Le Premier ministre François Bayrou était l'invité de "Questions politiques" le 16 mars 2025.
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00:00Qu'est-ce que ça veut dire François Bayrou ? Nous rentrons dans une nouvelle ère.
00:04Est-ce que ça veut dire qu'il faut se préparer sérieusement à la guerre ?
00:07En tout cas, il faut se préparer sérieusement.
00:11Non seulement à des menaces militaires,
00:15mais il faut se préparer sérieusement à la guerre commerciale.
00:22L'instauration de droits de douane, de tarifs douaniers
00:28menace un très grand nombre de nos productions,
00:31et qui menace aussi, je le crois,
00:33parce que je pense que c'est une erreur d'appréciation fondamentale,
00:36un grand nombre de productions américaines.
00:39Nous étions habitués à être dans une alliance,
00:43avec ses hauts et ses bas,
00:45mais dans une alliance que personne ne remettait en question
00:48autour de l'idée des sociétés de liberté.
00:52Nous étions, les Américains et nous,
00:55depuis la guerre, depuis 80 ans,
00:58et même pendant la guerre, ensemble.
01:01Mais dans cette nouvelle ère annoncée par Emmanuel Macron,
01:04décrite d'ailleurs encore ce matin dans la presse par le Président,
01:07on ne relance pas le service militaire.
01:10En tout cas, clairement, ils le mettent de côté.
01:12Ça peut paraître surprenant, un chiffre,
01:14un Ipsos a publié ce matin,
01:1686% des Français ne sont pas contre un retour du service militaire.
01:19Pourquoi est-ce que vous avez choisi cette option-là ?
01:22D'abord, cette option a été choisie en France en 1995.
01:26C'est Jacques Chirac qui avait fait le choix,
01:29et c'est un choix que je crois que tous les militaires soutiennent,
01:33de construire une armée professionnelle.
01:38Une armée de conscription, d'appelée.
01:44C'est une armée qui est faite de jeunes gens,
01:48de jeunes garçons, et désormais, ça serait de jeunes filles,
01:52mais qui ne sont pas des professionnels de la chose militaire.
01:55Mais l'on nous explique que le contexte a changé.
01:57Et donc, il faut que nous ajoutions, sans doute,
02:02à cette armée professionnelle, une armée de réserve.
02:05Et pourquoi ?
02:06C'est pour essayer de développer la résilience de la population,
02:09c'est-à-dire impliquer davantage les Français dans,
02:13peut-être un patriotisme, en tout cas,
02:15le sentiment qu'il y a une vraie nécessité de défendre la France et l'Europe.
02:20Ou est-ce que c'est parce qu'il faut quand même
02:22ajouter des forces d'appoint à l'armée ?
02:24Je pense que c'est principalement pour que le lien
02:28entre l'armée et la nation soit vivant, respecté et soutenu
02:33par nos concitoyens.
02:35C'est un réarmement moral, globalement ?
02:37Oui, c'est un réarmement moral, et c'est aussi une capacité pour agir.
02:43Chaque fois qu'on a besoin d'une intervention
02:46que, pour l'instant, on confie à l'armée,
02:48je vais prendre un exemple simple.
02:50Le cyclone à Mayotte,
02:52de destruction effroyable,
02:57des blessés, des morts,
03:00obligation de mettre en place un hôpital de campagne,
03:03comme sur un champ de bataille,
03:05et puis de maintien de l'ordre,
03:08parce que, évidemment, comme vous le savez,
03:10la situation à Mayotte,
03:12avec 20% ou 25% d'illégaux,
03:16est une situation qui est très déstabilisée.
03:19Donc il nous faut de l'opérationnel plus rapide, c'est ça ?
03:21Oui, opérationnel plus rapide,
03:24opérationnel pour tout ce qui touche à la sécurité,
03:28à l'intervention quand on en a besoin,
03:31quand il y a des catastrophes.
03:33Regardez l'opération Sentinelle.
03:36On fait patrouiller dans les aéroports
03:39des professionnels et même parfois ultra-professionnels.
03:44Des gens qui n'ont jamais manié une arme.
03:46Et donc il vaut mieux avoir des réservistes
03:50qui seraient formés pour cela.
03:53Mais justement, ça va fonctionner comment ?
03:55Et qui permettraient de libérer du temps professionnel.
03:58Édouard Philippe dit 50 000 parents
04:01sur la base du volontariat.
