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00:00C'est un peu l'épreuve de vérité pour Bruno Retailleau. Je suis toujours avec Georges Fenech et Nathan Devers dans ce studio.
00:05On va parler de l'Algérie et de nos relations avec Alger et les autorités algériennes.
00:09Bruno Retailleau qui continue à mettre la pression sur Alger avec une liste transmise de plusieurs ressortissants dangereux à expulser en priorité.
00:19On va écouter les mots du ministre de l'Intérieur et on en discute juste après.
00:23Sur cette liste ne figurent que des ressortissants algériens dont nous avons les preuves de leur nationalité algérienne.
00:32L'Algérie est tenue par plusieurs accords qui nous lient.
00:35Cette liste, ce sera un moment de vérité.
00:40Ou bien l'Algérie accepte de respecter ses obligations, le droit, nos accords internationaux qu'on a signés librement
00:48ou si elle ne le fait pas, nous mettrons en oeuvre la stratégie que nous avons décidée, que nous avons organisée, du triposte gradué
00:55qui peut aller jusqu'à la remise en cause de l'ensemble de nos accords.
00:59Ah ! Est-ce que cette fois-ci Bruno Retailleau a commencé à changer de ton avec l'Algérie ? Georges ?
01:05Oui, je crois qu'il est toujours sur cette même position inflexible. Il a raison.
01:09A savoir l'application du droit international.
01:12L'Algérie ne peut pas refuser ses ressortissants que nous voulons expulser pour des motifs légitimes confirmés d'ailleurs par des juridictions.
01:20C'est le cas notamment de Boulogne puisque ça a été confirmé par la fameuse commission composée de magistrats.
01:27Donc il est dans la cohérence totale.
01:30Il propose une liste qui a été triée sur le volet.
01:34Donc on ne voit pas pourquoi l'Algérie refuse.
01:36Si l'Algérie refuse, effectivement je pense que le gouvernement a dans son jeu des moyens de rétorsion qui n'ont pas besoin de l'aval du Président de la République.
01:46Puisqu'on a bien compris que le Président de la République ne veut pas remettre en cause notamment les accords de 68.
01:52Ce que peut faire le ministre de l'Intérieur me semble-t-il, c'est déjà agir sur les visas diplomatiques.
01:57Ça ferait déjà mal, vous voyez.
02:00Un certain nombre de choses, de transferts de fonds, tout ça, ça dépend du gouvernement.
02:04Ça ne dépend pas du Président de la République.
02:06Mais tant qu'on n'aura pas une même position entre l'exécutif du chef de l'Etat et du gouvernement,
02:12on sera quand même légèrement handicapé.
02:15Et n'oublions pas que dans tout ça, nous avons encore Boilem Sansalle qui est toujours détenu arbitrairement dans les geôles d'Alger.
02:24Oui, et on a là un peu le sentiment qu'évidemment on en parle sur Europe 1, on en parle sur nos antennes,
02:31mais on n'en entend pas parler ailleurs de Boilem Sansalle, Nathan Devers.
02:34Je voulais commencer sur lui parce que même si Bruno Rotailleau a raison d'estimer que là il faut arrêter de se laisser comme ça marcher sur les pieds par l'Algérie,
02:45On n'a pas entendu 15 fois ça.
02:46Mais voilà, c'est ce que j'allais dire.
02:47Ah, Nathan Devers.
02:48Moi, ça commence à me devenir insupportable.
02:50Nous avons aujourd'hui un homme qui est pris en otage par une dictature,
02:55qui est pris en otage parce qu'il est écrivain,
02:58qui est pris en otage parce qu'il a eu le malheur de contester le pouvoir autocratique de M. Théboune et de sa petite clique,
03:04et qu'il a eu le malheur de contester la bêtise, crasse du nationalisme quel qu'il soit,
03:08en l'occurrence du nationalisme algérien, ça pourrait être n'importe lequel.
03:11Il est pris en otage alors qu'il a un cancer, qu'il est très âgé et qu'il est manifestement mal soigné,
03:17avec interdiction notamment d'avoir un avocat, parce que l'avocat n'a pas la bonne religion, à savoir qu'il est juif.
