• avant-hier
Lundi 16 décembre 2024, SMART IMPACT reçoit Eytan Levi (Cofondateur, Roofscapes) , Georges Basdevant (Cofondateur, Dift) , Thomas Parouty (fondateur, agence Mieux) et JR a’Weng (Directeur général, Cop1)

Category

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif.
00:13Voici le sommaire. Mon invité, c'est Thomas Parouty, le fondateur de l'agence MIEUX,
00:18agence de conseil en communication experte des enjeux RSE.
00:22On verra comment rendre la transition écologique désirable.
00:25Dans notre débat, on va parler de la lutte contre la précarité étudiante.
00:2920% des étudiants français ont déjà eu recours à l'aide alimentaire.
00:33Vous verrez que ce phénomène touche aussi beaucoup d'autres activités, cultures, sports ou encore accès aux droits.
00:39Et puis dans notre rubrique consacré aux startups, je vais vous présenter Roofscapes,
00:44qui transforment les toits en pente en terrasses accessibles et végétalisées.
00:49Communication, lutte contre la précarité, bâtiments, trois univers, 30 minutes pour les explorer.
00:54C'est parti.
01:01L'invité de Smart Impact, c'est Thomas Parouty, bonjour.
01:05Bonjour.
01:05Vous retrouvez sur ce plateau le fondateur de l'agence MIEUX, agence de conseil en communication,
01:10qui est experte de ces enjeux RSE, responsabilité sociale, sociétale et environnementale des entreprises.
01:16Vous l'avez créé en 2009, 15 ans. J'imagine que vous n'étiez pas très nombreux sur ce créneau.
01:21Non, on n'était pas nombreux côté agence, on n'était pas très nombreux non plus côté des annonceurs.
01:27Il n'y avait pas beaucoup d'entreprises qui parlaient de ces sujets-là.
01:30Moi, j'ai commencé à travailler sur ces problématiques à peu près en 2005-2006.
01:34J'avais lancé une grande enquête pour un de nos clients sur la gestion de flotte et les enjeux de développement durable.
01:40Et ça avait passionné tout le monde, ça avait passionné les équipes de mon client, ça avait passionné mon équipe.
01:46Et on avait eu plein de retours et c'était une sorte d'effervescence.
01:50Et tout le monde se disait, tiens, on peut faire du business peut-être autrement.
01:53Et donc, du coup, je me suis dit en 2009, il faut absolument qu'il y ait une agence experte sur ces sujets-là.
01:58Donc, j'ai créé en 2009, j'ai essayé de trouver des clients plutôt sur des sujets énergie ou bâtiment au départ.
02:05Et ça s'est développé petit à petit. Mais c'est vrai que les dix premières années, c'était plutôt calme.
02:09Alors aujourd'hui, tout le monde s'engage, ce qui est une très bonne nouvelle.
02:12Sauf que ce n'est pas si simple de faire le tri entre les actions réelles et le greenwashing.
02:17Est-ce que ça vous arrive de refuser des clients ? Ou alors est-ce que vous vous dites, non, il y a toujours moyen de les pousser, de les accompagner ?
02:24Alors, par principe, on essaie de travailler avec tout le monde, avec tous les secteurs.
02:28Et ce qui est intéressant quand on est du côté conseil, c'est qu'on voit certains secteurs arriver.
02:33On a vu le luxe arriver il y a trois, quatre ans. On a vu la pharma arriver il y a deux ans à peu près.
02:38Aujourd'hui, il y a un sujet sur le textile prêt-à-porter qui vit une vraie crise et qui se dit, tiens, est-ce que je ne peux pas shifter, me repositionner ?
02:45Donc, on voit de plus en plus de secteurs. Et globalement, aujourd'hui, tous les secteurs d'activité sont engagés.
02:51Évidemment, traditionnellement, il y a l'immobilier, il y a l'énergie, la mobilité des sujets comme ça. Mais là, on voit à peu près tous les secteurs qui y vont.
02:57Mais je vous pose la question parce que la pub a parfois, et je ne dis pas que c'est certainement moindre aujourd'hui, mais a parfois été l'outil du greenwashing.
03:05Clairement. Et globalement, j'ai envie de dire que tous ceux qui ont raconté des histoires depuis 70 ans, on a quand même créé une culture qui est une culture de la consommation.
03:14Quand on parle de notre société, c'est qu'est-ce que tu fais ce week-end ? Je vais aller chez Westfield acheter un truc. T'as besoin de quelque chose ? Non, mais je vais bien trouver un truc à acheter.
03:23Donc, en fait, la volonté de chacun, c'est d'aller acheter. Et pour revenir sur la question du renoncement, oui, on renonce à des clients, soit parce qu'ils ne peuvent pas changer.
