Avec Jean-Marie Montali, Coréalisateur du film documentaire “Pourquoi ? Visages de la Shoah” qui sort en salle le 30 janvier 2025
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00:00Parce que cette semaine, toute la France va se souvenir, le monde entier d'ailleurs, va se souvenir les 80 ans de la libération par l'armée rouge du camp de la mort d'Auschwitz.
00:13On en parle avec notre invité qu'on a le plaisir de retrouver ce matin, c'est Jean-Marie Montali. Bonjour.
00:18Bonjour.
00:19Soyez le bienvenu sur Sud Radio. Merci infiniment de nous rejoindre de si bon matin.
00:24Vous êtes le réalisateur de ce film documentaire qui va sortir en salle cette semaine, le 30 janvier précisément.
00:31C'est ce film. Pourquoi les visages de la Shoah ? Vous avez choisi de donner la parole aux derniers survivants, aux derniers rescapés de la Shoah qui disparaissent malheureusement les uns après les autres.
00:44C'est en quelque sorte leur dernier témoignage.
00:47C'est leur dernier témoignage et le co-réalisateur avec Stéphane Croce.
00:52Oui, vous avez raison de le préciser, pardonnez-moi, vous étiez deux.
00:55C'est leur dernier témoignage et d'où l'urgence pour eux aussi de témoigner et la volonté qu'ils avaient de témoigner et de nous rappeler ce que ça a été l'univers concentrationnaire qui s'est écroulé il y a 80 ans et où 6 millions de juifs ont été tués.
01:10Effectivement. Alors beaucoup de témoignages face caméra, des plans superbes d'ailleurs assez bouleversants en noir et blanc sur lesquels les rides, les traces de la vie sont creusées sur leur visage.
01:20Ils se souviennent dans toutes les langues puisqu'ils sont de diverses nationalités.
01:23Il y avait le monde entier en fait, en tout cas toute l'Europe, toute l'Europe dans ce camp d'Auschwitz.
01:28Ils se souviennent de ce qui leur est arrivé.
01:31On peut par exemple écouter le témoignage de l'un d'eux, c'est Léon.
01:34Une fois déshabillés, on nous pousse dans la chambre à gaz.
01:37J'ai connu l'enfer de mon vivant.
01:42Des souvenirs très durs.
01:44Ils étaient tous gosses, ceux à qui vous donnez la parole.
01:48Quand ils sont libérés par l'armée rouge, c'était des gosses ?
01:51C'était des adolescents et vous avez raison de préciser qu'ils venaient de toute l'Europe parce que ce qui fait de la Shoah un événement sans équivalent dans l'histoire, c'est justement sa dimension européenne.
02:02C'était une extermination sur tout un continent.
02:04Il n'y a pas d'équivalent dans le monde.
02:07Vous avez bien choisi l'extrait de Léon parce que Léon qui s'exprime en français est aujourd'hui français mais à l'époque c'était un adolescent.
02:15Il avait 14 ans dans le ghetto de Luch en Pologne.
02:18Il a été déporté à Auschwitz où sa maman a été immédiatement gazée.
02:22Son père est mort quelques mois plus tard sous les coups de matraque des gardiens SS.
02:28Par la brutalité c'est important aussi de rappeler ça.
02:32Tous ceux qui ont vu le film de Steven Spielberg sans douteront la liste de Schindler.
02:37Les meurtres de masse n'avaient pas lieu que par la chambre à gaz.
02:41Il y avait la brutalité quotidienne permanente en fin de compte et la vie ne valait rien.
02:46Ce que nous dit d'ailleurs un autre témoin, il dit qu'on n'était plus que des insectes.
02:51On pouvait nous écraser à chaque instant.
02:53On ne pouvait pas savoir si nous allions survivre jusqu'au lendemain mais jusqu'à l'heure suivante.
02:58Donc effectivement l'univers concentrationnaire c'est un monde complètement absurde, brutal,
03:02où la seule issue est la mort mais eux ont survécu.
03:06Ce qui est un miracle en quelque sorte.
03:09Il y avait un certain nombre de centaines de survivants, je n'ai plus le chiffre exact,
03:14dans ce camp quand l'armée rouge est arrivée.
03:16La veille encore, les allemands avant de partir et d'emmener d'autres milliers de survivants
03:21dans les marches de la mort avaient dynamité les chambres à gaz.
03:24Ce qui a permis d'ailleurs à un certain nombre de salauds de continuer à entretenir un doute
03:28sur une question qui ne méritait pas le moindre doute.
03:30On a l'impression que l'armée rouge est arrivée sur les lieux du crime presque quelques heures trop tard.
03:36Oui, l'armée rouge est arrivée sur les lieux du crime quelques heures trop tard.
03:42En tout cas ça a permis les marches de la mort.
03:44Vous savez puisque les nazis voulaient continuer leur extermination
03:49en emmenant les juifs rescapés en Allemagne où ils pourraient continuer à les tuer.
