• avant-hier
Avec Marc Lévy, écrivain français et l'un des auteurs les plus célèbres du monde.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-02-17##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Les clés d'une vie, celles de mon invité, les livres vous ont donné voie au chapitre
00:07et permis de vivre des rêves ensuite partagés avec des millions de lecteurs.
00:11Votre nouveau roman est une façon de rendre au livre un peu de ce qu'il vous a offert
00:16et cela en défendant une cause qui n'est pas forcément gagnée sur le papier.
00:20Bonjour Marc Lévy.
00:21Bonjour Jacques.
00:22Alors il y a quand même huit ans que nous faisons cette émission, huit ans que je vous
00:26espère et que vous êtes quand même l'auteur le plus lu dans le monde et c'est justifié
00:32et donc on vous reçoit aujourd'hui pour la 1441e émission des clés d'une vie.
00:36Magnifique.
00:37Alors on va parler tout à l'heure de la librairie des livres interdits, votre nouveau
00:41roman chez Robert Laffont Versilleau mais le principe des clés d'une vie c'est d'évoquer
00:46votre parcours à travers des dates clés.
00:47Très bien.
00:48Alors la première ne vous concerne pas directement mais elle est importante, le 24 février 1953,
00:54le prix Fénéon, décerné au nom d'un critique d'art Fénix Fénéon depuis 49, est attribué
00:59à de jeunes auteurs qui s'appellent Claude et Raymond Lévy pour un recueil de nouvelles
01:03une histoire vraie.
01:04Et c'est votre père et votre oncle ?
01:06Absolument.
01:07Et pour la petite histoire, des folies dans ma famille, quand j'ai publié mon roman,
01:17mon premier roman et si c'était vrai, mon père n'a absolument pas parlé de ce recueil
01:26de nouvelles.
01:27Et ça n'est que des années plus tard dans une émission de télé où on m'a fait remarquer
01:33que mon père avait écrit un recueil de nouvelles primé qui s'était appelé une histoire vraie
01:38et que mon roman s'appelait ici si c'était vrai et qu'on m'a demandé s'il y avait un
01:42rapport entre les deux et donc je suis allé voir mon père en lui disant pardon mais ça
01:47non, à aucun moment tu n'as eu envie et avec sa distraction, il m'a fait ah oui tiens j'avais
01:52pas fait le rapprochement donc c'est une coïncidence.
01:55C'est fou hein ?
01:56Folk, voilà.
01:57Alors ce livre l'histoire vraie c'était 158 pages publiées par les éditeurs français
02:02et il y avait 10 histoires sur la seconde guerre mondiale et la première était consacrée
02:06à un groupe de 23 résistants dont personne ne parlait qui était le groupe Manoukian,
02:12qui a valu à Manoukian d'être aujourd'hui au Panthéon et c'est le premier à avoir
02:15raconté l'histoire à votre père, c'est assez étonnant et il n'y avait qu'une personne
02:20qui connaissait l'histoire à l'époque c'était Charles Aznavour car Manoukian avait été
02:23hébergé par ses parents et chaque fois qu'il y avait des résistants militaires qui étaient
02:28cachés chez Aznavour, Charles qui avait 10 ans sortait le soir aller dans les égouts
02:32jeter ses costumes pour éviter que les allemands les retrouvent.
02:36Alors c'est vrai que cette histoire de guerre, Marc Lévy, vous n'en avez rien su pendant
02:4420 ans jusqu'à un jour où à Toulouse vous avez rencontré quelqu'un.
02:47Oui c'est vrai c'est-à-dire que papa, enfin mon père ne me parlait jamais de la résistance
02:56alors on se doutait quand même avec Lorraine qu'il avait fait deux trois trucs mais il
02:59avait cette manie à chaque fois qu'on entendait une histoire par ci par là de la tourner
03:05en dérision ou même de prétendre qu'il en avait oublié l'existence et puis un jour
03:12de septembre 83 ma maman m'a appelé pour me dire de ne pas aller en cours à la fac
03:18le lendemain car elle partait en voyage avec papa à Toulouse et elle souhaitait qu'on
03:23l'accompagne et quand je lui ai demandé mais pourquoi elle m'a dit bah ton père t'expliquera
03:26en route et quand j'ai retrouvé mon père en chemin j'ai dit mais pourquoi on va à
03:33Toulouse il me disait c'est des trucs de vieux qui n'ont aucune importance comme s'il n'avait
03:39pas envie d'y aller et quand nous sommes arrivés à Toulouse on nous a emmenés en voiture au grand
03:43stade de Toulouse et là sur la pelouse il y avait une estrade qui avait été dressée et dans les
03:49gradins on eut une soixantaine de familles au milieu parmi lesquelles circulait une vingtaine
03:56d'hommes et de femmes qui avaient à cette époque l'âge que j'ai aujourd'hui donc d'anciens jeunes
04:02et à ma grande surprise qui se retrouvait avec beaucoup d'émotions qui se prenaient dans les
04:07bras l'un de l'autre puis ils sont descendus sur l'estrade sur cette estrade et est arrivé le
04:12ministre de la défense de l'époque Charles Renu qui a prononcé un discours absolument sublime et
04:19magnifique où il a évoqué les compagnons de résistance de la 35e brigade et c'est ce jour
04:24là que j'ai compris que mon père y avait enfin en avait fait partie et à la fin de cette réunion
04:32papa en descendant de l'estrade a tout de suite enlevé sa médaille qu'il a rangé dans la poche
04:36les gens d'honneur c'est ça oui et il m'a dit Olivier on rentre à la maison j'étais quand même
04:41j'aimais cette folie douce chez mon père où il y a cette discrétion et cette réserve mais il y a
04:47des limites quand même je crois que vous saviez vaguement avant que votre grand père avait été
04:51déporté mais vous ignorez que je ne savais pas vaguement ça je savais que mes deux je savais
04:56que mon grand père ma grand mère était mort dans les chambres à gaz d'auschwitz mais vous ne
04:59saviez pas que votre père avait été emmené dans un camp et s'était évadé dans le train je ne
05:02savais pas que mon père avait avait été un membre très actif de la résistance je n'avais pas qu'il
05:07avait été arrêté par la police de par un commissaire de police de vichy je ne savais pas qu'il avait
05:13été torturé je savais pas qu'il avait été emprisonné à la prison saint-michel à tous je
05:19savais pas qu'il avait été condamné à mort et je ne savais pas qu'il était parti dans le train
05:23fantôme et je ne savais pas qu'ils étaient évadés en creusant un trou sur les sous les rails pour
