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Jeudi 30 janvier 2025, SMART IMPACT reçoit Ambroise Collon (Directeur Général et cofondateur, Les Nouveaux Géants) , Caroline Neyron (Directrice générale, Impact France) , Olivier Bailloux (Directeur du planning stratégique, Saatchi & Saatchi) et Manon Loustau (cofondatrice, Libu)

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00:00Générique
00:08Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:14Voici le sommaire. Mon invité, c'est Caroline Neyron, la directrice générale du mouvement Impact France.
00:19Elle plaide avec d'autres chefs d'entreprises français pour que les négociations sur la CSRD, le bilan extra-financier, n'aboutissent pas à un recul de ses ambitions.
00:28Notre débat, il portera sur la transformation des métiers du marketing et de la communication, comment les rendre plus durables,
00:34et puis surtout, comment rendre la transition moins punitive, plus désirable. Réponse tout à l'heure.
00:39Et puis, dans notre rubrique Start-up, vous découvrirez Libu qui a mis au point un éclairage innovant pour améliorer la santé des salariés.
00:48Voilà pour les titres. On a 30 minutes pour les développer. C'est parti.
00:51Générique
00:57L'invité de ce Smart Impact, c'est Caroline Neyron. Bonjour.
01:00Bonjour.
01:01La directrice générale du mouvement Impact France. On va parler bilan extra-financier, CSRD, le match, le combat qu'il faut mener pour qu'elle ne soit pas totalement réduite en termes d'ambition.
01:11En quelques mots, le mouvement Impact France, le principe et puis peut-être le nombre d'entreprises qui vous suivent aujourd'hui ?
01:15Bien sûr. Impact France, c'est une organisation patronale qui réunit aujourd'hui plus de 30 000 entreprises partout en France,
01:23quelle que soit sa taille, quelle que soit sa région, quel que soit son secteur.
01:27Tous ces entrepreneurs, ces dirigeants sont mus par la volonté d'aligner leur business model avec les enjeux écologiques et sociaux qui vont les frapper.
01:36Certains, bien sûr, sont citoyens militants, mais de plus en plus, ce sont des entrepreneurs qui ont au cœur et dans les chiffres la conscience qu'il faut qu'ils se préparent à cet avenir avec moins de ressources
01:50et en même temps qu'ils assurent aussi une gestion pacifiée de ces bouleversements à venir.
01:56Et des entrepreneurs qui, à juste titre, sont déboussolés en ce moment puisque ça fait des mois, pour les plus grosses entreprises, les très grandes entreprises, les ETI bientôt,
02:05qu'ils se préparent à ce bilan extra-financier. La CSRD, on y consacre plusieurs émissions depuis au moins six mois, quasiment tous les jours.
02:15Et là, en ce moment, on a des messages contradictoires. C'est-à-dire qu'on a le commissaire européen Stéphane Séjourné qui évoque, voire annonce, l'hypothèse d'une suppression du reporting extra-financier.
02:26Le mot « suppression » a été utilisé. Comment vous avez réagi ?
02:31C'est effectivement pour des dizaines, centaines, milliers d'entreprises qui se préparent une incompréhension. On est dans une dynamique depuis plusieurs années.
02:38On ne se réveille pas aujourd'hui sur la volonté des Européens de pouvoir se préparer justement à ces changements écologiques, sociaux, d'intégrer dans les business models de nos entreprises les risques,
02:51et en même temps d'accompagner toute une société à se préparer aussi à ces risques, donc d'aligner les enjeux publics et privés sur ces sujets.
03:00La CSRD, c'est un mot un peu compliqué, mais en gros, l'enjeu, c'est de pouvoir accompagner les entreprises à évaluer une performance augmentée.
03:08C'est-à-dire qu'aujourd'hui, elles regardent leurs chiffres d'affaires, elles ont un comptable, elles ont toute une armée de normes pour évaluer leur performance économique, performance financière.
03:22Il n'y avait rien qui faisait autorité pour évaluer la performance écologique et sociale. Du coup, ça faisait perdre du temps à tout le monde, de l'argent. Il y avait tout un business autour de ça.
03:32Et l'enjeu, ça a été un peu de siffler la fin de la récré, de pouvoir professionnaliser ça pour permettre aux entreprises de se projeter dans l'avenir.
03:38Et de se comparer. Ce qui est intéressant aussi.
