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"L'UE a fait flop dans tous les domaines, elle est l'idiot du village planétaire mais l'UE est la plus belle réalisation de ma génération, notre seul espoir d'exister encore demain". Jacques Georges, ancien financier proche de la Nouvelle Droite, concède qu'il a toujours été disruptif... Son ouvrage "Mon époque et moi sommes mariés sans amour" l'illustre bien. L'auteur affirme qu'il rêve encore d'une grande Europe, avec la Russie, seule façon d'être autosuffisant : tout l'inverse de ce que l'UE a fait ces dernières années... avec les dirigeants français, fossoyeurs d'une démocratie souveraine et populaire. Face à cela, il constate que le désastre (comme la destruction de Nord Stream) ne suscite pas de réaction violente. Jacques Georges évoque aussi la guerre en Ukraine, "queue de comète de la Guerre froide", l'amour de Poutine pour l'Europe et les conséquences économiques pour la France du retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans notre Zoom, aujourd'hui en compagnie de Jacques Georges. Bonjour, monsieur.
00:12Bonjour à tous.
00:13Jacques Georges, ancien financier, proche de la Nouvelle Droite, expert international, ancien expert international,
00:21ayant travaillé pour la Commission européenne. Et vous participez régulièrement à l'émission sur TV Liberté.
00:26Vous publiez l'ouvrage que voici, « Mon époque et moi sommes mariés sans amour », à retrouver sur la boutique de TV Liberté.
00:35Alors qu'est-ce qui cloche avec notre époque, Jacques Georges ? Qu'est-ce que vous lui reprochez, à notre époque ?
00:41Si vous me donnez les trois prochains jours pour développer, je veux bien commencer. Mais bon, j'ai l'âge que j'ai et c'est typiquement...
00:51– Vous êtes un gamin, monsieur. – Si je commençais pour être très vendeur sur mon bouquin, je dirais que c'est typiquement un bouquin de vieux cons.
00:58– Ah bah parfait, ça compte bien. – Donc c'est un bouquin de vieux cons qui trouve que c'était mieux avant.
01:02– Mais qu'est-ce qui était mieux avant ? Parce qu'autrefois, on était plus jeunes, je vous signale.
01:06– C'est une blague, évidemment. Mais enfin, il y a quand même pas mal de sincérité dans ce que je vous dis.
01:12Et puis malheureusement aussi, il y a quelques raisons objectives d'aller un peu dans ce sens-là.
01:17Alors à notre époque, bon, je dirais que... Là, je ne sais pas par quel bout commencer. Mais enfin, disons que je n'aime pas trop mon époque.
01:24Tout simplement parce que je pense que sur certaines options fondamentales, elle ne va pas dans la bonne direction.
01:32Notamment quand on est Européen.
01:35– Alors justement, l'Europe et l'Union Européenne sont au cœur de votre ouvrage.
01:39Vous avez assisté tout au long de votre vie à cette construction européenne.
01:44Et vous affirmez avoir toujours appuyé ces avancées institutionnelles.
01:48Vous dites aussi que l'UE est pourvue d'une administration de grande qualité.
01:52Mais là, c'est très paradoxal puisque vous dites, l'UE est l'idiot du village planétaire, la lâcheté et le court-termisme personnalisés.
02:01Comment vous expliquez ce paradoxe ? Un peu docteur Jekyll et Mr Hyde, là.
02:06– Vous savez, j'ai toujours été divisé à l'intérieur de moi-même. Je suis toujours coupé en deux.
02:12Donc je suis disruptif. On m'a souvent dit que j'étais disruptif.
02:16Autour de ma vie professionnelle et même maintenant de ma nouvelle carrière de jeune essayiste, je suis disruptif.
02:25Alors bon, sur l'Union Européenne, sur l'Europe en général, je suis évidemment divisé.
02:32Parce que je pense que l'Europe est à la fois, je dirais, c'est notre espoir.
02:39Pour moi, c'est la seule belle, grandiose réalisation de ma génération.
02:44– L'Union Européenne, vous parlez ? – L'Union Européenne, absolument.
02:47C'est la seule chose qu'on ait fait de grand et de beau, pour moi.
