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Dans cet épisode d'Envie d'Agir, Jaleh Bradea met en lumière une initiative humanitaire d’exception. Elle reçoit Élise Boghossian, fondatrice de EliseCare, une organisation qui apporte des soins médicaux et psychologiques aux populations victimes de conflits à travers le monde.

💬 Ensemble, elles évoquent le travail essentiel mené sur le terrain, les défis de l’aide humanitaire et l’importance de soigner à la fois les corps et les esprits des victimes. Élise partage son engagement et les actions concrètes mises en place par EliseCare pour soulager les souffrances des plus vulnérables.

📅 Un grand concert solidaire aura lieu le 10 février à l’Olympia au profit d’EliseCare, un événement majeur pour soutenir cette cause essentielle.

Un épisode inspirant qui rappelle que l’humanité et la résilience peuvent faire la différence. 💙🌍✨

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Transcription
00:00Bonjour et bienvenue dans Envie d'agir. Aujourd'hui, nous allons à la rencontre d'une organisation
00:12qui se bat chaque jour pour redonner espoir aux victimes des conflits armés, Alice Care.
00:17Depuis plus de 10 ans, cette association apporte des soins médicaux et psychologiques aux
00:22populations civiles et notamment aux enfants de la guerre. Pour en parler, j'ai l'honneur
00:29d'accueillir aujourd'hui Alice Boghossian, fondatrice d'Alice Care et toujours engagée
00:34sur le terrain. Bonjour Alice, merci d'être avec nous.
00:37Bonjour Jélée. On est ravis de vous accueillir, c'est la
00:41deuxième fois parce qu'on est vraiment tout à fait derrière cet engagement que
00:45vous avez et qui est primordial. Mais pour commencer, je voudrais que vous expliquiez
00:49à nos téléspectateurs, qu'est-ce qu'on appelle un enfant de la guerre ?
00:53L'enfant de la guerre, c'est un des dégâts collatéraux de la folie des hommes et les
01:03enfants qui sont parfois les témoins directs d'une violence extrême, qui peuvent aussi
01:09être amenés à subir, sont des enfants qui restent complètement bloqués, figés dans
01:15leur développement, ce sont des enfants qui gardent des séquelles parfois toute la vie,
01:18ce sont des enfants qu'il faut prendre en charge très vite parce que ce sont des enfants
01:22qui ne peuvent plus se développer, qui ne peuvent plus apprendre, leur langage s'appauvrit,
01:27ils deviennent un peu enfermés dans une espèce de bulle qui est liée à ce traumatisme
01:37de la guerre, à l'absence de parents qui ne sont plus là pour les protéger, ce sont
01:41des enfants qui ont parfois eux-mêmes été les victimes directes de mafias criminels,
01:46par exemple la prostitution infantile, par exemple les enfants soldats, les enfants de
01:50la rue et donc ce sont des enfants qui subissent la folie des hommes.
01:54– Et donc vous effectivement, quand vous étiez venue la dernière fois nous parler
02:00de ces engagements, vous nous aviez dit que la source, vous venez en fait d'une des
02:06guerres en Syrie et que je voudrais que vous nous racontiez, qu'est-ce qui vous donne
02:11vous un jour envie de dire stop, on ne peut pas laisser faire ça, je ne peux pas laisser
02:17ces victimes civiles continuer à être traumatisées.
02:21– Alors moi je suis héritière, la troisième génération d'un déporté arménien qui
02:32est un rescapé, un survivant de mon grand-père, qui est un rescapé arménien du génocide
02:38perpétré par les Turcs et j'ai la chance, à la troisième génération, d'être née
02:43en France et je réalise chaque jour cette chance que j'ai d'avoir grandi en ayant
02:50eu des rêves, en ayant pu les nourrir, les chérir et avoir réussi à en accomplir quelques-uns
02:56et c'est vrai que lorsque j'assiste, il y a plus de dix ans au bombardement de Alep
03:02qui est l'itinéraire de déportation qu'a subi mon grand-père, évidemment je vois tous
03:08ses visages frères qui sont ceux un siècle auparavant de ma famille, de ma propre famille,
03:14ça ne me laisse pas indifférente, je n'étais pas du tout à ce moment-là appelée à faire
03:20ce genre de métier mais ça a été instantané ce qui s'est passé il y a un peu plus de
03:25dix ans.
03:26Au départ je pensais y aller une fois, mettre en place une aide, apporter, faire ma part
03:33mais en revenant j'avais une vision beaucoup plus précise, beaucoup plus objective de ce
03:37que je voulais faire et après ça a envahi ma vie, ma conscience, ma pensée et puis
03:43j'ai réorganisé complètement ma vie autour de cet engagement qui fait partie dans ma
03:48chair et qui vient un peu boucler la boucle.