05:28rejoindre à nouveau la résistance bien qu'il bien qu'il fut alors dans un sale état et terminer
05:34la guerre en jusque dans la poche de royaume donc je savais pas tout ça et en fait voilà et pour
05:39terminer l'anecdote à ce lors de cette remise de médailles alors que nous allions partir il y a un
05:44monsieur qui s'est approché de moi qui m'a tendu sa carte de visite je s'appelais claude hurmont il
05:51avait lui aussi appartenu à la 35e brigade marsal langer et il m'a dit je suis je fais partie de la
05:57commission qui est en train de préparer le procès de claus barbie et si tu veux savoir qui était
06:02vraiment ton père viens me voir mon adresse est sur cette carte je l'ai appelé dès le lendemain
06:08dès que je suis rentré à paris et je suis allé le voir et sur sa table il y avait un énorme très
06:21gros cahier parce que ça s'appelle un cahier et il m'a fait m'asseoir il m'a dit voilà ça c'est
06:27les cahiers de police les mains courantes de la police de lyon et assieds-toi tombe les pages et
06:37chaque fois que tu verras jeannot c'est ton père c'est fou ça et donc j'ai lu et la première page
06:43aujourd'hui le terroriste jeannot a fait avec ses camarades sauter douze locomotives en gare de
06:49tout le matabio et ça s'est enchaîné comme ça et à l'époque le centre de la résistance à tout
06:55c'était un café qui s'appelle le cristal palace qui est aujourd'hui devenu une banque et il se
06:59trouve aussi que votre père ensuite avec a été devenu éditeur de livres de beaux-arts et a travaillé
07:05dans un magasin de vêtements aussi de chemise c'est à ce qui était sur les champs élysées
07:09qui s'appelait je crois dorian gui il disait va et lisez soirée dorian gui puis lisez soirée
07:13avant de devenir éditeur de livres d'art exactement il se trouve aussi que vous vous n'aviez rien au
07:19départ pour l'écriture vous avez grandi et vous étiez dans le sud de la france jusqu'au bas que
07:25ça ne vous tentez pas vraiment mark levy au départ non non je pourrais non faut
07:31comment vous dire c'est pas que ça me tentait pas c'est que je n'osais pas y penser votre votre
07:42vie c'était justement la croix rouge puisque vous avez eu vous avez eu le sentiment vraiment
07:47d'exister de commencer à vivre quand vous êtes rentré à la croix rouge comme secouriste au
07:51départ c'est pas tant que le fait pas commencer à vivre quand vous traversez l'adolescence le
07:59désarroi de l'adolescence c'est d'essayer de trouver une réponse à la question de qui on
08:05est à quoi on sert qu'elle est notre identité dans un oui enfin sur une sur une terre où il
08:12ya dix milliards d'habitants et je suis rentré à la croix rouge le jour de mes 18 ans et et c'est
08:20ce que ce que les organisations humanitaires apportent c'est qu'à la seconde où vous vous
08:25rendez utile quand vous êtes adolescent à la seconde où vous portez secours à quelqu'un vous
08:32avez trouvé la réponse à cette question identitaire c'est à dire que vous savez exactement à quoi
08:35vous servez et votre centre de gravité se décolle de votre nombril et va vers les autres et donc vous
08:43trouvez une raison de vivre une raison d'être et une raison à votre propre existence vous êtes vous
08:48avez aidé alors pas besoin de tous les fois si vous si si dans une journée où vous savez pas
08:54qui vous aide vous aider une quelqu'un à traverser la rue vous avez déjà été ça voyez le regard
09:00l'échange alors oui comment vous dire je veux pas jouer les vieux schnock en disant c'était une
09:06autre époque on n'y avait pas les réseaux sociaux il n'y avait pas comment vous dire cette cette
09:13facilité de communication avec les autres bien que à cette époque dans les cafés on se regardait
09:20on souriait et quand on déjeunait ou quand on dînait quelqu'un on parlait à la personne qui
09:25était en face de vous au lieu d'être sur votre portable mais néanmoins
09:31l'engagement humanitaire c'est quelque chose qui vous ouvre au monde et ça a été oui pour moi ça a
09:38été un moment très important dans ma vie oui alors ensuite vous parlez justement des réseaux sociaux
09:43vous êtes devenu un pionnier de l'informatique à l'époque où les microprocesseurs se développaient
09:47oui oui oui je suis parti après avoir passé presque sept ans à la Croix-Rouge je suis parti dans la
09:53Silicon Valley où j'ai créé deux copains deux copains ancrés avec moi une société qui était
10:03de la préhistoire de la de l'informatique et qui ont travaillé à l'élaboration de coprocesseurs
10:10alors c'est un peu technique mais disons qu'on travaille dans les images de synthèse voilà
10:15on travaillait que personne ne faisait à l'époque ça n'existait pas parce que le matériel pour créer
10:19des images par ordinateur n'existait pas et donc on a été vraiment les prix qu'en fait on a fait
10:25partie des pionniers de cette aventure ça a été une aventure assez incroyable à l'époque il y avait
10:30une la Silicon Valley à l'époque n'a absolument rien à voir avec ce qu'elle est sinistrement
10:37devenu aujourd'hui c'était une époque où c'était des jeunes ingénieurs qui étaient qui voilà qui
10:43étaient animés par l'envie d'inventer de créer développer ça n'a rien à voir avec ce qui est
10:48devenu aujourd'hui malheureusement cet univers de la tech et cette Silicon Valley qui est aujourd'hui
10:54le tombeau des démocraties. Effectivement ça c'était le point de départ de votre vie il y a
11:01une autre date importante on va en parler dans quelques instants le 21 janvier 2000 à tout de
11:06suite sur Sud Radio avec Marc Lévy. Sud Radio les clés d'une vie Jacques Pessis. Sud Radio les clés
11:12d'une vie mon invité Marc Lévy de passage en France aujourd'hui et au micro de Sud Radio pour
11:17la sortie de ce livre la librairie des livres interdits chez Robert Laffont Versilion votre
11:2226e roman je crois si je compte bien on va en parler tout à l'heure mais là je reviens à la
11:27date du 21 janvier 2000 votre première télévision.
11:35Bouillon de culture, vous êtes invité par Bernard Pivot qui évoque le conte de fées que vous vivez je suis sûr que vous vous souvenez de cette émission.