02:53Mais en même temps, en plus, à long terme, c'est notre seul espoir d'exister encore demain
02:58et d'avoir une grandeur et d'avoir un avenir et d'avoir quelque chose à dire,
03:02sinon pour l'éternité, du moins pour la longue période.
03:05– Mais enfin là, vous voyez bien qu'entre les Russes et les Américains, l'UE, elle ne pèse plus grand-chose.
03:10– Voilà, mais, ça c'est, je vous l'ai dit, l'avenir, l'Europe est notre passé, notre présent
03:18et surtout notre futur, notre destin.
03:20C'est notre destin, pour moi, le destin est continental.
03:23Mais en même temps, comme j'ai les yeux ouverts et que je vois ce que je vois
03:26et que j'entends ce que j'entends, je suis bien obligé de constater que l'Europe institutionnelle,
03:32pas l'Europe rêvée, mais l'Europe réelle, l'Europe institutionnelle,
03:35bon, je dois dire, a fait flop dans beaucoup de domaines et a pris des mauvaises directions
03:41dans à peu près tout ce qui est vital pour nous à long terme.
03:43– Est-ce que vous bêtez votre coulpe, aujourd'hui ?
03:46– Non, pas ma coulpe, mais je dis que j'ai toujours été pro-européen,
03:50je continue à l'aise, je serai toujours européen.
03:53Je dirais que ce n'est pas rationnel, c'est…
03:54– Vous êtes comme ces vieux communistes, à la fin,
03:57ça ne marche pas parce qu'il n'y a pas assez d'Europe.
04:00– Attendez, c'est malveillant, ça, de comparer ça au communisme.
04:03Non, le communisme était une idéologie qui s'est écroulée d'elle-même,
04:08qui n'avait pas de support sérieux à très long terme.
04:13L'Europe, ce n'est pas une idéologie, l'Europe, c'est un…
04:18– C'est une idéologie mondialiste, quand même.
04:20– Non, non, non, ce n'est pas une idéologie, l'Europe.
04:22– Ah bon ?
04:23– Non, je suppose que vous êtes jeune, vous avez voyagé,
04:27comme tous les jeunes, vous voyagez.
04:28Quand vous voyagez en Europe, vous êtes chez vous.
04:30Quand vous sortez d'Europe, vous êtes européen.
04:32Ça, je peux vous dire, j'ai deux petits-fils en ce moment,
04:35j'en ai un qui est en Russie, l'autre qui est en Chine,
04:38et je peux vous dire que, je parle avec eux de temps en temps avec WhatsApp,
04:42et je dois dire qu'eux, je peux vous dire qu'ils se sentent européens.
04:45Depuis qu'ils sont là-bas, ils se sentent européens.
04:48Surtout le chinois, évidemment.
04:50Mais même le russe, quand ça contredit ce que je vais dire peut-être tout à l'heure…
04:54– Oui, parce que vous êtes pour une grande Europe avec la Russie.
04:56– Ah mais moi, je suis pour une grande Europe alliée à la Russie.
05:01Je suis pour l'Europe, effectivement, de Lisbonne, Paris, Berlin…
05:08– Moscou.
05:10– On va ajouter Saint-Pétersbourg, Moscou,
05:15et puis on va aller jusqu'au Pacifique, effectivement.
05:20D'accord, oui, mais je suis pour la grande Europe.
05:24L'Europe ne va pas jusqu'à Vladivostok,
05:28mais par contre l'Europe comprend la Russie d'Europe,
05:32et comprend également la Sibérie.
05:35Si on veut exister, si on veut un destin continental,
05:39si on veut simplement être autosuffisant en termes d'énergie et de matières premières,
05:43c'est évidemment dans cette voie-là qu'il faut aller.
05:45C'est-à-dire l'inverse de ce que l'Europe institutionnelle a fait depuis 2022,
05:54c'est-à-dire une Europe occidentale alliée puissamment et à long terme avec la Russie, bien sûr.
06:02– Alors Jacques-Georges, sur les causes du déclin français,
06:05vous dénoncez la médiocrité de la classe politique française depuis De Gaulle.
06:10C'est quoi la médiocrité de cette classe politique ?
