Céline Alonzo vous présente "Génération Innovation", son émission qui donne la parole chaque semaine aux entrepreneurs.
Avec Laurent Benveniste, acteur majeur de l'innovation en France, soutien des entreprises à impact et Simon Bernard, co fondateur de Plastic Odyssey.
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##GENERATION_INNOVATION-2024-02-02##
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00:00Cid, le réseau qui soutient les entreprises innovantes, vous présente...
00:05Sud Radio, Génération Innovation, Céline Alonso.
00:10Bonjour et bienvenue dans Génération Innovation, l'émission qui donne chaque semaine la parole à ceux qui changent le monde.
00:17Et aujourd'hui, nous allons parler d'un fléau mondial qui menace nos écosystèmes marins,
00:22mais surtout notre santé, à savoir la pollution plastique des océans.
00:26Chaque minute, 19 tonnes de déchets plastiques se déversent dans les océans.
00:31Et à ce rythme-là, si on ne fait rien, d'ici 2050, cette pollution devrait tripler.
00:37Alors face à cette menace, deux jeunes officiers de la marine marchande ont décidé d'agir efficacement pour dépolluer la planète
00:45et surtout pour sortir de notre dépendance au plastique.
00:49L'un d'eux va tout nous raconter sur les actions et les solutions innovantes qu'ils ont mis en œuvre dans le monde entier depuis 8 ans.
00:57Et c'est tout de suite sur Sud Radio.
00:59Sud Radio, Génération Innovation, Céline Alonso.
01:04Simon Bernard, bonjour à vous.
01:06Bonjour.
01:07Alors je suis ravie de vous recevoir sur Sud Radio avec Laurent Bainveniste, grand expert de l'innovation en France
01:13et surtout qui soutient des entreprises à impact.
01:17Alors en 2016, Simon, avec Alexandre Deschlottes, un copain de promo de l'école de la marine marchande,
01:24vous avez décidé de créer Plastique Odyssée, un bateau qui ferait le tour du monde dans les pays les plus pollués
01:31pour collecter et valoriser les déchets plastiques.
01:34Comment avez-vous eu l'idée de cette expédition ? Quel a été le déclic surtout ?
01:40Alors c'était en 2016, quand j'étais encore officier de la marine marchande.
01:44J'ai eu la chance de participer à une expédition qui a fait escale à Dakar, au Sénégal.
01:49Et c'est là où je me suis rendu compte de toute la quantité de plastique qui se déversait.
01:53Parce que quand on navigue dans l'océan, sur l'océan, on ne se rend pas bien compte finalement,
01:58puisque ce plastique il coule, contrairement aux idées reçues.
02:00On ne voit pas d'îles de déchets, on ne voit pas de plastique qui flotte.
02:03Et donc c'est vraiment quand on fait escale dans certaines zones qu'on est vraiment marqué.
02:08Et oui. D'où vient cette pollution et quelles en sont les principales causes ?
02:12Alors cette pollution, effectivement le plastique il est produit quand même par les pays les plus riches, on va dire.
02:18Mais c'est dans les pays les plus pauvres que ce plastique pose problème,
02:23parce qu'il n'y a pas d'infrastructure de gestion de déchets.
02:25On en consomme quand même beaucoup.
02:27Et ce plastique finalement il est laissé dans la nature.
02:30Et quand il est proche de la mer ou des fleuves, il termine dans l'eau, très souvent.
02:35Et aujourd'hui, quels sont les pays les plus pollueurs ? Vous avez parlé du Sénégal, de l'Afrique.
02:39Alors c'est vrai qu'on n'aime pas trop dire que c'est les pollueurs, parce qu'on n'aime pas pointer du doigt des pays.
02:44Mais en tout cas qui sont les plus touchés par cette pollution, je pense que l'Asie c'est peut-être le numéro 1.
02:50Alors c'est difficile de donner une liste des pays.
02:53Mais en tout cas Asie du Sud-Est, Afrique, c'est vraiment les deux hot spots.
02:57Et puis un peu l'Amérique du Sud aussi.
02:58Alors revenons à votre expédition, quelle était l'idée de départ ?
03:02Alors l'idée c'était de se dire, cette pollution elle vient de la terre.
03:06Si on veut agir, il faut la stopper avant qu'il soit trop tard, avant que ça soit dans l'océan.
