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Les informés de franceinfo du mardi 25 février 2025

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00:00Et bienvenue à vous dans Les Informer, votre demi-heure de décryptage de l'actualité politique et pas que, en votre compagnie.
00:15Benjamin Sportouche, bonjour.
00:16Bonjour Adrien, bonjour à tous.
00:17Et en compagnie ce matin de Catherine Tricot, bonjour à vous Catherine.
00:21Bonjour.
00:22Vous êtes directrice de la revue Regards et bonjour Élisabeth Pinault.
00:25Bonjour.
00:26Vous êtes journaliste à l'agence Reuters en charge de l'exécutif.
00:29Nous commençons Benjamin avec un sujet dont on a beaucoup parlé depuis ce matin sur France Info,
00:34c'est cette rencontre entre Donald Trump et Emmanuel Macron hier à la Maison-Blanche.
00:37Oui, à Washington et qui a donné lieu à deux rencontres avec la presse,
00:41l'une informelle, l'autre plus classique, donc bien sûr sur l'Ukraine.
00:44Emmanuel Macron est le premier dirigeant européen à rencontrer Trump depuis sa prise de fonction officielle le 20 janvier dernier.
00:51Les deux hommes se connaissent bien depuis le premier mandat du milliardaire
00:55et c'est un atout incontestable pour le président français
00:58de là à dire que les deux dirigeants sont exactement sur la même ligne
01:02sur la résolution du conflit entre l'Ukraine et la Russie.
01:05On s'en gardera bien temps, tout semble à cette heure encore flou et fragile.
01:10Emmanuel Macron a en tout cas semblé remettre l'Europe dans le jeu,
01:13ce qui n'est pas rien tout de même, et il se veut optimiste.
01:16Écoutez le président français.
01:18Nous voulons un deal rapide, mais pas un accord qui soit fragile.
01:25Et le fait qu'il y ait des Européens qui soient prêts à s'engager pour apporter leurs réponses à ces garanties de sécurité
01:30et qu'il y ait une clarté maintenant du message américain sur le fait que les Etats-Unis d'Amérique comme alliés
01:35étaient prêts à apporter justement un soutien, une solidarité à cette approche est pour moi un tournant.
01:41Alors clarté dit le président français.
01:44Peut-on parler de clarté ?
01:46Emmanuel Macron a-t-il gagné des points et avec lui l'Europe
01:49ou Trump est-il si imprévisible qu'on ne peut rien dire de sûr à cette heure ?
01:53Alors Elisabeth Pinot, je sais que vous avez suivi le président de la République
01:57et que vous le suivez encore.
01:59Avant d'aller sur le fond, d'abord l'avantage que Emmanuel Macron peut avoir
02:04par rapport à d'autres homologues européens.
02:07Je pense peut-être au futur chancelier allemand par exemple, qui ne connaît pas Donald Trump.
02:11C'est qu'Emmanuel Macron, lui, il le connaît, il l'a pratiqué Donald Trump déjà.
02:14Oui, la forme a son importance et les liens entre les deux hommes ont leur importance.
02:18Emmanuel Macron figure parmi les très rares dirigeants
02:21à avoir connu Donald Trump pendant son premier mandat.
02:24C'est le cas aussi du chinois Xi Jinping et c'est quasiment les seuls dans le monde.
02:28Donc ce sont des hommes qui se connaissent.
02:30Il connaît l'imprévisibilité du président américain.
02:33Donc il a eu cette rencontre de Notre-Dame début décembre
02:37avant même l'investiture du président américain.
02:39C'était un coup diplomatique quand même important à l'époque
02:42avec Volodymyr Zelensky qui était invité également.
02:46Et donc les hommes se connaissent.
02:48Emmanuel Macron également est à l'initiative des deux sommets de la semaine dernière
02:53avec des européens et au-delà.
02:55Les canadiens étaient également invités.
02:57Donc évidemment il avait une sorte de mission
03:00au regard de ce qui s'est dit lors de ces réunions
03:04pour que l'Europe ne soit pas oubliée,
03:06pour que quelque chose se passe face à cette espèce de cavalier seul
03:12entre les Etats-Unis et la Russie.
03:14Donc Emmanuel Macron avait quand même une mission importante.
