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Le ministre de la Justice Gérald Darmanin était l'invité de Face à Face sur RMC et BFMTV ce vendredi 14 février. Il évoque notamment la présidentielle 2027, la justice des mineurs et la lutte contre le narcotrafic.

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Transcription
00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Gérald Darmanin.
00:04Bonjour.
00:04Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:07Vous êtes le ministre de la justice, on va parler bien sûr justice des mineurs,
00:10prison, lutte contre le narcotrafic, lutte contre le terrorisme,
00:15on va parler politique aussi.
00:16Je ne sais même pas s'il ne faut pas que je vous cite comme ministre de la justice
00:19et candidat à l'élection de 2020, ça c'est de moins en moins caché.
00:23Ah non, je suis ministre de la justice à plein temps
00:25mais par ailleurs je m'intéresse évidemment à l'avenir de mon pays.
00:27On va y revenir bien sûr, je voudrais qu'on parle d'abord de la justice des mineurs
00:30et vous lire cette lettre des parents d'Elias.
00:32Elias aurait dû avoir 15 ans le 14 février 2025, il n'aura jamais 15 ans.
00:38Notre fils est mort, notre chagrin est immense, notre vie est détruite.
00:42Nous ne demandons pas aux représentants des partis politiques, aux magistrats
00:46de ressusciter les disparus mais nous leur demandons de protéger les vivants.
00:52Vous faites six propositions en plus des modifications qui ont été apportées hier
00:56sur la justice des mineurs.
00:58Est-ce que ces propositions auraient pu empêcher la mort d'Elias ?
01:04D'abord j'ai reçu les parents d'Elias par respect envers le drame incroyable qu'ils subissent
01:10quand on est père et mère de famille, père d'un enfant, c'est ce qu'il y a de plus terrible au monde
01:15et si leur fils est mort c'est que l'Etat, la France, n'a pas su le protéger.
01:19Et je pense qu'il faut dire les mots sur les choses, et je l'aurai dit comme je vous le dis.
01:23Je pense que la modification de notre droit, de notre façon de gérer les mineurs délinquants
01:30pourrait permettre d'éviter ce genre de drame, en effet.
01:35Il n'y a pas de risque zéro, évidemment, tous les pays du monde et les pays européens
01:39connaissent cette augmentation de violences des mineurs.
01:42Mais oui je pense qu'une partie des dispositions que nous proposons collectivement,
01:46j'espère qu'elles seront adoptées au Sénat, pourraient empêcher des drames comme ceux-là
01:50parce que nous devons avoir beaucoup plus de rapidité et de fermeté vis-à-vis des mineurs délinquants.
01:56Il y a plusieurs points que vous proposez, vous proposez notamment la question d'une sorte de couvre-feu
02:01dès la sortie de l'école, week-end compris, c'est-à-dire que les enfants condamnés,
02:06enfin les mineurs condamnés pourraient sortir pour aller à l'école
02:10mais dès la sortie de l'école rentreraient chez eux et ne sortiraient pas le week-end.
02:13Est-ce que le problème ce n'est pas le couvre-feu mais le respect du couvre-feu ?
02:16Je reprends l'exemple tragique d'Elias.
02:19Les deux jeunes qui ont tué Elias étaient sous couvre-feu.
02:24Ils étaient sous couvre-feu à partir de 20h mais ils étaient sous couvre-feu.
02:27Ils avaient également l'interdiction de se fréquenter.
02:29On a vu évidemment que ça n'a jamais été respecté.
02:32Est-ce que le problème ce n'est pas juste l'application, c'est-à-dire dire qu'ils doivent rester chez eux ?
02:35Oui mais le feront-ils ?
02:36Donc il y a deux choses.
02:37Il y a est-ce qu'aujourd'hui quand le juge prend des mesures qu'on appelle d'assistance éducative,
02:43c'est-à-dire par exemple de ne pas fréquenter son camarade avec lequel on est violent,
02:48par exemple d'être dans un couvre-feu, par exemple d'être suivi par un éducateur,
02:52est-ce que quand ce n'est pas respecté, est-ce qu'il y a sanction ?
02:54Ben non.
