Après Elon Musk sur X, Mark Zuckerberg a à son tour annoncé mettre fin à la lutte contre les fake news sur Meta. Une preuve que les plateformes attendent de leurs utilisateurs de s’autogérer dans la lutte contre les fausses informations. Et pourtant, 86 % des Européens estiment que la propagation rapide des fake news met en danger les fondements démocratiques. Face à cela, plusieurs acteurs ont créé un projet de Data Space qui s’empare de l'IA pour proposer des outils concrets de vérification des contenus.
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00:00On va commencer avec un chiffre selon la Commission européenne, 86% des
00:07européens estiment que la propagation rapide des fake news met en danger les
00:11fondements démocratiques. Mark Zuckerberg, lui, a décidé d'arrêter le
00:16fact-checking, la vérification des faits sur ces plateformes, en tout cas aux
00:20Etats-Unis. L'Europe, elle, a lancé une initiative absolument opposée, Gen4Dem,
00:26projet collectif avec de nombreux partenaires. On en parle aujourd'hui avec
00:30Samy Labadi, bonjour. Bonjour. Vous êtes le directeur général et cofondateur de
00:34Stelia, qui est une deep tech dans l'IA, spécialisée dans le traitement en
00:37langage naturel pour l'éducation et la formation, et vous êtes partie prenante
00:42de ce projet. Gen4Dem, c'est comme IA générative pour la démocratie.
00:49Selon une étude de MIT, je voulais aussi préciser ça, une fake news
00:52répond six fois plus vite qu'une vraie nouvelle. On a l'ARCOM qui révèle que
00:5760% des citoyens croient au moins à une fausse information.
01:01Donc comment on s'y prend face à un tel constat ? C'est vrai que, nous, cette
01:06initiative, elle nous tenait à coeur depuis un certain temps, et c'est pour ça
01:10qu'on s'est réunis avec Visions Trust, avec l'AFP et cinq autres start-up
01:17côté information. On trouve aussi RSF, Des Codex du Monde, Open Politics,
01:25voilà, je ne vais pas citer tout le monde, mais... Exactement, donc plusieurs spécialistes
01:29des informations, finalement. Et l'idée, c'était de mettre toutes nos
01:34expertises en commun, nos données, nos services, pour analyser l'information et
01:39donner les clés, en fait, aux citoyens, pour mieux comprendre l'information.
01:43Parce qu'aujourd'hui, il manquait des passerelles entre les différentes
01:46initiatives. Exactement, chacun vient avec des sources
01:49au format différent, des services hétérogènes.
01:53L'idée, c'était de construire ce qu'on appelle une sorte de marketplace, un
01:56data space, qui rassemble tous ses acteurs au service de la lutte contre la
02:01désinformation. Alors, pour reprendre les mots de Mark Zuckerberg, il nous dit en gros
02:05que les IA, elles font trop d'erreurs. Le problème avec ces systèmes complexes, c'est
02:09qu'ils font des erreurs, on atteint un point où il y en a trop, trop de censure.
02:13Est-ce que Mark Zuckerberg se trompe, selon vous ?
02:15Oui, tout à fait. Parce que là, cette initiative va reposer, justement, sur un
02:19système algorithmique. Exactement, et pour nous, c'est la seule solution qui
02:23permet d'accompagner le citoyen. Aujourd'hui, on a des systèmes
02:27autoritaires qui sont sur du filtrage, et on le voit sur les IA comme DeepSeek,
02:32qui évitent certains sujets et ne répondent pas sur les...
02:37Vous faites référence au grand modèle chinois dont tout le monde parle en ce moment, oui.
02:40Exactement. On a l'approche américaine, qui était sur une modération humaine,
02:48plutôt, et algorithmique, justement. Nous, notre approche, c'est vraiment
02:54d'éclairer, en fait, le citoyen en rapprochant des sources fiables et en
03:00montrant une synthèse, en fait, de toutes ces sources face à une fake news.
03:05Mais donc, quoi, il n'y aura pas du tout d'intervention humaine dans ce projet ?
03:09Il y a tout de même une intervention humaine pour régler les algorithmes.
03:14Ces algorithmes seront publiés en open source pour des raisons de transparence
03:18et aussi d'optimisation collective. On va aussi travailler sur la sélection des
03:26sources, des partenaires, sur certains critères d'investissement dans la
03:31fiabilité de leurs informations, pour s'assurer qu'on s'appuie sur des sources
03:36qui sont fiables. Donc, trois outils qui vont être déclinés. Un premier, donc, pour
03:44vérifier automatiquement, instantanément, j'ai envie de dire, la
03:47véracité ou non des informations. Un deuxième, Generate4Dem, qui va créer
03:52des contenus fiables, adaptés au contexte. Au contexte de quoi ? De recherche qui est
03:57faite par l'utilisateur ? Au contexte d'une news qui peut paraître étonnante.
04:01Tous les jours, on découvre des titres surprenants, on se demande si c'est une
04:04fake news, si c'est du vrai ou quelle est la part de vérité.
04:08Là, ces outils vont permettre d'abord de donner un scoring, de donner un indice
04:14de fiabilité. On n'est jamais sur du binaire, on ne pourra jamais dire si c'est du vrai ou
04:20du faux. En général, il y a un mélange des deux. Et puis, apporter des éléments de
04:24contexte. Donc, rassembler beaucoup d'informations.
04:27Ça, c'est le troisième outil pour aller rechercher des données factuelles sur le
04:31sujet. Des données factuelles et des données d'analyse, puisqu'on a des partenaires
04:36qui viennent analyser certains sujets, apporter un approfondissement.
04:40Et où en est le projet aujourd'hui ? Le coup porté par Mark Zuckerberg en début
04:452025, il a accéléré ce projet ou au contraire ralenti ? Ça vous a fait hésiter sur le
04:52fait de confier à des algorithmes ce fact-checking ?
04:55Non, en fait, la décision de Mark Zuckerberg est d'abord motivée pour être plus alignée
05:00avec Trump et sa politique d'ouverture, de free speech qui vire à la foire d'empoigne
05:07entre la désinformation, des insultes et vraiment un signal très négatif. Ce n'est
05:16pas du tout une remise en cause des algorithmes. De toute façon, avec l'IA génératif, ça
05:23devient un outil de propagation, de création de la désinformation.
05:28Il faut lutter avec les mêmes outils, c'est ça que vous nous dites, avec les mêmes armes.
05:34Et donc où en est le projet aujourd'hui ? On a réuni les premiers partenaires, on
05:39est sur un cadrage précis du projet et des étapes qui mèneront à la solution. On est
05:47aussi en train de rassembler des partenaires au-delà des partenaires fondateurs pour rassembler
05:55des sources, rassembler des services. Au niveau européen ? Exactement. D'abord au niveau français,
06:00mais on commence à toucher aussi des acteurs européens. Échéance ? Vous avez une échéance
06:03sur la disponibilité de l'outil ? Alors, on vise fin du premier semestre pour avoir
06:09une version de démo qui soit fiable sur un contexte assez restreint. Vous savez comme
06:18ils sont surveillés ces outils aujourd'hui. Merci beaucoup Samir Abadi. On suivra ce projet
06:24avec vous, vous reviendrez nous en parler je l'espère. Je rappelle que vous êtes le directeur
06:27général co-fondateur de Stelia et donc derrière ce projet dont le nom m'échappe là d'un seul
06:32coup. Rappelez-moi. Jeanne Fordem. Merci beaucoup.