03:34Je fabrique des OGM et je fabriquerai encore des OGM dans 10 ans. Mais il y a d'autres clients qui nous posent des questions où on voit bien que ce n'est pas leur enjeu principal.
03:43C'est la recyclabilité du packaging, alors qu'en fait, il y a un problème en amont sur les relations avec le monde agricole, par exemple.
03:50Donc, on refuse des clients comme ça ou alors on refuse des clients qui ont un éléphant dans la pièce.
03:55Je suis une entreprise de BTP. J'ai un projet qui est devenu une ZAD et je veux faire une communication sur la marque employeur parce que j'ai du mal à recruter.
04:06Oui, évidemment. Et donc, est-ce que je peux faire une communication de marque employeur ? Mais là, on leur dit non, ce n'est pas possible.
04:12Il faut d'abord traiter ce problème-là qui est le problème premier et essentiel.
04:15Et alors, ce qui est intéressant, Thomas Parodi, c'est que ça va finalement au-delà de la communication.
04:20C'est-à-dire que vous finissez par rentrer un peu dans le modèle des entreprises que vous accompagnez et peut-être même de les inciter à le faire évoluer, ce modèle ?
04:28Tout à fait. Par exemple, là, en ce moment, on est en train de faire une mission qui est la création d'un éco-score pour l'industriel.
04:35Donc, on va regarder quels sont les éléments qui font la durabilité du produit et quelle est l'importance de chaque critère.
04:42On va pondérer chaque critère, etc. On arrive avec un éco-score à la fin, une note de 0 à 100.
04:49On coupe en cinq tranches, ABCDE. Et en fait, les directeurs marketing qui ont des produits D et E, en fait, ils voient bien qu'il y a un problème et ils vont transformer leurs produits.
04:58Ils vont innover pour décarboner, par exemple, certains produits parce qu'ils ont 5% de leur chiffre d'affaires qui fait 20% de leur GES.
05:06Donc, ça, il faut vite arrêter. Voilà. C'est aussi l'exemple assez connu maintenant de Mustela qui a dit on arrête les lingettes en 2027 parce qu'il y a un problème de recyclabilité.
05:16Et le fait de renoncer, et c'est ça ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, ça crée un coup de projecteur sur la marque.
05:23Ça amène des nouveaux clients. Ça crée de la rentabilité. Donc, arrêter de vendre certains produits, ça augmente le chiffre d'affaires, ce qui est totalement contre-intuitif.
05:32– Alors, on se pose la question, c'est ce que je disais dans les titres, comment rendre cette transition environnementale désirable ?
05:39Ça passe par quoi ? Ça passe par des nouvelles idées, par de l'innovation ?
05:42– Alors, ça passe par des nouveaux récits. Ça passe par de l'exemplarité, du comité de direction.
05:51Il y a de plus en plus de collectifs dans les entreprises. Et on voit bien qu'il y a des collectifs d'entreprises, de salariés qui ont envie de pousser à la transformation de l'entreprise.
06:01Et pour revenir sur les nouveaux récits, en fait, c'est des nouvelles façons de raconter les histoires.
06:05C'est-à-dire que pendant très longtemps, il y avait un problème. Heureusement, il y avait une solution qui était le produit, les pubs Procter des années 80-90.
06:13Mon T-shirt est dégueulasse parce qu'il y a à la fois de la boue, du Nutella, etc.
06:18Et en fait, on le met à la machine et oh magie, ça y est, c'est résolu.
06:22Là, aujourd'hui, il faut casser les formats, il faut casser les codes, il faut être beaucoup plus disruptif.
06:27Il faut inventer des nouvelles histoires, faire intervenir une plus grande diversité de personnes.
06:32Et il faut aller à l'encontre des intuitions aussi.
06:35C'est-à-dire qu'une façon de raconter les histoires maintenant, c'est de s'appuyer sur des collectifs, des gens exemplaires, etc.
06:43Mais s'appuyer aussi sur des nouveaux leviers. Les gens ont envie de partager des moments.
06:49Et je crois qu'en fait, quand on interroge les gens, ils n'ont pas envie de consommer.
06:54Ils ont envie d'être heureux, d'être ensemble, d'être heureux, d'être amoureux.
06:59Maintenant, dans les études, on commence à apercevoir un certain pourcentage de la société qui est fier de moins consommer.
07:07Donc on voit bien qu'on ne peut pas être dans la consommation permanente.
07:10Et donc, il faut raconter des nouvelles histoires.
07:12Moi, je suis un fan de documentaires. Je pense qu'il y a plein d'entreprises, pour faire la pédagogie de ce qu'elles font,
07:17qui devraient faire plus de documentaires, un peu long format.
07:20Et je pense qu'il faut dire la vérité, en fait.
07:22Et la pub a toujours un peu transformé la vérité.