02:55Mais ce n'est pas parce que les services de l'État sont mauvais,
02:57c'est juste que la loi ne prévoit pas qu'il y ait sanction.
02:59Ce n'est pas un contrôle judiciaire.
03:01Dans un contrôle judiciaire, si on ne doit pas se rencontrer tous les deux
03:03et qu'on se rencontre tous les deux, il y a sanction.
03:05Et moi je vais vous aller en prison.
03:07Ça veut dire que ces deux jeunes, ils ont officiellement l'interdiction de se fréquenter
03:10depuis le 27 octobre 2024.
03:13Mais en fait c'est une fausse interdiction.
03:15Ça dit interdiction mais ça n'est pas appliquée.
03:17En fait c'est une interdiction sans sanction.
03:19Donc c'est ça qui ne va pas du tout dans notre droit.
03:22Si les policiers avaient contrôlé ces deux jeunes qui n'avaient pas le droit d'être ensemble
03:27juste avant l'assassinat d'Elias,
03:30alors les policiers n'en auraient pas tiré de conclusions particulières.
03:34Ils ne pouvaient pas prendre les deux jeunes et les mettre dans un centre éducatif fermé.
03:38C'est ça qui ne va pas.
03:39Donc d'abord quand on dit qu'il y a une interdiction, il faut la faire respecter.
03:43C'est ça l'éducation.
03:44L'éducation c'est je dis quelque chose, ce n'est pas respecté, il y a une sanction.
03:47Donc ce qui manque dans notre droit c'est la sanction.
03:49Il ne s'agit pas de mettre tous les mineurs délinquants dans les prisons,
03:52ce n'est pas ce que je souhaite, ça n'aurait aucun sens et ça détruirait la vie des mineurs.
03:55Il s'agit de dire que quand on prend des décisions,
03:58parce que parfois on ne les prend pas,
03:59mais quand on prend des décisions, ces décisions doivent être respectées.
04:02Donc d'abord, oui vous avez parfaitement raison, il faut prévoir dans la loi,
04:05ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
04:06Je l'ai découvert quand je suis arrivé au ministère de la Justice,
04:09il faut prendre des sanctions qui correspondent au fait qu'on ne respecte pas la mesure éducative.
04:13Deuxièmement, on voit bien que la plupart des RICS, moi j'ai été maire de ma commune,
04:17la plupart des RICS, elles ne se déroulent pas entre 20h et minuit.
04:20Elles se déroulent après le collège, après le lycée, en fin de journée.
04:23Donc le couvre-feu dès la fin des cours, dès 16h, 17h, est le week-end.
04:28Il n'y a pas de raison de sortir le week-end,
04:30lorsqu'on a été un mineur délinquant, qu'on ne va pas en prison,
04:33mais qu'on doit respecter le fait de ne pas sortir dehors.
04:35Ce couvre-feu doit être étendu au week-end, de 17h à 7h du matin,
04:40le temps d'aller juste à l'école et de revenir.
04:42Et on doit envoyer, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui,
04:44des agents pour constater si le mineur est bien chez lui,
04:47et s'il ne l'est pas, il va dans un centre éducatif fermé.
04:50Donc ce que je veux changer, c'est à la fois la mesure éducative
04:53avec une sanction quand elle n'est pas respectée,
04:55et élargir très largement les demandes de fermeté, de couvre-feu,
04:59et de présence à domicile.
05:01Est-ce que les parents doivent être impliqués dans cette question-là ?
05:03Est-ce qu'eux aussi auraient à rendre des comptes, en quelque sorte,
05:07sur le fait que leur enfant à 17h est à la maison ou non ?
05:10Je le crois pertinemment.
05:11Le parent a une responsabilité légale vis-à-vis de l'enfant.
05:15Il y a des parents qui sont très dépassés par leurs enfants.
05:19Je pense aux femmes seules qui élèvent deux, trois gamins,
05:22dans des conditions parfois de violence, dans des quartiers difficiles,
05:25qui vont travailler la nuit à l'hôpital de Tourcoing,
05:27qui ne peuvent pas, parce qu'elles gagnent très peu d'argent,
05:30éduquer correctement leur enfant.
05:32Ces femmes-là, il faut que nous les accompagnions, que nous les aidions.
