup d'actions, le dédoublement des classes en maternelle, grande section,
06:46en CP, en CM1, la formation de nos enseignants, je pense que c'est quelque chose de crucial
06:50et puis je vous dis aussi de pouvoir donner des initiatives, de diffuser les bonnes pratiques.
06:55Et vous pensez que ça va améliorer ? Parce qu'il y a des choses qui ont été faites
06:58depuis sept ans, le macronisme éducatif ce n'est pas rien, il y a des choses qui
07:02ont été faites, sauf que les résultats ne sont pas là.
07:05On va continuer à y travailler et moi je veux le faire en confiance avec les professeurs,
07:10avec les chefs d'établissement, avec nos directeurs académiques, avec nos recteurs,
07:14moi je compte aussi sur eux pour innover, pour nous proposer des initiatives.
07:19Parlons moyens, parlons postes.
07:22Le précédent budget prévoyait la suppression de 4000 postes à l'éducation nationale,
07:29justifié par Michel Barnier par la baisse de la démographie scolaire.
07:35Vous avez obtenu de ne pas les supprimer, il n'y aura pas de suppression de postes ?
07:41Non, je vous confirme, effectivement, moi ça me tenait à cœur et c'est aussi ce
07:47qui est ressorti des concertations avec les différents groupes parlementaires.
07:52Je pense que c'est important parce que d'abord ça va faciliter la discussion sur la carte scolaire.
07:58Vous savez, moi je suis élu d'un territoire rural, quand on a une fermeture de classe,
08:02c'est quelque chose qui est très marquant pour un territoire.
08:06C'est souvent aussi pour des élèves la nécessité de prendre un transport scolaire,
08:11et donc c'est des pertes de chances, donc ça va faciliter la discussion sur la carte scolaire.
08:15Et puis ça va permettre de mettre précisément des moyens sur des priorités,
08:20sur le collège pour précisément élever le niveau des élèves.
08:26Pour l'école inclusive, c'est quelque chose qui est très important,
08:30c'est qu'on réponde mieux à ces enjeux d'accueil des enfants en situation de handicap.
08:34Et pour le climat scolaire, là aussi il y a des moyens qui sont prévus
08:38pour être en soutien de nos professeurs, de tous les personnels de l'éducation nationale.
08:43La suppression des 4000 postes est totalement abandonnée dans le budget ?
08:46Je vous confirme, oui absolument.
08:48Et on crée par ailleurs 2000 postes d'AESH pour accompagner les enfants en situation de handicap.
08:54Il n'y aura donc pas de suppression de postes dans les collèges et les lycées,
08:58il y aura-t-il des suppressions de postes par ailleurs dans les écoles ?
09:01Oui, parce que ce que j'essaie de comprendre, c'est que
09:04il semblerait que vous voulez les basculer plutôt sur les collèges et les lycées.
09:08C'est-à-dire que peut-être que les écoles élémentaires...
09:10Dans un effectif stable, on a effectivement une baisse démographique
09:14et on ne va pas ne rien changer.
09:17Mais par contre, ça sera moins difficile de faire une carte scolaire dans ce contexte.
09:25Et par ailleurs, il faut aussi qu'on puisse dégager des moyens pour les priorités que j'évoquais,
09:30pour mieux soutenir nos élèves au collège,
09:34pour mieux accueillir les élèves en situation de handicap
09:39et pour améliorer le climat scolaire.
09:41Venons-en au choc des savoirs au groupe de besoins au collège
09:45et aux brevets obligatoires pour entrer en seconde
09:48qui étaient les grandes mesures de Gabriel Attal
09:52il y a un peu plus d'un an quand il était votre ministre de l'éducation.
09:56Allez-vous les maintenir à la rentrée prochaine ?
09:59On commence par le brevet obligatoire pour passer en seconde.
10:03Ça, c'est abandonné ?
10:05Vous savez, le brevet ou son ancêtre,
10:09il date de l'après Seconde Guerre mondiale
10:13et il n'a jamais été une condition pour entrer en seconde.
10:18Je pense que c'est important de continuer à faire confiance au professeur,
10:22au conseil de classe.
10:24Evidemment, si un élève...
