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00:00Aujourd'hui, nous allons revenir bien sûr sur ce drame, le meurtre de Louise, le procureur de la République d'Evry a détaillé le scénario macabre.
00:07When Elle a déclaré aux enquêteurs que, très en colère, après une altercation avec un joueur en ligne d'un jeu vidéo, il était sorti chez lui,
00:14vêtu d'une doudoune noire dans laquelle se trouvait habituellement un couteau de type Opinel.
00:19Il a expliqué avoir croisé Louise, qui portait son portable autour du cou, il l'a tiré dans un bois, en prétextant avoir perdu un objet.
00:27Il lui a dit qu'il allait fouiller ses affaires pour lui voler de l'argent en la menaçant avec un couteau.
00:32Louise s'est mise à crier, paniquée par ses cris, Owen Elle l'a fait tomber à terre et lui a porté plusieurs coups de couteau.
00:41Owen Elle consacre la majeure partie de son temps libre à jouer aux jeux vidéo et reconnaît pouvoir être pris de violente colère.
00:49Je vous propose d'écouter le procureur de la République qui s'exprimait hier.
00:53Alors que son petit ami jouait à Fortnite, il avait eu une intercation en ligne avec un autre joueur qui l'insultait.
01:01Très énervé, il arrêtait de jouer et sortait de la maison comme il le faisait souvent pour se calmer.
01:06Il revenait une dizaine de minutes plus tard, elle le trouvait blessé à la main avec du sang sur le menton.
01:12Vêtu de sa doudoune noire dans laquelle se trouvait habituellement selon lui un couteau de type Opinel,
01:19son intention était de voler ou de racketter une personne pour se calmer.
01:23Il rencontrait fortuitement Louise qu'il ne connaissait pas.
01:27Il repérait son portable qu'elle portait autour du cou et décidait de la suivre.
01:32Il l'attirait dans le bois des Templiers sous le prétexte d'y avoir perdu un objet.
01:36Arrivé dans un coin tranquille, il lui disait qu'il allait fouiller ses affaires pour lui voler de l'argent en la menaçant avec un couteau.
01:44Alors qu'il voulait fouiller son sac, elle se mettait à crier.
01:48Paniqué par ses cris, il la faisait tomber à terre et lui portait plusieurs coups de couteau.
01:53Et puis la maman de Louise s'était très vite inquiétée et le procureur de la République est revenu sur cette inquiétude.
02:01Elle consultait dès 14h10 l'application Family Link pour géolocaliser sa fille et constatait que son téléphone portable était éteint.
02:11À 14h07, sa ligne téléphonique ne présentait plus aucune activité.
02:17Et puis ce procureur, et c'est intéressant bien sûr, même si c'est très douloureux d'écouter précisément ce qu'il a rapporté,
02:27on apprend donc qu'Owen avait abordé une autre collégienne.
02:31Et à ce moment-là on s'interroge, est-ce que ses parents étaient au courant qu'il avait abordé une autre collégienne ?
02:38Le mise en cause avait abordé une collégienne de 12 ans, le 4 février dernier, dans le même secteur,
02:45prétextant avoir perdu son téléphone dans la forêt et avoir des problèmes de vue.
02:50Elle avait refusé de le suivre et échappait ainsi à son agresseur.
02:54Alors ce que je ne comprends pas également, c'est que les parents de cet enfant,
03:00enfant donc qui a été abordé il y a quelques jours par Owen,
03:04moi j'aimerais connaître ses parents, est-ce qu'ils sont allés déposer une plainte ou pas ?
03:11Est-ce que leur fille leur a rapporté cet événement ?
03:16Forcément c'est des questions qu'on se pose, et à l'instant vient d'entrer dans notre studio Jean-Christophe Couvy,
03:22secrétaire national du syndicat de Police Unité, j'imagine, bonjour, que vous vous êtes fait la même réflexion que moi,
03:28lorsque vous entendez qu'Owen a abordé une jeune fille 3, 4 ou 5 jours avant.
03:35Oui c'est le 4 février.
03:36Si je comprends bien c'est la même méthodologie.
03:39Oui.
03:40Bon, donc forcément les enquêteurs vont aller voir où cette jeune fille, où les parents de cette jeune fille,
03:46et d'imaginer ce qui s'est passé, parce que s'il y avait eu quelque chose,
03:50si par exemple ses parents avaient porté plainte, peut-être les choses seraient-elles différentes ?