04:03Est-ce que vous visez des jeunes, des gens de tous les âges,
04:06ou est-ce que c'est une façon, effectivement,
04:08de faire un espèce de service humanitaire
04:10où, en gros, tous les gens que vous avez en réserviste
04:12libèreraient, comme vous venez de le dire,
04:14les tâches de gendarmerie, de militaire, de police ?
04:16C'est des jeunes et c'est combien par an il y en faudrait ?
04:19Je pense que tout ça n'est pas chiffré.
04:22Il se trouve que les armées travaillent depuis 15 jours
04:26ou une semaine assidûment.
04:28Il faut que vous mesuriez que
04:30si l'on faisait quelque chose de très large,
04:33ça coûte très cher.
04:35Où est-ce qu'on les loge ? Dans quelles casernes ?
04:38Quel est l'encadrement ?
04:40Il y a une chose qui marche très bien en France
04:43et ça marche outre-mer,
04:45c'est ce qu'on appelle le service militaire adapté
04:48qui a été mis en place il y a longtemps.
04:51Je connais bien les protagonistes, par exemple, à La Réunion,
04:54qui ont mis en place le service adapté.
04:57Ça marche très bien.
04:59Mais c'est un taux d'encadrement très important.
05:02On va retomber sur un des problèmes que nous avons devant nous,
05:05qui est le problème budgétaire.
05:07Et alors justement, François ?
05:09Mais j'ajoute un mot.
05:12J'ai toujours été partisan d'un service civique.
05:18C'est-à-dire qu'on puisse proposer à des jeunes
05:22de participer à des actions d'intérêt général.
05:25Proposer, pas imposer.
05:27Proposer, imposer, ça pose des problèmes.
05:32Par exemple, quelqu'un qui ne veut pas,
05:34qu'est-ce que vous faites ?
05:36Je vous le demande.
05:38Vous ne me l'avez pas demandé,
05:40mais je vous pose la question à vous.
05:42Mais là, c'est un peu compliqué,
05:44parce que vous parlez du service civique.
05:46Le caractère obligatoire d'un service,
05:49ça impose des sanctions si ce service n'est pas rempli.
05:52On n'en est pas là.
05:54Je pense que l'idée de construire,
05:57en vue d'avoir des réserves opérationnelles,
06:01une partie de la classe d'âge,
06:04pour qu'elle soit instruite de tout ce qui est intervention,
06:09mise en place de secours.
06:12Je pense que c'est une bonne idée,
06:14et ça me permet d'adresser un salut
06:17à tous les jeunes qui ont choisi de faire
06:20le service civique aujourd'hui,
06:22et que je suis allé rencontrer très récemment.
06:25Vous avez plein de bonnes intentions,
06:28vous avez plein d'adaptations dans votre tête,
06:31mais comment concrètement on passe aux travaux politiques ?
06:34Par exemple, la réorganisation du service national universel,
06:37quel objectif, à quelle échéance,
06:39et qu'est-ce que vous préconisez ?
06:41On va essayer d'être très concrets.
06:43Je complète.
06:45On a parlé de service national universel,
06:47vous avez parlé de service civique,
06:49on a parlé de réservistes.
06:51Comment les différentes choses
06:54Les réservistes, ce sont ceux qui ont fait cette formation,
06:57et qui plus tard dans leur vie,
06:59demeurent mobilisables,
07:02exactement comme les sapeurs-pompiers volontaires.
07:05On ne se rend pas compte de l'importance et du nombre
07:10de tous ceux qui sont prêts à donner d'eux-mêmes
07:13pour la société,
07:15et les sapeurs-pompiers volontaires sont un très bon exemple.
07:19Mais ceux-là, on ne leur apprend pas à manier les armes.
07:21Mais si, les sapeurs-pompiers volontaires,
07:23on les a appris, on leur a appris,
07:25vous me faites faire des fautes de français,
07:27ce qui est très mal,
07:29on leur a appris à se former au maniement
07:33des armes, de tout ce que sont les matériels
07:37contre l'incendie, contre les accidents.
07:40Et donc, les réserves, c'est tous ceux
07:44qui ont été formés au fil du temps
07:46et qui accepteront de demeurer engagés.
07:48Voilà exactement comment ça s'articule.
07:50Et la réorganisation du service national,
07:52du service civique universel,
07:55comment vous l'imaginez, à quelle échéance ?
07:57Je pense que, dans l'esprit du Président de la République,
08:00dans sa déclaration, c'est cela qu'il vise,
08:02cette articulation-là.