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00:00Europe 1 Soir Week-end. 19h21, Pascale Bellator Dufin. Il est 19h14 sur Europe 1, c'est Europe 1 Soir Week-end, je reçois dans ce studio Betty Galazzo.
00:10Bonsoir Betty Galazzo. Bonsoir. Merci d'être là, présente dans ce studio. Vous êtes la maman de Lilibelle qui est décédée à 14 ans lors d'une rixe à Saint-Cheron dans l'Essonne.
00:23Elle a pris un coup de couteau. On voulait vous entendre parce que vous êtes révoltée. Betty Galazzo, vous êtes révoltée. Pourquoi ? Parce qu'hier, la cour d'assises des mineurs de l'Essonne a condamné l'auteur du coup de couteau à 10 ans de réclusion criminelle.
00:38En fait, les faits ont été requalifiés. Le parquet réclamait 18 ans pour meurtre et la cour d'assises a requalifié les faits en homicide ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur mineurs de 15 ans.
00:53Vous avez attendu 4 ans, Betty Galazzo, 4 ans avant ce verdict. Comment vous percevez les choses ce soir ?
01:01Ce soir, je suis attristée, déçue, en colère. Au bout de 4 ans, j'ai dû supporter qu'il a fait un an de prison. Ensuite, il a eu le bracelet pendant 2 ans.
01:15C'est-à-dire qu'il a eu l'opportunité par l'État d'avoir un appartement, des éducateurs, un suivi psychologique, une école, passer un CAP de boulangerie.
01:25Pendant ce temps-là, au lieu de faire tout ça, il a préféré faire la fête dans son appartement avec ses copains, s'alcooliser et se droguer.
01:33Il a été expulsé forcément parce que les voisins n'en pouvaient plus par le bailleur. Donc, il avait une première chance.
01:39J'estimais que franchement, quand tu as cette opportunité et que tu as des regrets, en général, tu essaies de te comporter, même vis-à-vis de sa propre famille, un minimum.
01:50Lui, pas du tout. Du coup, la défense a dû le faire espérer forcément que ça allait être considéré. Et c'est ce qui s'est passé.
01:59Donc, moi, je suis un peu surprise. Il a 17 ans. Aujourd'hui, il en a 20. J'ai eu l'impression que les jurés et la cour d'assises d'Evry jugeaient un enfant de 15 ans.
02:13Mais racontez-moi, racontez aux auditeurs d'Europe 1, Betty Galazzo, d'abord, comment s'est passé cette semaine d'audience ?
02:21Vous l'avez vue ? Il était là, les yeux dans les yeux. Comment s'est-il comporté ? Est-ce que vous avez croisé son regard ?
02:28J'ai croisé son regard, ceux de ses parents. J'ai trouvé quelqu'un pendant 4 jours, on va dire, sûr de lui. Et par contre, le dernier jour, quand il a entendu 18 ans, là, par contre, je l'ai senti pleurer sur son sort, pas sur moi.
02:44Mais il vous regardait dans les yeux, Betty Galazzo ? Est-ce qu'il vous regardait dans les yeux ?
02:47Non, il ne m'affrontait pas. Il ne m'affrontait pas, il baissait les yeux.
02:50Est-ce qu'il sait au moins ce qu'il a présenté à ses excuses ?
02:52Le dernier jour, oui, comme je vous dis, quand il a compris qu'il allait prendre 18 ans. Là, il a demandé des excuses. Mais pendant 4 ans, même par mon avocat, il ne s'est jamais excusé, ni lui, ni la famille.
03:02Quand on parle de ce qui est arrivé à votre fille, c'est absolument terrible, elle avait 14 ans.
03:0714 ans, oui.
03:08Votre fille, en fait, elle s'interpose alors qu'il y a deux bandes rivales qui s'affrontent.
