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La députée Les Écologistes-NFP de Paris dénonce l'abstention des élus RN, qui a permis à Richard Ferrand de devenir le nouveau président du Conseil constitutionnel, à une voix près. Sandrine Rousseau était l'invitée de franceinfo soir le 19 février 2025.

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00:00Bonsoir Sandrine Rousseau, merci d'être en direct avec nous sur France Info.
00:03L'actualité c'est encore ce soir la guerre en Ukraine bien sûr.
00:06C'est deux réunions en trois jours avec les leaders européens,
00:10des dirigeants des pays de l'OTAN aujourd'hui en visioconférence.
00:13Demain Emmanuel Macron réunira les chefs des partis politiques à 11h à l'Elysée.
00:17Est-ce que vous soutenez ces initiatives prises notamment par le Président ?
00:21Est-ce qu'elles peuvent encore changer quelque chose vu la teneur
00:25de ce qui se passe sur la scène internationale et diplomatique ?
00:28On va déjà dénoncer ce qui est en train de se passer,
00:30le fait que Trump fasse son marché de l'Ukraine.
00:32Donc il passe un accord avec Poutine pour voir un peu où sont les minerais,
00:36où sont les ressources et il définit son plan de paix en fonction de ça,
00:42ce qui est quand même scandaleux.
00:43Ce qu'est en train de faire Trump actuellement, en train d'acheter le monde,
00:46c'est quand même incroyable.
00:48Mais en face de ça, on a une Europe qui est très faible
00:50et Emmanuel Macron a multiplié les initiatives sur l'Ukraine.
00:54Mais force est de constater qu'il y a quand même une difficulté de l'Europe
00:57à prendre une position commune et avoir une position ferme.
01:00Moi j'invite vraiment l'Europe à bouger là-dessus
01:02parce que l'Ukraine n'est qu'une première étape pour Poutine.
01:05Vous parliez justement de Donald Trump, le Président américain,
01:08qui ce soir étrie encore le Président ukrainien Volodymyr Zelensky,
01:13qu'il qualifie de « dictateur sans élection »,
01:15alors qu'au même moment il tente de se rabibocher et de flatter Vladimir Poutine.
01:19Qu'est-ce que vous ressentez ?
01:20Est-ce que c'est du dégoût face à cette forme de foule en chair ?
01:23Trump a toujours eu une position vis-à-vis de Zelensky
01:27et de l'Ukraine qui n'était pas en soutien.
01:31Il a toujours été ça.
01:32Je vous pose la question parce que c'est un changement de pied
01:34dans la politique américaine, dans la posture américaine.
01:36Depuis Biden.
01:37Non mais Trump lui-même.
01:39En fait, Biden avait une autre politique et en soutien à l'Ukraine.
01:42Trump a toujours dit qu'il ne soutiendrait pas l'Ukraine.
01:44Donc en fait, il fait ce qu'il dit.
01:46Et c'est pour ça que moi je vous dis qu'il faut vraiment regarder de près
01:50ce que dit Trump sur tous les fronts,
01:53c'est-à-dire l'Ukraine, le Groenland, le Gaza.
01:57Parce qu'en fait, il a cette espèce d'outrecuidance
02:01qui fait qu'il applique et qu'il essaye de faire appliquer en tous les cas toutes ses paroles.
02:06Comment le corneriser compte tenu de la situation européenne ?
02:09Il n'y a que l'Union Européenne, il y a une armée européenne.
02:11Non mais il faut une armée européenne.
02:13La France a une responsabilité historique dans le fait qu'il n'y ait pas d'armée européenne.
02:16On ne va pas refaire l'histoire.
02:17Mais là maintenant, il va falloir quand même que la France
02:20pousse à une armée européenne, une diplomatie européenne
02:23et qu'on devienne un continent qui soit en capacité
02:25d'être une autre voie que la Chine et les États-Unis.
02:29Alors j'y viens. Est-ce que cela passe par augmenter les dépenses militaires ?
02:33Comment se réarmer ? Comment construire cette défense européenne ?
02:36Aujourd'hui, chaque pays s'équipe militairement.
02:39Le Danemark, encore cet après-midi, annonce 6,8 milliards de dépenses supplémentaires
02:43dans la défense et dans le budget militaire.
02:46Est-ce qu'il faut en passer par là ?
02:47On a voté une grande loi militaire.
02:49Et la Finlande, la Lituanie, etc. augmentent leurs dépenses militaires.
02:53Donc plutôt que de l'augmenter chacun de son côté,
02:55nous ferions mieux de mettre nos ressources en commun.