03:18Et puis rappelons que vous l'avez dit,
03:20c'est le premier dirigeant européen à être reçu par Donald Trump
03:23avant même Keir Starmer le Britannique qui sera reçu jeudi.
03:26Sachant que tout de même la Grande-Bretagne et les Etats-Unis
03:29ont des relations historiques.
03:31On aurait pu imaginer que Keir Starmer,
03:34qui représente comme la France une puissance nucléaire,
03:36soit reçu en premier.
03:37C'est bien Emmanuel Macron qui a été reçu en premier.
03:40Et on voit bien toute la précaution que le président a prise pour ce rendez-vous.
03:45Nous le connaissons bien.
03:47Chaque mot, chaque geste, chaque expression était vraiment...
03:52C'est quelqu'un qui est d'habitude à l'aise.
03:54Là on le sentait vraiment sous pression.
03:57Mais en tout cas c'était vraiment très délicat.
04:00Et là il a géré comme ça.
04:03Pas un mot qui a pu dépasser sa pensée comme on peut parfois le voir.
04:06Il a fait très attention.
04:07Je n'ai pas de leçon à donner au président américain.
04:10Voilà, c'était vraiment...
04:12Il a fait attention à tout.
04:14Alors Catherine Tricot, est-ce qu'à vos yeux,
04:16Emmanuel Macron, cette relation qu'il a avec Donald Trump,
04:20ça a pu lui être utile sur le fond ?
04:22J'ai des doutes.
04:24En fait, ce que je crois, c'est que
04:26Donald Trump peut paraître parfois un peu imprévisible.
04:29Mais en vérité, quand on commence à regarder précisément
04:32ses interventions et celles de ceux qui l'entourent,
04:35on se rend compte que sur le plan idéologique
04:38et donc sur le plan de l'orientation,
04:40les choses sont beaucoup plus stabilisées
04:42que lors de son premier mandat.
04:44Et qu'aujourd'hui, certes, les formes, ça compte.
04:47Le fait qu'ils ne se soient pas maltraités l'un l'autre,
04:50ce n'est pas négligeable.
04:53Surtout quand on voit comment Donald Trump
04:55traite certains de ses homologues.
04:57Tout à fait, c'est pour ça que je dis que ce n'est pas négligeable.
04:59Ceci étant, Donald Trump n'a rien lâché sur le fond.
05:03Et non seulement il n'a rien lâché face à Emmanuel Macron,
05:06il a mis les formes, mais il a maintenu ses points de vue.
05:09Et pendant qu'il y avait cette discussion à Washington,
05:12il y avait de l'autre côté, à New York,
05:16à l'Assemblée générale de l'ONU et au Conseil de sécurité,
05:20des votes qui sont quand même très inquiétants.
05:23Ils sont très inquiétants parce que les États-Unis ont vraiment mis...
05:26Je précise, le vote d'une résolution sur...
05:29Et notamment l'intégrité et les frontières de l'Ukraine
05:32à laquelle les États-Unis s'étaient opposés,
05:34au même titre que la Russie ou la Corée du Nord, par exemple.
05:37Il y a eu deux votes, un en plénière et un au Conseil de sécurité,
05:42dans lesquels les Européens et les États-Unis se sont divisés.
05:46C'est-à-dire que les États-Unis ont voté contre les propositions
05:49de l'Ukraine et des Européens en faveur de l'intégrité de l'Ukraine.
05:54Et donc là, je pense que les choses ont été clairement posées
05:58avec des termes écrits et on vote.
06:01Ça, c'est le premier point.
06:03Je veux dire, on peut jouer les copains et la collade,
06:07ça ne change pas le fond de la position.
06:09Le deuxième point que je veux juste souligner,
06:11c'est l'évolution entre 2022 et 2025 au sein de l'Assemblée des Nations unies.
06:16En 2022, un texte à peu près équivalent
06:19qui demandait le retour de l'Ukraine dans l'intégrité de son territoire
06:23et qui condamnait l'agression russe,
06:25avait reçu l'appui de 145 pays sur les 193.
06:30Hier, seulement 93 pays ont soutenu cette résolution.
06:35Je crois que c'est très important d'avoir conscience de ça
06:38parce qu'on va beaucoup parler de l'envoi des troupes européennes, etc.