03:14Après, rivales, c'est un peu gros. Parce que quand vous sortez d'une villa, parce que moi j'habite à Saint-Cheron, 5 000 habitants, il n'y a jamais eu de problème entre ma fille habitée d'Ordan avec son papa et moi j'habitais à Saint-Cheron.
03:27Elle a fait les deux écoles. Donc, parler d'une rixe, moi je dis plutôt qu'ils sont arrivés là pour faire un peu n'importe quoi.
03:36Ils étaient cagoulés avec des gants et venir attaquer une bonne de gamins qui avait entre 7 et 15 ans.
03:43Donc, je ne sais pas, nous, on ne parle pas de rixe, même pendant les 5 jours, pendant les assises, tout le monde...
03:51C'était une bagarre ?
03:52Ils sont venus juste pour chercher de la bagarre.
03:55Avec des couteaux ?
03:57Il n'y en avait qu'un déjà pour commencer. En gros, ils venaient, c'était les vacances scolaires, c'était pendant le Covid, les enfants étaient dehors.
04:06Moi, ma fille, voilà, l'assassin, il ne faut quand même pas oublier, il avait bousculé une enfant de 7 ans et un enfant de 10 ans et c'est là que ma fille est venue se mettre devant.
04:16Mais tant que les garçons ailleurs, là, ils se bagarraient un peu, les filles, elles étaient dans un coin avec les petits.
04:22Elle a été formidable, votre fille ?
04:24Elle a eu le courage.
04:25Elle a eu le courage.
04:27Voilà, c'est ça qui est quand même...
04:29Voilà, elle a donné sa vie pour des enfants de 7 ans et 10 ans et aucune reconnaissance.
04:35C'est pour ça que je demande au garde des Sceaux qui m'aide, parce que dans 15 jours, il y a une loi qui veut appliquer, mais aujourd'hui, moi, je n'en ai pas profité.
04:46Alors attendez, attendez, c'est très important ce que vous dites.
04:49Le garde des Sceaux, s'il vous écoute, il vous écoute peut-être sur Europe 1 en ce soir.
04:54Regardez la caméra et dites-lui.
04:56Elle est là, cette caméra, vous voyez les caméras.
04:59Si vous l'avez en face de vous, que voulez-vous lui dire exactement ?
05:03Monsieur, je vous supplie d'écouter une maman qui a perdu sa fille d'un coup de couteau dans le ventre et qu'on me dise aujourd'hui que ce n'est pas un meurtrier.
05:15Comment il faut faire pour être considéré comme un meurtrier ?
05:18Imaginez nos ados aujourd'hui, il faut en faire plusieurs.
05:23Donc, monsieur, je vous supplie de m'écouter et que la Cour d'appel, franchement, ce n'est pas possible qu'on ne dise rien aujourd'hui.
05:34Je compte sur votre appui, votre soutien, qu'on fasse appel.
05:39Voilà, moi, je ne peux pas faire appel, vous le savez bien, mais je pense que le tribunal peut le faire.
05:46Donc, je vous demande ce soutien pour toutes les mamans depuis 4 ans, ce qu'on vient de subir.
05:51Et je demande aussi à toutes les mamans qui soient avec moi, qu'elles soient fortes comme moi, parce que j'en ai besoin.
05:58Et je demande aux gardes d'essaux de prendre en considération ma demande.
06:03Le parquet, c'est le parquet, effectivement, qui avait demandé 18 ans.
06:07Et vous ne pouvez pas, vous, saisir le tribunal, faire appel de la décision qui a été rendue ?
06:14Malheureusement, non. Malheureusement, non. Il n'y a que le parquet qui peut faire appel.
06:20Il n'y a que le parquet qui peut faire appel.
06:21Voilà, j'ai vu le sourire de la Défense d'avoir gagné.
06:24Il a osé vouloir me serrer la main, de faire passer son client pour quelqu'un d'un gamin, et que c'est un accident.
06:34J'ai vu leur sourire, leur orgueil, et vouloir après me serrer la main.
06:39Mais moi, j'aurais été avocat, je me serais sauvée.