11:42Bien sûr je m'en souviens. C'est vrai que c'était c'était Pivot raconte comment au départ vous avez
11:50écrit une histoire destinée à votre fils qui lirait quand il avait 20 ans et comment c'est
11:54devenu un miracle. Oui oui je me souviens très bien de cette émission j'étais terrorisé je
12:00savais pas ce que je faisais là et ni pourquoi j'étais là et j'avais quand je vous dis j'ai
12:07terrorisé j'avais une heure et demie avant l'émission ma meilleure amie m'a emmené chez elle
12:13pour me mettre dans une baignoire d'eau glacée parce que j'étais j'étais comme qui voyait comme
12:19j'étais paralysé je voulais pas y aller. Ça se voit pas l'antenne ça se passe très bien. Je
12:24dois beaucoup à un écrivain qui a été extrêmement généreux c'est pas un milieu très généreux c'est
12:34Max Gallo et Max Gallo j'étais assis à côté de lui et les autres écrivains sur le plateau étaient
12:40assez méchants me regardait avec une certaine jalousie ou une certaine dédain mépris et lui
12:49il m'a tout de suite pris sous sa coupe sous son aile comme ça et il a créé ce lien humain sur
12:55le plateau il m'a dit mais vous inquiétez pas ça va très bien se passer et quand Bernard Pivot
13:01m'interrogeait il y avait tous les regards des autres et je me liquéfiais mais j'étais vraiment
13:07à deux doigts de partir de partir quoi non mais tourner l'oeil quand le stress et le
13:16strac et c'est monstrueux et Max Gallo me regardait comme ça il me faisait des sourires
13:21et je n'ai jamais oublié cette générosité on a fait beaucoup de salons et comme on était dans
13:30la même maison d'édition et je me retrouvais souvent dans les salons assis à côté de lui et
13:34on avait cette voilà il y avait cette complicité avec ce monsieur que j'ai pour lequel j'avais
13:39beaucoup de respect un jour je crois que c'est à la forêt des livres et il part se laver les
13:47mains et il me dit soyez gentil signé pour moi pendant que je suis pas là et je dis non quand
13:53même monsieur Gallo je peux pas faire ça mais c'était un monsieur voilà je n'oublierai jamais
13:58la générosité de Max Gallo qui était un écrivain extrêmement populaire de son vivant très prolixe
14:05j'ai écrit de grands romans d'histoire de grands romans historiques de grandes fresques historiques
14:09il y avait des queues formidables devant sa table pour pour faire signer ses livres et je lui dois
14:15d'avoir survécu à cette émission. Cette émission où vous racontez au départ que ce livre était
14:21dessiné à votre fils quand il aura 20 ans parce que quand vous avez commencé à raconter des
14:24histoires quand il était enfant il préférait la télévision. Non quand on m'a posé souvent la
14:34question comment est-ce que vous êtes venu à l'écriture j'ai expliqué que j'étais venu à
14:38l'écriture parce que quand mon fils avait 7 8 9 ans comme beaucoup de papa et à l'époque j'étais un
14:45papa célibataire et eh bien je passais énormément de temps chaque soir à lui raconter une histoire
14:55et j'avais eu l'idée d'écrire une histoire et puis de lui raconter une histoire épisode et comme
15:00l'enfant est un lecteur extrêmement enfin un lecteur spectateur très exigeant pour éviter de me faire
15:09reprendre parce que l'histoire ne recommençait pas exactement là où elle s'est arrêtée la
15:13veille ou parce qu'il y avait une répétition j'avais pris l'habitude chaque soir d'écrire
15:17l'épisode du lendemain et donc c'est un exercice que j'ai pratiqué pendant près de deux ans de
15:24lui écrire chaque soir et j'y passais une heure dès qu'il était couché j'allais dans mon bureau
15:28j'écrivais pendant une heure est arrivé un jour où naturellement il m'a fait comprendre que la
15:34télé était plus était plus joyeuse que les histoires de donc dont actes comme on dit mais
15:44comme c'est ce moment d'écriture me manquait énormément l'idée m'est venue de je me suis
15:50dit bah si je peux plus écrire à l'enfant qu'il est rien ne m'intéressait d'écrire à l'adulte
15:55qu'il deviendra un jour et c'est comme ça qu'elle est c'est comme ça qu'est né si c'était vrai et
15:59en fait vous aviez écrit un livre je crois à 17 ans sur une machine à écrire que vous aviez loué
16:03Marc Lévy c'est exact je sais pas comment vous avez trouvé cette info mais quand je suis parti
16:08un été travailler dans une fin étudier dans une fac américaine encore une fois l'époque on n'avait
16:16pas d'ordi pas de console et rien de tout ça et je m'étais loué une machine à écrire électrique
16:21dans la chambre d'étudiants et tous les soirs j'écrivais et j'étais revenu avec un manuscrit
16:26là bas qui n'a jamais été publié heureusement alors si c'était vrai et finalement s'il n'y
16:32avait pas eu votre soeur il ne serait peut-être jamais sorti oui peut-être parce qu'en fait moi
16:37j'avais pas écrit cette histoire pour la publier ni avec l'idée d'en faire un livre et comme je
16:44vous le disais tout à l'heure quand j'ai répondu à votre question à votre première question sur
16:47le fait j'avais pas vraiment envie je ne l'envisageais même pas enfin je ne essaie lorraine
16:54qui en venant dîner un soir chez moi à trouver le manuscrit qui l'a lu et qui m'a appelé le
16:58lendemain en disant il faut que tu l'envoie ça va être publié et je l'ai pas cru pendant longtemps
17:02parce que je trouvais c'était très gentil de sa part mais j'y croyais pas du tout et elle m'a
17:07tellement insisté que j'ai fini par l'envoyer à un éditeur et l'éditeur m'a rappelé le jour
17:11après en me disant on veut vous publier c'était bernard barreau et bernard fixot qui vous ont
17:15publié tout de suite et ensuite alors c'est pour être pour rendre à césar ce qui appartient à césar
17:21c'est bernard c'est bernard fixot qui m'a signé chez la font mais il est parti avant que je
17:28sois publié d'accord et c'est nicole lattès qui a pris la direction des éditions la fond qui a
17:35été ma première éditrice fixot n'a jamais été mon éditeur il a jamais travaillé sur un lui
17:39manuscrit et bernard monsieur bernard barreau qui était un formidable éditeur a été l'éditeur en
17:45titre de mon premier roman pas des suivants puisque après j'ai travaillé avec un autre
17:49éditeur qui est un grand éditeur qui aujourd'hui dirige la maison séguerre ce qui s'appelle
17:55antoine carreau il se trouve ensuite que à la foire de francfort arrive un agent votre agent
18:01avec deux pages et que ces deux pages vont être l'événement de la foire de francfort il faut
18:04savoir que la foire de francfort c'est la plus grosse foire du livre mais elle existe depuis
18:09plus de 500 ans parce qu'avant l'apparition des livres imprimés c'était une foire commerciale
18:14qui était un lieu de commerce des manuscrits depuis le 12e siècle en effet donc ça c'est
18:19la deuxième perso c'est après lorraine c'est la personne qui a joué un rôle extrêmement important
18:24dans ma vie d'écrivain c'est suzanne aléa à l'époque elle dirige le département des droits
18:29étrangers de la fond aujourd'hui c'est une grande grande éditrice et agent littéraire et donc elle
18:37repère un manuscrit dans les livres qui vont être publiés parce qu'il n'est pas encore publié il
18:42est encore à l'état de manuscrit et elle y croit elle l'emmène à la foire de francfort elle a un
18:49fait un résumé en deux trois pages en anglais et là il y a son talent à elle et puis la chance
18:57que c'est l'histoire que le cinéma cherche à ce moment là donc il y a un engouement de la part
19:03de plusieurs studios dont dreamworks et et à son retour de la foire de francfort steven spielberg
19:10va nous appeler elle et moi pour dire qu'il veut adapter le roman au cinéma. Quand on débute et
19:16qu'on a steven spielberg au téléphone ça doit quand même représenter quelque chose Marc Lévy.
