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00:00Jusqu'où ira le service public ? Combien de temps pourra-t-il tout écrire, tout dire sans être sanctionné ?
00:06Hier soir sur France 5, l'émission En Société, attitrée pendant quelques minutes.
00:11Hamas, une organisation toujours dangereuse ? Avec un point d'interrogation.
00:16Alors je précise bien sûr, et je le dis pour l'animateur M. Snigaroff, oui M. Snigaroff, le Hamas est une organisation dangereuse.
00:25Il n'est pas forcément utile de poser la question, et même figurez-vous qu'elle est terroriste.
00:30Le service public se demande à une heure de grande écoute, donc si le Hamas qui a commis les attentats terroristes est toujours une organisation dangereuse, on peut s'en étonner.
00:38Je vous propose d'écouter M. Snigaroff, c'était hier en fin d'émission, il a tenu lui-même à rectifier d'une certaine manière.
00:47Et puis un point de précision pour qu'on soit clair dans ce qui a été dit tout à l'heure.
00:50Dans En Société, on a évoqué la situation du Hamas et sa dangerosité persistante.
00:54Il ne s'agissait évidemment pas de minorer cette dangerosité, mais de réagir au propos d'Anthony Blinken,
00:59qui lui-même, l'ancien secrétaire d'État américain, estimait que l'organisation était toujours active et qu'elle recrutait toujours beaucoup de militants dont actes.
01:09Jean-Philippe Tanguy, qui est député du Rassemblement National, était l'invité de Sonia Mabrouk.
01:12Ce matin sur CNE, il a réagi.
01:15Très simplement, c'est un certain nombre de rédactions, malheureusement, il y a beaucoup de journalistes qui en témoignent,
01:19notamment des journalistes de confession juive, sont infiltrés par une pensée d'extrême-gauche qui relativise l'abomination qu'est le Hamas et l'islamisme en général.
01:30Vraiment, on revit les tristes heures de la France, quand des pseudo-intellectuels type Sartre et compagnie blanchissaient les pires régimes du monde,
01:39les pires horreurs communistes, mais déjà aussi terroristes, le FLN évidemment.
01:43De tous ceux qui haïssaient la France et qui utilisaient la violence et le terrorisme pour faire des victimes innocentes, malheureusement, ça continue.
01:49Avec un vieux fond d'antisémitisme totalement, maintenant, assumé, horrible.
01:54Jean-Philippe Tanguy a tort sur un point, Sartre n'est pas un pseudo-intellectuel, c'est un intellectuel qui s'est trompé globalement sur tout,
02:01mais il n'empêche que c'est à reste un intellectuel.
02:04On va être avec Françoise Laborde, dans une seconde, qui est ancien membre du CSA.
02:08Françoise, bonjour !
02:10Bonjour !
02:11Et merci d'être avec nous, d'abord ça nous fait plaisir de vous avoir, on parlera évidemment de cet sujet politique,
02:19mais puisque vous êtes là, et que Catherine et les obsèques de Catherine religieuses ont eu lieu il y a quelques jours,
02:27que beaucoup d'émotions ont traversé la France, j'ai vu par exemple que Catherine faisait la une de Paris Match,
02:34ce qui n'est pas rien dans notre univers médiatique, et sans doute Catherine, Françoise, avez-vous reçu des messages de sympathie qui continuent, j'imagine,
02:46et que ça doit vous faire chaud au cœur, tous ces messages qui sont arrivés depuis de nombreux jours, Françoise Laborde ?
02:53Oui, oui, et puis on était très très contents et très touchés d'abord, en effet, de tout ce monde qui est venu,
03:01évidemment toute la famille de la télévision, dont vous, Pascal, puisque je vous ai croisé à Saroc, et je vous en remercie,
03:10et puis aussi le public qui était là, c'était ce qu'elle aurait voulu, et les filles de Catherine, Gabrielle et Pia, étaient très très émues,
03:20et voilà, et maintenant elles reposent comme elles l'avaient souhaité au cimetière Montparnasse,
03:28et ça a été une cérémonie à la fois évidemment très éprouvante pour nous, mais on a été très très touchés et très entourés par tout cet élan,
03:37et je crois qu'on a même été surpris nous-mêmes, et je pense que de là où elle est, elle s'est peut-être surprise elle aussi de tout cet amour et cet élan qu'il y a eu autour d'elle,
03:48parce qu'elle avait dit avec un peu d'espiaguerie, vous m'oublierez, et la preuve a été faite que personne ne l'a oublié, voilà.
03:57Il est 11h12, on marque une pause, Françoise Laborde est ancienne membre du CSA, et elle va pouvoir réagir.
