Jeudi 20 février 2025, SMART IMPACT reçoit Florence Pin (Responsable santé, Laboratoires Expanscience) , César Dugast (Responsable du pôle Débat Public, Carbone 4) , Richard Baron (Directeur programme commercial, European Climate) et Romain Garcin (Cofondateur, Vertuoso)
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00:00Générique
00:08Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif.
00:13Et voici notre sommaire.
00:16Mon invité aujourd'hui, c'est Florence Pain, responsable de la santé au laboratoire Expanscience,
00:21qui dévoile les résultats de leur observatoire « Âge et société, les clichés et les injonctions ».
00:27On la vidure, vous verrez. Dans notre débat, on parlera des émissions de gaz à effet de serre importées.
00:33C'est un peu l'angle mort du bilan carbone des pays les plus riches de la planète.
00:38Et puis, dans notre rubrique « Start-up », on va découvrir ensemble Virtuoso et ses filtres d'eau pluviale
00:46pour réduire la pollution avant les rejets en rivière et en mer.
00:49Trois thèmes, 30 minutes pour les développer. C'est parti.
00:53Smart Impact
00:59L'invité de Smart Impact, c'est Florence Pain. Bonjour.
01:02Bonjour Thomas.
01:03Bienvenue. Vous êtes responsable de la santé au laboratoire Expanscience,
01:07qui publie son observatoire « Âge et société, enquêtes BVA-X-Site »
01:13sur le regard que nous portons collectivement sur l'âge.
01:17Pour commencer par un contexte et un constat général, les clichés, les injonctions ont la vidure, on peut dire ça ?
01:24Les injonctions sont bien présentes. Et oui, elles fragilisent notre société aujourd'hui en France.
01:29C'est ce qu'on a pu constater dans l'observatoire qu'on a mené avec X-Site BVA.
01:33Les injonctions sont nombreuses. On a interviewé 2000 Françaises et Français dès l'âge de 18 ans.
01:42Finalement, quand on va regarder l'âge et la société, on ne va pas qu'interroger les personnes âgées.
01:47Ce qui est intéressant, c'est de voir que 69% des Français aujourd'hui ont déjà rencontré des injonctions liées à l'âge.
01:54Et c'est 76% des plus de 45 ans qui ont rencontré ces injonctions-là.
01:58C'est extrêmement fort et ça pèse sur la société.
02:01Des injonctions, il y en a plein.
02:03Quelques exemples d'injonctions.
02:04Les premières injonctions, malheureusement, 83% des injonctions qui vont peser sur la crainte des Français de vieillir,
02:10ce sont des injonctions d'ordre physique.
02:12Souvent, on vous parle de vos petits cheveux blancs que vous cherchez à cacher,
02:15d'une calvitie naissante, d'une prise de poids qui se fait de plus en plus quand on va arriver vers l'âge dangereux, fatidique des 50 ans.
02:21Là, ce sont des premières injonctions qui sont extrêmement fortes.
02:24On le voit aujourd'hui.
02:26On dit très souvent qu'à partir d'un certain âge, on ne peut plus s'habiller de la même façon qu'avant.
02:30C'est assez lourd à avoir.
02:31Effectivement, ce qu'on ne peut plus faire, ça peut être par exemple se lancer à un défi sportif ou une activité,
02:39etc. Ça fait partie des injonctions aussi.
02:41Ça fait partie des injonctions aussi.
02:42Cette diminution de nos capacités physiques, on ne joue plus au foot à 50 ans comme on le faisait à 20 ans
02:47parce qu'on peut avoir un petit claquage qui va se déclarer.
02:50Ça peut arriver.
02:51Ça peut arriver, le claquage.
02:52Et après, il y a aussi beaucoup de choses autour de perdre ses capacités à être un peu moins dans la société.
02:58Donc là, on va passer au deuxième type d'injonction qui sont des injonctions plutôt d'ordre social,
03:04d'ordre, on va dire, perte de sens dans la société, perte de sa place, perte de son utilité,
03:11cette crainte d'être mis un petit peu de côté.
03:14Typiquement, aujourd'hui, quand on va vouloir changer de job, par exemple, à 50 ans, on va se dire
03:18j'arrive quand même dans une zone un petit peu dangereuse parce que ça va être un peu plus difficile,
03:23je vais être moins employable, je vais me retrouver un peu isolée.
03:26À côté de ça, on a d'autres sujets un peu sociétaux aussi dans les injonctions qui sont de l'ordre du pouvoir d'achat.
03:31On se retrouve à 50-60 ans dans une période où on va sortir en fait de son employabilité.
03:38Le pouvoir d'achat va être un véritable sujet dans les injonctions.
03:41Pourquoi ? Parce que globalement, on a encore des enfants qui se cherchent, nos jeunes aujourd'hui se cherchent.