05:35Il ne s'agit pas de les sanctionner.
05:36Je trouverais très salaud de les sanctionner.
05:38En revanche, il y a des parents, et on les connaît tous aussi,
05:41qui vont insulter les professeurs, insulter les policiers,
05:43qui ne viennent pas à l'audience lorsque leur enfant est convoqué dans la justice.
05:46Dans le texte défendu par Gabriel Attal,
05:48il y a cette idée que les parents, s'ils ne se présentent pas aux audiences,
05:52soient sanctionnés.
05:53Exactement.
05:54Les deux ?
05:55Par une amende civile, oui.
05:56Le père et la mère ?
05:57Les pères et la mère, quand ils existent,
05:58parce que malheureusement, souvent, ce sont des familles monoparentales.
06:02Même quand c'est une famille monoparentale, le père existe quelque part ?
06:05Parfois, le père est décédé.
06:06Parfois, le père est retourné au pays.
06:08Parfois, le père a disparu.
06:09Vous savez très bien comment les femmes sont souvent très seules
06:11pour élever leurs enfants.
06:12Mais oui, lorsque les deux existent, évidemment les deux.
06:15Cette amende civile prévue par la proposition de loi de M. Attal
06:17est une très bonne chose.
06:18Moi, je voudrais qu'on aille un cran plus loin.
06:20Je voudrais qu'il y ait une injonction éducative pour les parents aussi.
06:23Aujourd'hui, il n'y a que des assistances éducatives,
06:25des injonctions éducatives que pour les enfants, que pour les mineurs.
06:28Mais il faut aussi apprendre à être parent.
06:30Parfois, on ne sait pas être parent.
06:32On ne sait pas respecter les règles.
06:33On ne sait pas montrer qu'on a de l'autorité.
06:36L'autorité parentale, ça existait dans le code civil.
06:38Donc, il faut que les parents puissent avoir une injonction
06:41pour être cadrés eux-mêmes pour élever leurs enfants.
06:44Et s'ils ne respectent pas cette injonction,
06:46s'ils ne suivent pas l'éducation populaire qu'on veut leur imposer,
06:50alors oui, il faudra les sanctionner.
06:52Donc, je pense que les parents ont une place essentielle
06:55dans la justice des mineurs.
06:57Aujourd'hui, c'est une place qui est très lointaine.
06:59Il faut que les Français qui nous écoutent comprennent
07:01que quand l'enfant est convoqué, on invite les parents.
07:04Et les parents ne viennent pas pour la plupart des cas.
07:07Et il n'y a pas de sanction.
07:08Aujourd'hui est rendu justement le rapport sur la parentalité
07:11que vous aviez commandé après les émeutes de 2023.
07:14Il a été remis hier soir à Catherine Vautrin.
07:16Parmi les propositions qu'ils font, il y a notamment cette question du rapport
07:19aux parents, et en particulier disent-ils aux pères.
07:22J'ai reçu l'une des deux auteurs de ce rapport ce matin
07:24qui disait qu'on est passé de « Que fait la police ? »
07:26à « Où sont les pères ? ».
07:28Et elle dit notamment qu'il faudrait encourager les entreprises
07:31à lâcher quatre demi-journées ou même quatre créneaux de deux heures
07:35dans l'année, précisément pour un suivi des enfants.
07:39Est-ce que vous y êtes favorable ?
07:40Que les pères soient beaucoup plus présents, oui, bien sûr.
07:43Il y a une absence des pères dans la société,
07:45je sais que ce n'est pas de bon ton de le dire,
07:46mais c'est tout à fait vrai.
07:48Après, je ne suis pas sûr que ce soit aux entreprises toujours
07:50de corriger les défauts de la société ou des parents.
07:53Les entreprises, leur boulot, c'est de créer quelque chose,
07:55ce n'est pas de faire parent à la place des parents.
07:57Mais ce qui est tout à fait certain, c'est que l'autorité parentale
08:01doit être rappelée, et on doit pouvoir tirer des conclusions
08:04de cette autorité parentale qui n'est pas rappelée.
08:06Par ailleurs, l'État lui-même est parfois un parent défaillant.
08:09Nous sommes mauvais, nous l'État, nous la puissance publique,
08:12dans la protection des enfants.