06:14Excepter son européisme forcené.
06:16– Oui, là c'est une question…
06:20– Parce qu'ils sont tous européistes depuis.
06:22– Il me faudrait beaucoup de temps pour développer ça,
06:25mais enfin disons que je constate quand même que nous avons élu…
06:29Je n'accable pas Macron.
06:30Il a au moins un élément noble, valable.
06:35Oui, il a au moins une chose, c'est qu'il croit en l'Europe.
06:38Il croit en l'Europe et c'est le seul crédit que je lui fasse,
06:41mais je lui fais quand même ça.
06:43Il a sa part de noblesse, c'est quand même qu'il croit en l'Europe.
06:46Pour moi c'est positif.
06:47Tout le reste, c'est complètement à l'inverse de ce qu'il faut faire
06:51et c'est une catastrophe.
06:53Mais malgré tout, pour moi, ça lui donne quand même une noblesse.
06:57La noblesse par l'Europe.
06:58Ça, je crois que les idéaux, les Français qui sont français,
07:03d'ailleurs moi je suis français à 100%, pur sucre je dirais,
07:07de souches paysannes des deux côtés, de vieilles traditions français,
07:11patriote à mort.
07:13Dans ma jeunesse, j'étais moi-même patriote à mort.
07:16J'ai accédé aux rêves européens avec le temps.
07:20Mais au départ, j'étais un patriote français qui allait dans les cimetières
07:24pour se fêter le 11 novembre.
07:25Donc je connais très bien ce milieu-là.
07:28Et je ne le renie pas du tout.
07:30Je dis simplement quand même, pour moi l'Europe me fait davantage rêver.
07:36Vous aimez les braves gens, Jacques-Georges, dites-vous.
07:39Les modestes, ceux qui endurent, ceux qui ne la ramènent pas.
07:43Comment cette Union européenne les a traités, ces modestes ?
07:48Ce n'est pas l'Union européenne, c'est toute la classe dirigeante
07:54de tous les pays.
07:55Il y a depuis des dizaines d'années, en tout cas depuis 68 en gros,
08:01il y a un décalage dans tous les pays, vous constatez un décalage
08:05entre les élites et le peuple.
08:08Vous voyez que la démocratie est en panne partout.
08:12Vous voyez que le gouvernement des juges a supplé, a surmonté,
08:17a détruit même, on peut dire, la démocratie et l'opinion du peuple.
08:22Partout, c'est un phénomène que vous trouvez partout.
08:24Ce n'est pas du tout un phénomène européen.
08:27C'est un phénomène de tous les pays européens qui a eu ses conséquences
08:31au niveau européen aussi, avec par exemple évidemment la fameuse CEDH.
08:36– Cour européenne des droits de l'homme.
08:38– La Cour européenne des droits de l'homme qui est un problème effectivement,
08:42qui nous baillonne sur le plan de la liberté d'expression
08:48mais nous baillonne également en action pour réagir contre l'insupportable
08:54et l'indicible, je dirais, cette immigration et ce grand remplacement
09:00qui est un désastre, qui est une mort voulue, acceptée.
09:04– Je vous signale que c'est à Bruxelles que se décide la politique migratoire de l'Europe.
09:09– Non, non. – Avant ?
09:10– Non, non. – Avant ?
09:11– Non, il y a un consensus là-dessus à peu près.
09:14Vous n'allez pas me dire quand même que les Français sont des...
09:19que les gouvernements français successifs ont souffert des instructions,
09:22des directives européennes dans ce domaine.
09:24Non, non, vous n'allez pas me dire ça parce que ça serait un peu exagéré.
09:28Non, c'est-à-dire que nous avons précédé souvent
09:34les défauts de l'Europe, les mauvaises orientations de l'Europe,
09:37elles sont nées très souvent en France, comme par exemple...
09:38– Oui, avec Jacques Delors, par exemple.
09:40– Avec Jacques... Voilà, vous m'arrachez le...
09:42Vous me prenez le mot de la bouche, voilà.
09:45Non, je n'ai pas de haine contre Jacques Delors
09:47mais je dis qu'il est symptomatique de l'influence fondamentale de la France
09:53dans toutes les mauvaises orientations de l'Europe.
