• il y a 20 heures
Bruno Retailleau prend la parole face à la presse après l'attentat de Mulhouse.

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00:00Avec Michel, madame la maire de Mulhouse, avec le préfet, avec l'ensemble des parlementaires qui sont autour de moi
00:08et qui ont dépassé, si j'ose dire, leurs appartenances pour qu'on puisse faire bloc,
00:14je suis venu pour témoigner au nom du Président de la République, au nom du Premier ministre, de notre reconnaissance,
00:20avec un message de gratitude que j'ai voulu adresser notamment aux policiers municipaux de Mulhouse.
00:27Ils ont fait un travail extraordinaire, extraordinaire de courage.
00:32Les choses se sont jouées de façon extrêmement brève, dans un délai très très court,
00:37puisque l'individu est allé pointer comme il devait le faire puisqu'il était assigné à résidence
00:43et il avait une obligation quotidienne de pointage au commissariat.
00:48Il arrive à 14h26, mais il ne va pas pointer.
00:52On voit que, déjà, il y a une dimension sans doute psychologique dans ce dossier-là.
00:58Il repart et tout va se jouer finalement en une dizaine de minutes, entre 15h40 et 15h50.
01:08Il agresse des agents du stationnement de la mairie de Mulhouse.
01:14Il va blesser très grièvement l'un d'entre eux, l'un des trois.
01:19Je suis entretenu tout à l'heure avec les deux autres.
01:22L'un avait reçu un coup au thorax, mais il est sorti de l'hôpital et leur camarade est encore à l'hôpital.
01:28Il a été touché à la fois au thorax et puis à la horte.
01:32Aujourd'hui, au moment où je vous parle, sa vie n'est pas en danger, mais il est grièvement blessé.
01:37Et donc, on est à 15h40.
01:40Ensuite, il va rencontrer, on ne sait pas encore si, la victime qui est décédée, 69 ans, de nationalité portugaise.
01:49On ne sait pas s'il s'est trouvé par hasard sur son chemin ou on ne sait pas s'il a fait un acte de bravoure en s'interposant.
01:58L'enquête devra sans doute le déterminer.
02:01Et puis, les policiers municipaux à 15h50, donc 10 minutes après les premiers coups, vont l'intercepter.
02:10Ce que je veux dire, c'est qu'ils l'ont fait avec un sang-froid absolument remarquable, absolument remarquable.
02:17Parce que l'individu, évidemment, était très, très dangereux.
02:19Il était armé notamment d'un couteau, mais aussi d'un tournevis.
02:23Et il s'est dirigé vers un policier qui a sorti son arme.
02:26Il a sorti son arme, mais il n'a pas tiré.
02:28Il n'a pas tiré parce que son camarade l'a prévenu.
02:31Il y avait un environnement, il y avait l'heure, beaucoup de monde, le marché.
02:35Et il a préféré ranger son arme et ils l'ont neutralisé avec une matraque.
02:40Ça témoigne d'un très grand professionnalisme.
02:42Ça témoigne d'un grand sang-froid et de beaucoup de courage.
02:46Et c'est à ce titre, en ayant encore une fois une pensée pour cette personne, 69 ans, portugaise, qui est décédée,
02:55sa famille qui va connaître la douleur.
02:58Mais je veux vraiment ce soir rendre hommage aux policiers municipaux.
03:02J'étais hier en Drôme et je ne cesse de dire que la question de la sécurité du quotidien,
03:08c'est une question du continuum de sécurité qui intéresse tout le monde,
03:13les gendarmes, les policiers nationaux, mais aussi les policiers municipaux.
03:17Et là, évidemment, on l'a vu de façon flagrante.
03:22C'était déjà ce message que je voulais apporter aux côtés de Mme le maire,
03:27du côté du préfet et des parlementaires à ces policiers qui ont été extrêmement valeureux.
03:37Écoutez, c'est un individu qui est arrivé irrégulièrement, illégalement sur le territoire français en 2014.
03:47Il va se maintenir pendant plusieurs années. Il va être interpellé en 2023,
03:52quelques semaines après le massacre du Hamas du 7 octobre 2023.
03:59Il va être interpellé et ensuite condamné pour apologie du terrorisme.
04:03Il va écopé de six mois de prison. Il ne va pas faire la totalité de ces six mois.
