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À l’entrée aux grandes écoles, on retrouve 65% d’étudiants d’origines très favorisées et 8% d’origine défavorisée, selon l'Institut des politiques publiques. Le milieu culturel ne fait pas exception. La Fondation Culture et Diversité se donne pour mission de soutenir l’égalité des chances dans les études culturelles et de faciliter l’accès à l’art aux jeunes issus de milieux modestes.

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Transcription
00:00L'invité de Smart Impact, c'est Lucille Deschamps, bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue, vous êtes déléguée générale en charge des programmes Égalité des chances
00:12à la Fondation Culture et Diversité, fondation d'entreprise de FIMALAC, la holding de Marc
00:18Ladret de Lacharrière.
00:19C'est quoi la mission de cette fondation ?
00:20Alors cette fondation, effectivement, elle a été créée en 2006 par Marc Ladret de
00:23Lacharrière et elle a pour objectif d'aider des jeunes qui sont issus de milieux modestes
00:28à accéder aux arts et à la culture et à accéder aussi aux études artistiques et
00:33culturelles.
00:34Et donc pour ça, on a deux axes d'action, à la fois la cohésion sociale et puis l'égalité
00:37des chances dont je suis plus particulièrement en charge.
00:40Ce n'est pas le boulot de l'éducation nationale ?
00:42Alors l'éducation nationale nous aide puisque, effectivement, on est en partenariat avec
00:46le ministère de l'éducation nationale qui va cibler en fait les lycées dans lesquels
00:51on intervient pour informer les jeunes de l'existence de ces écoles qui sont des écoles
00:58qui sont sous l'égide du ministère de la culture.
01:01Et donc on travaille main dans la main avec le ministère de l'éducation nationale et
01:05les professeurs qui vont aller cibler les jeunes qui sont particulièrement intéressés
01:09par ces études.
01:10Quel bilan on peut faire ? Ça fait quoi ? Quasiment deux décennies.
01:12Alors un bilan plutôt positif, effectivement.
01:16Nous on aide des jeunes donc déjà à s'informer sur ces écoles-là.
01:20Donc il y a environ 36 000 jeunes qui ont été informés et sensibilisés sur l'existence
01:24de ces écoles.
01:25C'est vraiment la première des discriminations, savoir que ces écoles existent, peut-être
01:31arriver à briser quelques idées reçues sur ces écoles-là et donc 36 000 jeunes
01:36ont été informés.
01:37Ensuite, la deuxième partie de notre action, c'est vraiment la préparation au concours.
01:42Et donc pour ça, ils vont passer du temps dans les écoles et donc là on a à peu près
01:453 000, un petit peu plus de 3 000 jeunes qui ont passé du temps dans ces écoles pour
01:49mieux les comprendre justement.
01:52Avant de passer le concours.
01:54Exactement.
01:55Ça rentre dans la préparation du concours.
01:56C'est exactement ça.
01:57Donc en fait, on travaille main dans la main avec les écoles, on sélectionne les jeunes
02:01qui ont envie de rentrer dans ces écoles et donc ils vont passer un temps d'immersion
02:06au sein des écoles, que ce soit les écoles d'Art & Design, les écoles d'Architecture,
02:10l'école du Louvre, la Fémis.
02:11Et donc ils vont pouvoir en comprendre vraiment la pédagogie.
02:15C'est vraiment l'idée de ces temps d'immersion, rencontrer des étudiants, donc leur poser
02:19des questions aussi, comprendre les attendus du concours et donc ça c'est vraiment important
02:24aussi pour justement, encore une fois, renforcer la confiance en eux de ces jeunes et donc
02:30sur ces 3 000, un petit peu plus de 3 200 jeunes qui ont passé ces temps-là, on a
02:36un jeune sur deux qui réussit les concours.
02:39Donc on est au-dessus en fait du taux national de réussite pour les concours.
02:45Si on regarde les statistiques, l'origine des élèves des grandes écoles, alors ce
02:51n'est pas seulement les grandes écoles de la culture, c'est 65% d'origine très
02:56favorisées et 8% d'origine défavorisée.
02:59Déjà, est-ce que c'est vrai aussi pour les écoles de la culture ? Parce que je me
03:03suis dit qu'il y avait peut-être moins d'auto-censure sur ces métiers-là, je suis peut-être totalement
03:08à côté de la plaque en disant ça.
03:09Alors, force au contraire, il y a beaucoup de jeunes qui se disent « ce n'est pas
03:12pour moi, je n'ai pas le réseau pour évoluer dans ce secteur-là, qu'elles vont être
03:17les débouchées aussi.