03:23On va être très clair, c'est terrible ce que je vais dire,
03:26il peut mourir à tout instant.
03:28Et ce côté, si vous voulez, où on fait un bras de fer, on prend le temps, semaine après semaine,
03:32de dire regardez, j'ai haussé la voix, nous attendons de reprendre nos ressortissants,
03:37non, là il faudrait prendre toutes les mesures qui s'imposent,
03:41pour que l'Algérie rende immédiatement Boilem-Sensal.
03:45Et reprenne ses OQTF aussi.
03:47Oui mais, je veux dire, Boilem-Sensal, on n'a pas le temps en fait.
03:50Les OQTF, à la limite, on peut attendre 2-3 semaines.
03:52Boilem-Sensal, c'est une question de jour, ou vraiment une question urgente.
03:56Et si il devait mourir dans cet hôpital, entre guillemets, ce pseudo-hôpital et cette prison algérienne,
04:03je pense qu'on ferait moins les malins.
04:05Et en l'occurrence, il y a eu vraiment une situation qui est urgente.
04:09J'aimerais juste rappeler une chose qui est évidente.
04:12Si vraiment la France disait, nous sommes prêts à tout pour récupérer demain matin Boilem-Sensal,
04:17on pourrait le faire.
04:18Mais je crois que la France n'est pas prête à tout pour récupérer Boilem-Sensal.
04:21Je ne mets pas en cause leurs intentions, mais je pense qu'ils ont sans doute peur des réactions du régime algérien.
04:27Et si c'est le cas, je pense qu'ils font une erreur d'analyse.
04:29Parce que ce qu'ils ne voient pas, c'est que si on fait un bras de fer avec cette dictature,
04:32et encore une fois, on ne parle pas du peuple algérien.
04:34On ne parle pas des ressortissants algériens.
04:36On parle des 400 personnes qui tiennent cette clique, cette caste de dictature.
04:40Si vraiment on visait ces 400 personnes, les passeports diplomatiques, mais moi j'irais plus loin.
04:44Qu'est-ce qu'on a fait avec les oligarques russes quand la Russie a envahi l'Ukraine ?
04:47On les a privés de leur villa de luxe à Saint-Jean-Cap-Ferrat, de leur yacht qui était amarré à Antibes.
04:51On les a privés de ce genre de choses.
04:53Et ça, ça calme. Vous voyez ?
04:55Et cette petite clique du clan Théboune, ils ont des biens en France.
04:59Ils en ont beaucoup. Ils ont beaucoup d'argent.
05:01Pourquoi n'agit-on pas là-dessus ?
05:03On devrait les calmer de cette manière, et récupérer.
05:05Et je dis juste une dernière phrase, si nous faisions un bras de fer avec cette clique,
05:08évidemment que c'est la France qui gagne le bras de fer.
05:10Vous voyez ce que je veux dire ?
05:11Que dans la balance, c'est la France qui est plus puissante.
05:13Nous ne voulons pas le faire.
05:15Jean-Claude Taillot est un peu seul dans cette affaire, donc ce n'est pas lui que j'accable.
05:17Mais à un moment, je répète, quand Bolem Sansalle mourra en prison, on fera moins les malins.
05:22C'est Emmanuel Macron qui ne veut pas bouger selon vous, Georges Fenech ?
05:26Le ministre de l'Intérieur, comme le dit Nathan Devers, c'est de faire ce qu'il peut.
05:29Mais qui ne veut pas bouger ?
05:31Pourquoi on ne bouge pas à la fin ? Pourquoi ?
05:33En tout cas, je vais vous dire, moi je ressens une profonde humiliation.
05:40Une profonde tristesse.
05:42Nous le connaissons, Nathan et moi, évidemment, nous le connaissons bien, Bolem Sansalle.
05:46Nous savons quel homme délicieux, de paix, doux, gentil, il est, et à quel point sa vie est en danger.
05:53Moi, je ressens beaucoup de colère en même temps, par rapport à nos politiques,
06:04qui ne font pas ce qu'ils devraient faire.
06:06C'est un de nos compatriotes.
06:08Pourquoi, Georges Fenech ? Pourquoi ?
