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00:00Culture Média sur Europe 1 9h30 11h avec Thomas Hill et avec votre invité ce matin, Thomas.
00:04Oui, je reçois ce matin Fabrice Papillon, producteur d'un documentaire diffusé demain soir sur Arte,
00:09Odora, à la recherche du sens perdu, un doc dans lequel j'ai appris énormément de choses
00:13parce que c'est vrai que c'est un sens qu'on a tendance tous, je pense, à sous-estimer.
00:18On ne se rend pas compte à quel point l'odorat est fondamental dans nos vies.
00:21Alors peut-être que certains l'ont réalisé au moment du Covid parce qu'ils ont perdu ce sens.
00:26Est-ce que c'est ça d'ailleurs qui vous a donné l'idée de faire ce doc ?
00:29Exactement, l'idée est arrivée en plein Covid.
00:32Moi-même, comme beaucoup de gens, j'ai perdu le goût et l'odorat quelques jours à gauche, à droite, à deux reprises.
00:37Ma maman a perdu le goût et l'odorat, mais c'est ce qu'on appelle un Covid long, c'est très durable,
00:41donc elle ne l'a pas vraiment récupéré.
00:43Donc on s'est posé des questions très simples, c'est comment se fait-il que ce virus-là,
00:47alors que ce n'est pas le cas des autres grippes ou en tout cas la plupart du temps, nous fasse perdre ce sens ?
00:51Et surtout, on a tous réalisé, nous qui l'avions perdu, que c'était si important
00:55parce qu'on ne réalise pas tellement c'est automatique à quel point l'odorat nous accompagne,
00:58non seulement pour sentir un peu les choses agréables ou moins agréables, mais aussi pour le goût, puisqu'au fond...
01:03C'est ça, les deux sont liés.
01:04Eh oui, parce que 80% du goût, ou 90% même, c'est l'odorat.
01:08À part l'amert, le salé, le sucré, l'umami, tout le reste, c'est l'odorat.
01:12Donc quand vous perdez l'odorat, vous perdez finalement le sel de la vie, si j'ose dire.
01:16Mais la bonne nouvelle, c'est qu'on peut travailler là-dessus, on peut muscler son odorat.
01:21Il faut d'ailleurs entraîner son nez, parce que sinon, avec l'âge, petit à petit, on perd de l'odorat progressivement.
01:26Oui, le bulbeuf actif se réduit, d'ailleurs, dans le Covid les plus graves, il se rétrécit en quelque sorte.
01:33Donc c'est comme tout, il faut s'entraîner, c'est exactement comme l'activité physique ou l'activité neuronale,
01:37où on s'entraîne à faire des mots croisés, c'est formidable.
01:40Eh bien là, l'odorat, il doit s'entraîner.
01:42D'ailleurs, l'aîné, l'école d'aînés, donc on est dans une école d'aînés,
01:45on voit bien comment les étudiants font sempiternellement pour s'entraîner et être de plus en plus fins sur l'identification des odeurs.
01:52Mais en réalité, nous sommes tous des génies de l'odorat, on ne le sait pas.
01:55On a quand même 400 familles de récepteurs olfactifs, 5 millions au total de récepteurs.
02:01Bon, le chien, il est très loin devant, avec plus de 2 millions.
02:04Ça, c'est intéressant, justement, la comparaison avec le chien,
02:06parce que justement, il y a des scientifiques qui ont fait un test qu'on voit dans votre documentaire, Fabrice Papillon.
02:11Ils ont réussi à prouver qu'on était capable, nous, comme les chiens, de suivre une piste olfactive.
02:16Donc ils mettent vraiment une personne à quatre pattes.
02:18Oui, c'est une séquence très yeux bordés et tout ça.
02:21Mais c'est une vraie expérience scientifique, c'est un vrai cobaye, c'est en Israël.
02:24Il est par terre, il a un masque sur les yeux et un casque sur les oreilles.
02:27Il ne voit rien, il n'entend rien et il suit une piste.
02:30Alors c'était en l'occurrence du chocolat.
02:32Et en fait, on a pu faire sur plusieurs témoins un cobaye, on a pu démontrer les subtilités.
02:38On a deux narines, c'est comme les oreilles, c'est en stéréo, ce n'est pas le même flux d'air.
02:42Et c'est grâce à la différence de flux, un flux lent, un flux rapide, qu'on peut suivre la piste exactement comme les chiens.
02:49Pour le coup, on est comme tous les autres mammifères, l'odorat fonctionne de la même manière.
02:52Et on a pu montrer qu'avec beaucoup de subtilité, quand on était aveugle et sourd, on pouvait retrouver une trace olfactive comme les chiens.