10:26Il voulait le rendre obligatoire.
10:28On est d'accord que c'est abandonné ?
10:30Ça n'a jamais été le cas depuis 1945.
10:33Je fais confiance au professeur, au conseil de classe.
10:37Si un élève échoue au brevet,
10:39c'est une alerte qu'il faut prendre en compte.
10:42Il peut avoir eu des difficultés personnelles,
10:45il peut aussi avoir besoin de soutien
10:47pour acquérir les savoirs fondamentaux.
10:50Il y a des expérimentations qui ont été lancées sur les prépas secondes
10:54qu'on va poursuivre.
10:56Et puis, on va aussi avoir des échanges, des concertations
11:00pour trouver d'autres modalités d'accompagnement,
11:03des stages de réussite, des soutiens.
11:06Sur les premiers mois de la seconde,
11:08mon objectif, c'est que les élèves réussissent.
11:10Elisabeth Borne, votre prédécesseur Anne Jeuneté,
11:13qui était entre vous et Gabriel Attal,
11:16était pour cette décision.
11:18Elle disait que rendre le brevet obligatoire
11:20aurait élevé le niveau d'exigence
11:22et celui de nos élèves.
11:23Elle trouvait que c'était une bonne mesure.
11:25Il y a deux sujets différents.
11:26Il y a le sujet du niveau du brevet.
11:28Je vous confirme que je veux élever le niveau d'exigence du brevet,
11:32supprimer les correctifs académiques,
11:35qui sont une espèce de péréquation
11:37pour que tout le monde ait le même taux de réussite au brevet.
11:41Donc on va supprimer ces correctifs académiques
11:44et puis on va revoir le poids respectif
11:47du contrôle continu et de l'examen,
11:50avec 60% sur l'examen final.
11:52Donc élever le niveau du brevet,
11:54oui, on va le faire, le niveau d'exigence.
11:56Deuxième grande annonce de Gabriel Attal,
11:58il voulait étendre les groupes de besoins,
12:00initialement appelés groupes de niveaux,
12:02qui existaient en 6e, 5e.
12:04Il voulait les étendre à la 4e et à la 3e.
12:07Là aussi, vous nous dites ce matin, non.
12:09Alors, les groupes de besoins,
12:11ils viennent de se mettre en place en 6e et en 5e,
12:14et ils feront l'objet d'une évaluation en juin.
12:17Donc on va les maintenir.
12:19Et il était prévu une heure de soutien
12:22en maths ou en français chaque semaine.
12:25Je laisse simplement, donc on dégage des moyens,
12:28plus de 500 postes pour soutenir nos élèves
12:31en 4e et en 3e.
12:32Mais je veux laisser de la liberté
12:34aux établissements pour trouver les bonnes organisations.
12:36Pour traduire concrètement,
12:38les groupes de soutien ne passent pas en 4e, 3e.
12:42En revanche, vous mettez à disposition
12:44des chefs d'établissement, si jamais ils veulent
12:46faire une heure de plus de soutien pour certains élèves.
12:48Si jamais ils doivent faire une heure de plus,
12:50ils s'organisent selon les modalités
12:53qui leur paraissent adaptées.
12:55Un mot sur Parcoursup, Elisabeth Borne,
12:57dans son discours de politique générale.
12:59François Bayrou a estimé que cette plateforme
13:02mise en place par Jean-Michel Blanquer
13:05était une question.
13:07Allez-vous remettre en cause Parcoursup
13:10ou profondément le modifier ?
13:12François Bayrou a répondu à une interpellation
13:15et il traduit ce que l'on entend tous,
13:19le stress des familles, des élèves
13:23sur l'accès à leur enseignement supérieur.
13:27Donc on améliore sans cesse ce dispositif.
13:30Vous trouvez ça bon, Parcoursup ?
13:32Vous savez, la question c'est
13:34comment fait-on pour rapprocher
13:36des centaines de milliers d'attentes
13:39d'étudiants, de lycéens, pardon,
13:42du choix de leur formation ?
13:45Il faut sans cesse améliorer le dispositif.
13:49C'est ce qu'on fait par exemple cette année.
