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Jean-François Blanco est l'avocat qui, en 1996, représentait le premier élève à avoir porté plainte contre l'établissement de Bétharram. Ce lundi 17 février, il a demandé l'ouverture d'une enquête pour "entrave à la justice" dans l'affaire de viol survenue en 1998 au sein de l'établissement, après qu'un ancien gendarme a évoqué une "intervention" de François Bayrou.

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Transcription
00:00La démarche que j'effectue auprès de M. le Procureur Général de la Cour d'Appel de Pau
00:07consiste à obtenir l'ouverture d'une enquête pénale et administrative
00:15suite aux déclarations du gendarme qui était en charge des investigations
00:21concernant les viols dont le père Karikar était accusé en 1998
00:27puisque hier sur TF1 ce gendarme a précisé qu'au moment où il devait déposer
00:37le résultat de ses recherches, de ses investigations auprès du juge Miranda
00:42pour que celui-ci se prononce sur une éventuelle incarcération du père Karikar
00:48le juge d'instruction lui a précisé qu'il ne pouvait pas le recevoir
00:52cela a été prévu à 14 heures, qu'il fallait attendre
00:56parce que le Parquet Général lui avait demandé communication de la procédure
01:01et cela dans la mesure où François Bayrou était intervenu auprès du Parquet Général
01:07donc le premier but de ma démarche est d'obtenir une vérification
01:13des déclarations du responsable de cette enquête, les déclarations qu'il a faites hier
01:21parce qu'évidemment tout le monde comprend que c'est extrêmement grave
01:25il s'agissait d'une procédure relative à des viols sur des mineurs
01:30ensuite ma démarche a pour but d'obtenir des éclaircissements
01:40sur le fonctionnement de la justice à Pau en 1998
01:44dans le dossier qui concernait les violences et les viols perpétués à Notre-Dame de Bétarame
01:52parce qu'il faut savoir qu'après cette communication du dossier au Parquet Général
01:59après la mise en détention provisoire du père Karikar
02:04un recours a été instruit devant la chambre de l'accusation
02:10et dans un délai extrêmement bref, une semaine, que nous ne connaissons jamais
02:17la chambre de l'instruction s'est réunie
02:20et le Parquet Général a demandé la remise en liberté du père Karikar sous contrôle judiciaire
02:28avec une interdiction de quitter le territoire national
02:32ce sont des réquisitions plus que surprenantes
02:37d'une nature exceptionnelle, inexplicable
02:41il s'agissait d'accusations de viols contre mineurs
02:45comment le Parquet Général a-t-il pu demander cette remise en liberté
02:50au regard de la gravité de ces accusations
02:53et la suite, nous la connaissons
02:56puisque le père Karikar ne se l'est pas fait dire deux fois
02:59il est reparti à Rome d'où il venait
03:02et il a mis fin à ses jours
03:05et cette décision tragique
03:08elle a été aussi celle qui a marqué la fin de l'instruction
03:14et je n'ai pas eu connaissance
03:16et c'est le second point que j'évoque dans ma saisine du Parquet Général
03:20je n'ai pas eu connaissance de recherche
03:24ou d'ouverture de procédure de la justice paloise
03:27concernant cette exfiltration
03:30qui marquait une violation du contrôle judiciaire
03:35est-ce que cette exfiltration, très certainement
03:39a été rendue possible par des complicités
03:42quels moyens ont été accordés au père Karikar à ce moment-là
03:46ce sont des questions qui demeurent posées
03:48mon but c'est d'obtenir la vérité
03:51et aussi des vérifications sur le fonctionnement de la justice paloise
03:59parce qu'il doit être interrogé
04:02il est caractérisé par des décisions très surprenantes
04:08qui ont entraîné des résultats dramatiques
04:11parce que ce défaut de réaction de la justice paloise
04:15qu'est-ce que cela a signifié ?
04:17cela a signifié que pendant cette période
04:20comme auparavant depuis des dizaines d'années
04:23les sévices sur les enfants
04:26les violences, les viols, les tortures
04:30pouvaient se poursuivre à Notre-Dame-de-Vétaram
04:33et c'est pour cela que ce dossier est si grave
04:36vous pensez qu'il y a eu ingérence de François Bayrou ?
04:39si les déclarations du gendarme responsable de l'enquête
04:45sont vérifiées
04:48évidemment il s'agit d'une ingérence
04:52d'une intervention
04:55pour obtenir un résultat
04:58je ne sais pas lequel
05:00ce que je sais c'est que
05:02les décisions ensuite du parquet général
05:04ont été extrêmement surprenantes
05:06et que cela a abouti à la fuite du père Caricard
05:11et au bout du compte à la fin des investigations
05:15à la fin de la protection pour les enfants
05:18et les jeunes pensionnaires de Notre-Dame-de-Vétaram
05:21vous pensez qu'il y a eu un dysfonctionnement de la justice ?