02:58Et alors là, vous venez de l'expliquer très vite, mais on va s'arrêter dessus deux secondes.
03:02La raison pour laquelle on a deux narines ? Je ne m'étais jamais posé cette question.
03:06Pourquoi est-ce qu'on a deux narines ? Il y a une raison.
03:08Vous avez deux yeux, ça vous permet de voir en trois dimensions et de vous repérer dans l'espace.
03:12Deux oreilles, ça vous permet de vous localiser dans l'espace sonore.
03:15Les narines, c'est pareil.
03:16Evidemment, on se dit qu'on ne s'en rend pas compte, mais c'est justement grâce à ces tests qu'on a pu démontrer que l'air ne rentre pas à la même vitesse dans les deux narines.
03:25Et toutes les heures et demie, la narine change.
03:28La narine de gauche devient la rapide, la narine de droite la lente, et vice-versa toutes les heures et demie.
03:32Et donc, c'est grâce à cette différence stéréo de narines qu'on peut aller dans la subtilité d'orientation et de perception des odeurs fines.
03:40Donc si on se bouche une narine, on va sentir évidemment beaucoup moins bien.
03:43En tout cas, on ne sentira pas toutes les odeurs.
03:44Et alors moi, ce que j'ai préféré, c'est quand vous en venez aux relations humaines, à la manière des chiens qui se sentent.
03:51On en parlait tout à l'heure.
03:52Nous faisons la même chose quand on se dit bonjour, sauf qu'on le fait beaucoup plus discrètement.
03:56Oui, mais c'est pour ça que cette scène d'anthologie de Didier, évidemment, de Chabat transformé en chien, elle est complètement vraie.
04:03Évidemment, on ne se sent pas la même zone, mais en se serrant la main, on a démontré, on a des tonnes de vidéos d'expérimental qui l'attestent.
04:13On a démontré que dès qu'on s'est serré la main de manière inconsciente, on va porter la main au visage pour se gratter l'œil, le nez, etc.
04:18Et en fait, on identifie inconsciemment l'odeur de l'autre et quelque part, on le caractérise.
04:23Alors, soit on le trouve, l'odeur nous plaît et finalement, on sait d'emblée qu'on va avoir un rapport plutôt sympa.
04:28Soit, sans qu'on s'en rende compte, c'est inconscient, on peut avoir une petite répulsion.
04:31Et donc, l'odorat joue complètement dans les relations inter-humaines.
04:34De la même manière aussi, quand on se fait la bise, bien sûr, c'est une manière aussi de se sentir.
04:39Et ça peut jouer sur nos amitiés, donc l'expression « je ne peux pas le sentir » a un fondement scientifique.
04:46Comme souvent, il n'y a pas de fumée sans feu, les expressions populaires sont toujours fondées sur quelque chose.
04:50Et là, on est vraiment dans cette situation, ne pas pouvoir se sentir, c'est complètement littéral.
04:54Et ça peut jouer aussi, bien sûr, sur nos amours.
04:57Il y a un test à l'aveugle qui montre que tous les hommes sont attirés par les mêmes odeurs de femmes.
05:02En fait, c'est un petit peu, malheureusement, un peu décevant.
05:06Mais la vérité, c'est qu'après des expériences très sérieuses, on a démontré que quand on prend l'odeur corporelle,
05:11alors c'est un protocole très strict, mais quand on recueille l'odeur corporelle sur des tampons, etc. de femmes,
05:18et qu'on les fait sentir à l'aveugle à plein d'hommes,
05:20et bien les femmes qui recueillent le plus de points, si j'ose dire,
05:24celles que les hommes rencontreraient volontiers, ce sont celles qui ont le plus d'ostrogène et le moins de progestérone.
05:30C'est-à-dire qu'elles sont dans le meilleur moment de leur cycle menstruel.
05:34C'est là où elles sont le plus fécondes, fertiles.
05:37Et donc, en fait, on n'a pas abandonné nos traditions de mammifères.
05:40On va aller vers la femelle qui est le plus susceptible de nous donner des beaux bébés.
05:44Tout ça est encore inscrit en nous.
05:46Ça fait partie des découvertes étonnantes dans ce doc à voir sur Arte samedi soir.
05:52Je vous garde encore un petit peu avec moi, Fabrice Papillon, parce que je vais vous présenter l'humoriste Maxime Gasteuil.
05:57Vous parlez aussi d'humour dans votre doc et j'ai encore quelques questions importantes à vous poser.
06:02Mais d'abord, c'est le journal des médias qui arrive.
06:04Oui, le journal des médias.