03:46Et dans le vieillissement de la population, on a des personnes âgées qui vont vivre de plus en plus longtemps,
03:51heureusement, fort heureusement, en meilleure santé, mais avec une certaine dépendance.
03:55Donc on arrive dans le vieillissement, la double charge, l'effet sandwich qu'on aime bien parler et que les Français ressentent énormément,
04:02qui vont créer une crainte très forte autour du pouvoir d'achat, d'un moindre confort et d'une inquiétude constante sur les années qui viendront derrière.
04:10Donc c'est ça les principales injonctions qu'on a pu constater et des injonctions qu'on va trouver aussi bien chez les hommes que chez les femmes,
04:18mais de manière un peu différenciée.
04:20On va rentrer évidemment dans le détail. C'est la première fois que vous créez cet observatoire AG Société.
04:26Pourquoi l'avez-vous lancé et quel est l'objectif ? Parce que j'imagine que l'idée, c'est de pouvoir suivre notre évolution sur plusieurs années.
04:36Alors pourquoi les laboratoires Expansions ont lancé cet observatoire ? Les laboratoires Expansions, vous connaissez peut-être la marque Mustela.
04:43C'est une marque qui cherche à améliorer le bien-être des individus partout sur la planète et spécialement en France, mais aussi une autre activité qui est l'arhumatologie.
04:53Et du coup, c'est dans ce cadre de l'arhumatologie qu'on veut accompagner le bien-gélir.
04:57On est une société à mission, c'est-à-dire qu'on ne cherche pas uniquement à avoir un impact financier dans notre business model,
05:02on cherche à faire pivoter et avoir un impact sur la société.
05:06Et de ce fait, comprendre les mécanismes du vieillissement, quel est le poids que la société a et quel est le poids de ses injonctions par rapport à cette crainte de vieillir,
05:15il était essentiel pour nous pour être en capacité dans la manière dont on va porter nos messages autour du bien-gélir, notamment nos messages santé.
05:24C'était essentiel de bien comprendre dans quel cadre on se mettait et quelles étaient finalement les injonctions de la société
05:30pour pouvoir les lever, lever les tabous et aller chercher la meilleure partie de notre expertise pour contribuer à un projet un peu plus grand.
05:39Alors vous avez donné l'un de ces chiffres, je vais le redonner, qui concerne les Français de plus de 45 ans.
05:4476% des Français de plus de 45 ans ont déjà entendu des injonctions liées à l'âge.
05:51Alors déjà 45 ans, je trouve ça très très jeune du haut de mes 5 centimètres.
05:56On est bien d'accord.
05:58C'est très jeune pour commencer à entendre des injonctions liées à l'âge.
06:02Qu'est-ce que ça provoque ? Vous avez commencé à répondre mais est-ce qu'on est nombreux, ils sont nombreux à renoncer ?
06:08Parce qu'il y a les injonctions et il y a l'effet des injonctions.
06:11Renoncer à un projet, renoncer à une activité à cause de l'âge ou à cause de ce que les autres disent de notre âge.
06:16Vous avez bien raison, il y a un effet en fait à ces injonctions.
06:19Le premier effet, c'est la crainte.
06:2170% des Français vont avoir peur de vieillir suite à ces injonctions.
06:25Mais le pire, c'est le changement de comportement.
06:28A peu près un Français sur deux va changer et renoncer à quelque chose.
06:32Je vais renoncer à sortir avec mes amis un peu trop tard.
06:36Je vais renoncer potentiellement à une activité sportive parce que je ne peux plus jouer comme je jouais avant.
06:42Je vais renoncer surtout pour les femmes à m'habiller d'une certaine façon.
06:45Il y a un acte et une société qui pèsent sur les comportements des Français de manière assez lourde.
06:51La peur de vieillir, là aussi, elle commence très jeune.
06:55Ce chiffre m'a frappé.
06:5864% des 18-24 ans, c'est l'âge de l'insouciance, voire de l'inconscience.
07:07On se dit souvent qu'on a pris des risques qu'on n'aurait pas dû prendre à cet âge-là.
07:11Ils ont déjà peur de vieillir.
07:13Est-ce qu'il est également partagé entre les hommes et les femmes ou est-ce que ça frappe encore plus les jeunes femmes ?
07:20L'anxiété est globale.
07:23Ça touche autant les hommes que les femmes, mais ça va les toucher assez différemment.
07:27Si je vous donne un élément de comparaison, les femmes ont peur de vieillir à 68% versus seulement 54% pour les hommes.
07:34Ça reste une grosse majorité.
07:36C'est tendanciel.
07:37Mais la vraie différence qu'on va avoir entre les hommes et les femmes, c'est que dès le plus jeune âge, les femmes vont avoir cette angoisse.