06:41Nous n'allons pas faire la guerre à la Russie.
06:44En revanche, si nous voulons créer un rapport de force international,
06:47il faut se préoccuper de cette montée de l'abstention du reste du monde.
06:50Ça concerne l'Asie, l'Afrique, le monde arabe
06:53qui se sont largement abstenus, ce qui n'était pas le cas en 2022.
06:57Benjamin Sportouche, sur le bilan,
07:00et ça entre aussi en résonance avec ce que vient de dire Catherine Tricot,
07:03sur le bilan de cette visite d'Emmanuel Macron à Washington,
07:06finalement, le lendemain, quel est le bilan ? On peut retenir quoi ?
07:11Bien sûr, pour l'instant, on ne sait rien exactement
07:14de ce sur quoi tout cela va déboucher très concrètement
07:17parce que tout ça est en négociation.
07:18Et en même temps, c'est le propre même,
07:20le principe même d'une négociation de trêve et de paix.
07:22Ceci étant, c'est sûr que jusque-là,
07:24Emmanuel Macron avait complètement ignoré l'Europe.
07:26Il avait enjambé l'Europe en faisant les yeux doux,
07:29en parlant à Vladimir Poutine.
07:30Bon, là, il a reçu quand même le président français.
07:33Il a fait une conférence téléphonique avec le G7.
07:37Bon, on sent quand même qu'il considère peut-être,
07:40a priori, que l'Europe peut avoir un rôle à jouer.
07:42D'ailleurs, Vladimir Poutine, est-ce qu'il en a convaincu ?
07:44Vladimir Poutine, hier, qui a tenu aussi un entretien télévisé assez intéressant,
07:48a dit que l'Europe aussi a un rôle à jouer.
07:50Donc, Emmanuel Macron a été le premier dirigeant à aller voir Donald Trump.
07:55Et il va y avoir le premier ministre britannique qui va suivre.
07:58Donc, tout de même, on sent bien que les choses bougent.
08:01Est-ce qu'Emmanuel Macron a fait bouger Trump sur le fond de son projet ?
08:04Sur, notamment, sa volonté de mettre la main sur les terres rares,
08:07qui est un point essentiel de ce qui est en train de se passer.
08:10Les terres rares en Ukraine et même dans les régions annexées russes.
08:13Ça, c'est pas sûr, loin de là,
08:15puisqu'on sait que c'est un homme de deal, Donald Trump.
08:17Et il l'affirme haut et fort, il ne s'en cache pas.
08:19Cependant, hier, tout de même, il y a eu une rencontre, il y a eu des mots,
08:23il y a eu la volonté d'intégrer les Européens à un processus qui est en cours.
08:27Même question, Elisabeth Pinot, en moins d'une minute, s'il vous plaît.
08:31Vos impressions sur le fond de cette rencontre entre Emmanuel Macron et Donald Trump ?
08:35Est-ce qu'il y a quelque chose qui a bougé un tout petit peu ou pas du tout ?
08:39Alors, Emmanuel Macron veut le croire en parlant d'un chemin,
08:42en disant que même c'était un tournant.
08:44Il était ici pour ramener l'Europe dans le jeu.
08:47Je pense qu'il a quand même fait ce pas, ne serait-ce que par la présence de cette rencontre,
08:52le fait qu'elle ait eu lieu.
08:53Mais, vous avez raison, Donald Trump n'a rien dit,
08:56ne s'est engagé à rien dans la conférence de presse.
08:58Moi, j'ai écouté chaque mois, à chaque fois, Emmanuel Macron cherchait son approbation.
09:01Elle n'est pas venue.
09:02Néanmoins, l'Europe est là, puisqu'Emmanuel Macron était là pour la représenter.
09:06Un point très important, l'élection, le nouveau chancelier allemand
09:10qui arrive dans le jeu et qui veut renforcer la défense européenne,
09:13c'est un changement majeur dans le positionnement allemand.
09:16Et ça va, évidemment, apporter de la force à la position française,
09:21à la deuxième puissance, ce sont les deux grandes puissances européennes.
09:24Et ça, ça peut pousser à ce que l'Europe soit présente,
09:28si on ajoute, évidemment, le Royaume-Uni.