03:53Alors effectivement, c'est pour ça que nous on minimise pas, et on en a reparlé ce matin avec les collègues justement,
03:59d'ailleurs on se disait, parce que ça arrive à tout le monde autour de nous,
04:01où des fois les gens se font suivre, aborder, des agressions sexuelles, mais avec des cris, la personne part,
04:08et en fait tout de suite il faut faire le 17 et prévenir les policiers, il faut tout le temps le faire,
04:12là on aurait pu envoyer une patrouille, alors peut-être qu'on serait pas tombé sur lui, mais on aurait un descriptif,
04:17et à partir de là après on met des effectifs qui recherchent ces personnes-là, et c'est très important.
04:22Mais aujourd'hui le problème c'est que je pense que les gens aussi se mettent dans l'idée qu'il y a tellement d'agressions,
04:28tellement de faits, qu'on banalise presque tout en disant, de toute façon, les policiers qu'est-ce qu'ils auraient pu faire, c'est pas grave,
04:37vous voyez, il faut vraiment lutter contre ça.
04:40Et puis il ne faut pas tomber dans la psychose inverse, parce qu'il y a peut-être des gens qui entreraient dans un commissariat,
04:46pour tout et n'importe quoi.
04:47Oui, ça nous arrive, on en voit, après il y a aussi nos habitués qui viennent dans les commissariats pour dénoncer des choses à gauche et à droite,
04:54et puis à un moment donné on voit bien que c'est faux, parce qu'ils ont besoin d'exister et de parler à quelqu'un.
04:59Ce que vous me dites est terrible, le métier de policier, je vous assure, ce que vous me dites est absolument terrible,
05:05donc il y a des gens qui viennent régulièrement dans les commissariats pour inventer ?
05:09Pas forcément inventer, mais ils sont toujours dans le complot, les choses, etc, et donc en fait on trie,
05:14et on les connaît, ça fait partie des fois des habitués.
05:17Moi j'en ai connu au commissariat du 3ème arrondissement quand je commençais,
05:20d'ailleurs au début les collègues me laissaient prendre la plainte, parler avec lui,
05:24puis après ils rigolaient en disant non mais tu vas voir, tous les jours ils vont venir,
05:27et c'est une personne qui revient régulièrement et qui invente des choses,
05:31du bruit dans sa maison, sur le toit, le truc, etc, et bon, c'est comme ça.
05:36Le procureur de la République hier qui parle de la sœur de Owen,
05:41et cette sœur avait des mots très durs sur son frère.
05:44Elle décrivait son frère comme un individu violent, nerveux, agressif.
05:50Elle ne lui parlait plus, depuis qu'elle avait subi des violences de sa part en avril 2023,
05:55violences qui avaient fait l'objet d'un dépôt de main courante dans un commissariat.
06:00Je fais juste une parenthèse parce qu'une dépêche vient de tomber à 11h05,
06:03et c'est Laurent Tessier qui me l'a transmis en Allemagne,
06:05une voiture percute un groupe de personnes à Munich, plusieurs blessés.
06:09On n'en sait pas davantage, est-ce un accident, est-ce un acte terroriste ?
06:13Bien évidemment on en sait à 11h05, vous voyez il est 11h10,
06:17la dépêche vient de tomber à l'instant, c'est à Munich,
06:19et nul doute que nous aurons des informations plus précises ces prochaines minutes.
06:23Le profil maintenant de Owen L.
06:26Écoutons le procureur de la République.
06:28Il consacre la majeure partie de son temps libre à jouer aux jeux vidéo
06:33et reconnaît pouvoir être pris de violentes colères, ce que confirme son entourage.
06:38Il lui arrive ainsi de quitter son domicile à pied ou au volant de sa voiture pour se calmer.
06:45Il n'a jamais fait l'objet d'un suivi médical ou psychologique.
06:48Sur les faits, il dit les regretter.
06:51Alors évidemment il y a aussi la responsabilité des parents,
06:55forcément la responsabilité des parents qui acceptent qu'Owen reste sous leur toit
07:02alors qu'il a manifestement été violent par exemple avec sa sœur.
07:06Tous les parents ne feraient pas ça.