07:42Les 68% dont je vous parle, c'est 68% des 18-35 ans quand je vous parle des femmes.
07:48C'est 65% des plus de 65 ans.
07:51On est toujours dans une pression continue.
07:53Chez les hommes, cette pression va avoir des pics.
07:56Un pic qui va plutôt arriver un peu plus tard aux alentours de la tranche fatidique des 45-60 ans.
08:02On a une différence sur les phases d'angoisse.
08:06Si je reviens sur un point qui est intéressant sur cette peur de vieillir quand on est très jeune sur les femmes,
08:10c'est lié à une chose assez essentielle.
08:12C'est quand on regarde les types d'injonctions qui vont toucher les genres.
08:15Elles vont être très différentes.
08:17Ce qui va plus générer de l'anxiété chez les femmes, malheureusement, et c'est un peu une douleur sourde pour les femmes,
08:23ce sont des critères d'ordre physique.
08:26Une femme va avoir peur de vieillir à 41% à partir de 35 ans.
08:30Sur des critères d'ordre physique, elle va avoir peur de perdre de sa désirabilité.
08:34Elle va avoir un regard sur elle où son vieillissement va être vraiment lié à des critères d'ordre physique,
08:38d'être pluridée, d'avoir un peu plus de poids.
08:41Donc les injonctions globales dont je parlais tout à l'heure, elles touchent particulièrement les femmes.
08:45Si on regarde du côté masculin, ce qui est intéressant, c'est qu'on a également des critères physiques,
08:50mais le côté plus critique du côté de l'homme est plutôt de l'ordre,
08:54ça impacte ma place dans la société, ma performance.
08:57On est plutôt dans un impact et une angoisse qui va grandir sur les 50-65 ans,
09:02sur un âge sur lequel votre place dans votre entreprise, votre boulot,
09:06vous allez avoir moins d'impact, moins de performance.
09:09Et c'est à ce moment-là aussi que du côté de la performance physique,
09:12où le fait de pouvoir sortir avec des potes, les hommes sont plus impactés.
09:16Sur le physique justement, il y a quand même une part de responsabilité des marques de cosmétiques,
09:22de produits de beauté, de produits anti-âge.
09:25C'est des meilleurs dans cette injonction collective.
09:30Ce qui est sûr, c'est qu'on a une notion de représentation.
09:33Quand on regarde dans la sphère de la cosmétique,
09:36on a vraiment une représentation de l'anti-ride, de l'anti-âge qui est très présent.
09:40La tendance, fort heureusement, est en train de bouger.
09:43L'enjeu, c'est effectivement de ne pas recréer ces stéréotypes
09:47que beaucoup d'industries peuvent créer autour de la femme qui ne vieillit pas,
09:51de cette éternelle jeunesse, même si on voit aujourd'hui des représentations de femmes
09:54qui sont certes un peu plus ridées qu'avant,
09:57mais on est quand même sur des archétypes très définis,
10:00d'une plastique et d'un physique très existants.
10:02Mais dans les produits des laboratoires Expansion,
10:05vous nous l'avez dit, c'est une société à mission, une entreprise française,
10:08je ne sais pas s'il y a certains de ces produits anti-âge,
10:12mais est-ce que vous choisissez des mannequins plus âgés par exemple ?
10:15C'est quoi la logique de communication pour ne pas participer à cette injonction généralisée ?
10:21Bien sûr, l'idée c'est de ne pas participer,
10:23l'idée c'est de lutter contre et de lever les tabous.
10:26Les laboratoires Expansion, on est vraiment dans un domaine de santé,
10:29donc on n'est pas dans de la cosmétique pure et dure,
10:31on est vraiment dans des produits de santé qui visent à améliorer la mobilité,
10:35améliorer l'agilité mentale,
10:37on est sur une approche très holistique du vieillissement,
10:39on veut le faire le plus tôt possible,
10:41puisqu'on voit que dès 45 ans, on commence à avoir des injonctions.
10:43Et oui, c'est de notre responsabilité de visualiser
10:47et de porter à un moment donné tous les visages possibles de l'âge.
10:50Il n'y a pas un seul visage de l'âge,
10:52et l'enjeu par rapport à ces injonctions sur un modèle,
10:55c'est justement de montrer, de libérer la parole
10:58et de montrer de manière positive plein de représentations différentes.
11:01C'est une responsabilité des entreprises au sens global
11:04d'accompagner des modèles de vieillissement qui soient plus inclusifs
11:08et qui acceptent et qui accueillent toute cette différence
11:11qui est nécessaire à notre société dans les temps qui courent.
11:14Merci beaucoup Florence Pain, et à bientôt sur Be Smart For Change.
11:19On passe tout de suite à notre débat, les émissions de gaz à effet de serre importées.
11:26Smart Impact
11:30C'est le débat de Smart Impact, on parle des émissions de gaz à effet de serre importées
11:34avec Richard Baron, bonjour.
