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GRAND DÉBAT / Les députés trouveront-ils un accord sur le budget 2025 ?

« Le récap » par Thibault Hénocque

Le jeudi 30 janvier 2025, une commission mixte paritaire (CMP) s'est réunie à l'Assemblée nationale dans l'optique de trouver un compromis sur le projet de loi de finances de 2025. Ce conclave, composé de sept députés et de sept sénateurs de tous les bords politiques, a une mission cruciale : sceller un accord pour doter la France d'un budget en 2025. Pour y parvenir, les socialistes réclament plusieurs concessions au gouvernement : une hausse du SMIC et de la prime d'activité, aucune modification de l'Aide Médicale d'Etat et du nombre de postes dans l'Éducation nationale. Le député Philippe Brun, qui représente les socialistes au sein de la CMP, a jugé qu'il serait « cataclysmique pour le pays » de na pas avoir de budget en 2025. Alors que le volet recettes du texte a été voté, le Rassemblement National menace lui aussi de censurer le gouvernement de François Bayrou. Quelle sera l'issue des négociations ? La CMP permettra-t-elle d'éviter un 49.3 puis une motion de censure ?

Invités :
- Antoine Oberdorff, journaliste politique à « L'Opinion »,
- Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l'université Panthéon-Assas,
- Stéphanie Dépierre, journaliste LCP,
- Fanny Guinochet, journaliste économique à « La Tribune » et « France Info ».

GRAND ENTRETIEN / Alain Bauer : « La conquête de l'Ouest » ou comment repenser l'intégration

En revenant sur l'Histoire des migrations, Alain Bauer explique pourquoi il y a toujours eu d'importants flux migratoires, notamment en Europe. En analysant l'importance d'une identité commune dans la construction d'une nation et les rapports entre communautés, Alain Bauer avance que l'immigration n'a jamais été la cause de crises politiques par le passé. L'auteur démontre que les populations immigrées ont toujours été accueillies et intégrées à la Cité. La crise migratoire actuelle serait, selon lui, la conséquence de l'abandon de la gestion des flux migratoires et de l'intégration des populations immigrées par nos élites économiques et politiques au profit d'une économie de libre échange exacerbée. Cet argument économique expliquerait pourquoi les populations immigrées ne seraient plus intégrées à nos sociétés : elles seraient seulement vues comme une force de travail à durée déterminée qui quitterait le territoire une fois le travail terminé. Comment expliquer cette évolution drastique des gouvernements dans l'appréhension de l'immigration ?

Grand invité : Alain Bauer, Professeur de criminologie au Conservatoire des arts et métiers et auteur de « La conquête de l'Ouest » (Fayard)

LA QUESTION QUI FÂCHE / L'AFD devient-elle incontournable en Allemagne ?

Invitées :
- Hélène Miard-Delacroix, professeure à Sorbonne Université, spécialiste de l'Allemagne contemporaine,
- Birgit Holzer, correspondante allemande pour plusieurs titres de presse.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le

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Transcription
00:00Bonsoir et bienvenue, ravie de vous retrouver dans Savourgarde ce soir.
00:10L'heure de vérité approche sur le budget.
00:13La commission mixte paritaire réunie depuis ce matin 9h à l'Assemblée est toujours en cours ce soir.
00:19Elle pourrait siéger dans la soirée ou même peut-être demain matin.
00:23Alors quels sont les compromis déjà trouvés ?
00:26Le PS a-t-il obtenu des victoires ?
00:28L'ARN est-il hors jeu ?
00:30Et pour les Français, qu'est-ce que ce budget va changer s'il n'est pas censuré ?
00:35Grand décryptage dans un instant avec mes invités.
00:38Le sédentaire est un nomade converti et le nomade un sédentaire en devenir.
00:44Notre invité fort à en parler ce soir signe un essai passionnant sur les migrations,
00:50la conquête de l'Ouest chez Fayard.
00:53Alain Bauer est avec nous dans la deuxième partie.
00:56Ce qui fâche ce soir, l'AFD.
00:58Le parti néo-nazi allemand est-il devenu incontournable ?
01:02À moins d'un mois des élections en Allemagne, l'adoption d'une motion avec les voix de l'extrême droite
01:08marque une rupture historique tir croisée.
01:11A la fin de cette émission.
01:12Voilà pour le sommaire.
01:13Installez-vous, ça vous regarde.
01:15Ça commence tout de suite.
01:27Elle a travaillé toute la journée à l'Assemblée.
01:30La commission mixte paritaire sur le budget est toujours en cours ce soir.
01:35Le volet recette du projet de loi de finances pour 2025 a été adopté.
01:40Ça, c'est fait.
01:41Restent donc les dépenses.
01:43Le compromis final semble donc en bonne voie.
01:45Mais vous le savez, vous qui nous suivez sur LCP, il faut rester très, très prudent.
01:50Alors, qu'est-ce qui a été voté et sur quoi ça coince encore ce soir ?
01:54Bonsoir Antoine Bredoff.
01:55Bonsoir.
01:56Et merci d'être là.
01:57Journaliste politique à l'Opinion, chargée du suivi des gauches.
02:02Vous n'avez pas raté une miette de ce feuilleton des discussions entre le PS et le gouvernement.
02:08Tout comme vous Stéphanie Despierre.
02:09Bonsoir.
02:10Bonsoir.
02:11Ma consoeur d'LCP qui suit jour après jour ces discussions budgétaires.
02:15Bonsoir Benjamin Morel.
02:16Bonsoir.
02:17Bienvenue, maître de conférence en droit public à l'Université Panthéon à Sasse.
02:20Enfin, bonsoir Fanny.
02:21Bonsoir.
02:22Bonsoir.
02:23Fanny Guinochet, journaliste économique à La Tribune et à France Info.
02:26Le patronat regarde ce qu'il se passe ce soir sur cette CMP et d'ailleurs l'ensemble du monde économique.
02:33On va en parler avant de vous entendre.
02:35Merci à tous les quatre d'être là.
02:36Le point précis sur les articles adoptés et l'atmosphère au sein de cette CMP avec Thibault Hénocque dans son récap tout de suite.
02:53Il est 19h35.
02:55Thibault, bonsoir.
02:56Bonsoir Myriam, bonsoir à tous.
02:57Et à l'heure où l'on se parle, toujours pas de fumée blanche.
03:00Non, une journée de travail pour se mettre d'accord sur 248 articles entre sept députés et sept sénateurs.
03:06C'était une gageur.
03:07Alors après huit heures de discussion, ce soir, ce n'est pas fini.
03:11Remarquez, l'un des membres de cette CMP le présageait dès 9h ce matin.
03:15Sans aucun doute, je crois que ce sera la CMP la plus longue et la plus difficile de la Ve République.
03:21La plus difficile, oui, quand on pense qu'il s'agit d'aboutir sur un texte rédigé par un premier gouvernement,
03:27puis repris et modifié par un second et entre-temps amendé par les deux chambres dans des termes diamétralement opposés.
03:33Dans une version très à gauche rejetée par l'Assemblée nationale en novembre dernier,
03:37très à droite adoptée par le Sénat il y a une semaine.
03:41Difficile donc, mais pas impossible puisque la CMP a un avantage pour le gouvernement.
03:45Il y possède une majorité de soutien, 8 parlementaires sur 14.
03:49Seulement, obtenir une majorité en CMP pour ensuite perdre le vote en séance à l'Assemblée
03:55n'aurait qu'un intérêt très relatif, d'où les discussions avec les socialistes ces dernières semaines pour trouver un compromis.
04:01Alors, sur le fond, qu'est-ce qui a été adopté ?
04:03Deux mesures fiscales ont longuement alimenté les débats.
04:06Aujourd'hui, avant d'être adoptée, la fameuse contribution exceptionnelle des grandes entreprises,
04:11chère à Bernard Arnault, et puis la contribution sur les plus hauts revenus.
04:15Les discussions ont porté sur leur durée.
04:17Et l'atmosphère, alors ? Dans quelle ambiance travaille-t-il ?
04:20Studieuse, d'après les participants, en tout cas il n'y a pas eu de claquement de porte,
04:24la volonté d'aboutir à un budget étant largement partagée.
04:28Nous sommes prêts au débat, nous sommes prêts aux compromis, car la France le vaut bien.
04:31Nous essayons de trouver une voie de sagesse qui est étroite, qui est complexe,
04:35mais qui est indispensable à l'avenir du pays.
04:38Les socialistes, en tous les cas dans leur immense majorité, écoutent leurs électeurs qui disent
04:42aujourd'hui il nous faut absolument un budget. Ce ne sera pas un budget de gauche,
04:46ce ne sera pas un budget de droite, ce sera un budget de compromis.
04:49Une volonté de compromis cependant pas partagée par tous à gauche.
04:53Pour la France insoumise, les tentatives du PS d'arracher de maigres avancées
04:57sont un jeu de dupes dont le bilan est le suivant.
05:00Pinots et miettes. Il n'y a rien à mon avis qui puisse contenter un opposant réel
05:06à la politique budgétaire de ce gouvernement.
05:09Et côté Rassemblement national ?
05:10Alors il a sorti un lièvre de son chapeau aujourd'hui.
05:13On croyait tous avoir sur ce budget des attentes et des lignes rouges des uns et des autres.
05:17Et bien non. En fin de matinée, un nouveau point de blocage est apparu.
05:21Un article très technique sur les prix de l'électricité nucléaire
05:25dont l'adoption a fait brandir au député Jean-Philippe Tanguy la menace de la censure.
05:30Ce gouvernement n'a rien de mieux à proposer que d'augmenter le prix du nucléaire
05:34de 40 à 70, 80 euros le mégawatt-heure.
05:37Cet article 4 est insupportable pour l'avenir de la France.
