Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, était l'invité de "C'est pas tous les jours Dimanche", ce dimanche 9 février 2025, sur BFMTV.
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00:00En fait, vous pouvez réformer toutes les procédures que vous voulez, accélérer le droit,
00:04tant que vous avez un pays comme l'Algérie qui refuse d'accepter ces ressortissants, vous n'y arriverez pas.
00:10C'est pour ça que le ministre de l'Intérieur n'est pas le seul dans la réussite de la politique migratoire.
00:13C'est ce que je disais depuis quatre ans et demi que j'étais ministre de l'Intérieur,
00:15le ministre des Affaires étrangères, les autres ministères de l'Economie et des Finances,
00:19parce que nos relations avec l'Algérie ou le Maroc ou la Tunisie sont des relations qui ne sont pas que migratoires.
00:24Il y a des actions antiterroristes, il y a des actions culturelles, il y a des actions économiques,
00:28on a des marchés à obtenir, on a des sujets géopolitiques, donc ça doit être quelque chose de beaucoup plus global.
00:32Mais pour le ministre de l'Intérieur, 50% de mon temps, à l'époque, était de faire ce travail avec ces États.
00:37Et c'est ce que fait le ministre de l'Intérieur aujourd'hui.
00:39– Oui, mais c'est pour ça que la question qui se pose,
00:41et c'est intéressant que vous mettiez en avant la façon dont vous gériez cet aspect diplomatique,
00:45est-ce que la stratégie du bras de fer est la bonne ?
00:47Puisque quand on regarde dans le détail, quand vous étiez Place Beauvau,
00:50au fond, la délivrance de ce qu'on appelle les laissés-passer consulaires,
00:53qui permettent d'expulser des ressortissants,
00:55progressait au moment où les relations entre Paris et Alger s'étaient réchauffées.
01:00Alors qu'à l'inverse, quand vous aviez décidé de délivrer moins de visas pour les Algériens,
01:05la situation était bloquée.
01:06Est-ce qu'au fond, aller au bras de fer avec l'Algérie,
01:09dire que la France est humiliée par l'Algérie,
01:11c'est la bonne manière pour expulser les ressortissants algériens ?
01:15– Mais encore une fois, Bruno Retailleau a eu raison de dire que l'Algérie a essayé de nous humilier.
01:18Il n'y a pas de doute.
01:19Deux pays qui ont des relations aussi fraternelles par l'histoire et par la culture
01:24ne doivent pas se comporter ainsi.
01:26L'Algérie ne doit pas se comporter ainsi lorsque le ministère de l'Intérieur français
01:29décide d'expulser une personne.
01:30Les Algériens n'accepteraient pas le dixième de ça.
01:32Donc Bruno Retailleau a eu raison.
01:34Retailleau, il est en même temps dans une situation
01:37où le Sahara occidental a été reconnu par la France avec le Maroc.
01:41Donc ça énerve un peu le pays algérien.
01:43C'est pas ce que j'avais comme difficulté.
01:45Et puis le troisième sujet, c'est aussi, on sait tous,
01:48que les questions nationales françaises sont parfois
01:50les questions de politique intérieure algérienne.
01:52Pour plein de raisons, je pense qu'il faut parler à tous les États.
01:55Évidemment, c'est comme ça qu'on y arrive.
01:56Donc il faut faire de la diplomatie.
01:57Mais bien sûr, mais c'est normal.
01:59Et la diplomatie, on la fait avec des gens à qui on n'est pas d'accord.
02:01Parce que si vous faites de la diplomatie avec des gens...
02:03Vous en faites pas avec grand monde.
02:04Voilà, vous en faites pas avec grand monde.
02:05Mais Bruno Retailleau a eu raison.
02:06La diplomatie, c'est pas non plus les caramels mous.
02:08La diplomatie, c'est aussi la force.
02:10Voilà, il a utilisé la force, il a eu raison, je l'ai toujours soutenu.
02:12Et quand Marine Le Pen dit, il faut utiliser la méthode Trump,
02:16en prenant exemple sur ce qu'a fait le président américain
02:22le président colombien Petro, qui refusait d'accepter des ressortissants.
02:26Vous, avec l'expérience que vous avez comme ancien ministre de l'Intérieur,
02:28aujourd'hui comme ministre de la Justice,
02:30c'est un exemple à suivre, celui du président américain ?
02:33Non mais là, on voit bien que Mme Le Pen n'a aucune idée
02:36de ce qu'est gouverner un pays.
02:38C'est pas comme ça du tout que ça se passe.
02:39Monsieur Retailleau, qui est vu comme un homme fort,
02:41et à juste titre, s'il a des difficultés, c'est bien.
02:44Pourtant, il a une volonté très importante,
02:46comme je l'avais précédemment.
02:47C'est bien que les choses sont complexes.
02:48Il faut de la volonté pour changer les choses.
02:50Et c'est pas il n'y a qu'un faucon.
02:51Monsieur Trump, il vient d'arriver aux Etats-Unis d'Amérique.
02:54On verra dans quelques mois, ça fait quelques jours.
02:56Deuxièmement, c'est pas du tout les mêmes relations,
02:58les Etats-Unis d'Amérique avec la Colombie.
03:00Bon, les Etats-Unis d'Amérique n'ont pas été présents
03:02en Colombie pendant 150, 130 ans.
03:04Et il n'y a pas une Méditerranée qui nous sépare simplement
03:07de nos deux pays, et puis il n'y a pas l'histoire
03:10de nos relations juridiques, diplomatiques.
03:13Je pense que cette comparaison, elle est totalement démagogique.
03:15La vérité, c'est que si je prends Mme Meloni, par exemple, en Italie,
03:18qui se rapprocherait de notre cas, elle a su améliorer
03:21une partie de la politique migratoire, mais pas totalement.
03:24Elle a d'abord régularisé beaucoup de gens, Mme Meloni.
03:26– 400 000.
03:27– Voilà, donc si l'exemple de Mme Le Pen, c'est Mme Meloni,
03:29il faut savoir qu'il y aura beaucoup de régularisations de sans-papiers.
03:32C'est ça qu'a fait Mme Meloni en Italie.
03:34Et par ailleurs, qu'a fait Mme Meloni, elle a pris à la fois des propos,
03:36elle a pris des textes très durs contre l'immigration,
03:39mais elle a aussi été en Tunisie et en Algérie
03:41pour aller négocier avec ces pays, voilà.
03:43Donc, si on faisait faire des comparaisons,
03:45évitons de regarder de l'autre côté de l'Atlantique,
03:48regardons peut-être au côté de la Méditerranée.