03:11Donc on va aller faire escale dans les 30 pays les plus touchés par la pollution,
03:16pour apprendre déjà de ce qui se fait et puis partager les meilleures solutions pour réduire la pollution.
03:22Alors que ça soit réduire l'usage du plastique, mais aussi recycler cet héritage qu'on a.
03:27On a des quantités énormes de plastique qui ont déjà été produites, donc il faut en faire quelque chose.
03:31Et donc on va arriver avec des solutions.
03:34On n'arrive pas en pointant du doigt, en montrant un problème.
03:36On arrive avec des solutions concrètes qui peuvent être mises en place dès aujourd'hui.
03:39Et oui, pour relever ce défi, vous avez dû lever des fonds, construire un bateau,
03:43former un équipage et développer surtout des machines.
03:46Comment avez-vous relevé ce défi ?
03:48C'est impressionnant, vous êtes parti de rien, on est d'accord ?
03:50On est parti de rien, je crois qu'on ne savait pas du tout ce qui allait nous arriver et tant mieux.
03:56Et donc je pense que c'est cette ambition très forte qu'on avait qui a permis de convaincre.
04:01Mais aussi, on l'a fait étape par étape.
04:03Donc on n'a pas commencé tout de suite par cette grande expédition,
04:07on a commencé par construire un petit bateau, un démonstrateur qui s'appelait Ulysse,
04:11qui a fait un tour de France.
04:12Ça nous a pris quand même trois ans, ce premier projet-là,
04:15qui nous a permis de faire nos preuves, d'aller convaincre des partenaires
04:19et derrière de recycler un navire de recherche et de partir en 2022
04:25pour cette grande expédition de trois ans.
04:27Il faut le dire, ce bateau est un véritable laboratoire de 40 mètres.
04:32Comment est-il équipé précisément ?
04:34Alors c'est marrant, on l'a conçu en deux parties.
04:37Tout l'arrière du bateau est dédié au recyclage.
04:39C'est une sorte d'usine à taille réelle avec 150 mètres carrés de machines.
04:43On a une dizaine de machines pour broyer le plastique, le faire fondre, le transformer.
04:47Donc on expérimente vraiment, ça nous sert aussi de laboratoire
04:51mais d'école de formation pour les entrepreneurs du monde entier.
04:54Et l'avant du bateau, c'est la zone de vie.
04:56Donc là, on expérimente la vie sans plastique.
04:58On va tester des solutions, des alternatives au plastique
05:01et ça va nous permettre aussi de les promouvoir.
05:03On accueille beaucoup d'enfants, de scolaires à bord du bateau.
05:06Ils découvrent une vie différente.
05:08On leur montre des solutions concrètes.
05:10Comment est-ce qu'on fait le pain à bord du bateau ?
05:12On n'achète pas de pain en sachet plastique, on le fait nous-mêmes.
05:15Comment est-ce qu'on se lave ? Comment est-ce qu'on cuisine sans plastique ?
05:18Donc c'est très concret.
05:20Alors revenons effectivement au départ de ce bateau
05:24qui est parti du port de Marseille.
05:26C'était le 1er avril 2022 pour une expédition de 3 ans sur 3 continents.
05:32Vous avez donc embarqué avec 15 membres d'équipage.
05:35A ce jour, où avez-vous fait escale dans le monde ?
05:42Alors on a commencé en Méditerranée.
05:44Le Liban d'abord, l'Égypte, la Tunisie et le Maroc.
05:47On est redescendus en Afrique de l'Ouest.
05:49On a traversé l'Atlantique jusqu'en Amérique du Sud, Amérique centrale.
05:53On a passé le canal de Panama
05:55et on a entamé toute cette traversée du Pacifique jusqu'en Asie du Sud-Est.
05:59Donc depuis cet été, on est en Asie.
06:02Et là, le bateau est aux Philippines.
06:04Il va bientôt partir pour la Malaisie puis l'Inde.
06:06Extraordinaire.
06:07Alors expliquez-nous concrètement les actions que vous menez dans chaque pays
06:12et surtout les solutions que vous mettez en œuvre
06:14parce qu'elles sont nombreuses.
06:16Des actions de sensibilisation, expliquez-nous ce que c'est que vous faites.
06:20Alors c'est marrant parce qu'on a un peu schizophrène à part du bateau.
06:22On a deux équipes qui travaillent sur des sujets qui peuvent paraître complètement antinomiques.
06:27Mais on a une équipe qui travaille sur la réduction du plastique.