03:41Et potentiellement, du coup, se comparer, donc se valoriser dans un continent qui, effectivement, a quand même, pour son modèle social et pour ses enjeux, ses investissements écologiques, qui sort du lot très concrètement.
03:56Et donc peut bénéficier aussi de valoriser cela. Donc c'est vrai que ces milliers d'entreprises qui s'y préparent, entendre le commissaire européen le lundi matin, au mois de janvier, dire qu'en fait, on va arrêter tout ça, c'est une incompréhension.
04:11C'est aussi le signe qu'il y a un lobby très fort pour le faire. Un lobby politique, peut-être aussi un lobby économique, de ceux qui sont moins avancés que les autres.
04:20Et un lobby international. Ne parlons pas de Donald Trump et de la pression qu'il est en train de mettre sur l'Europe.
04:26C'est ça. C'est-à-dire qu'en fait, on a un double phénomène. On a un phénomène que ces directives, elles allaient être ouvertes à des plus petites entreprises, à partir de 250 salariés.
04:36Et aujourd'hui, ces entreprises petites ETI sont nombreuses en France, mais surtout très nombreuses en Allemagne. Et donc on a des élections en ce moment.
04:46Et il se trouve qu'hier, elles étaient dans la rue. Les ETI allemandes industrielles sont dans la rue. Donc il y a une pression politique extrêmement forte en Allemagne.
04:56Et donc qui concourt à demander des symboles, des totems de choc de simplification. Donc ça, c'est la situation européenne qui fait qu'il y a un recul en interne.
05:09Évidemment, il y a le choc Trump qui annonce, lui, une dérégulation vraiment à tout crin, un réinvestissement massif dans les énergies fossiles. Et donc la question de l'Europe...
05:20Et qui ne supporte pas, lui et ses soutiens les plus connus, la régulation à l'européenne.
05:26Qui le demande très concrètement et qui demande à ne pas être soumis à ces régulations. Et donc qui tape très dur. Donc la question, c'est dans ce contexte-là,
05:35comment on soutient la vision économique, la compétitivité européenne ? Est-ce qu'on recule ? Est-ce qu'on tient ? Et comment on arrive à construire une solution de sortie vers le haut pour nos entreprises ?
05:49Alors, vous faites des propositions. Parce que la CSRD, c'est pas non plus l'alpha et l'oméga. Il y a pas mal à dire sur sa complexité. C'est 800 pages, c'est sans doute trop complexe.
06:00Donc qu'est-ce que vous proposez pour finalement trouver une voie médiane ? Pas abandonner l'ambition et peut-être simplifier, répondre à la demande de ceux qui disent simplifiant.
06:08C'est sûr qu'au bout d'un an, on peut quand même avoir un recul aussi sur la manière dont c'est fait. Et effectivement, il y a vraiment des voies d'amélioration extrêmement fortes.
06:17Et on peut pas dire que quand on demande un choc de simplification ou une baisse de la bureaucratie de la part des entreprises, ça soit non plus complètement folklorique.
06:26Effectivement, il y a un enjeu que ça soit beaucoup plus simple. Et on peut allier ambition et simplicité. Ce dont on peur les entreprises, c'est de faire un rapport de 1400 pages qui bloque les portes. Et ça, c'est quand même bien normal.
06:37Donc nous, ce qu'on dit, c'est que les entreprises, ce qu'elles demandent, c'est une stabilité réglementaire du cadre. Que le cadre qui a été posé et qui a été travaillé, il ne soit pas disloqué.
06:48Qu'on n'arrête pas tous les autres indicateurs qui sortent des enjeux de décarbonation, par exemple. Ce qui est une voie possible.
06:57Qu'on n'arrête pas de demander aux entreprises de s'aligner sur les objectifs des accords de Paris. Qu'on ne dise pas à toutes les entreprises de moins de 1500 salariés que finalement, elles vont être laissées tranquilles et qu'on ne leur demande même pas de les regarder.
07:10Par contre, là, il y a des vraies voies de simplification. Aujourd'hui, tout ce qu'on demande aux entreprises, c'est aussi beaucoup de narratifs qui est incomparable. Des pages pour expliquer ce qu'ils font et comment ils le font.
07:20Nous, ce qu'on propose, c'est de se centrer sur les objectifs beaucoup plus mesurables. Donc, ce qu'on appelle le semi-narratif et le quantitatif qui permet d'aller beaucoup plus vite pour les entreprises.