05:40Et après ce sera Marine Le Pen et Jordan Bardella qui décideront
05:43si le comportement du gouvernement et ses irresponsabilités méritent la censure ou pas.
05:48Bilan ce soir. Une partie du recette du budget adopté mais une menace de censure en plus.
05:53Merci beaucoup. C'était très clair. Merci Thibault.
05:56Où en est-on ce soir ? Je vais évidemment d'abord me tourner vers les journalistes politiques.
06:00Vous êtes d'abord Antoine. Il y a trois socialistes dans cette commission mixte paritaire.
06:05Il y en a un qu'on voit beaucoup qui s'appelle Philippe Brun.
06:09Lui, on a l'impression quand même qu'il est favorable à un accord de non-censure.
06:13Est-ce que ça veut dire qu'on va ce soir plutôt vers ce scénario-là ?
06:17En tout cas, ce qui est sûr, c'est que de par son ancrage territorial,
06:20Philippe Brun fait partie de ces députés qui, à l'intérieur des 66 élus socialistes,
06:24ont envie qu'on leur donne de bonnes raisons de ne pas censurer.
06:27Car c'est vraiment, si on présume en tout cas de la bonne foi d'un certain nombre de négociateurs socialistes,
06:32c'est vraiment qu'on a affaire à des gens qui veulent obtenir des avancées,
06:37pouvoir revenir en circonscription devant leurs électeurs et faire valoir des victoires.
06:41Philippe Brun est de cela. Il est élu dans l'Eure, dans des communes telles que Val-de-Reuil, des communes rurales,
06:46où l'instabilité ministérielle est un problème.
06:49Le fait pour la France de ne pas avoir de budget et donc des répercussions in fine sur les avis d'imposition est un problème.
06:55Et donc, il cherche la voie de passage pour justifier...
06:58Il représente bien ses 66 collègues ?
07:00Pour autant, il n'est pas forcément représentatif de ses 66 collègues.
07:03Il ne vous aura pas échappé, Myriam, que déjà lors du premier vote de la censure,
07:06juste après la déclaration de politique générale de François Bayrou,
07:10il y avait eu huit députés censeurs parmi les socialistes.
07:13Il n'est pas impossible que cette jauge monte.
07:15Or, on sait qu'il y a un point pivot à l'intérieur de ce groupe.
07:18Si 21 députés socialistes venaient à censurer et que le RN s'avisait de censurer également,
07:24simultanément, alors François Bayrou serait renversé.
07:27Alors, qu'est-ce qu'ils vous disent, les socialistes que vous avez ce soir ?
07:29Ce n'est pas fini, on va parler du fonds dans un instant.
07:31Ce qu'ils disent, c'est que le volet recette est passé
07:33et que, bien évidemment, ils font valoir un certain nombre d'avancées.
07:37Ils disent qu'on a obtenu une taxe sur les transactions financières,
07:40une taxe sur les rachats d'actions, mais en réalité,
07:42bien souvent, c'est aussi des choses qui étaient contenues dans la version du Sénat.
07:46Donc, on a affaire à beaucoup de marketing politique,
07:48avec, en face, des insoumis qui disent
07:50« Mais attendez, il y a un rabot de 140 millions sur les dotations globales de fonctionnement aux collectivités locales.
07:55Comment, vous, socialistes, pouvez-vous justifier de laisser un gouvernement qui procède à de telles coupes ? »
08:00Donc, le tiraillement... Enfin, pour vous résumer...
08:02Donc, la décision n'est pas prise.
08:04C'est tempête sous un crâne.
08:05Que ce soit du côté de Boris Vallaud, le patron des députés PS,
08:09que ce soit le grand patron, le premier secrétaire Olivier Faure,
08:11jusqu'au dernier moment, jusqu'à la dernière minute,
08:13ça sera extrêmement délicat pour eux.
08:15Et sur les mots polémiques qui ont vraiment choqué les socialistes,
08:18la submersion, le sentiment de submersion migratoire signé François Bayrou,
08:22est-ce que ça, c'est derrière eux ou pas du tout ?
08:24Absolument pas.
08:25Car ce qui est évoqué chez les socialistes,
08:27c'est que s'il est clair qu'une majorité de socialistes souhaitent sincèrement que la France ait un budget,
08:33beaucoup n'ont pas envie de laver l'ardoise et de passer l'éponge sur cette expression de submersion migratoire.
08:40Est évoquée par conséquent l'idée d'une censure morale, comme ils disent.
08:45C'est-à-dire que sur la base d'une rupture du pacte républicain,
08:48d'une adoption par le Premier ministre d'une forme de rhétorique d'extrême droite,
08:51ils présenteraient, après le budget, une motion de censure.
08:54Sauf que vous me voyez venir...
08:55Attendez, pour ceux qui nous regardent, déjà pour moi c'est compliqué.
08:58Donc en gros, pas de censure sur le budget.
09:00Pas de censure sur le budget, le budget est adopté simplement.
09:02Et après on censure parce que finalement, sur les valeurs, ça ne nous convient pas.
09:05Simplement, mais c'est une censure qui ne coûte pas grand-chose.
09:08Parce que là où vous m'aurez vu venir, c'est que si spontanément,
09:11avec 58 signatures, les socialistes peuvent déposer effectivement une motion de censure,
09:16il n'y a absolument aucune chance, vous en conviendrez avec moi, que le R.L. vote.
09:19Il tient la corde ce scénario-là ou c'est juste une option ?
09:21Parmi les élus locaux du Parti Socialiste, les grands maires, je peux vous dire que ça tourne.
09:25Stéphanie Despierre, vous aussi vous avez passé des coups de fil.
09:27Déjà racontez-nous, parce que tout à l'heure on va être avec des députés.
09:30Donc ils peuvent sortir, ils viennent vous voir, le gouvernement, vous pouvez l'appeler, comment ça se déroule ?
09:36Parce qu'à huis clos, normalement c'est conclave.
09:38Mais en fait, on a quand même beaucoup de députés qui sont venus nous voir avant,
09:41qui viennent parfois pendant, alors pas en s'exprimant totalement devant les caméras, parfois si.
09:46Et puis à la pause déjeuner, vous l'avez vu, on a eu des députés qui sont venus nous expliquer comment ça se passait.
09:51Et puis il y en a quelques-uns qui donnent des informations aux journalistes,
09:54puis il y en a carrément qui tweetent en direct ce qui se passe.
09:58On a vu des députés insoumis qui expliquent,
10:00notamment pour pilonner le Parti Socialiste en disant « c'est faux, vous n'avez rien obtenu »,
10:04et bien qui démontrent point par point les arguments du Parti Socialiste.
10:08Donc tout le monde pèse de l'extérieur sur ce conclave, y compris le gouvernement,
10:11qui fait passer peut-être des messages, voire même des arbitrages via des parlementaires alliés du centre.
10:17Oui, même si le gouvernement n'est pas autour de la table, il a des relais dans cette réunion,
10:21notamment Jean-Paul Matéi, dont on l'a dit est un proche, qui est un député modem,
10:24qui est un proche de François Bayrou, et puis il y a les rapporteurs.
10:27Il y a eu des réunions de préparation entre les gens du Bloc central,
10:30entre Ensemble pour la République, les macronistes,
10:33entre la droite républicaine, entre le modem, pour préparer cette réunion.
10:37Et donc ils savent ce que veut ou ne veut pas le gouvernement.
10:40À ce stade, comment vous sentez les choses ?
10:42Le volet recette est adopté par donc une majorité de ces 14,
10:47puisqu'il y en a 8 contre 6, 8 parlementaires, droite et Bloc central,
10:51contre 6 des oppositions, les gauches, LFIPS et l'ERN.
10:56Est-ce que ça va passer ? Est-ce qu'on va vers une CMP conclusive ? Qu'est-ce qu'ils vous disent ?
11:00A priori, ça va vers une CMP conclusive, parce qu'on l'a dit, le Bloc central a 8 voix contre 6.
11:06En revanche, l'enjeu, et là, pour l'instant, on n'en sait rien,
11:09c'est ce que le PS arrive encore un peu à arracher.
11:11On l'a dit sur les recettes, ils mettent en avant des victoires,
11:14mais ce n'est pas franchement clair.
11:16Les recettes, les victoires, c'est principalement les taxes.
11:19Les deux grandes taxes, grandes entreprises et hauts revenus.
11:21Non, plutôt là, c'est une victoire en demi-teinte, parce qu'il y en a une,
11:25mais eux, ils auraient souhaité qu'elle soit sur deux ans, ces contributions exceptionnelles,
11:28et en fait, elles ont été ramenées à un an,
11:30que ce soit pour les hauts revenus ou pour les grandes entreprises.
11:33Le PS revendique des victoires sur la taxe sur les rachats d'actions,
11:36la taxation des transactions financières, et puis sur les billets d'avion,
11:40mais on va voir sur les dépenses, parce que là,
11:42le PS a fait un peu monter la pression ces derniers jours en disant
11:44qu'il ne faut pas couper les crédits de l'écologie,
11:46pas couper les crédits de la recherche.
11:48Là, il y a quelques points d'achoppement, et c'est ça qu'on attend de voir.
11:51Benjamin Morel, elle est historique ou pas, cette commission mixte paritaire ?
11:55La France n'a pas de budget depuis 5 mois.
11:57Il y a un pays qui attend quand même de la stabilité.
12:00On va parler des entreprises, des milieux économiques dans un instant.
12:03Est-ce que c'est véritablement historique, ce qui se joue ce soir et demain ?
12:08Alors oui, c'est véritablement historique.
12:10Ce n'est pas la première fois sous la Ve République qu'on n'a pas de budget.
12:12Ça arrivait deux fois.
12:13La première fois, parce qu'on avait eu la dissolution de 62,
12:16et la deuxième fois, parce que le Conseil avait censuré en 79,
12:20mais derrière, il y avait des majorités.
12:22Et donc, c'était une question de calendrier.