06:30Donc comment est-ce qu'on arrive à changer les comportements ?
06:33Comment est-ce qu'on sensibilise ?
06:34Comment est-ce qu'on monte des solutions pour se passer du plastique au quotidien ?
06:37Ça, c'est beaucoup avec les enfants qu'on le fait.
06:39C'est plus facile.
06:40On dit qu'un enfant permet de sensibiliser six adultes.
06:43Et puis, on a une exposition aussi au grand public.
06:47Concrètement, quelles sont vos solutions, par exemple,
06:50pour sortir de cette addiction au plastique ?
06:53La meilleure solution qu'on ait à bord actuellement,
06:56ce n'est pas du tout un nouveau matériau,
06:58mais c'est un usage différent.
07:00En fait, on va se passer des bouteilles d'eau
07:03en ayant un système qui permet de filtrer l'eau,
07:07donc l'eau douce.
07:08À partir de l'eau qui n'est pas potable,
07:10ce qui est le cas dans la majorité des pays qu'on visite,
07:13on transforme en eau potable,
07:15sans avoir besoin de produits chimiques.
07:17Donc, l'eau a bon goût et de très bonne qualité.
07:20Ça, ça nous a permis d'éviter 20 000 bouteilles d'eau en deux ans,
07:24juste sur le bateau, juste avec les 20 personnes.
07:26Ça, c'est une solution très concrète
07:28qui peut être répliquée partout dans le monde.
07:30On a fait boire de l'eau à la ministre de l'Environnement de Tunisie
07:35et qui nous a dit qu'elle est incroyable, cette eau, d'où elle vient.
07:37Et on lui a dit que c'est de l'eau de votre ville.
07:39C'est la première fois qu'elle a buvé de l'eau de sa ville.
07:41Donc, j'ai trouvé ça assez puissant
07:43de pouvoir montrer concrètement des solutions.
07:46Et on a tout un panel comme ça de solutions.
07:48De solutions, effectivement.
07:49Et vous recyclez donc sur le bateau les déchets.
07:53Quelle technologie innovante avez-vous mis au point pour ce faire ?
07:58Ce qui est intéressant, c'est qu'en fait,
08:00tout ce qu'on fait, c'est des choses qui se font déjà depuis très longtemps.
08:04Donc, c'est du recyclage,
08:06mais je ne sais pas si on appelle ça du recyclage,
08:08on peut appeler ça de l'upcycling.
08:10On essaye de stocker cette matière première, ce déchet,
08:13pour en faire des produits finis directement.
08:16Quel genre de produit ?
08:18Comment vous transformez ce plastique ?
08:20Ça peut être très concrètement des poubelles du mobilier,
08:22des poubelles pour les villes.
08:24Donc, pour pouvoir justement récupérer des déchets,
08:26ça peut être des palettes de transport.
08:28Donc, en fait, on fait des planches, on a des menuisiers,
08:30et à partir de ces planches, on peut fabriquer tout un tas de choses.
08:33Et partout dans le monde,
08:35partout où vous faites étape, Excal plutôt,
08:37vous créez des usines de recyclage
08:40et vous formez donc des entrepreneurs ?
08:42Voilà, l'Excal du bateau, c'est vraiment le momentum
08:45qui nous permet de fédérer tout un écosystème dans le pays.
08:49À partir de là, on a des entrepreneurs,
08:51on a des entreprises locales, des gouvernements.
08:54Ça nous permet de déployer des usines,
08:56des petites usines qu'on construit,
08:58qui tiennent dans un conteneur maritime.
09:00Donc, l'Excal du bateau est là comme catalyseur
09:04pour derrière monter des grands projets dans le pays.
09:07Comment vous financez toutes ces opérations ?
09:10Alors ça, c'est une bonne question,
09:12puisque toute cette expédition,
09:14tout le savoir qu'on crée, c'est fait gratuitement.
09:17Donc, il faut des partenaires.
09:19On a une vingtaine aujourd'hui de sponsors et de mécènes
09:23qui nous soutiennent depuis 5, 7 ans parfois pour certains.
09:27Et c'est ça aujourd'hui qui permet à cette expédition d'exister
09:31et à tous ces entrepreneurs d'être formés, d'être accompagnés.
09:34Laurent Bavénis, quel regard vous portez sur cette innovation ?