08:14Et là, vous parlez des enfants victimes,
08:16ce n'est pas seulement des enfants coupables.
08:18Parce que souvent, le mineur de 14, 15, 16 ans,
08:21qui vole les téléphones portables, donne des coups de couteau,
08:23trafique de la drogue, il a parfois, pas toujours,
08:25mais il a parfois aussi été victime.
08:27Vous savez, dans les émeutes de 2023, que j'ai bien connues
08:29quand j'étais ministre de l'Intérieur, sur les 3000 gamins
08:32que nous avions interpellés, parce que 60% d'entre eux
08:35avaient moins de 16 ans tout au début,
08:37il y avait beaucoup d'enfants qui étaient issus de l'aide sociale
08:39à l'enfance, c'est-à-dire des placements, ce qu'on a appelé hier
08:41l'ADAS, il y avait beaucoup d'enfants qui étaient élevés
08:44dans des familles totalement déstructurées, pour lesquelles
08:46l'État n'a pas su être au rendez-vous de les sortir
08:48de leur milieu de violence. Ils avaient été violés,
08:50ils avaient été tabassés, ils n'avaient pas accès à l'école,
08:53ils mangeaient, voilà, ils avaient une vie extrêmement déstructurée.
08:56Évidemment, quand un enfant de 2 ans, 3 ans, 4 ans
08:59est violé, est battu, est déstructuré,
09:02il ne faut pas s'attendre que ce soit un adolescent bien cadré.
09:04Est-ce qu'aujourd'hui, ces jeunes sont protégés ?
09:07C'est-à-dire, est-ce qu'aujourd'hui, l'État, qui a des signalements,
09:10protège ces jeunes, les sort de leur milieu ?
09:12Il le fait en partie, mais il ne le fait pas totalement.
09:15Et par exemple, dans le département du Nord, où je suis élu,
09:17il y a plus de 300 gamins qui, alors qu'il y a un juge qui a décidé
09:20son placement de ce gamin, ne sont pas sortis de leur famille.
09:23Peut-être qu'en ce moment où nous parlons, il est violenté par ses parents.
09:26Donc, c'est un scandale absolu. L'État est honteux de ce point de vue.
09:29Moi, je suis honteux de constater cette chose au ministère de la Justice.
09:32On doit travailler très rapidement avec les départements
09:35qui ont également la compétence, avec Catherine Vautrin, par exemple,
09:37qui est aussi la ministre en charge de ces sujets,
09:39pour pouvoir régler ça. Je souhaite que, chaque jour utile,
09:42le ministère de la Justice soit un jour de protection des enfants.
09:44Une audience culpabilité, une audience peine, ça, vous n'y changez rien ?
09:48La proposition de M. Attal est très intéressante.
09:51Elle prévoit de faire l'audience de culpabilité,
09:53je te dis que tu es coupable, avec l'audience de voici la sanction.
09:58Donc, une réconciliation de ces deux moments.
10:00Exactement. Pas partout, pas tout le temps,
10:02parce qu'il faut aussi que, parfois, l'enfant, qui peut avoir 14 ans,
10:06n'est pas tout à fait encore construit mentalement.
10:08Mais qui décidera ? C'est-à-dire, qui décidera du pas tout le temps,
10:11mais cette fois-ci, oui ?
10:12Ça dépend de ce qu'il a commis.
10:14S'il vole des pommes, comme dans la chanson de Georges Brassens,
10:16on peut regarder les choses un peu différemment
10:18que s'il donne un coup de couteau.
10:20S'il est dans son premier fait,
10:22ce n'est pas pareil que quand il a 12 faits.
10:24C'est donc le juge qui décidera, si oui ou non,
10:27il estime que la culpabilité et la nature de la peine
10:30doivent être rendues ensemble ?
10:31C'est le procureur de la République qui porte l'action de la société
10:34et le juge, à la fin, tranche.
10:36Je voudrais qu'on parle aussi du narcotrafic.
10:38Éric Piolle et Bruno Retailleau seront ensemble tout à l'heure à Grenoble.
10:42Vous promettez des prisons de haute sécurité pour les narcotrafiquants.
10:47Quand ?
