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00:00Avec Céline Giraud sur Europe 1, 13h18. Céline, l'heure d'accueillir vos deux chroniqueurs du jour.
00:05Le journaliste politique au journal du dimanche, Jules Therès, et l'écrivain et philosophe, Nathan Devers.
00:10Bonjour, ravie de vous retrouver. C'est mon tandem du mercredi.
00:15Alors, dans les 40 prochaines minutes, voilà ce qui vous attend.
00:18Que vaut la proposition de loi portée par Gabriel Attal pour durcir les sanctions contre les très jeunes délinquants ?
00:23On va en parler. Il sort du bois et il pense que la droite peut gagner en 2027.
00:28Bruno Retailleau est candidat à la présidence des Républicains.
00:31C'était ce matin et ça fait causer.
00:33Et puis en marge du procès de l'attentat de la Basilique de Nice, le retour de la menace djihadiste en France qui interpelle.
00:39Mais tout de suite, on va revenir bien sûr sur le meurtre de la jeune Louise, 11 ans, sauvagement assassinée vendredi dernier à Épinay-sur-Orge, en Essonne.
00:47Le principal suspect, on en a parlé dans ce journal, est passé aux aveux ce matin.
00:51Et la question de l'ultra-violence, de l'ensauvagement se pose une fois encore.
00:55Une fois de trop, j'ai envie de dire.
00:57On va écouter ce qu'en pense Thibault de Montbréal, avocat et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure.
01:02Il était l'invité d'Europe un ce matin.
01:04La réalité, c'est qu'il y a une explosion de violence dans notre pays qui ne date pas d'hier,
01:08qui a pris sa source depuis quelques décennies et qui littéralement explose depuis quelques années.
01:13Toutes les statistiques le démontrent.
01:15Mais à un moment donné, il faut regarder la réalité.
01:17Quel est le premier devoir d'un gouvernement ?
01:19Protéger ses citoyens.
01:20Et protéger ses citoyens, ça veut dire être lucide sur le constat.
01:23Et une fois qu'on est lucide sur le constat, c'est comme un médecin qui fait le diagnostic,
01:27appliquer le bon traitement.
01:28Aujourd'hui, il faut renverser la table.
01:31Renverser la table, Jules Torres ?
01:33Il a raison, mais malheureusement, renverser la table,
01:35ça fait depuis de trop nombreuses années que les hommes politiques ne disent ça.
01:38Thibault Montbréal n'est pas un homme politique.
01:40Il est à la tête du CRSI qui, pour le coup,
01:45nous dresse des solutions et des propositions pour répondre aux problèmes aujourd'hui,
01:50que ce soit de l'insécurité ou celle de l'ensauvagement.
01:53Mais à nos politiques, et on en discutera tout à l'heure,
01:55de légiférer avec des lois, avec des décrets, avec des circulaires,
02:01pour que plus jamais on ait à prononcer ces prénoms de jeunes.
02:05Parce qu'il y a une litanie aujourd'hui de prénoms que l'on connaît.
02:11On connaît les prénoms de Lola, on connaît les prénoms de Philippine,
02:13on connaît les prénoms de Thomas.
02:14Il y a deux semaines, c'était Elias.
02:15Cette semaine, c'est Louise.
02:17Il y en a eu beaucoup, beaucoup d'autres.
02:19Chemsédine, l'année dernière.
02:21Chemsédine, qu'on a oublié.
02:22Il y a beaucoup de noms, en effet, qu'on a oubliés.
02:25Il y en a qu'on a retenus, parce qu'évidemment, ça a suscité un émoi dans tout le pays.
02:30C'est l'ultra-violence, surtout, qui interpelle.
02:32C'est l'ultra-violence et c'est l'ensauvagement de la société.
02:36C'est-à-dire que, d'après les éléments que nous fournit l'enquête,
02:39c'est un jeune homme qui, visiblement, était connu pour des délits mineurs,
02:43qui a perdu une partie de jeu vidéo sur Fortnite,
02:46désœuvré,
02:47désœuvré,
02:48et qui, sorti avec une colère meurtrière,
02:51est allé tuer avec des coups de couteau
02:54une jeune enfant de 11 ans.
02:56Donc, moi, je ne sais pas quelle est la réponse,
02:58parce que je ne suis pas homme politique,
03:00donc je ne sais pas quelle est la réponse à apporter à cette question-là.
03:02Mais, en tout cas, il y a quelque chose que l'on peut dire aujourd'hui,
03:05c'est qu'il y a un ensauvagement de la société.
