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00:00L'invité éco, Sophie Auvigne.
00:05Julien Tchernia, bonjour. Vous êtes co-fondateur et président d'Équateur avec un K et un W, pour qu'on entende bien Watt, parce que vous êtes un fournisseur d'énergie.
00:16Demain, les prix de l'électricité vont baisser de 15%, mais peut-être pas pour tout le monde.
00:22Pour les abonnés aux tarifs réglementés ou indexés sur ces tarifs, c'est sûr, chez vous, est-ce que ça va baisser ? Est-ce que peut-être ça va augmenter ?
00:29Alors ce qui est intéressant, c'est que chez nous, comme chez tous les fournisseurs alternatifs, et bonsoir, merci de m'avoir invité,
00:34chez nous et chez tous les fournisseurs alternatifs, ça a baissé depuis le 1er janvier 2024.
00:38C'est-à-dire que nos clients ont eu des prix qui étaient en moyenne 20% moins chers que les tarifs réglementés de vente sur toute l'année 2024.
00:46Et donc, ce que je propose à tous ceux qui sont aux tarifs réglementés de vente cette année, et qui vont avoir effectivement, s'ils ne font rien, une baisse de 15%,
00:54c'est d'aller sur le médiateur de l'énergie, et vous trouverez des offres encore moins chères que le tarif réglementé de vente après cette réduction.
01:01C'est-à-dire qu'en réalité, les marchés ont baissé de 29%, et l'État, lui, augmente le prix de tout le monde en augmentant les taxes et le coût du transport.
01:13Donc effectivement, l'État décide, et ça c'est bien sûr son choix souverain, d'augmenter la fiscalité sur l'électricité.
01:19Par contre, les prix de marché sont reflétés dans toutes les offres, et donc on retrouve un peu la concurrence.
01:25La seule différence cette année, et qui est spécifique par rapport à l'année d'avant, c'est que les tarifs réglementés de vente étaient excessivement hauts en 2024, c'est ça le sujet.
01:32Je voudrais tout de même revenir sur ces tarifs qui vont s'appliquer à partir de demain 1er février,
01:37parce que la Creux, qui est l'autorité de régulation de l'énergie, estime qu'il y a une augmentation possible pour ces contrats qui ne sont pas indexés sur les tarifs encadrés, de 8 à 9% supplémentaires.
01:53Est-ce que oui, effectivement, c'est vrai ?
01:55Alors oui, effectivement, c'est vrai. Et ce qui est intéressant, c'est que malgré cette hausse, les prix restent inférieurs au prix des tarifs réglementés de vente après la baisse.
02:03Et c'est ça qu'on entend assez peu dire de la part des politiques, c'est que finalement, aujourd'hui, un tarif réglementé, c'est une formule, comme chaque fournisseur a sa formule de prix,
02:12et aujourd'hui, ça reste, par rapport à la plupart des offres, la tarification la plus chère.
02:17Donc c'est important quand même de permettre aux gens de choisir.
02:19Certes, mais est-ce que pour maintenir l'écart, on va le dire franchement, avec les tarifs bleus d'EDF, c'est ça les grands tarifs encadrés,
02:27est-ce que vous allez rogner, vous, ou vos collègues, est-ce que vous allez rogner sur vos marges ?
02:32Alors, chacun a sa politique tarifaire. Nous, pour rester moins cher, pour l'instant, on ne regne pas sur nos marges.
02:38Par contre, évidemment, ça veut dire que le différentiel est beaucoup plus faible qu'auparavant, puisque simplement, les tarifs réglementés de vente, maintenant, reflètent une baisse des prix,
02:48qui est une très bonne nouvelle. Et j'aimerais parler de ça, les prix ont été très très élevés, parce qu'on a subi le troisième choc pétrolier,
02:54avec un problème d'approvisionnement en gaz, que l'Europe a réglé en récupérant du gaz américain,
02:59avec un gros problème de production nucléaire en France, qui est presque réglé par EDF, avec à l'époque, sous nos noms aussi, une sécheresse,
03:06et donc très peu de stocks dans les barrages, ce qui inquiétait beaucoup tous les marchés.
03:10On avait des prix de marché qui étaient autour de 1000 euros le mégawatt-heure, alors qu'au mois d'habitude, j'achète à 50 euros du mégawatt-heure.