04:04C'est toujours un sujet délicat parce que la liberté d'expression est au cœur du message qu'envoient ces news européens chaque jour aux téléspectateurs,
04:10et loin de moi l'idée d'interdire France 5, évidemment, loin de moi l'idée d'envoyer Monsieur Snégarov dans un camp de réhabilitation,
04:17et loin de moi de réclamer une amende de plusieurs millions d'euros, mais on a le sentiment qu'il y a deux poids, deux mesures aujourd'hui,
04:25que cette liberté d'expression, il y a une liberté d'expression, certains manifestement ont plus de liberté que d'autres,
04:32et on pense évidemment à l'ARCOM qui a interdit C8, et a priori, je dis bien, la décision doit être rendue aujourd'hui par le Conseil d'État, décision définitive.
04:43Il est 11h13, à tout de suite.
04:44Restez bien avec nous, la suite de Pascal Proévou, c'est dans un instant, et pour réagir, appelez-nous dès maintenant au 01 80 20 39 21, à tout de suite sur Europe 1.
04:54Europe 1.
04:54Pascal Proévou.
04:55De 11h à 13h sur Europe 1, et avec notre invité Pascal, Françoise Laborde.
04:59Il est 11h15, on est donc avec Françoise Laborde, et je la remercie grandement, ancien membre du CSA.
05:05Comment avez-vous jugé cette question posée hier aux téléspectateurs ?
05:11Hamas, deux points, une organisation toujours dangereuse, point d'interrogation dans l'émission du service public en société,
05:20diffusée à 18h40 sur France 5, et présentée par Thomas Snégaroff.
05:24Françoise Laborde.
05:26Evidemment, c'était extrêmement déplacé, je veux dire, on est à peine à un an du massacre du 7 octobre,
05:37et poser la question en ces termes-là est tellement déplacé que d'ailleurs, ce n'est pas un hasard si Thomas Snégaroff lui-même,
05:44à la fin de l'émission, a jugé utile de faire une mise au point,
05:47en citant d'ailleurs Anthony Blinken, on ne sait pas bien ce qu'il venait faire dans l'histoire,
05:51parce qu'à ma connaissance, il n'a jamais dit que le Hamas n'était plus un mouvement terroriste.
05:58Ah, magnifiquement, on a manqué un petit mot, chère Françoise.
06:04Donc vous disiez qu'Anthony Blinken n'avait effectivement jamais dit, on se demande ce qu'il venait faire là,
06:08et vous avez tellement raison, puisqu'il n'a jamais dit que le Hamas n'était plus dangereux.
06:13Oui, mais c'est vrai que, moi ce qui me frappe, alors est-ce que c'est particulier à France 1,
06:19qu'est-ce que c'est la génération service public, qu'est-ce que c'est cette nouvelle génération,
06:24qui veut être dans le politiquement correct, et même plus du politiquement correct,
06:29c'est une espèce de pensée de gauche, alors c'est vrai qu'on repense à Jean-Paul Sartre,
06:35en expliquant que les mains rouges étaient des gens formidables,
06:38on se rappelle que Mélenchon a jugé longtemps, et juge peut-être encore d'ailleurs,
06:42que Hugo Chavez, qui a ruiné le Venezuela, était un garçon extrêmement sympathique,
06:49Maduro même chose, donc c'est vrai qu'il y a cette dérive d'une partie des intellectuels dits de gauche,
06:58qui ont de l'indulgence, disons, pour des régimes théocratiques, et une indulgence pour le terrorisme.
07:07Il n'y a pas très longtemps, je crois que c'est la FP qui parlait d'échanges d'otages,
07:12alors que c'était simplement les otages qu'ils n'avaient pas leur amas,
07:19qui étaient échangés contre des terroristes palestiniens qui étaient en prison en Israël,
07:26donc on voit bien qu'il y a là cette tendance-là, et la déclinaison de toutes ces émissions,
07:31C'est à vous, c'est ce soir, c'est politique, c'est ceci, c'est cela,
07:35elle est un peu dans cette mouvance-là.