19:20Evidemment et en même temps c'est drôle parce que je garde le souvenir en fait je n'y croyais
19:27pas je ne j'avais l'impression que ça m'arrivait pas à moi je sais pas comment vous expliquer c'était
19:35tellement c'est tellement surréaliste alors faut se mettre dans le contexte le milieu d'édition n'a
19:43rien à voir avec le milieu du cinéma dans le milieu du cinéma il ya les flashs les caméras vous
19:47êtes tout de suite projeté sur le devant de la scène heureusement dans l'écriture ça n'est pas
19:52le cas mais mais mais j'arrivais je me disais ce n'est pas possible j'arrivais pas à y croire
20:00je ne sais pas possible pourquoi moi je comprenais pas je me souviens d'une conversation téléphonique
20:08où Spielberg me disait tout ce qu'il avait trouvé des patents dans mon bouquin et il y avait une
20:14petite voix au fond de moi il me disait mais il doit se tromper de bouquin ça ne va pas être le bon livre.
20:18Pourtant le film a été tourné à San Francisco et je sais que Reese Whiterspoon qui est la comédienne
20:24qui joue dedans en lisant votre scénario s'est souvenu qu'elle avait lu ce livre quelques temps
20:29plus tôt qu'elle l'avait retrouvé lors d'un déménagement en disant tiens ça fera un bon
20:32film. Ah oui écoutez c'est drôle. C'est drôle mais ça a été aussi le point de départ de votre carrière.
20:38Non alors oui et non c'est à dire que et si c'était vrai j'ai eu ce cette joie et cette
20:48surprise incroyable que et si c'était vrai deviennent un succès incroyable puisqu'ils
20:54ont été vendus plus de trois millions d'exemplaires de ce livre mais le livre c'est le livre existait
20:59avant le film le film il a mis cinq ans à se faire. C'est fou. Il est évident que le au départ
21:06le fait que Spielberg en ait acquis les droits a braqué les projecteurs sur la sortie de ce
21:13livre mais le succès s'est fait par le bouche à oreille c'est à dire que le livre a continué
21:20de être en tête des ventes pendant deux trois ans comme ça et c'est le bouche à oreille vous savez
21:28il y a des livres comme ça je me souviens il y a eu l'élégance du hérisson qui était comme ce qui
21:34était aussi comme ça un livre ou par le bouche à oreille il s'en est vendu deux ou trois millions
21:39d'exemplaires il y avait eu un roman d'Anna Gavalda qui avait rencontré comme ça un très grand succès
21:44populaire ça s'explique pas ça se fabrique pas ça se provoque pas c'est comme ça c'est un voilà
21:51quand ça vous arrive mais il est évident que Spielberg avait apporté un certain éclairage sur
22:04la sortie de ce livre. Alors ça c'était le point de départ mais il y a une autre date importante
22:09aussi dans un autre genre qu'on va évoquer dans quelques instants sur Sud Radio avec vous Marc
22:13Lévy le 11 janvier 2017 à tout de suite sur Sud Radio avec Marc Lévy. Sud Radio les clés d'une
22:20vie mon invité Marc Lévy nous parlerons tout à l'heure de ce 26e roman qui est un succès comme
22:28le précédent la librairie des livres interdits chez Robert Laffont Versiliau vous vous demandez
22:34ce que vous avez fait le 11 janvier 2017 et bien c'est la sortie de votre premier livre signé Marc
22:39Lévy avec Mac Donald pour un Happy Meal. Alors ça c'est une aventure aussi incroyable c'est à
22:46dire que vous avez fait des livres pour enfants qui ont été offerts avec un Happy Meal chez Mac
22:52Donald. C'est pas moi qui ai initié ça. C'est Alexandre Jardin. Voilà il faut rendre à César
22:57ce qui est à César c'est Alexandre Jardin qui a initié cette collection. Et elle se poursuit
23:03aujourd'hui je sais que mon succédé Catherine Pancol Virginie Grimaldi. Et quelques autres. Et
23:13là j'ai vu récemment je sais pas si c'est pas Agnès Lugand qui reprend ça en cette année. Bref.
23:18Mais c'est hallucinant parce que finalement on parle assez peu de ça et je crois je vais pas
23:24dire de bêtises mais je crois que moi j'ai fait deux collections et je crois que c'est près de
23:3418 millions de livres. Exactement oui dans ma famille mon fils a lu vos livres dans ses très
23:41jeunes années. Et ce truc c'est une initiative qui est extraordinaire parce que moi le grand
23:47paradoxe de ma profession c'est que dans ma profession tout le monde tout le monde dit
23:51oui les gens ne lisent plus les gens ne lisent plus on fait pas grand chose pour leur donner
23:55envie de lire. Le nombre d'émissions pour les livres à la télévision à la radio il n'y en a
24:01vraiment pas beaucoup et pour ne pas dire pas du tout et quand il y en a quelques unes bon c'est
24:08quand même sont des cercles très fermés donc on fait rien pour donner envie. Si on n'explique pas
24:15aujourd'hui à quelqu'un qui a 7 ans 8 ans 9 ans 10 ans et plus que tout le bonheur qu'il aura
24:22à s'asseoir à la terrasse d'un café avec un livre par rapport à s'asseoir à la terrasse d'un café
24:26avec un smartphone on n'y arrivera pas quoi. Si on fait croire à un enfant de 14 ans que s'il
24:32commence pas par lire Proust c'est un imbécile on n'y arrivera jamais les gens arrêteront de lire.
24:37Et ça cette initiative là elle est formidable parce qu'on a fait on a fait rentrer 18 millions
24:44de livres et principalement dans des foyers où les enfants ne lisent pas. Oui et c'était il y avait
24:49des histoires qui étaient inspirées des expressions de la langue française. Oui il y a eu 14 livres qui
24:55qui mettaient en compte une expression de la langue française et ça c'est très joyeux parce que c'est
25:02pareil c'est quand c'est un lien avec la langue c'est un lien d'intégration et de comprendre les
25:07idiomes d'une langue et il y en a eu d'autres sur des grands personnages et il y a une autre
25:12collection de 14 livres sur les grands personnages de l'idée enfin je crois que sur Cléopâtre j'avais
25:19fait Cléopâtre j'avais fait Magellan, Jules Verne etc etc. Et ça a marché pour les jeunes
25:28qui ont découvert la lecture. Vous avez aussi signé des BD, il y a eu des adaptations mais surtout
25:33je crois que Les Enfants de la liberté qui est un livre qui vous tenait très à coeur. Oui il a été
25:37adapté en BD et il sert énormément dans les classes ce livre. Vous voyez là il fait encore l'objet
25:44là pour le 80e anniversaire. Je dois aller à Toulouse au mois de mai parce que cette bande
25:51dessinée ainsi que le roman sont étudiés par des jeunes en université. C'est important
26:01c'est important de continuer à raconter ces histoires là parce que quand vous voyez la
26:08rapidité avec laquelle l'autocratie est en train de s'installer aux Etats-Unis, quand vous voyez
26:14les propos nazifiants d'Elon Musk, les propos nazifiants de Donald Trump, quand vous voyez
26:25la facilité avec laquelle les conservateurs embrassent et prennent à bras le corps les
26:35mêmes rhétoriques que celles qui ont amené les néo-fascistes au pouvoir puis les fascistes au
26:43pouvoir. L'histoire se répète en ce moment à une vitesse terrifiante et c'est dans les livres et
26:51dans l'humanité que l'on partage au travers des romans qu'on réveille les consciences.