06:41Je ne m'approche pas devant la partie civile pour dire, allez, sans rancune, hein !
06:49Mathilde Galazo, évidemment, vos pensées vont ce soir à votre fille, Lili Bell.
06:54Vous vivez en enfer depuis quatre ans.
06:57Oui, j'ai été lui dire hier au cimetière que son assassin, finalement, ce n'est pas un meurtrier.
07:04J'ai été lui dire...
07:05C'est ce qu'a dit le tribunal ?
07:06Oui, ce n'est pas un assassin, ce n'est pas un meurtrier.
07:10C'est quoi, alors ?
07:11Il faudrait peut-être qu'ils me le disent, parce que pour l'instant, je n'ai pas de mots.
07:14Pour moi, c'est le diable. Voilà, je n'ai pas de mots, moi.
07:19Les couteaux, c'est terrible.
07:20Je voudrais qu'on en parle de cette affaire des couteaux.
07:23On pense à Elias aussi.
07:24Vous savez, Elias qui a été tué il y a une semaine.
07:25Mais exactement, c'est ça que je ne comprends pas.
07:27Pour une histoire de portable.
07:28Qui est resté par terre.
07:30Et eux, ils ont 16 et 17 ans.
07:32Ceux qui l'ont fait du mal, qui l'ont tué.
07:34Imaginez encore une famille.
07:36C'est pour ça que je demande au garde des Sceaux de nous aider.
07:39Il faut revoir l'excuse de minorité, selon vous ?
07:42Pour la revoir, pour changer la loi ?
07:44L'excuse de minorité, à bon dos, là, franchement,
07:48qu'il y a l'excuse de minorité ou pas, excusez-moi.
07:51C'est plus un meurtrier, vous voyez ce que je veux dire ?
07:55Pourtant, tout le monde est d'accord de dire que c'est un meurtrier.
07:58Mais je ne sais pas ce qu'il se passe.
08:00Ou les prisons sont archi-complètes.
08:04Mais il faut en construire.
08:07Je vais vous donner ce chiffre.
08:09La banalisation du port des couteaux.
08:12Vous êtes une maman qui a été blessée dans sa chair.
08:15A cause de ce fléau des couteaux.
08:18L'année scolaire passée, 130 agressions aux couteaux recensées.
08:23Dans les établissements scolaires, 40 depuis la rentrée de septembre.
08:29Que faut-il faire ?
08:32Pour moi, il faut que le garde des Sceaux fasse quelque chose.
08:35La justice aussi, ça continuera, ça ne cessera pas.
08:39Regardez au bout de 4 ans le nombre.
08:41Comment vous expliquez que c'est gamins et des couteaux ?
08:43Ils en ont dans leur cuisine, ils en ont partout.
08:46Moi je vais vous expliquer une autre chose.
08:48Tout le monde a des couteaux chez soi.
08:52Ça ne veut pas dire qu'on est des meurtriers quand même.
08:54Ça existe depuis des années, on n'est pas à l'après-histoire.
08:57Les couteaux, ça peut être des collectionneurs de couteaux.
09:00Parce que le manche, il est beau.
09:02Parce que ça a taille du bois.
09:04Mais bien sûr, ça a toujours existé les couteaux dans les cuisines.
09:08Les grands chefs cuisiniers, ils ont des valises de couteaux.
09:11Ça ne donne pas des meurtriers.
09:13Voilà, c'est tout.
09:15Moi je pense qu'il faut appliquer la justice que tu aies 14 ans, 15 ans ou 16 ans.
09:20Et puis je dis aux mamans, il faut fouiller dans leur cartable.
09:23Oui c'est ça, il y a un défaut d'autorité parentale.
09:25Mais bien sûr, la maman savait très bien que son fils avait un couteau.
09:29Vous savez ce qu'elle a dit ?
09:31Comment ça elle savait qu'il avait un couteau ?