09:38C'est à la fois un projet extrêmement utile,
09:43un des projets phares dont on peut parler à la radio,
09:49rarement un projet qui a plus d'impact
09:52que celui dont on parle aujourd'hui, Plastique Odyssée.
09:56Il a le mérite de partir d'une démarche purement entrepreneuriale.
10:01Ce sont des jeunes qui, à un moment donné, sont saisis d'un sujet,
10:04ont déployé une action
10:06et ont attiré tout un écosystème autour d'eux
10:09avec tout l'impact qu'on peut y trouver.
10:12C'est assez formidable d'une part, mais assez inspirant par ailleurs
10:17pour susciter d'autres initiatives de ce type.
10:20Certains experts disent que le recyclage des plastiques
10:25est un sujet qui pose question.
10:28Certains affirment que le plastique recyclé est encore plus toxique
10:32qu'avant de l'avoir été.
10:33Quelle est votre analyse à ce sujet ?
10:35C'est vrai que c'est un sujet difficile, compliqué.
10:38On entend un peu tout et n'importe quoi,
10:40donc il faut faire très attention à ce qu'on fait avec ce plastique.
10:44On ne peut pas faire n'importe quoi.
10:46Il y a des études qui ont été cherchées,
10:49de la matière recyclée, du plastique qui a été recyclé dans les pays du Sud.
10:54Souvent, ce sont des travailleurs informels
10:57qui ne sont pas très regardants sur quel type de déchets
10:59et quel traitement on va avoir.
11:01Si on récupère un bédon qui servait à stocker du pesticide
11:03ou des produits pharmaceutiques,
11:05qu'on en fait des granulés et qu'on vend ça aux pays riches
11:08qui vont en refaire des jouets pour les enfants,
11:09c'est très problématique.
11:11C'est le grand défi qu'on a dans le monde.
11:15On a beaucoup de plastique, on ne va pas le brûler,
11:18on ne peut pas le laisser comme ça dans la nature,
11:21mais il faut faire très attention à ce que ça ne soit pas plus problématique.
11:26Il faut bien tracer d'où vient ce déchet,
11:28qu'est-ce que c'était, comment il a été traité,
11:30pour être sûr qu'on ne se retrouve pas avec des pesticides
11:33ou je ne sais quel produit chimique à la sortie.
11:35En tout cas, la France, c'est l'un des pires élèves
11:38en matière de gestion des plastiques.
11:40Chaque Français produit en moyenne 70 kg de déchets plastiques par an.
11:45Ça fait peur ces chiffres, Simon Bernard.
11:48C'est sûr qu'on parle beaucoup de recyclage
11:50parce que nous, on s'intéresse à l'héritage
11:52qu'il y a dans les pays du Sud,
11:54mais en France, il faut qu'on parle de réduction.
11:57Et ça, c'est vraiment tout le travail qu'on essaie de faire
11:59aussi avec les classes, avec les enfants.
12:01Comment est-ce qu'on change les comportements
12:03pour qu'on arrête d'utiliser autant de plastique ?
12:05Et c'est très compliqué pour le faire au quotidien
12:07avec 20 personnes à l'échelle d'une entreprise,
12:09une petite entreprise, de la vie en communauté.
12:12Même si tout le monde a envie d'arrêter le plastique,
12:14on a du mal et à chaque fois, on a des freins
12:16parce que c'est quand même pratique
12:18et on ne sait plus manger sans plastique,
12:21on ne sait plus vivre sans plastique,
12:23donc il faut apprendre un mode de vie différent.
12:25Oui, c'est une véritable addiction le plastique aujourd'hui.
12:28Plastique Odyssée, on va continuer
12:30de parler de cette expédition
12:32qui continue à faire le tour du monde
12:35jusqu'en 2026.
12:37Ce bateau est aujourd'hui aux Philippines.
12:39Vous nous raconterez tout dans un instant
12:41sur Sud Radio, à tout de suite.
12:43CID, le réseau qui soutient les entreprises innovantes,
12:46vous présente
12:48Sud Radio, génération innovation,
12:51Céline Alonso.
12:53De retour sur Sud Radio avec Laurent Benveniste,
12:55acteur majeur de l'innovation en France
12:57qui soutient des entreprises à impact
12:59et Simon Bernard,
13:01cofondateur de Plastique Odyssée,
13:03un bateau qui fait le tour du monde
13:05depuis plus de deux ans pour dépolluer
13:07les zones les plus touchées par la pollution plastique
13:09et recycler les déchets.