07:08Il y a parfois des règles dans des familles, évidemment,
07:11où à un 23 ans, un enfant qui est majeur, on lui dit tu ne restes plus à la maison.
07:17Je crois qu'il faisait un BTS en alternance, d'après ce que j'avais compris.
07:21D'ailleurs depuis décembre, il ne faisait plus d'études, il restait à la maison.
07:29Donc c'est peut-être le déclenchement aussi à un moment donné.
07:32Tant que cet enfant est occupé, entre guillemets, il est cadré, ça va,
07:35dès lors qu'il est livré à lui-même.
07:37Là encore une fois, il va avoir des expertises psychologiques
07:39parce que là l'affaire n'est pas terminée.
07:41Pour l'instant, on a des aveux circonstanciés,
07:44on a des preuves d'ADN, téléphoniques, que c'est bien lui.
07:49Maintenant, il faudra comprendre la démarche psychologique.
07:51Il va y avoir des entretiens avec les psychiatres,
07:53il y a un juge d'instruction qui va continuer l'affaire pour l'emmener jusqu'aux assises.
07:57Du coup, on va cerner la psychologie de ce gamin et de savoir,
08:04parce que là, encore une fois, c'est circonstancié,
08:08mais c'est ce qu'il dit lui, c'est son mobile à lui.
08:11Maintenant, est-ce que c'est réellement comme ça ?
08:13Parce que trois jours avant, le même modus operandi,
08:17le mode opératoire, ça veut dire qu'il y a déjà peut-être un acte prémédité de refaire ça.
08:22Donc tout ça, il va falloir que les psychiatres regardent s'il n'y a pas été altéré
08:29dans son discernement dans la journée.
08:32L'affaire continue et au fur et à mesure, on va voir aussi ce que c'est que le cercle familial.
08:37Qu'est-ce qui s'est passé dans cette famille ?
08:39Est-ce qu'il y a des secrets ?
08:40Toutes les familles, malheureusement, il y a des secrets de famille, vous savez.
08:43Il est 11h13, vous êtes avec nous, merci.
08:46Nous marquons une pause, Jean-Christophe Kouvi,
08:49et vous allez pouvoir évidemment réagir au numéro qu'on rappelle peut-être.
08:52Au 01 80 20 39 21, numéro non surtaxé.
08:56A tout de suite avec Pascal Praud sur Europe 1.
09:01De 11h à 13h sur Europe 1 et avec Franck Delion.
09:04Il nous écoute sur 104.6 et nous a appelé, Pascal.
09:07Bonjour Franck.
09:08Oui, bonjour Pascal.
09:09Est-ce que vous pouvez nous dire votre âge, Franck ?
09:12J'ai 48 ans.
09:1348 ans. Est-ce que vous êtes père ou de famille ?
09:16Oui, oui, j'ai des enfants.
09:17Quel âge ont les enfants ?
09:19Ils ont 17, 16 et 12.
09:22Est-ce que vous êtes inquiet lorsque vous les laissez dehors ?
09:27Les grands, par exemple, ils ont une autonomie, j'imagine, aujourd'hui, de fonctionnement.
09:33Oui, mais on est quand même aux aguets, on est quand même prudent et on est quand même vigilant.
09:39Que vous inspirent les derniers développements de l'affaire Louise ?
09:44C'est un gâchis, c'est un gosse qui a montré des signes que ça n'allait pas.
09:49Les parents, apparemment, ils ont ignoré les signes,
09:53ils ont choisi de faire comme s'il ne se passait rien,
09:56et puis un jour il a pété un plomb, comme on dit, et puis voilà.
10:01C'est terrible, c'est absolument terrible.
10:04Un gâchis épouvantable, un gâchis épouvantable,
10:07et puis une colère aussi vis-à-vis de la justice,
10:10parce que je pense que si les peines étaient appliquées et plus sévères,
10:15je pense que le gosse, il aurait peut-être réfléchi deux fois avant d'assassiner la jeune fille,
10:24il aurait peut-être agressé, il se serait dit,
10:26bon, si je vais trop loin, je risque 30 ou 40 ans ou 50 ans incompressibles,
10:30bon, je vais m'arrêter avant qu'il soit trop tard.
10:33Là, il est parti, il ne s'est pas arrêté, et puis voilà.
10:37C'est dramatique, c'est dramatique.