03:16Donc, on était sur des situations incroyables, et surtout pour nos clients. Aujourd'hui, on est revenu, finalement, sur les marchés, à 70 euros du mégawatt-heure.
03:26C'est pas encore ce qu'on avait avant, mais c'est quand même beaucoup plus acceptable, et d'où le fait que les prix peuvent être moins chers.
03:33Ça reste une hausse de 30% entre avant-crise et maintenant.
03:37Alors, je vous faisais parler au nom de vos éventuels collègues, parce que vous êtes président de l'Anode, c'est une association de fournisseurs alternatifs,
03:45et je voulais évoquer avec vous un autre changement qui va intervenir demain, ce sont les très petites entreprises, les artisans,
03:51qui vont pouvoir bénéficier de ces fameux tarifs réglementés, et même les gros consommateurs que sont, par exemple, les boulangers.
03:59Est-ce que ces clients-là risquent de vous quitter ?
04:02Ces clients-là vont pouvoir, comme ils le font déjà, d'ailleurs, pour un certain nombre d'entre eux, comparer les prix.
04:08Si jamais on en est plus cher, ils iront là où c'est moins cher, si ce qui les intéresse le plus, c'est le prix, et après, ils feront comme tout le monde.
04:14Moi, ce que j'ai l'habitude de dire, c'est que le meilleur gagne.
04:17Aujourd'hui, objectivement, si on regarde les prix, le tarif réglementé de vente étant plus cher que la plupart des autres tarifs,
04:23en tous les cas, chez Equateur, on n'est pas très inquiet du départ, parce que si les gens comparent, ils vont se dire,
04:28à part s'ils sont très très mécontents de notre service, ce qui n'est pas le cas, on a beaucoup d'étoiles sur les réseaux,
04:33eh bien, ils vont se dire, je vais rester là.
04:36Donc, c'est un tarif de plus qui est disponible pour ces petits commerçants.
04:41Je vais vous emboîter le pas, vous parler du service.
04:44Précisément, au moment de ces variations de tarifs, la Creux, je le redis, l'autorité de régulation de l'énergie,
04:50a décidé de renforcer ses contrôles sur les offres des alternatifs que vous représentez aujourd'hui.
04:56Est-ce qu'il y a des soupçons sur les pratiques de vos collègues en général ?
04:59Est-ce que, en clair, les offres de ces fournisseurs ne sont pas parfois pleines de pièges ?
05:05Alors, c'est intéressant. D'abord, nous, on travaille, notre association, la NOD,
05:09travaille de concert avec la Commission de régulation de l'énergie pour ses règles prudentielles et pour ses lignes directrices.
05:15Et là, je ne sais pas si vous avez vu, mais il y a une semaine, il y a une étude de la DGCCRF,
05:19donc la répression des fraudes, qui a fait une grande enquête au niveau national.
05:23Et ce qu'il en ressort, c'est que ce sont principalement les zones où il n'y a pas de concurrence, les ELD,
05:28où il y a des gros problèmes de compatibilité de conditions générales de vente.
05:33Ils ont cité, c'est en tous les cas ce qu'il y a écrit dans le communiqué de presse,
05:37que sur l'ensemble des fournisseurs qu'ils ont vus, il y en avait quatre qui ont eu des injonctions
05:41et que la plupart étaient des entreprises locales de distribution en situation de monopole,
05:48avec parfois, pour certaines, des conditions générales de vente qui n'avaient pas bougé depuis 2015.
05:56Donc, nous, à la NOD, on regarde ça avec étonnement parce qu'on fait très attention à nos clients.
06:02C'est un jeu concurrentiel. Et donc, parmi tous les membres de la NOD, en tous les cas,
06:06aucun n'est concerné par ces injonctions de la répression des fraudes.
06:11Et on voudrait souligner le fait que la concurrence amène toujours plus de bonnes pratiques,
06:18même s'il y a quand même un fournisseur national, mais on ne sait pas lequel c'est,
06:22il ne fait pas partie de l'association, qui est pointé du doigt aussi.
06:25Et précisément à propos de concurrence, vous dénoncez les tarifs réglementés.
06:29Je vous ai lu, vous évoquez une illusion de protection, c'est ce que vous dites.
06:33Vous dites même qu'il faudrait les supprimer, par exemple, à partir de l'an prochain. Réellement ?
06:37Oui, moi je suis à partir de l'an prochain, même cette année.
06:40En fait, je n'ai rien contre les tarifs réglementés et leur existence.