03:52Si on avait chacun une mission sur cette terre, on pourrait dire que vous, vous avez trouvé
03:56votre mission ?
03:57Alors j'ai conscience que ce qu'on fait, je dis on parce qu'on est vraiment une équipe
04:04donc maintenant c'est vraiment une goutte d'eau parce qu'on voit en fait l'état du
04:08monde, la misère dans le monde, ces guerres qui prolifèrent, qui durent de plus en plus
04:13longtemps, de plus en plus de victimes, de plus en plus de réfugiés, de plus en plus
04:16d'escapés, on n'en a plus, de plus en plus d'enfants mais paradoxalement, en faisant
04:22ma part, j'ai déjà une forme de paix intérieure par rapport à ça, de pouvoir œuvrer à ma
04:31manière à faire quelque chose et ça c'est aussi le message que je donne aussi à mes
04:36équipes, aux personnes qui veulent s'engager, aux enfants de mes amis et puis de nous intégrer
04:42en fait nous, la petite histoire dans la grande, celle de notre humanité.
04:45Tout à fait et effectivement vous parliez de gouttes d'eau et il y a une expression
04:49en persan qui dit petit à petit les gouttes s'assemblent et ça devient un océan, enfin
04:56en l'occurrence ça met beaucoup de temps certainement à devenir un océan mais c'est
04:59toujours mieux de faire que de ne rien faire et c'est ce que vous avez décidé vous, c'est
05:04œuvrer et je voudrais que vous nous disiez de façon concrète du coup, quelles sont
05:08les actions que vous menez avec Aliskair dans ces différentes zones de conflit ?
05:12Alors ça a été une aide immédiate d'urgence dans un premier temps, c'était médical,
05:19c'est-à-dire on avait des rescapés sur le bord des routes, dans des baraques, des
05:23blessés de guerre, des amputés, des brûlés donc c'était au départ strictement médical
05:28Et puis on revoit les images que vous nous aviez
05:31Voilà, des femmes issues de trafics sexuels qui revenaient avec des mutilations, c'était
05:35vraiment très très compliqué
05:36Ouais c'est du lourd, enfin je veux dire c'est vraiment des choses très difficiles
05:39C'est-à-dire que les levées de fonds qu'on faisait en France, que nous faisions en France
05:42c'était pour financer des chirurgiens, c'était du lourd quoi et puis très vite, passés
05:474, 5, 6 mois, théoriquement c'est le moment où vous quittez l'urgence, sauf qu'il y
05:52a des pays où on est dans l'urgence depuis 3 ans ou 2 ans, c'est comme l'Ukraine par
05:55exemple où on n'a pas quitté le domaine de l'urgence, sauf qu'à un moment donné
05:59vous avez les dégâts qui s'installent, dans une société fracturée, dans une famille
06:04déchirée, dans un corps détruit, donc la santé mentale on l'a intégrée à ce moment-là
06:10sauf que ça a commencé en Irak, en Irak on cherche des psychologues, on n'en trouve
06:14pas, j'apprends que dans tout le pays il n'y a que 2 psychologues quand même, donc
06:18on a pris des rendez-vous au ministère de la santé, avec le ministère pour lui expliquer
06:22notre projet et on a créé, on a fait une collaboration universitaire et on a fait
06:28des formations avec des experts français et donc on a développé la santé mentale
06:32à ce moment-là, orientée sur les tortures, les blessures physiques, sur les femmes.
06:37Donc avec la collaboration sur place ?
06:39Avec la collaboration sur place.
06:41Et l'accueil est bon quand vous allez sur ces zones-là, comment ça se passe, ça ne
06:44doit pas être évident non plus ?
06:45Oui parce que vous êtes dans des pays où l'Etat n'est plus en capacité, n'a pas
06:50la capacité de gérer une guerre plus une assistance vitale aux civils, donc les ONG
06:56sont accueillis et voire même on nous facilite le travail, il y a une coordination parfaite
07:00avec l'ONU, en vérité ce n'est pas ça le plus difficile, ce qu'il faut c'est
07:05se coordonner avec les professionnels, une fois par semaine il y a des réunions au ministère
07:09de la santé, il y a tous les chefs de mission de toutes les ONG qui sont là, il y a un
07:14mapping, une cartographie très précise des besoins, des acteurs présents, du nombre
07:19de bénéficiaires et là on bosse bien.