13:51Je ne vais pas vous lister toutes les innovations
13:53qui sont adaptées.
13:54Mais où est-ce que ça pêche ?
13:55Selon vous, où est-ce que ça pêche ?
13:57Vous savez, j'entends des réactions,
14:00notamment le poids du contrôle continu
14:02dont on pouvait penser qu'il allait baisser
14:05la pression au moment du passage du bac.
14:08Il met de la pression.
14:09C'est comme ça que beaucoup de lycéens
14:11le ressentent tout au long de l'année.
14:13Donc il faut qu'on soit attentif
14:14à tout ce que nous disent les lycéens
14:17et qu'on travaille avec eux pour améliorer l'outil.
14:20Avant les questions des auditeurs,
14:21on en vient au sujet polémique de votre arrivée,
14:24le programme d'éducation à la vie affective et sexuelle.
14:27On rappelle que l'éducation sexuelle
14:29dans les écoles, collèges et lycées,
14:30c'est obligatoire depuis 25 ans
14:32à raison d'au moins trois séances par an.
14:34Mais cette disposition, dans les faits,
14:36est rarement respectée.
14:37Pour y remédier, un programme qui était prévu
14:39initialement pour la rentrée 2024
14:40devait être présenté le 12 décembre
14:42au Conseil supérieur de l'éducation.
14:44Bon, il y a eu la dissolution,
14:46il y a eu un flottement entre le gouvernement Barnier
14:49et le gouvernement Bayrou.
14:50Et surtout, ce projet suscite un fort rejet
14:52des élus de droite et d'associations conservatrices.
14:55Les élus des sénateurs LR ont alerté
14:57dans une tribune dans le Figaro en décembre
14:59pour dire que c'est un programme nécessaire
15:01mais en l'état inacceptable
15:02car il fait la part beaucoup trop belle
15:04à l'idéologie WHO, qui estime que le programme
15:06avait été réécrit, je cite,
15:08par des associations militantes
15:10qui demandaient le retrait de toute référence
15:12à la notion d'identité de genre
15:14dont on parle beaucoup.
15:16Donald Trump, avez-vous compris ses critiques ?
15:18Où s'en est-il, ces programmes d'éducation sexuelle ?
15:20Est-ce que vous allez enlever les références au genre ?
15:23Alors, vous avez raison de souligner
15:26qu'alors même que cette éducation
15:28est obligatoire depuis 2001,
15:30il doit y avoir 15% des élèves
15:32qui accèdent effectivement à cette formation.
15:35Peut-être comme élément de contexte,
15:37avoir aussi en tête
15:39qu'on a un enfant toutes les 3 minutes
15:43qui fait l'objet d'agressions sexuelles,
15:45souvent au sein de la famille.
15:47D'avoir en tête qu'on a plus de 2 millions
15:50de mineurs qui sont exposés
15:53à des contenus pornographiques sur Internet.
15:56Avoir aussi en tête
15:58que toutes les enquêtes le montrent
16:00et notamment celle du Haut Conseil à l'égalité
16:02entre les femmes et les hommes,
16:04le sexisme augmente.
16:06Et c'est effectivement quelque chose
16:08qui est très ressenti par les jeunes filles
16:10et par les jeunes femmes.
16:12Donc, je pense que cette éducation
16:14à la vie affective, relationnelle
16:16et à la sexualité,
16:18elle est absolument indispensable
16:20dans ce contexte-là.
16:22Moi, j'entends des critiques.
16:24J'ai aussi arrêté de partir
16:26de versions qui ont pu circuler.
16:28Je voudrais rendre hommage
16:30au travail qui a été fait par Anne Genté
16:32qui l'a relu très attentivement.
16:34Je l'ai relu moi aussi.
16:36Et je peux vous assurer
16:38que ce que je présenterai,
16:40ce qui vient d'être envoyé
16:42au Conseil supérieur de l'éducation,
16:44c'est-à-dire l'instance qui réunit
16:46des organisations syndicales,
16:48des associations de parents d'élèves,
16:50des associations familiales,
16:52des associations de parents d'élèves
16:54qui sont là pour apporter
16:56les bonnes informations
16:58en fonction de l'âge de l'élève
17:00qui doit permettre
17:02de transmettre des valeurs très importantes
17:04de respect de soi,
17:06de respect de l'autre,
17:08de promouvoir l'égalité
17:10entre les femmes et les hommes.