09:55– Il y a l'inspection des finances, quoi.
09:57– Pas seulement, pas seulement.
09:59Oui, oui, oui, oui, oui.
10:01De façon générale, nous, la France, c'est éché.
10:04Je vous ai dit tout à l'heure que j'étais un patriote français natif, c'est vrai.
10:08Enfin, d'un autre côté, je suis bien obligé de reconnaître quand même
10:11qu'en France, nous avons fait la révolution française,
10:14que nous, en France, nous avons, comment dirais-je,
10:19une espèce de... non pas de monopole,
10:21mais nous sommes les meilleurs en termes de gauchisme,
10:23de mauvaises idées, d'idées apatrides et de rêves dangereux.
10:29Voilà, et d'immigration et d'antiracisme et de tout ce que vous voulez.
10:34Tout ça, ça prospère en France avant d'être insufflé à l'Europe.
10:38– Alors, vous déplorez aussi que le désastre européen en cours
10:41ne suscite pas de réaction violente.
10:44Mais à quel type de violence vous pensez ?
10:49À quelle violence, en opposition, vous espérez ?
10:53– Moi, je suis toujours étonné.
10:55Vous savez, quand j'étais jeune, on me disait,
10:57les Français, c'est un peuple rebelle,
11:00c'est un peuple qui est toujours en train de faire des révolutions,
11:06qui ne tolère pas ceci, qui ne tolère pas cela.
11:08On ne fait pas n'importe quoi avec les Français.
11:11Ce que je vois tous les jours, c'est exactement l'inverse.
11:13Si je n'étais pas à la télé, je vous raconterais ce que j'ai vu,
11:17par exemple, ce matin, en venant par le train de banlieue.
11:20Eh bien, le Français de souche qui assiste à ça,
11:24je dois dire qu'il ne devrait normalement pas être content.
11:26Il devrait même plutôt réagir.
11:28Mais non, il ne réagit pas, au contraire, il est très silencieux.
11:32Bon, c'est tout, voilà, il n'y a pas de révolte populaire, il n'y a rien.
11:36Tant que le bourgeois ne sera pas attaqué à l'entrée de sa propre maison,
11:43il ne bougera pas.
11:45Nous sommes devenus conformes, voilà, conformes.
11:47– Qui est un amoureux de l'Union Européenne, Jacques Georges,
11:49comment expliquez-vous…
11:50– Non, de l'Europe plutôt que de l'Union Européenne, mais enfin, je ne suis pas…
11:53– Vous dites que c'est la plus belle construction, quand même.
11:55– C'est quand même, absolument, non, attention,
11:57l'Union Européenne, d'abord, ce n'est pas toute l'Europe.
11:59Il y a quand même également d'autres institutions,
12:01mais l'Europe institutionnelle, c'est quand même une avancée.
12:06Je trouve quand même que c'est positif.
12:07– Mais sur l'explosion des pipelines Nord Stream 1 et 2,
12:11pourquoi l'Union Européenne, ses dirigeants ne sont pas montés au créneau
12:15pour se dire, tiens, on vient de nous exploser notre principale ressource en gaz,
12:19d'où ça vient ?
12:21Qui sont les mystérieux terroristes ?
12:24– Ah, voilà.
12:26– Je ne vous demande pas de le dire,
12:29je veux dire, mais pourquoi l'Union Européenne ne réagit-elle pas ?
12:31– Mais la réponse, je crois que c'est le 26 septembre 2022,
12:36je trouve erreur que ça ait eu lieu, parce que je m'en souviens,
12:39quand c'est arrivé, pour moi, je me suis dit,
12:41ma première réaction, c'est peur l'arbour.
12:44Moi, ça a été ma réaction, ou Mercel-Kébir.
12:49C'est intéressant, si on avait le temps, on creuserait, d'ailleurs.
12:52Peur l'arbour ou Mercel-Kébir, c'est un peu un mélange des deux.
12:55Et j'ai dit, mais c'est incroyable ce qui vient de se passer.
12:58Le président Biden avait prévenu, avait dit, vous savez,
13:02je ne peux pas vous en dire plus, mais ça ne nous plaît pas du tout.