27:00J'entends encore aujourd'hui des présentateurs, des gens à la télé ou à la radio qui ont perdu
27:07tout sens de la nuance et qui sont capables de dire qu'ils trouvent de bonnes choses chez un
27:15dictateur. Et si vous lisez par exemple les perles noires, vous savez de quoi je parle, qui est un
27:20recueil des coupures de presse parues juste avant la guerre et pendant la presse, dans la presse
27:24française, ça fait froid dans le dos parce que c'est les mêmes raisonnements et c'est la même
27:29ignorance du danger. Oui et en plus vos livres ont une caractéristique c'est beaucoup beaucoup de
27:34travail. Chaque livre que vous publiez ce sont des mois de recherche que vous faites tout seul
27:39parce que personne d'autre ne peut les faire et ensuite des mois d'écriture et de réécriture.
27:43Brel disait le génie ça n'existe pas, c'est le travail qui compte à 95%. Je crois que vous pourriez
27:50l'adopter comme devise. Oui oui, je suis sûr de ne pas être génial. Non mais j'en suis sûr, ça n'est
27:59que du travail. Du travail et sans faire du prosélytise, de l'amour. Je crois vraiment que
28:08c'est pas, comment vous dire, ça n'est pas un travail de besogneux, c'est un travail où on est
28:14vraiment emporté par un besoin d'aimer et par une envie d'aimer. Oui et puis encore une fois des
28:23recherches très difficiles parfois. Vous avez fait des voyages, vous avez travaillé des jours et des
28:27nuits pour que tout soit précis de l'écriture à la réécriture. Oui oui, c'est des voyages, c'est des
28:33recherches qui se mènent sur le terrain. Ce sont parfois des enquêtes, parfois des enquêtes complexes
28:40et puis parfois un terrain un peu bon. Quand j'ai écrit la symphonie des monstres, je me suis
28:47rendu en Ukraine en temps de guerre. Alors je ne suis pas allé sur la ligne de front. Enfin bon,
28:52pendant le moment où on était là, on est descendu plusieurs fois aux abris. Et puis il y a l'angoisse
28:57d'aller jusqu'au bout parce que quand on commence un livre, c'est des mois de travail. Est-ce qu'on
29:02va arriver jusqu'au bout ? Mais ça, je pense que cette peur-là, elle fait partie du désir. Quand
29:11vous rencontrez quelqu'un et que débute une histoire d'amour, vous avez peur du moment où
29:17elle risque de s'arrêter. Mais c'est cette peur aussi qui vous fait vous investir dans cette histoire
29:22d'amour et qui vous pousse à être vigilant et qui vous interdit la facilité parce que vous savez
29:31que ça peut s'arrêter. Donc cette incertitude de savoir si on va arriver, comment vous dire,
29:38c'est le doute de l'alpiniste. Vous escaladez une montagne, vous ne savez pas si vous allez
29:42arriver jusqu'au bout. Vous ne savez pas si vous n'allez pas dévisser, vous cassez la figure. Mais
29:47c'est aussi ce risque-là qui fait partie de l'excitation et du bonheur d'écrire. Et il se
29:55trouve aussi que vous vivez aujourd'hui aux Etats-Unis et je crois que le coup de foudre
29:58pour les Etats-Unis, que vous avez connu très jeune, vous le devez au roman de John Senbeck,
30:03Les raisins de la colère, Marc Lévy. Oui, c'est vrai. Quand je vous parlais du pouvoir des livres,
30:08je m'imagine qu'on en reparlera dans la dernière partie. Il a le pouvoir de nous faire entrer dans
30:17d'autres vies que les nôtres et de nous présenter des étrangers qui nous ressemblent. Et là où
30:28justement les terribles politiques du moment, les réseaux sociaux nous poussent à avoir peur de
30:38l'autre, à nous détester, à nous caricaturer. Le livre développe en nous l'extraordinaire douceur
30:50de la nuance, de la perspective, du recul, de la connaissance et de la recherche, du questionnement
30:58au lieu du jugement. Et vous savez, c'est terrible parce qu'en fait quand on juge, on croit comme ça
31:06qu'on se débarrasse facilement d'un point de vue, mais en fait le jugement ça vous pèse. Alors que
31:12le questionnement, ça vous soulève. C'est merveilleux le questionnement. Si vous vous posez
31:20une question par jour et que vous réfléchissez vraiment à cette question, vous ne pouvez plus
31:24jamais vous ennuyer. Et je parle d'une question simple, pas toujours compliquée. Et le roman,
31:30il provoque ça. Le roman nous met au contact de personnages. Alors quand mon père me dit à l'âge
31:36de 16 ans, tu devrais lire Les Raisins de la Colère. Je lis Les Raisins de la Colère et je
31:41rencontre une famille de migrants, de gens qui, à cause de la grande dépression, sont obligés de
31:47migrer pour sauver leur peau. Je rencontre le courage d'un père, la dignité dans la misère,
31:54la souffrance et cet esprit de liberté et des paysages que je ne connais pas.
32:01C'est comme ça que vous découvrez les Etats-Unis. Il faut savoir que Les Raisins de la Colère
32:05aujourd'hui figure à la dixième place dans la liste des 100 meilleurs romans de langue
32:09anglaise au XXe siècle. C'est un livre qui continue à vivre comme les vôtres. Alors
32:14il y a la littérature, mais il n'y a pas seulement la littérature chez vous. Écoutez.
32:18Pour toi Jennifer, et l'auteur c'est Marc Lévy. J'ai écrit trois chansons pour trois
32:32chanteurs que j'aime énormément. J'ai écrit une chanson pour Jennifer, j'ai écrit une chanson
32:39pour Grégory Lemarchal, que j'ai eu la chance de rencontrer et j'ai eu l'immense privilège de
32:45l'entendre chanter à l'Olympia. Ça c'était très émouvant, une chanson qui s'appelle « Je t'écris ».
32:51Et puis j'ai eu l'extraordinaire chance d'écrire une chanson pour Johnny Hallyday.
