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La docteure Suzette Delaloge est la lauréate du Prix de la recherche 2024 de l’association Ruban Rose. Elle effectue des dépistages personnalisés du cancer du sein à l’aide de tests salivaires. L’organisme récompense aussi les projets qui accompagnent les malades dans leur vie, comme Cancer@Work, fondé par Sophie Tuszynski.

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Transcription
00:00La lutte contre le cancer du sein au programme de notre débat, je vous présente mes invitées,
00:11Sandrine Planchon, la directrice de l'association Ruban Rose, bonjour, bienvenue, et Anne-Sophie
00:16Tuszynski, fondatrice de Cancer At Work, bonjour, bienvenue, vous publiez Cancer, Maladie et
00:22Travail, voilà ce livre, aux éditions Erol.
00:26Alors Ruban Rose, c'est une association qui est dédiée à la lutte contre le cancer du
00:30sein, qui est une association, loi de 1901, qui a donc des missions, et ces deux missions
00:37c'est de sensibiliser, informer le plus grand nombre de personnes, j'allais dire de femmes
00:43et d'hommes, parce qu'il y a 1% de cancers du sein qui touchent les hommes, donc j'en
00:48profite pour faire ce, on n'en parle pas beaucoup, c'est un cancer qui touche une
00:53femme sur huit, qui est le premier cancer chez la femme, première cause de décès,
00:57donc c'est important d'informer, de sensibiliser, surtout de faire de la prévention, donc c'est
01:02une des missions principales de l'association, et la deuxième mission c'est de soutenir
01:06la recherche sur le cancer du sein, et on fait ça avec chaque année les Prix Ruban
01:11Rose.
01:12Oui, alors on va évidemment détailler ce que sont ces prix, on a l'une des lauréates,
01:15le principe des Prix Ruban Rose c'est quoi ?
01:17Alors le principe, d'abord l'objectif c'est de prendre en charge de mieux en mieux les
01:24femmes atteintes du cancer du sein.
01:26Pour ça on a trois catégories, alors on ne va pas rentrer trop dans les détails,
01:32mais on a évidemment un jury, un comité scientifique, donc des process très rigoureux
01:36avec une caution scientifique, on a une catégorie qui sont les grands prix, donc qui sont plutôt
01:42là pour récompenser une carrière d'un chercheur ou d'un médecin qui a consacré sa vie au
01:48cancer du sein, et qui a des avancées surtout, des prix qu'on appelle les Prix Avenir qui
01:53sont là pour plutôt audacieux, innovants, donc plutôt dans la recherche novatrice,
02:00et puis les Prix Qualité de Vie, on va y revenir avec Anne-Sophie, qui sont tout aussi
02:05importants parce qu'ils sont là pour aider l'amélioration de la qualité de vie, et
02:10ce qu'on appelle les soins de support, l'aide psychologique, mais aussi l'estime de soi,
02:16et tout ce qu'on rencontre quand on traverse un cancer du sein.
02:19Et c'est donc ce prix que vous avez obtenu Anne-Sophie Tuzinski, présentez-nous Cancer
02:23at Work.
02:24Alors Cancer at Work c'est une association d'un genre un peu particulier parce que c'est
02:28une association d'employeurs qui s'engagent pour mieux concilier la vie professionnelle
02:34de leurs salariés malades et de ceux qui les entourent, pour toutes les pathologies
02:38d'ailleurs, et elle est née à la suite d'une expérience de vie du cancer du sein
02:44que j'ai eue en 2011, et puis de compétences professionnelles développées dans les ressources
02:48humaines.
02:49Les missions sont simples, c'est mobiliser les dirigeants et les engagés dans l'action,
02:55partager les pratiques et développer des travaux d'innovation sur des sujets comme
03:00l'inclusion de la maladie dans le dialogue social par exemple, c'est une mission de
03:07des attentes des actifs et de progrès des organisations sur le sujet, et puis c'est
03:13aussi une mission de cœur qui est le soutien à la réinsertion professionnelle des personnes
03:18malades.
03:19Donc nos 178 membres, qui représentent à peu près 10% de la population active française,
03:25se mettent au service des personnes malades pour les aider à revenir en emploi, et c'est
03:29dans ce cadre qu'on a le plaisir de travailler avec Ruben Rose.
03:32Avec ce chiffre, c'est l'Institut National du Cancer qui nous le donne fin 2023, 20%
03:37des personnes en emploi au moment du diagnostic de cancer ne le sont plus 5 ans après.
03:42Est-ce que c'est un chiffre stable ? Est-ce qu'on réussit à le réduire finalement ?
03:47En fait, le chiffre qu'on doit considérer en tant qu'employeur, c'est celui de tous
03:53les actifs qui sont touchés par une maladie grave ou chronique, et c'est 1 salarié
03:57sur 4, et ce chiffre ne cesse d'augmenter.