07:25Et je crois qu'il faut qu'on revienne à « voilà ce que je suis, voilà les défauts que j'ai ».
07:29Oui, assumer ses défauts, montrer qu'on est finalement sur une tendance, un chemin, et ça peut suffire.
07:35On travaille par exemple avec Decathlon.
07:37On a fait une campagne avec eux qui disait « on n'est pas parfait, mais on essaie de faire de notre mieux ».
07:41Et en fait, ils expliquaient leur point d'amélioration.
07:44Alors, ils n'ont pas tout raconté, mais en fait, aujourd'hui, je crois qu'il est venu le temps de dire
07:50« voilà, on est bon là-dessus, là-dessus, là-dessus, on est moins bon là-dessus ».
07:53Et la franchise et l'honnêteté est la première des qualités.
07:56Mais, on l'a bien vu aux dernières élections européennes,
07:59tous les électeurs français ou européens ne sont pas fans des sacrifices.
08:05Et là, je reste sur l'ancien discours lié à la transformation écologique ou environnementale.
08:09Il y a ceux qui ne veulent rien changer à leurs habitudes.
08:11Donc, ça suppose pour des marques d'accepter de renoncer à certains clients aussi,
08:17quitte à en gagner d'autres, plus nombreux ou en tout cas plus fidèles.
08:22Oui, mais il y a un exemple, par exemple, il y a une banque en Australie
08:27qui s'appelle Bank Australia qui est une coopérative
08:30et qui a décidé d'arrêter de financer l'achat de véhicules thermiques.
08:37Donc, évidemment, ils ont perdu quelques clients,
08:39mais certains de leurs clients sont passés sur le hybride ou l'électrique
08:42et il y a plein de nouveaux clients qui sont arrivés.
08:44Donc, ça veut dire que les renoncements sont positifs
08:47et les nouvelles histoires comme ça sont hyper intéressantes
08:50parce qu'elles apportent un coup de projecteur vachement intéressant.
08:53Alors, vous êtes au cœur de ces enjeux de RSE et donc, j'imagine, de la CSRD,
08:59de ce bilan extra-financier qui s'impose petit à petit aux entreprises des plus grandes,
09:03aux PME cotées.
09:06Vous y voyez un accélérateur de ce changement, mais peut-être aussi du récit ?
09:11Aujourd'hui, le problème de la CSRD, c'est que c'est vu comme une réglementation imposée.
09:15Beaucoup de commexes la voient comme ça
09:17et pas tellement comme une opportunité extraordinaire d'avoir 1176 data points
09:21qui vont nous permettre de mesurer et d'innover.
09:24C'est-à-dire qu'à partir du moment où on a tous ces chiffres-là,
09:27en fait, on sait comment progresser.
09:29Un peu comme Youka nous a donné des infos sur les produits
09:32et que du coup, Intermarché a changé 850 formules agroalimentaires,
09:36mais de la même façon, la CSRD va nous permettre de faire de l'innovation produit.
09:40Et ça, c'est une super bonne nouvelle parce qu'on va pouvoir mesurer le point de départ
09:45et les différentes étapes qu'il y aura après.
09:48Et d'ailleurs, nous, on voit bien qu'on travaille de moins en moins sur des sujets comme Corporate
09:52et de plus en plus sur des sujets comme produits.
09:55Là, récemment, on a lancé un produit Saforel, un produit d'hygiène
09:59qui était au départ en plastique avec beaucoup d'eau et un peu de formule magique.
10:03Et petit à petit, ils sont passés sur une gourde en alu qu'on peut garder 10 ans
10:06avec un peu de formule magique qu'on met dans la gourde.
10:09On met de l'eau du robinet et du coup, ça évite de déplacer du plastique et de l'eau
10:13et tout le monde est content.
10:14Donc, il y a de plus en plus d'innovation produit et donc de comme produit.
10:17Et ça, c'est quand même la bonne nouvelle.
10:19C'est qu'on est vraiment sur le dur, sur le modèle d'affaires.
10:22Il va falloir faire des lancements comme ça fréquemment.
10:25Et c'est comme ça qu'on va réussir à transformer petit à petit.
10:28On ne réussira pas tout le temps.
10:30Mais c'est ces lancements qui vont permettre de changer un peu le business.
10:33Un dernier mot sur ce qu'on appelle une entreprise à visée régénératrice.
10:37Parce que parfois, quand je parle de RSE, j'ai face à moi des gens qui me disent
10:40« Oh, c'est un peu vieillot ces trois lettres RSE, il faut inventer autre chose. »
10:44Est-ce qu'on est dans la com' quand on parle d'une entreprise à visée régénératrice
10:47ou est-ce qu'il y a vraiment du fond ?
10:49Alors, l'RSE, c'est souvent limiter les impacts négatifs.
