Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 25/03/2025
SURVEILLANCE - Il faudra peut-être bientôt faire attention à nos recherches internet. Mardi 1er avril, l’Assemblée Nationale s’apprête à voter une proposition de loi visant à « sortir la France du piège du narcotrafic », plus communément appelée la « loi narcotrafic », comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête de l’article.

Dans ce texte, on trouve un certain article 8. Celui-ci vise à étendre l’utilisation de « boîtes noires », des dispositifs utilisés pour la surveillance algorithmique, au crime organisé pour le trafic d’armes, de stupéfiants, et le blanchiment des produits qui en sont issus. Installée sur un réseau, une « boîte noire » aspire l’ensemble des métadonnées téléphoniques et internet de ses usagers et les filtre au travers d’un algorithme.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Imaginez que l'État ait accès à votre historique Internet.
00:05Oui bon, je sais, déjà ça fait peur,
00:07mais en plus, imaginez que si vous faites les mauvaises recherches,
00:10on puisse vous mettre sous surveillance.
00:12Mardi 1er avril, l'Assemblée nationale s'apprête à voter une proposition de loi
00:15visant à sortir la France du piège du narcotrafic.
00:18On l'appelle la loi Narcotrafic.
00:20Et dans cette proposition de loi, on trouve l'article 8.
00:23Il vise à étendre l'utilisation de boîtes noires aux crimes organisés
00:25pour le trafic d'armes, de stupéfiants
00:27et le blanchiment des produits qui en sont issus.
00:29Mais alors, c'est quoi ces boîtes noires ?
00:32Eh bien, ce sont tout simplement des dispositifs
00:35utilisés pour la surveillance algorithmique.
00:39Bon, imaginez un gros aspirateur.
00:41Imaginez vraiment.
00:42Ce gros aspirateur va collecter les données Internet ou téléphoniques
00:45de tous les Français.
00:46Elles vont ensuite être filtrées par des algorithmes,
00:48les fameuses boîtes noires.
00:49On sait que, légalement, elles peuvent analyser les métadonnées.
00:52Donc, qui parle à qui ?
00:54Quelle adresse IP se connecte à tel site ?
00:58Ce que recherchent ces boîtes noires,
01:00c'est un signaux faible des connexions,
01:04des comportements qui seraient suspectes.
01:06Mais ces algorithmes ne vont pas rechercher
01:09des personnes en particulier.
01:11Il s'agit d'une analyse d'un réseau de télécommunication.
01:13Ce qui fait que toute personne qui va utiliser
01:15ce réseau qui est en train d'être surveillé
01:17va se retrouver surveillée,
01:18qu'elle soit suspecte de près ou de loin.
01:21Si ces algorithmes détectent un comportement suspect,
01:24le renseignement peut demander l'identification
01:26de la personne concernée,
01:27avec une autorisation du Premier ministre.
01:29Les données qui ne sont pas retenues par ces boîtes noires
01:31sont censées être directement détruites.
01:33Donc oui, vous allez être observés,
01:35mais pas de panique, c'était déjà le cas.
01:37Cette surveillance généralisée a été introduite
01:40dans la loi renseignement de 2015.
01:42D'abord de manière provisoire,
01:43avant d'être pérennisée en 2021.
01:45Si elle devait se limiter à l'antiterrorisme,
01:47elle a ensuite été étendue aux ingérences étrangères en 2024.
01:50Selon les informations de Libération,
01:52il existerait 5 boîtes noires en utilisation,
01:54toutes destinées à l'antiterrorisme.
01:56Et ces boîtes noires,
01:57qui pourraient être bientôt utilisées
01:58contre le crime organisé,
01:59elles posent un sacré problème.
02:01Ces boîtes noires sont une surveillance de masse.
02:04On parle d'une atteinte particulièrement disproportionnée,
02:07non seulement au droit à la vie privée,
02:09il y a également un problème
02:10en termes de liberté d'expression,
02:11puisque quand on se sait surveillé,
02:13eh bien on modifie son comportement.
02:15On assiste ici à un véritable cliquet sécuritaire.
02:18En 2015, on nous présentait ça
02:20pour lutter contre le terrorisme.
02:22Maintenant, on étend ça à la délinquance,
02:26à la criminalité organisée.
02:28Et évidemment qu'à l'avenir,
02:29les services de renseignement demanderont encore plus.
02:31Même les deux sénateurs qui portent la loi narcotrafic
02:34le reconnaissent.
02:35Dans leur rapport d'enquête,
02:36qui a inspiré la proposition de loi,
02:37Jérôme Durin et Étienne Blanc écrivent
02:39que la technique est particulièrement invasive
02:41et s'apparente à une surveillance de masse.
02:43Surtout qu'on n'est pas sûr que ce soit vraiment utile.
02:46La loi narcotrafic n'a bénéficié d'aucune étude d'impact
02:49et le dernier rapport du gouvernement sur les algorithmes
02:51paru en 2024 est classifié.
02:53Seuls huit parlementaires y ont eu accès.
02:55Les députés s'apprêtent donc à voter une mesure
02:57dont ils n'ont aucune idée de l'efficacité.

Recommandations