17:12Et l'idéologie, où est-elle liée ?
17:14La notion d'identité de genre
17:16figure quelquefois
17:18dans le programme.
17:20C'est une notion qui figure dans le code pénal
17:22qui réprime les discriminations
17:24en fonction de son sexe,
17:26de son identité de genre
17:28ou de son orientation sexuelle.
17:30Et là, ce sera en quelle année qu'on apprend
17:32les identités de genre ?
17:34C'est à partir du lycée qu'on évoque
17:36cette notion d'identité de genre.
17:38Ça fait partie du code pénal.
17:40Donc je pense que c'est important
17:42aussi d'expliquer aux lycéens.
17:44Mais vraiment, je vous dis,
17:46ce programme porte sur la vie
17:48affective et relationnelle
17:50dans le premier degré.
17:52Et on aborde les questions d'éducation
17:54à la sexualité dans le second degré.
17:56On passe au Standard Inter
17:58où Elodie nous attend.
18:00Bonjour et bienvenue.
18:02Oui bonjour, merci de prendre ma question.
18:04Je vous appelle de la part de ma soeur
18:06qui a 25 ans de carrière dans l'éducation nationale.
18:08Après des années d'enseignement
18:10dans le premier degré, elle est maintenant
18:12conseillère pédagogique dans le 93.
18:14Le ministère et la ministre
18:16parlent sans cesse de formation des enseignants,
18:18la promeut, il faut former, bien les former,
18:20valoriser la formation.
18:22Mais la réalité sur le terrain, c'est que ce sont souvent
18:24des contractuels qu'on exige
18:26de recruter à tour de bras, sans aucune formation,
18:28qui sont pour la plupart
18:30pas formables, qui se retrouvent là
18:32par hasard, souvent sans aucune appétence
18:34pour le métier et qui sont envoyés par Pôle emploi.
18:36Voilà la réalité du terrain
18:38dans le premier degré et il me semble
18:40et il lui semble, je l'appuie,
18:42que c'est un métier qui s'improvise.
18:44Comment vous expliquez le décalage
18:46entre la formation des enseignants
18:48au sens cursus universitaire et la réalité
18:50sur le terrain où sont recrutés
18:52à tour de bras des contractuels qui n'ont rien à faire là
18:54et qui n'ont même pas envie d'y être ?
18:56Merci Élodie pour cette question,
18:58Elisabeth Born vous répond.
19:00Alors, il n'y a pas de doute qu'il y a un problème
19:02d'attractivité, vous savez, c'est pas par choix
19:04qu'on recrute des contractuels,
19:06c'est quand les postes
19:08qui sont mis au concours ne sont pas pourvus
19:10et c'est notamment le cas dans l'académie
19:12de Créteil dont vous parlez.
19:14Il faut bien mettre
19:16un professeur devant les élèves.
19:18Les contractuels, ils sont naturellement formés,
19:20on essaie de les fidéliser, mais quand je dis
19:22qu'il faut revoir la formation
19:24de nos professeurs, c'est notamment
19:26aussi pour, sans doute
19:28et ça fait partie des sujets qui seront
19:30mis à la concertation,
19:32non pas les recruter en Master 2
19:34mais il y a
19:36une proposition de les recruter
19:38à la fin de la licence et puis
19:40ensuite de les former pendant deux ans
19:42ça permettra d'élargir le vivier
19:44et je pense que c'est aussi fondamental
19:46qu'on puisse les former sur les
19:48matières, les savoirs fondamentaux
19:50en maths, en français, en histoire géo,
19:52en SVT, en éducation morale
19:54et civique et c'est ces sujets-là
19:56dont on va discuter avec les organisations
19:58syndicales très prochainement.
20:00On repasse au standard, bonjour Roland.