03:18» Je pense que c'est des jeunes qui sont issus de milieux modestes, les parents s'inquiètent
03:21aussi des débouchés et donc nous on est là pour arriver à casser un peu les idées
03:25reçues, l'auto-censure aussi, le déterminisme social qui existe encore.
03:29Et donc oui, il y a encore de l'auto-censure sur ce genre d'école comme d'autres écoles
03:38supérieures.
03:39Est-ce que c'est une méconnaissance ? Je pense par exemple à tout l'univers du dessin,
03:45du dessin animé et du jeu vidéo dans lequel les Français sont parmi les meilleurs au
03:50monde à la fois en créativité et puis même en capacité de production, en secteur industriel
03:58pour simplifier.
04:00Est-ce que c'est connu ça ?
04:01Alors non, c'est effectivement peu connu le fait que les Français soient à la pointe
04:06effectivement.
04:07Des jeunes en général et des plus âgés aussi.
04:10L'âge moyen d'un joueur aujourd'hui c'est plutôt 45 que 25.
04:13Alors c'est pas toujours connu.
04:15Pour tout vous dire, nous on travaille peu avec ces écoles-là parce que c'est des écoles
04:18privées.
04:19Nous on travaille surtout avec les écoles publiques effectivement mais développer un
04:22partenariat autour du jeu vidéo nous intéresserait aussi.
04:25On travaille avec une école privée qui est l'Institut français de la mode qui est la
04:28plus grande école de mode et donc développer des partenariats autour de certaines écoles
04:34privées peut être intéressant.
04:36Effectivement c'est des secteurs dans lesquels il y a des débouchés.
04:39C'est un secteur qui en ce moment a quelques difficultés mais en tout cas il y a des débouchés
04:44dans les studios.
04:46On espère que c'est temporaire, que l'intelligence artificielle ne va pas raser le secteur.
04:50Sur le bilan encore, parce que vous l'avez évoqué, est-ce que la diversité d'origine
04:59finalement, puisqu'on en revient quand même aussi à ça, vous l'avez vu progresser dans
05:04les écoles en question depuis 20 ans ?
05:06Notamment grâce à votre action.
05:08Oui, notamment grâce à notre action.
05:09C'est l'idée aussi de se dire comment les programmes de la Fondation Culture et Diversité
05:13viennent faire bouger aussi les écoles de l'intérieur.
05:15Et donc comment on devient aussi plus accueillant peut-être pour des jeunes qui viennent d'horizons
05:20différents.
05:21Il peut y avoir une certaine violence symbolique aussi arrivée dans des écoles et donc les
05:27écoles bougent aussi vraiment de l'intérieur et donc on voit la diversité augmenter.
05:35Alors évidemment, je pense que c'est un travail toujours à recommencer puisque les
05:39idées reçues se perpétuent d'année en année et donc notre travail est toujours
05:44pertinent aujourd'hui.
05:45Un jeune éloigné de la culture, ça peut être un rural.
05:48Ah mais bien sûr.
05:49Non mais alors nous, on a...
05:50Non mais juste pour sortir là aussi des clichés et des idées reçues.
05:54Complètement.
05:55Nous, on intervient effectivement dans des lycées qui sont assez enclavés et c'est
06:00vraiment l'idée que les écoles aillent se déplacer sur les territoires et les territoires
06:04ruraux notamment.
06:05Et donc la diversité, on l'entend dans toute son acception, c'est-à-dire une diversité
06:08sociale, culturelle, économique, géographique.
06:11Et donc on s'adresse évidemment aussi à des jeunes issus de milieux ruraux.
06:17Alors on va prendre un exemple, c'est le nombre de lycéens sélectionnés cette année,
06:21je crois qu'il y en a 185.
06:23Alors vous les accompagnez pendant combien de temps avant un concours ? Vous avez commencé
06:29à répondre à la question mais où ils en sont là, ce groupe-là ?
06:34Là, c'est un moment particulier pour eux parce qu'ils sont en plein vœu parcours
06:38sup.
06:39Donc il y a une tension aussi qui est particulièrement présente.
06:43Donc ils ont été effectivement, ils ont postulé pendant leur premier semestre de
06:48terminale.
06:49Ils ont été sélectionnés, ils ont passé en février par petits groupes de 30 ou de
06:5315 une semaine en immersion dans les écoles.
06:56Donc c'est l'école du Louvre, l'INA, l'Institut français de la mode, les écoles d'architecture
07:02que ce soit à Rennes, à Lille ou les écoles d'art et design que ce soit à Nîmes ou
07:06à Caen.
07:07On tourne chaque année pour vraiment une diversité aussi de représentation du territoire.
07:11Et donc pendant ces semaines, ils ont à la fois compris la pédagogie du concours, rencontré
07:17des étudiants, des professionnels, fait des visites.