32:57T'aimais si mal.
32:58T'aimais si mal.
32:59Et c'est vrai qu'on n'écrit pas une chanson de la même façon qu'un roman de 300 pages, Marc Lévy.
33:04Non, ce qui est très compliqué quand on écrit une chanson, c'est que là où un roman vous
33:14offre 300 pages pour raconter une histoire, il faudra raconter une histoire en douze lignes.
33:18Mais j'ai adoré ça. Écrire une chanson, c'est quelque chose de magique parce que
33:27vos mots sont portés par la musique et par la voix d'une ou d'un artiste. C'est magique.
33:39J'ai pris plus de plaisir, je crois, à faire ces trois chansons qu'à voir mes romans adaptés.
33:49J'ai mon meilleur ami qui a adapté un de mes romans. Je sais qu'il va m'appeler en me disant merci.
33:54C'est vrai.
33:55Merci. Il va être furieux. Non, mais c'est vrai. C'est-à-dire que quand j'ai entendu que ce soit
34:02Jennifer ou Grégoque, c'était magique. Johnny, et puis Johnny.
34:08Mais beaucoup de romanciers ont fait des chansons. L'un des premiers à avoir fait des chansons,
34:12c'est Raymond Queneau qui a fait des chansons pour Gréco. Il se trouve que Gréco, vous l'avez
34:16connu dans votre enfance, Marc Lévy.
34:18Oui, je l'ai bien connu.
34:19Il est très aimé avec votre père, je crois.
34:21Non, Gréco était, Piccoli était, pour ainsi dire, le frère de papa.
34:27Ils ont passé leur vie ensemble et pendant une petite période de la vie de Piccoli,
34:33il était marié à Gréco. Donc, on voyait beaucoup Juliette Gréco.
34:37Puis après, la vraie vie de Michel Piccoli, elle s'est faite avec une femme extraordinaire
34:43que j'aime profondément, qui est son épouse, qui a été l'épouse de la femme de sa vie,
34:47toute sa vie, qui est Ludivine. Mais dans ma très jeune enfance, j'ai bien connu Juliette Gréco.
34:55Vous avez un souvenir le dimanche, je crois, où elle faisait du tir à la carabine.
34:58Oui, disons que vous avez vos sources. Oui, elle était très rock'n'roll quand même, Gréco.
35:04Donc, elle portait des grandes cuissardes à l'américaine, vous savez, ces grandes cuissardes
35:07en cuir, comme ça. Et elle avait un caniche qui s'appelait Léon, qui était assez rigolo.
35:14Moi, j'adorais les chiens, on en avait, bon, bref. Et j'allais passer de temps en temps le
35:21week-end à la campagne chez eux et elle tirait à la carabine. Et donc, elle m'emmenait, j'étais
35:26gamin, elle m'emmenait, elle m'apprenait à tirer à la carabine. Donc, vous imaginez,
35:29pour un gamin de 6, 7 ans, c'était un truc de fou. En tout cas, ça, c'était le passé,
35:34le présent. C'est un livre qu'on va évoquer à travers la date de sa sortie, le 19 novembre 2024.
35:40À tout de suite sur Sud Radio avec Marc Lévy. Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
35:45Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Marc Lévy, invité exceptionnel parce que je sais que
35:50vous êtes peu en France, vous êtes surtout aux Etats-Unis. Et donc, le 19 novembre 2024 est
35:55sortie La Librairie des Livres Interdits, votre 26e roman qui est un roman qui débute avec un
36:02libraire qui a passé cinq ans en prison, qui sort et qui va se retrouver devant un dilemme,
36:07Marc Lévy. Oui, alors, on va faire le pitch. Mitch est un libraire qui vit dans un pays où
36:17les pouvoirs publics ont banni un certain nombre de livres et lui, il n'a pas pu se résoudre à
36:24retirer de ses étagères et à faire disparaître des livres qui lui sont chers au cœur et au corps.
36:29Et donc, il est arrêté par la police et il est condamné à cinq ans de prison. Et le jour de sa
36:35sortie de prison, il lui arrive deux choses assez extraordinaires. La première, c'est qu'il va
36:45croiser la route du procureur qui l'a fait condamner et Mitch, qui est plutôt d'une nature
36:49tranquille, va être pris d'un sentiment qu'il n'a jamais connu jusque là et qui est une
36:55irrépressible envie de vengeance. Mais le même jour, en rentrant chez lui, le train s'arrête en
37:01pleine voie. Il voit par la vitre du train, à la fenêtre d'un pavillon, une femme en train de lire
37:06un livre et il reconnaît à la couverture de ce livre un des livres qui sont interdits. Et il a
37:12un coup de foot pour cette femme. Et donc, dans la même journée, ce libraire entré en résistance
37:18est traversé par deux sentiments extrêmement opposés, une irrépressible envie d'aimer et une
37:25irrésistible envie de vengeance. Et mener les deux de front va être un petit peu compliqué.
37:30Il y en a pour 300 pages qu'on ne peut pas lâcher du début à la fin. C'est une sorte de débat
37:34cornélien. Et comme d'habitude, c'est des livres qu'on commence et qu'on ne peut pas finir. On ne
37:38dort pas jusqu'à la fin, jusqu'à la dernière page. Alors, il faut dire que l'idée est née d'une histoire
37:44vraie, d'une loi, la loi HB 1967, qui vous a marqué aux Etats-Unis et qui a été le déclic, Marc Lévy.
37:51Oui, parce qu'il y a deux ans, j'apprends la promulgation par le gouverneur de Floride, Ron De Santis,
37:57qui est un républicain conservateur très proche de Donald Trump. Et donc, il fait voter une loi
38:04qui a pour effet de bannir un certain nombre de livres des bibliothèques scolaires. Et la loi,
38:12dans ses excès, va jusqu'à interdire aux bibliothèques publiques d'avoir ces livres
38:17dans des rayons qui sont accessibles aux mineurs. Et parmi les livres qui sont bannis, se trouve le
38:23journal d'Anne Frank, l'œuvre de Tony Morrison, l'œuvre de Steinbeck, Les raisins de la colère,
38:28et bien entendu Fahrenheit 451, 1984, etc. Au moment où nous nous parlons, 10 000 livres ont
38:36été interdits dans les états républicains conservateurs. Alors, ce qui m'interroge, c'est
38:42que je me dis, mais pourquoi est-ce qu'ils ont banni ces livres ? Pourquoi est-ce qu'ils interdisent
38:45ces livres aux enfants ? Et le paradoxe, c'est qu'au même moment, s'ouvre enfin aux Etats-Unis
38:49un débat pour que, non, pour qu'on interdise le port d'armes, mais pour qu'au moins on interdise
38:56l'achat facile de fusillés semi-automatiques avec chargeurs étendus, et le même gouverneur
39:01s'y oppose farouchement au nom de la liberté. Et donc, ce type est capable, dans la même journée,
39:08de dire à ses électeurs, écoutez, je vais interdire aux enfants de lire, mais je ne vais
39:13pas interdire aux tueurs et aux gens d'avoir des armes semi-automatiques qui peuvent tuer
39:18vos enfants. Et pourtant, le prétexte invoqué dans les deux cas est celui de protéger les
39:24enfants. Et donc, ça m'a tout de suite interpellé, je me suis dit, mais comment se fait-il qu'un
39:28petit autocrate, parce que c'est vraiment un petit autocrate, ait plus peur d'un livre que
39:33d'un fusil mitrailleur ? Et on revient à ce que je vous disais tout à l'heure, c'est-à-dire que
39:42je crois qu'on ne parle pas assez de l'extraordinaire pouvoir des livres, du pouvoir en société des
39:50livres et de ce que le livre nous apporte. Et comme les autocrates et les dictateurs ne peuvent
39:56ne peuvent bâtir leur dictature et leurs autocraties que sur le terreau de la peur et
40:04de l'ignorance, il est évident que le livre, le livre qui a cette formidable vocation à nous rassurer,
40:11à nous rapprocher les uns des autres, à nous faire nous connaître, à nous faire nous aimer au lieu
40:15de nous détester, eh bien le livre les terrorise parce qu'ils ne peuvent rien faire contre le livre.
