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Affaire Abbé Pierre : aucune enquête ne sera ouverte en raison de la prescription des faits, annonce le parquet de Paris. Regardez le sentiment de Sœur Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin du 05 février 2025.

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Transcription
00:00Il est 6h15 et c'est l'un des principaux titres à la une encore ce matin, la justice
00:08a donc tranché hier, il n'y aura pas d'enquête pénale dans l'affaire Abbé Pierre, pas
00:13d'enquête en tout cas ouverte par le parquet de Paris qui juge l'effet trop ancien et
00:17prescrit, le prêtre est mort il y a 18 ans, il est visé à ce jour par 33 accusations
00:21de violences sexuelles.
00:22Bonjour Véronique Margon !
00:23Bonjour à vous !
00:25Merci d'être avec nous ce matin, vous êtes la présidente de la conférence des religieux
00:29et religieuses de France, c'est vous qui avez reçu le premier témoignage d'une victime
00:34du prêtre, comment vous accueillez cette décision du parquet de Paris qui ferme la
00:40porte à une enquête ?
00:41Malheureusement je ne suis pas étonnée, je voyais mal comment le parquet allait pouvoir
00:50mener une enquête avec en effet l'abbé Pierre mort depuis si longtemps et donc aussi une
00:56prescription pour non-dénonciation, elle aussi déjà en cours cette prescription,
01:02forcément c'est profondément triste, je pense que c'est une blessure supplémentaire
01:08pour les victimes, mais à vrai dire je pense que la responsabilité n'incombe pas au
01:13parquet, la responsabilité incombe à ceux qui n'ont pas signalé et dénoncé l'abbé
01:18Pierre tant qu'il était en vie.
01:20Donc c'est-à-dire que vous actez le fait ce matin que finalement ce n'est pas la
01:24peine d'avoir une enquête, vous n'allez pas saisir un autre parquet ?
01:28Non, c'était la présidence des évêques qui a saisi le parquet avec raison, car je
01:37pense qu'il fallait essayer, mais je pense que nous savions tous qu'il y avait malheureusement
01:41très très peu de chances que le droit rende cela possible et encore une fois je pense
01:47qu'on ne peut pas ici s'attaquer au droit mais plutôt au fait que c'est de son vivant
01:51qu'il aurait dû être signalé et dénoncé et arrêté afin qu'il y ait moins de victimes.
01:58Donc aujourd'hui la question est sur la responsabilité morale de ceux qui ont tenté
02:05de parler et n'ont pas été entendus dans les responsables et peut-être qu'il y en
02:09a-t-il et de ceux qui n'ont pas parlé et ne l'auraient dit.
02:13Qui doit rendre des comptes aujourd'hui ?
02:15Je pense que doivent rendre des comptes les responsables et donc en l'occurrence les
02:21responsables ecclésiastiques déjà, on a commencé à le voir avec l'ouverture des
02:25archives de l'église de France pour les années 50-60 et je pense le mouvement Emmaüs
02:32dans ses responsables durant toutes les années 70-80-90-2000.
02:38Vous l'avez dit plusieurs fois Véronique Margon, il ne pouvait pas se cacher l'abbé
02:42il y a forcément des dizaines de personnes qui ont vu et n'ont rien dit.
02:45C'est ce que vous avez dit.
02:46Aujourd'hui vous dites qu'il y a des gens qui devraient assumer leur responsabilité.
02:51En tout cas qui devraient assumer une responsabilité morale, il n'est pas question, on le voit
02:57bien, le parquet ne peut pas diligenter l'enquête, mais une responsabilité morale oui bien sûr.
03:04Je ne vois pas comment ça peut être autrement et encore une fois j'espère que c'est
03:09aussi ce que va pouvoir montrer l'étude commandée par Emmaüs à la sociologue Céline
03:17Béraud, l'étude historique et sociologique, de comprendre ce qui s'est passé et donc
03:22de comprendre où ont été les défaillances et peut-être les fautes, en tout cas les
03:28défaillances forcément sur autant de décennies.
03:31Est-ce qu'il faut indemniser les victimes d'une façon ou d'une autre ? Est-ce que
03:35vous demandez réparation ?
03:36En tout cas il faut que les victimes qui le souhaitent puissent entreprendre un chemin
03:42de reconnaissance et de réparation, cela c'est indispensable.
03:46Le problème encore une fois c'est que toutes ces plaintes, tous ces témoignages sont arrivés
03:51extrêmement tard, donc on se retrouve une nouvelle fois dans une situation où on ne
03:55peut rien faire.
03:56Si on peut faire des choses, encore une fois la responsabilité morale n'est pas liée
04:02à la prescription, le fait d'accompagner les victimes de façon juste pour qu'il
04:08y ait une vraie reconnaissance par les institutions, par le mouvement Emmaüs, de ce qu'elles
04:13ont subi, des traumatismes qui se sont suivis, tout cela est toujours possible.
04:17Donc on ne peut pas se dire simplement « parce que la justice pénale de notre pays ne peut
04:23plus agir, rien ne peut être fait ». Ceci serait pour moi une faute supplémentaire
04:29envers les victimes que de dire cela et d'une autre façon d'ailleurs envers la société
04:35française.
04:36Mais la fondation Emmaüs a déjà changé de nom, déjà c'est une forme de reconnaissance
04:42?
04:43Bien sûr que c'est une forme de reconnaissance, il faut aller plus loin au sens 1 du travail
04:52de clarté qui va être fait par cette commission de la sociologue Céline Béraud que je salue
05:00chaleureusement car elle est à la tête d'un travail colossal et fondamental, mais aussi
05:06aller plus loin, c'est cette question de la reconnaissance et des réparations, qu'elles
05:12soient financières, qu'elles soient non financières, souhaitées par les personnes
05:16victimes qui le désireront, et cela, ça n'appartient pas à la justice pénale de
05:22notre pays.
05:23C'est à l'Eglise de régler le problème, on le comprend bien, merci beaucoup.
05:25A l'Eglise, au mouvement Emmaüs, oui.
05:27Merci beaucoup Véronique Margon, présidente de la Conférence des Religions.

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