04:07Il va être libéré 50 jours avant le terme de sa peine.
04:14Ensuite, évidemment, puisque l'individu va être libéré,
04:18notre administration va le retenir dans un centre de rétention administrative.
04:25Vous connaissez la durée, 90 jours au maximum.
04:29On tente d'obtenir un laissé-passer consulaire de la part de l'Algérie,
04:33puisqu'il n'y a aucun doute, il est né en Algérie.
04:36Ses parents, d'ailleurs, sont repartis en Algérie.
04:40Notre administration, à dix reprises, va relancer les autorités algériennes,
04:44notamment le consulat, pour obtenir un laissé-passer consulaire
04:47que nous n'obtiendrons jamais.
04:49Arrivé à 90 jours, on tente de prolonger, puisque c'est la loi,
04:53de 30 jours supplémentaires.
04:55Dans un premier temps, le juge de liberté va l'accepter.
04:58Dans un second temps, ce sera annulé.
05:01Il sera libéré par la cour d'appel de Paris.
05:07À partir de là, on n'a plus qu'une seule solution,
05:10c'est l'assignation à résidence.
05:12Il sera donc, par le préfet, assigné à résidence.
05:15Il aura une obligation journalière quotidienne
05:19de passer au commissariat pour pointer.
05:23Et la suite, je viens de l'expliquer.
05:33C'est ce que j'ai indiqué.
05:35Je l'ai indiqué, je le dis clairement.
05:39Voilà un attentat.
05:42Le président de la République l'a dit le 1er,
05:44qui est un attentat terroriste.
05:46Le terrorisme islamiste a à nouveau frappé la France,
05:51après avoir frappé, il y a quelques semaines, d'autres pays,
05:54l'Allemagne et d'autres pays aussi.
05:57Mais c'est aussi, je le redis, je n'ai pas peur de le dire,
06:02le fait de désordres migratoires qui causent ces dégâts aussi.
06:07On le voit bien dans ce cas-là, de façon assez éclatante.
06:12J'en tire de leçon vis-à-vis d'Algérie,
06:16puisqu'on octroie beaucoup, beaucoup, beaucoup de visas.
06:21La France a tendu la main.
06:24Quels que soient les plais parfois vifs de l'histoire,
06:27aucun pays, aucun pays,
06:30quelle que soit l'histoire, qui peut nous séparer,
06:33n'a un droit de tirage pour humilier la France.
06:36Je suis partisan, puisque la méthode douce a été utilisée,
06:42avec l'Algérie, de poser un rapport de force.
06:46Le droit international, les relations entre les pays, les nations,
06:50mais là, notamment avec le régime algérien, c'est la réciprocité.
06:55Il n'applique pas un certain nombre d'accords
06:58que nous avons passés avec eux.
07:00Pourquoi est-ce que nous, on serait plus royaliste que le roi ?
07:04Donc moi, je suis pour ce rapport de force,
07:07parce que je vois bien qu'on a des individus dangereux
07:10qui devraient être en Algérie et qui sont sur le sol français.
07:14Ensuite, je pense qu'on doit changer les règles.
07:18Comment est-ce que les Français peuvent comprendre cette situation ?
07:22Je résume.
07:24Un individu qui, pendant des années,
07:26s'est maintenu irrégulièrement sur le territoire français.
07:32Un individu qui était condamné par la justice française
07:37pour apologie du terrorisme.
07:40Et un individu qui avait un profil psychologique particulier,
07:45puisqu'il avait fait l'objet, dans le cadre de son arrestation,
07:48d'une expertise, avec donc un expert judiciaire,
07:52qui avait détecté un profil schizophrène.
07:57Donc, profil psychologique, irrégulier, condamné.
08:02Est-ce que les Français peuvent comprendre que ces individus
08:05peuvent se déplacer librement sur le territoire ?
08:08Moi, je pense, je l'avais dit en répondant à une question d'actualité
08:11il y a quelques jours à l'Assemblée nationale,
08:13je pense que pour ces individus-là,
08:15jusqu'à ce qu'ils repartent dans leur pays,
08:17on devrait les maintenir en rétention.
08:19Il y a eu plusieurs tentatives qui ont été faites en 2009, en 2020,
08:23et plus récemment, pour instituer des peines de rétention,
08:28de sûreté, judiciarisées d'ailleurs,
08:31mais elles ont été à chaque fois censurées par le Conseil constitutionnel.