10:39Deux familles détruites, sa famille à lui, et puis la famille de la jeune fille.
10:45Voilà.
10:47Terrible, terrible.
10:49C'est un sentiment de gâchis, et à chaque fois, c'est pareil.
10:53À chaque fois, c'est la même chose, à chaque fois, c'est les mêmes trucs.
10:59C'est souvent les mêmes schémas.
11:01Donc, c'est terrible, vraiment terrible.
11:03Terrible.
11:05Alors, les questions que vous posez, et Jean-Christophe Cuvie,
11:08c'est toujours la difficulté d'expertiser un fait divers.
11:13Quelle est la place ou la responsabilité de la société ?
11:16Quelle est la responsabilité forcément du moment, de l'époque que nous vivons ?
11:20Est-ce qu'on aurait pu éviter cela ?
11:23Ou est-ce qu'il y a aussi dans toutes les sociétés des choses qui échappent,
11:28j'ai envie de dire à tout contrôle, qui appartiennent aussi au mal,
11:31à l'histoire des sociétés humaines ?
11:34Et on est là sur une affaire...
11:37Moi, le sentiment que j'ai, c'est que lorsque Philippine est tuée par un garçon
11:43qui n'a rien à faire sur le sol de France parce qu'il est en QTF,
11:47il y a une responsabilité de l'État.
11:49Là, le sentiment que j'ai, c'est qu'il y a la responsabilité individuelle des parents.
11:52Bien évidemment, qui doivent aussi accompagner leur enfant.
11:56Je pense qu'au fond de vous, en tant que parent,
11:59vous ne pensez jamais qu'un jour votre enfant est capable de faire cette horreur.
12:02Et malheureusement, c'est la rencontre du mal absolu avec l'innocence
12:07qui sont confrontés.
12:09Et d'ailleurs, la petite, je l'ai dit hier, mais je le pense vraiment,
12:11c'est une battante, c'est une petite guerrière parce qu'elle s'est défendue.
12:14Et grâce à ça, elle a réussi à le griffer,
12:17on a retrouvé l'ADN sous les ongles et on a pu justement trouver son assassin.
12:21Quelque part, elle s'est vengée.
12:23Enfin voilà, elle a répermis ça.
12:25Mais ça ne la fera pas revenir.
12:27Mais au moins, on a réussi à trouver le coupable.
12:30Après, vous savez, c'est la problématique des parents.
12:34Mais on est tous parents et on voit des fois que notre enfant peut être déviant.
12:38Et il faut avoir le courage de dire à un moment donné,
12:40peut-être que tu devrais aller voir un professionnel
12:42parce qu'il y a un truc qui ne va pas en toi.
12:43Mais vous êtes souvent dans le déni.
12:45Parce qu'en fait, vous ne voulez pas accepter ça.
12:47Et vous ne pensez pas qu'un jour ça pourrait arriver.
12:50Les Indiens, vous savez, il y a la théorie du loup blanc et du loup noir.
12:55Je ne sais pas si vous connaissez.
12:57Ils disent que chaque personne en nous a un loup noir qui est sombre, violent, etc.
13:02Et un loup blanc, c'est plutôt la lumière, etc.
13:04Et en fait, celui qui gagne, c'est celui que vous nourrissez.
13:07Et donc justement, ce gamin-là, lui, il se réfugiait aussi peut-être dans les jeux vidéo
13:11parce que tout est cadré, parce que là-dessus, il a le pouvoir sur le jeu, etc.
13:14Et une fois que vous avez la frustration et que vous ne pouvez pas gérer votre frustration,
13:18vous sortez et vous externalisez.
13:21Mais ça, c'est des choses qu'il faut travailler en amont.
13:24Maintenant, on n'est jamais à l'abri.
13:26Et là, l'État, là-dessus, je ne vois pas en quoi on pourrait le tenir responsable.
13:32Après, il y a des choses...
13:34C'est dommage, la petite fille, la semaine dernière,
13:37si on avait eu le descriptif, peut-être qu'on aurait pu...
13:39Mais ça, encore une fois, on ne peut pas refaire le match.
13:41Malheureusement, les destins se croisent.
13:46Si, par exemple, la petite Louise était sortie une minute plus tard du collège,
13:50si elle s'est arrêtée dans un endroit à acheter quelque chose,
13:53si ça se trouve, elle n'aurait pas rencontré son entrier.