09:30Oui, parce qu'Hubert, c'était atlantiste.
09:32Et maintenant, il veut avoir une défense européenne,
09:34ce qui est quand même très nouveau.
09:36Catherine Tricot, après, on passe au fil info.
09:38D'un mot, s'il vous plaît.
09:39Le problème, c'est que l'Europe ne peut pas rester seule.
09:41Or, là, ce que l'on voit, et c'est pour ça que j'ai insisté
09:43sur le vote des pays aux Nations Unies,
09:46c'est que ça devient une affaire interne au monde occidental.
09:49Et ça, c'est très mauvais, parce qu'on ne va pas régler les problèmes,
09:52et notamment la défense du droit international et du multilatéralisme,
09:56si nous sommes isolés, le monde occidental,
09:58avec le reste du monde qui nous regarde,
10:00et qui regarde d'ailleurs, ou qui est désintéressé
10:02par ce qui se passe chez nous.
10:03On continue de parler de cette rencontre Donald Trump-Emmanuel Macron
10:07et de ses conséquences, bien évidemment, juste après le fil info.
10:109h16, Maureen Swinia.
10:13Il va témoigner aujourd'hui au procès de son père,
10:15le fils de Joël Le Squarnek,
10:17qui assure à France Info que la chute a été vertigineuse
10:20quand il a appris toutes ces horreurs.
10:22Son père, ancien chirurgien, est accusé d'avoir agressé sexuellement
10:25et violé près de 300 patients, en grande majorité des enfants.
10:29C'est sa personnalité qui va être disséquée aujourd'hui au procès.
10:33Il faut éviter une capitulation de l'Ukraine.
10:35Emmanuel Macron plaide la position des Européens auprès de Donald Trump.
10:39Le président français estime qu'une trêve est possible
10:42dans les semaines à venir.
10:44Donald Trump affirme de son côté que Vladimir Poutine
10:47acceptera des troupes européennes de maintien de la paix en Ukraine,
10:50ce que n'a pas confirmé le président russe.
10:53Le dernier bulletin de santé du pape indique que le souverain pontife
10:56s'est bien reposé la nuit dernière,
10:58mais il reste dans un état critique selon le Vatican.
11:00À 88 ans, le pape François est hospitalisé depuis 12 jours
11:04à cause d'une pneumonie.
11:06La loi sur les peufs, publiée au journal officiel ce matin,
11:09l'interdiction de ces cigarettes électroniques jetables
11:11est donc effective.
11:13Le produit est particulièrement apprécié des plus jeunes,
11:15mais les professionnels de santé alertent sur les risques
11:18de dépendance à la nicotine.
11:30Et toujours avec ce matin Catherine Tricot,
11:32directrice de la revue Regards,
11:34et Elisabeth Pinault, journaliste à l'agence Reuters,
11:38en charge de l'exécutif.
11:40Nous évoquions, juste avant le fil info,
11:42les conséquences, on va dire, diplomatiques,
11:45l'aspect international de cet échange entre Emmanuel Macron
11:50et Donald Trump hier.
11:52Pardon, je vais revenir un petit peu sur le plancher des vaches,
11:54sur la politique franco-française.
11:56Est-ce que, Elisabeth Pinault, quand Emmanuel Macron
11:59se saisit comme ça des affaires internationales,
12:02ça peut avoir un effet pour lui dans l'opinion,
12:05ou est-ce que quoi qu'il fasse, que ça réussisse ou que ça rate,
12:08ça ne changera pas grand-chose ?
12:09Alors, un bon baromètre, c'était quand même
12:11le salon de l'agriculture samedi.
12:13Ça s'est très bien passé, il n'y a eu aucun incident.
12:16Alors d'accord, il y avait un dispositif policier important,
12:19mais ça ne peut pas être que ça.
12:21Et je pense que les Français...
12:23Oui, ce dispositif, il revient d'année en année.
12:25Oui, l'année dernière, il y a peut-être eu quelques failles.
12:27En fait, il y avait un commissariat mobile
12:29pour la première année au salon de l'agriculture,
12:30on ne l'avait pas vu auparavant.
12:32C'est vrai, mais enfin, on ne peut pas dire,
12:34c'était super sécurisé, donc tout s'est bien passé.