10:52Avec le régénératif, ce qu'il y a d'intéressant, c'est qu'on va vers du positif.
10:56Pendant très longtemps, les dernières années, on disait
10:58« Je veux être net zéro, je veux décarboner. »
11:01On était dans le négatif.
11:02Il y a des chercheurs de l'université de Maastricht en sociologie
11:06qui ont parlé de l'asymétrie de l'anticipation.
11:09C'est-à-dire, je veux quelque chose de positif.
11:11Donc ça, c'est le premier point, c'est hyper positif.
11:13Après, le régénératif, qu'est-ce que c'est ?
11:15En fait, c'est comment on va dans le donut tous.
11:18On connaît le donut à titre individuel et les entreprises aussi doivent se rapprocher du donut,
11:23se limiter à ce qui existe.
11:28Donc, c'est un nouveau projet, c'est hyper intéressant.
11:31On aura peut-être l'occasion d'en reparler.
11:32Écoutez, pourquoi pas.
11:33Merci beaucoup Thomas Paroutier.
11:35A bientôt sur BeSmart.
11:37On passe tout de suite à notre débat, la précarité étudiante au programme.
11:45On parle de précarité étudiante dans notre débat avec Gilles Ravin.
11:50Bonjour.
11:51Vous êtes le directeur général de COP1.
11:53Georges Badevin, bonjour.
11:54Bonjour.
11:55Fondateur de DIF, ce qu'on reçoit régulièrement dans cette émission.
11:58COP1, en quelques mots, c'est une association, c'est ça ?
12:00En quelques mots, je vais essayer de faire rapide.
12:02On est une association qui aide les étudiants.
12:05C'est une aide par les pairs, donc c'est par et pour les étudiants.
12:07On est présent dans toute la France, dans les territoires ultramarins également.
12:11On fait chaque semaine des distributions alimentaires,
12:15de paniers, de fruits et légumes, de produits secs,
12:17de produits d'hygiène, tout ce dont on a besoin dans une semaine.
12:20Mais on fait également des sorties sportives, des sorties culturelles,
12:23des repas partagés.
12:25On vient d'ouvrir un restaurant dans le sud de Paris.
12:27On a un festival, tout un tas d'activités qui permettent de parler
12:31de ces sujets de précarité étudiante et de pauvreté de la jeunesse.
12:34Mais qui permettent aussi aux jeunes de briser les barrières
12:39et de créer un lien social parce que le sujet fondamental maintenant,
12:42c'est que les jeunes sont seuls et se sentent seuls.
12:44Oui, la solitude. Et effectivement, on ne parle pas que de précarité alimentaire
12:48parce que souvent, on a tendance à réduire la précarité étudiante
12:50à la précarité alimentaire.
12:52Georges Badevent, vous venez régulièrement nous présenter
12:54des associations que vous et vos clients accompagnent.
12:58On va quand même rappeler en quelques mots le principe de DIFT.
13:01Oui, DIFT, c'est une plateforme qui va permettre aux entreprises
13:04de soutenir des causes et des associations d'intérêt général comme Copain
13:08en impliquant leurs clients et leurs collaborateurs dans le choix de ces causes.
13:12Et donc, ça va par exemple, dans ces périodes de Noël,
13:15remplacer des cadeaux d'entreprise.
13:17Une marque va pouvoir offrir un DIFT de 50 euros, de 100 euros par partenaire
13:22que ce partenaire va pouvoir choisir à la cause de son choix
13:24parmi un catalogue d'options et notamment…
13:26C'est ça, on choisit l'association, on choisit la cause qu'on va soutenir.
13:28Exactement, on choisit la cause qu'on va soutenir, qui résonne avec ses valeurs.
13:30Et ensuite, on en reçoit des nouvelles tous les deux mois pendant l'année qui vient.
13:3520%, quelques chiffres, 20% des étudiants français ont déjà eu recours à l'aide alimentaire.
13:41Ce chiffre-là, parce que c'est peut-être le plus frappant,
13:44on en avait pris conscience au moment de la crise Covid.
13:47Jiraveg, est-ce que ça s'est amélioré, aggravé, stabilisé ?
13:52On en est où aujourd'hui ?
13:54C'est un peu toujours la grande question.
13:56Effectivement, on en a pris conscience quand tout le monde a été confiné.
14:00Les jeunes, les premiers se sont retrouvés seuls chez eux dans leurs petits appartements,
14:06sans les petits jobs, sans les revenus, et donc se retrouvaient assez rapidement,
14:09parce qu'à ce moment-là, on ne savait pas encore combien de temps ça allait durer,
14:12donc se retrouvaient assez rapidement à se dire « j'ai plus d'argent,
14:15est-ce que je retourne voir ma famille ? »
14:17Et potentiellement, je les mets en danger, ce genre de questions-là.