12:24On allait attendre quelques semaines de plus,
12:26et quelques semaines de plus seraient suffisantes
12:28avec les lois spéciales qui n'existaient même pas vraiment encore,
12:31pour ensuite faire passer un budget.
12:33Il n'y avait pas de suspense politique.
12:35Là, ce qui se joue, c'est un vrai suspense politique.
12:37La France n'a pas de budget et n'a pas de majorité, en théorie,
12:40pour faire adopter ce budget.
12:42Et donc, dans ce cadre-là, la commission mixte paritaire a en effet un côté historique,
12:46même si je rejoins ce qui a été dit.
12:47Cette commission mixte paritaire, pour des raisons arithmétiques,
12:49elle sera conclusive.
12:51Mais être conclusif, ça ne suffit pas.
12:53Souvenez-vous, le PLFSS et Michel Barnier,
12:55elles avaient été conclusives, la commission mixte paritaire, juste avant.
12:58Mais si vous dites, regardez, j'ai mon texte, il sort de la CMP,
13:01c'est merveilleux, c'est conclusif, et qu'ensuite,
13:03vient un 49-1-3, vous êtes renversé,
13:05vous êtes très content.
13:06Il y aura un 49-3 sur le budget.
13:07C'est la tradition, on est dans la majorité, on vote le budget,
13:10mais là, il n'y a pas de majorité, donc 49-3.
13:12Oui, exactement.
13:13C'est-à-dire que quand on s'amuse à se demander
13:15est-ce qu'un groupe politique est dans l'opposition ou dans la majorité,
13:17il y a un critère, est-ce qu'il vote ou pas le budget.
13:19Le RN et le PS ne sont pas et ne veulent pas être dans la majorité.
13:23Ils l'ont dit souvent.
13:24Donc, ils voteront contre le budget.
13:25En revanche, voter contre le budget ne signifie pas renverser le gouvernement.
13:28Donc, il y aura un 49-3.
13:3048 heures plus tard, il y aura une motion de censure.
13:33Et là, ça a été dit.
13:34Si vous avez le RN...
13:35Je vous interromps parce qu'il y a Éric Coquerel qui s'exprime
13:38et qui vient de sortir.
13:39On l'écoute, le président de la commission des finances.
13:41Elles vont assez vite, tout simplement, parce que, j'allais dire,
13:44les choses ont été largement bordées par les 2 rapporteurs
13:49au nom de la droite sénatoriale et du socle commun de l'Assemblée,
13:54comme je le pensais,
13:55et qu'il n'y a pas beaucoup de grains à moudre, comme on dit,
13:58pour essayer de changer ce qu'ils ont pensé.
14:01Et j'allais dire que les 8 commissaires votent un peu comme un seul homme
14:06par rapport aux propositions qui sont faites.
14:09Donc, il y a peu de changements par rapport aux textes
14:14avec lesquels ils sont arrivés.
14:15Vraiment que des détails.
14:17Et encore, qui étaient un peu déjà assumés,
14:19je pense sur les coum-coum,
14:20je pense sur certaines choses qui ont été un peu évoluées
14:24sur les taxations billes d'avion.
14:25Mais vraiment, c'est vraiment infime.
14:28Il n'y a aucun, pour l'instant, dans les propositions
14:32que, notamment à mille groupes socialistes,
14:34parce que je sais que c'est ça que vous attendiez,
14:36notamment, par exemple, sur les recettes.
14:38Rien n'a été retenu par rapport à ce qui était mis sur la table.
14:44Là, on vient de voir, par exemple, c'est une anecdote,
14:47mais sur la lettre de François Bayrou.
14:49François Bayrou, c'était a priori engagé
14:52à ce que toutes les promesses faites soient budgétées.
14:56On vient de s'apercevoir que, par exemple,
14:58sur la question de l'eau, les 470 millions d'euros,
15:01je crois qu'étaient promis, n'y seraient pas.
15:03Et qu'au contraire, il y a plus de 100 millions d'euros
15:05qui vont être baissés par rapport à cette ligne budgétaire.
15:09Donc, c'est pour vous dire qu'il n'y a pas vraiment de surprise.
15:13Au contraire même, sur les dépenses, il y a plutôt, pour l'instant,
15:16on verra à la fin quand on aura fini,
15:18mais il y a plutôt des aggravations importantes
15:20par rapport à la copie du Sénat,
15:22qui elle-même était une aggravation par rapport à la copie initiale Barnier.
15:26Par exemple, Cohésion des territoires dans lesquels il y a logement,
15:28c'est moins 760 millions d'euros par rapport à la version du Sénat.
15:33Donc, c'est évidemment extrêmement important.
15:35Ou je pense encore à l'agriculture,
15:37qui est à moins 227 millions d'euros par rapport à la copie du Sénat.
15:41Évidemment, là aussi, des choses importantes.
15:44Sur la question de l'éducation,
15:47qui va être traitée dans quelques minutes, mais on a les éléments,
15:50j'observe qu'il y a exactement ce que j'avais dit,
15:52c'est-à-dire que les 4 000 enseignants,
15:54la ligne budgétaire, effectivement, est remise,
15:58donc c'est 50 millions,
16:00mais d'un autre côté, est supprimée,
16:02est remise aussi la baisse qui avait été proposée au Sénat
16:06sur la formation à hauteur de 50 millions d'euros,
16:08que le Sénat avait refusée,
16:10et donc les deux sont remises, donc c'est match nul.
16:12On prend d'un côté 50 millions d'euros de plus
16:14au ministère de l'Éducation nationale,
16:16et on reprend, on donne 50 millions d'euros de plus
16:21pour les enseignants, donc quelque part,
16:23j'allais dire que c'est peanuts.
16:26Voilà un petit peu.
16:29Là, il vous reste peu de missions à examiner.
16:32Qu'est-ce que vous dites à vos collègues socialistes
16:34au vu de la copie budgétaire ?
16:36Je ne vois pas de quoi ils peuvent se satisfaire.
16:38Il n'y a aucune de leurs propositions,
16:41j'allais dire, sur lesquelles ils espéraient manifestement
16:45débouger, qui a été acceptée.
16:48Et quant à les propositions qui étaient faites
16:51par la lettre de François Hugues Roux, je l'avais dit,
16:53il y a en gros trois propositions réellement nouvelles,
16:55les jours de carence, les 4 000 postes d'enseignants,
16:57c'est juste 430 millions d'euros, et par contre,
17:00les 7 milliards de baisse de dépenses supplémentaires
17:02de la version Sénat, donc de la version Bérou,
17:05elles, elles sont bien maintenues, et je viens de le dire,
17:07elles vont même être aggravées, vraisemblablement.
17:09Donc on voit bien que dans les deux colonnes...
17:11Voilà pour les propos d'Éric Coquerel,
17:15le président de la Commission des Finances,
17:16qui vient de nous donner quelques éléments supplémentaires
17:18sur ce qui est en train d'être adopté sur le volet dépenses.
17:22On va revenir sur le volet recettes avec vous, Fanny Guinochet.
17:24D'abord, j'aimerais que vous nous expliquiez
17:26comment les milieux économiques regardent ce qu'il se passe,
17:29parce que c'est véritablement l'avenir,
17:33incertitude ou pas, fiscalité ou pas,
17:36dans quel état d'esprit sont-ils,
17:38et est-ce qu'eux-mêmes, d'une certaine façon,
17:40essayent de faire pression sur cette soirée ?
17:41Alors, avec beaucoup d'agacement,
17:43on a pu le voir toute la semaine,
17:45un certain nombre de patrons qui, d'habitude,
17:47restent en réserve, ne s'expriment pas publiquement,
17:52alors certes, il y a en ce moment
17:54des présentations de résultats,
17:56mais ont pris l'occasion, différentes occasions,
17:58pour s'exprimer, donc Bernard Arnault, évidemment,
18:01pour dire que ce n'est pas possible,
18:04on est taxés de toutes parts,
18:06Bernard Arnault qui laisse entendre
18:09qu'il pourrait, du coup, de ce fait-là,
18:11délocaliser un certain nombre d'usines
18:13pour aller aux Etats-Unis ou là.
18:15Patrick Martin dit la même chose.
18:17Il a dit pour le Medef,
18:18on ne va pas l'écouter, on n'a pas le temps,
18:20mais ceux qui peuvent partir partent,
18:22et ils ont raison.
18:23Et c'est vrai, ils le disent tous,
18:25dans les milieux d'affaires,
18:27tous disent, bon, maintenant,
18:29ça fait six mois qu'on n'a pas de budget,
18:31grosso modo depuis la dissolution,
18:33qu'on n'a pas de visibilité,
18:35on va encore alourdir le coût du travail en France,
18:37ça n'est pas tenable,
18:39et c'est vrai qu'il faut voir
18:41comment ça va être porté,
18:43ensuite, où est-ce qu'on va atteindre...
18:45On peut s'attendre à une forme d'hémorragie
18:47des grands groupes qui vont s'installer aux Etats-Unis ?
18:49Il y a un certain nombre de grands groupes qui regardent...
18:51Lesquels, par exemple ?
18:53Bernard Arnault le laisse entendre,
18:55mais c'est vrai que de l'autre côté,
18:57il faut bien avoir en tête que nous,
18:59on est là à compter les millions,
19:01et que de l'autre côté,
19:03du côté de l'Europe,
19:05il y a un certain nombre de nos partenaires européens
19:07qui vont bien, tout le monde ne va pas si mal,
19:09la France est à la traîne,
19:11et les Etats-Unis, qui ont une croissance incroyable,
19:13qui ont...
19:15Alors certes, Trump
19:17déroule le tapis rouge
19:19aux patrons étrangers...
19:21Et concurrence fiscale avec les Etats-Unis,
19:23mais même à l'intérieur de l'Europe.