09:33Alors je vous explique, le pire de tout,
09:35c'est qu'un de ses complices a prévenu la maman 2-3 jours avant
09:39en disant que Franck avait un couteau sur lui.
09:41Et le papa aussi ?
09:43Je ne sais pas le papa, lui il a parlé de la maman.
09:45Il lui a dit, est-ce que c'est normal que Franck ait un couteau ?
09:48Ça faisait un mois qu'ils se promenaient avec.
09:50Elle a dit, bah oui c'est pour se défendre.
09:52Moi je suis désolée, je vois mon fils avec un couteau,
09:54je lui prends et je le planque.
09:56Point. Je ne cherche même pas à comprendre.
09:58Moi je sais que j'ai 4 enfants.
10:00Moi j'ai allé au collège, je fouillais même dans les vestiaires.
10:02Et qu'à prendre disent que moi je suis une mauvaise mère parce qu'ils n'ont pas d'intimité,
10:06je m'en fous moi.
10:08Et moi aussi j'étais gérante d'un bar.
10:10Elle explique à la maman qu'elle était en restauration
10:14et qu'elle ne pouvait pas bien gérer ses enfants.
10:16Il ne fallait pas en faire dans ces cas-là.
10:18Tu fais un métier où tu es passionné.
10:22Peut-être que sa maman voyait cette maman se battre.
10:24Elle était au courant que son fils avait son couteau.
10:26Oui, et elle trouvait ça normal.
10:28C'est vraiment une affaire terrible Betty Galazzo.
10:34Le parquet, on va suivre ce dossier avec beaucoup d'attention.
10:40Je compte sur les médias parce qu'ils m'ont aidé depuis 4 ans.
10:42Les seuls qui ne m'ont pas aidé, je vais vous dire une chose,
10:46c'est la mairie de Dourdan.
10:48Mais moi les médias, je vais vous dire une chose, je vous remercie.
10:50Pourquoi la mairie de Dourdan ne vous a pas aidé ?
10:54Je vais vous expliquer.
10:56Le directeur du cabinet...
10:58Vous demandiez quoi à la mairie ?
11:00J'ai fait mon association là-bas.
11:02J'ai fait, par exemple, pour l'hommage de ma fille au bout d'un an.
11:06Et figurez-vous qu'ils ne m'ont pas donné un verre d'eau.
11:08Ils ont préféré favoriser les complices pour les envoyer en séjour.
11:14Mais le maire de Dourdan a eu le Premier ministre.
11:18À ce moment-là, c'était M. Darmanin qui était venu pour saluer le maire.
11:24Pour ce moment avoir quelques subventions pour la sécurité.
11:30Je pense qu'il a eu tout ce qu'il fallait après la mort de ma fille.
11:34Vous vous êtes pas sentie soutenue du tout ?
11:36Du tout. Le maire a pensé à ses élections.
11:38Il venait d'être maire de Dourdan.
11:42Le directeur du cabinet ne m'a pas donné un verre d'eau pour l'hommage.
11:46Je sais que son propre frère a pris un entraîneur de foot qui était dealer, viré des tempes.
11:56J'aime pas trop parler de ça, mais je dis la vérité.
12:00Dourdan est entouré d'éducateurs pas sérieux du tout.
12:08Betty Galadzo, merci beaucoup d'être venue, d'avoir eu le courage de venir.
12:12On vous a appelé, vous êtes venue.
12:14Vous avez le courage de prendre la parole en direct sur Europe 1.
12:18Évidemment, on va suivre la décision, vous nous tenez au courant.
12:20J'ai 10 jours.
12:22Vous avez 10 jours. Le parquet a 10 jours pour faire appel de cette décision.
12:28Évidemment, on va continuer de suivre cette affaire.
12:30Merci beaucoup, merci d'avoir eu le courage de venir ce soir dans le studio d'Europe 1.
12:34C'est moi qui vous remercie de m'avoir laissé parler.
12:36Merci beaucoup. Il est 19h27.