13:11En février 2024,
13:13Simon Bernard, vous avez fait escale
13:15sur l'île Anderson,
13:17une île inhabitée du Pacifique
13:19où la plage est l'une des plus
13:21polluées au monde.
13:23Sur place, vous avez relevé
13:25un défi, peut-on dire.
13:27Quel est-il ? Racontez-nous.
13:29C'est vrai que ça nous a marqué cette histoire.
13:31On a entendu parler de cette île
13:33il y a cinq ans.
13:35Ça a fait vraiment le tour des médias
13:37parce que l'humanité a découvert que c'était
13:39l'une des îles les plus polluées au monde
13:41et à la fois une des îles les plus difficiles à restaurer
13:43à nettoyer à cause de la barrière de corail
13:45qui l'entoure. C'est le cas de beaucoup
13:47de sites d'îles désertes comme ça.
13:49Ce qui fait qu'elles sont protégées
13:51mais pas du plastique puisque la pollution
13:53s'échoue avec les courants marins
13:55qui viennent régulièrement déverser du plastique.
13:57Il y avait 10 tonnes avec
13:59une concentration, parce que c'est une petite
14:01côte, qui est 200 fois
14:03supérieure à la plus haute
14:05concentration qu'on ait trouvée dans l'océan
14:07aujourd'hui.
14:09Comment vous avez réussi à la dépolluer ?
14:11C'était ça tout le défi.
14:13Il y a une expédition en 2019 qui avait tenté
14:15mais ils n'ont pas réussi à extraire les déchets
14:17à passer la barrière de corail.
14:19Ils avaient laissé des sacs remplis de déchets
14:21sur la plage.
14:23Pourquoi à l'époque ils n'avaient pas réussi
14:25de relever ce défi ?
14:27Cette barrière de corail avec des vagues
14:29assez importantes,
14:31il n'y a pas de passe.
14:33C'est difficile de la traverser
14:35avec un bateau et donc c'est difficile d'extraire
14:37ces sacs puisqu'il y a 10 tonnes.
14:39On s'est creusé la tête pendant
14:41près de 6 mois. On a réfléchi à des solutions.
14:43Tout le monde nous disait que ça ne sert à rien.
14:45On a pensé à tout, il faut des hélicos.
14:47Evidemment pas, il y a des espèces endémiques,
14:49des oiseaux. Ce n'est pas l'idée.
14:51On a eu une idée un peu
14:53folle, c'est qu'on a utilisé un parachute
14:55ascensionnel.
14:57C'est une technique qui a fonctionné.
14:59C'était assez incroyable.
15:01Ça nous a permis de faire voler les déchets,
15:03des sacs de 200 kg à peu près,
15:05au-dessus de la barrière de corail.
15:07Comment vous avez eu cette idée ?
15:09C'est marrant parce que
15:11ça a été vraiment le fruit de
15:13discussions un peu folles avec
15:15l'équipe sur le bateau. On a réfléchi
15:17à une catapulte, une tyrolienne,
15:19un dirigeable,
15:21des drones. On a réfléchi à toutes les solutions
15:23qui nous passaient par la tête.
15:25Parmi toutes celles qu'on avait listées,
15:27on s'est dit que le parachute, c'est ce qu'il y a de plus simple
15:29et de plus prometteur
15:31pour faire ça.
15:33Vous avez réussi à évacuer combien de tonnes de déchets ?
15:35On a évacué 10 tonnes de déchets.
15:37On a eu de la chance.
15:39On ne l'a pas fait
15:41uniquement avec le parachute
15:43parce qu'on a eu un créneau météo
15:45qui était très favorable. On a réussi à tester
15:47d'autres techniques, notamment les bouées de pêche.
15:49Il y avait 1500 bouées de pêche.
15:51On les a attachées les unes aux autres.
15:53On a fait une guirlande géante
15:55et on a extrait en 5 minutes.
15:57En flottant au-dessus de la barrière,
15:59on a réussi à extraire 3 tonnes de bouées de pêche.
16:01Impressionnant.
16:03Et ce, en combien de temps ?
16:05Ça nous a pris une semaine seulement.
16:07On était à peine une dizaine
16:09à collecter tous les jours.
16:11Finalement, quand on sort de là,
16:13on se dit que c'est accessible.