14:19Toutes ces questions-là sont montées.
14:21Le sujet de la précarité étudiante a été mis sur la table
14:24et beaucoup de médias s'y sont intéressés.
14:26Ça existait évidemment avant et ça continue depuis, je suis bien d'accord.
14:30Mais avant, ou toujours maintenant,
14:33mais on considère un peu que c'est un rite de passage pour devenir adulte.
14:36On apprend à se débrouiller, on apprend à s'en sortir.
14:39Et je pense qu'on a réussi à ce moment-là à casser quelques tabous et dire « non, ce n'est pas possible »,
14:44parce qu'il y a de plus en plus de jeunes maintenant qui ont des difficultés.
14:47Ça fait maintenant cinq ans, on est dans la cinquième année de Copain,
14:50on s'est lancé à ce moment-là, et la demande n'arrête pas.
14:53La gravité s'accentue.
14:56C'est pour ça qu'on sort ces chiffres annuellement, pour montrer comment ça évolue.
15:00Maintenant, on est à 20% des étudiants en France, en Hexagone, en territoire ultramarin,
15:06qui ont besoin de l'aide alimentaire.
15:07C'est-à-dire qu'ils ont des jobs, il y a un peu plus de 50% des étudiants qui travaillent,
15:10ils ont des stages, ils poursuivent l'orchestre universitaire,
15:14ils essayent de découvrir la vie en parallèle,
15:16et pourtant, ils doivent aller dans des associations comme la nôtre
15:20ou comme les Restos du Cœur, le Secours Populaire,
15:23pour demander un panier alimentaire et de la bouffe forte.
15:25Ça veut dire, je reste sur la précarité alimentaire, on parlera du reste,
15:28mais ça veut dire sauter un repas, tout simplement ?
15:30Ça veut dire sauter des repas régulièrement.
15:32Ça veut dire que le petit déjeuner disparaît, parce que ce n'est pas possible.
15:34Et ça veut dire, je suis à la bibliothèque toute la journée,
15:37il s'est chauffé, alors que chez moi je n'ai pas de quoi me chauffer,
15:41je ne vais pas faire mon repas, je vais dîner le soir, ça va me faire tenir.
15:46Il y a plein de petites techniques qui se créent,
15:49et c'est là où justement on va rencontrer les étudiants en disant,
15:51non, ce n'est pas possible, tu ne peux pas mener tes études comme ça.
15:53Georges Bazan, quelles entreprises s'emparent de ce sujet de la précarité étudiante et comment ?
15:59Alors, il y a eu un déclic déjà de la part des entreprises,
16:02qui coïncide effectivement avec le Covid,
16:04où on s'est rendu compte qu'à la fois c'était un public fragile,
16:08et qu'en même temps, c'était un public qui était pour beaucoup,
16:10déjà dans le monde de l'entreprise.
16:12Les étudiants sont les stagiaires et les alternants des entreprises,
16:16et donc cette réalisation a été assez forte du côté des entreprises.
16:21Par exemple aujourd'hui, Copain a été cette année,
16:23une des dix associations les plus soutenues sur notre plateforme.
16:26Ça démontre qu'il y a eu une forme de compréhension,
16:29qu'il faut aider ce public-là.
16:31Et donc on a vu ce déclic,
16:34et aujourd'hui il y a des grands acteurs,
16:37par exemple la Fondation Carrefour,
16:38qui agissent sur la précarité alimentaire,
16:41et qui font notamment de l'aide à ces publics étudiants,
16:43des axes importants de leurs actions.
16:46Comment ? C'est par différents moyens,
16:49mais d'abord ça peut être en étant mieux-disant
16:51sur les conditions sociales et de rémunération de ces stagiaires,
16:55de ces alternants.
16:56Ça peut être en collectant également,
16:58lorsqu'on est un groupe de distribution,
16:59un groupe dans l'alimentaire.
17:00C'est un levier extrêmement puissant qu'on a,
17:02et on va pouvoir faire par exemple des dons réguliers,
17:05dont Copain va pouvoir bénéficier,
17:08ou d'autres acteurs sur l'aide alimentaire évidemment.
17:11Et aussi soutenir les acteurs de terrain,
17:13et j'y viens, c'est très important,
17:14parce que ce qui m'a frappé en découvrant mieux Copain,
17:18c'est qu'ils ont un effet de levier,
17:19un démultiplicateur d'impact par rapport aux dons
17:21qui leur sont offerts.
17:23Ce qui est marquant, c'est que pour un euro qu'on leur donne,
17:26ils vont pouvoir avoir un impact qui est énorme,
17:28pour plusieurs raisons.
17:29Parce qu'ils ont un réseau de partenaires associatifs,
17:32parce qu'ils bénéficient de dons réguliers,
17:33parce qu'ils ont beaucoup de bénévoles.