12:36Les gens sont libres d'interpeller le Président,
12:39heureusement d'ailleurs.
12:41Et puis, la semaine dernière, de toute façon,
12:43on voit bien que le monde bascule,
12:45les Français voient très bien ce qui se passe.
12:47Ils voient bien le danger que représente ce basculement,
12:50l'élection de Donald Trump et les changements d'alliances
12:53et cette guerre qui est aux portes de l'Europe.
12:56Emmanuel Macron en parle depuis longtemps,
12:58mais là, ça devient très concret,
12:59les Français l'ont bien compris.
13:00Le Président a fait en sorte,
13:02il a consulté tous les partis politiques
13:05la semaine dernière.
13:06Il a fait cet échange sur les réseaux sociaux
13:08avec des Français.
13:09Il a choisi cette forme,
13:10plutôt qu'une conférence de presse, par exemple,
13:12pour essayer de créer une union nationale sur ce thème.
13:17Je pense que ça commence à prendre.
13:19Je pense qu'on verra les prochains sondages,
13:21mais il y a quand même une gravité
13:23que les Français ont parfaitement compris.
13:25Et dans ces cas-là, le Président de la République,
13:26évidemment, en bénéficie.
13:27Et c'est vrai, effectivement, qu'on a eu tout à l'heure
13:29sur ce plateau la patronne des Verts,
13:32Marine Tondelier, qui nous disait
13:34qu'elle était plutôt en accord
13:36avec le diagnostic posé par Emmanuel Macron,
13:38la place qu'il voulait donner à la France en Europe.
13:41Et globalement, voilà.
13:42Catherine Tricot, qu'est-ce que vous en pensez
13:44de ce sujet, l'effet pour Emmanuel Macron ?
13:46Est-ce que c'est tout simplement
13:47qu'il utilise les derniers leviers qui lui restent
13:50ou est-ce qu'il peut arriver à, politiquement,
13:53retrouver un tout petit peu d'air ?
13:55Moi, je pense qu'il peut retrouver
13:56un tout petit peu d'air
13:57parce que les questions internationales
13:58sont devenues absolument prégnantes.
14:00Les Français sont vraiment préoccupés
14:02de ce qui est en train de se passer.
14:03Donc, je crois qu'il est sur un terrain
14:05qui nous importe tous,
14:07même ceux qui s'intéressent d'habitude
14:09pas tellement aux questions internationales.
14:11Trump est un basculement.
14:13L'élection de Trump est une bascule dans le monde
14:15et préoccupe, inquiète, angoisse
14:17même beaucoup d'entre nous.
14:19Donc, il est au bon positionnement à cet endroit.
14:22La deuxième chose que je remarque,
14:24c'est qu'il n'a pas fait de communication globale.
14:26Certes, il a réuni les chefs de parti,
14:27il y a parlé sur TikTok.
14:29On aimerait bien avoir une analyse,
14:31maintenant qu'il a vu Donald Trump.
14:33Une allocution, par exemple.
14:34Oui.
14:35Je comprends que sa parole était un peu complexe
14:38avant d'aller voir Donald Trump.
14:39Maintenant, on a besoin d'avoir une analyse
14:41de ce qui est en train de se passer.
14:43Est-ce qu'on peut juste dire
14:44que Donald Trump est imprévisible ?
14:46Je vous ai dit tout à l'heure
14:47que je pensais qu'il ne l'était pas
14:48et que je pense que c'est un projet
14:49maintenant qui est calé,
14:50que les États-Unis ont un point de vue
14:52sur la marge du monde.
14:53Vous estimez qu'Emmanuel Macron
14:54doit avoir suffisamment d'informations
14:56aujourd'hui pour pouvoir communiquer ?
14:57Oui, il a la liberté de le faire surtout.
14:59Il n'est plus dans la préparation
15:01d'un rendez-vous avec...
15:02Enfin, dernier point, c'est que certes,
15:04s'il reprend de l'air,
15:05ça ne donne pas forcément de l'air à son camp.
15:07C'est-à-dire que ça, c'est une autre question.
15:09Les conséquences politiques que lui retrouve...
15:11Il s'extrait quelque part du jeu politique.
15:13Il est en fin de mandat.
15:14Enfin, je veux dire,
15:15on est déjà en train de préparer.