07:20Donc ça, ça a été ce qu'on a mis en place et puis très vite c'est devenu notre
07:24force l'aide d'urgence auprès des civils avec la dimension en santé mentale et c'est
07:29ce qu'on a dupliqué ensuite ailleurs, c'est ce qu'on a fait en Ukraine, c'est
07:32ce qu'on a fait en Ethiopie, ce qu'on fait au Liban, ce qu'on fait en Arménie
07:35où effectivement comment vous gérez des besoins pour une génération qui est décimée
07:47mentalement, psychologiquement, comment vous donner à ces enfants demain la possibilité
07:53de devenir des ambassadeurs de leur propre pays pour reconstruire leur pays avec plus
07:59de père, plus de mère, un père handicapé, enfin vous voyez tout ça, comment vous faites
08:03et en fait on a mis en place des centres pour les survivants, des ateliers, des programmes
08:09paix et résilience avec tout un tas de thérapies en plus de la psychologie parce que dans certains
08:14pays quand même la psychologie ça ne marche pas vraiment donc on a développé l'arthérapie,
08:20le yoga, la méditation, toutes sortes de techniques, la musicothérapie et ça permet
08:24à l'enfant de trouver à l'intérieur de lui des points d'appui pour transformer
08:30la blessure, pour permettre l'amorce positive d'un traumatisme et de devenir acteur de
08:37sa vie.
08:38Ça se passe sur des couleurs, sur des créations, sur de la verbalisation mais on voit des petits
08:43progrès comme ça jour après jour, c'est un travail très long, on est des véritables
08:47fourmis ouvrières et on construit, on répare pas à pas jour après jour avec l'enfant,
08:55avec la famille et puis voilà c'est très long mais c'est indispensable.
09:00Et ça marche, j'aime beaucoup parce que vous citez parfois, vous dites petit à petit
09:06sur les dessins des enfants donc avec cette arthérapie que vous pratiquez, petit à petit
09:10il y a des couleurs qui arrivent autres que le rouge du sang et le noir du feu et là
09:15on sait qu'on tient à quelque chose.
09:17Oui et puis il y a un enfant qui vous dit moi quand je serai grand je serai ceci, cela,
09:21c'est déjà un enfant qui se projette, c'est gagné, il y a quelque chose de positif,
09:27il est en train de se transformer, il n'est pas enfermé, figé, coupé, c'est comme
09:32cette petite fleur qui perce la terre, l'enfant commence à regarder vers la lumière.
09:39Exactement, c'est très beau et c'est ça qu'on aime beaucoup et c'est bien de dire
09:43que c'est important de le faire et sinon il reste des séquelles parfois même à vie
09:47et que donc ces actions que vous menez et que les pays en question ne peuvent pas mener
09:51évidemment vous venez de le dire et déjà les pays sont en guerre donc ils ne vont pas
09:54pouvoir gérer ces dommages collatéraux donc heureusement qu'il y a des éliscaires
09:58pour ça et pour pouvoir faire tout ce travail, avoir des chirurgiens, des médecins, des
10:02aides médicaux, vous faites donc des levées de fonds ici et je voulais attirer votre attention
10:09que demain, donc demain soir, il y a un concert caritatif à l'Olympia s'il vous plaît organisé
10:17par Éliscaire, ce n'est pas une première, ça fait déjà quelques temps que vous faites
10:21ça, parlez-nous un peu de ce concert et parlez-nous de ce à quoi vous voulez arriver grâce à
10:28ce concert. Alors sans levée de fonds, sans communication, sans soutien, sans plateau
10:33comme les vôtres, en fait on reste limité, on n'a pas de capacité de développer nos
10:41missions et donc on a en France toute une équipe qui travaille pour communiquer sur
10:46les missions, raconter, témoigner et on fait évidemment des levées de fonds pour pouvoir
10:50financer tout ça et le concert annuel, c'est notre concert pour la paix, on appelle, on
10:56a une mobilisation d'artistes à chaque fois, ils viennent tous gracieusement, ils sont tous
11:01là pour nous et ce concert solidaire, c'est pour les enfants, c'est pour continuer, pour poursuivre
11:07les activités que nous avons mises en place pour des enfants et puis d'en créer des nouvelles aussi.
11:11Et est-ce qu'il y a encore des places, est-ce que les gens peuvent acheter des billets ?
11:14C'est les dernières places.
11:15C'est les dernières places, donc n'hésitez pas, connectez-vous sur le site de l'Olympia,
11:20c'est la façon normale d'acheter des billets, ce que vous savez c'est que les bénéfices du
11:26billet sont reversés à Éliscaire qui directement vont servir à ces enfants, donc ça c'est hyper
11:31important et si jamais on a loupé le coche du billet, comment on peut faire pour vous aider ?
