SMART IMPACT - Un label écologique pour les écoles

  • l’année dernière
Comment avancer vers un monde plus durable et engagé ?
L'éducation est l'un des piliers fondamentaux à l'apprentissage et développement des questions environnementales et sociales. Aujourd'hui, établissements scolaire et étudiants réfléchissent ensemble pour intégrer ces notions dans les écoles. L'engagement de tous passe aussi par des labélisations, comme le label DD&RS, pour renforcer la notion de développement durable et responsabilité sociétale dans notre économie.
Transcript
00:00 Générique
00:02 ...
00:05 -On découvre le label DDRS
00:07 avec mes invités Geoffroy Bellenige.
00:09 Bonjour. Vous êtes coprésident de ce label.
00:12 Laëtitia Langlois, bonjour.
00:14 Responsable développement durable à l'ESCP Business School.
00:17 DDRS,
00:18 pour Développement durable et responsabilité sociétale.
00:22 Comment a-t-il été créé, ce label ?
00:24 Vous êtes directeur d'une école,
00:26 l'École des métiers de l'environnement,
00:28 c'est une initiative des écoles elles-mêmes ?
00:30 -Oui, les écoles, il y a une dizaine d'années,
00:33 un peu plus, ont éprouvé le besoin
00:35 de structurer leur démarche de développement durable
00:38 et responsabilité sociétale.
00:40 Pour nous, la signification est identique,
00:42 mais il faut faire apparaître la question environnementale
00:46 et la question sociale.
00:47 On a fait apparaître les deux.
00:49 A la base, c'était un plan vert porté par les établissements
00:52 qui a débouché sur ce qu'on appelle un référentiel DDRS,
00:56 une structuration qui explique comment on peut avancer,
00:59 comment analyser ces questions.
01:01 Enfin, on a senti le besoin,
01:02 pour les établissements les plus engagés,
01:05 de faire apparaître leur engagement
01:07 au travers de la délivrance de ce label.
01:09 -C'est pas si facile de définir.
01:11 Comment on définit un label comme celui-là ?
01:14 -Ca a pris du temps, mais on a bien analysé
01:16 les missions spécifiques de l'enseignement supérieur,
01:19 aussi inspirées de ce que fait la norme ISO 26000,
01:22 qui permet de gérer la responsabilité sociétale
01:25 des organisations.
01:26 Le label DDRS s'est construit autour de cinq axes.
01:29 Un axe gouvernance et stratégie des établissements,
01:32 un axe enseignement et formation,
01:34 qui est le coeur de notre métier,
01:36 un deuxième pilier important, la recherche,
01:38 le troisième axe,
01:40 et enfin, deux axes plus structurés,
01:42 un axe sur la manière dont on gère nos campus,
01:44 l'axe environnemental,
01:46 et un dernier, sur la politique sociale des établissements,
01:49 pour les étudiants et les personnels.
01:51 -La Lecture anglo-allemande pour une école comme la SCP,
01:55 vous êtes dans six pays européens. -Exact.
01:57 -Ca représente quoi, cet engagement ?
01:59 Le label, vous l'avez depuis l'an dernier.
02:02 -Exactement, depuis décembre 2022.
02:04 Ca représente quoi ?
02:05 Pour nous, ça a plusieurs avantages.
02:07 D'un point de vue interne, on se pose la question
02:10 de ce qu'on fait en interne, ce qui pourrait être formalisé,
02:14 et comment on va pouvoir le mettre en avant.
02:16 Un label, c'est aussi un outil de visibilité sur ces enjeux.
02:19 Selon mon opinion, on souffre parfois
02:22 d'un manque de visibilité sur ces sujets,
02:24 parce qu'on n'a pas fait une école de commerce,
02:27 qu'on ne peut pas travailler dans ces métiers,
02:29 qu'on ne peut pas être dans un établissement qui s'en préoccupe.
02:33 Le label nous aide à montrer notre engagement,
02:36 et en interne, à nous organiser autour de ces enjeux
02:39 et à formaliser davantage des actions qu'on mène,
02:42 ou même à mener des nouvelles.