15:16Il n'est pas tout à fait en fin de mandat.
15:17Il lui reste encore deux ans,
15:18mais on est déjà dans la préparation
15:21de la suite.
15:22Il ne sera pas candidat
15:23et personne de son camp n'émerge actuellement.
15:25Voilà qui nous amène
15:26à notre deuxième sujet très politique.
15:28C'est Jordan Bardella,
15:29Benjamin Sportouz,
15:30Jordan Bardella,
15:31le patron du RN
15:32qui continue de peaufiner son image.
15:33Oui, le président des Rassemblements nationaux
15:35a eu un week-end
15:36et un début de semaine chargé
15:37qui illustre sa volonté
15:38de peaufiner son image,
15:39vous l'aviez dit,
15:40et d'éviter les faux pas,
15:41quitte à faire demi-tour
15:42si c'est nécessaire
15:43dans le premier sens du terme.
15:44C'est exactement ce qui s'est passé
15:45le week-end dernier
15:46quand il a décidé
15:47de rentrer de Washington
15:48sans même prononcer
15:49le discours prévu
15:50devant la Convention
15:51des conservateurs américains.
15:53La raison ?
15:54Steve Bannon,
15:55le sulfureux ancien conseiller
15:57d'extrême-droite de Donald Trump,
15:59venait de saluer l'assistance
16:00par un bras tendu,
16:01un salut nazi,
16:02disons-le clairement,
16:03dans un tout autre registre.
16:05Libération nous apprenait hier
16:06que Jordan Bardella
16:07avait décidé de démissionner
16:08du Conseil régional d'Ile-de-France
16:10où, de fait,
16:11il ne siégeait pas beaucoup,
16:13là aussi pour éviter
16:14tout reproche ultérieur
16:15sur un mandat
16:16qu'il n'accomplirait pas.
16:17A noter aussi
16:18sa déambulation,
16:19on en parlait
16:20au sein de l'agriculture,
16:21avec moult arrêts aux stands
16:22et selfies, bien sûr.
16:23Bref, tout mettre en œuvre
16:24pour donner cette image
16:26d'un homme aux manettes
16:28et qui agit
16:29quand Marine Le Pen
16:30n'apparaît médiatiquement
16:31que par intermittence
16:32ces derniers temps
16:33et semble ménager sa monture
16:34dans l'attente du jugement
16:35fin mars,
16:36on le sait,
16:37un jugement très important
16:38pour elle dans le procès
16:39des assistants parlementaires
16:40européens.
16:41Quand même,
16:42Benjamin Sportouche
16:43parlait, Elisabeth Pinot,
16:44de Jordan Bardella,
16:45voilà,
16:46qui fait demi-tour
16:47à Washington, etc.
16:48Il n'y a pas quand même
16:49un petit côté,
16:50voilà,
16:51on part en race campagne
16:53et bon, en fait,
16:54peut-être cet endroit,
16:55il aurait peut-être
16:56mieux pas fallu y aller.
16:57Ah ben, c'est très délicat
16:58et il leur manque
16:59un conseiller diplomatique
17:00au Rassemblement national.
17:01Par exemple,
17:02Georgia Meloni
17:03a prononcé son discours
17:05en faisant une allusion,
17:06en souriant un peu
17:07de ce geste.
17:08Bon, alors,
17:09on peut en sourire,
17:10on peut aussi le dénoncer,
17:11c'est ce qu'a essayé
17:12de faire Jordan Bardella
17:13qui est en quête
17:14de respectabilité,
17:15c'est tout ça la question.
17:16Mais qui s'est fait
17:17critiquer vertement
17:18parce qu'il était quand même,
17:19là, le CEPAC,
17:20c'est vraiment,
17:21il était dans son camp,
17:22il est quand même président
17:23d'un groupe trumpiste,
17:25au Parlement européen,
17:26les Patriotes.
17:27Donc, à ce titre-là,
17:28il avait quand même,
17:29il devait quand même savoir
17:30à qui il avait affaire.
17:31Voilà, ça donne aussi
17:32l'impression
17:33qu'il découvre
17:34qu'il peut y avoir
17:35des extrêmes
17:36et même au-delà.