19:25Notamment les patrons français,
19:27il leur dit, venez,
19:29l'énergie n'est pas chère,
19:31l'impôt sur les sociétés ne dépassera pas 15%.
19:33Là, ça va augmenter en France,
19:35avec cette surtaxe pour les grands groupes,
19:37même pendant un an, même si c'est qu'un an.
19:39Et c'est vrai que le gouvernement, on voit bien,
19:41tout le débat, n'a pas les marges de manœuvre
19:43pour donner des garanties au milieu économique,
19:45et parallèlement,
19:47donc ça, c'est du côté des patrons,
19:49on pourrait se dire, bon, les grands patrons,
19:51s'il y a un certain nombre d'entreprises,
19:53si elles payent plus de taxes,
19:55eh bien, soit elles vont délocaliser,
19:57soit elles vont moins investir en France,
19:59soit elles vont pas augmenter les salaires,
20:01voire elles vont licencier.
20:03Et de l'autre côté, je pense que pour un certain nombre de salariés,
20:05qui sont certes citoyens, mais de salariés,
20:07il y a l'inquiétude.
20:09100 000 personnes inscrites
20:11à France Travail, l'année dernière.
20:13Donc il y a des chiffres du chômage qui augmentent,
20:15et du coup, je pense qu'il y a une forme d'agacement,
20:17mais à l'aune d'un certain nombre,
20:19c'était, je crois, Jean-René Cazeneuve qui le disait,
20:21des Français qui disent, bon, maintenant,
20:23ça suffit, quoi.
20:25Alors justement, on y revient dans un instant aux Français,
20:27parce que c'est d'eux dont il s'agit avec ce budget,
20:29mais à quoi joue le Rassemblement national ?
20:31On est avec Mathias Renaud,
20:33au micro d'Elsa Mondingava.
20:35Censure ou pas censure, ils le savent ?
20:37Alors justement, vous siégez dans cette commission
20:39mixte paritaire, et effectivement,
20:41vous étiez plutôt discret au Rassemblement national
20:43sur ce budget. Vous menacez aujourd'hui
20:45de censurer le gouvernement sur une disposition
20:47sur l'électricité.
20:49C'est du bluff ?
20:51C'est pas du tout du bluff, et d'ailleurs,
20:53les menaces de censure, comme pour la dernière fois,
20:55sont tout à fait sérieuses de la part du Rassemblement national.
20:57Donc qu'on comprenne bien
20:59cet article 4
21:01qui fait l'objet d'un litige,
21:03fixe à partir de 2026 le système
21:05de tarification de l'électricité en France
21:07pour au moins les 10 prochaines années.
21:09C'est absolument énorme, à la fois sur les ménages
21:11et sur les entreprises.
21:13Donc nous, on considère que c'est une disposition
21:15qui n'a rien à faire dans le projet de loi de finances.
21:17D'ailleurs, on l'avait dit en première lecture,
21:19on n'était pas le seul à le penser,
21:21et on pense que cette disposition doit être sortie
21:23pour faire l'objet d'un véhicule législatif hors budget
21:25et doit être discutée dans un grand texte sur l'énergie.
21:27Et si elle est maintenue, vous censurez,
21:29c'est décidé ?
21:31La décision finale reviendra évidemment
21:33à Marine Le Pen, Jordan Bardella,
21:35et au groupe, mais pour l'instant,
21:37on est plutôt sur un carton jaune.
21:39Donc là, on est sur un texte CMP.
21:41Je note que, par ailleurs,
21:43sortir cet article 4,
21:45ça n'aurait aucune conséquence budgétaire
21:47pour l'année 2025,
21:49ce qui facilite un peu l'équation budgétaire
21:51pour le gouvernement.
21:53Mais enfin, pour l'instant, on en est là.
21:55Un dernier mot, Mathias Renaud,
21:57qu'est-ce qu'on vous dit dans vos circonscriptions ?
21:59On vous dit censurez, faites une deuxième censure,
22:01faites tomber une deuxième fois le gouvernement ?
22:03Ou on vous dit, attention, il faut quand même un budget
22:05économique, ça coince de ne pas en avoir ?
22:07Globalement, il y a quand même une confiance
22:09envers le gouvernement Bayrou qui est très faible.
22:11Après, c'est vrai
22:13qu'il y a certains secteurs économiques
22:15qui attendent une certaine visibilité,
22:17c'est vrai, mais
22:19on va dire que la catastrophe qui avait été annoncée
22:21au 1er janvier n'a pas eu lieu.
22:23Il faudra, à un moment donné,
22:25un budget pour le pays, et je pense qu'on peut
22:27de manière raisonnable trouver
22:29éventuellement un point d'accord.
22:31Ou alors, s'il n'y a pas, là, on n'hésitera pas
22:33à ouvrir le cas échéant.
22:35Eh bien, on verra si c'est un coup de pression
22:37ou un coup de bluff du Rassemblement national,
22:39réponse très certainement la semaine prochaine.
22:41C'est exactement ça, coup de pression ou coup de bluff,
22:43à quoi joue le RN ?
22:45Ça ne peut être en réalité que de l'esbrouf.
22:47Ça ne peut être de l'esbrouf pour une bonne raison,
22:49c'est qu'à la fin, et Mathias Renault l'a très bien dit,
22:51Jean-Enfiel Tanguy l'a admis également en salle des 4 colonnes
22:53ce matin, c'est Marine Le Pen qui tranche.
22:55Ils n'ont pas mandat
22:57pour activer une menace de censure.
22:59Donc, ils peuvent effectivement donner des coups de menton,
23:01cet article 4 qui porte donc sur les tarifs du nucléaire.
23:03Mais qu'est-ce qu'elle veut faire, Marine Le Pen ?
23:05Que se passe-t-il dans la tête de Marine Le Pen ?
23:07A-t-elle intérêt, à ce stade,
23:09à l'accélération de l'histoire,
23:11au fait de viser une présidentielle anticipée,
23:13alors même que nous avons un Jordan Bardella
23:15qui nous a dit lors de ses voeux qu'il ne souhaitait
23:17enclencher la censure qu'à partir du moment
23:19où elle ne pourrait découler sur une dissolution.
23:21Or, on sait que le barillet
23:23de la dissolution ne sera
23:25rechargé qu'à partir de juillet.
23:27Donc, il est fort probable
23:29que ce soit du bluff.
23:31Simplement, ce qui est intéressant, c'est qu'en cascade,
23:33ce petit moment de flottement où vous avez la menace du RN qui est réactivée,
23:35vous avez une panique morale chez les socialistes
23:37à l'idée de se dire, non mais attendez,
23:39on va laisser le bâton de l'opposition au RN et à l'FI.
23:41Et on va se solidariser durablement avec ce gouvernement.
23:43C'est ça qui est intéressant.
23:45C'est qui apparaîtra comme le sauveur de ce gouvernement ?
23:47Benjamin Morel, Fanny Guinochet.
23:49Oui, je suis absolument d'accord.
23:51En fait, il faut comprendre pourquoi Marine Le Pen censure en décembre.
23:53Elle censure en décembre parce qu'il y a une pression de sa base électorale.
23:55Cette pression aujourd'hui, là, n'existe plus vraiment.
23:57Et au contraire, sa base électorale et l'électorat qu'elle vise
23:59pourraient lui reprocher de se mettre en position de censure.
24:01Donc, il n'y a pas intérêt.
24:03Mais si elle devait dire maintenant,
24:05je ne censurerai pas,
24:07ça veut dire que potentiellement,
24:09elle donne le sentiment qu'elle n'a pas vraiment le doigt sur le bouton,
24:11qu'elle n'a pas vraiment la capacité d'agir.
24:13Là, elle s'ouvre une possibilité stratégique.
24:15Soit il y a vraiment un deal avec les socialistes
24:17auquel elle pourrait avoir intérêt à censurer,
24:19sachant que de toute façon, ça ne ferait pas tomber le gouvernement,
24:21en disant, regardez,
24:23c'est l'UMPS et je suis la seule opposition.
24:25Soit les socialistes n'arrivent pas à se mettre d'accord,
24:27il y en a plus de 21 qui votent la censure,
24:29ou quelqu'un, Marine Le Pen, peut dire,
24:31écoutez, si encore François Bayrou demain,
24:33s'il y a un budget, s'il y a la stabilité,
24:35c'est grâce à qui ? C'est grâce à moi.
24:37Voyez bien que je suis responsable.
24:39Donc, en prenant son temps...
24:41Elle va décider la toute dernière minute, comme d'habitude.
24:43Et c'est profondément plutôt malin.
24:45Donc, elle peut créer une surprise.
24:47Elle va attendre que ça décantante jusqu'au bout.
24:49Et on peut comprendre que ce matin,
24:51autour de la table de la Commission mixte paritaire,
24:53ils n'avaient pas beaucoup la main, le RNC.
24:55Ça se passait au sein du bloc central,
24:57avec la gauche, donc c'était aussi une manière,
24:59ce matin, de mettre un petit coup de pression.
25:01C'était une façon d'exister, mais après,
25:03imaginez, vous allez aller voir les électeurs,
25:05en disant, sur une taxe
25:07à laquelle personne ne va rien comprendre,
25:09sur le nucléaire, en 2026,
25:11qu'on aurait pu sortir
25:13par un véhicule législatif.
25:15On a fait tomber un gouvernement.
25:17Du coup, on n'a toujours pas de budget.
25:19Les Français, en ce moment, les électeurs,
25:21ils pensent quoi ? Ils se disent, les agriculteurs,
25:23on n'a pas les aides qu'on nous avait promis.
25:25Ça pose un problème.
25:27Il y a 18 millions de Français qui,
25:29sans budget, vont avoir un impôt sur le revenu
25:31qui va augmenter. 600 000
25:33vont rentrer dans l'impôt.
25:35600 000 qui rentrent dans l'impôt,
25:37c'est des gens qui sont juste au-dessus du SMIC.