11:36Bonjour.
11:37Bienvenue, vous êtes directeur du programme sur le commerce
11:39à la Fondation Européenne pour le Climat.
11:41Et César Dugas, bonjour.
11:42Bonjour.
11:43Bienvenue à vous, responsable du pôle débat public à Carbone 4.
11:47Question de présentation pour démarrer, la Fondation Européenne pour le Climat,
11:50qui soutenez-vous, quel objectif ?
11:52Alors c'est une fondation philanthropique, on soutient des think tanks,
11:56des organisations non gouvernementales pour avancer les solutions sur le climat en Europe.
12:00Et Carbone 4, cabinet de conseil spécialisé ?
12:03Cabinet de conseil, exactement, spécialisé sur les questions de transition écologique
12:06et de climat plus particulièrement.
12:08Nous, notre rôle c'est d'accompagner les secteurs privés essentiellement
12:11dans leur décarbonation, mais également de mener des analyses
12:15à la manière un petit peu d'un think tank sur des sujets qui nous semblent importants de creuser.
12:19Et justement, c'est ce qui vous réunit, une analyse commune,
12:22un rapport sur les émissions liées au commerce international.
12:25On va commencer par le constat.
12:27Le constat, c'est un constat d'augmentation de ces émissions de gaz à effet de serre ?
12:30C'est un constat d'un poids effectivement croissant.
12:33Ça représente donc ces émissions apportées,
12:35donc César pourra peut-être vous donner la définition,
12:37ça représente à peu près un quart des émissions globales.
12:41C'est-à-dire que dans ce qu'on consomme, il y a une partie qui est importée
12:45et la somme des émissions qui ont été produites
12:49au moment de la production de ces importations
12:51représente à peu près un quart des émissions mondiales.
12:53En fait, c'est même une part plus importante que la part du commerce dans le PIB.
12:57D'accord, donc c'est un levier évidemment d'action aussi important
13:01que ce chiffre que vous venez de nous donner.
13:03De quoi il s'agit, émissions de gaz à effet de serre ?
13:05Je comprends ce que ça veut dire, mais c'est intéressant de le détailler.
13:08Oui, alors émissions de gaz à effet de serre,
13:10on sait que c'est justement ce qui réchauffe la planète
13:13et on est souvent assez habitué à une notion qui s'appelle les émissions territoriales.
13:18C'est-à-dire que quand on dit que la France augmente ou réduit ses émissions,
13:22on parle généralement de ce qui se passe à l'intérieur du territoire français.
13:26Donc on voit en fait la France comme un pays générateur de gaz à effet de serre.
13:30Et d'ailleurs, ces chiffres sont plutôt en baisse.
13:32Ils sont plutôt en baisse, exactement.
13:34Et notamment dans les dernières années à cause de facteurs conjoncturels,
13:38notamment le coût de l'énergie, la guerre en Ukraine, etc.
13:41Et aussi des facteurs structurels de décarbonation de fonds qui est engagé.
13:47Donc cette vision-là territoriale, elle est importante
13:50parce que c'est ce qui nous permet de piloter cette baisse d'émissions,
13:53mais elle est incomplète.
13:54Puisqu'en fait, si on ne regarde pas ce qu'on importe,
13:57on rate, on loupe toute une grande partie du problème.
14:00Par exemple, quand on importe des smartphones pour les consommer,
14:04ce n'est pas en France qu'on les produit,
14:06donc on a bien généré quelque part dans le monde des émissions.
14:09Et ces émissions apportées, c'est exactement cet indicateur-là
14:12qui permet de suivre tout ce qu'on va contribuer à produire
14:16comme émissions de gaz à effet de serre à l'extérieur de notre pays
14:19à cause de notre consommation intérieure.
14:21Oui, mais alors la France et l'Europe exportent aussi des produits,
14:24donc on pourrait dire que ça s'équilibre,
14:27sauf que c'est un peu plus compliqué que ça.
14:29Alors, symétriquement, il existe aussi une autre notion
14:32qui sont les émissions exportées.
14:34Et là, effectivement, l'Europe exporte aussi beaucoup d'émissions
14:37parce qu'on produit pour d'autres,
14:39notamment les États-Unis, la Chine et d'autres pays.
14:42Donc, effectivement, on a cette double vision.
14:44Et ce qui est intéressant, c'est quand on parle d'empreinte carbone,
14:47on parle beaucoup de l'empreinte carbone de la France,
14:49en fait, c'est un mélange de tous ces concepts.
14:51On prend les émissions territoriales de la France,
14:53on y ajoute les émissions importées
14:55et on soustrait les émissions exportées,
14:57ce qui donne, en gros, une vision de ce que les Français,
15:00en tant que consommateurs, émettent sur toute la planète
15:03via leur consommation.