16:15On a réussi à nettoyer une île
16:17qui est au patrimoine mondial de l'UNESCO
16:19en une semaine à 10 personnes.
16:21Sacré exploit, Laurent Bavéniste.
16:23C'est impressionnant.
16:25Oui, c'est une équipe
16:27impressionnante.
16:29Non seulement dédiée
16:31avec une vision
16:33extrêmement précise
16:35sur des enjeux qui sont des enjeux majeurs,
16:37mais une équipe extrêmement compétente
16:39qui s'est donné des moyens
16:41d'abord de résoudre
16:43des problèmes techniques tels que ce décrit,
16:45mais en plus d'organiser une entreprise
16:47qui est complexe à organiser.
16:51L'objectif est louable,
16:53il paraît relativement simple,
16:55c'est de segmenter, de sectoriser
16:57entre une activité d'intérêt général,
16:59d'organiser techniquement les conditions du recyclage,
17:01organiser localement les conditions
17:03de l'organisation de la fabrication
17:05de produits et de la mise sur le marché
17:07de produits.
17:09Tout ça est extrêmement subtil.
17:11Quand on parle d'innovation,
17:13il n'y a pas forcément une innovation
17:15de rupture à la clé.
17:17Ce n'est pas un projet issu d'un laboratoire,
17:19mais c'est un projet issu d'un long travail
17:21visant à optimiser l'ensemble des techniques
17:23et ensuite visant à se coordonner
17:25avec ceux qui, dans le monde, sont en capacité
17:27de les aider à rendre le système
17:29meilleur encore.
17:31Et les déchets de cette île, vous les avez transformés
17:33de quelle façon ?
17:35Comme on a un laboratoire du recyclage
17:37qui n'est pas vraiment fait pour ça...
17:39Oui, à bord du bateau.
17:41On a réussi à recycler tous les plastiques
17:43rigides sur le bateau.
17:45Il y a une équipe H24 qui broyait du plastique
17:47et qui le faisait fondre.
17:49On en a fait des planches,
17:51on a amené sur l'île de Pitcairn,
17:53qui est très connue,
17:55à un jour de navigation.
17:57C'est l'île habitée la plus proche.
17:59Avec les habitants, on a passé 10 jours
18:01à construire du mobilier pour l'île
18:03avec les planches qui étaient fabriquées
18:05à partir des déchets de l'île déserte.
18:07Les habitants de cette île vous ont racheté
18:09ce mobilier, j'imagine ?
18:11Non, on leur a offert
18:13et ils nous ont gentiment hébergés
18:15pendant 10 jours.
18:17C'était une expérience incroyable
18:19pour un peuple très isolé,
18:21peu visité,
18:23descendant des mutinées du Bounty.
18:25C'est assez mythique.
18:27C'est vrai que ça a été
18:29un moment très fort
18:31parce qu'ils voyaient arriver
18:33plein d'expéditions,
18:35organisées par le gouvernement britannique,
18:37depuis des années,
18:39qui n'y arrivaient pas.
18:41Ils avaient complètement perdu espoir.
18:43Ils avaient quasiment voulu refuser le permis
18:45pour aller sur l'île.
18:47Aller sur notre île, ça ne sert à rien.
18:49Oui, parce qu'il faut le dire,
18:51cette île est classée au patrimoine mondial
18:53de l'UNESCO, c'est ça ?
18:55Effectivement, il ne faut pas aller
18:57perturber cet écosystème.
18:59L'objectif, c'était de faire de la science.
19:01On a amené des scientifiques
19:03et de dépolluer, restaurer cette île.
19:05C'était quand même intéressant
19:07de pouvoir y accéder.
19:09On a fini par les convaincre
19:11de nous autoriser à passer 10 jours
19:13sur cette île.
19:15Ils étaient très contents
19:17quand ils nous ont vu débarquer avec tous ces sacs.
19:19Avez-vous un projet de dépolluer
19:21d'autres îles dans le monde ?
19:23Beaucoup d'îles classées
19:25au patrimoine mondial de l'UNESCO sont en danger.
19:27Effectivement,
19:29il y a une cinquantaine d'îles
19:31ou de sites marins qui sont classés
19:33au patrimoine mondial de l'UNESCO.
19:35Beaucoup sont extrêmement pollués
19:37par cette pollution plastique.
19:39Il y a aussi des sites qui ne sont pas classés,
19:41mais qui sont des réserves marines
19:43vers une île à 250 tonnes.