17:35Alors justement, je veux bien que vous nous expliquiez ça,
17:37peut-être sur autre chose que la précarité alimentaire.
17:39Vous nous disiez culture, sport, briser l'isolement.
17:43Effectivement, surtout grâce aux bénévoles.
17:46On a un fort engagement de la jeunesse
17:48qui cherche à aider ses camarades,
17:50qui cherche à s'engager, à donner un peu de sens aussi,
17:53en parallèle de leurs études à leurs activités.
17:55Et donc, on a beaucoup de bénévoles qui viennent,
17:57avec beaucoup d'idées et beaucoup de volonté
17:59de faire des choses assez manuelles.
18:01Parce que quand on a 20 ans ou 21 ans,
18:03ça fait un peu plus de 15 ans qu'on est assis
18:05à une table de classe et qu'on apprend.
18:08On est content de sortir.
18:10Et donc, d'organiser des activités.
18:12Ça peut être des choses qui coûtent peu cher,
18:14parce que beaucoup de musées sont gratuits en France.
18:16Mais le fait de pouvoir organiser ces sorties-là
18:19avec des groupes de bénéficiaires,
18:21des groupes de bénévoles qui se mélangent entre étudiants
18:24et de briser tous les potentiels barrières dont on parlait,
18:27ça facilite et ça fait que ça avance
18:29et que ça fonctionne bien
18:31et qu'il y a ce grand engagement qui suit.
18:33Ça veut dire qu'avec un petit budget,
18:36par exemple, dans une antenne à Strasbourg,
18:38avec 3000 euros annuels pour des sorties culturelles,
18:41on arrive à faire des sorties toutes les semaines.
18:44Et des activités, des découvertes de pièces de théâtre,
18:47de répétitions d'opéra,
18:49beaucoup de choses auxquelles on n'a absolument pas accès
18:51quand on est étudiant précaire.
18:53Et de manière générale, quand on est étudiant,
18:55on n'a pas beaucoup de temps
18:57et on a un peu peur d'aller à ces événements-là.
18:59Donc, on facilite cette entrée-là
19:01avec très peu de budget.
19:03Est-ce que vous devez convaincre parfois ?
19:05Quels arguments vous employez
19:07pour inciter les entreprises
19:09à aller sur des causes en général,
19:11mais peut-être sur cette cause spécifiquement ?
19:13C'est vrai que par cette cause spécifique,
19:15il y a quelque chose de frappant
19:17qui est que c'est un public qui est déjà
19:19dans l'entreprise en partie
19:21et il va être dans l'intérêt, bien compris,
19:23de l'entreprise et de son lien social
19:25avec ses collaborateurs, ses employés, ses stagiaires,
19:27mais aussi peut-être dans l'intérêt de sa marque employeur
19:29de s'engager sur ce sujet-là.
19:31Oui, c'est aussi efficace.
19:33Il y a beaucoup d'entreprises qui sont confrontées
19:35à des problèmes de recrutement.
19:37Quand on peut afficher un engagement réel
19:39comme celui-là, c'est toujours bon pour la marque.
19:41C'est un impact qui est concret.
19:43C'est quand même frappant de se dire
19:45qu'aujourd'hui, il y a des étudiants
19:47qui n'arrivent pas à subvenir à leurs besoins
19:49en 2024 en France et donc c'est ce qui va
19:51en général résonner chez les marques.
19:53Je voudrais qu'on parle
19:55de ce que vous venez d'ouvrir.
19:57C'est une cantine ? C'est un restaurant ?
19:59Ça s'appelle La Copine, c'est ça ?
20:01Ça s'appelle La Copine, c'est un restaurant.
20:03Je ne vais pas dire un test
20:05parce que c'est un restaurant qui est ouvert
20:07midi et soir, 5 jours sur 7
20:09dans Paris. Le but, c'est
20:11bien évidemment, si ça fonctionne, là on va faire
20:13pendant 12 mois, d'en ouvrir plusieurs
20:15en France.
20:17C'est un restaurant ouvert à tous
20:19avec une entrée plat-dessert
20:21qui change chaque jour et qui est fixe.
20:23Dans ce cas-là, ça peut faire penser à une cantine.
20:25Mais ça coûte 10 euros
20:27le menu pour quelqu'un
20:29et ça coûte 3 euros pour un étudiant.
20:31On découvre
20:33petit à petit, il y a beaucoup de jeunes qui viennent
20:353 euros et qui n'ont pas l'habitude d'aller au restaurant
20:37et qui redécouvrent un peu une vie sociale
20:39mais on découvre aussi toute une
20:41relation de solidarité
20:43intergénérationnelle qui se crée beaucoup avec
20:45les habitants du quartier, avec les retraités
20:47qui sont seuls et qui peuvent
20:49soudainement, le soir, se retrouver dans une ambiance
20:51jeune et festive.