02:58Puisque ça permettrait...
02:59Mais bien sûr, ça permettrait de ne pas aller sur chacun sa petite armée.
03:04Parce que ça serait une petite armée en regard des enjeux.
03:06Et que par contre, on ait une véritable armée européenne
03:09avec les moyens qui permettent véritablement d'être dissuasifs.
03:15Mais aujourd'hui, on est dans une forme d'inefficacité de la politique de défense.
03:21Est-ce que ce n'est pas trop tard pour se réveiller, malheureusement ?
03:23Il n'est jamais trop tard.
03:25Il n'est jamais trop tard, et là, ça devient urgent.
03:27Autre sujet, Sandrine Rousseau.
03:29Deux fois en une journée, le Rassemblement national va sauver le couple Emmanuel Macron-François Bayrou.
03:34Ce soir, on va en reparler dans un instant.
03:37En ne votant pas la motion de censure déposée par le Parti socialiste,
03:40c'est débattu en ce moment à l'Assemblée.
03:42Mais d'abord, en s'abstenant et en favorisant même la nomination de Richard Ferrand à la tête du Conseil constitutionnel,
03:48est-ce que vous dites, comme vos amis de la France Insoumise,
03:50qu'il y a un accord secret ou un accord caché entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ?
03:55En tous les cas, il est quand même étonnant qu'à chaque fois qu'Emmanuel Macron a besoin d'un soutien,
03:58le RN ne le lui apporte.
04:00Et là, en l'occurrence, ça s'est joué à une voix.
04:03Et Richard Ferrand, dans son audition à laquelle j'ai assisté,
04:07puisque j'étais membre de la Commission des lois aujourd'hui,
04:11était donné vraiment des gages importants au RN.
04:14Donc pour moi, il y a deux deals possibles et on le verra dans l'avenir.
04:17Premier deal possible, c'est la question de l'inégibilité,
04:20puisqu'il y a une question prioritaire de constitutionnalité.
04:23Cette inégibilité va toucher directement Marine Le Pen.
04:26Donc c'est quand même un énorme sujet.
04:27Le deuxième sujet, c'est un référendum possible sur le droit du sol.
04:30J'ajoute simplement que sur cette QPC, ce sera effectivement le premier dossier pour Richard Ferrand.
04:35Est-ce qu'il doit s'en déporter, compte tenu du fait que
04:39c'est grâce à l'abstention du RN que sa nomination a été validée ?
04:42Il nous a dit ce matin qu'il serait un homme d'État.
04:44Un homme libre et d'État.
04:47Et la question va lui être posée.
04:49Parce que vraiment, de copain d'Emmanuel Macron,
04:52que devient-il aujourd'hui alors qu'il est à la tête du Conseil constitutionnel ?
04:55Il va falloir qu'il montre son indépendance.
04:57Et ça sera une bonne occasion de le montrer.
04:59Alors le RN dit ce soir, on en parlait,
05:02s'être abstenu pour éviter qu'Emmanuel Macron,
05:04je cite Sébastien Chenu, le vice-président du groupe RN à l'Assemblée,
05:08pour éviter qu'Emmanuel Macron dégaine la carte Elisabeth Borne,
05:11Éric Dupond-Moretti ou même Christiane Taubira.
05:13On l'a fait pour éviter le pire.
05:15Non, non, mais ça c'est du foutage de tronche.
05:18Je vais rester polie, mais vraiment,
05:20le RN a une politique de soutien à Emmanuel Macron
05:24depuis le début de cette mandature.
05:25Et là, ils en ont donné une preuve supplémentaire.
05:28Mais oui, de soutien à Emmanuel Macron.
05:29Et ils viennent d'en donner la preuve pour Richard Ferrand.
05:33Ils en donneront la preuve pour la motion de censure,
05:35comme ils l'ont donné pour les précédentes motions de censure.
05:38Donc, qu'ils arrêtent leur cirque, parce que c'est vraiment un cirque qu'ils jouent,
05:41et qu'ils soient francs avec leurs électeurs,
05:43et qu'ils disent quel est leur objectif.
05:45Et leur objectif, aujourd'hui, est de maintenir Emmanuel Macron.
05:47Est-ce que le président doit, compte tenu de ce que vous dites là,
05:51est-ce que le président doit changer son fusil d'épaule
05:54et proposer un autre nom, plutôt que Richard Ferrand,
05:57qui, vous le disiez tout à l'heure, a été élu à une voix près ?
06:00Ce serait l'honneur d'Emmanuel Macron.
06:02Et il en a besoin, là, de récupérer un peu d'honneur.