13:56Et ça, c'est ce qu'il y a de pire lorsque, dans la vie, un drame arrive.
14:02C'est le nombre de facteurs qu'il faut pour que la petite Louise soit précisément là
14:09au mauvais moment, au mauvais instant, etc.
14:12Donc ça, c'est absolument atroce.
14:14Lorsque vous avez rencontré les familles des victimes,
14:17et peut-être avez-vous rencontré des cas similaires,
14:20est-ce qu'il y avait un point commun dans toutes ces familles de victimes
14:24ou est-ce que les réactions sont très différentes ?
14:27Je pense que les familles de victimes...
14:29Déjà, au départ, il y a la surprise, la colère aussi,
14:33parce qu'on ne comprend pas et on nous enlève un être cher.
14:37Je ne sais pas d'ailleurs comment ils vont pouvoir se reconstruire derrière.
14:40Et puis après, à un moment donné, il y a l'acceptation.
14:43Et le deuil, voilà.
14:45Et vous acceptez, vous essayez de reconstruire derrière,
14:47vous trouvez une mission de vie,
14:49il y en a qui font des associations, etc.
14:51Mais on essaye toujours de trouver...
14:53Déjà, ce que nous on leur doit, c'est de trouver le coupable.
14:56Ça, on l'a fait.
14:57Et ça, je pense qu'ils vont pouvoir, grâce à ça...
14:59Et sont accompagnés les victimes dans ces cas-là ?
15:01Les enquêteurs viennent régulièrement les voir ?
15:03Il y a un lien qui se crée, oui.
15:05Après, le lien...
15:07J'ai effectivement des collègues qui ont gardé des liens avec des victimes,
15:10je ne vais pas dire qu'ils sont amis,
15:12parce que, quelque part,
15:14quand vous êtes sur une affaire comme ça,
15:16le procureur disait qu'il y avait une soixantaine de policiers, d'enquêteurs,
15:19qui se sont relevés, en tout,
15:21c'est 60 personnes qui travaillaient jour et nuit,
15:23et quand vous avez un dossier comme ça,
15:27ça vous percute toute votre carrière,
15:30et vous y pensez.
15:31Et quelque part, vous vous dites,
15:33enfin, j'ai réussi à trouver l'assassin,
15:35je devais ça aux parents,
15:36les parents maintenant ont un nom, un visage,
15:38ils vont pouvoir ou le maudire,
15:40ou au contraire, lui pardonner,
15:42parce qu'on voit tout,
15:43mais surtout, c'est se reconstruire derrière.
15:45Et le plus terrible encore pour eux,
15:46ça va être de repasser aux assises,
15:48parce qu'il va falloir tout revivre,
15:50et là, ça se trouve, ça va être dans 2 ans, 3 ans,
15:52et vous refaites une plongée dans le passé,
15:54et c'est très impactant.
15:57Mais une fois que vous passez de là,
15:59après, vous pouvez vous reconstruire,
16:00parce que vous avez pu faire votre deuil.
16:02Cette expression qu'on a du mal à comprendre,
16:04toujours, faire son deuil,
16:06une petite fille de 11 ans,
16:08et souvent, j'ai dit au micro,
16:10on dit comme ça dans la conversation,
16:12j'imagine, votre chagrin, votre peine,
16:14en fait, on ne peut pas imaginer.
16:16On ne peut pas.
16:18On ne peut pas savoir l'état dans lequel,
16:20par définition...
16:21Non, parce que chacun, encore une fois,
16:23est différent par rapport à l'adversité,
16:25il y en a qui se relèvent très vite,
16:27non pas qu'ils n'aimaient pas leurs enfants,
16:29mais c'est parce que derrière,
16:30ils trouvent la force,
16:31ou dans une religion,
16:32ou dans d'autres faits, etc.,
16:34ou dans une association,
16:35pour se battre justement contre ça,
16:37et d'autres qui se laissent complètement aller,
16:39parce que pour eux, leur vie est finie,
16:41et regardez le papa de la petite Lola, par exemple,
16:43qui est deux ans après,
16:45qui est décédé,
16:46parce que pour lui, la vie n'avait plus lieu d'être.