08:37Je pense que, je le redis, je le redis,
08:40mes propos avaient parfois causé polémique,
08:43mais quand la règle de droit ne protège pas les Français,
08:47alors il faut changer la règle.
08:48Le droit, il est fait pour protéger la société,
08:51pour protéger nos compatriotes.
08:53Donc ça veut dire que vous appelez à une réforme constitutionnelle aujourd'hui, très clairement ?
08:56Je pense que, je ne sais pas s'il y a besoin de réforme constitutionnelle,
09:01mais je pense qu'il faut qu'on s'interroge en tout cas.
09:03Il n'est plus possible d'avoir des individus dangereux
09:07pour lesquels on n'a plus de solution,
09:09parce que la seule solution que nous avions,
09:11après avoir épuisé toutes les autres solutions du droit,
09:15des solutions juridiques,
09:17la solution c'était l'assignation à résidence.
09:19Mais on voit bien que quand vous vous assignez à résidence,
09:22quand vous avez une obligation de passer une fois dans la journée dans un commissariat,
09:28vous pourriez d'ailleurs doubler, tripler le passage au commissariat,
09:31que l'individu peut parfaitement vous échapper.
09:33Mais retenons que, d'ailleurs, le parquet national antiterroriste a été saisi.
09:39Ça signifie que cette dimension du terrorisme,
09:41elle est clairement acceptée et endossée par le PNAT.
09:46Mais retenons aussi que la dimension psychiatrique de l'individu
09:53est sans doute une autre cause d'explication.
09:57Et justement, qu'est-ce qui vous dit aux Français
09:59qu'ils n'arrivent pas à comprendre qu'un tel acte puisse encore se poser sur le territoire ?
10:02Ce que je dis aux Français, je l'ai dit,
10:04vous avez à une heure près, j'ai la nouvelle, la fabuleuse nouvelle,
10:10que grâce à un travail exceptionnel de nos enquêteurs,
10:13de la justice française, des autorités roumaines,
10:16j'ai même appelé mon homologue tout à l'heure,
10:20ministre de l'Intérieur roumain, pour lui dire un grand merci
10:24parce qu'on a interpellé Amra.
10:26Donc d'un côté, il y a un volontarisme.
10:28Des mois et des mois d'enquête.
10:29Croyez-moi, très régulièrement, on me faisait le point sur cette enquête-là.
10:33Vous n'imaginez pas les techniques,
10:35vous n'imaginez pas les efforts qui ont été déployés
10:39sur un individu qui était très, très dangereux.
10:42Ce volontarisme d'ailleurs, nous l'avons traduit,
10:45nous allons le traduire dans la loi.
10:46Parce que la loi contre la criminalité organisée,
10:49qui a fait l'objet d'un vote unanime au Sénat,
10:52comporte des dispositions, notamment avec un parquet,
10:56avec une chaîne judiciaire.
10:57On a le parquet antiterroriste,
10:59on aura demain un parquet anti-criminalité organisée.
11:02Mais le cas Amra, justement,
11:04le cas Amra, on n'avait pas détecté tout de suite un profil si dangereux
11:08parce qu'il avait commis des faits qui avaient été éclatés
11:12dans plusieurs ressorts judiciaires.
11:14Demain, quand on aura un seul parquet,
11:16on aura une meilleure coordination, une meilleure efficacité.
11:19Donc pour répondre à votre question, d'un côté, voyez,
11:21on a ce volontarisme, on essaie de bouger,
11:23on essaie de changer la loi quand il faut la changer,
11:25notamment en matière de criminalité organisée.
11:27C'est le cas d'Amra.
11:29Et de l'autre, il y a ce que j'appelle l'impossibilisme.
11:33Pour moi, justement, il faut bousculer cet impossibilisme juridique
11:38parce que les Français attendent de nous qu'on les protège.
11:41Voilà.
11:47Écoutez, je me suis entretenu avec les policiers.
11:51Quand on voit ce courage,
11:53ça efface toutes les autres polémiques.
11:55Moi, ce que je souhaite,
11:57c'est que le terrorisme islamiste frappe dans beaucoup de pays.