06:04Donc, en fait, ce serait son honneur.
06:05Maintenant, qu'est-ce qu'il va faire ? Je doute.
06:07Parce que ce n'est pas, quand même, l'humilité ni l'autocritique qui le caractérisent.
06:11Donc, je doute qu'il le fasse.
06:12Mais ce serait son honneur.
06:13Et je vais vous dire, c'est une question démocratique fondamentale.
06:16Parce que le Conseil constitutionnel est l'instance supérieure, en fait, de notre démocratie.
06:21Et il ne peut pas...
06:21C'est elle qui vérifie la conformité des lois à la Constitution.
06:23Oui, puis qui prend toutes les décisions relatives à la démocratie.
06:26Donc, elle ne peut pas être entachée ou soupçonnée de partialité
06:31ou de dépendance à un chef de l'État.
06:34Donc, il faudrait vraiment qu'Emmanuel Macron entende ce qui s'est passé à l'Assemblée et au Sénat.
06:39Après, nommer un proche en tant que président du Conseil constitutionnel,
06:42d'autres l'ont fait avant lui.
06:43Le dernier exemple en date, c'est François Hollande
06:45qui propose la nomination de Laurent Fabius, dont le mandat s'achève.
06:48Oui, tout à fait.
06:49Mais là, la différence, c'est qu'il y a un déséquilibre entre des politiques et des juristes.
06:55Puisque vous savez que, normalement, il y a un équilibre entre les deux.
06:57Et là, le déséquilibre va en faveur des politiques.
07:00Et par ailleurs, Richard Ferrand,
07:02un, il ne connaît quand même pas grand-chose en droit constitutionnel, posons-le.
07:05Mais deux, il est quand même très très proche d'Emmanuel Macron.
07:07J'en viens à cette motion de censure qui est débattue en ce moment-là,
07:10au moment où l'on se parle à l'Assemblée nationale,
07:12déposée par le Parti socialiste qui dénonce la trumpisation,
07:15voire la leupénisation du débat public,
07:18faisant référence, d'une part à l'affaire Bétarame,
07:20mais surtout à ses propos sur le sentiment de submersion migratoire qu'avait tenu François Bayrou.
07:26Visiblement, même à gauche, tout le monde ne va pas la voter.
07:28D'abord, est-ce que vous, vous allez aller la voter ?
07:31Oui, je retourne juste après la votée, bien sûr.
07:33Est-ce que tout cela, du coup, n'est pas un peu ridicule ?
07:36Quand même, est-ce que ce n'est pas un coup de pistolet à eau,
07:38comme l'a dit Manuel Bompard de la France Insoumise ?
07:40Moi, je n'apprécie pas la stratégie qu'a le PS depuis plusieurs mois.
07:44Je trouve que ça n'est pas... qu'ils auraient dû voter la motion de censure.
07:48Ils n'auraient pas dû sauver François Bayrou sur le budget ?
07:50Non, mais surtout sur la base des valeurs avant le budget.
07:52Il y avait une motion de censure qui a été déposée avant l'étude du budget,
07:56qui se fondait sur les valeurs.
07:57Quand on a Retailleau à l'intérieur, quand on a Darmanin à la justice,
08:01quand on a Bayrou même en Premier ministre maintenant avec Bétarame,
08:04je pense qu'on a quand même des motifs de ne pas soutenir ce gouvernement.
08:08Donc déjà, je pense qu'il y avait une faute politique.
08:10Après, c'est mon avis.
08:11Voilà, je pense que pour autant, ça ne veut pas dire
08:13que le nouveau Front Populaire explose ou quoi.
08:15Mais ça veut dire quand même qu'il y avait une différence de stratégie politique.
08:18Aujourd'hui, ils font cette motion de censure
08:21qui, en réalité, on le sait, ne passera pas.
08:23Donc en fait, c'est une manière de se racheter une position.
08:26Moi, je dis au PS vraiment jouer collectif parce que là, on en a besoin
08:29et qu'on est minuit moins une avec l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir.
08:33Vous dites que la question n'est pas de savoir si le nouveau Front Populaire
08:36éclaterait ou serait en train de divorcer.
08:39Enfin quand même, Jean-Luc Mélenchon, ce week-end, disait
08:41« les socialistes ne sont plus nos alliés ».
08:42Vous, ce soir sur France Info, vous me dites
08:44« je n'ai jamais été en accord avec la stratégie du PS qui a été
08:47de ne pas voter la censure ».
08:48Ça s'appelle divorcer et laver son linge sale en place publique.
08:51Non, ça veut dire se disputer, oui.