19:45Il y a vraiment un nombre
19:47d'endroits sur Terre
19:49qui est prioritaire à dépolluer.
19:51C'est un des objectifs qu'on se fixe.
19:53En plus de ces usines
19:55qui vont continuer à voir le jour
19:57et de cette action avec les enfants
19:59pour la réduction, on voudrait
20:01ajouter un troisième axe
20:03qui est restaurer ces sites naturels,
20:05cette biodiversité,
20:07parce que c'est les derniers sanctuaires qu'on a sur Terre.
20:09C'est très urgent de s'en occuper.
20:11Pour relever ces objectifs,
20:13je bafouille,
20:15c'est compliqué,
20:17vous comptez faire
20:19une levée de fonds prochainement ?
20:21Le grand enjeu
20:23de cette année,
20:25c'est de travailler
20:27sur un nouveau projet
20:29dédié aux îles
20:31en danger,
20:33aux îles désertes
20:35au site de l'UNESCO,
20:37et de repartir sur un cycle
20:39de missions qui va se concentrer
20:41sur ces sites, amener des scientifiques
20:43à servir de plateforme de recherche,
20:45restaurer, dépolluer
20:47les îles, et derrière pouvoir
20:49sensibiliser et éviter que le plastique
20:51ne retourne sur ces îles.
20:53Aujourd'hui, Plastique Odyssée
20:55c'est 65 salariés.
20:57Êtes-vous par exemple
20:59à la recherche de profils particuliers ?
21:01Ça arrive,
21:03c'est vrai qu'on n'a malheureusement pas assez
21:05de moyens aujourd'hui par rapport à ce qu'on
21:07voudrait avoir,
21:09et donc on aimerait avoir plus de monde.
21:11Ça reste assez limité, on a quelques bénévoles
21:13qui peuvent venir à bord,
21:15mais c'est vrai que ça reste limité.
21:17Mais j'espère que dans les mois
21:19à venir, on va pouvoir grandir
21:21et donc recruter plus.
21:23Si les auditeurs de Sud Radio,
21:25si certains qui nous écoutent souhaitent rejoindre
21:27l'aventure Plastique Odyssée,
21:29ils peuvent vous joindre sur Internet,
21:31sur votre site, c'est ça ?
21:33Si vous pouvez donner l'adresse, exactement, précise.
21:35Plastiqueodyssée.org
21:37et on a toutes les infos, à la fois pour
21:39potentiels partenaires,
21:41ou des bénévoles,
21:43des candidats,
21:45tout est sur le site.
21:47Un mot avant de conclure, Laurent Bainvenis,
21:49l'avenir de Plastique Odyssée, vous la voyez comment ?
21:51Oui, l'avenir, je dirais, il dépend
21:53de l'implication de
21:55beaucoup de monde,
21:57à la sorte qu'on passe d'une logique
21:59et dire oui, c'est bien, c'est bien ce qu'ils font,
22:01ces jeunes, à rentrer réellement
22:03dans le sujet, comprendre ce qu'ils font
22:05et séparer aussi
22:07le bon grain de l'ivraie, c'est-à-dire savoir
22:09quels sont, parmi tous les projets qui sont présentés,
22:11ceux non seulement qu'on appréhende,
22:13qu'on comprend, dont on voit le sérieux,
22:15et sur lesquels on s'investit,
22:17et pourquoi pas, on investit.
22:19Ça, pour la partie d'intérêt général,
22:21sur la partie du financement, ça tient à la qualité
22:23de l'équipe qui bâtit
22:25un projet solide, ensuite un peu
22:27d'ingénierie financière pour aller chercher les
22:29fonds là où ils doivent être trouvés.
22:31Simon Bernard, merci d'être venu sur Sud Radio.
22:33Je précise que le 5 février,
22:35un documentaire sur Plastique
22:37Odyssée sera diffusé
22:39sur Canal+. Je l'ai vu, regardez-le.
22:41Ne ratez pas cette diffusion,
22:43chers auditeurs de Sud Radio.
22:45On se retrouve la semaine prochaine
22:47pour un nouvel épisode
22:49de Génération Innovation.
22:51D'ici là, vous pouvez nous réécouter
22:53sur sudradio.fr,
22:55sur l'appli Sud Radio, et bien sûr,
22:57sur tous nos réseaux sociaux.
22:59Je vous dis à la semaine prochaine à l'écoute de Sud Radio.