07:39Moi, dans un endroit prodigié, j'étais très étonnée l'autre jour, à C'est à vous, d'entendre Mohamed Bouhaf
07:44expliquer qu'on avait créé des cités HLM pour parquer dans des enclaves des immigrés,
07:50alors que non, je veux dire, l'histoire des cités HLM en France,
07:54c'était pour permettre à des gens qui vivaient dans des conditions épouvantables, dans des bidonvilles,
07:59d'avoir des appartements dans des conditions respectables,
08:02et les premiers émigrés, ce n'étaient pas des émigrés maghrébins,
08:06c'étaient des travailleurs portugais qui sont venus dans des conditions épouvantables construire la France,
08:12et quand l'abbé Pierre visitait ces bidonvilles,
08:18c'étaient des bidonvilles occupées par les portugais,
08:21donc il faut arrêter d'avoir une vision aussi caricaturale et aussi simpliste de ça,
08:27et moi je suis un peu préoccupée de voir qu'il y a comme une sorte de narratif
08:33qui est repris en France un peu partout par des personnalités qui se pensent de gauche,
08:40parce que moi je m'estime être de gauche et universaliste,
08:44et je n'ai aucune espèce d'indulgence pour le terrorisme d'où qu'il vienne,
08:49et encore moins pour le terrorisme islamiste,
08:51et je trouve que oui, il y a une sorte de dérive,
08:55il y a un narratif qui est fourni par les frères musulmans et qui se répand un peu partout,
09:03et c'est ce qu'une intellectuelle que vous connaissez sans doute,
09:07qui s'appelle Florence Bergeau-Blaquer, a dénoncé à plusieurs reprises,
09:12c'est ce que dénoncent nos amis de Charlie à longueur de colonne,
09:16mais c'est une parole qui est hélas de moins en moins entendue,
09:20et je trouve que oui, c'est préoccupant,
09:22et c'est en effet préoccupant que le service public ne se rende pas compte
09:26qu'il faut faire attention à ce qu'on dit, à ce qu'on fait.
09:30Moi je me rappelle avoir eu une prise de bec avec Karim Rissouli il y a quelques années
09:35pour un truc tout à fait anodin,
09:37une émission où une jeune femme voilée était invitée,
09:40elle l'est présentée comme une jeune femme voilée,
09:43c'est son choix, et puis en creusant un peu on se rend compte que pas du tout,
09:47c'est une militante d'une association militante,
09:52et que donc voilà, on a le droit d'être militante et de militer pour le voile,
09:57mais quand on est journaliste il faut dire qui sont ces gens et de qui ils parlent,
10:02et j'en avais fait la remarque avec Karim Rissouli qui m'avait traité de raciste,
10:09bon, ce qui n'était évidemment absolument pas le point,
10:12je veux dire, c'est très bien qu'il y ait de la diversité dans toutes les chaînes,
10:16et qu'il y en ait partout,
10:18mais c'est grave qu'il y ait une idéologie qui subrepticement s'insinue dans les pensées de ces journalistes,
10:31et qu'ils ne se rendent pas compte à quel point ils peuvent être manipulés, voilà.
10:35Françoise Laborde est avec nous, il est 11h21 à Europa,
10:38et effectivement tout ce que vous dites, il y a beaucoup de gens qui partagent cela,
10:43moi ce qui me frappe vraiment c'est qu'aujourd'hui il y a presque un...
10:46d'abord les rédactions ont toujours penché à gauche, ça a toujours existé,
10:49moi je fais ce métier depuis quatre ans,
10:50mais il me semble que ce n'était pas de la même manière,
10:54qu'il y avait une forme de tolérance des deux côtés d'ailleurs,
10:57que quand on regarde des émissions des années 70, 80 et 90,
11:00je pense à Polac, je pense à Pivot, vous avez des gens autour de la table,
11:04et puis tout le monde peut parler, et tout le monde échange même des idées,
11:08qu'aujourd'hui c'est un peu plus compliqué.
11:11Et ce qui me frappe surtout, Françoise, c'est qu'il y a quasiment un journalisme de service public
11:16qui se met en place, comme s'il y avait une pensée également de service public,
11:20comme s'il y avait des feuilletons de service public,
11:23une fiction de service public, des animateurs de service public,
11:27et que dans ce service public, toutes les questions qui fâchent,
11:30on les écarte et il y a une forme de pensée commune.
11:33Alors sur les sécurités, c'est dans la tête des gens,
11:36l'immigration, quoi qu'il arrive, c'est une formidable opportunité pour la France,
11:40l'islamisation du pays, c'est un fantasme,
11:42le grand remplacement, c'est une théorie fumeuse,
11:44Donald Trump, c'est un danger, Marine Le Pen, elle est extrême droite,
11:48l'Union Européenne, c'est la solution à tous nos maux.
11:50Vous voyez, je ne crois pas caricaturer d'ailleurs,
11:53je dis qu'il y a une sorte de pensée qui se met en place,
11:57mais c'est vrai aussi pour les Victoires de la Musique que j'ai regardées vendredi soir,
12:00c'est-à-dire que vous avez le sentiment qu'il y a une sorte de doxa qui est mise en place.
12:06Et ça...
12:08Mais je pense que vous avez absolument raison,
12:12vous avez raison de dire que les rédactions d'une manière générale ont toujours été à gauche,
12:17qu'elles soient d'ailleurs privées ou publiques,
12:19moi j'ai travaillé à TF1, j'ai travaillé à France 2, j'ai travaillé à France 3,
12:22donc il y avait en effet, et pourquoi pas ?