07:32Les entreprises, elles savent produire des chiffres. Elles savent le faire. Et ça leur permet donc, du coup, d'avoir une beaucoup plus grande efficacité dans la manière de remettre ces rapports.
07:43Et puis, in fine, de se comparer sur la trajectoire et de se comparer par rapport aux autres.
07:48Alors, il y a un autre principe. Et ça rejoint le bras de fer avec les États-Unis. C'est le principe d'extra-territorialité de ce bilan extra-financier.
07:56C'est aussi ce qui le rend intéressant parce que l'Europe, par capilarité, peut faire en sorte que ses critères – espérons qu'ils resteront ambitieux – se diffusent. Il faut le maintenir, d'après vous, ce principe ?
08:11L'extra-territorialité, c'est la base. C'est-à-dire si on commence à demander à nos entreprises ce qu'on ne demande pas à des entreprises américaines, alors là, on se met carrément en déficit de concurrence accru.
08:21Ce qui est intéressant, c'est justement d'accompagner des entreprises qui travaillent en Europe. Ça reste quand même un marché clé.
08:28Oui. Ne l'oublions pas. Et c'est un levier de négociation à les 450 ou 70 millions de consommateurs.
08:35Et qu'il ne faut pas oublier. Il faut quand même savoir qu'on a une force économique qui est quand même majeure. On n'est pas quand même une petite poussière.
08:44Et donc, utiliser cette force pour, évidemment, imposer aux entreprises qui viennent travailler chez nous et qui produisent chez nous de respecter ces règles.
08:53C'est un enjeu pour la compétitivité. C'est aussi un enjeu pour la qualité de vie des Européens.
08:57Parce que finalement, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que les entreprises sont obligées de rendre des comptes sur la pollution, sur leur utilisation de ressources, sur leur modèle social.
09:07Mais ça, ça concerne la vie des Européens de manière très directe.
09:11Alors, je voyais dans les recommandations que vous faites que ça peut être pertinent, au regard de la taille de l'entreprise, de proposer des dérogations transitoires de 2 ans.
09:20Moi, je lis ça, je me dis attention. Parce que quand on commence à employer le terme dérogation, tout le monde va essayer de s'engouffrer dans la brèche.
09:26Le fait de se dire que des entreprises, entre 250 et 750 salariés, peuvent avoir un peu plus de temps pour s'y mettre, ça ne remet pas en cause la directive, ça ne remet pas en cause la dynamique, ça ne remet pas en cause le cadre.
09:40Ce qui est important pour nous, c'est ça. Donc, il peut y avoir complètement une possibilité pour nous d'être sur une dérogation de court terme.
09:50Mais vous avez raison, l'enjeu, c'est de clarifier l'objectif. C'est ça que demandent les entreprises.
09:55Parce qu'en fait, elles peuvent s'adapter à tous les entreprises. Mais si on leur fait faire quelque chose une année, défaire le lendemain, en fait, on les fait perdre sur tous les tableaux.
10:04Et là, quand je vous dis ça, c'est Impact France, mais c'est aussi Nestlé, Primark, Unilever, L'Occitane, qui ont fait des lettres en demandant une vision stabilisée, qu'on ne revienne pas en cause sur les orientations.
10:19Parce que c'est des milliers, millions d'euros qu'elles ont investis pour s'y mettre. Elles ont payé le coût d'entrée et elles vont se retrouver, en fait, celles qui s'y sont mises, celles qui ont respecté aussi la loi, celles qui se sont intégrées dans la vision collective, elles vont perdre le temps d'avance qu'elles ont pris.
10:35Et c'est vrai que, du coup, la capacité des entrepreneurs à avoir confiance aussi dans la parole publique, là, elle est quand même mise vraiment en doute et très probablement très durablement.
10:48Et c'est d'autant plus vrai qu'on est toujours dans cette incertitude budgétaire dans notre pays. Merci beaucoup Caroline Neyron et à bientôt sur Be Smart For Change.
10:56On passe tout de suite à notre débat. On va parler du rôle de la communication et du marketing dans cette transition.
11:03Le débat de ce Smart Impact. On va parler communication, marketing et le rôle de ces métiers dans la transition environnementale et sociétale avec Ambroise Colomb.