20:53Il y a un peu plus de 80
20:55gens couverts par repas.
20:57Ça crée une vraie
20:59solidarité.
21:01Et c'est peut-être, espérons-le, le premier
21:03d'une longue série.
21:05Une nouveauté qui concerne DIFT
21:07avec une orientation aussi
21:09vers les particuliers, c'est ça ?
21:11Vers les citoyens consommateurs ?
21:13C'est la période des fêtes et qui dit période de fête
21:15dit période de cadeaux.
21:17Or, il se trouve que c'est aussi
21:19une période où parfois on offre des objets
21:21qui viennent de l'autre bout du monde où on ne sait pas toujours
21:23quel cadeau utile offrir.
21:25On a décidé d'ouvrir notre concept du DIFT
21:27aux particuliers.
21:29Dès aujourd'hui, les particuliers peuvent
21:31s'offrir des DIFT,
21:33un don gift, un don cadeau
21:35à distribuer à la cause de son choix.
21:37Vous pouvez offrir à votre soeur,
21:39à votre copain
21:4110 euros, 50 euros pour la cause
21:43de son choix et notamment soutenir des belles causes
21:45comme copain.
21:47Il nous reste une minute. Il y a un dernier élément que je trouve intéressant,
21:49c'est l'accès au droit.
21:51En préparant l'émission, j'étais un peu surpris de ça.
21:53Il y a beaucoup d'étudiants qui finalement passent à côté
21:55d'un certain nombre d'aides.
21:57Comme toute la population. Pas particulièrement des aides
21:59mais de la compréhension administrative
22:01et juridique du système français.
22:03C'est assez difficile.
22:05Encore plus quand on a 18 ans et qu'on découvre soudainement
22:07alors qu'on ne nous a pas vraiment préparé.
22:09Ça se fait plutôt de manière familiale
22:11mais beaucoup passent à côté.
22:13On fait tout cet accompagnement pour comprendre
22:15comment ça fonctionne, pour comprendre les aides
22:17auxquelles les jeunes ont le droit
22:19et comment tout le système administratif
22:21auquel ils font face directement
22:23parce qu'ils commencent à travailler
22:25et commencent à devoir payer des impôts.
22:27On accompagne là-dessus beaucoup d'étudiants.
22:29Tous ceux qui s'inscrivent en distribution alimentaire
22:31donc un peu plus de 300 par distribution.
22:33Il y en a un peu plus de 25 par semaine en France
22:35faites par Copain.
22:37Ces étudiants-là peuvent directement
22:39en fin de distribution
22:41rencontrer dans un petit lieu d'échange
22:43et de parole nos bénévoles
22:45qui sont formés sur ces questions-là.
22:47Merci beaucoup à tous les deux
22:49et à bientôt sur BeSmart for Change.
22:51On passe à notre rubrique Startup tout de suite.
22:59Smart Ideas avec Ethan Lévy.
23:01Bonjour.
23:03Vous êtes le cofondateur de Roofscapes
23:05créé en 2021 avec Tim Cousin et Olivier Faber
23:07en aventure qui commence
23:09à Boston au MIT.
23:11Avec quelle idée ?
23:13On est parti quand on a lancé
23:15Roofscapes, l'idée et du constat
23:17qu'en Europe,
23:19on a des toits en pente
23:21dans beaucoup de nos centres-villes
23:23et que ces toits ne sont pas utilisés.
23:25Et non seulement ils ne sont pas utilisés,
23:27mais en plus de ça, très souvent,
23:29ces toits sont construits avec des matériaux
23:31qui vont avoir tendance à contribuer
23:33au réchauffement des huiles.
23:35Et fort de ce constat, on a décidé
23:37qu'il était temps d'adapter
23:39ces toitures, ces surfaces
23:41qui sont au-dessus de nos têtes
23:43au changement climatique, face aux évolutions
23:45d'usages aussi dans les bâtiments.
23:47Donc avec Roofscapes, on a développé
23:49un système de plateforme en bois
23:51pour ombrager, végétaliser
23:53et rendre accessibles tous les toits
23:55qui ne pouvaient pas être adaptés jusqu'à présent
23:57avec les techniques conventionnelles.
23:59Imaginez, on part d'une toiture en zinc
24:01avec du 80...
24:03La pente, c'est combien ?
24:05C'est très intéressant. Les toits en zinc,
24:07il y a deux choses à connaître.
24:09Il y a souvent ce qu'ils appellent
24:11une toiture en mansardé
24:13avec une partie très verticale qui s'appelle le brisy
24:15qui est presque verticale
24:17à 80 degrés exactement.