11:34Alors déjà pour le concert, on a deux mécènes, c'est la Fondation Kenneth Plus et la Maison
11:40Fragonard, ce qui nous permet effectivement à chaque billet vendu, c'est intégralement la mission qui
11:45est soutenue et puis si vous ne pouvez pas venir ou si vous pouvez venir et que vous souhaitez
11:50aider plus, sur le site de l'ONG, il y a un QR code, on peut faire un don sur des parrainages
11:56d'enfants, financer des cartables, des kits d'art thérapie. Oui et on voit très bien ce à quoi on
12:01participe, c'est hyper important, c'est concret et moi par exemple quand je donne, j'aime bien
12:07savoir exactement où va mon argent, pas que j'ai pas confiance mais ça donne plus d'impact à ce
12:13qu'on fait en fait, pour des cartables, des livres scolaires, donc ça c'est génial et justement je
12:19voulais vous parler aussi de quelque chose auquel je pensais ces derniers jours puisque
12:23l'équipe d'Envie d'Agir va aller à votre à votre concert et je vois que vos propres enfants sont
12:29investis autour de vous et je me disais mais qu'est ce que ça doit être d'être enfant d'Élise
12:35Boghossian, vous avez trois garçons, donc il a fallu que vous les laissiez de temps en temps
12:41puisque vous allez en mission sur place, il faut que vous alliez en mission sur place et je me
12:46disais comment sont les garçons d'Élise Boghossian, c'est quoi être enfant d'une maman engagée qui
12:55porte ce combat corps et âme, qu'est ce qu'ils en retirent ? En fait ça fait partie j'ai envie de
13:05dire de la marmite dans laquelle ils baignent, ils sont tombés dedans de toute faite, c'est une partie de l'histoire, je leur cache pas ce que je fais, je les emmène
13:13en voyage avec moi, même je découvre depuis dix ans que nous allons tous les ans une fois dans le
13:18même orphelinat, que maintenant ils communiquent entre eux, ils sont amis entre eux, donc voilà je me
13:25dis c'est gagné en fait, ils font partie de cette humanité et puis ils ont tissé des
13:32liens et puis j'ai même mon grand qui s'occupe avec les scouts en Arménie d'un camp d'été pour
13:38les orphelins et en fait il part sans moi maintenant, il s'occupe des jeunes volontaires et
13:43les sœurs qui y administrent le site l'adorent et m'envoient des sms en me disant mais lui on le
13:49veut tout l'été, c'est mignon, ça me fait plaisir évidemment et puis je pense que je serai
13:54je vais pas leur faire porter ça mais je pense que j'aurai beaucoup de tristesse, je
14:01parle pas de réussite au sens diplôme, carrière, combien il gagne, c'est pas ça, je pense que
14:06j'aurai pas de sentiment d'échec mais de tristesse s'ils étaient complètement
14:12insensibles à ce qui se passe dans le monde, à l'empathie, à l'entraide, à la solidarité, là j'aurai
14:17le sentiment d'avoir manqué quelque chose dans l'éducation donc après le reste voilà c'est que
14:25de l'amour. Exactement c'est que de l'amour et ce don n'est que de l'amour et malheureusement
14:30l'émission touche à sa fin donc je voudrais vous demander quelle est votre envie d'agir dans les
14:35cinq prochaines années avec Eliscaire ? C'est vrai qu'en fait on est quand même assez
14:43inquiets parce que d'abord on fait un métier, malheureusement on ne voit pas le bout, je pense
14:50pas qu'il y aura un jour du chômage pour nous, ce qui m'inquiète c'est
14:55aussi le fait que vous avez certains conflits qui sont plus dans la lumière, d'autres qui sont des
15:00conflits, des guerres oubliées qui durent depuis des années et c'est vrai qu'aujourd'hui de trouver
15:06un moyen de faire vivre nos missions avec une espèce de surenchère de certains conflits qui
15:13ont beaucoup... en fait ce qui est dur c'est d'avoir un équilibre et ce qui fait aussi un peu peur c'est
15:21que vous avez des pays qui n'ont rien, personne et j'ai peur de ne plus être en capacité de mettre
15:29la lumière sur ça parce que les guerres sont tellement brutales, tellement violentes, elles
15:33durent tellement longtemps, je me dis à moins qu'on soit beaucoup plus nombreux à s'engager, comment on
15:39va faire en fait ? On va faire le poids, l'équilibre, créer cet équilibre contre ça. Vous savez qu'ici on y
15:44croit fondamentalement, merci infiniment Elis d'être venue avec nous, alors je voulais vous dire oui ça
15:49va mal partout mais il y a aussi des gens qui s'engagent et vous le savez c'est mes invités
15:54dans Envie d'agir, c'est toute cette équipe Envie d'agir et si vous aussi donc vous voulez agir et
15:59aider Eliscaire et les enfants victimes des conflits, n'hésitez pas à aller sur le site
16:05d'Eliscaire, n'hésitez pas à aller sur le site de l'Olympia pour le concert de demain soir et si
16:09vous venez au concert, venez me dire bonjour parce que j'y serai et donc voilà et on se
16:14retrouve très vite sur ces vides pour plus d'Envie d'agir, merci.

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