15:04L'Europe européenne, si on fait le bilan,
15:06importe 2,5 fois plus d'émissions de gaz à effet de serre
15:09qu'elle n'en exporte.
15:11Richard Barron, si on prend les pays du G20,
15:14je crois que c'est 80 % des émissions importées.
15:18Alors, si on commence à rentrer dans la question des solutions,
15:24quelles actions ces pays, qui sont les plus riches de la planète,
15:28mènent ou pourraient mener ?
15:30Alors, si on démarre avec l'Europe,
15:32il y a des solutions qui ont trait à réduire
15:34l'intensité carbone de nos importations.
15:37On a mis en place, ça va rentrer en vigueur dans quelques mois,
15:41un ajustement de taxes aux frontières
15:43qui consiste à taxer le contenu carbone
15:46de certains produits uniquement,
15:48donc c'est l'acier, l'aluminium, les engrais, l'électricité
15:52et j'en oublie un, le ciment.
15:56Et on fait ça parce qu'on taxe très fortement ces produits
15:59et donc on veut éviter de donner un avantage compétitif déraisonnable
16:03au reste du monde.
16:05Une autre mesure qu'on a prise dans ce sens,
16:07c'est la directive sur la déforestation.
16:10Et là, il s'agit d'interdire les importations de produits agricoles
16:13qui sont issues de la déforestation.
16:16Mais en donnant un signal au pays,
16:18qui dit qu'à partir de telle date,
16:20on refusera d'importer des produits
16:24qui ont donné lieu à la déforestation
16:26parce que le contenu carbone de ces produits
16:28sont beaucoup trop élevés.
16:30D'autres exemples qu'on a mis en place en France en particulier,
16:32c'est l'écoscore,
16:34qui a consisté à mesurer le contenu en carbone
16:36des véhicules électriques pour savoir lesquels étaient éligibles
16:39au bonus écologique.
16:41Et donc on regarde le contenu en carbone de l'acier de la voiture,
16:44de l'aluminium de la voiture, du plastique de la voiture,
16:46des batteries.
16:48Et puis on regarde aussi le contenu en carbone du transport
16:50qui a amené cette voiture jusqu'à chez nous,
16:52jusqu'à notre marché.
16:54Et ça, ça a mené assez rapidement
16:56à exclure les véhicules chinois du bonus écologique
17:00parce que leur contenu en carbone de tous ces produits
17:02est très élevé.
17:04Donc ça veut dire qu'acheter des véhicules électriques
17:06avec une très forte entrepreinte carbone
17:08perd de son sens par rapport à l'objectif.
17:10Est-ce que c'est du protectionnisme intelligent ?
17:12Ce n'est pas du protectionnisme dans le sens où ça évite
17:17de faire en sorte que nos politiques de lutte
17:19contre le changement climatique soient complètement compensées
17:21par un déplacement des émissions ailleurs.
17:23C'est ce qu'on appelle les fites de carbone.
17:25Ça a été une préoccupation
17:27dès le début de l'action climatique
17:29avec la convention de Rio et puis le protocole de Kyoto.
17:31Dès qu'on a commencé à dire
17:33certains vont réduire, d'autres pas,
17:35les industriels ont dit on va évidemment
17:37voir une délocalisation à plus ou moins long terme.
17:39Et les pays les moins développés
17:41ou les moins riches disent vous êtes bien gentils
17:43mais vous nous laissez la pollution
17:45et vous récupérez les produits.
17:47Tout à fait. Donc ça c'est légitime
17:49comme contradiction.
17:51Ce que vous avez de faire maintenant
17:53c'est de sensibiliser les pays en leur disant
17:55nos importations sont vos émissions
17:57et comment est-ce qu'on peut travailler ensemble
17:59non pas pour faire du protectionnisme
18:01mais pour vous engager à réduire ces émissions.
18:03Parce que sinon,
18:05de plus on apportera vos produits
18:07parce qu'ils seront compétitifs
18:09par rapport à leur empreinte carbone,
18:11plus vous, vous aurez un souci d'émission de votre côté.
18:13Même question.
18:15Je suis tout à fait d'accord.
18:17Le vrai sujet, l'un des grands sujets
18:19c'est d'essayer d'éviter les fuites de carbone.
18:21Il y a des pays, mieux disant environnementalement,
18:23qui vont avoir un coût de production élevé
18:25et qui seront moins compétitifs
18:27à l'échelle internationale.
18:29Ce qui permettra à des pays
18:31moins disant environnementalement
18:33de prendre plus de parts de marché
18:35et donc d'augmenter leur production.
18:37Ce qui fait qu'à la fin, dans le meilleur des cas,
18:39on a les gains qu'on a quelque part
18:41qui sont contrebalancés par les pertes ailleurs
18:43et les augmentations ailleurs.