40:20Et d'ailleurs dans le livre, dans votre roman, à la fin du livre, il y a une sélection de livres
40:26interdits dans ces bibliothèques aux Etats-Unis. Il y a des Odyssées, on ne sait même pas si Homer
40:31l'a lu, 1984, il n'y a aucune raison d'interdire ces livres, Marc Lévy.
40:35Non, il y a un obscurantisme et vous savez, maintenant, ils interdisent les manuels de
40:39sens naturel où il y a une représentation du corps humain.
40:41Oui, carrément. Vous avez créé une blague au départ quand vous avez vu ça.
40:46Non, je n'ai pas créé une blague parce qu'on parlait tout à l'heure de l'histoire de mon
40:51père, de son frère et des copains de cette époque et que je n'ai pas créé une blague parce que j'ai
40:56été éduqué sur la façon dont les dictatures s'installent et la force des dictatures, c'est
41:03que pendant très longtemps, personne n'y croit et quand on finit par y croire, il est souvent trop tard.
41:09Et dans ce livre, en filigrane dans ce roman, on comprend que le livre est d'autant plus
41:13important face aux réseaux sociaux et aux soi-disant spécialistes qui interviennent
41:17aujourd'hui sur toutes les antennes.
41:18Je crois que tout est une question d'époque. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on commence
41:24à comprendre de façon assez instinctive et assez évidente que la nourriture industrielle
41:34a des effets bien plus dévastateurs qu'on ne voulait le croire jusque-là.
41:38Moi, ça fait des années que, depuis que j'ai commencé à écrire la trilogie des neufs,
41:42que j'essaye de partager une information sur la toxicité des réseaux sociaux et le poison
41:52que ça représente.
41:53Alors, quand aujourd'hui, on voit Musk se révéler, le patron de Twitter se révéler
41:59au grand jour, quand on voit le patron de Facebook se révéler au grand jour, on commence
42:04à un peu plus comprendre.
42:05Ce sont des réseaux qui ont développé des algorithmes pour fliquer les gens, pour voler
42:15leur vie privée aux gens.
42:16Ce sont des dirigeants qui n'ont cessé de mentir.
42:20Je crois que dans l'histoire des milliardaires qui ont empoisonné le monde, ce sera très
42:35très difficile d'égaler la toxicité de Zuckerberg et d'Elon Musk.
42:40Vous avez vous-même essayé Twitter et puis vous avez vite arrêté, Marc Lévy.
42:44Non, non, je n'ai pas essayé, j'ai vite arrêté.
42:46Moi, pour avoir travaillé dans l'informatique, quand j'ai écrit le premier tome de la trilogie
42:54des Neuf qui s'appelait « C'est arrivé la nuit », j'ai expliqué dans mes bouquins
42:58il y a cinq ans qu'un groupe de milliardaires et d'oligarches, après s'être acheté,
43:05s'être approprié les grands pans des économies des pays, allait grâce aux réseaux sociaux
43:12et grâce à la désinformation acheter les pays et devenir propriétaire des pays.
43:17C'est exactement ce qu'Elon Musk vient de faire.
43:20Elon Musk s'est acheté les États-Unis avec la complicité d'un autocrate qui est Donald
43:24Trump et la complicité des Zuckerberg et des autres.
43:28On n'est pas là pour faire le procès des réseaux sociaux, mais vous voyez par exemple
43:35les comptes privés sur Instagram, ça n'existe pas, ça n'existe pas un compte privé sur
43:40Instagram.
43:41Bref, on en parlera un autre jour.
43:43Le roman, le livre, la musique, la danse, la sculpture, les arts sont l'antidote du
43:52poison des réseaux sociaux.
43:53Les réseaux sociaux sont les outils de la dictature.
43:56Mais dans ce livre justement, votre personnage, votre héros se bat pour la défense du livre
44:02en permanence.
44:03Bien évidemment, puisque c'est un libraire qui est entré en résistance.
44:06Je crois beaucoup à la résistance individuelle.
44:08Quand la résistance s'est formée, en 1942, entrer dans la résistance en pensant qu'on
44:20allait défaire l'Allemagne nazie, il fallait beaucoup, beaucoup d'optimisme et beaucoup
44:24d'utopie.
44:25Et ils y sont arrivés.
44:27Et en même temps, ce qui vous rassure depuis la sortie de ce livre, Marc Lévy, c'est le
44:31courrier que vous recevez avec des gens qui écrivent tout haut ce qu'ils pensaient tout
44:36bas.
44:37Oui, mais parce qu'encore une fois, le lien qu'on entretient avec un livre est un lien
44:46suffisamment fort et le temps que l'on s'accorde en lisant et la nuance, quand vous écrivez
44:55quelqu'un, quand vous êtes sur le fil d'un réseau social, vous avez exactement le même
45:01algorithme que quand vous êtes dans les embouteillages.
45:04Vous voyez cette espèce de folie, de colère qui vous anime parce que vous êtes coincé,
45:10parce que vous êtes enfermé, parce que tout va vite, parce qu'il faut absolument avoir
45:13donné son insulte et avoir exprimé sa colère avant que le feu passe au vert.
45:17Et ce même comportement fou que vous avez en tant qu'automobiliste ou cycliste dans
45:23la circulation, vous ne l'avez plus quand vous êtes chez vous.
45:25Vous ne l'avez plus au bureau, parce que vous avez le temps, vous avez le temps de
45:29la nuance.
45:30C'est pour ça que vous êtes vous-même un solitaire qui écrit beaucoup et qui s'enferme
45:36pour écrire.