17:38Au CEPAC,
17:39ça fait quand même
17:40un peu,
17:41ça peut faire désordre.
17:42On peut se dire
17:43qu'il gagne en respectabilité,
17:44mais on peut se dire
17:45qu'il devait savoir
17:46comment a-t-il pu être étonné.
17:47Alors, moi,
17:48ce qui m'interroge aussi
17:49en ce moment,
17:50Catherine Tricot,
17:51c'est qu'on entend aussi
17:52assez peu Jordan Bardella
17:53se positionner clairement
17:54sur Donald Trump,
17:55sur Elon Musk.
17:56Alors, on comprend
17:57qu'il s'inspire,
17:58enfin, voilà,
17:59que l'idée du DOJ,
18:00le département que gère
18:01Elon Musk
18:02pour réduire
18:03le nombre de fonctionnaires,
18:04notamment,
18:05inspire peut-être
18:06Jordan Bardella
18:07à certains de ses alliés.
18:08Bon, Marine Le Pen,
18:09elle, elle dit de son côté
18:10que c'est une bêtise
18:11de réduire le nombre
18:12de fonctionnaires.
18:13Enfin,
18:14ils sont un peu difficiles
18:15à situer quand même
18:16en ce moment.
18:17Je pense qu'ils hésitent.
18:18On a vu Marine Le Pen
18:19se rendre au rassemblement
18:20de toutes les extrêmes
18:21droites européennes
18:22qui sont vraiment
18:23très affichées
18:24en faveur
18:25de la nouvelle
18:26administration américaine.
18:27C'était à Madrid
18:28il y a une dizaine de jours
18:29maintenant.
18:30Donc,
18:31par certains aspects,
18:32ils cherchent
18:33à être portés
18:34par la vague.
18:35Mais enfin,
18:36ils savent bien
18:37qu'en France,
18:38c'est quand même
18:39très très peu apprécié.
18:40Pas simplement
18:41parce que nous avons
18:42historiquement des réserves
18:43à l'égard des États-Unis
18:44qui sont certainement réactivées
18:45mais c'est que
18:46la politique de Donald Trump
18:47ne convainc pas
18:48du tout les Français
18:49et que c'est une politique
18:50extrêmement violente
18:51à l'égard
18:52de ses partenaires
18:53mais à l'égard
18:54des Américains
18:55eux-mêmes
18:56qui portent atteinte
18:57à des choses
18:58qui nous paraissent
18:59incroyables.
19:00À la science,
19:01à l'aide internationale,
19:02au soutien aux plus pauvres,
19:03à l'égalité femmes-hommes,
19:04à l'insertion de tous.
19:05Enfin,
19:06ce sont des choses
19:07qui nous paraissent
19:08fondatrices
19:09presque
19:10de notre être,
19:11de notre nation.
19:12Et donc,
19:13le fait qu'il l'attaque
19:14comme ça,
19:15c'est compliqué
19:16quand même
19:17de s'imaginer
19:18de ce côté-là.
19:19Je pense qu'ils hésitent
19:20un tout petit peu.
19:21Ils veulent être portés
19:22mais quand même
19:23ils se rendent compte
19:24que c'est quand même
19:25compliqué.
19:26Est-ce que
19:27Benjamin Sportouche,
19:28dans la mesure où
19:29il s'agissait de parler
19:30de la manière
19:31dont Jordan Bardella
19:32peaufine son image,
19:33est-ce que ce genre
19:34d'écueil qu'on vient d'évoquer,
19:35il a beau peaufiner son image,
19:36ça ne complexifie pas
19:37un peu l'équation ?
19:38En tous les cas,
19:39quand on regarde
19:40les sondages
19:41parmi les sympathisants RN,
19:42parce que c'est ça
19:43qui lui importe aussi,
19:44c'est le socle
19:45de son parti
19:46qui est important.
19:47Et pourtant,
19:4859% des sympathisants RN
19:49avouent apprécier davantage
19:50le jeune député européen
19:51plutôt que Marine Le Pen.
19:52C'était un sondage
19:53au Doxa
19:54d'il y a quelques mois.
19:55Donc ce n'est pas rien
19:56quand même.
19:57Et qu'est-ce qui est
19:58en train de se profiler ?