18:45Dans le pire des cas, on a même une augmentation globale
18:47des émissions.
18:49Ce que dit Richard est tout à fait vrai.
18:51Si on commence à se dire
18:53qu'on est codépendants
18:55l'un et l'autre entre les pays,
18:57ça peut faire avancer les choses.
18:59L'une des solutions possibles, c'est aussi
19:01à l'échelle française, européenne par exemple,
19:03de se doter d'objectifs de réduction
19:05de nos émissions importées.
19:07Aujourd'hui, on a la stratégie nationale
19:09carbone en France, qui est une énorme avancée
19:11qui donne la feuille de route de la décarbonation
19:13de la France, mais c'est sur les émissions
19:15territoriales. Et on a des objectifs très ambitieux
19:17de neutralité carbone à l'échelle française
19:192050, mais on n'a pas
19:21de feuille de route, pas d'objectifs
19:23sur les émissions importées.
19:25C'est vrai en France, c'est vrai en Europe aussi ?
19:27Oui, on les mesure. Il y a un ensemble de pays
19:29qui les publient dans leurs
19:31contributions nationales, mais sans
19:33objectifs de réduction. Ils disent juste
19:35c'est un point sensible parce qu'il est croissant.
19:37Et donc, évidemment,
19:39ce serait un levier
19:41efficace. Savoir
19:43se donner un objectif, ça permet
19:45à tout le monde d'ensuite
19:47faire le bilan, demander des comptes.
19:49C'est ce qu'on a élu.
19:51C'est le fameux triptyque, mesurer, se fixer
19:53un objectif et agir. Mesurer, comment
19:55est-ce qu'on fait pour mieux mesurer ? On peut harmoniser
19:57les méthodes. Tout le monde a
19:59dans son coin sa méthode pour calculer ses émissions
20:01importées. Ce qui est intéressant, c'est de regarder
20:03une possibilité, une éventualité de tout
20:05harmoniser. Fixer un objectif, c'est ce que j'ai
20:07dit tout à l'heure. Comme ça, ça donne un cap
20:09clair à tout le monde. Et agir,
20:11c'est un petit peu les solutions que, Richard, tu donnais tout à l'heure
20:13sur la coopération et d'éventuelles mesures bilatérales
20:15ou unilatérales.
20:17Sauf qu'avec un Donald Trump de retour
20:19à la Maison-Blanche, on est plutôt
20:21dans le redémarrage
20:23d'une guerre douanière que dans une gouvernance
20:25mondiale pour calculer nos émissions
20:27de gaz à effet de serre importées
20:29et les harmoniser.
20:31Ça vous inquiète ?
20:33Oui, c'est inquiétant, mais je pense que ça
20:35va aussi mettre l'accent sur cette dimension-là
20:37parce que les Etats-Unis, en même temps qu'ils
20:39se lancent dans cette guerre commerciale,
20:41ont décidé de sortir de l'accord de Paris.
20:43Donc, on est tout à fait légitime
20:45à mesurer de manière beaucoup plus précise
20:47le contenu en carbone des importations
20:49qui viendraient des Etats-Unis, où il n'existe
20:51pas de prix au carbone sur les biens
20:53dont je parlais auparavant. Et donc, avec un
20:55souci de compétition
20:57un petit peu déloyale.
20:59Le mécanisme d'ajustement de taxes aux frontières
21:01va s'appliquer aux Etats-Unis comme
21:03à tous les autres pays du monde. Mais si
21:05on commence à dire qu'il faut importer plus de gaz
21:07naturel liquéfié des Etats-Unis, dont l'empreinte
21:09carbone via les fils de méthane est terrible
21:11et en fait rend le gaz
21:13moins performant environnementalement
21:15que le charbon, il y a là quelque chose
21:17qu'il va falloir qu'on regarde de beaucoup plus près.
21:19Or, c'est l'un
21:21des éléments que Donald Trump met dans la
21:23balance quand il dit
21:25je vais voir à quel niveau de
21:27droite douane je vais assaisonner
21:29l'Europe, si j'ose dire. Tout à fait. Et je trouve
21:31qu'on a été un peu rapide dans la réponse qui consistait
21:33à dire oui, on va peut-être
21:35essayer de gérer ceci
21:37en s'engageant à acheter plus
21:39de gaz américain. Et alors, derrière ça, il y a la
21:41question du continent mieux-disant,
21:43César Dugas, parce qu'on
21:45voit aussi que
21:47le nouveau Parlement européen,
21:49moins de députés d'eurodéputés écologistes, plus
21:51d'eurodéputés nationalistes
21:53populistes, il y a un mouvement
21:55de retour en arrière
21:57sur les ambitions du Green Deal.
21:59Est-ce que l'Europe doit continuer
22:01d'être ambitieuse et est-ce que ça peut être un
22:03avantage concurrentiel ? C'est ça la question.