25:39C'est des électeurs du RN,
25:41comme ce sont certains des électeurs
25:43du côté des socialistes.
25:45Concrètement, celui qui fera
25:47aujourd'hui, qui actionnera le bouton
25:49sur... On fait tomber
25:51le gouvernement et on n'a pas
25:53de budget sur 200 millions,
25:55la ME...
25:57Je pense que c'est difficile, derrière,
25:59de...
26:01Est-ce qu'on peut faire un tout petit point sur le volet recette ?
26:03Qu'est-ce qui attend les Français dans l'hypothèse
26:05où ce budget n'est pas censuré ?
26:07Pas d'augmentation d'impôt pour
26:09les plus modestes ?
26:11Pas d'augmentation d'impôt
26:13sur le revenu, parce qu'il y aura des
26:15prélèvements. Il faut pas rêver. La taxe
26:17sur les billets d'avion, même si vous prenez
26:19de temps en temps l'avion et que c'est pas le lot
26:21de tous les Français tout le temps,
26:23mine de rien, elle va s'appliquer.
26:25Quand vous avez des coups de rabot
26:27sur un certain nombre
26:29de dispositions dans la santé
26:31ou dans la recherche,
26:33ça a des conséquences
26:35dans les collectivités, etc.
26:37Donc, de toute façon, il y aura...
26:39C'est un budget qui est un budget
26:41où on essaye... Normalement, il y a 50...
26:43Ce qui est annoncé, c'est 50 milliards d'euros
26:45d'économies à faire, 30 milliards
26:47du côté des dépenses,
26:49et 20 milliards sur les recettes.
26:51On va passer aux dépenses,
26:53parce qu'il y a des sujets hyper attendus
26:55dans la soirée ou demain matin,
26:57notamment la question de l'immigration,
26:59l'aide médicale d'Etat. Là, on est sur
27:01une condition non négociable.
27:03Si les crédits ne sont pas maintenus,
27:05l'EPS censure ?
27:07Là, on est vraiment sur une mesure
27:09qui, en dépit de toutes les considérations
27:11et techniques que nous venons de brasser,
27:13l'aide médicale d'Etat, c'est une mesure symbolique
27:15qui peut parler à... Oui ?
27:17Je vous écoute, mais je crois qu'il y a un point presse en direct
27:19qui s'organise. On va me donner un... Les voilà.
27:21Allez. Philippe Brun,
27:23Boris Vallaud, Patrick Cannaire,
27:25on va les écouter en direct.
27:33Bon, ils prennent un peu leur temps, c'est bien normal.
27:35Tout le monde doit régler ses micros.
27:37Boris Vallaud.
27:41Je vous répète,
27:43nous savons qu'un certain nombre
27:45d'efforts supplémentaires de solidarité
27:47de justice fiscale n'avaient pas été accomplis.
27:49Ce qui ne nous a pas empêché
27:51d'obtenir, Philippe Brun,
27:53il reviendra notamment, un certain nombre
27:55d'avancées. Et nous avons
27:57commencé d'attaquer la partie des dépenses.
27:59Et ce que nous avons
28:01veillé à garantir,
28:03c'est que les engagements pris par le Premier ministre,
28:05notamment dans la lettre qu'il nous a adressée,
28:07étaient tenus.
28:09Un certain nombre de rétablissements
28:11de crédits, ou d'augmentation de crédits,
28:13par rapport à ce qui s'était passé au Sénat,
28:15étaient bien, en effet,
28:17opérés.
28:19Et nous sommes là, dans un moment
28:21évidemment de discussion.
28:29Dans la commission
28:31mixte paritaire, ce budget n'est pas
28:33le nôtre.
28:35Ce gouvernement n'est pas le nôtre.
28:37Les choix qu'il fait ne sont
28:39pas ceux que nous aurions faits
28:41si nous avions eu la responsabilité
28:43de construire ce budget.
28:45Mais nous nous sommes, depuis maintenant de longs mois,
28:47fixés pour objectif
28:49d'épargner au maximum
28:51les efforts d'économie
28:53aux Françaises et aux Français qui n'ont que leur force
28:55de travail pour vivre, aux classes moyennes,
28:57aux malades,
28:59aux retraités.
29:01Et c'est la vigilance
29:03que nous continuons d'avoir,
29:05en disant à la fois
29:07au Bloc central et au gouvernement
29:09que la seule chose
29:11qui nous guide, c'est l'intérêt du pays,
29:13et que nous aimerions de temps en temps que ce soit le cas
29:15aussi chez eux.
29:17Mais est-ce qu'aujourd'hui, cette copie, elle vous pousse à ne pas censurer le gouvernement
29:19ou ça penche plutôt du côté de la censure ?
29:21Ça, vous savez, nous verrons.
29:23Vous savez que le texte, à l'issue de la CMP,
29:25retournera
29:27dans l'hémicycle à l'Assemblée nationale,
29:29avec un gouvernement qui a le pouvoir d'amendement,
29:31et nous lui dirons à nouveau
29:33qu'il nous paraît manqué dans ce budget
29:35et les efforts supplémentaires
29:37qu'il y aura à accomplir.
29:39Et ce n'est pas, évidemment, ni devant vous,
29:41ni entre deux portes ou des couloirs,
29:43que nous déciderons. Je le dis, nous sommes,
29:45depuis le départ, guidés par un seul intérêt,
29:47l'intérêt du pays, l'intérêt des Françaises
29:49et des Français. Et nous sommes des parlementaires
29:51qui voulons être utiles
29:53aujourd'hui et pas demain,
29:55dans 30 mois ou à l'occasion d'une hypothétique
29:57élection anticipée.
29:59Voilà pour le président du groupe socialiste à l'Assemblée,
30:01Boris Vallaud. Bon, il joue le suspense.
30:03Et nous ne le dirons pas ce soir,
30:05s'ils ne s'en surent pas.
30:07L'expression consacrée chez les socialistes,
30:09l'expression qui nous vient du bon sens paysan,
30:11c'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses.
30:13Et il se trouve aussi que, comme les socialistes
30:15sont dans un exercice d'équilibrisme,
30:17de funambule, on verra si à un moment donné
30:19ils s'écrasent ou pas. Il y a un certain
30:21nombre de points sur le volet
30:23dépenses, vous le disiez, qui là,
30:25véritablement, vont sortir du sénacle
30:27fermé de la commission mixte paritaire
30:29et parler directement à l'oreille
30:31des Français et en particulier des électeurs de gauche.
30:33L'aide médicale d'État en fait résolument partie.
30:35Et en l'espèce, on parle de
30:37200 millions d'euros sur
30:39un budget annuel de 1,2 milliard d'euros
30:41pour l'aide médicale d'État.
30:43Là, le gouvernement va faire face à deux chantages.
30:45Le chantage des socialistes
30:47qui, pour le coup, ne veulent pas céder sur quelque chose
30:49qui relève, une fois de plus, de la morale
30:51et des ministres tels que Bruno
30:53Retailleau et une partie du
30:55socle commun, de la droite en particulier,
30:57qui ne veut pas céder non plus.
30:59Donc ça va être vraiment l'un des points durs.
31:01Il y aura probablement des subterfuges
31:03trouvés, là je n'entrerai pas dans les détails, mais par exemple sur la caractérisation
31:05le périmètre des soins d'urgence.
31:07Quels sont les soins qui relèvent de l'urgence
31:09ou pas pour les populations concernées
31:11par l'aide médicale d'État ?
31:13Là, qu'est-ce qu'on entend,
31:15Stéphanie Despierre ? C'est vrai qu'il y a
31:17une majorité, dans ces huit
31:19qui composent le
31:21socle commun, de sénateurs LR.
31:23Et on connaît le poids de Bruno
31:25Retailleau au Sénat, l'ancien président du
31:27groupe LR. Est-ce que là, les
31:29socialistes sont en mesure de remporter leur bras de
31:31fer pour maintenir les crédits de l'AME ?
31:33Alors, ça risque d'être un peu compliqué.
31:35En revanche, ils commencent à dire que ce qui importe, c'est pas
31:37forcément le chiffre, même s'il est
31:39très symbolique, mais les critères.
31:41Et en disant que si on ne touche pas aux
31:43règles qui permettent et qu'on
31:45ne touche pas au panier de soins, eh bien, quoi
31:47qu'il arrive, quel que soit l'argent qu'on affichera,
31:49de toute façon, on ne va pas refuser des soins
31:51aux gens si ils y ont droit.
31:53Ce qui est important, c'est de ne pas toucher aux critères.
31:55Donc, ils pourraient éventuellement s'en sortir comme ça
31:57s'ils n'arrivent pas facialement à
31:59obtenir une victoire en termes d'argent
32:01sonnant et très bûcheux.
32:03On sait qu'il y a une réforme de
32:05l'AME qui est poussée par la droite
32:07et par Bruno Retailleau, là, de Médicale d'Etat.
32:09Il y avait même eu Patrick Stefanini qui avait rendu
32:11son rapport avec un socialiste,
32:13Claude Hévin. En gros, les socialistes,
32:15ils vont se coucher sur le budget de l'AME
32:17pour refuser une future
32:19réforme ou suppression de l'AME ?
32:21C'est compliqué parce qu'on a expliqué le contexte
32:23tout à l'heure avec les propos de François Bayrou.