10:49Le 31 juillet de cette année au maximum, dans trois mois.
10:52Mais vraiment ?
10:53Oui, bien sûr. On ira la visiter ensemble, si vous le souhaitez.
10:56Avec plaisir. Je trouve ça important de vérifier
10:59effectivement que les paroles sont suivies d'actes.
11:02Ça veut dire qu'au moment où on se parle, Général Dedard-Malin,
11:04vous avez le lieu ? Vous avez les 100 narcotrafiquants ?
11:06Vous avez les moyens ?
11:08Alors, on a plus de 100 narcotrafiquants.
11:10Non, mais ceux qui sont sélectionnés pour être...
11:12Oui, bien sûr. On a la liste des 100 personnes
11:14qui iront dans cette prison de haute sécurité.
11:17Je vais ce soir visiter la prison d'Arles.
11:19Donc il y a trois prisons possibles au moment où...
11:21quatre prisons possibles au moment où je vous parle.
11:23Vendin-le-Vieille dans le Pas-de-Calais,
11:25Arles dans les Bouches-du-Rhône,
11:27Saint-Maur et Condé-sur-Sarthe.
11:29Je vais en choisir une.
11:30Et puis ensuite, il en faudrait trois, voire quatre autres
11:33dans les prochains mois, prochaines années.
11:35On va mettre 4 millions d'euros pour rénover,
11:37c'est à peu près ce qu'il faudra selon les prisons,
11:39pour rénover intégralement cette prison
11:41qui sera totalement sous cloche,
11:43au sens où personne ne pourra plus communiquer à l'extérieur
11:46avec des moyens de personnel extrêmement renforcés,
11:49des moyens technologiques extrêmement forts.
11:51Les personnels demandent également à pouvoir tourner.
11:53C'est-à-dire qu'ils disent, s'il y a effectivement
11:55cette situation-là, face à des difficultés,
11:58j'oserais presque le mot de corruption,
12:01au minimum d'intimidation,
12:03alors, ils disent, il faut qu'on puisse tourner,
12:06qu'on n'identifie pas forcément leur famille,
12:09leur femme, qu'on ne puisse pas leur dire
12:11ta femme est en danger, je vais m'attaquer à tes enfants.
12:14Oui, vous avez parfaitement raison,
12:15mais vous pouvez utiliser le mot de corruption.
12:16Il y a de la corruption dans l'administration que je dirige.
12:18Il y a des menaces dans l'administration que je dirige.
12:20Il y a aujourd'hui des directeurs de prison,
12:21des agents pénitentiaires qui sont sous protection policière.
12:23Il y a de la corruption ?
12:24Oui, oui, bien sûr.
12:25Il y a de la corruption ?
12:26Ça veut dire que les dirigeants de prison,
12:28les surveillants de prison sont parfois eux-mêmes corrompus ?
12:31Je pense que sur les 45 000 agents de l'administration pénitentiaire,
12:34c'est un métier très difficile d'être gardien de prison.
12:35C'est un métier magnifique et très difficile.
12:37Moi, je leur tire mon chapeau tous les jours.
12:39Il y a parmi eux des gens qui subissent de la corruption
12:41et qui sont corrompus, bien sûr.
12:43Et j'en ai encore sanctionné un, il n'y a pas si longtemps que ça,
12:45voilà, quelques jours.
12:46Et puis, il y a des gens qui sont menacés, comme vous le dites,
12:48qui sont obligés de faire entrer des téléphones portables,
12:51par exemple, dans les prisons,
12:52parce qu'on a repéré où allaient leurs enfants à l'école.
12:54Vous avez parfaitement raison.
12:55Donc, il y a à la fois de la corruption, il y a de la menace
12:57et il y a surtout un immense courage.
12:59Et vous savez, les agents pénitentiaires,
13:00ils demandent à ce qu'on vienne les sauver
13:02de cette corruption et de cette menace.
13:04Les deux agents pénitentiaires qui ont été tués
13:06à la Kadachnikov au péage d'un Carville le 14 mai dernier,
13:09ça a été un réveil pour tout le monde, un sursaut pour tout le monde.
13:12Il n'est toujours pas retrouvé, d'ailleurs, le fugitif.