11:21Ambroise Colomb, bonjour, bienvenue. Vous êtes le cofondateur des Nouveaux Géants. Olivier Bayou, bonjour et bienvenue. Vous êtes directeur du planning stratégique chez Saatchi et Saatchi.
11:30Nouveaux Géants, organisme de formation sur la transition écologique. Vous publiez, vous êtes venu avec d'ailleurs, une étude sur la transition écologique au cœur des métiers du marketing et de la communication.
11:39Quelle leçon principale vous en retirez de cette étude ?
11:43Alors l'étude, elle est plus large que ça. On fait 11 métiers dans le marketing. C'est l'un d'entre eux.
11:47Mais là, on parle du marketing.
11:48Aujourd'hui, on parle du marketing et la leçon principale qu'on amène dans l'étude et le message qu'on veut porter, c'est que l'ensemble des métiers vont bouger.
11:55Et aujourd'hui, quand on parle de transition écologique, on s'intéresse beaucoup aux nouveaux métiers.
11:59Nous, ce qu'on veut dire, c'est concrètement un métier qui existe depuis toujours, qui a toujours existé comme le marketing.
12:05Il va bouger autant que la finance, l'IT, le RH, etc. Tous les métiers existants vont se développer.
12:12Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il faut inscrire la notion principale, qui est la notion de limite planétaire, dans toute réflexion marketing, dans toute réflexion de communication ?
12:22Exactement. C'est ça l'idée. Pour contribuer à la transition écologique, les personnes en marketing ont des nouvelles missions qui vont être typiquement de communiquer différemment
12:33pour inciter les gens à passer de la profusion, on va acheter toujours plus, à la sélection, les inviter au questionnement.
12:40C'est-à-dire, est-ce que j'en ai vraiment besoin ? Ce n'est pas vraiment la question principale du marketing aujourd'hui.
12:45Faire bouger un peu les imaginaires, les récits, pour les clients et pas que, en interne, pour les salariés, etc.
12:53C'est effectivement, Olivier Bayou, un changement d'état d'esprit.
12:56C'est-à-dire que le rôle du marketing, c'est d'abord de faire vendre et de faire vendre peut-être toujours plus.
13:01C'est déjà à l'œuvre, ce changement d'état d'esprit ?
13:04Oui, la communication, c'est efficace, donc ça fait vendre.
13:08C'est ce qu'on s'est évertué pendant des années à démontrer.
13:11Maintenant, il n'y a plus de démonstration à faire là-dessus.
13:14Mais il y a une autre démonstration à faire, c'est que ça peut faire autre chose que vendre.
13:18Ça peut vendre des imaginaires, on le sait aussi.
13:21Ce sont des impacts qui sont importants à avoir en tête quand on pratique ce métier.
13:28Est-ce que l'évolution dont on parle, c'est-à-dire cette idée limite planétaire,
13:31cette idée peut-être de ne pas être forcément dans une logique d'économie linéaire,
13:36est-ce qu'elle est déjà à l'œuvre ?
13:38Est-ce que vous la voyez à l'œuvre dans les différentes campagnes
13:41et dans la relation que vous avez avec vos clients ?
13:44Elle est à l'œuvre, mais de façon très inégale suivant les entreprises.
13:50Il y a des entreprises qui sont très avancées sur ces sujets-là,
13:54et puis d'autres qui ont encore beaucoup de chemin à faire.
13:58Les consommateurs eux-mêmes ont beaucoup de chemin à faire
14:01dans la prise de conscience des impacts de la consommation.
14:06Mais les impacts de la consommation sont au cœur de notre réflexion aujourd'hui.
14:11Il y a des risques liés à ces enjeux RSE ?
14:15Pour les marques et, par ricochet, pour les professionnels du marketing ?
14:20Oui, bien sûr, de plus en plus.
14:22Le premier risque évident auquel on pense, c'est celui du greenwashing.
14:25Il y a plusieurs entreprises qui se sont fait retoquer récemment sur ces sujets,
14:29et ça devient de plus en plus dur.
14:31Le réglementaire pousse un peu sur le thème.
14:33Les gens sont moins naïfs aussi.
14:36Donner un impact sans être précis sur la méthode de calcul, etc.,
14:40ce sont des choses qui sont de moins en moins acceptées.
14:43Et puis il y a un autre risque, qui est peut-être un peu plus systémique,
14:47c'est que quand on est dans un modèle complètement volumique,
14:50où on va vendre du neuf, si on a une pénurie de ressources,
14:54on ne va plus savoir vendre les mêmes quantités.