24:19Et ensuite une autre qui est plus horizontale
24:21qui s'appelle le terrasson
24:23et qui va être plutôt à 5, 10, 15, 20%
24:25ou 20 degrés de pente.
24:27Et c'est vraiment sur cette partie
24:29plutôt horizontale
24:31mais pas complètement
24:33qu'on intervient avec Roofscapes.
24:35Quel matériau avez-vous choisi ?
24:37Vous dites une plateforme en bois
24:39mais quand on est dans cette démarche
24:41on ne choisit pas n'importe quel matériau.
24:43La situation de départ, c'est qu'on a des toits
24:45qui sont dans des surfaces plutôt minérales
24:47du zinc, de l'ardoise
24:49parfois des tuiles en argile
24:51des bacs en acier.
24:53Bref, des matériaux qui vont avoir tendance
24:55à emmagasiner la chaleur
24:57quand ils sont exposés directement
24:59aux rayons du soleil
25:01et ensuite qui vont en réfléchir une partie
25:03et en conduire une autre
25:05à l'intérieur des bâtiments.
25:07Avec Roofscapes, ce qu'on a cherché à faire
25:09c'est de mettre des matériaux biosourcés
25:11qui ne vont pas accumuler la chaleur
25:13de la même manière et donc
25:15on travaille avec du bois pour nos plateformes
25:17et ensuite sur tout ce qui va être
25:19végétalisation en supplément
25:21on va être sur de la terre, des plantes
25:23donc d'autres matériaux organiques
25:25qui ne vont pas absorber la chaleur.
25:27Je vais vous poser une question de copropriétaire
25:29le poids !
25:31Comment vous gérez cette difficulté ?
25:33C'est une super question
25:35On peut vraiment décomposer notre système
25:37en plusieurs parties pour répondre à cette question
25:39On se rend compte que
25:41tous les bâtiments à Paris
25:43ou dans d'autres centres-villes français et européens
25:45vont avoir des capacités structurelles différentes
25:47Parfois on va avoir des bonnes
25:49situations, parfois on va avoir des mauvaises surprises
25:51Nous on a cherché à mettre en place
25:53un système qui soit le plus adaptable possible
25:55donc on a une plateforme
25:57en bois qui va peser
25:59entre 80 et 120 kilos
26:01par mètre carré
26:03Ce qui est lourd
26:05c'est les plantes, la terre
26:07l'eau et les gens
26:09En fonction des capacités du bâtiment
26:11on va ajouter plus ou moins
26:13Vous allez adapter la végétalisation
26:15Il y a un exemple
26:17sur lequel on peut s'appuyer
26:19Première expérimentation à l'Académie du Climat
26:21à Paris, c'était quoi le défi ?
26:23Le défi c'était de pouvoir
26:25enfin expérimenter
26:27montrer en conditions réelles
26:29l'impact de notre dispositif
26:31C'est un projet pilote
26:33qu'on a livré au printemps 2024
26:35avec la Ville de Paris, nos charpentiers
26:37MEA et une entreprise d'aménagement
26:39paysager Topager
26:41Tous ensemble on a pu
26:43mesurer des impacts
26:45assez édifiants sur les réductions
26:47de température, sur le renforcement
26:49de la biodiversité, sur l'autonomie des plantes en eau
26:51Pour nous c'est une expérience
26:53très concluante au niveau
26:55de ce qui est possible pour adapter les toits
26:57Il nous reste une minute sur la température
26:59Sur la température
27:01évidemment ça va dépendre de la température
27:03de l'air, mais on se rend compte que
27:05cet été
27:07quand il faisait 36 degrés à l'ombre
27:09on avait
27:11des réductions de température
27:13de 17 degrés dans les combles du bâtiment
27:15de 32 degrés en surface grâce
27:17à notre dispositif
27:19On pourra regarder tout ça plus en détail sur notre site
27:21On voit vraiment une différence assez
27:23notable, juste parce qu'on vient
27:25ombrager ce zinc qui surchauffe
27:27on le ramène à la température
27:29de l'air à l'ombre
27:31Et on imagine bien le marché, parce que dans nos villes
27:33européennes construites il y a bien longtemps
27:35les toits en pente c'est quoi, c'est 80-90%
27:37A Paris c'est
27:3980% des toits en pente
27:41En Europe
27:43dans les centres-villes on a
27:454 millions de toits en pente qui pourraient être adaptés
27:47à peu près 800 000 en France
27:49Il y en a beaucoup, il y a beaucoup de travail
27:51pour faire cette adaptation
27:53et on est très motivé pour le faire
27:55Merci beaucoup Etan Levy et bon vent à
27:57Roofscapes, voilà c'est la fin de ce numéro de
27:59Smart Impact, merci à toutes et à tous
28:01de votre fidélité, à très vite