12:26Je veux dire, on peut imaginer quand on est jeune journaliste,
12:29quand on a une curiosité vis-à-vis des autres,
12:33on s'intéresse à une idéologie qui est peut-être plus proche de,
12:38j'allais dire, l'intérêt collectif que la réussite individuelle,
12:43pour s'impliquer à l'extrême.
12:45Mais à notre époque, si je puis parler de la sorte,
12:48il y avait un encadrement des journalistes,
12:50il y avait des patrons qui regardaient les chaînes
12:52et qui de temps en temps disaient, attention,
12:54ne tombez pas dans tel excès,
12:57faites gaffe, on faisait des conférences critiques après chaque émission,
13:03aujourd'hui j'ai l'impression que tout ça se perd,
13:05aujourd'hui j'ai l'impression que,
13:07c'est presque, l'exemple vient presque d'en haut,
13:10je veux dire, il n'y a pas si longtemps
13:13quand Delphine Ernotte qui est encore à la tête de France Télévisions
13:17disait qu'il y avait trop de mâles blancs dominants à France Télévisions,
13:22ça donne le ton,
13:23parce que bon, moi je suis une féministe convaincue,
13:25donc je trouve que c'est très bien qu'il y ait des femmes à la télévision,
13:27mais la question ce n'est pas qu'il y ait trop de mâles blancs dominants,
13:31la question c'est, est-ce qu'on rencontre ou pas du réel ?
13:34Et moi quand j'étais chef de service en service public et comme dans le privé,
13:38je disais toujours aux journalistes, ton opinion personnelle n'intéresse personne,
13:42tu es là pour raconter et raconter des faits et vérifier des faits,
13:47et je trouve qu'aujourd'hui,
13:49on se rend compte que toutes les chaînes de télévision aujourd'hui,
13:55sont des chaînes d'opinion,
13:58C News l'assume, et c'est très bien.
14:00Non, je conteste ça, je ne suis pas une chaîne d'opinion,
14:05je témoigne du réel,
14:07et en revanche, il y a des opinions autour de la table,
14:11je ne suis pas un militant François,
14:15mais en revanche,
14:17je termine,
14:19C News c'est une chaîne d'opinion,
14:21je ne suis pas du tout une chaîne d'opinion,
14:23c'est une chaîne des opinions,
14:25ce qui est certain, c'est qu'on entend sur C News,
14:27des fois à gaz, nos confrères,
14:29des personnes qu'on n'entend nulle part ailleurs,
14:31et ça c'est vrai,
14:33on entend sur C News des gens qui sont invités nulle part ailleurs,
14:35on cite souvent Gilles-William Golnadel,
14:37qui est premier,
14:39son livre est en tête des ventes,
14:41il n'a jamais été interrogé sur Israël,
14:43sur le service public,
14:45mais voilà,
14:47et puis moi j'invite des gens,
14:49c'est eux qui ne veulent pas venir,
14:51bien souvent,
14:53donc nous l'opinion,
14:55le type est divers,
14:57et le débat, évidemment, existe.
14:59Je vous laisse continuer Françoise.
15:01C'est exactement ce que je voulais dire,
15:03c'est-à-dire qu'il y a aujourd'hui,
15:05et c'est sans doute la nouveauté des chaînes d'info,
15:07c'est qu'il y a aujourd'hui des opinions
15:09qui peuvent s'exprimer, qui ne s'exprimaient pas avant,
15:11et c'est très bien,
15:13mais je veux dire qu'encore une fois,
15:15il faut qu'elles soient diverses et plurielles,
15:17et c'est ça qui fait la différence,
15:19et il me semble qu'aujourd'hui,
15:21la difficulté, c'est qu'en effet,
15:23il y a des chaînes que vous choisissez,
15:25une opinion plutôt qu'une autre,
15:27et il y a des chaînes qui défendent,
15:29par exemple, la poursuite à tout prix
15:31de la guerre en Ukraine,
15:33d'autres qui ne sont pas sur cette ligne-là.
15:35C'est en ça que je veux dire qu'il y a des opinions
15:37qui s'expriment dans certaines chaînes
15:39et pas dans d'autres.
15:41Et aujourd'hui, je trouve que le service public
15:43est devenu en effet plus orienté sur certaines opinions,
15:45ce qu'il n'était pas avant,
15:47mais c'est,
15:49j'allais dire,
15:51malheureusement,
15:53l'évolution et l'idée qu'on est dans l'ère du temps
15:55et l'idée qu'il faut servir un public.
15:57Voilà.
15:59Et qu'il n'y a pas aujourd'hui
16:01des patrons de chaînes
16:03qui rappellent chacun à la neutralité
16:05et au pluralisme nécessaire.
16:07Merci beaucoup Françoise Laborde.
16:09Vraiment, merci beaucoup.

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