Depuis environ un an, le gouvernement a décidé de permettre aux jeunes qui s’engagent dans un service civique d’agir particulièrement en faveur de l’environnement. Cela se fait grâce à un nouveau dispositif : le service civique écologique. Un moyen qui permet souvent de relier la jeunesse à la ruralité.
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00:00Générique
00:06Le débat de ce Smart Impact, on parle du service civique écologique avec Nadia Bellahoui, bonjour.
00:12Bonjour.
00:13Bienvenue, vous êtes la présidente du service civique. Et Thibault Renaudin, bonjour.
00:18Bonjour.
00:19D'Insight, service civique écologique qui a été créé en avril dernier, on va évidemment y consacrer l'essentiel de ce débat.
00:25Mais alors le service civique, vous nous rappelez, je ne sais pas, ses missions, le nombre de jeunes qui sont passés par là ?
00:32Le service civique, c'est la possibilité pour tous les jeunes qui le souhaitent entre 16 et 25 ans, 30 ans quand ils sont en situation de handicap,
00:41de réaliser une mission d'intérêt général dans une association ou un service public long, 6 à 12 mois, intensif, 24 heures par semaine au moins,
00:52indemnisé, 620 euros par mois, ça fait 15 ans que cette possibilité…
00:5715 ans, oui, j'aurais dit moins que ça, donc ça fait déjà 15 ans.
01:00Et alors combien de jeunes y ont participé ?
01:02850 000 jeunes ont fait ce choix, ce qui représente aujourd'hui plus d'un jeune sur 10 en France qui choisit de s'engager pour la collectivité autour de 21 ans.
01:12Oui. Insight, c'est une association, c'est ça ?
01:15Insight, c'est une association…
01:16Vous dites Insite, oui.
01:17Insite, oui, c'est comme on aime.
01:17Oui, oui, soit en français, oui, vous avez raison.
01:18C'est une association qu'on a créée il y a 6 ans et demi maintenant, qui s'est spécialisée à la fois dans les territoires ultra-ruraux,
01:25c'est-à-dire les villages de moins de 1500 habitants, pour accompagner les élus locaux, les responsables associatifs à développer leurs projets,
01:33parce que dans ces territoires, à l'inverse de tout ce qu'on peut entendre, il y a du dynamisme, de l'innovation, de la joie de vivre, de la solidarité, du lien social très fort.
01:42Et pour aider à accompagner ces acteurs de l'ultra-ruralité, on mobilise, entre autres, des jeunes en service civique, par équipe de deux,
01:50à hauteur de 24 heures par semaine chacun, pendant 6 mois, pour mener des missions à la fois autour de la question du patrimoine, du tourisme,
01:57à la fois autour de la question du lien social, et beaucoup, et en grande majorité, autour des questions environnementales.
02:03Justement, on a compris que le lien a été fait, ce service civique écologique, il a donc été créé, lancé au mois d'avril dernier.
02:10Pourquoi ? C'était une demande des jeunes ? Vous ressentiez qu'il y avait besoin de focusser comme ça sur ces questions d'environnement ?
02:17C'était à la fois une demande des jeunes, qui sont plus anxieux que les autres générations face à la crise climatique,
02:24et c'est heureux, d'une certaine manière, qu'ils soient bien conscients, mais c'est aussi une volonté du gouvernement d'associer les jeunes et la société à la réponse aux enjeux.
02:34Donc, le service civique écologique, c'est l'approfondissement du service civique pour qu'il ait encore plus d'impact dans la transition écologique.
02:42Avec le même modèle que celui que vous décriviez tout à l'heure, c'est-à-dire les mêmes durées de mission, même...
02:48On ne change pas de modèle qui marche.
02:50Ok, donc ça, on n'y touche pas. Bon, avril dernier, on va bientôt célébrer la première année. Un premier bilan, ça attire du monde ?
02:58Alors, absolument. On a franchi la première marche quantitative du service civique écologique.
03:04Et ce qui est vraiment intéressant, c'est l'engouement qu'il trouve auprès d'une palette d'acteurs qu'on n'arrivait pas forcément à toucher jusqu'ici,
03:12des grandes entreprises et les collectivités territoriales tout particulièrement,
03:17parce que c'est finalement notre meilleure manière de gagner en impact que d'inscrire vraiment dans les territoires ce service civique écologique,
03:26parce qu'évidemment, la transition écologique ne se vit pas de la même façon selon les territoires.
03:31On va parler d'ultra-ruralité. C'est vraiment une plus-value importante du service civique écologique.
03:36Comment vous y participez avec INCIT ? Dans les dispositifs d'accompagnement qui existent, il y a notamment le volontariat rural.
03:43Donc ça se rejoint avec ce service civique écologique, c'est ça ?
03:47Comme disait Nadia, c'est une vraie attente des jeunes.
03:51On a été, INCIT, une des premières structures à répondre à l'appel de l'agence du service civique pour participer de sa démarche.