14:58Donc le rôle du marketing est d'anticiper un peu ces changements qui peuvent être brutaux,
15:02en faisant, c'est un peu la pub du dévendeur, de l'ADEME, c'est-à-dire...
15:08Qui ne s'est pas fait que des amis d'ailleurs,
15:10qui ne s'est pas fait que de la politique à l'époque.
15:12Mais qui participe de cette nouvelle mission du marketing,
15:15qui est un peu de lisser la courbe, c'est-à-dire on va faire de la pédagogie
15:18pour dire qu'il y a d'autres manières de vendre.
15:21On peut vendre du service au lieu de vendre du neuf,
15:23on peut vendre de l'occasion, etc.
15:25Et en fait, si le marketing fait bien ce travail-là,
15:28demain, quand il y aura des pénuries, on sera prêt,
15:31parce qu'on aura anticipé d'autres manières de faire vivre des business models
15:35qui sont très sains et qui peuvent être très rentables.
15:37Il y a une mission, vous parliez d'imaginaire.
15:40Ça, ça m'intéresse de vous entendre là-dessus.
15:43De quel imaginaire on part et lequel on peut espérer créer ?
15:48Parce que l'une des difficultés, c'est l'acceptabilité de la transition,
15:52soit pour des raisons économiques, tout simplement de portefeuille, d'inflation,
15:57soit parce qu'on a été bombardé de messages anxiogènes, culpabilisateurs, etc.
16:02Comment changer cette logique-là ?
16:05Alors, ce n'est pas simple.
16:07C'est clair que ce n'est pas simple, mais il y a vraiment l'idée
16:09que dans les imaginaires, on doit passer de choses qui sont très quantitatives
16:14à des choses plus qualitatives, des choses qui sont plus sur le matériel,
16:18qui vont aller plus vers le lien ou vers la relation.
16:22Le définir d'une façon précise, ce n'est pas évident,
16:29mais dès lors qu'on voit, par exemple, dans la pub Renault Captur,
16:33qui est une pub automobile dans laquelle on voit systématiquement des gens
16:37qui n'utilisent pas le véhicule, on est en train de changer notre rapport à l'automobile.
16:42C'est-à-dire qu'on est en train de passer d'une logique d'addiction à l'automobile
16:45à une logique où on se pose systématiquement la question de savoir si on doit l'utiliser ou pas.
16:50Et ça, à mon avis, c'est un excellent exemple d'une communication
16:54qui travaille l'imaginaire que l'on a sur l'automobile,
16:57de la même façon que le dévendeur pose le débat de notre rapport à la consommation.
17:02Est-ce que je vais m'acheter deux t-shirts en promo alors que j'en ai déjà un qui est top et qui me va très bien ?
17:08Effectivement, on voit, on commence à voir fleurir des publicités qui sont dans cette logique-là.
17:12Il y a aussi l'idée de passer de la possession à l'usage.
17:16Ça, c'est un message que vous essayez, ou que certains de vos clients veulent faire passer ?
17:20Alors, c'est évidemment une transition qui est plus, on va dire, une transition de business model.
17:26Mais dans cette transition de business model, il y a un besoin de communication.
17:30C'est-à-dire qu'on ne change pas le business model d'une entreprise sans accompagner les collaborateurs de cette entreprise
17:35et sans accompagner les clients de cette entreprise.
17:38Donc, c'est extrêmement important que la communication joue ce rôle
17:42d'accompagnement des nouveaux modèles économiques et des nouveaux business models.
17:46Est-ce que vous parliez d'un combat culturel ?
17:48Ah oui, alors ça, je pense qu'on est en plein dedans.
17:51C'est vraiment une question de culture.
17:54La communication, la pub, elle s'est développée avec la société de consommation.
17:59Elle a développé l'American Way of Life partout dans le monde.
18:04Elle a accompagné la globalisation.
18:06Et aujourd'hui, elle doit accompagner un Planet Way of Life.
18:10Un Planet Way of Life.
18:11Alors, imaginons une entreprise américaine dans l'Amérique de Donald Trump
18:15qui veut faire de la publicité dans l'Europe de la CSRV.
18:19Je n'aurais pas dû parler aux Etats-Unis.
