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la sortie d’une rencontre avec l’association des victimes de violences et d’agressions sexuelles du collège-lycée Notre-Dame de Bétharram, François Bayrou a déclaré qu’il allait « demander au ministère de la justice de détacher plus de magistrats pour aller au bout du travail » d’enquête.

« C’était bouleversant à la fois par l’émotion que chacun a manifesté. C’était purement et simplement l’expression de la vérité, de la vérité de vies dont certaines ont été brisées par des actes intolérables et des actes d’agressions sexuelles abominables », a commenté le chef du gouvernement, à l’issue de cette rencontre de trois heures et demie, à la mairie de Pau. Le premier ministre a dit vouloir « examiner » la question de la prise en charge des personnes ayant subi de tels faits, « même quand il n’y a pas de condamnation pénale ».

« Je veux traiter la question du statut des victimes qui n’ont pas pu bénéficier d’un jugement parce que les faits étaient prescrits et que soit reconnu le tort terrible qu’elles ont subi », a déclaré François Bayrou, lors d’un point presse à Pau.

Il a, en ce sens, annoncé que le haut fonctionnaire Jean-Marc Sauvé, qui avait présidé une commission d’enquête sur les violences sexuelles dans l’Eglise, allait s’entretenir « avec le collectif » de victimes de Bétharram, « pour partager avec lui ses questions et ses interrogations ».

Pressé de questions, François Bayrou a, par ailleurs, répété qu’il « n’étai[t] pas au courant. Je savais pour une plainte déposée pour une claque. Pour les sévices sexuels, je n’en avais jamais entendu parler ».

« J’ai fait tout ce que je devais faire quand j’étais ministre » de l’éducation nationale, a assuré M. Bayrou, qui a rappelé qu’il avait demandé une inspection en 1996 dans cet établissement catholique.

Alain Esquerre, le porte-parole de l’association des victimes de violences et d’agressions sexuelles du collège-lycée Notre-Dame de Bétharram, a estimé, à l’issue de cette réunion, qu’un nombre colossal de victimes restait encore « tapi dans l’ombre ». « C’est un jour historique, cela fait quarante ans que j’attendais ce moment, c’est une immense victoire », a-t-il déclaré aux journalistes.

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Transcription
00:00Depuis le milieu des années 90, vous saviez, et alors que vos fonctions successives vous
00:06permettaient de protéger ces enfants, pendant 30 ans, vous avez choisi l'OMERTA.
00:12Pourquoi n'avez-vous pas protégé les élèves de l'école Notre-Dame de Bétarame, victimes
00:18de violences pédocriminelles ? 112 d'entre eux ont déjà déposé plainte pour dénoncer
00:24les agressions sexuelles, les violences physiques et les viols dont ils ont été victimes,
00:29au sein de cet établissement privé catholique béarné, par au moins 14 agresseurs des
00:35années 50 au début des années 2010.
00:38Vous avez toujours affirmé n'avoir rien su, rien vu, rien entendu.
00:43La chronologie reconstituée par Mediapart, Le Monde et la presse locale vous contredit
00:50pourtant entièrement.
00:51En 1996, ministre de l'Éducation, vous vous rendez sur place pour soutenir l'établissement
00:58après le dépôt, par des parents d'élèves, d'une première plainte pour violences sur
01:03leur enfant.
01:04En 1998, vous tentez d'obtenir, à des fins personnelles, des informations, pourtant couvertes
01:10par le secret de l'instruction, auprès du juge saisi du dossier d'un élève victime
01:15de viol.
01:16Ainsi, depuis le milieu des années 90, vous saviez, et alors que vos fonctions successives
01:23vous permettaient de protéger ces enfants, pendant 30 ans, vous avez choisi l'OMERTA.
01:29Les accusateurs disent qu'ils ne pouvaient pas ignorer.
01:34Alors j'affirme que j'ai évidemment, je n'ai jamais été informé de quoi que ce
01:44soit de violences ou de violences à fortiori sexuelles, jamais, et j'ai deux preuves pour
01:53cela.
01:54La première de ces preuves, c'est que lorsque la première plainte est déposée, j'ai quitté
02:01déjà le ministère de l'éducation nationale depuis des mois.
02:05Et puis il y a une autre preuve, peut-être autour de laquelle nous pourrions nous faire
02:11crédit.
02:12Est-ce que vous croyez que nous aurions scolarisé nos enfants dans des établissements dont
02:18il aurait été soupçonné ou affirmé qu'il se passe des choses de cet ordre ? Je peux
02:24vous assurer que tout est faux et qu'une plainte en diffamation sera évidemment portée.

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