13:14C'est au ministère de l'Intérieur de porter ses communications.
13:16Mais à la fin, la police gagne toujours.
13:18Et je suis certain que monsieur Ambras sera arrêté.
13:20J'aimerais bien vous prendre au mot.
13:22À la fin, la police gagne.
13:23Vous croyez encore aux gendarmes et aux voleurs ?
13:28Évidemment, j'ai été quatre ans et demi mis en intérieur.
13:30Je peux vous dire qu'à la fin...
13:31C'est toujours les gentils qui gagnent ?
13:32À la fin, c'est toujours les gentils qui gagnent,
13:33c'est toujours les policiers, les gendarmes qui gagnent.
13:34Parfois, ça met du temps.
13:35Juste pour vous dire un mot.
13:36Vous savez, cette prison de haute sécurité,
13:38c'est très original.
13:39La France ne l'a jamais fait.
13:41Nous allons prendre une prison
13:42et on va y mettre les 100 plus dangereux.
13:44Mais les 100 plus dangereux,
13:45c'est les 100 les plus condamnés.
13:47C'est très important.
13:48C'est les 100 qui peuvent encore communiquer à l'extérieur,
13:50commander des points de deal,
13:51menacer des agents, assassiner des personnes.
13:53Donc moi, je ne regarderais pas,
13:55c'est ça qui est très original,
13:56la condamnation des personnes.
13:57Je regarderais leurs dangerosités.
13:59Il y aura des gens qui ont été condamnés définitivement
14:01et il y aura des gens qui seront en détention provisoire
14:03parce qu'on attend qu'ils soient condamnés définitivement.
14:05Aujourd'hui, que les Français comprennent,
14:06on divise les gens, les détenus, en deux parties.
14:09Les maisons d'arrêt, là où on attend sa condamnation
14:12et les prisons pour peine, là où on a été condamné.
14:14Le but de ma stratégie, c'est de casser cette distinction
14:17et de dire les gens dangereux et les gens pas dangereux.
14:19Andy Kerr-Bratt est député, député LFI.
14:23Il avait été pris en flagrant délit d'achat de drogue.
14:25Vous dites que les personnes qui se droguent
14:27ont une responsabilité dans le trafic de drogue.
14:30Il dit, et il s'adressait à nos confrères de France Télévisions hier,
14:33il dit qu'il a continué à se faire livrer,
14:37y compris, lui demande le journaliste,
14:40en étant député, et il a répondu,
14:42bien sûr, tout le monde fait ça.
14:44Un, est-ce que tout le monde fait ça ?
14:46Deux, est-ce qu'il peut rester député ?
14:48Bien sûr que non, tout le monde ne fait pas ça.
14:50Mais monsieur le député Kerr-Bratt devrait partir
14:52depuis très longtemps de son mandat.
14:54Il a déshonoré son mandat de député.
14:56Et vous savez, le pire, c'est pas tellement encore
14:58qu'il se soit drogué.
15:00C'est qu'il était acheté dans le métro
15:02à un gamin de 14 ans.
15:04On parlait des mineurs, auteurs et victimes.
15:06Un député de la nation, de la France Insoumise,
15:08qui donne des leçons de morale sur tous les plateaux,
15:10dans le métro, acheté à un gamin de 14 ans
15:12d'un drogue de synthèse.
15:14Il l'entretient, peut-être que ce gamin
15:16à qui il a acheté la drogue de synthèse,
15:18il fait partie d'un réseau où il est torturé le soir,
15:20où il est privé de voir ses parents,
15:22où il est déscolarisé.
15:24C'est ça, le plus scandaleux encore.
15:26Pas tellement que monsieur Kerr-Bratt
15:28soit addict à la drogue.
15:30C'est qu'il entretient un réseau.
15:32C'est ça qu'on dit aux consommateurs.
15:34C'est pas simplement un problème entre vous et la drogue,
15:36c'est un problème entre vous et la société.
15:38Les barbecues, c'est-à-dire qu'on les met dans des voitures
15:40et vivants, on les brûle. C'est ça que ça veut dire.
15:42Ça, c'est des réseaux de drogue que le consommateur a créé.