13:05– Oui, on sera en capacité de le détruire, on va le faire.
13:09– Oui, on ne vous dit rien, mais enfin bon, ça ne nous plaît pas trop.
13:12Et puis, on apprend que les pipelines ont sauté,
13:17et moi, je pensais, j'espérais que ça allait provoquer
13:21un sursaut absolument incroyable.
13:23Or, en fait, qu'est-ce qui s'est passé ?
13:24Les premiers intéressés, c'est les Allemands.
13:26Les Allemands n'ont rien dit.
13:28Et d'ailleurs, si, on a dit c'est les Russes.
13:31Alors, c'était un CAG.
13:33Le pipeline russe a été saboté par les Russes.
13:37Après, on a dit, ah non, ce n'est pas les Russes,
13:39parce que c'est quand même un peu gros.
13:41Non, c'est plutôt les Ukrainiens.
13:43C'est plutôt les Ukrainiens, les Anglais, les Norvégiens, etc.
13:47Bon, et on en est où, là, maintenant, aujourd'hui, là-dessus ?
13:50D'ailleurs, Donald Tusk, c'est Donald Tusk ?
13:53– Oui, exactement.
13:54– Donald Tusk, le Premier ministre polonais, a dit récemment,
13:59il a dit récemment aux dirigeants de la société
14:06qui porte la Nord Stream, il leur a demandé d'être discret.
14:11– Ah bon ?
14:12– Il leur a demandé d'être discret.
14:14C'est intéressant, moi, je crois.
14:15– On connaît la filiation entre la Pologne et les États-Unis.
14:18– Voilà, voilà, voilà.
14:20Donc, pourquoi est-ce que l'Europe n'a pas réagi,
14:23mais personne n'a réagi ?
14:26L'Europe, c'est la somme des médiocrités nationales.
14:28Voilà, c'est tout.
14:29Si je résume, l'Europe réelle, pas mon Europe à moi,
14:32selon moi, si on avait le temps,
14:34moi, je vous développerais l'Europe telle que,
14:36moi, l'Europe laquelle je pense, c'est l'Europe supérieure,
14:40c'est l'Europe du dessin, et puis de l'art, c'est ça.
14:45Alors, l'Union Européenne, le quotidien, je m'en fous,
14:47à la limite, ça ne m'intéresse pas.
14:48Mais l'Europe n'a pas réagi, tout simplement,
14:52parce qu'elle est la somme des médiocrités nationales.
14:54– Mais est-ce que cette médiocrité nationale,
14:57ça n'est pas, quelque part, la soumission à l'Empire américain ?
15:01– Si, si, oui, oui, oui.
15:03– Les socialistes, ils ont toujours été très amis, les américains.
15:05– La soumission, peut-être, à l'Empire américain,
15:08c'est surtout à l'ère du temps.
15:09L'ère du temps, bon, l'ère du temps, il est à la gauche,
15:12il est au gauchisme, il est au wokeisme,
15:15il est à toutes sortes de pollutions idéologiques
15:19qui sont nées largement en France, d'ailleurs, entre parenthèses, quand même,
15:23qui sont revenues en boomerang,
15:25sous forme de boomerang d'Amérique vers chez nous.
15:28Et le salut, le mal est venu d'Amérique,
15:32mais le salut, peut-être, en tout cas, le contrepoids à ça,
15:37aujourd'hui, il vient d'Amérique, et c'est une bonne chose.
15:39Je dois dire que quand j'entends Trump ou quand j'entends Vance,
15:44ben, je ne me sens pas trop, ça ne me déplaît pas,
15:51mais ça me fait grand plaisir, franchement.
15:52– On va y venir, Donald Trump, avec vous, Jacques-Georges,
15:55mais cette guerre en Ukraine,
15:56vous dites qu'elle n'est que la queue de comète de la guerre froide.
16:00Comment vous voyez évoluer les choses quand la paix sera signée ?
16:07– Oh, écoutez, moi, je ne suis pas un grand géopoliticien,
16:09mon opinion, elle a l'importance qu'elle a,
16:12mais enfin, ceci étant dit,
16:14premièrement, moi, je suis un pacifiste intra-européen.