20:02Oui bonjour, merci de prendre ma question
20:04je suis psychologue de l'éducation nationale
20:06sur ville urbaine dans un centre
20:08de standards de formation et d'orientation
20:10et puis je travaille en collège également
20:12et on est assez inquiet, ainsi que les familles
20:14sur les fermetures de standards de formation
20:16et d'orientation qui continuent
20:18et puis sur les pertes
20:20de postes de psyUN depuis
20:222017, il y a eu 500 postes
20:24de psychologues de l'éducation nationale
20:26et qui ont été perdus, donc on se demande
20:28comment on va continuer à pouvoir
20:30accompagner, que ce soit dans les écoles
20:32les collèges, les lycées, les CIO,
20:34les familles, que ce soit sur Parcoursup
20:36accompagner les élèves
20:38en situation de handicap,
20:40les élèves qui décrochent de l'école
20:42voilà, donc moi j'avais deux questions
20:44c'était auprès de la ministre
20:46c'était est-ce que du coup
20:48ces 500 postes, ils vont
20:50être récupérés
20:52et rebudgetés
20:54pour les enfants
20:56et les familles et puis
20:58également est-ce que l'émission
21:00des psychologues de l'éducation nationale
21:02resterait bien à l'éducation nationale
21:04parce qu'on entend parler
21:06de travail dans les départements, les régions
21:08et on voit pas comment ça sera possible si on reste pas
21:10dans l'école pour aider les familles et les élèves
21:12Merci Roland, pour ces questions
21:14Elisabeth Borne vous répond
21:16Alors bonjour monsieur, on a effectivement
21:18besoin de nos psychologues
21:20ils ont des missions
21:22très larges, ils peuvent être
21:24beaucoup sollicités par
21:26des élèves qui ont
21:28besoin aussi de parler à un
21:30psychologue et puis ils jouent un rôle
21:32important en termes d'orientation
21:34donc il est pas question
21:36de transférer
21:38ces psychologues à d'autres
21:40employeurs, à des collectivités
21:42et il faut au contraire
21:44qu'on puisse les mobiliser pour voir les postes
21:46vacants et on a absolument
21:48besoin évidemment, plus que jamais
21:50de nos psychologues de l'éducation nationale
21:52Mayotte, 5 semaines après le passage du
21:54cyclone Chido, les enseignants ont fait leur
21:56rentrée ce lundi, dans un contexte
21:58très compliqué, les élèves doivent retrouver
22:00leur salle de classe lundi prochain, il y a
22:02117 000 élèves scolarisés à Mayotte,
22:04combien vont pouvoir retrouver leur classe ?
22:06Combien d'écoles sinistrées ? Est-ce que tous
22:08les professeurs ont répondu à l'appel
22:10ce lundi, étaient là ou
22:12il y en a beaucoup qui n'étaient pas là
22:14épuisés, fatigués
22:16ou pas possibles de reprendre ?
22:18Alors, les professeurs
22:20rentrent progressivement, vous savez
22:22qu'un certain nombre n'étaient pas dans l'île
22:24au moment du cyclone
22:26et puis de la tempête d'Ikeledi
22:28ils ont pu avoir des difficultés
22:30pour revenir sur place, moi je sais qu'il y en a un certain
22:32nombre qui devaient précisément revenir le
22:34week-end où il y a eu la tempête, donc
22:36ils vont arriver un peu plus tard
22:38mais moi je n'ai pas de doute que
22:40vraiment, et je voudrais rendre hommage parce que
22:42tous les personnels de l'éducation nationale
22:44sont sur le pont
22:46avec une situation qui est évidemment
22:48catastrophique à Mayotte, après le
22:50passage de ce cyclone et de cette tempête
22:52tropicale, les établissements
22:54ont visite, on a évidemment
22:56des visites de sécurité
22:58pour s'assurer qu'on reprend dans des bonnes conditions
23:00on a un peu plus d'une
23:02trentaine d'écoles qui
23:04ne seront pas en situation de rouvrir
23:06donc c'est pour ça que moi j'avais souhaité
23:08qu'il y ait cette rentrée
23:10pédagogique pour que
23:12on puisse travailler, que les
23:14enseignants, les personnels de l'éducation
23:16nationale puissent préparer
23:18le bon accueil des élèves, ils y
23:20ont travaillé toute cette semaine et demain
23:22ils contacteront les familles pour préciser
23:24les modalités d'accueil.