06:10Parce qu'ils se heurtent à un régime autoritaire, un régime qui veut régler toujours des comptes.
06:16Depuis la guerre d'Algérie, on l'a bien vu.
06:18Est-ce que vous ne croyez pas, je vous pose la question, qu'ils ne sont pas un peu poussés par la Russie ?
06:21Et derrière, ils sont renforcés, confortés, par la Russie.
06:26Donc ils n'ont pas besoin de nous, en réalité, même sur le plan économique.
06:29Bon, mais là, effectivement...
06:31Alors pourquoi est-on si... ?
06:34Parce qu'on ne sait pas par quel bout les prendre.
06:36C'est un régime de voyous, qui fait peur, et je comprends qu'ils fassent peur.
06:39Parce que quand on regarde ce que ce régime a pu faire à la France,
06:42ce n'était pas tout à fait le même, ce n'était pas Théboune,
06:44mais quand ils ont tué les moines de Tibhirine,
06:47en disant que c'était des islamistes qui les avaient assassinés,
06:50qu'ils les ont égorgés comme des chiens,
06:52quand Emmanuel Macron a pris la décision de se rerapprocher du Maroc,
06:59et donc d'acter la souveraineté marocaine au Sahara occidental,
07:03ils savaient, probablement, que l'Algérie allait réagir d'une façon très violente.
07:08Et regardez ce qu'ils ont fait.
07:09Ils ont pris M. Sansal en otage,
07:11ils refusent de reprendre leurs ressartissants,
07:14il y a eu un attentat avec un portugais de 69 ans à Mulhouse,
07:20qui est mort à cause de cette situation.
07:22Donc c'est normal, je crois, que la France ait peur de ce que peut faire ce régime.
07:26Pour une raison simple, c'est que ce régime n'a pas de principe.
07:28Ce régime vit de l'hypocrisie,
07:30ce régime passe son temps à attiser un nationalisme algérien,
07:33alors qu'il empêche le peuple algérien d'être vraiment indépendant sur sa terre,
07:36puisqu'il lui vole ses richesses, puisqu'il le prive de ses droits,
07:39puisqu'il truque les élections,
07:40puisqu'avant M. Théboune, le président, c'était un tableau.
07:43Vous savez, le peuple algérien, pendant l'Irak, se moquait de ça.
07:45Bouteflika, à la fin de sa vie, il faisait campagne, c'était plus lui,
07:47il était tellement malade, c'était un tableau qu'il faisait campagne à sa place.
07:50Donc c'est un régime qui n'a pas de principe, et qui est prêt à tout.
07:53Et je comprends que la France ait peur,
07:55je comprends qu'au quai d'Orsay, on puisse avoir peur de cette réaction.
07:57Mais toutes les peurs du monde ne valent pas l'enfermement de Boilem Sansal.
08:02Moi, mon sentiment de manière plus générale,
08:04un sentiment douloureux aussi,
08:06c'est notre impuissance, aujourd'hui, sur la scène internationale.
08:10Nous sommes en train de regarder ce qu'il se passe en Ukraine,
08:13nous sommes des spectateurs totalement impuissants.
08:17Ne parlons même plus de la bande de Gaza,
08:20nous n'existons plus dans ce conflit,
08:23ou dans le règlement de ce conflit,
08:25qui est toujours en cours, avec le Hamas, bien entendu.
08:29Avec l'Algérie, nous sommes incapables de faire libérer
08:33un de nos compatriotes détenus arbitrairement.
08:36En Afrique, on nous a chassés de terre ancestrale,
08:40où, véritablement, nous étions là pour lutter aussi contre le terrorisme,
08:43je pense notamment au Tchad, au Mali.
08:45On est impuissants.
08:48Vous me posez la question.
08:49Il y a une impuissance française, aujourd'hui,
08:51et un président aussi qui a perdu, en réalité, le pouvoir dans le pays.
08:55Et tout cela n'est pas bon.
08:57Il n'est pas bon pour notre image dans le monde,
09:00il n'est pas bon pour le moral des Français, je dirais aussi.