32:25Qu'est-ce qui va se passer dès le lendemain de cette commission
32:27mixte paritaire ? La France insoumise,
32:29qui l'a déjà fait, va mettre en avant
32:31tous les éléments
32:33qui feraient que les socialistes ne seraient
32:35pas de gauche si jamais ils ne censuraient pas
32:37ce budget. Si vous avez les propos de François Bayrou
32:39et qu'en plus ils se couchent sur l'AME,
32:41qu'ils sont isolés à gauche, il faut bien voir la pression
32:43électorale en vue des municipales,
32:45en vue d'une potentielle dissolution,
32:47en vue, évidemment, de l'isolement des socialistes,
32:49en vue d'une présidentielle. Cette situation,
32:51elle va être compliquée à gérer. Mais de l'autre côté,
32:53il faut bien donner des gages à LR parce que vos LR,
32:55ils sont également aujourd'hui pris
32:57entre deux feux. Mais eux ne vont pas censurer,
32:59ça c'est sûr. Non, ils ne vont pas censurer. En revanche,
33:01si vous avez Marine Le Pen qui dit « Regardez, ils se sont couchés
33:03sur l'AME. Regardez, Bruno Retailleau parle
33:05comme nous, mais il ne sert à rien parce que
33:07au fond, il n'a absolument
33:09aucun résultat, il n'a obtenu aucun gain politique.
33:11C'est compliqué ensuite pour LR de justifier
33:13son existence dans le paysage politique. Au fond, c'est ça le plus
33:15dur, le nœud de cette CMP ?
33:18La question du budget de l'AME ?
33:20Là où je rejoins complètement ce que vient de dire Benjamin,
33:22c'est que l'enjeu, on voit mal les LR censurés.
33:24Pour tout dire, on ne voit pas les LR censurés.
33:26Par contre, un Bruno Retailleau qui,
33:28argant qu'il n'a pas les moyens de son action
33:30au ministère de l'Intérieur,
33:32claque la porte, ça peut être un fait politique
33:34majeur. Et il l'a déjà dit, Bruno Retailleau.
33:36Il a déjà dit « Je suis à Beauvau
33:38pour aller au bout de ma mission
33:40avec tous les moyens qui me sont
33:42confiés. Si ce n'est pas le cas, je m'en irai. »
33:44Dernière question, et merci pour ce
33:46décryptage, puisque vous êtes parfaitement informé
33:48minute par minute. Il y a une amicale
33:50de la censure, ce groupe WhatsApp
33:52que vous avez sorti dans votre journal.
33:54En expansion.
33:56Mais sincèrement, ils flippent les socialistes
33:58des représailles aux législatives
34:00si elles arrivent, des insoumis ?
34:02C'est évident parce qu'imaginez un instant,
34:04j'évoquais précédemment les menaces de
34:06Jordan Bardella, qui disait que le RN
34:08activerait la menace, qu'en cas
34:10de possibilité de dissolution.
34:12Une dissolution qui interviendrait à l'automne
34:142025, en pleine préparation des municipales,
34:16mais serait calamiteuse.
34:18Avec des insoumis qui leur feraient
34:20la guérilla circonscription par
34:22circonscription, pied à pied.
34:24Ça serait une machine à perdre absolue pour la gauche.
34:26Merci beaucoup. On va arrêter là ce décryptage
34:28qu'on va conclure avec Elsa Mondingava
34:30qui a évidemment suivi cette journée.
34:32Elsa, qu'est-ce que
34:34c'est que le programme de la soirée ?
34:36A quoi peut-on s'attendre ? Est-ce qu'ils vont
34:38siéger aussi demain ? Alors ce soir,
34:40c'est fini Myriam, on reprend les discussions
34:42demain à 8h30. Vous le savez,
34:44le budget, c'est une partie recette, une partie
34:46dépense. Pour la partie recette, c'est
34:48fini. Et pour les dépenses, en fait, on examine
34:50des trentaines de missions,
34:52éducation, sécurité, etc. On recommence
34:54donc demain matin avec une vingtaine de missions.
34:56On nous dit que ça peut aller relativement vite,
34:582h30, 3h.
35:00Attention à la mission qui
35:02concerne la santé et l'AME, l'aide médicale
35:04d'Etat, vous l'avez entendu il y a quelques secondes.
35:06Les socialistes veulent que le budget
35:08soit pérennisé alors qu'à droite
35:10et à l'extrême droite, on veut que le budget
35:12soit un peu réduit. Débat demain
35:14dès 8h30 à l'Assemblée.
35:16Elsa Mondingava en duplex des 4 colonnes.
35:18Merci à tous les 4 pour ce
35:20décryptage au plus près de cette commission
35:22mixte paritaire. Et bonsoir
35:24Alain Bauer. Merci d'être mon
35:26grand témoin dans un instant.
35:28Invité Franck Parley pour évoquer la conquête
35:30de l'Ouest chez Fayard.
35:32La vérité sur l'immigration,
35:34c'est le troisième volet de votre série.
35:36C'est une histoire sur plusieurs continents,
35:38une génèse à nos jours,
35:40et c'est aussi un plaidoyer pour l'intégration,
35:42la vraie, celle que nous avons abandonnée.
35:44L'invitation de Maëté Frémont, interview
35:46juste après.
35:50Si on vous invite Alain Bauer, c'est que
35:52vous, le spécialiste des questions
35:54de sécurité, de défense et de
35:56renseignement, vous nous livrez
35:58un nouvel ouvrage,
36:00La conquête de l'Ouest, la vérité sur les
36:02migrations. Crise de la natalité,
36:04des réfugiés, de l'identité,
36:06les épidémies et les
36:08migrations climatiques.
36:10500 pages pour questionner
36:12le devenir sédentaire
36:14et les enjeux démographiques.
36:16Le fait de pouvoir quitter un espace, une société,
36:18semble correspondre à la
36:20première des libertés, puisqu'elle
36:22permet de reconstruire, de recommencer
36:24autre chose ailleurs.
36:26Dans votre essai, vous préconisez
36:28de nous attacher à notre récit national
36:30et non pas à un roman national
36:32fantasmé.
36:34Le roman national, qui devient
36:36parfois récit et souvent fable,
36:38se remplit de la liste des
36:40exploits, conquêtes, élargissements
36:42des territoires et illustrations
36:44géographiques des pulsions impériales.
36:46Les sociétés occidentales
36:48auraient-elles plus peur du flux
36:50que de leur propre situation
36:52démographique ?
36:54Ce soir, Alain Bauer, loin des
36:56postures, vous fait appel à
36:58l'intelligence des citoyens.
37:00Et bienvenue sur ce plateau
37:02Alain Bauer. Merci d'être avec nous.
37:04Le débat en France fait rage sur
37:06l'immigration. On témoigne encore les mots
37:08du Premier ministre François Bayrou sur le
37:10sentiment de submersion migratoire
37:12dans notre pays. Il a fait sursauter
37:14la gauche, on vient d'en parler,
37:16au point même d'avoir mis en péril,
37:18même si elles ont repris ces discussions
37:20budgétaires. Est-ce qu'il a raison,
37:22le Premier ministre ? Est-ce qu'en France,
37:24par endroits, les Français ne reconnaissent plus
37:26leur pays ?
37:28Je ne sais pas. Je ne sais pas qui arrive
37:30à sortir dans la rue de ce magnifique bâtiment
37:32qu'est l'Assemblée nationale, qui rencontre des électeurs,
37:34qui prend le métro,
37:36qui va boire un café, qui discute avec les gens.
37:38Moi, j'entends ça de manière sérieuse.
37:40Tous les samedis ou dimanches, je fais
37:42une conférence publique sur un sujet
37:44d'actualité, défense, sécurité,
37:46immigration, puisque c'est la série
37:48de livres que j'ai essayé
37:50de mettre en avant pour que chacun
37:52se fasse sa propre opinion à partir des faits.
37:54Moi, je n'en ai pas d'opinion.
37:56Je regarde ce que sont les choses.
37:58C'est une explication.
38:00Ce n'est pas une posture, c'est un choix.
38:02La clé d'explication
38:04à ce sentiment de submersion,
38:06c'est parce qu'on a échoué
38:08à intégrer. Vous dites même pas
38:10que c'est échoué, c'est qu'on a abandonné.
38:12Expliquez-nous.
38:14On avait un processus qui est toujours dans le Code civil.
38:16Le Code civil parle d'assimilation.
38:18Pour devenir Français, il faut être assimilé.
38:20Assimilé par la langue, la culture, etc.
38:22Définition par rapport à l'intégration,
38:24la différence ?
38:26C'est comme ça que ça a été compris.
38:28Les premiers qui se sont révoltés
38:30ne sont pas les étrangers.
38:32Ce sont les Bretons,
38:34les Corses, les Basques,
38:36les Alsaciens.
38:38Ceux qui avaient une langue, une culture
38:40et qui voulaient bien être Français.
38:42Les Alsaciens ont même choisi par référendum
38:44de revenir en France
38:46au moment où la question s'est posée
38:48de savoir dans quel endroit
38:50ils voulaient aller.
38:52Une partie des Allemands, eux, sont retournés
38:54en Allemagne, en Saar,
38:56mais nous, nous avons considéré
38:58que l'assimilation, c'était trop.
39:00Mais la France, entre trop et rien,
39:02elle ne sait pas faire entre deux.
39:04Au milieu, comme dirait M. Berroux,
39:06en tout cas, sa marionnette.
39:08Vous êtes dur, d'ailleurs.
39:10Vous parlez de désagrégation volontaire de l'Etat.
39:12Est-ce que c'est... Valéry Giscard d'Estaing,
39:14on va le voir s'afficher,
39:16est-ce que ce sont ces années-là,
39:18les années 70, le responsable ?
39:20Il a accéléré le processus.
39:22Les premières vagues d'immigration
39:24où nous sommes allés chercher des étrangers
39:26et leurs familles, c'est 1920.
39:28Pour répondre à un drame,
39:30une tragédie, qu'a été la Première Guerre mondiale,
39:32nous avons perdu 3 millions de citoyens.
39:343 millions.
39:36La démographie française s'effondre.
39:38Nous n'avons jamais rattrapé
39:40ce désastre historique
39:42qui, en plus, a été rajouté
39:44par un peu plus d'un million
39:46en 39-45.