15:44Le consommateur qui fume son joint,
15:46qui prend son rail de coke,
15:48qui est parfois très bourgeois,
15:50très cadre supérieur, comme le député
15:52que nous constatons là,
15:54il est le responsable direct des assassinats
15:56d'enfants dans les quartiers de Marseille.
15:58La décence aurait voulu qu'il parte depuis très longtemps,
16:00mais la décence a quitté la France Insoumise depuis très longtemps aussi.
16:02Au-delà des mineurs,
16:04il y a la justice qui est débordée.
16:06On en reparlera. Je voudrais aussi parler présidentielle
16:08parce que vous demandez l'ouverture, je cite,
16:10d'une primaire ouverte de la droite et du centre
16:12pour pouvoir permettre qu'il n'y ait
16:14qu'un seul candidat pour 2027.
16:16Ce matin, Laurent Wauquiez vous dit non.
16:18Je suis contre la primaire, j'ai trop vu les dégâts
16:20qu'elle a fait, et la droite en a payé
16:22le prix fort.
16:24Non, je demande un seul candidat
16:26ou candidate.
16:28S'il s'impose ou elle s'impose naturellement,
16:30comme Nicolas Sarkozy en son temps,
16:32ou comme Emmanuel Macron, il n'y a pas de problème.
16:34Ce sera ce candidat, il n'y a pas besoin de faire des primaires.
16:36En effet, mais
16:38je pense qu'il y a un risque qu'il n'y ait pas
16:40qu'un seul candidat, et chacun le constate.
16:42Il faudra vraiment être
16:44très hypocrite pour ne pas le dire.
16:46Notre électorat de la droite et du centre
16:48ne comprendrait pas que nous ayons plusieurs candidats
16:50que nous n'entendions pas pour des raisons d'égo.
16:52Et du coup, qu'au second tour
16:54d'élection présidentielle, ce serait Mme Le Pen
16:56face à M. Mélenchon. Nous aurions une responsabilité
16:58immense. On doit travailler avec
17:00les LR. Prenons un processus
17:02de sélection des critères.
17:04Si ce n'est pas la primaire, mais que quelqu'un d'autre propose quelque chose.
17:06Vous n'êtes pas forcément attaché à l'idée de la primaire.
17:08Je trouve que c'est le meilleur moyen
17:10qui permet de parler de nos idées,
17:12d'occuper l'espace public,
17:14de montrer aux électeurs
17:16qu'on les prend au sérieux, ceux qui choisissent,
17:18et à la fin de semaine d'accord, il y a un candidat. Vous savez, il y a 4 millions d'électeurs
17:20pour la primaire de droite, et ce n'est pas la primaire
17:22qui a tué François Fillon.
17:24M. Wauquiez le sait très bien.
17:26Quand Laurent Wauquiez dit « j'ai trop vu les dégâts qu'elle a faits »,
17:28il estime que c'est la primaire en quelque sorte.
17:30Il rend la primaire responsable.
17:32Ce n'est pas le cas. Il y a eu 4 millions d'électeurs à la primaire de droite et du centre.
17:34On sait tous que c'est les difficultés de François Fillon
17:36qui ont tué François Fillon. Ce n'est pas la primaire.
17:38Mais moi, je souhaite qu'on travaille avec Laurent Wauquiez.
17:40Je souhaite qu'on travaille avec Bruno Rotaillot.
17:42Vous vous parlez ? Bien sûr.
17:44Nous nous reparlons plutôt.
17:46Je pense que ce sera très important
17:48que ni Laurent Wauquiez ni Bruno Rotaillot
17:50ne cassent l'ambiance.
17:52Il y a une compétition à l'intérieur de LR.
17:54Ça vous choque qu'ils soient tous les deux ?
17:56C'est normal. C'est sain. C'est démocratique.
17:58Mais il faut faire attention, en effet,
18:00que ce débat démocratique
18:02à l'intérieur des partis ne se transforme pas
18:04en guerre des chefs.
18:06Quel serait le contour s'il y avait
18:08un seul candidat ? Il irait d'où à où ?
18:10Il représenterait de qui à qui ?
18:12Aujourd'hui, on a un gouvernement qui montre ce contour.