03:07Ce n'est pas normal qu'un enfant qui perd une partie de jeu vidéo,
03:10et je ne mets pas en cause les jeux vidéo pour le coup,
03:12aille tuer une enfant de 11 ans.
03:16Un jeu vidéo, vous le dites, Fortnite, qui est un jeu de guerre,
03:18où on voit un principe de plateforme de bataille royale très connu,
03:22très utilisé,
03:24un portable pour Elias.
03:26Chez MC Dean, c'était une histoire de rivalité amoureuse, un SMS.
03:29On en est là ?
03:30Qu'est-ce que ça dit de notre société, Nathan Devers ?
03:33D'abord, la mort de Louise, elle est abominable,
03:36moi j'ai du mal à faire des commentaires, des analyses,
03:39parce qu'on est sous le coup d'une émotion
03:42qui est exactement la même que la mort d'Elias, de Lola, de Philippine, etc.
03:47A savoir cette litanie de prénoms
03:50des jeunes, des enfants, des adolescents, des étudiants,
03:53qui avaient l'avenir devant eux,
03:55qui sont fauchés sans aucune,
03:57il n'y a jamais de raison pour tuer quelqu'un,
03:59mais sans absolument aucune logique, sans aucun motif, etc.
04:02Sinon, celle de la cruauté, de la barbarie, de la monstruosité.
04:07C'est une forme de décivilisation ?
04:09Non, mais justement, la nuance que je mettrais,
04:11c'est que je pense que ce n'est pas sous le coup de l'émotion,
04:14devant, j'aime pas l'expression de faits divers,
04:16devant des faits tragiques,
04:17que l'on doit analyser la réalité de l'insécurité.
04:20Quand ça se répète comme ça, à quel moment on le fait ?
04:23Je crois qu'il faut le faire de manière rationnelle,
04:25avec du recul, avec de la hauteur de vue,
04:28en prenant une autre analyse, qui est les statistiques annuelles,
04:32C'est difficile de prendre du recul,
04:33parce que chaque semaine, il y en a un autre.
04:35On prend du recul, et hop, il y en a un autre.
04:38Vous avez tout à fait raison,
04:39mais c'est le problème précisément de l'accélération de l'information.
04:42On est de plus en plus mûs par une logique
04:44où on est dans l'instant présent,
04:45on est dans l'émotion,
04:47on est dans le zoom sur nos émotions,
04:49et on ne se rend pas compte que quand on fait de la politique
04:51et quand on analyse une société,
04:52l'émotion n'est pas nécessairement le meilleur prisme.
04:55D'ailleurs, dans cette histoire,
04:56les parents de Louise ont dit à un journaliste
04:58qu'il ne voulait pas qu'on tire de leçons politiques,
05:00peut-être qu'ils changeront d'avis demain.
05:02Non, mais c'est le rôle des politiques de tirer des faits politiques d'événements.
05:06Je crois que le rôle des politiques,
05:07quand on parle de l'insécurité et de la criminalité,
05:09c'est de prendre les statistiques,
05:10de dire, par exemple,
05:11les agressions au couteau,
05:12elles ont monté ou diminué de X %
05:14par rapport à l'année dernière.
05:15Ils ont arrêté de les calculer depuis 2020.
05:18D'accord, mais je prends cet exemple.
05:20Les agressions sexuelles,
05:21les agressions violentes dans la rue,
05:22les braquages de banque,
05:23les homicides,
05:24les tentatives d'homicide.
05:25Par exemple, si on fait ça,
05:27on voit que la peinture qu'on peut faire
05:29de la criminalité en France
05:31n'est pas nécessairement celle qu'on a
05:32sous le coup de l'émotion.
05:33Par exemple, le taux d'homicide,
05:34vous savez qu'il est moins élevé qu'il ne l'était
05:36dans les années 1983.
05:37Les tentatives d'homicide, dans le même temps,
05:39ont beaucoup augmenté.
05:40Vous avez raison.
05:41Pour nos auditeurs qui sont,
05:42la plupart du temps,
05:43des parents,
05:44qui ont des enfants,
05:45il y a un sentiment d'inquiétude
05:46qui est naturel.
05:47Et je vous propose d'écouter,
05:49justement, Naïma M. Fadel,
05:51l'essayiste qui était hier sur CNews
05:53et qui nous donne son témoignage.
05:55Elle était très émue hier
05:58Je ne l'ai jamais fait attracer mes enfants.
05:59J'ai quatre enfants.
06:00J'ai ma gamine de 25 ans,
06:02je la trace maintenant.
06:03Vous imaginez ?
06:04On est en insécurité.
06:06On a peur pour nos enfants.
06:08Moi, la petite Louise,
06:10ça aurait pu être mon enfant.