39:48Et donc, depuis, nous courons
39:50derrière des bras et des enfants
39:52que nous ne faisons.
39:54Pour la guerre, d'abord.
39:56La main-d'oeuvre, ensuite.
39:58Et maintenant,
40:00pour payer les retraites.
40:02Car les trois sujets, et c'est pour ça
40:04que je ne veux pas traiter d'immigration
40:06sans traiter de la démographie,
40:08c'est la démographie qui crée l'appel d'air
40:10migratoire, rien d'autre.
40:12Les conquêtes territoriales,
40:14nous avons tous oublié nos conquêtes territoriales.
40:16Vous êtes française ? Moi aussi.
40:18Pourtant, nous portons le nom de nos envahisseurs.
40:20Car nos ancêtres ne sont pas les Gaulois.
40:22Ni à vous, ni à moi.
40:24Parce qu'on a créé un roman national
40:26pour unifier le pays.
40:28C'est Philippe Auguste qui a commencé.
40:30Philippe de Auguste
40:32a créé
40:34pour la première fois
40:36l'idée qu'il était roi
40:38de France et pas seulement roi
40:40des Francs, mais il n'était pas roi des Français.
40:42Car le Français tel que nous le considérons,
40:44la nationalité française,
40:46c'est la révolution française.
40:48Avant, tous les sujets du roi présents sur le territoire,
40:50d'où qu'ils viennent, sont des sujets du roi.
40:52Mais ils ne sont pas français pour autant.
40:54La nationalité vient
40:56avec la révolution.
40:58Le roman national
41:00vient avec la Troisième République qui veut créer
41:02une idée nationale formidable,
41:04mais c'est un roman.
41:06Et le récit national, il est à côté.
41:08Moi, je suis pour réconcilier roman et récit
41:10afin de créer
41:12la capacité pour tout un chacun
41:14de comprendre que notre problème,
41:16c'est dans un pays où l'Etat a créé la nation.
41:18L'Etat a créé la nation.
41:20C'est notre singularité.
41:22Alors justement, qu'est-ce qu'être français,
41:24puisque vous nous ramenez à la révolution ?
41:26Il faut retrouver cette capacité d'intégration.
41:28Qu'est-ce qu'être français, puisque vous nous ramenez
41:30à la révolution française ?
41:32Qu'est-ce que vous répondez
41:34à cette question, et est-ce que vous n'avez pas
41:36le sentiment qu'au fond,
41:38nos politiques ont bien du mal
41:40à partager la même réponse ?
41:42D'abord, parce qu'il n'y se passe
41:44pas suffisamment, comme dirait
41:46certains. Ils ont un petit problème.
41:48La note de synthèse de l'ENA, c'est bien,
41:50mais c'est du bachotage.
41:52Les étudiants, ils ont une capacité
41:54à aller au-delà du bachotage
41:56et du recto verso.
41:58C'est une partie du problème, c'est que nous définissons
42:00tous les valeurs de la République.
42:02Faites une interro écrite, vous allez voir, ça va être intéressant.
42:04Les valeurs de la République,
42:06c'est un mélange entre la déclaration des droits
42:08de l'homme et du citoyen et la proclamation
42:10du Conseil national de la résistance.
42:12Voilà ce qu'est la France.
42:14La France, c'est ça, et c'est
42:16Philippe Auguste qui dit je suis le roi de tous
42:18ceux qui sont sur le territoire,
42:20c'est Louis XI qui dit
42:22je réunifie le territoire,
42:24c'est évidemment
42:26Napoléon Bonaparte qui lui donne une dimension
42:28qu'il n'a jamais connue, c'est Charles de Gaulle
42:30qui imprime l'esprit
42:32de la résistance et qui donne
42:34à tous les Français, et heureusement
42:36aux tirailleurs sénégalais et à quelques autres
42:38dont on bafoue les sépultures
42:40la capacité pour ce pays
42:42de retrouver son indépendance.
42:44Donc ce sont des valeurs
42:46et une histoire. Quand on a vu
42:48Valéry Giscard d'Estaing tout à l'heure,
42:50je voulais vous faire enjamber un peu plus
42:52dans le temps, mais vous avez bien fait de me rappeler
42:54au creuset du roman national,
42:56les années 70,
42:58vous dites que c'est un accélérateur
43:00d'avoir arrêté
43:02l'intégration.
43:04Ah non, c'est pas l'intégration
43:06qui s'arrête, c'est la fin de l'idée
43:08de souveraineté, car Valéry Giscard d'Estaing
43:10et toute la classe politique
43:12mondiale de l'époque décident
43:14que le moment est venu de l'intégration
43:16et de la globalisation heureuse.
43:18Et la globalisation heureuse va nous tenir
43:20jusqu'à 1999.
43:22Pendant 50...
43:24Pas 50 ans, on va dire...
43:2625 ans,
43:28nous allons ouvrir les frontières,
43:30ouvrir au travail, décider de perdre
43:32notre souveraineté industrielle,
43:34notre souveraineté militaire,
43:36notre souveraineté sécuritaire,
43:38élargir nos frontières en les sous-traitant
43:40aux plus pauvres
43:42et aux moins agiles
43:44d'entre nous, c'est-à-dire
43:46les Grecs et les autres. Et donc, à un moment donné,
43:48nous avons cru que tout le monde
43:50allait s'aimer à cause de l'économie.
43:52Mais c'est pas vrai.
43:54Et la démonstration en a été faite
43:56au moment où il y a la crise
43:58de l'ex-Yougoslavie,
44:00au moment où l'OTAN, l'Alliance atlantique,
44:02décide de mettre fin aux exactions serbes
44:04contre les populations musulmanes
44:06kosovars, à ce moment-là,
44:08il y a une rupture dans l'idée même
44:10que nous allons, par l'économie,
44:12régler les problèmes politiques.
44:14Vous dites qu'à cette période, on a cru
44:16que les immigrés viendraient pour repartir,
44:18qu'il y avait cette immigration en CDD.
44:20Mais comment on a pu faire
44:22cette erreur ? Il faut être aveuglé.
44:24C'est comme quand on croit que la guerre
44:26ne va plus avoir lieu, que la Russie
44:28n'envahira pas l'Ukraine,
44:30que Donald Trump ne va pas être élu,
44:32que s'il est élu, il se transformera
44:34en démocrate alors qu'il est Donald Trump
44:36qui le fait du Donald Trump.
44:38Nous nous illusionnons parce que nous n'acceptons
44:40pas le réel. C'est un biais cognitif que j'enseigne
44:42à l'école de guerre, donc c'est
44:44assez facile. Pourquoi pensez-vous
44:46qu'alors qu'on sait tout et qu'on voit tout
44:48et qu'on a les mêmes photos que les Américains,
44:50on n'a pas cru que les Russes envahiraient l'Ukraine ?
44:52Parce qu'on ne voulait pas y croire.
44:54Il y a ce mot
44:56de retour des empires,
44:58ce grand réveil des empires.
45:00Expliquez-nous, parce que c'est vrai qu'on est encore choqués.
45:02On avait compris pour Poutine,
45:04on avait vu aussi
45:06les projets économiques qu'il y a à travers les routes de la soie
45:08de Xi Jinping, et maintenant
45:10Donald Trump qui part à l'assaut du Groenland.
45:12Xi Jinping, les routes de la soie et Taïwan.
45:14On n'oublie pas le territoire.
45:16Il a dit qu'il envahirait Taïwan.
45:18Les dictateurs disent toujours ce qu'ils vont faire.
45:20Il y a que nous qui ne croyons pas
45:22qu'ils vont le faire.
45:24Nous, nous parlons de la Turquie.
45:26Eux, ils se pensent à l'Empire ottoman.
45:28Nous avons oublié que l'Empire ottoman a existé.
45:30Nous parlons de l'Iran.
45:32Eux, ils se pensent à la Perse.
45:34On revient aux invasions barbares d'avant,
45:36même avec Donald Trump ?
45:38Le Groenland appartenait aux Etats-Unis.
45:40C'est les Etats-Unis
45:42qui en 1867 l'ont découvert.
45:44Le Commodore Perry occupait les 2 tiers du Groenland
45:46en 1888.
45:48La Norvège et le Danemark
45:50n'occupaient qu'un tiers du Groenland.
45:52C'est une histoire ancienne.
45:54La souveraineté n'est pas celle d'aujourd'hui.
45:56C'est celle d'hier.
45:58Le Groenland n'est pas membre de l'Union européenne.
46:00Pourquoi l'Union européenne
46:02a-t-elle laissé le Groenland sortir
46:04de l'Union européenne ?
46:06Il n'est pas dans l'Union européenne.
46:08Pourquoi ?
46:10Parce que nous n'avons pas regardé
46:12et qu'on s'en foutait comme de l'an 40.
46:14Nous sommes des ignards, des incultes
46:16et des idiots et des lâches.
46:18Globalement, tous.
46:20Nous avons tous laissé faire
46:22et c'est pas vrai.
46:24Charles de Gaulle,
46:26utilisant un texte de quelqu'un d'autre,
46:28expliquait que les Etats n'avaient que des intérêts.
46:30Nous avons oublié.
46:32Quelqu'un a dit, il y a très longtemps,
46:34que si Vispasème paraît bel homme,
46:36celui de la paix prépare la guerre.
46:38Nous avons donc la guerre.
46:40Le problème, il n'est pas que nous ne savons pas...
46:42Vous nous appelez à réarmer nos démocraties
46:44d'un point de vue mental et défenseur.
46:46Il y a un débat sur le budget.
46:48Malheureusement,
46:50nous avons étripé notre armée,
46:52qui est expéditionnaire, échantillonnaire,
46:54qui a un peu de tout, beaucoup de rien
46:56et qui, au vu de toutes les études
46:58sur l'armée de terre, l'armée de l'air
47:00et les autres, je suis réserviste aérien,
47:02je suis terrorisé par l'état de notre armée de l'air
47:04et de sa capacité à résister.