07:19Ils sont allés visiter la Villa Cavoura proche de Lille, ils sont allés visiter le Mont-Saint-Michel
07:25proche de Rennes.
07:26Et donc là, on leur a donné en tout cas toutes les clés, on les a aussi peut-être
07:30fait monter à la fois en compétences mais aussi en assurance, en confiance en eux, pour
07:35pouvoir se dire c'est possible.
07:37Et donc là, on va les accompagner justement durant la phase parcoursup, donc on les met
07:42en relation avec des jeunes qui sont déjà rentrés en école et qui font partie du réseau
07:46maintenant puisque depuis effectivement 20 ans, il y a pas mal de jeunes qui font partie
07:51de ce réseau-là.
07:52L'importance des rôles modèles ?
07:53Exactement.
07:54Ça, c'est très important puisque pendant les stages, ils ont pu rencontrer des jeunes
07:58qui étudient actuellement dans ces écoles et qui sont passés comme eux par ces programmes
08:02égalité des chances.
08:03Donc là, ils vont passer parcoursup, on les défraie pour aller passer les euros puisqu'ils
08:09doivent se déplacer et puis on paie aussi leur vœu parcoursup.
08:12Et puis ensuite, l'idée c'est qu'on va les accompagner pendant toute leur scolarité
08:17parce qu'il ne suffit pas d'avoir le concours, il faut pouvoir aussi avoir les moyens.
08:21Donc s'ils réussissent le concours, ça veut dire que vous allez les aider à se loger ?
08:25Exactement.
08:26Donc s'ils viennent notamment à Paris, on a un partenariat avec le CRUZ de Paris qui
08:29nous permet d'avoir des logements bloqués pour les jeunes qui réussissent les concours
08:33et qui viendraient quitter Paris.
08:34Parce que ça, ça peut être un frein ?
08:35Complètement.
08:36C'est-à-dire que certains ne vont même pas s'inscrire en disant de toute façon je ne
08:38pourrais pas me payer un logement à Paris ?
08:40C'est ça.
08:41Et c'est donc important de leur dire dès le temps de préparation que l'accompagnement
08:46de la fondation sera là pour les aider.
08:48On va leur donner des bourses également, des bourses d'aide à l'achat de matériel,
08:51des bourses pour se loger, des bourses de mobilité pour partir en Erasmus.
08:58Est-ce que ça va jusqu'au premier job ? Est-ce que l'accompagnement s'arrête quand même ?
09:01Ça y est, ils ont trouvé un premier boulot.
09:03On ne s'arrête jamais.
09:04Ah bon ?
09:05Non, l'idée c'est vraiment de les accompagner pendant leurs études mais après, pendant
09:07leur insertion professionnelle.
09:08Mais pourquoi ?
09:09Tendanciellement, ils vont manquer aussi des réseaux.
09:11C'est-à-dire qu'on va essayer…
09:13Même s'ils se sont créés un réseau à l'école ?
09:15Oui, mais quelquefois ça ne suffit pas complètement et puis il y a aussi quelquefois un sentiment
09:22d'illégitimité qui continue à être là et donc nous on va les accompagner pour briser
09:26ce sentiment-là.
09:27Donc on leur propose à la fois des premiers jobs, des premiers stages aussi.
09:31On va les mettre en relation avec des mentors, et ça c'est important, des mentors qui sont
09:35à la fois issus des jeunes mais aussi issus des partenaires, de nombreux partenaires d'institutions
09:42culturelles, notamment parisiennes, avec le musée d'Orsay, le Palais de Tokyo, etc.
09:46On a des partenariats.
09:47On va les aider aussi à faire des résidences, c'est important, notamment pour les artistes
09:51plasticiens ou les artistes visuels.
09:53Donc on a des résidences à la fois à la Villa Médicis, à la Villa Noailles, et puis
09:57on va les aider à se faire du réseau et puis à diffuser aussi leurs créations autant
10:04que faire se peut.
10:05Et puis ensuite, il y a la dernière étape, c'est la cinquième, et là c'est vraiment
10:09les plus anciens qui vont s'engager en faveur des plus jeunes, qui vont revenir dans leur
10:14lycée, qui vont accompagner les jeunes pendant Parcoursup, on en parlait, qui vont proposer
10:19des emplois.
10:20Et donc l'idée c'est vraiment un cercle vertueux, on va boucler la boucle, et donc
10:24faire en sorte que les plus anciens puissent redonner ce qu'ils ont reçu.
10:28Merci beaucoup Lucile Deschamps et à bientôt sur Be Smart For Change.
10:32On passe tout de suite à notre débat, la taxe de solidarité sur les billets d'avion.
10:36En question.

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