03:57Mais nous, 85% de nos missions aujourd'hui concernent les questions environnementales.
04:02Donc c'était à la fois un engouement très important de la part des jeunes, parce que c'est une problématique qu'ils vivent au quotidien,
04:08avec ce que disait Nadia en termes d'angoisse et de préoccupation, mais c'est aussi une préoccupation très forte des territoires ultra-ruraux.
04:15On a souvent une mauvaise image des territoires ruraux, une image un peu faussée, c'est-à-dire des territoires qui sont simplement engoncés dans des problématiques,
04:21c'est vrai, il y en a beaucoup, mais ce sont des territoires, comme je le disais, qui sont très innovants.
04:25Et cette question de l'environnement est une question aussi très importante.
04:29Elle n'est pas juste de la responsabilité de ceux qui habitent en ville, qu'on pourrait qualifier des fois de bobos, ce n'est pas du tout ça.
04:36Au contraire, dans les périphériques rurales...
04:37On a souvent ce sentiment quand on habite dans ces régions rurales, qu'il y a des décisions qui sont justement prises à Paris ou dans les grandes villes,
04:44à peu hors sol.
04:45Oui, oui, alors ça peut être un peu contre-intuitif de dire l'ultra-ruralité et la jeunesse, l'ultra-ruralité et les questions environnementales, ça ne va pas forcément ensemble.
04:53Au contraire, les élus locaux, moi je suis maire d'un tout petit village de 200 habitants dans le Gers, c'est notre préoccupation de tous les jours,
04:59c'est-à-dire qu'on a tellement l'habitude de faire avec peu de moyens humains et peu de moyens financiers, mais on est confronté à des problématiques directement,
05:07donc il faut les traiter.
05:08Mais là, on est en plein salon de l'agriculture, quand on parle de défense de l'environnement avec pas tous, mais avec pas mal d'agriculteurs,
05:17il n'y a pas que les agriculteurs dans le monde rural, on est bien d'accord, mais on entend beaucoup les tracasseries, transposition des normes,
05:24ras-le-bol de l'OFB, l'Office français de la biodiversité, effectivement on se dit que c'est un peu contradictoire avec des territoires qui veulent accélérer sur les questions environnementales.
05:33C'est souvent contre-intuitif, mais ce n'est pas que ça, la ruralité.
05:35Bien sûr, ces territoires sont confrontés à mille problèmes et on est souvent en première ligne sans avoir les accompagnements nécessaires.
05:43Sur les problématiques environnementales, c'est la même question qui se pose.
05:48Souvent, on a des choses qui nous arrivent un peu d'en haut, dirons-nous, et puis on est confronté à des difficultés sans avoir les accompagnements.
05:55Mais pour autant, la question environnementale, la question du lien social, la question de la solidarité, on les vit au quotidien.
06:01Et donc il faut faire avec, parce que nos territoires se réchauffent aussi, ils ont des problématiques autour de l'eau, autour de la question des déchets,
06:08et donc il faut les traiter. C'est de la politique du bon sens, souvent, dans nos territoires ruraux, où on ne fait pas en fonction ni des idées des uns ni des autres, on fait tous ensemble.
06:17Et la question environnementale est une vraie préoccupation.
06:19– Si on rentre un peu dans le concret, Nadia Bellahoui, quel type de mission ces jeunes vont pouvoir embrasser en faisant le service civique écologique ?
06:31– Alors c'est une large palette de missions qui couvrent d'ailleurs tous les leviers de la transition écologique.
06:37Ça va de l'implication dans une ressourcerie à la découverte du maraîchage dans des jardins partagés,
06:46en passant par l'animation d'une vélo-école dans un atelier de réparation de cycles.
06:53Et le plus souvent, on mêle à la fois une action directe, pour vraiment mettre les mains dans l'action écologique,
07:02et une part de sensibilisation des publics.
07:05Les jeunes sont très attachés à aller voir d'autres jeunes ou des personnes plus âgées aussi,
07:11parce que les deux fonctionnent bien, pour s'exprimer sur ce qu'ils vivent et faire connaître les enjeux.
07:18– Vous avez des exemples de missions qui sont en cours là ?
07:21– On en a plein, je pourrais vous citer une mission à Estherène-Subie.
07:25Estherène-Subie, c'est un petit village au Pays Basque, au fin fond des sources de l'Anive,
07:29où là on travaille sur la question du déchet, sur la question de l'eau, on travaille avec des scolaires,
07:33on a fait des ramassages de déchets dans l'Anive, ce qui n'avait jamais été fait.
07:38Je peux vous citer Barenton en Normandie, un petit village dans la Manche,
07:41où là aussi on travaille sur les zones humides, le lien à la population, à l'information.
07:45Ce qui est intéressant aussi, c'est que ces jeunes en service civique,
07:47qui ne viennent souvent pas du territoire…
07:50– Ah oui, ils peuvent venir de plus loin.
