Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 13/03/2025
La Russie a annoncé ce jeudi avoir repris aux Ukrainiens la ville de Soudja après que Vladimir Poutine a ordonné à son armée de "complètement libérer" la région frontalière de Koursk envahie par Kiev. Après l'accord ukraino-américain trouvé en Arabie saoudite, une délégation venue de Washington est attendue à Moscou pour discuter d'une potentielle trêve sur le front.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Elsa Vidal, en russe, ça donne Daniette, oui, non ?
00:03C'est ça. C'est une réponse qu'on emploie très souvent en Russie.
00:06C'est un nom poli, dont vous ne pouvez pas refuser.
00:10Quand la personne qui vous fait cette proposition,
00:13eh bien, soit elle est votre supérieure hiérarchique,
00:15soit vous voulez préserver la relation.
00:18Donc vous commencez par politiquement dire, j'adhère au principe,
00:21mais dans la mise en œuvre, je vois des petits problèmes.
00:24Et ensuite, eh bien ensuite, vous proposez des solutions, vos solutions.
00:29Donc Vladimir Poutine, qui effectivement n'est pas un perdre de l'année,
00:33c'est répondre en neutralisant le risque d'être pour la guerre.
00:38Donc, comme Volodymyr Zelensky, il est pour la paix.
00:40Sur le principe, évidemment, je suis d'accord, je suis pour la paix,
00:42je suis d'accord pour un cessez-le-feu,
00:44sauf que ça va devoir se faire à mes conditions,
00:47si ça se fait un jour, si ça se fait un jour.
00:50Comment est-ce qu'il justifie, lui, ces réticences ?
00:52Alors d'abord, par des problèmes,
00:53par une série de problèmes concrets et très graves
00:57qu'il veut porter à la connaissance du public.
00:59Et le plus clair d'entre eux, peut-être le plus sincère,
01:04c'est la question de la ligne de front.
01:06Bon, c'est vrai, c'est demi-kilomètre de ligne de front.
01:09Donc, sincèrement, si le cessez-le-feu doit aussi concerner la présence,
01:14le combat terrestre, il va falloir du monde.
01:17Du monde pour surveiller tout ça et pour rapporter les violations.
01:21Mais on l'a déjà fait en Ukraine,
01:24avec l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe.
01:27Enfin, c'est ce que font les diplomates dans leur vie,
01:30ce que fait l'ONU.
01:31On surveille, on met en œuvre des cessez-le-feu.
01:33Mais bon, c'est vrai, c'est compliqué.
01:34Donc, vous vous dites, on sait faire,
01:35Vladimir Poutine dit, c'est compliqué, c'est impossible.
01:37Les autres arguments qu'avance le président russe
01:39sont plus, comment on va dire, politiques.
01:41Oui, ils sont plus politiques et ils sont plus, en un sens, pernicieux.
01:45Parce qu'en fait, ce que fait Vladimir Poutine,
01:47c'est retourner cet accord et de dire,
01:49j'ai un problème, les garanties de sécurité
01:52et les exigences de la Russie ne sont pas prises en compte.
01:55Et notamment, mon premier problème,
01:58c'est que ce cessez-le-feu ne tient pas compte
02:01de la question de l'appartenance de l'Ukraine à l'OTAN.
02:05Et je suis radicalement contre et on n'en a pas parlé.
02:09Alors qu'il y a une entente entre les Américains et les Russes sur ce sujet.
02:12Donc, ça va permettre à Donald Trump de lui répondre positivement.
02:16Ça, c'est quasiment acté.
02:17L'autre point, et on en a beaucoup parlé ces derniers jours,
02:20ce sont ces fameuses troupes qui devraient être déployées sur le terrain
02:24pour justement faire respecter le cessez-le-feu.
02:26Là, les Russes disent, si ce sont des troupes européennes, c'est hors de question.
02:29Oui, ils vont même jusqu'à dire, si ce sont des troupes européennes,
02:32nous considérons qu'il s'agit d'une agression directe contre la Russie
02:36alors qu'elle ne serait positionnée qu'en Ukraine
02:39et encore pas près de la ligne des combats.
02:41Et il ne vous aura pas échappé que Donald Trump, lui,
02:44s'était fait fort d'obtenir l'accord de Vladimir Poutine sur ce point.
02:48On est donc encore très, très loin.
02:50Moyen de gagner du temps.
02:51Alors, il y a un autre problème qui flotte autour de tout ça pour Vladimir Poutine,
02:54c'est Zelensky.
02:56Le problème final, et peut-être plus compliqué,
02:59c'est que pour la direction russe, mais aussi pour Donald Trump,
03:03il est hors de question, d'une part, de négocier avec Zelensky,
03:07mais que Zelensky ensuite, et son entourage,
03:09continuent d'être présents en Ukraine.
03:12Ce que veut Vladimir Poutine, et le veut depuis le début,
03:16c'est une Ukraine à sa main.
03:18C'est l'Ukraine d'avant 2014.
03:20L'Ukraine avec un président pro-russe,
03:22une Ukraine qu'il n'aurait pas besoin de contraindre en faisant la guerre,
03:26qui serait organisée pour travailler avec Moscou,
03:30comme la Biélorussie, dont le président Aleksandr Loukachenko était présent,
03:35et qui n'a pas manqué d'exil.
03:36C'est le président à moustache qui est au pouvoir depuis 1994,
03:40dix ans de plus que Vladimir Poutine, son aîné dans la bataille,
03:43qui se bat comme il peut pour préserver un peu d'autonomie,
03:47mais qui est désormais impliqué complètement dans la guerre,
03:50et qui n'a pas manqué de rappeler que si les Ukrainiens consentaient,
03:54alors ils avaient un avenir radieux dans le domaine économique devant eux,
03:57et que s'ils résistaient, alors ils feraient face à des pressions très importantes.
04:02Amélie ?
04:02J'ai une question pour Elsa.
04:04Mais il gagne du temps, Vladimir Poutine.
04:06Mais il gagne du temps pour quoi ?
04:08Il gagne du temps pour deux choses.
04:10Pour évacuer complètement la région de Koursk,
04:13et pouvoir dire que c'est l'armée russe qui a repris ce territoire.
04:16Première victoire.
04:17Il gagne du temps pour imposer aux Ukrainiens
04:20le fait d'être seuls à vouloir continuer la guerre.
04:22Ça va donner l'opportunité à Donald Trump de peut-être dire
04:25« Les Ukrainiens, vous ne voulez pas vraiment faire de concessions ? »
04:27Alors que Vladimir Poutine, lui, veut qu'on lui concède les territoires
04:31sur lesquels son armée est encore présente,
04:33mais qu'il n'a pas conquis dans son entier.
04:37Tout ce que vous venez d'expliquer,
04:38ça justifie le fait que j'ai commencé ce 20h BFM en disant
04:40le « oui, mais » de Vladimir Poutine.
04:43Vous vous dites « oui, mais non ».
04:44Non, c'est un non-poli.
04:45Et d'ailleurs, la presse américaine est en train de commencer à titrer en ce sens.

Recommandations