02:43 -Ce label, vous l'avez pour deux ans,
02:46 donc ça a été aussi un outil de progression.
02:48 C'est intéressant de voir comment vous évoluez.
02:51 Quels efforts avez-vous fait pour l'obtenir ?
02:54 -On a clairement fait un effort de formalisation.
02:57 On est une école qui est assez engagée sur ces enjeux.
03:00 Notre premier cours sur la transition écologique
03:02 date de 1992.
03:04 Ca fait un petit moment qu'on s'interroge sur ces questions.
03:07 Un effort de formalisation, pour nous, a été clé,
03:10 parce qu'on est sur des thématiques qu'on mène
03:13 avec plusieurs projets, mais on n'a pas nécessairement...
03:16 On n'avait pas à l'époque, ça a bien changé avec le label,
03:19 une stratégie spécifique sur des sujets très particuliers,
03:23 typiquement, on avait une politique d'achat,
03:25 mais pas nécessairement une politique d'achat durable.
03:28 On a commencé à travailler là-dessus.
03:30 Donc on formalise, même si dans les faits,
03:33 notre politique d'achat, on avait des aspects environnementaux
03:36 et sociaux, bien sûr, mais pas nécessairement formalisé.
03:40 -Qu'est-ce qui est le plus important,
03:42 Geoffroy Bélidige ? Parce qu'effectivement,
03:44 il y a ce que "consomme" un campus.
03:47 Il y a tous ces leviers-là qui sont importants,
03:49 mais c'est le contenu, la pédagogie,
03:52 qui est la plus importante.
03:53 Quel message on transmet à ces étudiants ?
03:56 -Je pense que oui, la réponse est clairement oui.
03:59 On l'a vu, d'ailleurs, et je pense que ce label,
04:01 qui est à l'origine créé par l'établissement,
04:04 avec un appui de la Conférence des grandes écoles
04:07 et de France Université, mais aussi des ministères,
04:10 l'Enseignement supérieur et de la recherche,
04:13 et le ministère de la Transition écologique,
04:15 on a des fonds baptismaux où on a été aidés.
04:18 Dans le cadre du rapport Jouzel-Abadi,
04:20 on a fait les bases de ce que doit être
04:22 dans l'enseignement supérieur et la recherche.
04:25 La manière de piloter cette transition,
04:27 écologique et sociétale, a été considérée
04:30 comme le seul label véritablement valable.
04:32 Pourquoi ? Parce qu'il s'adresse
04:34 à toutes les sphères du travail des établissements.
04:37 L'enseignement, c'est là où notre impact est plus fort.
04:40 On peut chercher à réduire avec des achats responsables.
04:43 -On va chasser le plastique à usage unique,
04:46 on va sourcer son énergie, etc.
04:48 C'est bien de le faire. -En tant qu'établissement,
04:51 notre impact le plus fort, c'est la manière
04:53 dont on accompagne nos étudiants.
04:55 -Des exemples de formation à l'ESCP ?
04:58 -De formation ? -Voilà, que vous avez rajouté
05:01 ou que vous avez plus structuré ?
05:03 -Pour le coup, les formations, on était, d'après moi,
05:06 assez en avance. Le premier cours en 92,
05:08 il y a eu pas mal de choses qui ont été faites.
05:11 On a mis beaucoup d'accent sur...
05:13 Pendant pas mal de temps, en 2016,
05:15 on avait des masters spécialisés sur la transition écologique.
05:18 Et en 2021, on a réformé une partie des cours du MIM,
05:21 du Master in Management, notre programme en grandes écoles.
05:24 L'idée, c'était aussi de proposer des spécialisations.
05:27 Quand on parle de spécialisation,
05:29 ce sont des 120 heures de cours dédiées à un sujet.
05:32 A l'heure actuelle, on en a 14, ce qui veut dire que...
05:35 Et ça va de la finance durable jusqu'à l'économie circulaire,
05:39 repenser les modèles d'affaires.
05:41 Il y a des grandes thématiques comme ça
05:43 qu'on essaie de permettre aux étudiants
05:46 dans les cours de spécialisation.