07:53– Absolument, ils viennent souvent d'ailleurs, et ils apportent…
07:56– Et ils ne sont pas forcément ruraux ?
07:57– 50% globalement de ruraux, 50% d'urbains pour ce qui nous concerne,
08:01et à peu près 50% de filles et de garçons de la même façon,
08:03avec une moyenne d'âge qui est autour de 21 ans.
08:05Ce sont des regards, des expériences différents,
08:08et non seulement le contact à la population, il est neuf,
08:11parce que ce n'est pas le fils ou la fille d'un tel, ça change pas mal de choses,
08:15c'est un air frais un peu qui arrive dans le village,
08:17et ça permet de mettre en synergie,
08:20de travailler en collaboration plus forte avec les habitants.
08:23Et ça a une incidence très forte, c'est que les jeunes,
08:26on le voit nous, au bout de 6 mois, 20% des jeunes restent dans le territoire après.
08:31Au bout de 6 ans d'action directement d'Incite,
08:35c'est 30 emplois qui ont été créés directement dans des villages
08:39dont la taille moyenne est de 400 habitants, ce qui est énorme.
08:43Et donc ça a une incidence qui est très très forte,
08:45et y compris sur ces questions environnementales.
08:47Le village de Barenton par exemple, ça a une incidence,
08:50un jeune qui a été recruté après, qui venait de Guyane,
08:52et hop, qui a été embauché à Barenton.
08:54– Alors justement, c'était la question que j'allais vous poser,
08:56elle vaut pour le service civique écologique,
08:58mais pour le service civique en général,
09:00c'est quoi, c'est un peu une première expérience dans le monde…
09:03enfin, ça peut être assimilé à une première expérience dans le monde du travail ?
09:06– C'est clairement une première expérience du monde du travail,
09:09et du monde adulte en réalité, au-delà.
09:12Et ce qui est vraiment magique effectivement dans le service civique,
09:15c'est que c'est à la fois très concret et très politique.
09:18C'est-à-dire que quand on est effectivement par exemple dans le bassin de Thau,
09:22qui produit 10% des huîtres en France,
09:27et qu'on comprend que le réchauffement climatique a comme impact
09:30de passer de 850 conchiliculteurs à 400,
09:35on est beaucoup plus convaincant quand on sensibilise la population du coin
09:41à l'impact du réchauffement climatique que quand c'est théorique.
09:43Donc c'est à la fois une expérience très formatrice du point de vue des enjeux,
09:50et puis clairement, c'est apprendre à respecter les règles du travail.
09:56– C'est le premier contact avec le monde du travail, et est-ce que ça débouche…
09:58– Et d'ailleurs les recruteurs le savent.
09:59– Alors justement, j'allais vous poser la question.
10:01Est-ce que ça débouche souvent sur un premier emploi ?
10:05– Alors, quand vous avez 21 ans de moyenne d'âge,
10:08vous êtes forcément en recherche d'un emploi.
10:10– Mais vous vous y œuvrez ?
10:12– Absolument.
10:13– Je ne sais pas, des partenariats avec des entreprises ?
10:16– Quand on sort du service civique, on sort avec un CV de compétence
10:19qui a été élaboré avec son tuteur, et à travers une plateforme,
10:24une start-up d'État qui s'appelle DiagOriente,
10:28qui vous permet de faire le diagnostic des compétences
10:30que vous avez acquis pendant votre expérience,
10:33et de vous orienter vers des métiers qui peuvent vous convenir.
10:38– Il y a beaucoup d'exemples comme ça, de bascule vers le monde du travail.
10:44– Énormément.
10:44D'abord, des modifications de parcours.
10:46Il y a beaucoup de jeunes qui font ça entre deux périodes d'études,
10:48certains après leur période d'études,
10:50d'autres qui ont fait une première expérience professionnelle,
10:53et qui se disent, finalement, ce n'est pas trop mon truc, je vais tester.
10:56Et l'avantage que l'on a dans les territoires ruraux,
10:58c'est qu'on a un déficit d'embauches.
11:00Les gens, d'abord, on a un déficit de recrutement de jeunes en service civique
11:03parce que localement, il y a peu de monde,
11:06donc le fait de faire venir des jeunes de l'extérieur, c'est un atout,
11:09et dans les embauches, c'est la même chose.
11:11Donc, le fait que des élus et des entreprises,
11:14on travaille beaucoup avec des réseaux d'entreprises locales,
11:16des PME, des artisans, connaissent les jeunes,
11:19parce que tout le monde se connaît dans les territoires ruraux,
11:21et bien, quand on voit deux jeunes qui passent six mois,
11:24qui sont souvent extraordinaires, qui sont pleines d'envie et d'énergie,
11:28on a envie de les garder, on a envie de leur proposer des trucs.
11:30Et donc, ça a forcément une incidence très forte sur l'emploi.
11:32Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur BeSmart for Change.
11:36On passe tout de suite à notre rubrique Start-up.