16:19Une mort russe, une mort ukrainienne, une mort russe, c'est trop.
16:24Pour n'importe quelle cause, je dirais que rien…
16:25– Vous diriez que c'est une guerre civile ?
16:27– Rien, absolument, rien ne justifie une mort européenne, rien.
16:32Bon, ceci étant dit, ça va se terminer comme ça n'aurait jamais dû commencer,
16:40si simplement il y avait eu un gramme de bon sens
16:43parmi les dirigeants européens, commencés par le nôtre.
16:46Les demandes initiales de Poutine étaient très raisonnables.
16:53A l'origine, Poutine voulait même adhérer à l'Europe,
17:00où je ne sais plus, enfin, il était en tout cas,
17:02il est toujours d'ailleurs très européen, Poutine, il aime l'Europe.
17:06– Oui, il a fait ses études à Saint-Pétersbourg.
17:08– C'est ça, c'est un paradoxe, l'Europe ne l'aime pas,
17:09mais lui aime l'Europe, c'est un européen,
17:11c'est quelqu'un en qui j'ai une certaine confiance, je dirais.
17:16C'est un modéré, c'est quelqu'un qui a le sens du long terme,
17:19c'est quelqu'un qui aime son pays,
17:21et c'est quelqu'un qui se sent partie d'une civilisation européenne,
17:28je crois qu'il a le destin européen dans la tête.
17:30Et bon, donc, à long terme, c'est une histoire de famille malheureuse
17:36qui aura coûté un million de morts et de blessés pour rien,
17:40tout simplement parce qu'il faut que l'Ukraine soit,
17:45comment dirais-je, que la partie russe de l'Ukraine retourne à la Russie,
17:49comme ça aurait dû être le cas dès le départ,
17:52et que le reste soit neutralisé,
17:54et que l'Ukraine serve de lien entre la Russie et l'Europe de l'Ouest,
18:02les deux ayant tendance à converger à long terme, voilà.
18:05– Cette guerre au Moyen-Orient entre le Hamas et Israël,
18:09qu'on évoque un petit peu moins ces jours-ci,
18:11on a vu avec l'arrivée de Donald Trump son projet
18:14de mettre la main sur la bande de Gaza,
18:17vous dites que ce conflit était plus sérieux qu'en Ukraine, alors pourquoi ?
18:21– Ah non, il n'est pas plus sérieux, il est plus sensible,
18:24il est encore plus sensible.
18:25– Sérieux étant l'adjectif que vous avez utilisé.
18:27– Ah bon, oui, peut-être, oui, mais il est très sérieux aussi, évidemment.
18:31Mais là, je dirais, pourquoi est-il sensible en tout cas ?
18:34Parce que nous avons la plus grande communauté musulmane d'Europe en France,
18:39et parce que nous avons la plus grande communauté juive en France aussi.
18:43Bon, donc, nous importons les conflits de l'extérieur plus que les autres.
18:46Voilà pourquoi c'est sensible, voilà pourquoi…
18:48Et en même temps, ça pose des questions de fond
18:51qu'on n'aura sûrement pas le temps de développer,
18:53mais c'est très intéressant.
18:55Je dirais que quand j'écoute les deux, quand j'écoute les sionistes,
18:59je les comprends, je les comprends.
19:02– À quel titre ?
19:04– Je les comprends parce qu'ils veulent continuer à exister,
19:07ils ont l'intention de continuer à exister dans des…
19:09– Mais au détriment des autres, non ?
19:12– C'est la loi universelle, ça, vous savez ça ?
19:14– La loi du plus fort.
19:15– C'est une vieille loi qui a duré de…
19:18Demandez aux Prussiens leur avis là-dessus, aux anciens Prussiens.
19:21– Mais le droit international, c'est pas la loi du plus fort, en théorie.
19:24– Oui, enfin bon, moi je comprends les sionistes,
19:28je les comprends, si j'étais israélien,
19:33je serais certainement pro-Netanyahou.
19:36Mais si j'étais palestinien,
19:39je comprendrais aussi ceux qui ont envie de garder leur terre.