06:43J'ai beaucoup contre leur instrumentalisation politique.
06:47Vous prenez l'exemple de la campagne électorale du mois de juin pour le Parlement.
06:56Vous avez entendu des partis qui disaient « quand je serai au Premier ministre,
07:00vous verrez, moi je ferai baisser le prix, j'enlèverai la TVA ».
07:02Et puis d'autres qui disaient « vous verrez, dès septembre, dès février, ce sera 10% de moins ».
07:07À ce moment-là, il leur suffisait de dire, pour améliorer le pouvoir d'achat des Français,
07:11« regardez les offres de marché, même EDF est 20% moins chère que les tarifs réglementés de vente ».
07:16Mais pourtant 70% des foyers restent attachés à ces tarifs indexés, encadrés.
07:22C'est bien ce que je reproche à leur existence.
07:24C'est-à-dire que parce qu'ils sont mis en avant par les politiques,
07:27vous comprenez aussi que là on a une taxation qui n'a eu comme calcul,
07:32puisque une partie de la chute du gouvernement précédent dépend de ça.
07:36Ils avaient dit moins 9, finalement ils disent moins 14, finalement ils font moins 15.
07:39Le calcul dépendait du prix de marché.
07:41Et donc on a finalement une espèce de tambouille qui dit « je vais regarder combien ça coûte
07:45et je vais rajouter la taxe que je veux ».
07:47Et ça, c'est de l'instrumentalisation politique d'une formule comme une autre.
07:51Et c'est au détriment des Français qui font confiance à la parole des politiques,
07:55encore un peu en tout cas pour ça.
07:57Ou font confiance à leur facture, parce que ces tarifs, ils ont été moins chers en moyenne
08:02que les offres alternatives en 2022, c'est-à-dire au moment de la crise de l'énergie
08:07où l'énergie a vraiment atteint des prix importants.
08:10Alors en 2022, ils ont été moins chers surtout au début,
08:13puisque le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement
08:16ne s'appliquait qu'aux tarifs réglementés de vente et pas aux offres des alternatifs.
08:20Et ça, ça a été bien démontré par l'autorité de la concurrence
08:23et par la commission de régulation de l'énergie.
08:25Ce qui a protégé les Français pendant la crise,
08:27ce ne sont pas les tarifs réglementés de vente,
08:29mais bien les boucliers tarifaires.
08:31Et heureusement pour nos clients que l'État les a mis en place.
08:33Je voudrais quand même qu'on aborde un point l'an prochain.
08:35Une révolution pour les tarifs de l'électricité,
08:38avec la fin d'un mécanisme de protection qui est baptisé AREN.
08:42L'accès régulé à l'énergie nucléaire historique.
08:45Ça va faire augmenter mécaniquement les tarifs de l'énergie d'origine nucléaire.
08:50On va vers l'inconnu, vous-même, vous avez une inquiétude ?
08:55On a une inquiétude pour nos clients.
08:57Nous, finalement, comme métier, on est des sortes de station-service de l'électricité et du gaz.
09:02Si le pétrole coûte plus cher, le prix à la pompe coûte plus cher.
09:06Ce n'est pas la faute de la station-service.
09:08Donc, en soi, ce ne serait pas un sujet pour nous.
09:10Par contre, c'est un sujet pour nos clients.
09:12Aujourd'hui, en France, depuis 2010, vous avez ce système AREN
09:17qui redistribue une partie de la rente nucléaire d'EDF à tous les Français.
09:22Qui dit, ce n'est pas EDF de gagner ça.
09:24Un peu comme un péage d'autoroute.
09:26Je vais réglementer le prix de vente du péage d'autoroute
09:29pour pas que la société privée qui possède l'autoroute puisse faire toutes les marges qu'ils veulent.
09:33Ce système arrive, normalement, à la fin au 31 décembre.
09:38Et rien, très peu, est prévu pour le remplacer.
09:42Le calcul, c'est que si ça avait été terminé aujourd'hui, ça serait 15% de plus.
09:47C'est-à-dire que la baisse qu'on a vue là disparaîtrait
09:50si le système de l'AREN avait été fini dès le 1er janvier.
09:54On se reverra l'année prochaine.
09:56Julien Tchernia, co-fondateur et président d'Equateur,
09:59et président de l'ANODE, l'association de fournisseurs alternatifs.
10:02Invité de France Info, merci beaucoup.
10:04Merci.