09:03Et il est temps, moi j'espère véritablement,
09:06qu'il y ait des élections dans le meilleur délai possible,
09:10pour qu'on retrouve une politique et des hommes
09:14qui sont en capacité de faire entendre à nouveau la voix de la France.
09:18Ou des femmes, bien sûr.
09:21Effectivement, on est devenu quoi ?
09:25Mais c'est-à-dire qu'en même temps qu'on est une armée qui est réputée dans le monde entier,
09:29pardon, Cocorico, mais la Légion étrangère, et que sais-je encore,
09:33et aujourd'hui, on l'a détruite, cette armée.
09:36C'est vrai que ça prendra des années à la remonter, non ?
09:39Il y a les choix stratégiques, et je dirais, il y a les choix métaphysiques.
09:42Le général de Gaulle, quand il parlait de la grandeur de la France,
09:46la pensée politique qu'il y avait derrière,
09:49c'était l'idée que la France avait un rôle à jouer dans le monde.
09:52Ce n'était pas seulement une question de quelle arme on va avoir, combien de militaires, etc.
09:56C'est à quoi bon tout cela va servir, et à quelle fin.
09:59Et le général de Gaulle estimait que le rôle de la France était un signe,
10:03qu'il était unique, que dans un monde qui allait de plus en plus être partagé
10:07par des empires qui avaient des modèles de société qui étaient chacun problématiques,
10:12le capitalisme américain, le général de Gaulle n'en voulait pas,
10:15ne voulait pas que la France l'imita.
10:17Il ne voulait pas non plus que la France se mit au service,
10:21évidemment, de l'emprise de l'URSS et de ce modèle-là.
10:24Il estimait que la France devait porter une troisième voie.
10:26Je crois que dans tous les conflits dans lesquels le monde est plongé aujourd'hui,
10:30on n'est pas dans la même guerre froide.
10:32Mais on est aussi dans une logique où vous avez des empires
10:34avec des modèles de société qui vont de pair.
10:36La Chine, la Russie, l'URSS, les Etats-Unis de Trump, l'islamisme.
10:41La France devrait porter une parole autre sur ces conflits-là.
10:44Dans cet héritage gaullien dont parle Nathan,
10:47il nous reste un trésor dont on voudrait dilapider,
10:52c'est l'arme nucléaire.
10:54Et tout à coup, Emmanuel Macron parle de partage de ce qui fait notre...
10:58C'est la dernière chose qui fait notre force,
11:00qui fait notre singularité,
11:02c'est que nous sommes dotés de l'arme nucléaire.
11:04Il ne faut pas y toucher.
11:06Il ne faut la partager avec personne.
11:08C'est nous qui avons la maîtrise.
11:10Oui, bien sûr, vous évoquez pour un partage européen, c'est ça ?
11:12Oui, mais c'est inadmissible d'entendre ça.
11:15Ce n'est pas possible d'entendre ça.
11:17D'ailleurs, vous avez tous les anciens ministres de la Défense,
11:19que ce soit Charles Millon qui est venu chez nous,
11:21que ce soit Hervé Morin et d'autres politiques,
11:24ça, on ne touche pas.
11:26C'est la seule chose qui nous reste véritablement.
11:28Ce n'était pas un partage de la décision,
11:31c'était un partage de la dissuasion nucléaire.
11:34Il ne faut même pas en parler.
11:36Il faut rester sur une ambiguïté.
11:39Il ne faut pas que l'adversaire,
11:41la puissance qui nous menace dans notre existence,
11:44puisse savoir jusqu'où va la protection.
11:46C'est quelque chose qu'on tait, dont on ne parle pas.
11:49Vous avez raison.
11:50Alors, à l'instant, on me donne entre les mains,
11:52je le découvre avec vous, une interview d'Edouard Philippe
11:54qui sera publiée dans le Figaro,
11:56pour défendre notre liberté.
11:57Il faudra travailler plus,
11:59mais je veux surtout qu'on parle dans un instant
12:01du service militaire.
12:02Oui, nous devons augmenter le volume de nos forces.
12:04Je milite pour la création d'un service militaire volontaire
12:08et chaque année, au moins 50 000 hommes et femmes supplémentaires.
12:11On en parle tout de suite sur Europe.info, 20h44.