18:21Mais si, j'avais prévu la question de toute façon.
18:23Vous voyez cette espèce de casse-tête pour une marque ?
18:27Il y a vraiment des messages et des tendances contradictoires aujourd'hui.
18:33Honnêtement, c'est sûr que si on prend les deux extrêmes, les faire se parler,
18:38c'est un peu d'ailleurs le problème.
18:39C'est peut-être pour ça que Trump est arrivé.
18:40C'est que faire se parler des messages aussi contradictoires, c'est compliqué.
18:44Après, nous, par exemple, en tant qu'organisme de formation,
18:48on a quand même un job d'aller vendre nos formations à des entreprises, etc.
18:53On arrive à avoir un discours hyper héroïste sur ces sujets-là.
18:57Parce qu'en fait, les nouveaux business models,
18:59il y en a qui ont fait des super tentatives, ça peut être très rentable.
19:02Donc, en fait, on arrive à se faire discuter le monde économique et l'impact.
19:06Et s'il faut raconter de la rentabilité,
19:08la deuxième chose qu'on peut raconter, c'est l'attractivité des talents.
19:11Il y a quand même beaucoup d'entreprises qui, en poussant ces modèles,
19:14n'attirent plus et ce n'est pas seulement des jeunes.
19:17Et donc, en fait, quand on commence à reprendre les éléments du discours classique,
19:23on arrive à convaincre qu'en fait, il faut changer de direction.
19:26– Est-ce que cette transformation des métiers de la communication,
19:29elle est perçue comme prioritaire ?
19:31Elle est où en haut de la pile d'un directeur général d'une entreprise ?
19:37– C'est une très bonne question.
19:40Aujourd'hui, il y a deux types de priorisation.
19:43Il y en a une qui se base sur quel est l'impact du métier.
19:46Par exemple, je suis aux achats, je fais 80-90% du bilan carbone.
19:49En général, c'est très priorisé.
19:51À l'inverse, il y a une logique d'influence, l'influence interne,
19:55RH, finances, je vais faire bouger l'organisation.
19:58La communication, elle est particulièrement priorisée dans des entreprises
20:02où la culture de l'entreprise repose beaucoup là-dessus.
20:04Donc typiquement, des entreprises du monde de la consommation, du B2C,
20:08s'ils veulent bouger de B2C, ça fait partie des premiers acteurs.
20:12Ces entreprises peut-être B2B, un peu moins engagées dans leur communication,
20:16évidemment, ça va être un peu dépriorisé.
20:19– Un chiffre sur la part du numérique dans les budgets publicitaires.
20:23L'essentiel des investissements publicitaires
20:25s'effectue désormais sur l'espace numérique.
20:27Ça représentait l'an dernier, 2024, 58% des dépenses mondiales de publicité.
20:33Olivier Bayou, il y a ce qu'on appelle dans cet univers le retargeting.
20:38Peut-être expliquer en quelques mots ce que c'est.
20:40Et pourquoi on est au cœur de notre débat ?
20:42– Alors le retargeting, c'est un sujet compliqué, mais c'est un sujet très simple.
20:48C'est, vous allez sur un site, vous regardez un produit
20:51et vous n'allez pas jusqu'au bout de l'achat.
20:53Vous avez remarqué qu'après, quand vous allez aller sur d'autres sites,
20:58des sites d'information ou quand vous allez aller sur Facebook,
21:01vous allez être retargeté, vous allez être reciblé.
21:04On va vous reproposer le produit que vous n'avez pas acheté.
21:09– Là, on est dans une incitation à la consommation.
21:12– Là, on est dans une incitation très claire à la consommation.
21:15Donc, on est en train de vous dire, tu ne l'as pas acheté,
21:19est-ce que tu es vraiment sûr que tu ne veux pas l'acheter ?
21:21– C'est efficace ?
21:22– C'est extrêmement efficace, c'est diaboliquement efficace, je dirais même.
21:26Et comme c'est diaboliquement efficace, il faut un petit peu s'en méfier
21:32et puis il faut peut-être s'interroger sur le type de produit
21:35sur lequel on utilise le retargeting.
21:38Parce que forcément, sur des produits d'impulsion,
21:41le retargeting va être encore plus efficace.
21:44Des produits pas chers, d'impulsion, sur des cibles jeunes,
21:49vous voyez arriver, la fast fashion, au cœur du sujet.