23:26Vous avez rouvert récemment la question du temps scolaire
23:28aux parisiens vous disiez
23:30que les coupures longues se traduisent
23:32par des pertes de niveau pour les élèves
23:34les plus fragiles
23:36rien ne bougera donc en 2025
23:38mais pour 2026
23:40cela dépendra de l'issue
23:42des discussions, il y a une volonté
23:44ferme chez vous de réduire
23:46les vacances d'été
23:48qui sont de 8 semaines aujourd'hui
23:50Quand je dis qu'on ouvre une concertation
23:52ce n'est pas avec une volonté
23:54ferme d'avoir déjà une réponse
23:56en tête, vous savez moi ça me frappe
23:58quand je vais dans des collèges et dans des lycées
24:00il y a beaucoup d'élèves qui me disent
24:02la journée est trop longue
24:04si on voulait raccourcir
24:06la journée on voit bien qu'il faudrait
24:08sans doute réduire les vacances
24:10en même temps ça concerne
24:12évidemment un nombre considérable
24:14de personnes, des élèves, des professeurs
24:16des collectivités
24:18et donc c'est quelque chose qu'il faut prendre avec beaucoup de prudence
24:20et prendre le temps
24:22d'avoir ces échanges avec chacun
24:24Très rapidement, il nous reste très peu de temps
24:26Aline sur l'application d'Inter, un prof a encore été menacé
24:28pour avoir montré des caricatures au collège
24:30dans le doux, la laïcité est menacée
24:32comment vous soutenez les enseignants
24:34qui n'osent plus aborder ce sujet ?
24:36Alors moi je l'ai dit, je ne tolérerai
24:38aucune menace sur nos enseignants
24:40et je ne tolérerai
24:42aucune remise en cause
24:44de la liberté d'enseigner
24:46je voudrais saluer la réactivité
24:48des équipes
24:50qui ont à la fois de l'établissement
24:52et de l'académie
24:54on a immédiatement saisi le procureur
24:56mis en place la protection fonctionnelle
24:58pour notre professeur
25:00il y a une mesure conservatoire qui a été prise
25:02et l'élève passera en conseil de discipline
25:04puis peut-être vous dire aussi
25:06qu'on travaille avec le collègue
25:08en charge de la fonction publique pour que
25:10on puisse déposer plainte
25:12à la place de l'enseignant
25:14en tout cas moi je soutiens, je défendrai
25:16et je ne laisserai pas nos professeurs
25:18faire l'objet de menaces
25:20ou de remise en cause de la liberté d'enseignement
25:22Une toute dernière question, en remettant
25:24en chantier la réforme de retraite que vous avez portée
25:26Elisabeth Borne, François Bayrou, vous vous êtes-il désavoué ?
25:28Vous savez, moi je suis
25:30ouverte à toute amélioration
25:32Même les 64 ans ?
25:34On a une contrainte qui est
25:36l'équilibre du système de retraite, préserver
25:38notre système de retraite par répartition
25:40les partenaires sociaux nous disent
25:42qu'ils ont des idées d'amélioration
25:44Même les 64 ans
25:46Moi je vous le dis, ouvrons la liste
25:48Tous les sujets
25:50Et la fin de vie, scinder le texte en deux ?
25:52Alors moi je pense que c'est important
25:54Vous savez, j'ai en tant que Première Ministre lancé
25:56la convention citoyenne qui a proposé
25:58le texte qui a ensuite été
26:00présenté par le gouvernement
26:02Je pense que c'est important, qu'il y ait une très forte attente sur ce sujet
26:04qu'il faut marcher sur les deux jambes
26:06à la fois renforcer les soins palliatifs
26:08et puis permettre...
26:10Faut-il scinder le texte comme le veut François Bayrou ?
26:12C'est mon option, ça n'est pas ma vision
26:14Vous pensez qu'il faut présenter le texte à l'Assemblée Nationale
26:16comme le demande la Présidente de l'Assemblée Nationale ?
26:18Précédemment, oui
26:20Merci Elisabeth Borne
26:22d'avoir été au micro de France Inter
26:24ce matin