16:48Il est 11h25,
16:49vous êtes sur Europe 1,
16:50nous sommes avec Jean-Christophe Couvy,
16:52qui est secrétaire national du syndicat de police unité,
16:55ça fait combien de temps, M. Couvy,
16:56que vous êtes dans la police ?
16:5798.
16:58La coupe du monde de foot,
17:00vous voyez, j'étais...
17:01Donc ça fait 26 ans,
17:02et c'est vrai que ce que vous nous rapportez,
17:04c'est aussi de la pâte humaine,
17:06on comprend l'engagement,
17:08l'investissement des policiers,
17:10qui effectivement,
17:11vivent des choses très très fortes,
17:13très puissantes,
17:14qui donnent un sens.
17:15Il faut aimer l'humain,
17:16vous savez, quand vous êtes policier,
17:17il faut aimer l'humain,
17:18parce que vous travaillez dans l'humain,
17:19et justement,
17:20il n'y a pas des robots,
17:22chaque personne s'est construite différemment,
17:24et à chaque fois, par exemple,
17:25quand il y a un enquêteur
17:26qui doit travailler sur un crime,
17:28il faut qu'il rentre dans le cerveau
17:29du mis en cause,
17:30savoir comment il fonctionne,
17:32là, par exemple,
17:33Owen,
17:35je crois que c'est 30 heures,
17:36au bout de 30 heures...
17:37Vous avez dit qu'on est 60 personnes,
17:40quand on travaille.
17:41Pardonnez-moi de vous couper,
17:4260 personnes.
17:43Oui, parce que c'est tous les collègues,
17:44il y a aussi les personnes
17:45qui travaillent,
17:46parce qu'en fait, si vous voulez,
17:47quand vous faites des recherches,
17:48il y a des enquêteurs,
17:50il y a un directeur d'enquête,
17:51qu'on appelle,
17:52et après, chaque enquêteur,
17:53par exemple,
17:54a une mission bien précise.
17:56Il y en a un,
17:57il va devoir aller voir
17:58toutes les vidéos,
17:59l'autre, relever
18:00les téléphones qui ont borné,
18:02l'autre, c'est toutes les plaques
18:03d'immatriculation,
18:04faire le porte-à-porte,
18:05etc.
18:06Et en fait, au fur et à mesure,
18:07il y a une somme d'informations
18:09qui remonte,
18:10et il faut en faire une synthèse,
18:12il faut comparer.
18:13Donc, le directeur d'enquête,
18:14il regarde en fonction des heures
18:15qu'on a vues,
18:16un descriptif d'individus,
18:17il est parti dans telle rue,
18:18etc.
18:19Vous voyez,
18:20c'est vraiment comme un puzzle,
18:22c'est très mathématique,
18:23et effectivement,
18:24quand on a la police judiciaire
18:25qui a des effectifs
18:26par rapport à ces affaires-là,
18:29c'est une machine de guerre,
18:31et on voit que ça va très vite.
18:32Je remercie Franck
18:33qui a patienté avec nous,
18:35et merci beaucoup Franck
18:36d'être intervenu sur l'antenne d'Europe 1.
18:38Oui, Pascal,
18:39je peux ajouter quelque chose ?
18:40Oui, très vite.
18:41Très vite.
18:42Je voudrais dire que,
18:43OK, la justice,
18:44pour ce jeune-là,
18:45elle ne pouvait rien,
18:46parce que malheureusement,
18:47il a commis le geste,
18:49et c'est trop tard,
18:50mais ce qu'elle peut,
18:51la justice,
18:52c'est le condamner
18:53à la juste peine.
18:54Le condamner
18:55à la juste peine
18:56pour faire en sorte
18:57qu'il soit réellement puni
19:00de l'acte qu'il a fait.
19:02Je viens d'apprendre
19:03qu'il avait tenté
19:04une deuxième fois
19:05une semaine avant
19:06ou quinze jours avant
19:07de faire ça à une jeune fille,
19:08donc voilà.
19:09Il faudra vraiment
19:10que la justice soit à la hauteur.
19:11Elle doit bien ça
19:12à la famille et aux parents.
19:13J'entends.
19:14Il est 11h27,
19:15on marque une pause,
19:17et nous remercions
19:18M. Kouvi
19:19d'être venu
19:20dans le studio d'Europe 1.
19:22Merci,
19:23Jean-Christophe Kouvi,
19:2411h28.
19:25Sur Europe 1.