22:05Évidemment. C'est-à-dire qu'aujourd'hui
22:07on a vu avec les récentes
22:09actualités internationales qu'on est
22:11plus que jamais livré à nous-mêmes.
22:13On doit se défendre, on doit aussi
22:15s'organiser une contre-attaque,
22:17une riposte et quelque chose de constructif.
22:19Ce qui est de très
22:21fort, c'est qu'on a un très grand marché en Europe.
22:23On a de très beaux produits,
22:25on peut avoir des marges de manœuvre
22:27très fortes dans la manière
22:29d'interagir avec nos partenaires commerciaux.
22:31Et il y a un enjeu qui me semble fondamental,
22:33c'est l'enjeu de la souveraineté.
22:35Cette question climatique,
22:37elle est indissociable de la question de la dépendance.
22:39On a aujourd'hui en Europe,
22:41on est extrêmement dépendant d'énormément
22:43de produits américains, chinois, etc.
22:45qui sont déterminants dans le bon fonctionnement
22:47de nos économies. La question se traite de savoir
22:49de quoi exactement on est dépendant
22:51et qu'est-ce qu'on pourrait faire pour éventuellement
22:53relocaliser des choses ou se rendre davantage
22:55souverain dans certaines productions.
22:57Et l'Europe aujourd'hui a plus que jamais un rôle potentiel
22:59de leader sur ces questions de souveraineté et de climat.
23:01Merci beaucoup.
23:03Malheureusement, le débat est
23:05déjà terminé. Je vous dis à bientôt sur
23:07BeSmart for Change. On passe tout de suite à notre rubrique
23:09Start-up.
23:15Smart Ideas
23:17avec Romain Garcin. Bonjour.
23:19Vous êtes le fondateur de
23:21Virtuoso, créé en 2020.
23:23C'était quoi votre idée de départ ? Racontez-moi.
23:25L'idée de départ, c'est à force d'entendre tous les médias
23:27qui parlaient d'une pollution massive
23:29dans les mers et les océans. C'est-à-dire, qu'est-ce qu'on peut faire
23:31pour stopper ça ? Et donc, ça a été de chercher
23:33la problématique d'où ça venait.
23:35On a compris que ça venait du réseau pluvial.
23:37Et ensuite, c'est de se dire
23:39quelle action on peut mettre en œuvre pour stopper ça.
23:41Alors, on va démarrer du constat
23:43avant votre solution. Il y a
23:45un gros orage. Qu'est-ce qui se passe en fait ?
23:47Les pluies viennent lessiver
23:49les surfaces étanchéifiées. Et ces surfaces
23:51étanchéifiées qui sont pleines de
23:53particules polluantes parce que les émissions
23:55de particules de pneus, d'usure,
23:57de freins, d'hydrocarbures, de mégaux
23:59qui sont jetés soit volontairement.
24:01De déchets en tout genre. Exactement.
24:03Et en fait, tout ça vient lessiver, laver la surface
24:05et rentrer, pénétrer.
24:07Donc souvent, on appelle ça les bouches d'égout
24:09mais ce sont des avaloirs. L'eau pénètre
24:11dans le réseau pluvial et finit dans
24:13le milieu naturel sans être filtrée.
24:15Donc, rivière puis océan.
24:17Exactement. Ça, c'est l'enchaînement.
24:19Qu'est-ce que vous avez ? Parce qu'il y a l'idée
24:21puis ensuite, il y a la mise en œuvre. Qu'est-ce que vous avez
24:23imaginé, inventé ? Alors, on a imaginé
24:25filtrer à la sortie du réseau
24:27pour se dire que c'est le plus facile et le plus fonctionnel.
24:29Et on s'est aperçu en fait que
24:31c'était une solution
24:33qui fonctionnait déjà mais qui était
24:35peu performante parce qu'il y avait beaucoup
24:37de flux, beaucoup de débit
24:39et beaucoup de matière à stopper.
24:41Donc, on venait colmater, ça passait en surverse
24:43et en fait, ce qu'on montre
24:45on va dire la plupart du temps
24:47c'est ce qu'on a capté
24:49comme matière mais on ne parle pas de ce qui est passé
24:51à côté. Donc, nous, on a voulu aller
24:53plus loin dans la recherche et c'est de se dire
24:55comment stratégiquement on peut être le plus
24:57performant possible pour avoir
24:59un réel impact justement
25:01sur la biodiversité.
25:03Et on s'est dit qu'il faut filtrer
25:05au niveau des avaloirs. Donc, par exemple,
25:07une ville comme Cannes qui a 9500
25:09avaloirs, on vient
25:11démultiplier les points de collecte et donc
25:13avoir des volumes plus importants
25:15de stockage, des surfaces de filtration
25:17et là, on peut faire un travail plus précis
25:19avec des tournées d'entretien
25:21aussi assez faciles.
