Depuis la crise financière de 2007-2008, la cupidité était devenue un symbole honni, responsable d’avoir mené le monde au bord du gouffre. Pourtant, sous le second mandat de Donald Trump, le paradigme du « Greed is good » cher à Milton Friedman semble renaître. [...]
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00:00Depuis la crise financière de 2007-2008, la cupidité était devenue un symbole oni,
00:17responsable d'avoir mené le monde au bord du gouffre.
00:22Pourtant, sous le second mandat de Donald Trump, le paradigme du « grill is good » cher
00:28à Milton Friedman semble renaître.
00:30Le slogan « grill is good » reste un pilier des idées républicaines, prenant que la
00:37quête du profit individuel est le moteur de la prospérité collective.
00:41Il n'y aurait une vision où les intérêts économiques dominent les discours politiques
00:46et évidemment les décisions stratégiques.
00:48Cette posture ne relève pas seulement d'un cynisme calculé.
00:52Elle s'inscrit dans une tradition historique bien plus large, où les intérêts sont d'abord
00:58perçus comme une réponse aux passions destructrices.
01:02Précisément, dans Les passions et les intérêts, Albert Erschman explique comment, au XVIIIe
01:10siècle, la montée en puissance des intérêts économiques a été saluée comme un outil
01:14permettant de canaliser les passions humaines.
01:17À une époque marquée par les conflits religieux, politiques, idéologiques, l'idée était
01:22simple, remplacer ces forces chaotiques par une logique pragmatique.
01:28Celle des intérêts matériels.
01:30Cette perspective éclaire la stratégie de Trump.
01:35Dans un monde polarisé où les tensions identitaires et idéologiques s'intensifient, recentrer
01:41les priorités sur les intérêts, qu'ils soient individuels ou nationaux, apparaît
01:45comme un moyen de rétablir une forme de rationalité.
01:47En ce sens, le grid version Trump peut être vu comme un pragmatisme stratégique plutôt
01:55qu'une simple provocation comme on le croit trop souvent.
01:58L'approche de Trump se traduit notamment par ses négociations commerciales.
02:02Derrière les effets d'annonces souvent spectaculaires, la logique reste toujours
02:07celle des intérêts bien compris.
02:08Maximiser les bénéfices économiques pour les Etats-Unis, limiter les déséquilibres
02:14perçus et renforcer une certaine autonomie nationale.
02:17Cette approche rappelle la célèbre Maxime de Charles de Gaulle.
02:22Les Etats n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts.
02:25Appliqué aux entreprises, ce principe invite les dirigeants à adopter une vision claire,
02:30focalisée sur ce qui sert leurs objectifs à long terme, tout en évitant de se laisser
02:34submerger par des passions ou des idéologies contre-productives.
02:38Le retour du grid façon Trump n'est donc pas qu'un anachronisme ou une provocation
02:45comme on le lit ou comme on l'entend trop souvent.
02:48Il s'appuie sur une logique historique où les intérêts permettent de ramener un certain
02:52ordre dans un monde en proie aux passions.
02:56Cette leçon doit donc nous interpeller.
02:58Savoir identifier, articuler, défendre ses intérêts peut être un levier des plus puissants.
03:04Mais une autre leçon de l'histoire, c'est que si les intérêts peuvent discipliner
03:10les passions, ils ne les éclipsent jamais complètement.
03:13Et c'est bien là l'enjeu véritable du second mandat Trump.
03:17Jusqu'où peut-on aller dans la quête du profit ou du pouvoir sans compromettre
03:23l'équilibre global ? Y compris, et ça on l'a bien saisi, de la planète aujourd'hui.