Dans son édito du 18/04/2025, Thomas Bonnet revient sur les grands patrons des grandes entreprises
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00:00Oui, le patron de LVMH s'exprimait devant les actionnaires de son groupe
00:03et il a notamment évoqué la question des droits de douane avec les Etats-Unis.
00:08Il a appelé à trouver un accord et si cela devait échouer,
00:11ce serait selon lui la faute de l'Union européenne.
00:13Il n'a d'ailleurs pas mâché ses mots sur son opinion
00:17quant à la manière de gouverner de Bruxelles.
00:20Écoutez.
00:21L'Europe, elle n'est pas dirigée par un pouvoir politique,
00:24mais par un pouvoir bureaucratique qui passe son temps
00:27a édité des réglementations qui s'imposent malheureusement à tous les Etats membres
00:33et qui d'ailleurs, quelquefois, comme la France, en rajoute au passage
00:36pour compliquer encore la réglementation
00:38et qui pénalise beaucoup nos secteurs d'activité.
00:43Ça pénalise son secteur d'activité.
00:46La conséquence de cette surinflation, cette inflation de normes,
00:50c'est que LVMH pourrait être amenée à implanter davantage de son activité aux Etats-Unis.
00:55Alors, c'est un discours qui fait écho, évidemment,
00:58au propos du directeur général de Safran.
01:01Oui, Olivier Andriès, qui a expliqué cette semaine
01:03dans une commission d'enquête à l'Assemblée nationale
01:05qu'il avait voulu implanter, qu'il a implanté une usine de fonderie à Rennes
01:10et que les écolos s'y étaient opposés.
01:12Il dit, je n'investirai plus dans des villes
01:15où la municipalité est à majorité écolo.
01:18Dans les deux cas, on a des chefs d'entreprise
01:19qui nous disent qu'il leur est impossible d'investir face au dogme de quelques-uns.
01:24Alors, dans un cas, c'est l'enfer administratif de l'Union européenne.
01:27Dans l'autre, c'est le militantisme acharné des municipalités vertes.
01:30Mais in fine, le résultat est le même.
01:32On voudrait dégoûter les chefs d'entreprise d'investir en France.
01:35On ne s'y prendrait pas autrement.
01:37La France, c'est ce pays fabuleux
01:38qui disserte des heures et des heures
01:40sur sa dette abyssale,
01:42qui imagine toujours plus d'impôts pour remplir les caisses
01:45et qui tombe des nus
01:46quand un patron dit que notre pays n'est plus attractif.
01:49C'est aussi d'ailleurs le sens du discours de Patrick Pouyanné,
01:51patron de Total, qu'ils expriment lui dans les colonnes du Figaro Magazine.
01:55Il parle du fait que les Français en ont marre du bazar ambiant
01:58et comprennent le problème.
01:59Ils sont conscients qu'on les berce d'illusions.
02:01C'est à nouveau l'exemple de la réalité des entreprises
02:03face à l'idéologie des politiques.
02:05Mais Thomas, est-ce que c'est sain que les grands patrons
02:07entrent dans le débat politique ?
02:08Alors, dans un monde idéal,
02:09ils n'auraient pas besoin de le faire.
02:11La classe politique, c'est pertinemment ce que pense le patronat.
02:14Alors, je schématise évidemment,
02:15mais le clivage classique, il est assez connu.
02:17La droite défend plutôt les patrons
02:19et la gauche les accuse, en gros, d'exploiter la force ouvrière.
02:22Emmanuel Macron aussi s'était présenté
02:24comme le défenseur de l'entreprenariat en France.
02:27Mais ses décisions politiques ont conduit à une instabilité
02:30qui est en fait la crainte principale des patrons.
02:32C'est d'ailleurs ce que dit le PDG de Total, Patrick Pouyanné,
02:35qui pointe ce qu'il appelle un l'état profond
02:37avec des administrations qui ont pris la place des ministres
02:40dans les décisions,
02:41qui décident en clair à la place des politiques.
02:44Alors, on peut penser,
02:45et ce sera sans doute le cas de certains,
02:47que les patrons ne s'expriment que pour défendre
02:48les intérêts de leur entreprise.
02:50Mais ça serait passé totalement à côté du sujet.
02:52Parce que si leur parole est à ce point écoutée,
02:55c'est aussi parce qu'elle est rare
02:56et parce que la parole politique s'est démonétisée.
02:58Ne pas entendre les avertissements,
03:00c'est ne pas comprendre l'urgence
03:01de la situation économique du pays.
03:04Viendra peut-être un jour
03:05où les Français placeront à l'Élysée
03:07un chef d'entreprise
03:07en espérant une meilleure gestion des finances publiques,
03:10de patron à président.
03:11Il y a certains profils qui cochent les cases.
03:14Et on voit que les ambitions aussi
03:15se dévoilent de plus en plus ouvertement
03:17du côté des patrons.