06:11Il y a quelques années,
06:12quand je l'ai laissé rentrer de l'école,
06:14en primaire déjà,
06:15ils allaient à l'école,
06:16ils rentraient de l'école.
06:17Là, j'ai une gamine de 25 ans
06:19que je géolocalise.
06:20Et elle le sait.
06:21Vous voyez ?
06:22Je lui dis, tu prends un Uber.
06:24Le soir, quand tu es fini,
06:25à 11h, tu prends un Uber.
06:27Et quand tu rentres,
06:28tu me le dis.
06:29Et quand je m'endors,
06:30je me réveille pour regarder
06:32si ma gamine est bien rentrée à la maison.
06:34Nos politiques doivent se saisir
06:35de tout cela.
06:36Il faut protéger nos enfants,
06:38les innocents.
06:39C'est eux qu'il faut protéger en premier.
06:40Voilà le témoignage bouleversant
06:41de Naïma Fadel
06:42qui était vraiment émue aux larmes
06:43en parlant de sa fille de 25 ans,
06:45qu'elle trace, qu'elle surveille.
06:47Elle ne dort plus
06:48comme plein de parents aujourd'hui.
06:49Cet témoin, il est évidemment partagé
06:51par beaucoup de parents français
06:52et avec ces deux affaires,
06:55conjointement celle d'Elias
06:57et celle de Louise,
06:58ces deux morts, ces deux meurtres,
07:00eh bien, on a beaucoup de témoignages.
07:02Nous, au JDD,
07:03je sais qu'on a fait beaucoup d'articles
07:04sur cela.
07:05Des parents qui nous disent
07:07que maintenant, en effet,
07:09quand leurs enfants font des trajets
07:11de l'école au domicile,
07:12eh bien, ils doivent les appeler
07:15et ils font tout le trajet au téléphone
07:17avec leurs parents,
07:18avec leurs frères et sœurs.
07:19Que, en effet,
07:20comme il a été dit
07:21dans ce qu'on vient d'écouter,
07:23il y a des parents
07:24qui tracent désormais
07:25leurs enfants.
07:26La plupart des enfants,
07:27dans les écoles,
07:28maintenant, sont équipés
07:29d'air-tags.
07:30C'est des traceurs
07:31qu'on met dans un sac
07:32pour sauver son enfant.
07:33C'est à la fois hyper pernicieux,
07:34mais en même temps,
07:35c'est nécessaire.
07:36Et donc ça, en fait,
07:37on n'y en est plus
07:38pour rebondir sur les débats
07:39qu'on avait.
07:40Là, ce n'est plus une question
07:41de chiffres,
07:42ce n'est plus une question
07:43d'émotions.
07:44C'est une question
07:45de sentiments aujourd'hui
07:46et même de ressentiments aujourd'hui.
07:47Qu'est-ce qu'on fait
07:49pour que ces parents
07:50n'aient plus peur
07:51pour leurs enfants ?
07:52Qu'est-ce qu'on fait
07:53pour que des parents
07:54aient foi
07:55dans la justice
07:56de notre pays ?
07:57Et surtout,
07:58qu'est-ce qu'on fait
07:59pour endiguer
08:00ce fléau de violence
08:01qui touche toutes les communes ?
08:02Là, on parle d'Épinay-sur-Orge.
08:0310 000 habitants.
08:04On n'est pas
08:05dans les quartiers sensibles
08:06de la Seine-Saint-Denis.
08:07On n'est pas
08:08dans le fin fond
08:09du 19e arrondissement
08:10Porte de Clignancourt.
08:11On est à Épinay-sur-Orge.
08:12Il y a 10 000 habitants.
08:13Donc, ce n'est pas
08:14une commune
08:15où la sécurité
08:16normalement règne.
08:17C'est dans un quartier
08:18pavillonnaire,
08:19très tranquille, etc.
08:20L'insécurité
08:21règne en ordre
08:22sur toute la globalité
08:23de l'Hexagone.
08:24Alors, faut-il une loi,
08:25justement ?
08:26Pourquoi pas ?
08:27On va parler
08:28de celle portée
08:29par Gabriel Attal.
08:30Une loi, justement,
08:31qui vise à durcir
08:32les sanctions
08:33face à la délinquance
08:34des très jeunes,
08:35des mineurs, notamment.
08:36On va en parler.
08:37Et ça divise beaucoup
08:38la classe politique.
08:39On va en parler
08:40tout de suite.
08:4113h26.
08:42Restez bien avec nous.
08:43La suite d'Europe 1 13h,
08:44c'est dans un instant.
08:45Et avec Céline Giraud,

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