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Alors que François Bayrou utilise le 49.3 pour faire passer le budget, Amir Reza-Tofighi, président de la CPME, invité éco du 3 février 2024, présente la position des petites et moyennes entreprises face à cette incertitude et au contenu du texte.

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Transcription
00:00Bonsoir à toutes et à tous, François Bayrou vient d'avoir recours au 49.3 pour faire
00:08passer le budget de l'État et celui de la Sécurité Sociale.
00:11Son vote, il s'expose ainsi à une motion de censure, on va savoir dans les jours qui
00:15viennent si le gouvernement tient, donc si le projet de loi de finances et la loi de
00:19finances de la Sécurité Sociale sont adoptés.
00:21En attendant, tout le monde attend, y compris les patrons et notre invité.
00:24Bonsoir Amir Reza Tofighi.
00:26Bonsoir et merci pour l'invitation.
00:28Vous êtes le nouveau président de la CPME, la Confédération des petites et moyennes
00:31entreprises.
00:32Vous, qu'est-ce que vous vous dites ce soir ? Est-ce que vous espérez que le gouvernement
00:35va tenir ?
00:36Écoutez, ce budget, ça fait des mois et des mois que les entreprises attendent.
00:40Nous, on appelle les députés en responsabilité à voter ce budget.
00:44C'est un budget qui est imparfait pour les entreprises, il y a des hausses de taxes,
00:48des hausses d'impôts, mais on a besoin de stabilité, on a besoin maintenant de passer
00:51à autre chose.
00:52Donc concrètement, vous dites qu'il vaut mieux qu'il n'y ait pas de censure ?
00:56Bien évidemment.
00:57Aujourd'hui, on a vraiment besoin, et d'ailleurs les chiffres du chômage le montrent, on a
01:00vraiment besoin que les entreprises retrouvent de la stabilité et qu'on puisse enfin avoir
01:04une visibilité sur 2025.
01:06Parce qu'aujourd'hui, qu'est-ce qu'ils vous disent, vos adhérents ? C'est quoi l'état
01:09d'esprit ?
01:10Ah ben c'est un ras-le-bol.
01:11On a l'impression d'avoir deux mondes parallèles.
01:13On a le monde réel, le monde des entreprises, des salariés qui travaillent dans les entreprises.
01:18Et on a un monde politique où certains peuvent jouer avec l'économie, peuvent jouer avec
01:23un risque de censure, peuvent jouer avec la survie de nos entreprises.
01:27On n'a jamais eu autant de défaillance qu'au quatrième trimestre, le taux de chômage qui
01:30expose.
01:31Ça, c'est parce que l'incertitude politique provoque une incertitude économique.
01:34Pour y revenir sur ces chiffres de l'emploi, le nombre d'inscrits à France Travail, catégoria,
01:39c'est-à-dire les personnes qui n'ont pas du tout travaillé, augmente de près de 4%
01:43au dernier trimestre 2024 par rapport au troisième.
01:46Double question, est-ce que ça vous a étonné ? Et vous y avez déjà un petit peu répondu,
01:51mais est-ce que ça vous inquiète pour l'avenir ?
01:52C'est l'équivalent de la ville de Besançon, en nombre de chômeurs supplémentaires.
01:56Oui, ça nous inquiète, pour deux raisons.
01:59La première, c'est que c'est exactement la conséquence de ce qu'on dit depuis des
02:02mois.
02:03C'est qu'on a besoin d'avoir un budget qui soit dans une logique politique de l'offre
02:07et surtout d'avoir un budget pour que les entreprises puissent savoir où elles vont.
02:10La deuxième inquiétude, c'est que le taux de chômage des jeunes augmente de 8%.
02:15Et là, on peut bien voir l'impact de toutes les discussions qu'il y a eu sur les aides
02:20à l'apprentissage.
02:21Vous savez, les aides à l'apprentissage, c'est un investissement à l'avenir.
02:23C'est un investissement sur la formation des jeunes.
02:25Et bien, tout le débat qu'il y a eu sur le fait de baisser les aides à l'apprentissage,
02:29il a provoqué quoi ?
02:30De la part des entreprises, une réticence, parce qu'on ne savait pas comment on allait
02:35pouvoir demain être accompagné, une réticence à embaucher des jeunes.
02:38Et bien, on voit 8% d'augmentation du chômage des jeunes.
02:40Il faut continuer la politique de l'offre, c'est un des marqueurs de la politique d'Emmanuel Macron.
02:44C'est la seule politique qui montre aujourd'hui une baisse du taux de chômage, qui montre
02:48aujourd'hui un développement de l'activité économique.
02:51Vous savez, dans le pays où on a le plus de prélèvements obligatoires, où on a la
02:55dépense publique la plus importante, je pense que la solution, c'est de baisser les dépenses
02:59publiques et de favoriser les entreprises pour qu'elles puissent investir, recruter
03:03et se développer.
03:04Vous disiez, Amir Hezat-Ossigui, budget imparfait.
03:07Dans ce budget, il y a notamment une surtaxe d'impôts sur les sociétés, mais pour les
03:10multinationales, les très grandes entreprises.
03:13Vous avez entendu la colère dans Bernard Arnault, du patron du Medef, Patrick Martin.