04:00Dans le quartier hors de tête des maladies, en nombre, on a évidemment les cancers, et
04:05le cancer du sein chez la femme, les diabètes, les maladies cardiovasculaires, l'endométriose
04:10chez les femmes, et donc on a de plus en plus d'actifs malades, et comme les personnes
04:17n'osent pas en parler, les centres de soins ne considèrent pas la vie professionnelle
04:21des patients, et les employeurs ne savent pas trop comment agir face à ce sujet qui
04:26est intime, on a une forte désinsertion professionnelle.
04:30Avec justement, Sandrine Planchon, cette question de l'intimité et de comment, quand on est
04:36employeur, offrir des solutions sans trop rentrer dans l'intimité de ses salariés
04:42et sans être intrusif, ça peut être un défi un peu paralysant.
04:46Oui, mais tout l'enjeu aussi de l'information et de la sensibilisation, c'est de lever
04:52les tabous, c'est d'ailleurs comme ça que l'association est née, c'était vraiment
04:56il y a plus de 30 ans, un tabou, je pense qu'on a fait quand même des énormes pas,
05:02il y a maintenant la libération de la parole, bon ça reste néanmoins, évidemment, la
05:09féminité, l'intimité, en plus de la maladie et de l'épreuve que c'est, et de tout
05:14ce qu'on rencontre sur ce parcours-là.
05:16Donc ça passe par quoi, pardon de vous interrompre, ça passe par des moments de sensibilisation,
05:22et peut-être des espaces où celles et ceux qui veulent venir en parler peuvent le faire,
05:29comment on concilie justement intimité et accompagnement ?
05:32Alors il y a, et je pense qu'Anne-Sophie peut en parler, de plus en plus d'entreprises
05:37dans le cadre de la RSE qui s'est développée considérablement, qui désirent accompagner
05:44de l'annonce de la maladie au retour à l'emploi, parce que c'est quand même le sujet aussi
05:48principal, c'est est-ce qu'on retourne, comment on se sent de retourner, de ne pas
05:54sentir exclu, etc., et maintenant à travers la charte Cancer at Work, et notamment qu'a
06:03signée l'entreprise co-fondatrice de l'association, donc c'est ce que je peux moi aussi, à l'intérieur
06:08de l'entreprise qui a co-fondé, qui est Estée Lauder, l'association, je vois à
06:12quel point ces entreprises signent cette charte et s'engagent, mettent des actions très
06:19concrètes et il y a un baromètre et un monitoring qui est fait de ces actions pour accompagner
06:24et pour que les salariés puissent justement pouvoir, s'ils le souhaitent, avoir un espace
06:30de parole et être accompagnés tout au long du parcours et du retour.
06:34Signer cette charte, ça suppose quels aménagements, quelles actions pour les entreprises ?
06:39Alors la charte Cancer at Work engage les dirigeants et leurs salariés à agir.
06:44Elle est très large volontairement parce qu'on ne croit pas aux recettes toutes faites
06:48chez Cancer at Work.
06:49Ce qui nous semble important, comme le soulignait Sandrine, c'est de prendre le temps d'écouter
06:54les salariés, d'écouter leurs besoins et leurs attentes et de bâtir un plan d'action
06:58adapté.
06:59Alors on va retrouver régulièrement des actions de sensibilisation, de la formation
07:05pour les ressources humaines ou les managers, ou de la mise en place d'accompagnement
07:09individuel ou collectif quand les situations se crispent.
07:12Ça c'est quelque chose d'assez générique.
07:14Et puis ensuite on va avoir des choses un peu plus exotiques qui peuvent être liées
07:18à des métiers de main d'offre par exemple, des ouvrières qui sur chaîne de production
07:23disent nous quand on revient après un cancer du sein, qu'on a subi une mastectomie,
07:29on ne peut pas tenir les cadences.
07:31Et des dirigeants, dirigeantes en l'espèce membres de Cancer at Work, qui vont décider
07:36d'installer au cœur de l'usine un atelier, une chaîne de production sans cadence.
07:40Donc c'est vraiment très concret.
07:43Vous dites plutôt des dirigeantes, ça veut dire que quand c'est une femme qui dirige
07:47une entreprise, elle est plus sensible à la question ?
07:49Non, il se trouve que sur l'exemple que je viens de vous donner, c'est une dirigeante
07:53femme, elle-même touchée par un cancer du sein.
07:56Et tous les dirigeants qui constituent l'association ne sont pas touchés directement, mais sont
08:02des dirigeants qui ont vraiment conscience de l'importance de leurs collaborateurs
08:08dans la réussite de leur entreprise.
08:10Et le premier à s'être engagé, c'est Philippe Salle, qui dirige Emeria, qui est
08:16en transition comme vous le savez, qui s'est engagé dans l'action.