12:01Il fait des morts. On n'en a pas terminé.
12:03L'an dernier, voyez, on a déjoué neuf attentats,
12:06neuf attentats terroristes grâce à nos services,
12:09grâce à une nouvelle organisation de l'État.
12:12On a des victoires et puis parfois on a des échecs.
12:15Il faut les assumer. Il ne faut pas s'en satisfaire.
12:18Et à chacun de ces échecs, il faut en tirer des leçons.
12:21Et c'est en tirant des leçons de ces échecs qu'on va progresser.
12:25On a fait des immenses progrès depuis dix ans.
12:28Quand la France a été frappée, il y a dix ans, 2015,
12:31avec les attentats qui ont mené de Charlie Hebdo
12:34et à la fin de l'année, le 13 novembre, au Bataclan.
12:37Et la France s'est réarmée.
12:39Il faut que la France se réarme encore
12:42pour faire en sorte que ces individus-là,
12:44qui sont vraiment incontrôlables,
12:46puissent être retenus tant qu'on ne les expédie pas
12:49dans le pays qui doivent les reprendre.
12:52Les ressortissants de ces pays, c'est le droit international,
12:55la Convention de Chicago, c'est le droit que nous avons avec l'Algérie,
12:58un accord que nous avions passé en 1994.
13:01Il est clair, cet accord.
13:03Quand il y a un ressortissant, un national,
13:06le pays d'origine doit le reprendre.
13:08C'est tout ce que je peux dire.
13:10Une question sur l'aspect psychiatrique,
13:12parce que vous avez souligné vous-même
13:14qu'il y avait cet aspect dans le dossier.
13:16Il y a beaucoup d'annonces pour la sécurité,
13:18pour les services de police, de gendarmerie,
13:20encore il y a avec le plan de sécurité du quotidien.
13:22Par contre, sur la psychiatrie, on a l'impression
13:24qu'il y a beaucoup de difficultés dans les services de police.
13:26Vous avez raison.
13:28On a un hôpital qui est fragilisé,
13:31mais au sein de cette fragilisation,
13:34vous le savez parfaitement,
13:36et je ne suis pas ministre de la Santé,
13:38mais mon collègue Yannick Noder pourrait vous le dire aussi bien
13:40que je vais vous le dire,
13:42mais la filière psychiatrique est très fragilisée.
13:45Très fragilisée.
13:47Que ce soit pour les jeunes, pour les adolescents,
13:49les pédopsychiatres, ou que ce soit pour des allustes.
13:52C'est la raison pour laquelle, très franchement,
13:54quand on a des profils aussi dangereux,
13:56condamnés pour apologie du terrorisme,
13:58avec des profils qui ont fait l'objet d'investigations,
14:03d'expertises judiciaires,
14:05et qu'on a cette dimension schizophrénique,
14:09moi je suis, pardon,
14:11mais pour essayer d'isoler ces individus.
14:14Parce qu'on ne sait pas faire autrement.
14:18Ça ne veut pas seulement dire plus de moyens,
14:20ça veut dire des règles différentes.
14:22Des règles différentes.
14:24Des règles différentes pour pouvoir les retenir
14:26quand on a une superposition,
14:28parce que là il y a quand même, il a prononcé,
14:30Hala Ouakbar.
14:31Donc cette dimension du terrorisme,
14:33il ne faut pas tout psychiatriser.
14:35Il y a cette dimension du terrorisme islamiste,
14:38et puis l'autre dimension.
14:40Mais quand vous ajoutez cette situation d'irrégularité,
14:43ce profil psychiatrique,
14:45et en plus une condamnation,
14:48qu'est-ce qu'il faut de plus ?
14:50Qu'est-ce qu'il faut de plus ?
14:52Moi j'ai un ami qui est décédé,
14:55qui a été assassiné,
14:57il y a quelques années.
14:59Celui qui l'a assassiné,
15:01il est resté plus de dix ans,
15:03irrégulièrement, sur le territoire.
15:05Il a incendié la cathédrale de Nantes,
15:08et il avait un profil, là encore, psychiatrique.
15:11Il n'était pas en hôpital psychiatrique,
15:13pas en prison, en situation régulière.
15:16Donc je suis bien placé pour savoir
15:18qu'il faut bouger les règles maintenant.
15:20Ça suffit.

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