03:17Est-ce que vous partagez leur avis ?
03:19Je partage leur avis.
03:20Moi, je n'oppose pas les petites entreprises et les grandes entreprises.
03:23Notre économie a besoin de grandes entreprises et elle a aussi besoin des TPE et des PME
03:28qui irriguent tout le territoire, qui sont 99% des entreprises.
03:32Et si les grandes entreprises ne vont pas bien, ça se répercutera également sur les
03:36petites entreprises.
03:37Moi, je pense qu'il faut arrêter la machine à taxes.
03:39Vous savez, chaque année, on essaie de sortir des nouvelles taxes.
03:42À un moment donné, elles sont que sur les multinationales et puis finalement, on les
03:45étend à toutes les entreprises.
03:47Moi, mon souhait, c'est qu'enfin, on réfléchisse à diminuer la dépense publique et favoriser
03:53les entreprises.
03:54Là, il y a des réductions de dépenses et puis cette surtaxe dont on parle est temporaire,
03:57elle vaut pour un an.
03:58Est-ce que vous entendez aussi que le gouvernement dise que tout le monde doit participer à
04:02l'effort vu l'état des comptes publics ?
04:03Alors, tout ce qui est temporaire ici, en général, sur les taxes, c'est toujours
04:07généralisé.
04:08Vous n'y croyez pas ?
04:09Non, mais bon, on verra l'année prochaine si la promesse est respectée.
04:12On voit bien que sur la promesse, par exemple, pour la CVAE, la diminution de la CVAE, ça
04:16fait trois ans qu'à chaque fois, on nous dit c'est reporté à l'année prochaine.
04:18Donc, très concrètement, nous, ce qu'on demande aujourd'hui, c'est des vrais engagements
04:25pour les entreprises.
04:26Donc oui, c'est une taxe temporaire et oui, nous, on contribue tous les jours à l'effort.
04:31On contribue tous les jours en recrutant, on contribue tous les jours.
04:34C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les entreprises créent de la valeur et donc nous, ce qu'on
04:39demande, c'est qu'on écoute ceux qui créent de la valeur et pas toujours ceux qui créent
04:42du déficit.
04:43On parle du budget 2025, il va falloir bientôt préparer le budget pour 2026, est-ce qu'il
04:48y a, vous, des mesures qu'il faudrait prendre ? Si c'était vous, si vous aviez une baguette
04:52magique, que feriez-vous ?
04:53Premièrement, j'aurais un discours de vérité.
04:55Le discours de vérité, il est de dire qu'on ne peut plus continuer avec un déficit tel
05:01qu'on l'a aujourd'hui.
05:02Et donc, pour ça, la solution, ce n'est pas d'augmenter les taxes sur les entreprises,
05:06ce n'est pas d'augmenter les taxes sur les citoyens, c'est de faire une vraie réforme
05:09du coût de l'État et de l'action publique.
05:11C'est-à-dire ?
05:12C'est-à-dire qu'on a des autorités indépendantes, on a le coût de la norme, c'est 80 milliards
05:17le coût de la norme, c'est également 80 milliards le coût de toutes les autorités
05:21indépendantes, de toutes les organisations qui gravitent autour du monde politique.
05:26Et donc, on a un vrai effort à faire pour réduire la dépense publique.
05:29On a eu tout le sujet sur les trois jours de carence, par exemple, les trois jours de
05:34carence d'ordre public que la CPML porte, trois jours de carence dans le privé et dans
05:37le public.
05:38On a fait des propositions pour diminuer la dette et c'est la mer des batailles.
05:42Parce que si on est un pays qui n'arrive pas à répondre à la problématique du déficit,
05:47demain, ça se répercutera sur les entreprises et sur nos citoyens.
05:51Il nous reste une petite minute pour une question qui nous emmène outre-Atlantique.
05:54Vous voyez les premières décisions prises par Donald Trump, notamment en matière de
05:58droit de douane.
05:59Est-ce que la perspective de ces guerres commerciales inquiète le président de la CPME que vous
06:03êtes ?
06:05Toute guerre commerciale est négative.
06:07Et donc forcément, aujourd'hui, quand on voit cette menace de nouvelles taxes, ça
06:13nous inquiète.
06:14Mais elle nous inquiète doublement parce qu'au-delà de ces menaces de nouvelles taxes,
06:18ce qu'on voit, c'est un pays, les Etats-Unis, qui est en train d'investir massivement pour
06:22ses entreprises, qui est en train d'avoir une politique de réduction de la dépense
06:26publique, alors que nous, on est complètement à l'opposé.
06:28Et donc, c'est un double danger pour nous.
06:32C'est un pays qui est en train d'investir pour réindustrialiser les Etats-Unis et qui
06:36est en plus en train de mettre potentiellement des taxes douanières.
06:38Et donc, face à ça, il faut que l'Europe et la France soient fortes et qu'on réinvestisse
06:42dans l'entreprise, qu'on ait une vraie politique de réindustrialisation et qu'on sorte de
06:46ce schéma négatif toujours de sanctionner les entreprises.
06:49Merci beaucoup Amir Reza Tofighi, président de la CPME.
06:52Vous êtes ce soir l'invité Echo de France Info.
06:54Merci beaucoup pour votre invitation.

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