19:59Comme je le disais,
20:00il y a ce jugement
20:01qui doit intervenir
20:02fin mars
20:03et qui va décider
20:04de l'avenir politique
20:05de Marine Le Pen.
20:06Donc oui,
20:07on sent bien
20:08que Jordan Bardella
20:09prépare une alternative
20:10éventuelle
20:11à une disqualification
20:12de politique de Marine Le Pen
20:13puisqu'elle pourrait être
20:14empêchée électoralement.
20:15On n'en sait rien.
20:17Mais elle joue gros
20:18à ce moment-là.
20:19Donc on voit très bien
20:20que Jordan Bardella,
20:21il essaye de faire en sorte
20:22d'apparaître
20:23comme une alternative.
20:24Et vous savez,
20:25physiquement,
20:26c'est assez intéressant.
20:27Les conseillers en communication
20:28le voient bien.
20:29Une barbe de trois jours,
20:30des lunettes.
20:31L'aspect juvénile qu'il a,
20:32il est en train de le travailler.
20:33Il va avoir à peine 30 ans,
20:34Jordan Bardella.
20:35Ce n'est pas rien.
20:36Et on a bien senti
20:37qu'aux dernières élections législatives
20:38qu'il y a eu
20:39après dissolution,
20:40il avait pâti de cela
20:41tout de même
20:42parce qu'il était considéré
20:43comme ayant insuffisamment
20:44d'expérience.
20:46Il était considéré
20:47comme un étranger.
20:48D'où aussi qu'il aille
20:49dans ses grands colloques
20:50parce que ça lui donne
20:51une stature internationale.
20:52Et du coup,
20:53il se dégage d'une entourloupe.
20:54À ce moment-là,
20:55je pense qu'il joue plutôt bien.
20:56Et Bannon le sert,
20:57si Bannon le sert,
20:58en le qualifiant
20:59avec des termes diffamatoires
21:00et très injurieux.
21:01Là, tout d'un coup,
21:02ça lui donne aussi
21:03une forme de crédibilité.
21:04Donc tout cela,
21:05il l'accumule
21:06au cas où
21:07on est dans cette perspective-là
21:08au RN.
21:09Au cas où on ne dit pas
21:10qu'il n'y a pas de duel
21:11en ce moment avec Marine Le Pen.
21:12Les choses sont assez claires.
21:13Il lui rend d'ailleurs
21:14hommage dans son dernier livre.
21:15Mais il y a eu le livre,
21:16il y a eu aussi un documentaire
21:17sur une chaîne récente
21:19du groupe Bolloré
21:20qui, tout à son honneur,
21:21construit une stature,
21:22encore une fois,
21:23si jamais Marine Le Pen
21:24est empêchée.
21:25Un dernier mot,
21:26Catherine Tricot,
21:27je vous vois au champ de tête.
21:28Quelques mots.
21:29Oui, je ne crois pas du tout
21:30à cette construction.
21:31En effet, comme vous l'avez dit,
21:32c'est une construction
21:33médiatique, d'image.
21:34C'est un monsieur
21:35qui n'a aucune expérience
21:36de la vie
21:37et qui est certifié
21:38aux électeurs
21:39du RN.
21:40Les Français,
21:41je pense qu'ils sont
21:42quand même très perplexes.
21:43Alors, à sa décharge,
21:44il n'est peut-être pas le seul
21:45à avoir peu d'expérience aussi.
21:46Mais bon,
21:47on aura...
21:48Pour être présidente de la République,
21:49il faut quand même avoir
21:50un tout petit peu vécu
21:51et travailler
21:52et faire des choses.
21:53Il y a beaucoup de politiques
21:54qui n'ont pas de travail.
21:55Pour être présidente de la République,
21:56il faut faire 51 %,
21:57donc il faut être...
21:58Pareil.
21:59Exactement.
22:00Merci beaucoup Catherine Tricot,
22:01directrice de la revue Regards.
22:03Merci Elisabeth Pinault,
22:04journaliste à Reuters,
22:05en charge de l'exécutif.
22:06Et merci bien sûr
22:07Benjamin Sportouch.
22:09Les informés en attendant
22:10reviennent ce soir
22:11sur France Info.
22:12Jean-Rémi Baudot,
22:13Aurélie Herbemont.

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