08:53Et tous les couples savent qu'il y a des moments comme ça,
08:55mais que pour autant, on peut se réconcilier.
08:57Et que par ailleurs, là, la question qui nous est posée est de savoir
09:00serons-nous en capacité de présenter un projet alternatif
09:04et suffisamment fort pour être en capacité de gagner le pouvoir ?
09:07Parce que là, ce sera le Rassemblement National ou nous.
09:09Donc, je ne veux pas affaiblir la seule alternative possible
09:17au Rassemblement National.
09:18Donc moi, je tiens pour l'instant les deux bouts.
09:20Je ne suis pas d'accord avec la stratégie du PS, vraiment pas.
09:23Et je leur ai dit en face à face.
09:26Et quand LFI fait des choses qui ne me plaisent pas, je le leur dis aussi.
09:30Mais là, maintenant, on a quand même une responsabilité vis-à-vis
09:33des Français et Françaises.
09:34Et cette responsabilité, c'est de ne pas casser une dynamique
09:39qu'ils ont contribuée, ces Français et Françaises,
09:41à porter en première position à l'issue de la dissolution.
09:44Je le disais, dans le texte qui soutient la motion de censure,
09:48il les fait référence à l'affaire Bétharame qui secoue, évidemment,
09:51dans ces dernières heures, François Bayrou, le Premier ministre.
09:53Il doit démissionner ou pas, François Bayrou, à propos de l'affaire Bétharame ?
09:56Absolument, absolument.
09:57Là-dessus, moi, je suis vraiment sans aucune espèce de tolérance.
10:00Alors qu'il continue de dire qu'il ne savait pas.
10:02Oui, mais il y a 112 plaintes dans cet établissement.
10:05112, c'est beaucoup trop pour un petit établissement.
10:07Il n'y avait pas beaucoup d'élèves. 112, c'est énorme.
10:09Les faits qui sont décrits sont des faits d'une gravité, d'une cruauté.
10:13Mais sans nom, il n'est pas question qu'un Premier ministre
10:16qui a été et ministre de l'Éducation et maire et conseiller général député
10:22de cette circonscription, il n'est pas possible qu'il ne prenne pas ses responsabilités.
10:28Je vais vous dire, même s'il n'a rien vu, il fait partie du problème de ne pas avoir vu.
10:32Donc pour moi, ça ne se discute pas.
10:34Un scandale de cette nature, je pense que c'est un des plus grands scandales
10:37que la France ait connu en matière de pédocriminalité ou de violence sur les enfants.
10:40Il n'est pas question pour moi qu'un Premier ministre ne prenne pas ses responsabilités,
10:45qu'il ne soit pas à la hauteur de la souffrance des personnes qui sont passées dans cet établissement.
10:49Une toute dernière question Sandrine Rousseau.
10:51Samedi, vous avez assisté dans le virage sud du Stade Vélodrome à Marseille
10:54à la rencontre entre l'OM et l'AS Saint-Etienne.
10:57Des champs homophobes ont encore émaillé cette rencontre.
11:01Plusieurs associations de défense des droits LGBT vous reprochent d'être allées en tribune
11:06avec ses supporters marseillais et vous accusent de trahison.
11:09Qu'est-ce que vous leur répondez ?
11:12Je leur réponds que j'ai vu juste avant un boxeur trans pour le soutenir
11:17dans le fait que la Fédération Masculine de Boxe continue à l'autoriser à combattre,
11:25qu'on va faire un colloque à l'Assemblée Nationale sur l'homophobie et la transphobie dans le sport.
11:30Je dis que je suis allée voir par exemple à Bordeaux la semaine d'avant le Girophare
11:34qui est une association de lutte contre les LGBTphobies.
11:37Et je dis aussi que les champs homophobes dans les stades ne doivent pas avoir leur place.
11:40Pour autant là, j'ai été invitée parce qu'il n'était pas prévu que j'aille dans ce virage.
11:45Ce sont des supporters qui m'y ont invitée.
11:47J'ai passé un moment qui était assez incroyable.
11:49Je remercie les personnes qui m'ont fait venir dans ce virage
11:53parce que c'est vraiment une expérience de vie.
11:55Maintenant, évidemment, je serai sans aucune complaisance vis-à-vis de l'homophobie.
11:59Merci pour cette mise au point qui était la première, je précise,
12:02depuis cette rencontre de samedi à laquelle vous avez assisté au stade Vélodrome.
12:07Merci beaucoup Sandrine Rousseau et bonne soirée.
12:09Et merci Paul Barcelone. On se retrouve à 20h pour les informer.

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