21:54– Et accessoirement, l'un des produits ou l'un des secteurs
21:58qui a un bilan carbone le plus catastrophique.
22:01– Exactement.
22:02– Donc, on démultiplie l'impact du secteur.
22:06– Et là, quand on se parle d'impact, effectivement,
22:08on est dans l'explosion de l'impact négatif.
22:12– Et ça, c'est un message que certains entendent ?
22:15Parce que si c'est efficace, si ça fait vendre des produits, bon…
22:19– Alors, c'est un message que j'essaie de porter à titre personnel,
22:23mais je pense qu'il n'y a que la réglementation
22:27qui pourrait désinciter certains acteurs à faire du retargeting publicitaire
22:33et investir massivement en retargeting publicitaire
22:35pour vendre leurs produits.
22:37– Très vite.
22:38– Peut-être qu'il y a aussi un enjeu social derrière,
22:41qui est qu'en fait, les gens s'endettent énormément avec tout ça.
22:46Et donc, du coup, il y a peut-être une prise de conscience aussi par là,
22:48c'est dans votre intérêt de ne pas le faire.
22:50– Merci à tous les deux et à bientôt sur BeSmart for Change.
22:53On passe à notre rubrique Start-up, tout de suite.
22:55Générique
23:02– Smart IDs avec Manon Loustot, bonjour.
23:04– Bonjour.
23:05– Bienvenue, vous êtes la co-fondatrice de Libu,
23:07créée en 2019 avec Tinou Seguin.
23:10Et avec quelle idée, racontez-moi ?
23:12– Libu, c'est une entreprise qui est spécialiste de l'éclairage circadien.
23:15Donc, circadien, c'est un mot latin qui veut dire autour du jour.
23:18Donc, c'est des solutions d'éclairage qui, tout simplement,
23:20vont évoluer au cours de la journée, comme le fait le soleil dans la nature.
23:23Et ça se destine à des espaces de travail où on reste longtemps
23:27et où on est beaucoup exposé à des lumières artificielles.
23:29– Alors, pour y arriver, ça suppose quoi de l'innovation ?
23:32Vous avez déposé des brevets, comment ça s'est passé ?
23:35– Effectivement, c'est 4 ans de R&D et un brevet aujourd'hui,
23:38derrière cette technologie, qui va permettre à la lumière
23:41d'évoluer tout au long de la journée et surtout de redonner
23:43les bons repères à notre corps et à notre horloge biologique.
23:46Parce que notre corps possède une horloge biologique
23:48dont le principal synchroniseur est la lumière naturelle du soleil.
23:51Donc, on va redonner via la lumière artificielle ces signaux,
23:54ce qui va avoir un impact sur la santé, le bien-être, le sommeil.
23:58– Cet impact, il est démontré ?
24:00– Oui, tout à fait, on a mené des études qui ont permis de valider
24:03cet impact sur des collaborateurs qui travaillent en bureau.
24:05Donc, on est vraiment sur quelque chose qui est réel,
24:08qui n'est pas fait en laboratoire.
24:09Et c'est des études qui ont été menées avec des chercheurs
24:11en chronobiologie et la médecine du travail,
24:13qui ont permis de montrer des améliorations sur le sommeil.
24:16On dort mieux, on sommeille moins pendant le poste de travail.
24:18Et puis, des paramètres connexes, amélioration de l'humeur
24:21et moins 25% de stress ressenti.
24:23– Oui, ça fait plein de bonnes raisons de s'équiper.
24:26Alors, qui sont vos clients aujourd'hui ?
24:28Des entreprises ?
24:29– Tout à fait, nos clients sont des entreprises qui,
24:31soit ont des projets de rénovation énergétique,
24:33donc du passage à la LED, et donc vont chercher des solutions qualitatives
24:37dans une démarche santé-qualité-vieux-travail.
24:40Soit des entreprises qui ont tout simplement des projets d'aménagement
24:42au sens un peu plus large.
24:44Et on compte des clients aujourd'hui un peu partout en France.
24:46On a une centaine de clients sur le territoire national
24:49qui sont principalement des grandes entreprises.
24:51On fait par exemple des travaux pour Capgemini, pour la SNCF.
24:55Et également pour certains personnels en horaires décalés,
24:58en travail de nuit et travail posté,
25:00notamment dans le milieu de la sécurité et de la surveillance.