08:21Aujourd'hui, on a en France 160 dirigeants engagés, des hommes, des femmes, des grandes
08:26entreprises, des petites, à Paris et en province, des institutions publiques, la sécurité
08:32sociale, France Travail font partie des membres de l'association des collectivités territoriales
08:38comme le conseil régional de Normandie.
08:40Donc tous ces dirigeants ont conscience de la problématique de nombre à laquelle leur
08:47entreprise est confrontée.
08:49Ils ont conscience de la guerre des talents qui se joue sur notre territoire et donc ils
08:54s'engagent pour que tous les salariés, malades ou pas d'ailleurs, vivent bien ensemble.
08:59Il y a ce prix, vous l'avez évoqué Sandrine Planchon, ce prix très attendu chaque année,
09:04le Grand Prix de la Recherche, attribué à Suzette Delaloge.
09:07Je vais vous demander pour quels travaux, peut-être que c'est beaucoup trop compliqué
09:11à expliquer, mais je veux bien que vous nous en digniez quelques mots.
09:15Suzette Delaloge, elle est médecin oncologue au centre Gustave Roussy et elle fait quelque
09:21chose qui est incroyable.
09:23Elle fait ce qu'on appelle du dépistage personnalisé, ce qu'on appelle l'interception et à travers
09:30des tests salivaires de l'ADN, elle compare des femmes qui ont un cancer du sein et qui
09:37n'en ont pas, donc sur un échantillon important, pour essayer de voir comment détecter sur
09:43des populations plus à risque, donc la nécessité d'avoir des dépistages personnalisés à
09:49travers un simple test salivaire.
09:51Et donc on a remis dans le cadre de ce projet à Suzette Delaloge, 350 000 euros cette année.
09:58Alors c'est bien que vous parliez d'argent parce que c'était la question que j'allais
10:01vous poser.
10:02Depuis que ces prix Rubens-Rose existent, vous avez accompagné combien de projets,
10:08d'argent distribué ? Parce que la recherche, ça mobilise des talents et ça coûte cher.
10:15Oui, ça coûte cher et avant de vous répondre, les chercheurs avec lesquels on est en lien
10:21tous les jours nous disent qu'on a fait ce métier pour chercher, mais on passe 50%
10:26de notre temps à chercher des fonds de financement, d'où l'importance vraiment de les aider.
10:32Alors, on a remis en plus de 20 ans, à 110 projets, plus de 10 millions d'euros.
10:37Mais ça s'est considérablement accéléré ces dernières années grâce à la générosité
10:42des mécènes d'entreprise, parce qu'en l'occurrence l'association Rubens-Rose, c'est des fonds
10:46qui sont collectés à 80% par des actions mises en place par des entreprises dans tous
10:51les domaines d'activité.
10:53Et donc pour vous donner un chiffre, en 2019 on donnait 700 000 euros à la recherche.
10:58Là on vient de remettre à l'Assemblée Nationale, il y a quelques jours, 2,4 millions parce
11:03qu'on accompagne, on a donné 10 prix, dont le grand prix à Suzette de la Loge, et on
11:08a aussi donné des bourses parce que le but c'est d'accompagner la recherche, mais dans
11:12la durée.
11:13Donc on permet à travers ces bourses, dès que cela aura des grands prix Rubens-Rose
11:19ou des prix à venir, de continuer à les accompagner, parce que la recherche c'est
11:22un temps qui n'est pas forcément le nôtre, qui peut être un temps plus long, pas forcément
11:27très long, parfois il y a des très très bonnes surprises, mais en tout cas la nécessité
11:31d'accompagner dans la durée.
11:33En ces temps de disette budgétaire, heureusement que vous êtes là.
11:35Vous faites un peu ce que l'État devrait faire d'une certaine façon.
11:38C'est une aventure et ce n'est pas Anne-Sophie qui dira le contraire, c'est la force d'un
11:43écosystème, de l'engagement collectif et d'une générosité malgré le contexte économique
11:52et autres qu'on connaît, une grande générosité des Français pour notamment, pas que, évidemment
11:58pour l'urgence, pour les enfants, mais aussi pour la santé publique.
12:01Moi, depuis que je dirige l'association, on est en croissance de dons constantes malgré
12:06Covid, malgré les guerres, malgré tout ce qu'on connaît, l'augmentation des coûts
12:12de l'énergie.
12:13Je trouve que c'est ce qu'on aime aussi faire passer, c'est un message d'espoir et dire
12:19qu'il y a énormément d'initiatives et de générosité et que c'est grâce à ça qu'on
12:24peut notamment accompagner la recherche sur le cancer du sein.
12:28Merci beaucoup.
12:29Merci à toutes les deux et à bientôt sur Bsmart4Change, on passe tout de suite à
12:33notre rubrique Startup.

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