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00:00Par 9h30, 11h avec Thomas Hill et avec votre invité ce matin, Thomas.
00:03Oui, je reçois ce matin Géraldine Maillet qui signe une série documentaire sur les coulisses de la mode pour Canal+.
00:09Alors Jean-Luc le disait, vous aviez déjà réalisé un doc sur les coulisses de Roland Garros, sur celle de TPMP,
00:14mais j'ai l'impression que les coulisses c'est vraiment votre truc, mais là vous renuez un peu avec vos années mannequins.
00:20C'est un monde que vous connaissez bien en fait la mode.
00:22Oui, c'est vrai que je connais très très bien ce monde, mais je l'ai fréquenté il y a 30 ans.
00:25Après j'ai écrit beaucoup de romans sur la mode, ou des romans ou des biographies de mannequins, de top models,
00:30et c'est vrai que cette immersion à nouveau dans les coulisses de la mode, je trouvais que c'était intéressant
00:35parce que je pense que la mode à la fois n'a pas changé, c'est-à-dire que c'est les mêmes codes, on fait des castings,
00:39on fait des défilés, on choisit des filles, il y a toujours 4 fashion week dans toutes les villes,
00:46par exemple Paris, Londres, New York et Milan, donc tout ça, ça n'a pas changé,
00:51mais en même temps la mode a énormément changé, c'est-à-dire qu'aujourd'hui il y a des gros groupes
00:54qui polarisent le prêt-à-porter de luxe, qui sont LVMH et Kering,
01:01là autour de ça il y a des petites maisons indépendantes qui font comme elles peuvent pour s'en sortir,
01:07et il y avait une vraie réflexion à avoir sur à la fois la fast fashion qui est de moins en moins chère,
01:12et le luxe qui est de plus en plus cher, et comment faire au niveau d'une consommatrice, d'une fan de mode, pour s'en sortir,
01:18donc je voulais absolument être sur le temps long, parce que la mode en fait c'est le temps rapide,
01:23ce qui est à la mode le lundi est complètement ringard le mardi.
01:25Et donc là vous les avez suivis pendant 6 mois, 3 designers très différents les uns des autres,
01:31chez Cardin, chez Paul & Joe, et puis un petit nouveau qui s'appelle Benjamin Ben Moïal et qui fait ses premières collections,
01:38et c'est pour moi vraiment le personnage central de votre série, vous auriez presque pu faire tout un doc sur lui.
01:43Oui j'aurais pu faire un doc sur lui, mais j'aimais bien les 3 problématiques,
01:47c'est-à-dire que Benjamin c'était son premier défilé, sa maison existait depuis quelques années,
01:51mais c'est la première fois qu'il était dans le calendrier officiel et qu'il défilait avec un vrai défilé,
01:54avec des mannequins, dans un lieu, donc ça coûte très cher un défilé pour un jeune créateur,
01:59et d'ailleurs je le dis dans la série, pour moi c'est un coup de poker,
02:02si je regarde les bilans, si je regarde les chiffres, je ne dois pas faire de défilé, je me mets dans le rouge,
02:06et d'ailleurs la saison d'après il n'a pas pu défiler, parce qu'il était dans le rouge, concrètement.
02:09Après il y a Sophie Méchalie, la patronne de Paul & Joe, elle c'est une maison familiale qui existe depuis 30 ans,
02:15et aujourd'hui existait depuis 30 ans pour une maison de prêt-à-porter de luxe, c'est Faramineux.
02:20Une maison qu'elle a créée elle-même.
02:21Elle l'a créée elle-même, c'est une filiation, c'est son fils qui s'occupe de la collection Homme,
02:25et elle a voulu créer cette indépendance en créant des licences au Japon,
02:29donc elle a du maquillage, elle a de la maroquinerie,
02:32elle a plein de licences qui lui permettent d'avoir une autonomie financière.
02:35Et puis après il y a Pierre Cardin, une sorte de figure emblématique de la mode,
02:40qui est une icône dans le monde entier, qui avait 800 licences à l'époque,
02:43qui a défilé partout, sur la Muraille de Chine, sur la Place Rouge,
02:47immense couturier, il disparaît,
02:49et finalement c'est son petit-neveu aujourd'hui qui s'occupe de la maison,
02:54italien, comme était Pierre Cardin au départ, Pierre Cardine.
02:57Et en fait je trouvais que c'était intéressant de voir comment on pouvait vivre
03:03après la mort d'un grand créateur comme Pierre Cardin,
03:05parce que finalement il faut se réinventer.
03:07Qu'est-ce qui est devenu Yves Saint Laurent ? Saint Laurent,
03:09que devient Courrèges aujourd'hui ? Courrèges c'est à nouveau dans la lumière,
03:12et c'est vraiment une des maisons qui fonctionne le mieux.
03:15Donc comment on réinvente une marque qui a été emblématique grâce à son créateur ?
03:18Mais on sent que lui, par exemple, vous ouvre un petit peu moins ses portes
03:22que Benjamin Ben Moïa, lui vraiment, vous le filmez même torse nu,
03:26en train de se faire un hamam, donc on ne peut pas aller plus loin dans les coulisses.
03:29C'est vrai, dans l'immersion et dans l'introspectif.
03:31Plus loin ce serait vraiment gênant, mais au moins ce que j'ai aimé,
03:34c'est qu'on est loin de l'image un peu prétentieuse et froide de la mode.
03:38C'est ça ce que vous avez voulu casser aussi ?
03:39En fait j'ai voulu raconter ce que c'était d'être un designer,
03:42c'est comment on fait pour être couturier et comment on gère ça.