45:37C'est parce que, encore une fois, c'est ce que je vous disais tout à l'heure, je pense
45:43qu'on est beaucoup plus heureux en aimant qu'en haïssant.
45:45D'ailleurs, le pouvoir du livre, vous l'avez compris grâce à votre père qui, lui, aimait
45:50les livres et vous avez eu ce goût du livre, mais pas des intellectuels qui racontent
45:55n'importe quoi et qui n'ont pas vraiment lu un livre.
45:58Il ne s'agit pas d'opposer les uns aux autres.
46:00Très jeune, je parlais beaucoup de livres avec mon père, dans mon enfance, parce que
46:14c'était son métier.
46:15Et il y avait une phrase de papa qui m'avait beaucoup éclairé, où il m'avait dit, tu
46:18vois, dans les milieux littéraires, on parle beaucoup des livres, mais on ne parle jamais
46:22de la raison d'un livre.
46:23À quoi sert un livre ? À quoi sert-il ?
46:26Et si vous me posez la question aujourd'hui, qu'est-ce qu'un bon livre ou un mauvais livre ?
46:31Moi, la seule réponse que j'ai trouvée, c'est qu'un bon livre, c'est un livre qui
46:36vous donne envie d'en lire un autre.
46:37Et un mauvais livre, c'est un livre qui vous dégoûte d'en lire un autre.
46:44Ce qui veut dire quoi ? Ce qui veut dire que ce qui va être pour vous un bon livre n'est
46:50pas nécessairement ce qui sera pour moi un bon livre et ça n'a aucune importance.
46:54Parce que le propos même de la culture, c'est d'être fier de sa diversité.
47:03Ça ne sert à rien, vous voyez, de jouer au libéral qui apprécie la diversité si
47:12dans sa propre chapelle, on ne tolère pas la diversité.
47:15À l'époque où mon premier roman est sorti, c'était la grande époque des Harry Potter.
47:24Alors, qu'est-ce qu'on entendait sur Harry Potter en disant Harry Potter, ce n'est pas
47:27de la littérature, ce n'est pas des livres, ce n'est pas des machins ? La plupart des
47:30gens d'ailleurs qui crachaient sur Harry Potter n'en avaient jamais lu un.
47:33Mais J.K.
47:34Rowland a amené des dizaines de millions d'enfants à lire et à aimer lire.
47:41Mais ce qu'il y a aussi dans ce livre, Marc Lévis, c'est très important parce qu'il
47:45y a effectivement ce que vous dénoncez, mais il y a le romantisme, car le romantisme est
47:49toujours présent et dans un livre, ce sont des moments très essentiels.
47:53Alors ça, ce n'est pas un calcul, c'est parce que c'est ma nature, c'est la musique
48:01que j'ai dans ma tête.
48:02Je l'assume, aujourd'hui, c'était plus dur quand j'étais jeune, mais j'ai toujours
48:08été un romantique.
48:09Mais on en a besoin aujourd'hui, y compris dans les livres.
48:13En tout cas, moi, je n'avais pas le choix, c'est-à-dire que le romantisme, c'est le
48:19langage de la pudeur et si on n'est plus dit qu'on n'a pas le choix, on survit grâce
48:27au romantisme, grâce justement à ce temps qu'il nous accorde, grâce à ce temps qu'il
48:35nous donne pour combattre la pudeur et aller au devant de l'autre ou à côté de l'autre.
48:42Donc le romantisme, pour moi, c'était une obligation, c'était vital, c'était une
48:46nécessité.
48:47Je ne savais pas parler autrement.
48:48Alors, dans certains milieux, ça vous met en décalage, mais c'est marrant, j'ai toujours
48:54voulu croire, j'ai toujours eu la négativité de croire que même ceux qui jouaient au gros
48:57macho ou à la dure, en fait, cachaient ce potentiel d'être détendre aussi.
49:10Je crois qu'il y a l'attitude et il y a ce qu'on est vraiment au fond de soi et dans
49:20la formidable magie du livre, parce qu'on est seul quand on lit un livre et donc on
49:25n'a pas besoin de paraître, on n'a pas de réaction commune quand vous êtes dans une
49:30salle de cinéma et que toute la salle rigole, si vous ne rigolez pas, vous vous sentez un
49:33peu en décalage avec le reste, alors que quand vous lisez un livre, il n'y a pas d'interaction
49:41avec l'extérieur.
49:42Et je crois que ce livre, le livre, je ne parle pas des miens, je parle du livre en
49:46général.
49:47Le livre a cette formidable capacité de nous faire comprendre qu'on n'est pas seul, que
49:56ce que l'on ressent, que nos blessures, elles existent chez les autres et que ces autres-là
50:04ont survécu et donc qu'on va survivre à ces blessures.
50:06Et le livre devient un ami extraordinaire dans tellement de cas, mais dans tellement
50:16de cas.
50:17Le simple fait dans un livre de rencontrer un personnage qui vous répond, qui répond
50:23aux questions que vous vous posez, qui partage les mêmes fragilités que celles qui sont
50:29les vôtres.
50:30Mais c'est déjà un océan, c'est immense.
50:36En tout cas, cette librairie des livres interdits, je suis sûr que ce ne sera pas un livre interdit,
50:41bien au contraire, puisque je sais déjà que c'est un succès comme d'habitude et
50:44que c'est même le genre de livre qui nous font du bien et qui devrait être remboursé
50:47par la sécurité sociale.
50:49Ce serait formidable.
50:51Ne rêvons pas, ce sera peut-être le sujet d'un prochain livre.
50:53Vous continuez bien entendu à écrire.
50:54Mais remarquez, en France, on a beaucoup de chance parce que le pass culture, c'est un
50:58peu ça.
50:59Exactement.
51:00Non, mais on ne se rend pas compte de la chance qu'on a.
51:01Vous vous rendez compte qu'alors qu'aux Etats-Unis, on interdit les livres dans les bibliothèques,
51:05en France, on a un pass culture.
51:06Moi, ça m'émerveille quand je vois ça, donc c'est pas remboursé par la sécurité
51:14sociale, mais on a quand même cette extraordinaire chance en France d'avoir cette conscience
51:18de la culture et du rôle sociétal de la culture.
51:21Et c'est pour ça que moi, je me bats pour que la culture ne soit pas le...
51:25Continuez ainsi, ne changez rien.
51:30Nous, on a eu la chance de vous avoir aujourd'hui au micro de Sud Radio.
51:32Et dans un prochain voyage, vous revenez quand vous voulez parce qu'on a tellement de choses
51:35à raconter ensemble.
51:36Promis.
51:37Merci de m'avoir invité.
51:38Merci à vous, les librairies des livres intelligents.
51:40Je le rappelle, c'est chez Robert Laffont, Versillaux.
51:42Merci, Marc Lévy.
51:43A très bientôt.
51:44L'Écriture d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
51:45On se retrouve bientôt.
51:46Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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