25:02– Et alors en fait, ça nous fait du bien sans qu'on s'en rende compte ?
25:05Si je comprends bien, c'est un peu ça l'idée ?
25:07– Exactement, peut-être que vous connaissez la luminothérapie ?
25:09– Oui.
25:10– C'est un peu l'équivalent, mais tout au long de la journée.
25:12On va venir remplacer l'éclairage des bureaux
25:14et apporter les bénéfices qu'apporte la luminothérapie.
25:17Sauf que la luminothérapie, c'est sur un temps court.
25:19On s'expose à de la lumière très forte pendant une petite période de temps.
25:22Et nous, on va avoir un éclairage qui est plus diffus
25:25et qui est là tout au long de la journée pour redonner les bons repères.
25:27– Mais alors attendez, j'essaie de comprendre.
25:29Imaginons un open space qui est ouvert sur l'extérieur avec des fenêtres.
25:32On a quand même la lumière du jour qui rentre.
25:34Donc comment vous interagissez avec ce qu'est la lumière naturelle ?
25:38– Alors le luminaire va avoir connaissance de l'heure et de la saison.
25:41Et en fonction de ça, il va calculer
25:43quelle est la lumière la plus optimale pour le corps humain.
25:46Donc on ne va pas interagir directement avec la lumière naturelle,
25:49mais on va venir en complément.
25:51Donc sur certaines périodes de l'année, par exemple l'hiver,
25:53ça aura un impact beaucoup plus fort que l'été
25:55où effectivement on bénéficie davantage de la lumière naturelle.
25:58Et puis on va aussi équiper des espaces
26:00qui malheureusement ne sont pas assez ou pas du tout pourvu de lumière naturelle
26:03parce qu'ils n'ont pas ou peu de fenêtres.
26:05– Est-ce que vous venez au secours des régions
26:08où il y a moins de soleil que les autres ?
26:10Vous voyez ce que je veux dire ?
26:11C'est-à-dire, moi je reçois, comme tout le monde,
26:13souvent des messages de copains qui vivent dans le sud.
26:15Je vois ce ciel bleu éclatant et moi je suis dans la grisaille parisienne.
26:18Est-ce que finalement, ce que vous proposez avec l'IBU,
26:21ça peut rééquilibrer en quelque sorte cette dimension ?
26:25– Alors effectivement, on va apporter un complément à la lumière naturelle
26:28là où elle n'est pas présente.
26:29On est une entreprise bordelaise,
26:31donc on a quand même une majorité de nos clients dans le sud,
26:34sur la région Nouvelle-Aquitaine.
26:35Mais effectivement, on a des clients un peu partout en France,
26:38dont la région parisienne, le nord de la France.
26:41– Est-ce que ça permet d'installer les luminaires l'IBU,
26:47de faire aussi des économies d'énergie ?
26:49Est-ce qu'il y a cet impact sonnant et trébuchant en quelque sorte ?
26:52– Oui, tout à fait.
26:53On est sur une technologie LED,
26:54donc c'est une technologie aujourd'hui qui est la plus efficiente
26:57d'un point de vue énergétique.
26:59Et puis en fait, ce qu'on propose nous, c'est de dire,
27:01bien entendu, c'est le premier levier le plus évident,
27:04mais il y a aussi l'économie sur l'humain qui est un peu moins perceptible.
27:07Et d'après les études qu'on a menées, en moyenne,
27:09c'est 3 000 euros d'économie par salarié et par an
27:11au global, l'utilisation de nos solutions,
27:13entre le volet énergétique et le volet humain.
27:15– Parce que moins d'absentéisme, tout simplement ?
27:18– Tout à fait, moins d'absentéisme, moins d'erreurs aussi sur le lieu de travail,
27:21parce que moins de stress, moins de somnolence, oui.
27:23– Bon, merci beaucoup Manon Lousteau et bon vent à l'IBU
27:27et bon retour à Bordeaux ou en région bordelaise.
27:30Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:33Merci à toutes et à tous de votre fidélité.
27:35Je voudrais remercier Alexis Mathieu et Marie Billa
27:37à la programmation et à la production,
27:39Théo Boscar le réalisateur et Thibaut Goury la fond,
27:42l'ingénieur du son.
27:43Je vous souhaite une très belle journée
27:45sous le soleil du sud ou le gris parisien.
27:47– Salut.
27:49– Sous-titrage ST' 501