03:45C'est un vrai business, c'est des vrais enjeux, c'est des vraies problématiques,
03:48c'est des vraies angoisses, et en fait évidemment qu'il y a le côté papier glacé,
03:52magnifique, qu'on aime, qui fait fantasmer.
03:54Pendant une semaine, la Fashion Week, on regarde sur TikTok les vidéos des influenceurs au front row,
03:58qui nous font rêver, on dit ah c'est beau, c'est de la paillette et tout ça, c'est du glamour.
04:01Mais derrière, il y a des enjeux humains, il y a des équipes, il y a des ateliers,
04:08il y a des choix des tissus, il y a de la confection.
04:10Donc tout ça, moi je trouvais que c'était important de savoir comment tout ça se goupillait
04:15entre deux Fashion Week, c'est-à-dire entre deux moments où on fait rêver,
04:18et bien au milieu, on ne fait pas forcément rêver.
04:20On voit tout ce boulot, le boulot énorme justement entre le choix des textiles, celui des mannequins,
04:25et puis en filigrane, il y a aussi dans votre doc Géraldine Maillet,
04:29un vrai discours sur la mode d'aujourd'hui, sur le fait que tout va de plus en plus vite,
04:34que les designers sont souvent plutôt devenus des influenceurs, des marketeurs que des vrais créateurs.
04:40Et on les sent tous en pleine réflexion sur l'avenir de leur métier, sur l'avenir de la mode en fait.
04:45Oui, d'abord on a l'impression que le luxe fonctionne aujourd'hui,
04:49mais le luxe ne va pas forcément très bien.
04:51Donc ça c'est déjà un premier truc qui m'a vraiment fait remarquer lors de ce documentaire.
04:56Et en fait, ils ont une vraie réflexion sur la mode entre justement la fast fashion,
05:00en gros vous achetez un t-shirt à 3 euros,
05:02ça veut dire qu'à un moment donné, sur la chaîne, il y a quelqu'un qui s'est fait avoir,
05:07et en même temps qui s'est fait exploiter.
05:08Et donc ça il faut quand même le dire, même à nos enfants,
05:10moi je trouve que c'est important de dire à nos enfants,
05:12fais attention parce que tu peux te dire, c'est génial d'acheter un t-shirt à 3 euros,
05:15et après avoir des grands discours sociétaux, politiques et tout ça,
05:19mais en fait ça veut dire que quelque part tu contribues à ce que ce t-shirt soit toujours à 3 euros,
05:23et que quelqu'un se fasse exploiter sur la chaîne.
05:25Et de l'autre côté, dans le luxe, le très très très haut de gamme,
05:28vous avez des t-shirts que vous achetez à 800 euros.
05:31800 euros, ce que m'explique Sophie Méchalit-Polangeau,
05:34c'est que c'est pas le vêtement qu'on paye.
05:36On paye la com, on paye les boutiques de luxe partout,
05:39on paye le marketing, on paye la publicité, on paye la marque.
05:42Et elle dit, finalement moi je ne m'y retrouve pas,
05:45ni dans la fast fashion, ni dans le très très très haut de gamme,
05:48qui est en train de, carrément elle me dit, péter les plombs et en train de devenir complètement fou.
05:51Et des ouvertures complètement compulsives de magasins aux quatre coins du monde,
05:55comme finalement des hangars ou comme des terminaux d'aéroports,
06:00tout se ressemble, et le touriste va s'acheter une banane ou une casquette,
06:04avec un logo, et il va se dire, moi j'appartiens aussi à cette secte un peu privée de Happy Few,
06:10de logoïser, on va dire.
06:11L'essai de se trouver un petit chemin entre tout ça.
06:14Et alors sur la forme, votre série Géraldine Maillat est composée de neuf épisodes,
06:17d'une durée très variable d'ailleurs, ça va de 12 à 20 minutes.
06:20Et j'ai trouvé le montage très réussi, rythmé.
06:23A Thomas Marie, mon monteur, extraordinaire.
06:25Bravo à votre monteur, parce que franchement, c'est très rythmé.
06:28Et par moments, ça m'a un peu rappelé même le style de l'agence sur TMC,
06:32je ne sais pas si ça faisait partie de vos références en tournant ce doc.
06:35Non, pas forcément, je n'y ai pas pensé, après je regarde l'agence,
06:38d'ailleurs j'aime bien ce programme, c'est efficace.
06:41Ce qui est bien, c'est que comme j'avais trois destins,
06:45il fallait avoir une écriture pour chacun, même un sens de l'image pour chacun,
06:50et les entrelacer avec chacun des problématiques différentes.
06:54Et il fallait qu'à la fin de l'épisode, de la mini-série finalement, de 20 minutes,
06:58on ait envie de regarder le deuxième épisode avec chacun sa problématique.
07:01Est-ce que je vais réussir à défiler ? Est-ce que je vais avoir des annulations à mon défilé ?
07:04Est-ce que tel mannequin va venir ? Est-ce que je vais avoir assez d'argent pour faire ma prochaine collection ?
07:08Est-ce que quand je vais aller au Japon, je vais avoir des nouvelles licences pour financer ma collection ?
07:12Voilà, toutes ces problématiques de la Fashion Week.
07:15Et quelque chose de beau, parce que la mode c'est sexy, c'est glamour, c'est beau, c'est excitant,
07:20et je voulais que ce soit beau à l'image.
07:21Backstage, c'est disponible sur ma canale, diffusé tous les soirs de la Fashion Week,
07:25à 20h sur Canal plus doc.

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