25:23Donc, c'est quoi ? Ca remplace
25:25les bouches d'égout, moi je vais dire bouches d'égout ?
25:27Alors, ça ne remplace pas mais ça vient ça poser
25:29dessous. C'est un système
25:31alors là, je vais vous parler du tout nouveau système
25:33puisqu'on vient de faire le brevet, de finir le brevet
25:35il y a deux jours. Donc, il y a
25:37un dégrilleur, un panier qui vient
25:39collecter le gros de la matière
25:41et dessous, on a une chambre de décantation
25:43qui est posée sur un drain
25:45avec une espèce de siphon
25:47et donc, l'ensemble
25:49de ces caractéristiques permet de venir
25:51capter les particules fines avec les métaux
25:53lourds et plein de polluants
25:55les gros déchets donc et
25:57les hydrocarbures aussi, toutes les matières qui flottent
25:59donc, on est la solution aujourd'hui sur le marché
26:01la plus efficace.
26:03Et alors, ces déchets, ça permet
26:05de les remettre
26:07dans le circuit du recyclage ?
26:09On les amène directement à la mer.
26:11Non, je plaisante. Effectivement,
26:13le but, c'est de les récupérer
26:15et de les amener dans des centres de valorisation
26:17performants pour extraire
26:19le maximum de matière. Donc,
26:21ça va aller sur une chaîne
26:23où il y a, par exemple, des aimants qui vont extraire
26:25les canettes, donc les métaux, des souffleries
26:27pour les papiers volatiles, des trommelles
26:29pour enlever le gravier, l'usure, le goudron
26:31donc, tout ça. Combien de
26:33villes ? Parce que vos clients sont les municipalités
26:35et évidemment, d'ailleurs,
26:37ça représente quel marché ? Il y a combien d'avaloirs
26:39de bouches d'égout en France ?
26:41On a du mal à...
26:43Ah oui, c'est des millions. Tout à fait.
26:45C'est énorme. Le marché est énorme.
26:47Et aujourd'hui, on a
26:49à peu près... Donc, on n'avait fait que des phases
26:51tests et ça y est, on passe sur les premiers chantiers.
26:53On n'avait posé que quelques avaloirs
26:55sur une dizaine de villes en phase test
26:57pour bien comprendre le fonctionnement
26:59et là, on passe, ça y est, sur des gros chantiers
27:01où, justement, on va équiper l'entièreté
27:03de la réalisation des travaux, donc
27:05sur une trentaine d'avaloirs à chaque phase de chantier.
27:07Donc, on avance vraiment.
27:09Dans quelles villes ? Dans quelles villes ?
27:11Alors, surtout Lille et Paris
27:13où il y a beaucoup de demandes de ce secteur-là
27:15et malheureusement, moi qui suis du sud de la France,
27:17j'ai le regret de constater qu'il n'y a pas la même dynamique.
27:19Donc, vous lancez le message aux municipalités
27:21du sud
27:23de la France.
27:25Ça représente un gros investissement
27:27pour une ville ?
27:29Non, c'est rien du tout. Par exemple, là,
27:31à Marly-le-Roi, il y a des travaux prévus
27:33sur 3 millions d'euros pour refaire 2 portions
27:35de routes. On a à peu près 25
27:37avaloirs, donc on est
27:39autour des 40 000 euros.
27:41Donc, en fait, c'est
27:43dérisoire, c'est une goutte d'eau.
27:45Mais il faut profiter
27:47de travaux qui sont faits par ailleurs
27:49ou on peut venir
27:51installer votre système
27:53dans n'importe quel avaloir ? Alors, aujourd'hui, les collectivités
27:55ont plus de facilité à la poser
27:57quand ils font des travaux neufs.
27:59Puisqu'il y a moins de contraintes, c'est plus facile.
28:01Par contre, aujourd'hui, on déploie
28:03une offre justement de rénovation qu'on va mettre
28:05en place justement avec différents organismes
28:07pour avoir des financements et aider
28:09les collectivités à venir changer
28:11l'avaloir pour justement avoir
28:13un élément de filtration
28:15et avoir une stratégie dans la ville pour
28:17filtrer à des endroits importants
28:19donc autour de poubelles, autour de bars,
28:21zone piétonne, zone industrielle
28:23parce qu'il y a des points qui émettent
28:25beaucoup plus de polluants que d'autres et donc il y a vraiment
28:27une stratégie à avoir.
28:29Merci beaucoup Romain Garcin. C'était passionnant
28:31et bon moment à Vertuoso.
28:33Voilà, c'est la fin de ce numéro de
28:35T'impact. A très vite sur la chaîne des audacieux
28:37et des audacieuses. Salut !