47:06Nous venons de récupérer, aujourd'hui,
47:08la semaine dernière, les rafales commandées en 2009.
47:12On avance, quand même,
47:14en matière de budget.
47:16On se rattrape.
47:18Je voulais vous poser la question,
47:20pour vous ramener à la question migratoire,
47:22toujours aux Etats-Unis.
47:24Comment regardez-vous ces expulsions massives
47:26qui sont à l'oeuvre ?
47:28Elles ne sont pas massives.
47:30C'est du show business.
47:32Il y a 13 millions d'immigrés clandestins
47:34aux Etats-Unis, dont 11 millions travaillent.
47:36Ils représentent 5 % de la force
47:38réelle de l'économie américaine.
47:40La démographie américaine
47:42ne vit et ne survit.
47:44Elle est aussi en mal en point que la nôtre.
47:46Elle a atteint le taux de fécondité
47:48le plus bas depuis la guerre, 1,62.
47:50Les Etats-Unis, c'est pire.
47:52Ils ne survivent et ne se développent
47:54que grâce à l'immigration.
47:56Dès que Donald Trump a dit...
47:58Mais ceux qui ont élu Trump
48:00veulent arrêter l'immigration.
48:02Certains oui, d'autres non.
48:04Je vous fais le pari
48:06qu'à la fin du mandat de Donald Trump,
48:08il y aura autant d'immigrés clandestins
48:10ou régularisés aux Etats-Unis
48:12qu'il y en avait à son début.
48:14Je vous propose de rester avec nous.
48:16Le sujet de la prochaine partie
48:18de cette émission, c'est le prolongement
48:20direct de votre livre.
48:22La conquête de l'Ouest,
48:24c'est à lire chez Fayard.
48:26Tout de suite, la question qui fâche
48:28avec nos invités.
48:30Pour terminer.
48:32La question qui fâche
48:34avec nos invités.
48:36Pour terminer.
48:38La conquête de l'Ouest,
48:40c'est à lire chez Fayard.
48:42Tout de suite, la question qui fâche
48:44avec nos invités.
48:54Tirs croisés, ce soir,
48:56qui nous emmènent en Allemagne.
48:58Vous le savez, des élections
49:00très attendues vont se jouer
49:02dans un peu moins d'un mois.
49:04On va en parler après un vote décisif,
49:06historique, un tournant, peut-être.
49:08Vous allez nous le dire.
49:10Merci d'être là.
49:12Vous êtes spécialiste de l'Allemagne contemporaine
49:14et professeure à la Sorbonne.
49:16Merci d'être là.
49:18C'est un réseau de médias allemand.
49:20Voici la question qui fâche ce soir.
49:22La question qui fâche
49:24nous emmène en Allemagne
49:26et à ce vote historique au Bundestag.
49:28Le parti d'extrême-droite
49:30AFD exulte.
49:32Il vient d'allier ses voix
49:34au conservateur allemand de la CDU
49:36pour voter un texte qui durcit
49:38la politique migratoire du pays.
49:40Une nouvelle ère s'ouvre
49:42ici et maintenant et nous la menons.
49:44Des nouvelles forces l'amènent.
49:46Ce sont les forces de l'AFD.
49:48Un cordon sanitaire
49:50qui tombe.
49:52Une alliance avec l'extrême-droite allemande
49:54au moment où le pays célèbre
49:56les 80 ans de la libération du camp de Auschwitz.
49:58Depuis la création
50:00de la République fédérale d'Allemagne
50:02il y a 75 ans,
50:04il y a toujours eu un consensus clair
50:06entre tous les démocrates.
50:08Dans notre Parlement, nous ne faisons pas
50:10cause commune avec l'extrême-droite.
50:12Vous avez mis fin à ce consensus
50:14fondamental de notre République.
50:16Parmi les partis
50:18les plus radicaux d'Europe,
50:20l'AFD a vu l'un de ses dirigeants condamné
50:22à 16 000 euros d'amende
50:24pour avoir prononcé un slogan nazi.
50:26Sa dernière campagne électorale
50:28est sans équivoque.
50:30Nationalisme ethnique.
50:32Nouveaux Allemands, on les fait nous-mêmes.
50:34Anti-Islam, geste
50:36qui évoque le salut nazi.
50:38Le Premier ministre hongrois
50:40félicite l'AFD.
50:42Le milliardaire américain Elon Musk
50:44s'invite à un meeting électoral
50:46de l'extrême-droite allemande.
50:48À trois semaines des élections législatives,
50:50alors que le parti extrémiste
50:52est deuxième dans les sondages,
50:54l'AFD est-elle devenue incontournable ?
50:58Réponse.
51:00Je dirais oui et non.
51:02Oui, parce qu'effectivement,
51:04aujourd'hui, elle a un poids incontestable.
51:06Elle est au niveau national
51:08à 20 %, à peu près.
51:10Dans certaines régions de l'Allemagne,
51:12il y a 30 %, voire plus,
51:14dans les sondages, du coup,
51:16avant ces élections-là.
51:18Forcément, elle a ce poids important.
51:20Mais pour être au pouvoir,
51:22aujourd'hui, elle en est très loin,
51:24parce que dans ces länders,
51:26où il y avait trois lènders
51:28de l'est de l'Allemagne,
51:30et même à Thuringe,
51:32où elle est arrivée
51:34en première place,
51:36elle ne gouverne pas aujourd'hui.
51:38Donc elle n'a toujours pas de partenaire.
51:40Hier, avec ce vote,
51:42qui n'est pas un vote contraignant.
51:44C'est une motion...
51:46Ca change quelque chose,
51:48le fait qu'il y ait eu ces voix mêlées
51:50entre la droite conservatrice,
51:52la CDU allemande, et l'AFD ?
51:54C'est historique.
51:56C'est un tabou qui est brisé.
51:58Ce n'est pas du tout un vote...
52:00Qui a des effets juridiques.
52:02...directement à une loi.
52:04Pour un vote demain, ça peut changer la donne.
52:06Mais on voit aussi
52:08les réactions en Allemagne.
52:10On voit les réactions au sein du CDU,
52:12donc du Parti conservateur.
52:14On voit des manifestations dans le pays.
52:16Donc ça ne passe pas
52:18inaperçu non plus.
52:20Angela Merkel est sortie de son silence
52:22pour la première fois.
52:24Elle a condamné avec force.
52:26C'est un signe très fort.
52:28D'abord, depuis qu'elle a quitté le pouvoir,
52:30elle s'est tenue complètement
52:32à l'écart de la politique,
52:34y compris refusant de commenter
52:36les conséquences de sa propre politique
52:38et de ses choix politiques.
52:40Là, elle est sortie du silence
52:42pour quasiment désavouer
52:44publiquement le candidat
52:46à la chancellerie
52:48du Parti qu'elle soutient
52:50et qui est son parti.
52:52Ils ont une histoire personnelle un peu longue.
52:54C'est une histoire très concurrente.
52:56Il n'empêche que là, elle envoie un signal.
52:58Il est allé trop loin.
53:00C'est une rupture historique, ce qui s'est passé,
53:02ou du fait même que ce n'est pas contraignant,
53:04le fait que ce vote ait eu lieu
53:06en commun
53:08n'a pas trop de conséquences ?
53:10C'est un des effets
53:12du jeu parlementaire.
53:14D'abord, c'est une motion, une déclaration
53:16qui a lieu beaucoup sous le coup de l'émotion
53:18puisqu'il y a eu en Allemagne
53:20une succession d'attaques violentes,
53:22et en particulier, la semaine précédente,
53:24l'assassinat d'un petit enfant,
53:26d'une personne adulte
53:28essayant de protéger un groupe d'enfants
53:30de maternelle par un Afghan
53:32qui aurait dû être expulsé
53:34et qui est de toute évidence malade mental.
53:36C'est en cela que moi,
53:38je répondrais aussi dans ce sens-là.
53:40L'AfD est incontournable tout simplement
53:42parce que l'actualité lui apporte
53:44sur un plateau les raisons
53:46de réagir.
53:48Elle oblige finalement
53:50les autres partis à se positionner.
53:52Là où, ce qui s'est passé hier,
53:54demain, ça risque d'être encore un peu plus compliqué
53:56parce que demain,
53:58la CDU,
54:00l'ancien parti de Mme Merkel
54:02et le parti dirigé par Friedrich Merz,
54:04doit déposer un projet de loi
54:06visant à donner
54:08de la réalité
54:10à l'idée de la fermeture des frontières,
54:12du renvoi réel
54:14des plusieurs dizaines de millions...
54:16En faisant ça, c'est lui qui coupe
54:18le cordon sanitaire qui était
54:20historiquement installé en Allemagne ou pas ?
54:22Alors, le cordon sanitaire,
54:24il est posé en Allemagne depuis que l'AfD est entrée
54:26au Parlement, c'est-à-dire en 2017.
54:28Il a été posé aussi dans les affirmations
54:30par Friedrich Merz
54:32il y a à peine quelques semaines, lorsqu'il a dit
54:34nous ferons en sorte, bien que nous soyons
54:36l'opposition traditionnelle, de ne jamais
54:38mêler nos voix avec
54:40un autre parti qu'un parti démocratique.
54:42Et là, il a dit
54:44moi, je fais une proposition
54:46qui est raisonnable, je ne suis pas responsable
54:48de ceux qui votent cette proposition.
54:50Donc, il ne dit pas
54:52qu'il a été chercher leur soutien,
54:54mais les faits font qu'il est
54:56en fait entre les mains de l'AfD
54:58qui lui donne la possibilité
55:00de réaliser cette demande.
55:02C'est la CDU qui offre
55:04un blanc-seing de respectabilité
55:06à l'AfD avec ce vote ?
55:08En tout cas, Friedrich Merz...

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