05:47 Et un point important pour nous aussi,
05:50 parce qu'au-delà de permettre aux étudiants
05:52 de se spécialiser sur cette question,
05:54 on a créé des cours obligatoires pour l'ensemble de nos programmes.
05:58 Quelle que soit la porte d'entrée,
06:00 bachelors, jusque même dans l'executive education,
06:03 la formation continue, c'est-à-dire MBA,
06:05 exécutive MBA, vous allez avoir au moins un cours,
06:08 si ce n'est plus, généralement,
06:10 sur la transition écologique avec ces enjeux-là.
06:13 -Mais c'est... Moi, je présente souvent l'émission...
06:16 Les premiers mots que je dis, c'est l'émission
06:19 de la transformation environnementale et sociétale
06:21 de notre économie. C'est une nouvelle économie.
06:24 Les écoles de commerce, pas seulement la vaut,
06:27 elles ont fait la promotion du modèle linéaire
06:29 pendant des décennies.
06:31 Aujourd'hui, l'économie circulaire est en train de prendre le dessus.
06:35 C'est pas encore le cas, ça va mettre des années,
06:37 des décennies, il faudrait que ça aille plus vite.
06:40 C'est un logiciel que vous changez.
06:42 -C'est pour ça qu'on met l'accent sur la transformation
06:45 des cours existants, au-delà de créer de nouveaux cours,
06:48 de transformer le curriculum existant
06:51 pour faire en sorte que ces notions soient intégrées
06:54 dans des matières qui ont eu tendance à être climaticides
06:57 ou écocides.
06:58 -A quel point vous avez créé ce label aussi ?
07:00 Vous disiez que ça participe de la marque employeur,
07:03 si j'ose dire, c'est vrai aussi pour une école,
07:06 un établissement d'enseignement supérieur,
07:09 sous la pression de vos étudiants.
07:11 -Peut-être, pour préciser, c'est un label
07:13 qui s'adresse aux écoles et aux universités.
07:16 C'est vraiment un label très large.
07:18 Effectivement, on a toujours... J'ai oublié un acteur,
07:21 tout à l'heure, en disant de ceux qui ont participé
07:24 à la création du label, c'est le Rezès,
07:26 c'est-à-dire un réseau d'étudiants engagés pour les transitions,
07:30 pour une société écologiquement responsable.
07:33 Ces étudiants, effectivement, nous ont poussés
07:35 à structurer ce label, parce que c'est important pour eux
07:39 de savoir si les efforts ou les annonces
07:41 faites par l'établissement sont crédibles.
07:44 Le gros intérêt d'un label comme celui-ci,
07:46 c'est qu'on le disait, c'est un label exigeant.
07:49 Un audit est réalisé, audit par les pairs,
07:51 dans lequel il y a des étudiants,
07:53 qui sont présents dans le comité d'audit,
07:56 et les étudiants peuvent aller vérifier,
07:58 interroger, l'établissement se dévoile.
08:01 Il va montrer sa politique, ses réalisations,
08:03 selon les 5 axes dont je parlais.
08:05 Ca représente 60 indicateurs pilotés et surveillés.
08:08 A chaque indicateur, il doit y avoir des preuves.
08:11 -Pour vous donner une idée,
08:13 on a envoyé environ 200 documents et indicateurs.
08:16 -Pour obtenir le label. -Oui.
08:18 -On a bien compris que... -On a été audités par la suite,
08:21 un premier audit documentaire, puis un audit en présentiel.
08:24 C'est assez costaud. -Il faudra maintenir
08:27 pour pouvoir le conserver dans deux ans.
08:29 Je parlais de cette pression des étudiants.
08:32 Il y a combien d'établissements supérieurs
08:34 ou d'instituts de recherche, d'universités,
08:37 qui ont le label ? -Au niveau du label,
08:39 on est un peu plus d'une soixantaine d'établissements
08:42 qui ont reçu le label. En termes actuels,
08:45 avec les fusions, on est plus proche de la cinquantaine.