03:53Les salauds dont vous parlez, les révigénistes dont vous parlez,
03:56les négationnistes finalement on s'en fout un petit peu
04:00parce que plus personne ne les écoute, plus personne ne les prend au sérieux.
04:02Maintenant tout est tellement documenté qu'on ne peut que croire évidemment ce qui s'est passé.
04:07De toute façon il n'y a aucun doute.
04:09En revanche ce qui menace la mémoire de la Shoah c'est justement que le souvenir se dilue dans le temps
04:15et dans l'indifférence. On parle beaucoup de l'indifférence dans le film et ça se dilue aussi dans l'indifférence.
04:20Vous savez le génocide juif est une histoire juive mais c'est un héritage universel.
04:26C'est l'héritage de l'humanité et ça nous concerne qu'on soit juif ou pas juif.
04:30Et d'ailleurs ils sont partis aussi d'ici, il faut le rappeler, de France.
04:34C'est aussi pour ça que ça nous concerne directement.
04:36Il y avait un certain nombre de français dans ce camp.
04:39Voilà exactement.
04:55Effectivement, d'Auschwitz en tout cas pas un seul enfant.
04:58Et dans ces quelques milliers de survivants qui sont rentrés,
05:01on peut citer par exemple Simon Veil qui a perdu quasiment toute sa famille dans ce camp.
05:06D'autres aussi sont revenus.
05:08C'était des conditions absolument épouvantables.
05:10Vous parlez de l'indifférence et c'est important parce que c'est vrai que,
05:13notamment ma génération, celle qui est venue dans les années 80,
05:16on connaît le film de Steven Spielberg qui a eu un impact terrible
05:19parce que ça mettait en image et en mouvement des photos en noir et blanc qu'on avait connues.
05:24On a entendu ces témoignages et en quelque sorte on a l'impression qu'on s'est tous habitués
05:28à cette forme d'horreur industrielle qui s'y est déployée.
05:32Comment on fait pour lutter contre ?
05:34Alors, l'indifférence c'est quelque chose de terrible.
05:37L'indifférence c'est ce qui permet le pire d'arriver sans qu'on se soulève contre ça.
05:42Et cette indifférence-là, eux, on a été doublement victimes, les déportés juifs.
05:46L'indifférence pendant la Shoah, pendant les délégations en 1942,
05:50les mesures anti-vivres en France, etc., personne n'y a réagi.
05:53On a laissé faire.
05:54Et il y a eu aussi une indifférence en 1945 quand ils sont revenus,
05:57on parlait des survivants, quand ils sont revenus d'Auschwitz et des autres camps,
06:01on ne voulait pas les entendre.
06:03On ne les a pas écoutés, on ne les a pas entendus.
06:05D'abord parce que ça nous mettait face à notre indifférence.
06:07Notre indifférence nous mettait face peut-être à nos culpabilités
06:11parce qu'on a laissé faire.
06:13On a vraiment laissé faire.
06:14Et ça nous mettait aussi face à ce qu'était l'occupation et la collaboration.
06:20Et aussi peut-être que cette indifférence qu'on a opposée aux survivants
06:24et que parfois on continue à opposer, ça nous protège.
06:28Parce que finalement, si on se dit « oh là là, j'ai laissé faire ça,
06:30peut-être que moi aussi je fais partie des salauds ».
06:32Et puis surtout le meurtre était tellement énorme, tellement inenvisageable
06:37qu'on ne pouvait pas, au début il y a eu vraiment de l'actualité,
06:40on ne disait pas possible que des humains, des êtres humains,
06:42en plus l'Allemagne qui n'était pas n'importe quel pays,
06:44et puis penser faire ça à d'autres êtres humains.
06:48L'indifférence c'est quelque chose de terrible.
06:50C'est le début de la complicité.
06:52Oui, c'est le début de la complicité, c'est par là que ça a commencé.
06:54Et c'est pour ça qu'on vous encourage à aller voir ce documentaire
06:57qui sort en salle le 30 janvier cette semaine, donc jeudi, on est d'accord ?
07:01Si, j'ai bien compté, j'avais toujours un doute.
07:04Un documentaire que vous avez co-réalisé Jean-Marie Montally.
07:08Pourquoi les visages de la Shoah ?
07:10Dernier témoignage des derniers survivants,
07:12le testament en quelque sorte de ces derniers survivants rescapés de la Shoah
07:16qui répondent à cette question, pourquoi ?
07:18C'est vrai, vous le dites vous-même d'ailleurs,
07:20beaucoup de films qu'on a vus racontent le comment.
07:23Vous, vous vous êtes posé la question, pourquoi ?
07:25Et ce sont surtout les survivants qui tentent d'y répondre.
07:27Pourquoi une telle barbarie ? Merci beaucoup Jean-Marie Montally.
07:29C'est moi qui vous remercie.