19:41C'est noble, les deux recherches sont nobles,
19:45malheureusement, elles sont totalement incompatibles.
19:47Mais nous, les Français là-dedans, quel est notre intérêt ?
19:50Notre intérêt, ce serait d'être neutre, pas neutre, d'être égal.
19:55Moi, je suis, de façon générale, assez…
19:57pour une Europe qui serait intermédiaire,
20:01qui serait une puissance qui…
20:05– D'équilibre.
20:06– Oui, d'équilibre, absolument.
20:08– Alors, c'est ma dernière question.
20:10– Pour les deux guerres d'ailleurs, pour l'Ukraine et pour le Moyen-Orient,
20:12c'est pareil, il faudrait que l'Europe soit au milieu.
20:15– Le retour de Trump à la Maison-Blanche,
20:17vous dites qu'il est lourd de menaces économiques pour les Européens.
20:21Alors, à quoi on doit s'attendre dans les prochains mois, prochaines années ?
20:24– Écoutez, c'est très simple.
20:26Regardez les comptes.
20:28Regardez les comptes de la maison USA.
20:34Vous voyez, le PIB américain, il est dix fois le PIB français,
20:4133 000, 33 000, pour ceux qui ne seraient pas au courant,
20:4533 000 milliards de dollars.
20:48Non, non, je dis une bêtise.
20:49Non, 30 000 le PIB et l'endettement 33 000.
20:52Donc, ça veut dire qu'ils sont endettés comme nous.
20:54C'est-à-dire trois fois la France.
20:55Exactement, dix fois la France, décidément.
20:58J'ai des problèmes avec les chiffres maintenant.
21:00C'est dix fois le PIB 30 000, l'endettement public 33 000.
21:06Le privé est considérable aussi.
21:08Bon, et ils ont un déficit public qui est dix fois le nôtre.
21:14C'est-à-dire, je n'ai plus l'ordre de grandeur,
21:16mais l'ordre de grandeur, c'est de l'ordre de 170 milliards par an.
21:21Ils ont un, donc j'ai dit un endettement considérable,
21:26un déficit considérable et ils ont un déficit,
21:31comment dirais-je, commercial, de dix fois le nôtre aussi.
21:36À peu près, je dirais, en ordre de grandeur, un peu plus de 1 000 milliards.
21:43Alors, est-ce que c'est grave, docteur ?
21:44C'est très grave.
21:46Alors, pourquoi ?
21:47Très, très grave.
21:47Expliquez-nous pourquoi.
21:48On va en crever, vous savez, la France.
21:50Dites-nous pourquoi c'est grave, par rapport à nous, aux auto-européens.
21:54Écoutez, quand vous avez des déficits budgétaires,
22:01des déficits commerciaux qui s'accumulent,
22:04vous perdez d'abord, dans un premier temps, vous perdez votre liberté
22:07et dans un deuxième temps, vous perdez la vie, la vie.
22:11Donc, les Américains ont au moins le réflexe de s'en rendre compte
22:19et de prendre les mesures, donc ils vont redresser violemment
22:22en tapant sur tout ce qui leur coûte cher
22:25et en redressant les comptes du commerce extérieur,
22:28en obligeant les Français et les Allemands et tout ce qu'on veut
22:33à acheter américain ou à les contribuer, à redresser leurs propres comptes.
22:41On ne doit pas faire la même chose.
22:43Notre belle Union européenne a du souci à se faire.
22:45Absolument, bien sûr.
22:46Mais qu'est-ce qu'elle fait alors, justement ?
22:48Mais à l'heure actuelle, vous savez, l'Union européenne est très excédentaire
22:52vis-à-vis des États-Unis.
22:54Très, très lourdement excédentaire.
22:55Ça déplaît à M. Trump, d'ailleurs.
22:57Oui, c'est pour ça qu'il vient nous taper dessus.
22:59C'est normal, à sa place, je ferais exactement la même chose.
23:03Jacques-Georges, votre ouvrage s'appelle
23:05« Mon époque et moi sommes mariés sans amour ».
23:07Il est à retrouver sur la boutique de TV Liberté.
23:10Merci à vous, monsieur.
23:11Je vous en prie.
23:12Merci.

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