08:48 Aujourd'hui, on voit bien que,
08:50 sous pression des étudiants, qui demandent,
08:52 et le RSS a publié très récemment
08:55 une étude sur l'attente des étudiants,
08:57 mais aussi sur celle du ministère.
08:59 Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
09:02 est doté d'un plan climat-biodiversité.
09:05 Il a une volonté de faire en sorte que de plus en plus d'établissements
09:09 aient ce label. Aujourd'hui, on est à 12-15 %
09:11 d'établissements qui ont le label,
09:13 sur les 300-400 établissements d'enseignement supérieur.
09:17 Aujourd'hui, on est à une cinquantaine qui ont ce label.
09:20 Il y a un marge de progression.
09:22 C'est une attente de la société.
09:24 Il en va de la responsabilité de nos établissements.
09:27 -Vous êtes présent dans 6 pays, Paris, Berlin, Londres,
09:30 Madrid, Turin et Varsovie. Est-ce que cet engagement
09:33 des étudiants est le même partout ?
09:35 Est-ce qu'il y a des pays où on... Là, on est en Europe.
09:38 Peut-être pas, mais quand je discute,
09:41 quand je reçois ici des entreprises
09:43 qui sont vraiment des groupes mondiaux,
09:45 ils nous disent qu'il y a des continents
09:48 où nos enjeux environnementaux et la pression qu'on met
09:51 pour améliorer notre bilan carbone, notre bilan sobriété,
09:54 notre bilan diversité, etc.,
09:56 c'est pas reçu de la même façon partout.
09:58 Est-ce que c'est pareil à Berlin, à Varsovie ou à Madrid ?
10:01 -On met un point d'honneur pour que l'ensemble de nos programmes
10:05 intègre ces enjeux et donne les connaissances fondamentales
10:08 sur ces thématiques-là.
10:10 Il y a des niveaux de connaissances,
10:12 pas tant de mobilisation, mais de connaissances variées,
10:15 mais pas propres aux pays.
10:17 De toute façon, nous, on a 70 nationalités environ,
10:20 donc autant de points de vue, si ce n'est beaucoup plus,
10:23 car la personnalité rentre en jeu,
10:25 mais c'est plutôt un manque de connaissances
10:28 que je dirais un désintérêt.
10:30 -Je voudrais terminer sur l'aspect sociétal,
10:32 parce qu'on a tendance, et nous, parfois aussi, ici,
10:35 à plus parler des enjeux environnementaux.
10:38 Sur cet aspect-là, c'est quoi ?
10:40 C'est un processus de recrutement plus inclusif,
10:44 la diversité mise en avant ?
10:46 Quels sont les critères sur cet aspect-là dans le label ?
10:50 -Il y a bien entendu cela.
10:51 Comment on élargit, comment les établissements s'organisent
10:55 pour élargir le périmètre de recrutement
10:57 pour tous les étudiants ou tous les candidats de la population ?
11:01 Bien accueillir les étudiants, avec leur handicap,
11:04 leur diversité, faire en sorte qu'on structure cette diversité,
11:07 accompagner les précarités.
11:09 Que font les établissements en matière d'accompagnement
11:12 des étudiants qui peuvent être en difficulté économique ?
11:16 L'alimentation durable, aussi,
11:18 ça fait partie des questions envisagées.
11:20 On le fait pour les personnels.
11:22 Il peut y avoir un effet de dissonance cognitive
11:25 si on nous donne des cours et on dit d'aller par là,
11:27 et l'établissement va de l'autre côté.
11:30 C'est important de bien se mettre en ordre.
11:32 Ce qui fait la force de ce label, c'est son caractère systémique.
11:36 Ces questions environnementales et sociétales
11:38 traitées en même temps garantissent.
11:40 -Merci beaucoup. Merci à tous les deux d'être venus
11:43 nous présenter ce label développement durable
11:46 et responsabilité sociétale.
11:48 On continue, évidemment.
11:50 C'est l'heure de Smart Ideas,
11:52 rubrique consacrée aux startups éco-responsables tout simplement.

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