05:24il y a eu un grave dysfonctionnement de la justice
05:27le premier dysfonctionnement
05:30encore une fois si les déclarations du responsable de l'enquête
05:34du gendarme responsable de l'enquête sont vérifiées
05:37le premier dysfonctionnement
05:39c'est que la justice accepte
05:41l'intervention d'un homme politique
05:43fut-il très influent
05:45et avec un fort potentiel politique
05:51et le deuxième dysfonctionnement
05:53ce sont les décisions qui ont été prises ensuite
05:55à la chambre d'accusation
05:58qui ont permis cette fuite
06:00et la fin des investigations
06:02la fin de la protection
06:04des enfants et des mineurs
06:06vous êtes avocat à Pau
06:08mais vous êtes également opposant politique de François Bayrou
06:10est-ce que vous pensez qu'il doit démissionner aujourd'hui ?
06:12pour ma part
06:14d'abord je suis l'avocat
06:16qui a déposé la première plainte
06:18contre Notre-Dame-de-Vétaram
06:22en avril 1996
06:24cette plainte je l'avais déposée pour violence
06:26traitement inhumain et dégradant
06:28à l'encontre d'un mineur
06:30elle a donné lieu le 11 juin 1996
06:34à une audience dans ce tribunal
06:36qui est derrière moi
06:38et à une condamnation pénale du surveillant de Notre-Dame-de-Vétaram
06:40et à cette occasion
06:42l'institution a été soutenue
06:44par les notables
06:46et notamment par François Bayrou
06:48c'est une réalité, une constatation
06:50ce que je veux dire
06:52c'est que
06:54les accusations du gendarme
06:56enquêteur doivent être vérifiées
06:58parce que
07:00si elles s'avèrent exactes
07:02c'est extrêmement grave
07:04les conséquences politiques
07:06elles seront tirées le moment venu
07:08ce que nous apprend ce dossier
07:10c'est que la vérité
07:12finit toujours par surgir
07:14et en 1996
07:16à l'occasion du premier procès
07:18j'avais parlé de Notre-Dame-de-Vétaram
07:20comme d'un sanctuaire de la violence
07:22oui c'était un sanctuaire de la violence
07:24dans ce sens que
07:26la violence était protégée
07:28et
07:30qu'il n'y avait aucune volonté
07:32de la combattre
07:34votre client Marc Lacoste
07:36en 1996
07:38est-ce qu'il vous a recontacté
07:40depuis les derniers rebondissements dans cette affaire ?
07:42non je n'ai pas
07:44à l'heure actuelle
07:46de contact avec lui
07:48et ce que je veux dire c'est que
07:50parce que je crois tout simplement
07:52que pour lui
07:54il est trop difficile
07:56pour un grand nombre de victimes
07:58de revivre
08:00ces événements douloureux
08:02mais ce que je veux dire aussi
08:04c'est que j'interviens comme élu
08:06je suis élu
08:08au conseil municipal à Pau
08:10et c'est aussi à ce titre que
08:12j'interviens
08:14comme avocat ayant déposé la première plainte
08:16mais aussi comme élu
08:18et je l'assume totalement
08:20parce que le premier devoir d'un élu
08:22est d'obtenir que devant une situation
08:24si grave
08:26la vérité soit faite
08:28et c'est mon premier but
08:30on pourrait vous targuer et vous dire
08:32que vous essayez de faire tomber François Bayrou
08:34parce que vous êtes élu d'opposition
08:36je n'ai pas
08:38d'objectif caché
08:40et je ne suis pas
08:42habité par ce genre de calcul
08:44ce que je veux savoir
08:46et je ne suis pas le seul
08:48les paloises et les palois
08:50les françaises et les français
08:52veulent savoir quel a été le rôle
08:54de François Bayrou
08:56dans ce dossier en 1996
08:58et en 1998
09:00le point de départ
09:02de cette polémique est sa déclaration
09:04à l'assemblée nationale
09:06mardi dernier, le 11 février
09:08où il a prétendu
09:10qu'il n'était informé de rien
09:12nous savons tous que cela n'est pas exact
09:14et aujourd'hui nous sommes dans une
09:16phase supplémentaire puisqu'on nous parle
09:18d'une intervention active
09:20de son côté, moi je souhaite que ce soit vérifié
09:22je souhaite qu'il s'explique
09:24et que ce soit vérifié
09:26Si une telle chose est vérifiée, qu'est-ce que risque
09:28un premier ministre ?
09:30Sur le plan politique
09:32sa conscience
09:34devra lui dicter la bonne
09:36décision, ensuite
09:38il y aura des débats
09:40à l'assemblée nationale
09:42ce qui est certain c'est que
09:44cela ne pourra pas être sans conséquence
09:46sur les responsabilités
09:48qui sont les siennes
09:50surtout
09:52ce que je crois c'est que
09:54il y a
09:56un divorce, une fracture
09:58entre les citoyens
10:00et la classe politique
10:02et si on veut la dépasser parce que
10:04cette fracture est extrêmement dangereuse
10:06la première chose
10:08que nous devons obtenir c'est la vérité
10:10sur le comportement
10:12de la classe politique

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