18:14Nous travaillons dans le même gouvernement
18:16avec Manuel Valls, avec Bruno Rotaillot,
18:18avec des LR, avec des Horizons,
18:20avec des Modem, des Renaissance,
18:22des gens de centre-gauche comme M. Rebsamen
18:24et puis des gens plus à droite, conservatrices
18:26comme M. Rotaillot. Je pense que
18:28cet espace-là,
18:30il peut, avec des désaccords,
18:32et on est là pour trancher ces désaccords,
18:34il peut se mettre d'accord pour avoir un seul candidat
18:36pour pouvoir, me semble-t-il,
18:38battre M. Mélenchon et Mme Le Pen.
18:40Avec vous ?
18:42Je contribuerais, évidemment, mais d'abord, ce qui m'intéresse,
18:44c'est les idées, c'est le projet. Moi, je pense qu'il faut
18:46arrêter de faire de la demi-mesure, il faut être plus radical,
18:48sans être extrémiste. Moi, je suis pour
18:50la capitalisation dans le système
18:52de retraite. Je suis pour mettre
18:54fin à la fiscalité sur les donations de survivants,
18:56quel que soit le montant. Je suis pour qu'on dise
18:58plutôt du bien de Bernard Arnault que du mal de Bernard Arnault
19:00parce qu'on a besoin d'avoir des entrepreneurs.
19:02Voilà, on peut avoir des discussions,
19:04je suis pour le texte sur la fin de vie.
19:06Mes positions sont réfléchies et tranchées,
19:08je suis pour l'abrogation du droit du sol.
19:10Mais on n'a le droit de ne pas être d'accord,
19:12évidemment, parlons-en, et les électeurs
19:14choisiront. – Vous dites, je contribuerais, je donnerais
19:16mes idées, mais si l'on
19:18vous pose la question aujourd'hui, vous n'êtes pas
19:20contre l'idée d'être candidat, vous vous dites
19:22que ça fait partie des options. – Mais aujourd'hui, nous allons
19:24travailler à un projet, donc il faut qu'on travaille
19:26à un projet. Quelles sont les idées des autres ?
19:28Il faut qu'on en discute, on est à deux ans.
19:30– Edouard Philippe promet des idées massives.
19:32– Edouard, il travaille beaucoup et j'attends avec impatience
19:34– Vous, vous promettez des idées radicales.
19:36– Je pense qu'on dit la même chose avec Edouard.
19:38– Est-ce que vous avez les mêmes idées ?
19:40Vous savez ce que c'est les idées massives d'Edouard Philippe ?
19:42– J'en ai discuté avec Edouard Philippe, c'est pas à moi
19:44d'évoquer ses idées, il a la gentillesse
19:46de m'en parler ici ou là,
19:48mais c'est lui qui proposera son projet.
19:50J'imagine que ce projet, ces projets
19:52se confronteront, s'enrichiront
19:54et à la fin, je souhaite que soit les électeurs,
19:56on s'est tous d'accord pour dire que
19:58cette personnalité est incontestable
20:00et on la soutiendra, et moi je m'effacerais
20:02bien volontiers pour cette personnalité. – Bien volontiers ?
20:04– Si c'est le cas, parce que je veux qu'on gagne, et je veux qu'on gagne
20:06sur des idées. En revanche, si c'est juste une guerre
20:08d'ego, il n'y a aucune raison
20:10qu'on ne regarde pas d'abord les idées. Moi ce qui m'intéresse
20:12c'est que mes idées l'emportent,
20:14c'est que nos idées l'emportent,
20:16pas que monsieur X ou madame Y
20:18qui a une jolie cravate ou qui parle bien
20:20l'emportent, ça, ça n'intéresse personne, ce qui intéresse
20:22c'est le projet. Et la France, je pense qu'elle est à droite,
20:24moi je suis un homme de droite qui n'est pas
20:26insensible au sentiment de la gauche, je suis
20:28donc quelqu'un qui pense
20:30qu'il faut plus de libéralisme économique,
20:32plus d'autorité à l'école,
20:34plus d'autorité dans la police, et en même temps
20:36à l'écoute des difficultés sociales.
20:38– Ça commence à ressembler à un programme, Gérald Darmanin,
20:40il est à 8h53 sur RMC et BFM TV, merci.

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